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Citations de Nathalie Azoulai (283)


La traduction est à trop de conditions, se dit-il, comme les géomètres qui s'imposent de devoir faire passer un cercle par quatre points donnés par hasard et qui ne parviennent à le faire passer que par trois, tout en approchant le quatrième au plus près. Pourtant, il se promet d'honorer un jour les quatre points obligés.
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Les océans permettent d'imaginer des dénouements où l'on s'échoue, chacun de son côté, sur des bords opposés. Les anciens le savaient. Il n'est aucune élégie ni tragédie sans les mers.
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(...) le jour de sa création, une exécution capitale lui vole la vedette. Jean fulmine. Il crie ça et là, qu'on me donne au moins son nom, mais personne ne parvient à lui nommer le condamné. Dans les coulisses du théâtre, tandis que les acteurs vont et viennent, Jean les regarde avec pitié en admettant que ni son talent ni leurs efforts ne rivaliseront jamais avec cette action primitive qui se déroule à quelques encablures, tuer un homme dans le froid.
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(...) l'esprit humain n'admet le pire qu'en détours, doit s'habituer, couler son malheur dans les méandres d'un fleuve trompeur.
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Pourquoi les sentiments disposent-ils en nous des déviations constantes; au centre des roues qui nous mènent, des milliers de bâtons?
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A force de ne pas vouloir être des filles comme les autres, on devait avoir endommagé certaines commandes cérébrales.
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C'était une de ses théories, que les gens naissent tous chiffrés, avec leur nombre d'années à vivre au-dessus de la tête, une auréole qui déclenche toutes les vies comme des comptes à rebours qui tournent en silence.
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Mais s’il aime tant les maths, ton père, pourquoi est-ce qu’il construit des immeubles ? lui ai-je demandé un jour. Parce qu’il y a des maths dans les murs, a répliqué Adèle avant d’ajouter, ne remue pas le couteau dans la plaie, il est devenu ingénieur en bâtiment parce que ses parents tenaient à ce qu’il ait un vrai métier, avec une secrétaire, des cartes de visite et tout.
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Unladylike, comme disent les Anglais. On ne pouvait bien sûr pas l’admettre
puisqu’on était féministe, mais cette disposition que j’avais pour un monde où les hommes dominaient de toute éternité inquiétait. Rien à voir avec le droit,les lettres, les sciences politiques, même la médecine.
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Je répétais les mots phénomènes puis expériences en détachant bien leurs trois syllabes. Adèle acquiesçait puis disait
que non, décidément, la beauté de la biologie lui échappait, qu’elle lui faisait l’effet d’une paraphrase un peu pataude, sur quoi, un jour, son père a ajouté qu’il s’était toujours méfié de la chimie à cause de l’alchimie.
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On préférait les spectres, les symboles, ceux qui vous attirent au bord du précipice, vous lâchent dans l’immensité en vous priant de bien regarder, allez, allez. Ils parlaient de créatures fidèles, aimables, réconfortantes, et quand je demandais lesquelles, ils répondaient d’une seule voix, bah, voyons, les nombres, les ensembles ! Mme Prinker
prenait un air navré mais je me gardais bien de saisir ses perches, je détestais qu’elle m’associe à son exclusion.
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Adolescence ou pas, puberté ou pas, je n’avais plus le temps ni de traîner au café ni d’essayer de plaire aux garçons. Je devais faire des maths, fairedesmaths, trois mots fondus, m’oublier dans des équations quasi liquides qui emplissaient tout l’espace de mon crâne jusqu’à ce que je finisse par sentir mon cerveau cogner.
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Mon cerveau se posait sur les énoncés avec avidité mais il lui manquait la vitesse, l’œil de lynx, et pour cause,
je n’avais pas les heures de vol, les parties d’échecs, les énigmes, le chronomètre. Ce qui m’impressionnait le plus chez Adèle, c’est quand elle restait immobile et silencieuse devant un problème et que,
subitement, ça jaillissait : la nuit devenait le jour, l’étang cascade, la pensée une succession d’états du corps. À côté, je patinais sur une étendue de notes
moyennes, ce qui ne m’était jamais arrivé. Qu’étais-je allée faire dans cette galère ? Ce que mon père à moi aimait, c’étaient la poésie, les grands textes, la manière dont Kafka pulvérisait les métaphores, pas
les équations.
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La science ne les concernait pas, la science ne les menaçait pas,
puisqu’ils vivaient dans un monde où il était plus
important de citer Hugo que Newton et où on se
gaussait de la phrase de Heidegger selon lequel la
science ne pense pas. Chez les Prinker, c’était pareil,
sauf qu’eux, ils savaient parfaitement qu’on existait.
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Vous me direz, chacun son métier, mais non, ce n’était pas qu’une question de métier. C’était une question de pouvoir et de vérité. Ces fourmis ont gangrené
jusqu’à la pulpe de ma langue, et moi qui, jusque-là, étais si fière de ma société, j’ai perdu ma voix.
Bien que beaucoup plus petite et plus terne, la tribu Prinker réduisait à néant l’aura de la mienne, lagloire dont j’étais nimbée.
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On met toujours un certain temps à discerner les excès d’une herbe qu’on trouve d’un plus beau vert. Mme Prinker avait eu ce temps, moi non. Surtout, elle n’éprouvait certainement pas comme moi
cette sensation de fourmis dans tout le corps, de la plante de mes pieds à la pulpe de mes doigts lorsque je me disais que je touchais un monde d’objets
dont en fait j’ignorais tout, absolument tout.
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J’ai pensé que c’était l’affairement, toutes ces choses à organiser sous le choc, les membres gourds, l’œil perpétuellement rivé sur
tout ce qui avait pu m’échapper : je bougeais, je parlais, mais tout était ralenti, mes pieds étaient pris dans la glace, ça ramait, ça n’avançait .
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Les choses se sont enchaînées à une vitesse folle malgré l’incrédulité, la sidération, les questions sans réponse qui tournaient, la stupéfaction de ceux
qui ne pouvaient rien dire, Adèle au sommet de sa gloire, rien articuler, Adèle si rayonnante, que des débuts d’hypothèses, Adèle si sollicitée, des spéculations psychologiques grossières, Adèle si accomplie, des scénarios vaseux, des adages consternants sur le mystère des êtres et l’illusion des apparences, le tragique de la condition humaine, la cruauté des mathématiques, bref, rien de très satisfaisant.
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On aimait ça, on était ça, lire, débattre, parler lors des repas d’un tic de langage, d’un néologisme ou d’une étymologie, nous disputer sur une racine latine, un vers de Hugo. Mon arrière-grand-mère paternelle, Rachel,avait, paraît-il, déclaré un jour que c’était même àça qu’on reconnaissait les familles d’intellectuels, aufait qu’à table, elles s’attardent sur un phénomène de langue plutôt que sur le vin et les plats. Elle avait, paraît-il, dit ça fièrement et c’était resté comme une
devise, « Sur la langue plutôt que sous la langue »,une signature que chacun de nous portait haut, sans tiquer, la devise des Deville.
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On ne se pend pas sans penser à l’image qu’on va produire, la stupeur, le face à
face des deux corps à la verticale, le vivant et le mort, l’effet du poids qui pend, l’effroi pantois du premier témoin, la misère crue de la dépouille.
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