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Citations de Nathalie Azoulai (285)


Sa mère ne regarde pas tant les appareils que les autres garçons de son âge qui déambulent entre les rayons. Il sait que, où qu’elle soit, elle le compare, cherche à vérifier s’il est comme eux, ou différent. Seuls ses cheveux le distinguent, quelques vaguelettes crépues qui ondulent sur le haut de son crâne qu’elle lui fait normalement couper court, à ras, avant même qu’elles ne se reforment. Si, de loin, elle peut imaginer qu’il a une chevelure aussi souple et soyeuse que les autres, des mèches où jamais le peigne n’accroche, il suffit qu’il s’approche pour qu’elle aperçoive les repousses briser l’illusion.
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Il sait qu’au seul nom d’amazone, sa mère voit toujours apparaître des images de cinéma, des crinolines à flanc de cheval. Son visage s’illumine un instant, doux et indulgent, comme le sien. Elle préfère de loin cette comparaison à celle qu’il emploie certains jours quand il traite sa sœur de culbuto.
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Comment quitter un pays qu'on aime tant mais où on vous hait tant ?
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Je pense encore à ce trajet qui les ramène vers Paris, à ces mois, ces années qui nous séparent de notre prochain dîner, à nos vies qui auront le temps de creuser leurs différences.
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Sous ses yeux se rejoignent les deux extrémités de sa vie, son enfance et son enfant.
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Si vous parvenez à saisir tout ce qui se passe dans l’annonce d’une séparation, vous êtes au court de la condition humaine, ses désirs, sa solitude. On peut disséquer la mort d’une âme sans verser une seule goutte de sang.
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De toute façon, y a-t-il vraiment quelqu’un pour recueillir ce filet d’eau tiède qu’est le chagrin quotidien ? Ses proches se sont usés. Elle-même autrefois, quand elle tenait lieu de confidente aux autres, ne pouvait s’empêcher de penser que le récit du chagrin est aussi ennuyeux que le récit du rêve, que rien ne vous concerne moins.
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On dit qu’il faut un an pour se remettre d’un chagrin d’amour. On dit aussi des tas d’autres choses dont la banalité finit par émousser la vérité.
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Quand il talonne les chirurgiens et médecins pendant les campagnes, admire les Condé, les Conti, tous ces guerriers capables de mener des troupes à la conquête, ou l’ingénieur Vauban, qui fait lever de terre un pays nouveau et invincible, n’est-ce pas encore pour compenser l’immatérialité de cette aile qu’il déploie sur le monde ? Et pourtant, sans les ombres qui viennent ourler les choses, sans les serpents qui font siffler la matière, où serait le chant, où serait la splendeur ? Sa vie d’ici-bas n’est-elle pas de voir et de dire ?
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A la folie d’aimer s’ajoute le plaisir d’amenuiser. Sans doute a-t-il encore besoin d’adosser sa souffrance à un mur de colère et de reproches, de la revoir comme elle était, infidèle, menteuse, pour réduire l’absence, le manque. Mille fois, il a eu envie de la tuer. Lui, l’ancien enfant du vallon, féru de grec et de latin, à genoux dans la terre pour observer les prémices de la vie (...) il aurait pu étrangler cette femme volage qui ne lui rendait pas tout ce dont il provisionnait leur amour. Il n’est aucun homme qui ne soit un monstre, se répète Jean chaque fois qu’il se couche. Ce n’est pas la foi qui le lui a appris mais le théâtre à coup sûr, les longs méandres qu’il trace autour de ses personnages, leurs volte-face, leurs ruses, leur délits. Les fictions ne sont pas des égarements car nous sommes constitués de langage et d’action et nous avons besoin des deux, n’en déplaise à Port-Royal. Pourquoi les hommes auraient-ils sinon depuis l’origine composé des histoires ?
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Nathalie Azoulai
Il déteste le temps parce qu'il use l'amour et le chagrin de l'amour.
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Les plus belles femmes le pressent (Jean Racine) de confidences. Parfois crues, comme celle qui lui dit que les séparations sont bien moins majestueuses dans la vie que dans sa pièce, qu'elles n'ont pas cette harmonie grave, qu'elles sont stridentes, crèvent les tympans, une personne qu'on quitte est une personne qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre ni méthode.
N'est-ce pas plutôt le cœur qu'on nous arrache suggère-t-il
Non...non... ce sont les os répond-elle.
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L'amour n'est pas un feu qu'on renferme en une âme. Tout nous trahit, la voix, le silence, les yeux...
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J'ai pu te conserver, je te pourrai donc perdre.
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On a besoin de l'antithèse parce qu'on a besoin de la symétrie, mais moi, je rêve d'une antithèse cruciale, qui dirait le coeur des hommes, pas seulement le choix qu'ils doivent faire à un moment donné, mais la croix qui les traverse, le conflit, leur nature profonde.
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Il y aura dans sa voix la douceur d'un rayon de miel minuscule, éphémère, fragile et tout autour, les terres vastes et désolées de l'abandon. A tel point qu'on pourra conclure de sa pièce que l'amour ne donne jamais qu'un seul instant de bonheur, fugace et démenti.
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Dans les minutes qui suivent, elle se reprend, dose plus justement, commence à fouiller les vers plus en profondeur, à faire sonner les notes qui s'y cachent. Elle transpire, déploie trop de gestes, or Jean déteste les gestes. Si elle lève une main, il s'approche, l'attrape violemment, bloque son mouvement. Pour la énième fois, il dit que tout est dans la respiration, la diction que la tragédie ne montre pas des êtres ordinaires mais des héros, que toutes ces gesticulations qui font la vie des hommes sont inutiles. Il rêve d'un corps pur, dense qui serait capable de se mouvoir pleinement, en rythme et sans gestes.
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A vingt ans, il vient de comprendre que plaire aux dames peut susciter une autre satisfaction que celle d'un patrimoine prospère. Une satisfaction sans avenir qui change le regard qu'on pose sur les heures, l'ennui et la rigueur, et donc personne jusque là ne lui a jamais parlé. Il boit d'une traite le pot de vin devant lui.
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"Le chagrin vous jette dans un courant puissant parce que tous les mouvements de votre coeur visent à ranimer une chose perdue, morte. Il me sembla parfois y dépenser toutes mes forces et me retrouver le soir mort à mon tour, exsangue. Incapable de reprendre la lutte le lendemain. Dijon ne disait pas autre chose."
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Les plus belles femmes le pressent de confidences. Parfois crues, comme celle qui lui dit que les séparations sont bien moins majestueuses dans la vie que dans sa pièce, qu'elles n'ont pas cette harmonie grave, qu'elles sont stridentes, crèvent les tympans, une personne quittée est une carcasse qu'on désosse et qui couine de toutes parts, dont on déchire les plus tendres cartilages, sans ordre, ni méthode. N'est-ce pas plutôt un cœur qu'on nous arrache ? suggère-t-il. Non...Non...ce sont les os, répond-elle.
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