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Critiques de Nathalie Hug (1352)
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L'Enfant-rien

Nous vivons pendant une centaine de pages avec le narrateur qui est Adrien un petit garçon qui aimerait connaître son père et qui va être en quête d'un peu d'amour, ou ne serait-ce que d'un regard de la part du père de sa demi-soeur.

Cela pourrait être émouvant , c'est ce que beaucoup de lecteur ressente en lisant ce petit roman, mais moi je me rends compte que je suis restée assez distante, presque un regard clinique. Peut-être car du déjà vu, déjà lu.

J'ai bien conscience d'avoir un regard un peu sévère pourtant je ne pense pas être insensible mais là , je dois reconnaître que je n'ai pas eu beaucoup d'émotion ...

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Prédation

Un très bon thriller tout comme j'aime !

Une intrigue palpitante, un psychopathe de dingue, un flic hors norme, des sévices à s'en broyer les boyaux, du suspense...

Un vrai page turner qui tient en haleine.

J'avais tellement hâte d'avoir les réponses à certaines de mes questions !

Mais déception...

Ce tome se termine sur trop de questionnements encore...

J'imagine que c'est important pour la suite, mais je reste trop sur ma faim là...

Et j'aime pas ça du tout !

La frustration, c'est pas mon truc ! Mais pas du tout, du tout !

Je peux être très patiente, mais faut pas abuser...

Et encore plus, quand il s'agit d'un thriller...

Ca me rend un peu dingue, même...

Je sais ce qu'il me reste à faire...

Me procurer les deux autres tomes de cette trilogie...

Me torturer à devoir leur trouver une place rapidement dans mes prochaines lectures... Au risque d' oublier pas mal de choses de ce volume... Et ça, non, j'aime pas !!!

Du coup, je n'en dirais pas plus ! Na !



Et à bientôt avec Stigmate, alors !



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1, rue des petits-pas

Si vous ne savez pas quoi lire sur la plage, que l’éventualité d’entamer Dostoïevski entre deux passages de crème solaire ne vous emballe pas, pas de panique j’ai ce qu’il faut en stock. 1 rue des petits pas est exactement le genre de roman facile à lire (sans être gnangnan), avec un fond historique non négligeable auquel s’ajoutent des personnages attachants et la fameuse histoire d’amour un brin impossible. Non honnêtement ne boudez pas ce plaisir de vacances, foi de lectrice !



Nathalie Hug est lorraine et très fière de sa région. C’est donc assez naturellement qu’elle ancre son roman dans ce territoire si cher à son cœur. Nous sommes en 1918, quelques mois après l’armistice dans un patelin détruit de la vallée de la Meuse. Les tranchées ne sont pas loin et leur souvenir aussi ; le paysage et les gens sont encore sous le choc des bombardements et autres assauts d’artillerie qui ont ravagé ce pays. Il faut pourtant se reconstruire et c’est ce que tente de faire une poignée de villageois. Louise fait partie de cette petite communauté. Orpheline de 16 ans, violée en bande par des soudards en marge des tranchées, elle a été recueillie par une sage-femme mystérieuse qui lui transmet peu à peu son savoir. Louise aime ce métier qui dépasse bien plus le simple fait de donner la vie. Personnage central du village c’est aussi une confidente et une oreille attentive qui rassure, accompagne, conseille les femmes bafouées, violées, meurtries, prostituées comme bourgeoises. Amie fidèle pour les uns, étrangère apprentie sorcière pour les autres, Louise est témoin de ce que le déchaînement des passions, des rancœurs et des jalousies peut infliger à un microcosme replié sur lui-même comme l’est le village.



Roman d’apprentissage également, 1 rue des petits pas, c'est aussi le passage d'une jeune fille vers l'âge adulte par la force des choses, s‘éveillant aux plaisirs des sens auprès d’une personne inattendue. C’est aussi un bel hommage aux femmes de l’ombre, à celles qui tout comme les Poilus ont souffert, dommages collatéraux d’une guerre qui les a privées souvent de l’essentiel : un père, un mari, un fils, un avenir radieux. Enfin, c’est un roman bien documenté (un peu roman du terroir qu’affectionne ma mère :)) qui m’en a appris un sacré paquet sur le métier de sage-femme au début du XX siècle et les pratiques médicales de contraception (saviez-vous que le condom existait déjà ? :)). Nathalie Hug égrène avec maitrise tout un vocabulaire médical qui ne nous épargne rien côté anatomie. Le lecteur apprend de concert avec Louise ce jargon obscur et les bonnes pratiques du métier. Résultat : quand j’apprends à la fin des romans je suis plus que satisfaite et donc très encline à vanter le mérites du roman. On pourra en effet reprocher un grand nombre de personnages qui parfois nous embrouille et des situations un peu trop évidentes. Il n’en reste pas moins que 1 rue des petits pas est un roman de bonne facture, lumineux et accessible qui témoigne avec talent du courage des femmes, thème intemporel et universel s’il en est. Ne dit-on pas que la femme est l’avenir de l’homme…
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Instinct

Suite (et presque fin) d'une tétralogie "policière" assez atypique.

Une fois de plus, ce tome est sensiblement différent des précédents, d'avantage porté sur l'action et un peu moins sur le coté psychologique.

C'est une traque à grande échelle qui est proposée, le monstre en fabrication lors des deux premiers épisodes montre ici toutes les facettes de sa folie (y compris une part d'humain bien cachée jusqu'à lors).

Le premier quart du bouquin est long à démarrer, voire poussif, mais l'action par la suite prend une ampleur assez inattendue.

La lecture est à nouveau assez déstabilisante, les acteurs secondaires des précédents romans prenant les premiers rôles ici. Je peux comprendre que ça puisse déranger certains. A mon niveau, ce coté déstabilisant, j'en redemande.

Les thèmes abordés font froid dans le dos : esclavage moderne à grande échelle, conditionnement, utilisation des enfants...

Chaque lecteur aura son tome préféré, selon sa sensibilité ou son humeur. Ma préférence va au deuxième et pour moi ce troisième épisode est le moins prenant, même s'il reste tout de même excellent.

A noter la brillante idée de terminer avec des extraits des carnets du psychopathe : glaçant.
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Comme un enchantement

Jusqu'à présent je n'avais lu de Nathalie Hug que les romans et thrillers écrit avec son acolyte et mari Jérôme Camut. C'est donc avec un style et une ambiance bien différente que j'ai découvert (et apprécié) "Comme un enchantement".



Dans des paysages magiques et magnifiques de l'Emilie Romagne, l'autrice nous offre un roman particulièrement lumineux sur la réinvention d'une vie et la puissance bien malicieuse de l'amour. Car tout est dans le récit d'Eddie, cette jeune femme vivant dans le quartier de Montmartre, illusion sans que cette dernière s'en doute un seul instant... Que feriez-vous si un mystérieux et lointain parent inconnu vous offrait un château en ruines en Italie, alors que tout est mensonge ... ?

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Rémanence

Dernier tome d'une tétralogie unique en son genre. Celui-ci est plutôt une séquelle de l'histoire initiale, conséquences et prolongement 15 ans après dans la vie de 2 jeunes enfants devenus adultes.

Ces personnages, jusque là secondaires, ont droit à l'écriture de leur propre histoire personnelle qui fait écho aux horreurs perpétrées lors des précédents épisodes.

Roman beaucoup plus court que les précédents, nerveux, plus axé sur la psychologie, les auteurs une fois de plus malmènent leurs personnages, les font plonger dans leur pire coté sombre.

Comme avant, ici, pas de héros, mais des anti-héros totalement détruits intérieurement et dépassés par leur affect et les évènements.

C'est violent, dérangeant, déstabilisant, mais aussi réjouissant.

Le premier chapitre nous dévoile une partie de la fin de l'histoire, que l'on prend telle une claque en pleine gueule.

La suite, quelquefois excellente, parfois moins bonne, permet de clore cette tétralogie en axant sur les destins individuels, plutôt que sur un feu d'artifice touchant l'ensemble de la société comme dans le tome 3.

Somme toute une bonne histoire annexe, prenante, même si parfois un peu moins que les précédents tomes, mais oh combien éprouvante.

Je déconseille, bien sûr, de lire ce tome sans avoir lu les précédents.

Un roman et une tétralogie qui laissent des traces une fois la dernière page refermée, c'est bien la preuve d'une réussite.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
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Les Murs de sang

Lorsque je lis un roman écrit à quatre mains, je me demande comment les auteurs ont procédé.

Le talentueux tandem Boileau-Narcejac ♥ expliquait en 1987 : « Nous avons toujours travaillé par correspondance et nous continuons… Chacun avait droit à plusieurs jours de réflexion pour ruminer les objections de l'autre. Se vexer à retardement ? Impensable. Notre méthode est immuable, Pierre [Boileau] invente l'intrigue et Thomas [Narcejac] écrit… C'est Pierre qui […] tape [les manuscrits de Narcejac] à la machine en les améliorant au passage. » *

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Je ne connais pas la méthode du couple Camut-Hug, mais à vue de nez, avec mes préjugés genrés, je dirais que madame se consacre aux parties "intelligentes", et que monsieur se fait plaisir avec les scènes d'action bourrines (en abondance dans ce thriller).

J'ai aimé les intrigues politico-financières, lorsque le personnage de Carmen est en scène (1995). Elles m'ont rappelé les excellents polars de Jérôme Leroy.

Mais pour connaître l'aboutissement des recherches de la jeune femme, il faut supporter un emballage indigeste : des combines de voyous dans les 90's, un rapt et des courses poursuites sur fond de tempêtes de neige & de violence en 2011.

Les protagonistes sont à l'image de l'habillage 'c*uillu' : subtilité zéro avec Jack le crétin menteur qui voit rouge et cogne quand on le contrarie : "Tu n'est qu'une petite merde et tes manigances ne m'auront pas. Je vais te casser la gueule, bien proprement."

Idem pour sa compagne qui le rejoint 'Où il ira j'irai ♪♫' malgré une grossesse avancée et des conditions météo impossibles, quitte à jeter tout le monde dans la gueule du loup.

.

De Nathalie Hug en solo, j'avais beaucoup aimé 'L'Enfant-rien' (un peu moins 'La demoiselle des Tic-Tac').

Cela confirmerait mes suppositions quant à la répartition des rôles dans les romans co-écrits avec Camut. 😉

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* 'Télé 7 Jours' n° 1418, semaine du 1er au 7 août 1987, article de Michel Alexandre intitulé : 'Dix kilomètres les séparent mais ils travaillent toujours par correspondance.'
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Comme un enchantement

J'ai beaucoup aimé ce roman ainsi que la plume de Nathalie Hug que je découvrais ici. Je me suis vite laissée complètement absorbée par l'intrigue qui nous entraîne dans un petit village italien comme on pourrait le fantasmer (collines ensoleillées, vieilles pierres, jardins abondants et oliveraies, villageois exubérants et chaleureux avec une aubergiste qui n'a rien à envier aux fameuses mamma italiennes, etc).

A tout cela vient s'ajouter une touche de surnaturel, à peine suggérée, mais qui participe à l'atmosphère particulière de ce petit coin idyllique d'Emilie Romagne.



Ce n'est pas cette pointe de fantastique qui donne l'impression que l'intrigue est parfois bancale (l'héroïne ne se pose quand même pas beaucoup de questions...) mais on oublie vite ces faiblesses dans le scénario pour se laisser entraîner dans l'histoire d'Eddie et Jospeh.

Ainsi le récit se partage entre deux narrateurs qui ne se connaissent pas (enfin, il la connaît et l'aime en secret, mais elle ignore jusqu'à son existence). Evidement on imagine bien leurs histoires se rejoindre même si cela ne sera pas simple bien sûr...



En effet, suite au traumatisme causé par la mort de ses deux parents le jour de ses 16 ans, l'héroïne a décidé de se protéger de toute souffrance en ne s'attachant plus à personne. Ce point de vue extrême la rend difficile à comprendre.

J'ai trouvé le héros plus touchant avec son enfance difficile et ses sentiments qui le poussent à tenter l'impossible pour conquérir sa belle.

Autour d'Eddie et de Joseph gravitent des personnages secondaires sympathiques, qui se révèlent de vrais soutiens lorsque le besoin s'en fait sentir.



L'intrigue se met en place assez lentement. On sent qu'il y a quelque chose de mystérieux, de pas très normal derrière cet héritage et ses fantômes. Puis, quand on comprend ce qui se passe, on se demande comment cette situation a priori inextricable va pouvoir se résoudre. Mais après toutes ses interrogations, j'ai trouvé le dénouement trop rapide.

Peut-être aurais-je juste aimé rester un peu plus longtemps dans le castello d'Eddie...

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W3, tome 1 : Le sourire des pendus

En ouvrant ce livre, je me suis dit : Voilà un sacré pavé, il a intérêt à être bien... Et c'est le cas !

L'histoire, ou plutot les histoires démarrent rapidement et on est tout de suite pris dans les rebondissements. Les personnages sont soit attachants soit détestables. On se pose aussi des questions sur certains et les auteurs arrivent très bien à "noyer le poisson".

L'écriture est fluide et nous emporte au fil des pages grace à des chapitres courts. C'est un livre qui se lit vite finalement et on a aussi vite envie de savoir la suite.

Bref, une très bonne surprise pour moi qui ne connaissais pas ces auteurs.



LC mensuelle avec Witchblade
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Islanova

J'ai d'abord lu "Et le mal viendra". J'ai donc appris sa genèse en lisant "Islanova".

Des écologistes radicalisés, menés par Vertigo et son équipe, tiennent tête à l'Etat français dans une ZAD ( zone à défendre ) sur l'île d'Oléron.

Je m'en tiendrai là pour surtout ne rien révéler qui pourrait ternir votre découverte de ce roman addictif.

Jérôme Camut et Nathalie Hug, complices en écriture et dans la vie, se servent de cette fiction pour dénoncer les dérives environnementales, sociétales et autres de notre société consumériste. Jusqu'où notre indifférence aux souffrances du tiers-monde nous conduira-t-elle ?

Le rythme est haletant, le suspense soutenu, les personnages crédibles.

Le but est atteint : j'ai passé un très bon moment de lecture.

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Et le mal viendra

« Et le Mal viendra » de Jérôme Camut et Nathalie Hug - La chronique qui est venu qui a vu et qui a été vaincue ! COUP DE FOUDRE !



Il y va des livres comme de l’amour, des livres dont tu tombes instantanément amoureux - un lecteur/une lectrice, ça a un petit cœur d’artichaut tu sais – et qui vont continuer à t’accompagner sur une bonne partie de ton chemin de vie. Des livres « coups de foudre ».

« Et le mal viendra » en fait assurément partie. Il est composé de phéromones tenaces. Ta dernière pensée est pour lui quand tu te couches et la première chose qui imprègne ton esprit au petit matin est une nouvelle pensée pour lui, fugace ou pas.



Pour vous mettre dans l’ambiance, voici comment le roman démarre : « L’Afrique tu te la prends dans la gueule et tu l’aimes ou alors tu remontes dans le premier coucou et tu te casses le plus loin possible ».

Effectivement, on se le prend dans la gueule ce roman !



C’est rare qu’un thriller dégage autant d’émotions contradictoires. La force des Camhug (contraction de Jérôme Camut et Nathalie Hug), c’est de parler à tes tripes et à ton cœur avec la même énergie alternant les moments d’une beauté à couper le souffle, chargés de poésie et de silences, et les scènes d’action époustouflantes dignes des plus grands films d’action. Certaines scènes sont si magnifiquement découpées que tu te vois transporté dedans, une immersion en zone littéraire addictive.



« Et le mal viendra » est un roman populaire (avec toute la noblesse du terme), un blockbuster sociétal, une épopée à la Jules Verne mâtinée d’un thriller épique, un passeport pour l’aventure. Mais quel souffle ! L’action saute aisément d’un continent à l’autre entre Europe et Afrique, une vadrouille entre terres inconnues et polar urbain. Et non seulement cette dichotomie fonctionne mais en plus elle lustre le bouquin d’un vernis précieux.



Ce livre est d’une richesse phénoménale et d’une ambition folle. Que ce soit dans la démesure vertigineuse de l’intrique ou dans le soin et la finition apportés aux personnages. Un vrai travail d’orfèvre tant les ciselures et les déchirures de chacun y sont admirablement dépeintes. Les personnages sont si contrastés, jamais noir ou blanc, que l’identification et l’empathie fonctionnent à plein régime.



LES YEUX GRANDS OUVERTS

Les sujets traités sociétales et politiques (l’éco-terrorisme, la radicalisation, la raréfaction de l’eau…) font mouche. Les Camhug tutoient l’époque et en démontent les rouages. Leur constat est implacable et fait dresser les cheveux sur la tête ; les événements décrits dans ce roman paraissent si réels et si crédibles qu’ils en deviendraient possibles dans notre réalité.

L’acuité des auteurs à comprendre la Société et à nous la recracher en pleine gueule est tout simplement bluffante.

D’ailleurs, l’une des idées centrales du livre est de montrer comment, insidieusement, se construisent et se propagent les idées extrémistes. Cela peut partir d’une idée noble voire altruiste et pourtant finir dans le drame le plus absolu. L’enfer est pavé de bonnes intentions mais ses marches sont glissantes. Comme à chacun de leur roman, les Camhug se paient le luxe de susciter la réflexion sans jamais sacrifier au dynamisme puissant du thriller.



LE DERNIER ARGUMENT DES ROIS

Impossible de terminer cette chronique sans saluer la fin du roman qui touche à la perfection. C’est tellement rare une fin aussi ultime et aussi réussie. Combien de romans avec-vous kiffé tout du long avant d’être déçu et frustré par la fin, un goût amer dans la bouche ? Ce ne sera pas le cas ici, vous l’aurez compris. Au contraire, elle vous hantera de nombreux jours durant une fois le livre refermé. La marque d’une GRANDE œuvre.



Je vous parlais de coup de foudre en début de chronique mais comment ne pas avoir de crush pour un bouquin qui t’étreint avec autant de passion et de grâce ?


Lien : https://cestcontagieux.com/2..
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Et le mal viendra

Jérôme Camut et Nathalie Hug ne font jamais les choses comme les autres. Avec Et le mal viendra, ils vont encore plus loin, font encore plus fort et plus original. Vous n’avez jamais lu un livre de cette nature, ni dans la forme ni dans le fond.



Ce roman peut se lire de deux manières, seul ou interconnecté avec leur précédent livre, Islanova. Mêmes personnages, une partie des mêmes faits, mais pas une suite pour autant.



Explication : en amont, en parallèle et en aval d’Islanova, ce roman raconte comment certains en sont arrivés à utiliser des moyens terroristes alors qu’ils étaient plutôt de fibre humanistes, et comment d’autres les combattent. L’action du précédent roman n’était qu’un pic de l’histoire de ces personnes-là.



L’idée centrale du roman est folle, tellement dingue qu’elle est terriblement crédible. Ou quand, pour une cause, on peut aller au bout de ses idées. Un concept jusqu’au-boutiste qui laisse sans voix et que je vous laisse découvrir. La vraie et dure violence, elle est là…



C’est un thriller, un vrai, mais totalement atypique. L’action et les rebondissements sont constants et prennent à la gorge.



Le roman parle de nous, même s’il se déroule dans une petite dizaine d’années. Il met en scène des sujets d’actualité brûlants et qui questionnent (écologie, pénurie de l’eau, terrorisme…), tout en privilégiant le traitement de l’intrigue et des personnages à coups d’actions et d’émotions.



La guerre de l’eau est la goutte qui nous pend au nez. Qu’on n’imagine pas qu’elle ne touchera que les pays lointains. L’onde de choc sera mondiale.



Et c’est aussi un roman choral, comme souvent chez les Camhug, où ils se penchent sur les agissements de chaque personnage de leurs propres points de vue. C’est une des grandes forces de ce roman, car rien n’est jamais simple à comprendre dans un monde aussi complexe.



Une partie importante de l’intrigue se déroule en Afrique, dépaysement garanti même si on est loin du voyage touristique. Mais la France est bien au cœur de l’intrigue, tout comme ce qui s’y est passé récemment (comme l’attentat du Bataclan).



Le mot de « connexion » convient parfaitement à ce thriller hors norme. Connexion avec la réalité française et mondiale, entre des personnages qui se croisent, se lient et s’entre-déchirent. Tant de connexions en un seul roman, ça donnent le tournis.



Les deux écrivains ont fouillé l’histoire, sans jamais perdre le sens du rythme. Ils l’ont engagée dans des problématiques économiques, sociétales et environnementales sans pour autant oublier l’émotion. Parce que ce sont bien les personnages qui sont au centre de l’intrigue, j’insiste là-dessus.



Jérôme Camut et Nathalie Hug sont des inventeurs visionnaires. Des alchimistes du noir, créateurs d’émotions et de réflexions. Et le mal viendra est une œuvre unique, atypique, prenante, choquante parfois. Impossible d’y rester insensible.
Lien : https://gruznamur.com/2019/0..
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W3, tome 1 : Le sourire des pendus

Adeptes des Bisounours et de la pensée que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, autant reposer ce livre et économiser les 9€ et quelques qu'il vous coûterait... le couple Camus et Hug vendent du noir, du glauque, du sordide (mais pas que).



Après la lecture de leur précédente tétralogie Les voies de l'ombre, j'avais acquis la conviction qu'ils maîtrisaient les arcanes du roman à suspense. le premier tome de leur nouvelle trilogie W3 - le sourire des pendus vient confirmer mon avis.

Même s'il est fait état ici aussi de séquestration, il ne s'agit en rien d'un copié-collé de Kurtz et cie. Les auteurs ne partent ni sur le même thème ni sur la même construction. Il garde cependant un personnage emblématique, aussi fascinant que mystérieux,  qu'on découvre dès le premier chapitre (et quelle entrée de jeu!!!) Ilya Kalinine (oui, il donne envie de relire Tolstoi par cette quasi homophonie).

S'ajoute au fil de l'intrigue tout un panel de personnages bien construits, qui possèdent une entité profonde et crédible. On s'attache beaucoup à certain, on en admire; pour d'autres... beaucoup moins. Les relations entre eux, au-delà du coeur même de l'histoire est passionnante à lire, avec des non-dits et des secrets, des casseroles du passé à traîner ou qui leur explose soudainement à la figure, ...



Quant aux thèmes abordés par W3, ils sont bien sûr dérangeants puisqu'ils touchent aux déviances sexuelles. Ça va de la prostitution forcée à la pédopornographie, en passant par viols, violences, meurtres, ... J'avais bien dit du noir, du glauque, du sordide. Les auteurs en profitent pour tailler dans le gras d'une certaine presse toujours avide de se goberger de détails croustillants. Une presse hypocrite qui préfère hurler avec la meute plutot que réellement investiguer et dénoncer.

Le couple Camut-Hug met en exergue une justice en déshérence où les droits des coupables semblent prévaloir sur ceux des victimes. Également sur les intrications politico-judiciaro-criminelles, centrées autour du fric qui devient passe-droit et permet aux hautes sphères de se payer un bon temps horriblement particulier.



Si nombre de pages sont assez désespérantes et offrent une image de l'humanité contemporaine peu ragoûtante, il n'y a pas que ça. Et c'est une des forces de ce roman de montrer des personnages qui luttent contre ces états de fait, à divers niveaux; qui montrent une belle solidarité et une vision plus équilibrée du monde. Sans pour autant entrer dans un manichéisme gentils/méchants.



Quant au suspense, pas de déception. Les presque 900 pages du premier tome fondent comme sorbet au soleil tant on est pris par les histoires qui se mêlent et s'entremêlent. Certaines se demêlent à la fin du volume mais pas toutes. Les auteurs dirigent avec une redoutable efficacité leur intrigue à coup de chapitres courts et de tension continue au fil des pages. Ils réservent des surprises qui sont autant de claques dans la tête du lecteur.



Bref, vite, le deuxième tome!!!!
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Instinct

- Qui c’esttttttt ?

- Une voix à la con dans ma tête ?

- La voix que tu as bien voulu me donner

- L’affaire est close, je parle tout seul voilà tout

- Je suis le gargouillis qui revient de te faire chier chaque hiver, les prémices de longues heures d’attente avant le bouquet final, on va bien se marrer…

- Oh putain Gastro, putain tu fais chier, t’as pas reçu mon message d’amour t’invitant à me laisser pénard cette année, avec l’avance sur souffrance l’année passée, je pensais que peut-être t’irais contaminer un autre trouduc

- Fallait pas te sucer les doigts mon gars, après ça on négocie plus, t’es marron, je passais dans le coin, t’as ignoré ma toute puissance, j’étais vexouille, je t’ai sauté sur la gueule, fin de l’histoire….

- Je vais douiller hein ?

- Putain je vais te retourner le bide, jusqu’à plus soif, tu vas te décomposer de douleurs, assis comme un roi sur ton trône, je vais te vidanger l’intérieur comme un chef…



Je le savais, chaque année c’est pourtant marqué en gros dans les journaux télévisés, sortez pas de chez vous, et lavez vous les mains… Une fois que tu l’as choppé, faut te rendre chez le doc, et c’est là que l’affaire se complexifie, à quel putain de moment tu peux t’y rendre ? Le mal de bide qui se tortille tu peux gérer, t’es pas une petit fille, la douleur c’est dans la tête et les larmes… décomposé, t’as perdu de ta couleur, blanc pâle, faut que tu cherches le créneau, le bon moment…



Je me souviens d’une année, j’avais commencé mes petites affaires au taf, et fallait que je me rentre, seulement j’en avais pour 1H30 de transport avec changements, courses à pieds et tout la merde des transports parisiens, une fois posé mon cul dans le RER, genre épuisé par autant d’émotions sanitaires, gastro qui s’était assoupi quelques minutes s’étant donné comme jamais les heures précédentes se rappela à mon épuisement, là mon pote, gros moment de solitude, la nana en face de moi, marquée fort heureusement par les années qui passent, me regarda d’un air de dire :



« Ça n’a pas l’air d’aller »



A ce moment là de solitude ou tu te fais la réflexion qu’il n’y a pas de chiotte avant chez toi, tu remercie le destin que le wagon ne soit pas blindé de bombasses en chaleur prêtent à tout pour faire de moi un homme comblé, vous voyez le genre, pour s’occuper le fantasme pendant les heures perdues, je pouvais lire, dormir ou mater, j’étais jeune, plein d’ambitions lubriques, mon choix était vite fait les 5 premières minutes, après je pionçais comme un bébé…



Bref je me décomposais à vu d’œil, bouffées de chaleur, envie de crever, je me suis lever dignement titubant d’un pas mal négocié,, j’ai fait une pause courage sur un bout de siège, et j’ai descendu les quelques marches pour me coller contre la porte, peut-être bien qu’avec un peu de bol, on allait arriver à la prochaine station, que dalle, j’ai vomi dans le coin de la marche sur la porte…



Un homme se trouvait dans mon champs de vison, très absorbé par ce spectacle au combien dérangeant pour nous deux, mais même pas le gars il s’est bougé un doigt de pied pour se casser voir du paysage ailleurs, non il est resté comme un glandu à me regarder…



Je vous rassure j’ai ensuite pris le bus sans déconvenue…

Bref la Gastro c’est la merde si je puis me permettre



Pour le livre :

Moi et moi nous sommes parlés, d'homme à homme afin de comprendre pourquoi je n'avais pas trop apprécié le Tome 1...



Donc après une longue analyse de mon génie intellectuel, j'ai pu établir une théorie très intéressante :



Je suis vraiment un trou duc…



L'histoire n'est pas vraiment originale mais voilà on est entrainé par les auteurs dans une histoire divertissante, percutante, qui monte crescendo, un talent narratif qui fait de cette trilogie un ensemble plutôt réussi…



Mon scepticisme du premier Opus s'explique par un trop plein de polars dans un laps de temps très court, mais avec du recul on arrive à se mettre en condition pour une énième histoire de psychopathes hors norme…



Dans l'ordre de me préférences : 3, 2, 1



A plus les copains

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W3, tome 1 : Le sourire des pendus

Une porte se ferme d’autres s’ouvrent. Fin du premier tome. 750 pages qui s’avalent à une vitesse ahurissante, tant le couple Camut et Hug nous propose un roman facile à lire et difficile à lâcher.

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance, il fallait tenir la distance sur un nombre de pages qui habituellement correspond à la taille de deux romans et dans un style (le thriller) où certains pensent que tout a été dit.

Les Camug prouvent que ce n’est pas le cas.

Après un démarrage assez convenu, le récit prend au fur et à mesure une dimension et des directions assez inattendues.

Récit inattendu, parce que le couple d’auteurs se lâche au cours de la progression de l’histoire, utilisant un ton tragi-comique assez inaccoutumé dans certains dialogues (qui sont une part importante du roman).

Récit inattendu parce que le roman fait passer un message à travers la bouche des personnages ; un message qui prête à réflexion. Un message qui est une vraie base de méditation sur nos institutions, la part des médias et leur responsabilité, la mise en place d’un contre-pouvoir…

Des personnages attachants, même si quelquefois un brin caricaturaux, et qui très vite sortent du cadre habituel du thriller.

Mais qu’on soit bien clair, jamais les auteurs ne perdent de vue l’objectif du roman qui est avant tout un divertissement. Un divertissement n’empêche pas de réfléchir, non ?

Question divertissement, le contrat est parfaitement rempli : action, émotions, scènes éprouvantes contrebalancées par le franc-parler des personnages et le ton décalé de certains dialogues.

Le sujet général est dur, rude, mais le traitement qu’en font les auteurs rend le tout globalement plus grand public que ce qui était proposé dans la tétralogie des Voies de l’ombre.

Bref, 750 pages qui filent, et un final détonnant qui ouvre des portes vers un deuxième tome qui s’annonce sous les meilleurs auspices.

Les Camug sont de retour, l’attente fut longue (1 an ½), mais elle valait le coup.

Garçon, un autre s’il vous plaît !
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Nos âmes au diable

Sixtine, une jeune fille de 10 ans disparaît un aprés-midi d'été sur l'île d'Oléron. Les parents sont dévastés, enfin surtout la mère qui travaillait alors dans sa boite de publicité en région parisienne. Pour eux, le cauchemar commence d'autant plus que les recherches n'aboutissent pas, le corps de la jeune fille n'étant pas retrouvé ... jusqu'au moment où un délinquant sexuel tout juste sorti de prison et taiseux devient le coupable idéal. Un coupable qui ne l'est pourtant pas ...

Qu'est-il donc arrivé à Sixtine ? Enlèvement ? Séquestration ? Meutre ? Qu'est-elle devenue ? Quel sort lui a t-on réservé ? Autant de questions que les parents n'ont de cesse de se poser sans avoir les réponses concluantes.



Sans vouloir "spoiler" davantage la suite du roman, dans laquelle la psychologie tient une grande place, le couple des Camhug revient sur les terres de ses précédents écrits (sur l'île d'Oléron en l'espèce) et nous fait retrouver le fameux Léon Castel et sa non moins célèbre Guilde, ainsi que son acolyte Hervé.



Alors que le roman s'ouvrait sur un kidnapping, on découvre que le scénario auquel on pouvait se fier en tout début du récit n'est pas celui que l'on pouvait espérer et que l'intrigue est pesante et intense.







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W3, tome 2 : Le mal par le mal

J'écris ma critique à chaud. A ébullition je devrais dire car je viens juste de refermer le livre et je trépigne, je tourne en rond, j'ai du mal à assimiler ce que je viens de lire.

On reprend l'histoire exactement où on l'avait arrêtée et j'étais tellement contente de retrouver les personnages. C'est la force de ce couple d'auteurs : On s'attache vraiment aux protagonistes, ou on les hait, ou on s'interroge. En fait, on est vraiment à leurs cotés quand ils vivent leurs aventures.

Dans ce 2e tome, l'histoire s'étoffe et notre groupe de héros avancent tant bien que mal en essayant d'éviter les embuches.



Bref, c'est un excellent 2e tome qui donne envie de lire le suivant. Je suis vraiment conquise.



LC mensuelle avec Witchblade
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Écouter le noir

Premier recueil de nouvelles noires par 13 auteurs sous la direction d’Yvan Fauth, il est composé de 11 nouvelles sur le thème de l’audition. Un sujet qui le touche de près, souffrant d’hyperacousie et je peux vous dire que c’est l’enfer !



Globalement j’ai aimé mais moins que “Regarder le noir” peut-être parce que le sujet est plus difficile à traiter, plus abstrait. Malgré tout je m’aperçois que je prends goût aux nouvelles et plus particulièrement aux recueils de nouvelles.



Les meilleures pour moi ont été : “Ils écouteront jusqu’à la fin” de François-Xavier Dillard et “Quand vient le silence” de Laurent Scalèse.



Celles que j’ai le moins appréciées et qui sont limites hors sujet : “Archéomnésis” de Jérôme Camut et Nathalie Hug et “Un sacré chantier” de Nicolas Lebel.



Une jolie découverte d’auteur, Cédric Sire avec “Le diable m’a dit” !



1 - “Deaf” - Barbara Abel et Karine Giebel 4,5★

2 - “Archéomnésis” - Jérôme Camut et Nathalie Hug 3★

3 - “Tous les chemins mènent au hum” - Sonja Delzongle 4,5★

4 - “Ils écouteront jusqu’à la fin” - François-Xavier Dillard 5★

5 - “Bloodline” - R. J. Ellory 4,5★

6 - “Un sacré chantier” - Nicolas Lebel 2,5★

7 - “Zones de fracture” - Sophie Loubière 4,5★

8 - “Echos” - Maud Mayeras 3,★

9 - “La fête foraine” - Romain Puértolas 3,5★

10 - “Quand vient le silence” - Laurent Scalèse 5★

11 - “Le diable m’a dit” - Cédric Sire 4★



Je suis très admirative de ces auteurs qui se plient au jeu des figures imposées et que l’on apprécie ou pas, je trouve ça brillant et sympathique ! J’attends le suivant avec impatience !



CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020
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Comme un enchantement

Ouh la la moi aussi j'aurais voulu hériter d'une belle maison de campagne comme Eddie dans cette région d'Emilie Romagne en Italie.

Toutes les descriptions que nous a fait l'auteure m'ont fait rêver, son écriture m'a plus que convaincue, cette dame a le don de m'emmener en voyage à travers son livre et ses personnages se sont avérés attachants et plein de vivacité malgré une vie aussi monotone et ennuyeuse.

Quant aux descriptions de Montmartre et ses ruelles, franchement je ne pouvais pas trouver mieux pour mon enchantement. C'est tout ce que j'aime!!

Et quand on découvre que le château de cartes s'écroule eh bien on se dit que ça n'est pas possible, le petit grain de sable s'est glissé dans les rouages et il faut absolument se relever...impossible d'en rester là.

Franchement je vais continuer à lire cette auteure que je viens de découvrir, cette fine plume, subtile et légère à la fois m'enchante vraiment.

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Crimes au musée



Je marche tous les jours. Je fais la même promenade, le même circuit. Je passe devant la même pharmacie, la même boulangerie, la même église. Le parcours est rituel, strictement identique.

Et ce jour-là, mon regard a été attiré par une porte qui n'existait pas la veille. Sur une plaque à droite je peux distinguer les mots M.U.S.E.E.

Aucune poignée, aucun horaire, aucune indication...

Même chose le lendemain et le surlendemain.

Et puis, un jour, deux sonnettes sont apparues. L'une au nom de Marie-Chatale Gariépy et l'autre indique simplement "Le retraité".

Et la porte est légèrement entrebâillée.

J'entre.



Au fond du hall, j'aperçois un petit groupe. La visite des lieux vient à peine de commencer. Je presse le pas pour les rejoindre quand une voix m'interrompt.

- Monsieur, votre ticket !

La guichetière, qui se prénomme Violette d'après son badge, me tend un coupon.

- Je vous dois combien ?

- 18,50 €

- Vous pouvez me dire où je suis exactement ?

- Bien sûr ! Vous êtes au musée des crimes.

- Je vois ! Un peu comme le musée de la police qui se situe dans le cinquième arrondissement de Paris et qui est annexé au commissariat ? Et dans lequel on retrouve des mannequins de policiers revêtus de leurs anciens uniformes, des armes du crime, des photos des plus grands criminels de France ?

- Ah non, pas exactement. J'ai entendu parler de cet endroit en lisant le rapport de Danielle Thiéry sur "L'ombre d'Alphonse". Vous saviez d'ailleurs qu'un crime y avait été commis récemment ? Mais allez-y monsieur, vous pouvez rejoindre le reste du groupe. Vous aurez la surprise.



* * *



- A votre droite, vous pouvez distinguer la déesse de la compassion Kannon.

Je tourne la tête et aperçois une peau écorchée et tatoué de haut en bas. A la fois macabre et fascinant. Le tatouage peut parfois être un art.

- Cette peau taxidermisée a été sobrement intitulé "Le chef d'oeuvre" et a été réalisée par Dominique Sylvain.

- Et à gauche, toujours inspiré par la culture asiatique, vous pouvez distinguer l'aquarelle de Claire Cooke, "Un thé pour le Gaijin." La toile représente le rituel du thé, effectué par une aspirante geisha. Quatre hommes y assistent : Trois japonais et un caucasien. Saviez-vous que certains Nippons superstitieux souffraient de tétraphobie, la peur du chiffre 4, associé à la mort ?



Notre guide de cet étrange musée des horreurs se nomme Richard Migneault. Ce Canadien n'en n'est pas à son coup d'essai. Il avait déjà inauguré une exposition intitulée "Crimes à la librairie" en 2014 et une autre en 2015 : "Crimes à la bibliothèque". Je n'ai pas assisté à la seconde mais la première m'avait attiré de par la présence de Patrick Senécal, un de mes artistes préférés.

Ces deux premières expositions avaient été sponsorisées par les éditions Druide et avaient pour originalité de n'avoir fait appel qu'à des créateurs québécois. Mais cette troisième galerie a trois spécificités. Elle dispose cette fois d'un partenaire supplémentaire français ( les éditions Belfond ), ses artistes sont uniquement des femmes ... et cette fois les oeuvres proviennent des deux côtés de l'Atlantique : Les québécois sont toujours à l'honneur mais ils sont accompagnés cette fois d'artistes européens ( France, Belgique ).



- Ici vous avez la reproduction d'une toile de Véronèse, signée par Catherine Lafrance et intitulée "Le christ couronné d'épines". 

Et la croix gammée au mur juste à côté ? Les tâches de sang au sol ? Un crime antisémite a été commis ici il y a peu, c'est une évidence. Mais non, aucune allusion, notre accompagnateur est déjà passé à autre chose. 

- Autre reproduction, celle du cri de Munch. Le tableau de Martine Latulippe a été renommé "La vieille". En hommage à une dame âgée qui a perdu son fils dans d'horribles circonstances. Il avait fait le choix de devenir policier et a un soir été abattu par un mari violent. Voulant intervenir dans le cadre d'une querelle domestique, il a été accueilli par un coup de fusil qui l'a fauché net. De son vivant, son garçon était fasciné par cette toile, d'où cet hommage.



Continuant notre progression, je suis soudain assailli par une odeur pestilentielle. Comme un animal mort qui se décomposerait en plein soleil.

- Ne vous inquiétez pas pour l'odeur, elle vient de la création de Marie Vindy. "Charogne" a été déplacé dans les combles du musée. Ce sont deux corps d'amants en pleins ébats, encore emboîtés, tués d'une seule balle qui leur a transpercé le coeur à tous les deux. Une oeuvre magnifique mais un peu trop odorante avec cette chaleur. Nous l'avons éloigné un peu pour vous gêner le moins possible.



- Ici, vous pouvez contempler une couverture ornée de dentelle et de perles d'ambre et de turquoise. Si vous vous approchez suffisamment vous verrez que le prénom "Simon" y est brodé. C'est Elena Piacentini qui l'a réalisée. Elle a intitulé cette couture "Dentelles et dragons". Cette couverture est celle dans laquelle on a retrouvé le petit Simon Varaigne, un enfant adopté. Il ne tenait pas à retrouver ses origines mais l'infirmière soignant sa mère biologique, diabétique en phase terminale, les lui a apprises. Une bien drôle d'histoire !

- Barbara Abel a quant à elle mis sous formol, dans le bocal sur votre gauche, un cordon ombilical. Une composition au bon goût discutable qu'elle a appelée "L'art du crime.". Et en parlant de bébé, saviez-vous que s'il y avait des grossesses nerveuses, il existait également des cas de dénis de grossesse, que de futures mères pouvaient ignorer qu'elles étaient enceintes jusqu'à leur huitième mois ?



A côté de chacune de ces surprenantes productions, une petite affiche nous donne quelques éléments biographiques. Sont par exemple mentionnés les projets des différents artistes pour l'avenir, leurs principales réalisations, et leurs goûts respectifs quasiment systématique pour Oui-oui, fantômette et la comtesse de Ségur durant leurs plus jeunes années.



La pièce suivante est consacrée à deux vidéoprojections de courts-métrages. 

- Il ne faut pas oublier le septième art. Le petit film qui se déroule sous vos yeux s'intitule "Mobsters' Memories" et c'est Andrée A. Michaud qui l'a réalisé. Inspiré de l'oeuvre de Chandler, vous y verrez un homme qui s'est attiré le courroux d'un chef mafieux, Jim Latimer, parce qu'il a approché sa femme de trop près. Les plus attentifs verront Al Capone ou encore un clin d'oeil au film Quai des brumes.

- Le reportage qui suit est beaucoup plus engagé. Il a été tourné par Geneviève Lefebvre. Son film s'appelle "L'homme à la machette" et parle notamment du retour d'une inspectrice montréalaise au Rwanda, dont elle est originaire. Elle va notamment y chercher l'homme qui a tué son père en 1994, durant le génocide des Tutsis. Je préfère vous avertir que certains passages sont intolérables.



Le guide attire ensuite notre attention sur une photographie, au fond de la salle.

- Ici, vous avez une magnifique photo de l'Anatolie centrale, en Turquie. La photographie étant le huitième art. La photo a été prise par Florence Meney, qui a intitulé son cliché "La mort à ciel ouvert".

En arrière plan de ce magnifique décor escarpé, je distingue deux silhouettes. L'une fait une chute probablement mortelle dans un profond ravin tandis que l'autre a encore les bras tendus en avant. L'artiste aurait elle capturé un meurtre en direct en prenant cet instantané ?



Le premier art, c'est l'architecture. Le second, la sculpture. Viennent ensuite la peinture, la musique, la poésie, la danse...

Est-ce que ça signifie que les nouvelles ou les romans ne sont pas considérés comme tels, à l'inverse des bandes dessinées ( neuvième art ) ou des jeux vidéos ( dixième art ) ?



- Avant de poursuivre, nous allons faire un petit détour par la cave. Nous ne pouvions pas placer ailleurs le travail particulier d'Ariane Gélinas.

Quelques mètres plus bas, neuf tombes ont été creusées, chacune étant attribuée à une muse.

- Ariane cherche toujours l'inspiration, mais ses rencontres avec Calliope, Clio, Erato, Uranie, Melpomène, Thalia et les autres n'ont pas été couronné d'un franc succès. Alors en attendant que ses sacrifices portent leurs fruits, voici "Les météores saignent", le fruit de ses obsessions.

J'ai la sensation d'étouffer. Je bouscule quelques personnes du groupe pour retrouver la surface.



- Face à vous, ces pages parcheminées ont été retrouvées par Stéphanie De Mecquenem. Elle est également parvenue à traduire son titre : "La mystérieuse affaire du codex maya" et à retranscrire une partie de son contenu. Il s'agit d'une vieille prédiction amérindienne. A la lecture on se croirait dans une vieille nouvelle d'Agatha Christie. Un homme meurt mystérieusement lors d'une visite du palais des Doges à Venise. La veille au soir il participait à un cocktail mondain où tous les hommes portaient un masque vénitien. L'un des prestigieux invités a probablement versé quelques gouttes de cyanure dans son verre. La seconde page est en revanche trop abîmée et je ne saurais vous en dire davantage sur l'identité du meurtrier présumé de Ferdinand de Brassac. 

- La sculpture "Renaissance" que voici n'est pas de Nathalie Hug, par contre c'est elle qui l'a entièrement restaurée ! Et qui y ajouté cette petite faucheuse sur l'épaule du garçon.

En effet, la statue montre une mère qui poignarde un homme en plein coeur tandis qu'en arrière plan, un jeune garon assiste à la scène. Sur son épaule, son amie la mort, rassasiée, semble le féliciter pour le travail accompli.

- Enfin vous pourrez admirer le tableau vivant de Claudia Larochelle. "Il faut savoir se salir les mains" a été librement inspiré des oeuvres anticonformistes de Bénédicte Lemire, qui a été acclamée en son temps mais aussi critiquée. L'exubérance dérange, inquiète.

En m'approchant je constate que l'oisillon qui s'apprêtait à s'envoler du nid et qui de loin me paraîssait bouger réellement ... est un véritable oiseau taxidermisé et collé à la peinture pour incorporer la toile.

Ou comment créer la vie à partir de la mort.



* * *



Croix gammée, cadavres, art douteux ... Je ne sais pas ce qui me prend mais de plus en plus mal à l'aise je m'écrie :

- J'exige de parler au directeur !

- Eh bien allons-y ! Le bureau de monsieur François Charmant est au bout du couloir.

Mais la porte est fermée à clef. J'entends alors au travers une voix masculine.

- Virginie, vous avez des enfants à élever et aucune ressources, vous avez besoin de ce travail. Alors si vous ne voulez pas être renvoyée sur le champ, vous allez rester rester avec moi et faire quelques heures supplémentaires.

J'entends alors des bruits de vêtements qui se déchirent, des soupirs rauques qui ne parviennent pas à dissimuler les reniflements d'une Virginie en larmes. Je pense aussitôt au tableau de Degas intitulé "L'intérieur" mais plus communément appelé "Le viol" et qui aurait été revisité par une auteure telle que Karine Giébel. Au moment où je m'apprête à foncer vers la porte, je sens un objet se fracasser sur le haut de mon crâne et je tombe par terre, inconscient.



A mon réveil, je suis enfermé dans une pièce avec d'autres visiteurs. Je reconnais une vieille dame qui jouait également les touristes. Il y a également un homme en costume qui dégage un certain charisme, une jeune femme hyper sexy qui se prétend archéologue. La dernière personne, je la reconnais, je l'ai déjà vu quelque part ... Et puis ça me revient !

- Eh, vous là-bas, vous ne seriez pas Ingrid Desjours ?

- Si, c'est bien moi. Je me demande ce qu'on fait ici.

- Quelqu'un va venir nous chercher. Ils n'ont pas pu nous oublier !

- L'oubli, c'est "le second linceul" des morts. Vous connaissiez cette citation de Lamartine ?

- Pourquoi, vous pensez qu'on est morts ?

Notre étrange troupe se relève. Nous ne sommes pas enfermés mais nous sommes dans un véritable dédale souterrain.



- Alors vous avez pensé quoi de l'exposition ? me demande Ingrid

- Comme souvent dans ce genre de galeries qui présente différents artistes très différents les uns des autres, certains m'ont convaincu alors que d'autres pas du tout. C'est peut-être culturel mais j'ai globalement eu une préférence pour les oeuvres françaises.

- Et vous avez découvert des talents que vous ne connaissiez pas ?

- Assez peu au final, ce sont principalement ceux que j'appréciais déjà qui m'ont le plus ébloui. D'autres m'ont plu mais j'ai trouvé une petite moitié des oeuvres exposées assez laborieuses ou peu inspirées.

- Un dernier mot ?

- Juste deux réflexions. La première, c'est qu'il existe des expositions dont l'entrée et bien moins onéreuse et dont le contenu est davantage enthousiasmant, sans compter qu'une partie des profits va à des associations telles que les restaus du coeur. La seconde, c'est que j'espère que Richard Migneault ne prépare pas une quatrième rétrospective qui s'intitulerait Crimes dans les sous-sol du musée.

Sinon on est vraiment mal barrés.



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