Jérôme Camut et Nathalie Hug ne font jamais les choses comme les autres. Avec Et le mal viendra, ils vont encore plus loin, font encore plus fort et plus original. Vous n’avez jamais lu un livre de cette nature, ni dans la forme ni dans le fond.
Ce roman peut se lire de deux manières, seul ou interconnecté avec leur précédent livre, Islanova. Mêmes personnages, une partie des mêmes faits, mais pas une suite pour autant.
Explication : en amont, en parallèle et en aval d’Islanova, ce roman raconte comment certains en sont arrivés à utiliser des moyens terroristes alors qu’ils étaient plutôt de fibre humanistes, et comment d’autres les combattent. L’action du précédent roman n’était qu’un pic de l’histoire de ces personnes-là.
L’idée centrale du roman est folle, tellement dingue qu’elle est terriblement crédible. Ou quand, pour une cause, on peut aller au bout de ses idées. Un concept jusqu’au-boutiste qui laisse sans voix et que je vous laisse découvrir. La vraie et dure violence, elle est là…
C’est un thriller, un vrai, mais totalement atypique. L’action et les rebondissements sont constants et prennent à la gorge.
Le roman parle de nous, même s’il se déroule dans une petite dizaine d’années. Il met en scène des sujets d’actualité brûlants et qui questionnent (écologie, pénurie de l’eau, terrorisme…), tout en privilégiant le traitement de l’intrigue et des personnages à coups d’actions et d’émotions.
La guerre de l’eau est la goutte qui nous pend au nez. Qu’on n’imagine pas qu’elle ne touchera que les pays lointains. L’onde de choc sera mondiale.
Et c’est aussi un roman choral, comme souvent chez les Camhug, où ils se penchent sur les agissements de chaque personnage de leurs propres points de vue. C’est une des grandes forces de ce roman, car rien n’est jamais simple à comprendre dans un monde aussi complexe.
Une partie importante de l’intrigue se déroule en Afrique, dépaysement garanti même si on est loin du voyage touristique. Mais la France est bien au cœur de l’intrigue, tout comme ce qui s’y est passé récemment (comme l’attentat du Bataclan).
Le mot de « connexion » convient parfaitement à ce thriller hors norme. Connexion avec la réalité française et mondiale, entre des personnages qui se croisent, se lient et s’entre-déchirent. Tant de connexions en un seul roman, ça donnent le tournis.
Les deux écrivains ont fouillé l’histoire, sans jamais perdre le sens du rythme. Ils l’ont engagée dans des problématiques économiques, sociétales et environnementales sans pour autant oublier l’émotion. Parce que ce sont bien les personnages qui sont au centre de l’intrigue, j’insiste là-dessus.
Jérôme Camut et Nathalie Hug sont des inventeurs visionnaires. Des alchimistes du noir, créateurs d’émotions et de réflexions. Et le mal viendra est une œuvre unique, atypique, prenante, choquante parfois. Impossible d’y rester insensible.
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