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Critiques de Nathaniel Hawthorne (230)
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La lettre écarlate

Nous sommes en 1642. Alors que son mari est porté disparu, Hesther est mise au pilori pour adultère et condamnée par la communauté puritaine de Boston, outre à la prison et à l’exil aux marges de la ville, à porter en permanence la marque infamante de sa faute, une grande lettre A rouge. De son crime naîtra une petite fille, Pearl, dont Hesther refusera obstinément de dénoncer le père. Secrètement rongé par la lâcheté et la culpabilité, celui-ci n’en continuera pas moins une existence de notable respecté, pourtant soumise à son insu à la vindicte soupçonneuse et vengeresse du mari d’Hesther, discrètement réapparu sous une nouvelle identité.





Un des premiers romans de la littérature américaine, ce virulent pamphlet contre l’hypocrisie du puritanisme fit grand bruit à sa parution en 1850. L’auteur y règle en quelque sorte un compte avec sa propre famille, ses ancêtres eux-mêmes puritains ayant pris part à la chasse aux sorcières de Salem en 1692. Le roman commence d’ailleurs par un prologue en partie auto-biographique, qui a pour effet de donner un vernis d’authenticité à l’histoire inventée qui va suivre.





L’intrigue s’avère assez transparente, l’amant étant très vite identifiable par le lecteur. Toute la finalité du récit réside dans la symbolique des personnages : Pearl, farfadet moqueur, insaisissable et maléfique, est l’image-même de la faute si réprouvée par la loi puritaine. Face à elle, Hesther, couverte d’opprobre, s’avère la plus chrétienne dans ses comportements et se rachète par sa charité envers les plus faibles, tandis que les membres de la communauté jugés les plus moralement dignes cachent des travers que personne ne sait voir.





Le style, souvent ampoulé, alourdi des commentaires de l’auteur sur les personnages et l’intrigue comme s’il craignait de ne pas être suffisamment compris, encombré de répétitions et de longueurs, est quand à lui extrêmement daté. L’insistance à illustrer toujours les mêmes traits des protagonistes finit d’ailleurs par en rendre certains parfaitement horripilants, tel le pasteur Arthur Dimmesdale dans son auto-flagellation lâche et complaisante.





La lecture reste néanmoins facile et agréable, et revêt une dimension historique et sociale qui n’a pas érigé pour rien cette œuvre au rang des classiques de la littérature. Si elle peut paraître surannée sur la forme, son fond est hélas toujours d’actualité, dans certains lieux et milieux où le dogme religieux sert toujours à couvrir de bien grandes hypocrisies morales.


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La lettre écarlate

Boston, an de grâce 1642, la société puritaine est rassemblée sur la place pour assister à la sortie d'Hester Prynne qui désormais portera l'infâme signe de l'adultère. Hester sort de la prison, son bébé Pearl âgée de trois mois dans les bras, la lettre écarlate sur son sein, elle monte sur la plate-forme du pilori où elle devra rester trois heures à la vue de tous. La lettre écarlate, le A de adultère, elle l'a brodé artistement de fioritures fantastiques en fil d'or et, c'est la tête haute qu'elle regarde la population présente. Elle reste muette à l'injonction de dénoncer son amant. Parmi la foule elle aperçoit son mari qui, d'un signe, l'enjoint à se taire. Hester le croyait mort ; depuis plusieurs années il n'avait donné aucun signe de vie alors qu'il devait la rejoindre. Au vu des circonstances, son mari, un savant du nom de Prynne, prend une nouvelle identité, celle de Roger Chillingworth, docteur.

Ce roman de Nathaniel Hawthorne connut un immense succès dès sa parution en 1850 et fut considéré comme le premier grand roman du continent américain. Nathaniel Hawthorne dépeint à merveille la société intégriste de l'époque, il dresse, de façon magistrale, les portraits d'une femme éprise de liberté, d'un mari trompé qui ne vit plus que pour la vengeance et de l'amant rongé par le remord, torturé par son secret.
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La lettre écarlate

Ce roman nous décrit très bien la société puritaine, pour ne pas dire intégriste, de l’époque, où les droits des femmes étaient précaires, l’adultère sévèrement condamné au pilori avec obligation de porter la lettre écarlate A sur ses vêtements, dans un contexte d’hypocrisie notoire.



Hester aurait pu choisir l’exil, néanmoins elle choisit de continuer à vivre dans cette communauté qui les méprise, elle et sa fille Pearl, vivant de ses travaux de couture, et adoptant une conduite irréprochable.



Elle refuse de dénoncer son amant et force l’admiration. On note au passage que ce sont les femmes, vraies grenouilles de bénitier, qui sont les plus dures avec elle. Quant aux représentants de la loi, qu’ils soient juge, homme d’Église ou autres, ils brillent par leur mépris des femmes, et leur désir de les dominer.



Même si je préfère le personnage d’Hester, j’ai apprécié les deux personnages masculins principaux: le Pasteur Dimmesdale, cet homme d’église que beaucoup prennent pour un saint avec ses sermons qui enflamment ses ouailles mais qui s’étiole, rongé par un mal intérieur qui le brûle autant que la lettre écarlate portée par Hester.



D’autre part, le mari d’Hester, haut en couleurs, qui réapparaît le jour de sa condamnation, exigeant d’elle le silence, changeant de nom, autoproclamé médecin qui va utiliser les vertus des plantes apprises au contact des Indiens à des fins bien funestes:



« En un mot, le vieux Roger Chillingworth était une preuve évidente de la faculté qu’a l’homme, de se transformer en diable si pendant assez longtemps il joue un rôle de diable. Ce malheureux personnage avait subi pareille transformation en se consacrant pendant sept ans à l’analyse d’un cœur torturé, en tirant de cet office tout son bonheur, en attisant cette douleur dévorante dont il se repaissait passionnément. »



Nathaniel Hawthorne raconte donc les ravages de l’amour mais aussi ceux de la haine, les deux pouvant conduire à la destruction, mais aussi comment prendre son destin en mains et ne pas devenir une victime dans cette société puritaine et fermée sur elle-même.



J’ai beaucoup aimé ce roman, symbole du Romantisme américain, tant par l’histoire qu’il raconte que par le style de l’auteur. Je n’ai pas vu le film mais pourquoi pas?
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La petite fille de neige : Conte d'hiver

Voici un conte typique, dans la droite lignée des contes traditionnels, avec un texte toujours un peu plus complexe et difficile à lire que le scénario, ultra simple et facile à comprendre ne l'exige.



Comme chez ses illustres devanciers, au premier rang desquels je placerais volontiers Charles Perrault, Nathaniel Hawthorne adjoint au conte une morale qui peut servir à l'édification des jeunes comme des moins jeunes (j'aurais tendance à penser plutôt des " moins jeunes ").



L'histoire peut paraître dans un premier temps un brin simplette, très téléphonée. Par une froide mais lumineuse journée d'hiver, deux enfants s'amusent dans la neige, couvés par le regard bienveillant de leur mère à la fenêtre.



La grande sœur, Violette, et le petit frère, Pivoine, décide de façonner un bonhomme de neige d'un genre spécial : une petite fille de neige qui pourrait leur servir de camarade de jeu.



Rien ne semblant impossible aux yeux de l'enfance, voici nos quatre petites mains affairées à collecter de la neige et à lui donner l'allure d'une enfant.



Ne doutant pas des chances de succès de leur entreprise, le frère et la sœur ne témoigne aucune surprise particulière lorsque la petite fille de neige se met à courir et à s'ébattre auprès d'eux.



Ils sont même très contents et s'en donnent à cœur joie avec elle, constatant simplement qu'elle a les mains rudement froide ! En revanche, leur mère qui a régulièrement glissé quelques coups d'œil par la fenêtre est en proie au trouble devant ce phénomène inexpliqué.



Tout se précipite, la nuit commence à tomber, il est l'heure de rentrer pour les enfants et de se mettre au chaud. C'est aussi le moment où le père, un quincaillier obtus, voit cette enfant inconnue et ne démord pas de vouloir la faire entrer pour se réchauffer auprès du poêle...



Vous imaginez aisément ce qui pourrait advenir. Et ce passage du conte, l'essentiel pour être vrai, ne m'a pas particulièrement passionné. Cependant, la morale que nous suggère l'auteur est elle beaucoup plus intéressante et a trait aux bonnes intentions, au désir d'agir pour améliorer les choses.



Ici, évidemment, la bonne intention est une vraie catastrophe. Et c'est particulièrement intéressant de s'apercevoir que, dès ce XIXème siècle triomphant, des penseurs et des écrivains nous mettent en garde vis-à-vis ce que l'on peut nommer, une certaine forme d’ingérence.



Qu'il s'agisse de peuples ou de populations animales, à chaque fois qu'un groupe d'homme est pris du désir d'améliorer les choses, il lui arrive de commettre des impairs irréparables, parfois fatals.



Le cas des introductions d'espèces censées réguler telle ou telle espèce endémique trop populeuse pourrait en être une belle illustration. L’instauration du RMI pour les populations autochtones amérindiennes de Guyane, pourrait en être une autre, ainsi que quelques milliers d'autres que vous connaissez vous-mêmes bien mieux que moi.



Alors, méditons avec Nathaniel Hawthorne la portée de nos " bonnes " actions et le bien véritable qu'elles engendrent... Les illustrations en noir et blanc renforcent à la fois l'aspect " vintage " du texte et l'impression de froid véhiculée par l'histoire. Mais ceci n'est que mon avis, est-ce une bonne ou une mauvaise chose que de vous le donner en pâture ? Je ne sais, en revanche, ce dont je suis certaine, c'est qu'à lui tout seul, il ne représente pas grand-chose, guère plus qu'un paquet de neige sous les assauts printaniers...
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La lettre écarlate

A comme “Adultère”. Lettre majuscule, infamante, écarlate - comme la honte et l’impudeur - , lettre de feu qu’elle devra désormais porter cousue sur sa poitrine, elle la femme déchue, marquée aux yeux de tous et pour toujours du sceau du déshonneur, elle : Hester Prynne. Tel en ont décidé, en l’an de grâce 1642, le tribunal de Boston, Massachusetts, et son prévôt, incarnation de “l’affreuse sévérité de la loi puritaine dans sa totalité qu’il lui appartenait de faire respecter à la lettre et sans recours”, qui la condamnent en outre au pilori - exhibition honteuse de son indignité offerte au mépris de toute la communauté.



En Nouvelle Angleterre, dans cette société puritaine de la première moitié du XVIIe siècle, elle a en effet commis l’irréparable : prendre un amant et, circonstance aggravante, concevoir avec lui un enfant du péché. Seul le fait que son mari soit considéré par tous comme officiellement disparu, qu’elle se soit donc estimée veuve et autorisée à aimer à nouveau lui a permis d’échapper à la peine de mort - sentence prévue par la loi pour la faute d’adultère.



Mais voilà qu’exposée au regard de tous sur le pilori de l'infamie elle reconnaît dans la foule qui la contemple avec mépris le mari qu’elle croyait mort, qui réapparaît soudain sous une nouvelle identité et lui enjoint, d’un geste discret, de se taire. Et tandis qu’elle refuse par ailleurs obstinément de révéler le nom de son amant, ce mari qui, la retrouvant enfin la découvre adultère, cet homme dangereux, trouble et profondément malveillant ne vivra plus que pour sa vengeance…



"La lettre écarlate" raconte, selon les mots de son auteur, “une histoire qui est celle de la faiblesse et de la misère humaine” et fait le portrait d’une société à laquelle le corset du puritanisme sert de masque à l’hypocrisie, la médisance, la jalousie et l’absence d’empathie et de cœur. Une société où les femmes “bien pensantes”, raidies dans leur apparente vertu, sont des parangons de malveillance, où l’homme tout puissant dicte à tous - et particulièrement aux femmes - ses lois iniques qu’il prétend être d’essence divine.



Premier grand roman de la toute jeune Amérique, publié en 1850 et tout imprégné des influences du romantisme européen, "La lettre écarlate" est également le roman de l’amour interdit, du secret, des passions dévorantes et des sentiments inavouables - remords, désir de vengeance, haine, lâcheté et désespoir. A partir de ce schéma classique du trio amoureux - la femme, le mari, l’amant - dont deux des protagonistes, ici, portent des masques, Nathaniel Hawthorne tisse une intrigue puissante et noire, admirablement écrite, où sont analysés avec finesse les débordements de la passion et la houle, irrationnelle et désordonnée, qui s’agite dans le secret des cœurs.



Il en émerge, superbe et lumineux, le portrait d’une femme admirable et libre dont la médiocrité de son entourage et de son époque ne sauront abattre ni la noblesse, ni le courage.



Un grand roman, indémodable, et une très belle lecture.



[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]

[Challenge HOMMAGE à NOTRE-DAME de PARIS]

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La lettre écarlate

La lettre écarlate, c'est le majuscule A qu'Hester Prynne a cousu sur le devant de son vêtement et qu'elle devra porter à vie. C'est le signe qui la distingue des gens bien pensant et puritain qui l'ont condamnée pour adultère...

Nous sommes dans les années 1645, à Boston, au sein d'une communauté de croyants rigides et bornés. Hester y vit depuis quelques années. Arrivée seule, son mari devait la rejoindre mais il n'est jamais venu. Elle a aimé un homme et de leur passion est née une petit Pearl. Mais si tous la montre du doigt, Hester portera cette lettre sans jamais penser quitter le village et sa signification deviendra même au fil du temps le A de ange car elle viendra en aide à tous les nécessiteux...

Lu dans le cadre de challenge, ce roman ne serait jamais tombé entre mes mains. Après un long et vilain prologue (!), l'histoire se met rapidement en place et on comprend très vite les tenants et les aboutissants des liens entre les personnages. Hester est une femme forte, que l'aveu en place publique a finalement libéré de toute honte. Le père de son enfant, dont elle taira le nom jusqu'à la fin, n'aura pas cette chance. Le remord le rongera et il en mourra, aux côtés de son aimée, en brisant ce secret trop lourd à porter.
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La lettre écarlate

Publié en 1850, La Lettre Ecarlate est considéré comme le premier roman américain. Teinté de morale et d'un romantisme noir, inspiré des Romantiques européens, ce livre est ancré dans l'Histoire américaine, le puritanisme des premières années coloniales dans lequel prend place le procès des sorcières de Salem.

Ce qui est intéressant, c'est que Hawthorne a ajouté un "w" à son nom pour se démarquer de deux de ses ancêtres, le premier qui a émigré d'Angleterre parmi d'autres puritains, célèbre pour sa sévérité au sein de la magistrature, et le fils de celui-ci, qui a fait partie des juges de ce fameux procès de Salem.



La Lettre écarlate prend place dans ce milieu puritain du 17ème siècle où religion et loi ne faisaient qu'une. Hester, précédant son mari dans son voyage de l'Angleterre pour Boston, ne le voyant pas la rejoindre et le croyant mort, entame peu de temps après une relation avec le ministre de la paroisse. La naissance de leur fille révèle l'adultère, et elle est condamnée à porter le A de l'adultère sur sa poitrine jusqu'à sa mort. Elle refuse d'avouer le nom du père, condamnant celui-ci à une culpabilité secrète qui le dévore.

Contrairement au film, qui est une adaptation très libre, le récit commence au moment où Hester monte sur l'échafaud, son bébé dans les bras, pour afficher aux yeux de tous son crime.

C'est au cours de cet événement que son mari réapparaît et découvre l'adultère. Il demande aussitôt à Hester à ce que son identité ne soit pas révélée, pour des raisons encore obscures.

Tout le roman tourne autour de la culpabilité psychologique des deux anciens amants au nom de la loi malgré la conscience de la pureté de leurs sentiments.

Hester vivra seule quelques années auprès de sa fille Perle dans laquelle elle détecte des traits qui lui semblent maléfiques malgré sa beauté et sa jeunesse.

Le roman est empreint d'un symbolisme noir proche des croyances des Puritains à cette époque, un symbolisme un peu trop fort parfois qui m'a dérangé, mais sinon j'ai été surprise par la facilité avec laquelle se lit ce roman et la profondeur qui s'en dégage.

La postface de D.H Lawrence, critique envers la société américaine, partagée entre l'affichage d'une bonté et une paix de façade et un désir de destruction, de scandale intérieur, est très provocatrice et controversée quand il s'agit des femmes, forcément coupables... Je l'ai lu comme un déchaînement envers le sexe dit faible plutôt gratuit, mais sans doute s'agit-il plutôt du sentiment d'une certaine époque...

Quoi qu'il en soit, c'est le genre de roman court et puissant qui reste longtemps dans les esprits, pour à la fois son romantisme noir et la cruauté de ce pan d'Histoire.



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La lettre écarlate

Au milieu du XVIIe siècle, une foule attend la sortie de prison d’Hester Prynne. La malheureuse, qui porte Pearl, son bébé, dans les bras, est condamnée à afficher sur la poitrine la lettre A, symbole de sa stigmatisation pour adultère. Après avoir été exposée sur une estrade sur la place du marché, elle retourne en prison.

Un étranger qui se fait passer pour médecin demande à la voir et lui demande de faire avaler un poison à son enfant, âgé de trois ou quatre mois. Hester refuse. La conversation s’engage entre Hester et l’inconnu qui n’est autre que son mari qu’elle croyait disparu, mais qui vient de revenir sous une nouvelle identité. Il n’aura de cesse de découvrir qui est le père de Pearl et de se venger.

Le roman, publié en 1850, est une critique virulente de la société américaine. Bien qu’il soit assez difficile à lire, il est suffisamment court et puissant pour devenir un incontournable d’une bibliothèque.

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La lettre écarlate

Bien sûr, il y a des aspects désuets dans ce livre publié en 1850, parfois présenté comme le premier grand roman américain. Mais la peinture que Nathaniel Hawthorne nous fait de la société puritaine de la Nouvelle-Angleterre au XVIIème est assez scotchante. L’auteur nous fait part dans une longue introduction de sa difficulté à se dépêtrer avec une pesante filiation: il a pour ancêtres de «farouches persécuteurs» de la ville de Salem, dont l’un «se rendit si fameux dans le martyre des sorcières qu’en vérité il est resté taché de leur sang». La dimension sociologique du roman, s’intéressant à ces colons qui s’installent au Massachusetts, protestants puritains parmi les plus rigides, laisse songeur aussi bien par son côté historiquement instructif que par sa force littéraire.

Et donc ça ne rigole pas avec l’adultère, à Boston en 1642. L’histoire commence avec une scène qui laisse le lecteur tout estomaqué: Hester Prime sort de prison, son bébé dans les bras, pour être conduite au pilori, exhibée avec sa lettre écarlate, rayonnante et rougeoyante, marque infamante de l’adultère qui la condamne à vivre en marge de la société.

C’est l’histoire d’une lettre, d’un châtiment, d’une expiation qui nous est contée. Dès l’ouverture, on nous dit qu’Hester a oeuvré avec tant d’art, a si fantastiquement brodé et enluminé la lettre écarlate qu’elle a l’«effet d’un charme». C’est aussi la force de l’écriture de Nathaniel Hawthorne, de faire fantastiquement irradier ce A - comme Adultère, comme Ange.
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La lettre écarlate

La voilà donc cette fameuse Lettre écarlate, réputée premier romain américain, produit en 1850 au sein d'une jeune nation qui avait encore alors bien d'autres choses à faire que de se poser à la littérature, alors que de l'autre côté de l'Atlantique Balzac avait fini d'écrire et que Zola n'avait pas encore commencé.

Roman d'avant le roman donc tel que nous sommes habitués à l'entendre, plus emprunt de littérature victorienne que des standards construits en France, qui déroute de ce fait et dès son premier abord par une très longue préface de l'auteur relatant sa découverte du sujet lors de son expérience de vie d'inspecteur des douanes américaines de la 'Nouvelle Angleterre'.



Une Nouvelle Angleterre dans laquelle Hawthorne nous immerge avec force dès que le récit commence, au sein de la communauté puritaine des années 1650 de Salem, Massachussets , dont la construction encore branlante ne pouvait, ayant renoncé aux sophistications viciées du vieux continent au profit d'un austère projet social, que la pousser à répudier violemment la belle et forte Hester, coupable d'adultère. D'où sa condamnation à porter à vie sur son sein en rouge écarlate la lettre A , que sa nature puissante portera à porter la tête haute et digne et à l'enluminer de broderies incandescentes.



Or d'elle, de son enfant née de l'adultère, du père dissimulé et dévoré de culpabilité, du mari trompé et vengeur, de la société primitive fortement cléricalisée qui l'a condamnée, qui subira le plus fortement le poids de cette infamie?

C'est ce sur quoi Hawthorne s'attache à nous faire réfléchir, dans le jus suranné de son époque, avec des élans de cœur qui m'ont touchée, malgré des digressions perturbant le récit et des élancements moraux d'un autre temps.



Cette Lettre écarlate n'est pas pour moi, férue de littérature du 19ème, une lecture forte, mais néanmoins j'ai énormément apprécié la sincérité de l'auteur autant que ce plongeon vivace et sans filtre dans une époque et un lieu extrêmement rare en littérature.
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La lettre écarlate

Audio livre - litteratureaudio.com - Lu par Christian Dousset



Un roman vraiment époustouflant ! Certainement que la lecture de Christian Dousset y est pour quelque chose mais malgré tout le texte est captivant.



J'ai vraiment eu la sensation de me retrouver en 1642 sur le nouveau continent, au côté d'Hester, mise au pilori, condamnée par la bonne société, bien-pensante et ultra religieuse à porter la lettre de son infamie le “A” de l'adultère !



La jeune femme est mariée à un vieil homme disparu lors de leur arrivée à Boston, elle a un enfant et refuse de dénoncer le père. Emprunte de grandeur, elle s'affirme face à ces bonnes gens en brodant un A magnifique sur son habit. Fière et courageuse, elle élève sa fille seule sans se laisser abaisser par l'opprobre ! Son mari reparait après un séjour chez les sauvages, un homme retors et manipulateur, le Diable incarné !



Je pense qu'à la lecture il y a quelques longueurs quant à la religion mais qu'est-ce qu'Hester est admirable de force et de dignité et son mari d'une noirceur à faire frissonner !



Considéré comme le premier grand roman du continent américain je ne peux qu'être d'accord car je n'ai pas souvenir de romans aussi graves du milieu du 19ème siècle !



Challenge MULTI DEFIS 2021

Challenge XIXè SIECLE 2021
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La maison aux sept pignons

Peinture miniaturiste de personnages humbles, passant toujours "à côté de l'Histoire"... Science des profondeurs appliquée à cette humanité ordinaire... Amour du "petit détail (poétique) vrai" - pour tout ce qui pourra "exprimer" le plus finement chacun des êtres humains ici dépeints... Sens instinctif du lyrisme (lyre discrète mais jouant toujours juste)... Plaisir communicatif du conteur, fier de partager ses humbles découvertes... Maîtrise de la forme romanesque... Nathaniel HAWTHORNE (1804-1864) est décidément tout cela. Et plus encore...



La lecture enthousiaste des vingt-et-un chapitres de son second roman de 1851, "The House of the Seven Gables" nous a fait resonger, à la fois, à la science orale du conteur funambule anatolien Yachar KEMAL (1923- 2015) et à l'Animal liégeois Georges SIMENON (1903-1989) à la prodigalité infinie, prisonnier du même défi éthique (qu'il appliqua, lui, à s'intéresser sans cesse à cette "tragédie de l'Homme nu" tout ce qu'il y a de plus ordinaire)...



Comme si nous passions aussi par "l'Ecole" (très humble) où nous serait enseigné l'art d' "apprendre à regarder" - celle de Julien GRACQ (1910-2007) pour la littérature (Cf. "Les eaux étroites", "Un balcon en forêt", "La forme d'une ville", "Carnets du Grand Chemin") ou de Nuri Bilge CEYLAN (né en 1959) pour son cinématographe captant - patiemment - les mêmes profondeurs humaines (Cf. "Kasaba", "Nuages de mai", "Uzak", "Les Trois Singes", "Les Climats", "Il était une fois en Anatolie", "Winter Sleep", "Le poirier sauvage").



Alors non, décidément non ! il n'est pas d' "écriture désuète" - chez Hawthorne encore moins que chez tout autre artiste bâtisseur d'un monde personnel, inventeur de "sa" propre langue ("désuète" : cela me f...tra toujours en pétard de surprendre ce genre d' "argument" navrant et injuste, tragiquement et abyssalement bébête... ).



Juste le respect et la connaissance intime de chaque personnage.



On part de la sombre "Dynastie" de ce damné Colonel Pyncheon (l'aïeul filou, drapé dans ses bondieuseries puritaines : dans une main le glaive, dans l'autre sa foutue "Bible") - et l'on traverse les siècles pour faire connaissance avec une Galerie de Personnages : telle Hepzibah, cette touchante "vieille fille" (contrainte de travailler, malgré toutes ses "lettres de noblesse" - eh oui, quand la misère finit par vous menacer, que faire d'autre ?) et que le mois de Novembre symbolisera (son contrepoint presque parfait se retrouvera dans "La fenêtre des Rouet" de Simenon).... ou bien sa jeune cousine Phoebé s'invitant dans le récit (rayon de soleil inattendu sur le Jardin délaissé et la "Boutique de cannelle" à réveiller...), être que le mois de mai symbolisera... l'oncle Venner (sympathique marginal "donneur de conseils")... ou bien ce timide et bien poli Monsieur Holgrave (photographe locataire, réalisateur de daguerréotypes)... ou l'hypocrite cousin Jaffrey (foutu Juge, délivreur automatique de jugements dépréciatifs)... et jusqu'à ce "petit bouffeur de Jim Crow en pain d'épices" (véritable cannibale en culottes courtes, assidu visiteur de la Boutique)... le cousin Clifford, de retour après un long voyage (et l'on repense au retour du fantomatique mari de la femme dérangée des "Autres" d'Alejandro AMENABAR, recraché par le Royaume des Morts... ) ... mais aussi ces fantômes - presque réels, eux - du colonel Maudit (par le vieux Maule qu'il avait dépossédé de son terrain et de sa source) et d'Alice Pyncheon (au clavecin fermé qui joue seul la nuit et au Jardin secret sur le toit de chaume aux Sept Pignons).



Tout le roman fourmille ainsi de personnages humbles, savoureux dans leurs étrangetés et profondément "vrais"... jusqu'à la découverte de l'incroyable duplicité du très patricien Juge Pyncheon, véritable chef d'oeuvre humanoïde fait de bien ordinaire crapulerie hypocrite puritaine (double pléonasme) et très digne "successeur" du Colonel Pyncheon en matière de bassesses d'âme et de matérialisme criminel.



Le chapitre de la vie secrète des premières heures de rigidification puis lente décomposition du cadavre du Juge "cloué dans son fauteuil de chêne" (chapitre XVIII ironiquement intitulé : "Le Gouverneur Pyncheon") est un modèle du genre... On y relate tout ce que cet homme transformé en statue cadavérique "loupera" du fait de ce petit contretemps créé par ce regrettable passage de l'existence à un décès fort "invalidant" : la perte du poste de Gouverneur du Massachussets est évidemment le plus gros inconvénient de sa nouvelle (et définitive) position dans la société... sans parler de la mouche attirée par l'odeur et venant se poser sur l'aile de son nez puis sa cornée.



L'organisation en chapitres dûment titrés "à l'Ancienne" est charmante (avec ses titres tendrement ou férocement ironiques) :



I. - La dynastie Pyncheon

II. - La petite vitrine

III. - le premier client

IV. - Une journée derrière le comptoir

V. - Mai et novembre

VI. - La source de Maule

VII. - L'hôte

VIII. - L'héritier Pyncheon

IX. - Clifford et Phoebé

X. - Le jardin Pyncheon

XI. - La fenêtre en ogive

XII. - Le photographe

XIII. - Alice Pyncheon

XIV. - Phobé s'en va

XV. - Sourires et grimaces

XVI. - La chambre de Clifford

XVII. - L'envol des deux hiboux

XVIII. - Le gouverneur Pyncheon

XIX. - Les bouquets d'Alice

XX. - La fleur d'Eden

XXI. - Le départ



On se souviendra longtemps des accents désolés du clavecin de la belle Alice Pyncheon (autre "sacrifiée" au destin tragique !) jouant seul sous les boiseries vermoulues de la Maison que la mousse envahit...



On regrettera évidemment la fin très conventionnelle (qui était bien faite pour complaire à Sophie Peabody, l'épouse d'un auteur très amoureux) : la jeune Phoebé - à laquelle la future "Mrs Hawthorne" (Sophia Peabody) servit de modèle - enfin séduite, au chapitre XX : "La fleur d'Eden", par les agissements du très anti-conventionnel artiste Holgrave "aux daguerréotypes d'Outre-tombe" (porte-parole de l'auteur ?), tous deux s'avouant ENFIN leur amour réciproque. Etrangement, le couple invitera "Cousine Hepzibah" et son frère Clifford (l'ancien proscrit accusé à tort et rétabli dans son honneur) mais aussi l'Oncle Venner, sympathique quasi-mendiant pousseur de brouettes - pour quitter l'infâme Maison aux Sept Pignons et partir tous vivre "en communauté" (de vies juxtaposées) dans la Maison de campagne de leur ancien "bourreau" et rapace latifundiaire.



Utopie communautaire réjouissante, au final, qui annonce discrètement le thème de "The Blithedale Romance" / "Valjoie" qui sera publié l'année suivante en 1852]



Alors ? Plaisir d'adjoindre ce minuscule avis à ceux (déjà enthousiastes et/ou intrigués) de Fanny, Béatrice, Ladyoga et Icath ...



Ce livre (Garnier-Flammarion poche, excellemment traduit par Claude Imbert) vous coûtera 7 € : autant dire une petite fortune ! :-)
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Le minotaure

Cela fait des lustres que ce texte dort dans ma PAL sans que je sache pourquoi je rechigne à l’en sortir. Il s’agit d’un récit extrait d’un recueil de contes de Nathaniel Hawthorne s’attachant à donner sa version de récits mythologiques. J’aime beaucoup la mythologie grecque et Hawthorne est un auteur que j’ai envie de découvrir depuis longtemps. Peut-être que si j’ai tant hésité à lire ce texte, c’est parce qu’il s’agit d’un épisode archi-connu de la mythologie. Et force est de constater que la version de Nathaniel Hawthorne n’apporte rien de nouveau. C’est bien écrit, j’ai pris plaisir à me replonger pour la énième fois dans cette histoire que je trouve fascinante mais cette lecture ne m’a rien apporté de plus.

Agréable mais pas inoubliable.
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Le minotaure

Comme pour beaucoup, la mythologie grecque et les histoires fabuleuses de ses dieux et déesses tiennent une part notoire dans mon éveil à la littérature, et je garde un souvenir vif et attendri de mes jeunes lectures, comme la découverte de l'Odyssée en début de collège.



Aussi ai-je pris de multiples plaisirs à réactiver le souvenir de la terrifiante et édifiante légende du Minotaure sous la plume de Nathaniel Hawthorne : celui d'abord de la redécouvrir sous la forme d'un récit pour enfants, avec cette facture, propre au genre, d'une simplicité limpide agrémentée de passages pleins d'emphase et d'images exubérantes aux points clés de l'histoire ; celui également d'approcher Nathaniel Hawthorne par un biais inattendu, n'ayant pas encore eu l'opportunité de lire cet auteur américain du 19ème siècle, une espèce rare !



Le pouvoir édifiant de cette légende où la bravoure du sage Thésée terrasse l'animalité qui gronde dans chaque homme garde toute sa force dans ce court récit, tout comme les symboles puissamment évocateurs de la perfide Médée sur son attelage de serpents, du glaive et des sandales transmises à Thésée par son père Egée, du rite initiatique du rocher à déterrer pour devenir un homme, du labyrinthe de Dédale reflet du coeur de l'homme, et du fil d'Ariane reliant les coeurs des braves par-delà les dangers.

Un moment délicieux !

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La lettre écarlate

Hester Prynne, belle jeune femme débarquée dans la colonie de la future Boston - nous en sommes en 1642 -, est conduite au pilori sur la Place du Marché, sous le regard réprobateur de toute la communauté puritaine. Avilie par son péché - elle porte dans ses bras un nouveau-né illégitime -, son sort est désormais de vivre en marginale, le corsage affublé d'une infamante lettre écarlate, d'un A pour "adultère". Une mère, un bébé... il y a bien quelque part un père ; qui refuse de se faire connaître et qu'Hester ne consent pas à dénoncer.



Dans la société moralement exaltée de la Nouvelle-Angleterre se met ainsi en place un drame poignant concentrant en son noyau une poignée de personnages à l'instar des tragédies antiques. La plume de Nathaniel Hawthorne est net et ciselée ; le roman est court mais dense. Les événements se déroulent comme un ruban de réglisse, amers et noirs.



Au-delà de la fiction aux airs de chronique, "La lettre écarlate" fait également figure de témoignage voire de réhabilitation. Et par la bouche d'un de ses personnages principaux, le Révérend Arthur Dimmesdale, l'auteur désigne à ses contemporains et futurs lecteurs cette vérité aussi universelle qu'aisément bafouée par tout un chacun : "Après avoir épuisé sa vie en se prodiguant pour le bien spirituel de la communauté, il avait voulu faire de sa mort une parabole afin de bien enseigner à ses admirateurs une profonde et triste leçon, de les pénétrer de cette vérité qui veut que, du point de vue de la pureté infinie, nous soyons tous aussi pécheurs les uns que les autres. Il voulait donner à entendre à ses ouailles que le plus saint d'entre nous n'est au-dessus de ses compagnons que dans la mesure où il se fait une idée plus claire de la clémence qui nous regarde de si haut et qu'il dédaigne davantage toute ombre de mérite humain."



Pour le lecteur actuel, je crains toutefois que ce classique soit un peu daté et d'un abord peu séduisant. En effet, la religion dans son rigorisme le plus extrême y est évidemment très présente, étant donné le thème, or la dimension spirituelle et mystique - encore plus s'agissant comme ici des sectes puritaines et quakeresses - gêne très souvent un lecteur qui aura du mal à saisir tous les tenants et aboutissants de cette moralité exacerbée. D'où, certainement, la (trop) grande liberté qu'a prise le réalisateur Roland Joffé dans son adaptation cinématographique de 1996 ; son souhait, visiblement, se porta davantage sur la romance que sur la sociologie, ce que j'appelle personnellement "passer complètement à côté d'une oeuvre".





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Wakefield / La Marque de naissance

"Histoire de Wakefield" ["Wakefield", 1835] est une histoire fantastique digne du talent de Jorge-Luis BORGES : pour l'emblématique et si énigmatique Wakefield, vingt années d'absence à soi, pas moins, puis l'attirance d'un bon vieux feu de bois allumé par sa "veuve" - aperçu depuis la rue en son ancien domicile par l'exilé volontaire... "D'après une histoire vraie" comme on dit... "Fait divers" découvert dans les journaux de l'époque et habitée immédiatement par l'imagination sans bornes de HAWTHORNE - qui vaut absolument celle de POE, à la différence qu'elle nécessite son support d'archives ou de papier journal pour prendre dûment son envol... Mais je n'en dis pas plus ! "Actualité" inaltérable de l'inactuel le plus pur, dont l'intérêt n'a pour nous - esthétiquement, donc littérairement - "pas pris une ride"...



Nouvelle - fort justement - reprise dans l'excellent volume des "Contes et Récits" [coll. "Babel", Actes Sud : 19 pièces maîtresses sur les 42 connues] de Nathaniel HAWTHORNE (1804-1864), ce pionnier-nouvelliste-romancier sans pareil (essentiellement connu pour "La Lettre écarlate" [1850], et à bien moindre degré pour "La Maison aux Sept Pignons" [1851]," "Valjoie" [1852] et "Le faune de marbre" [1860]... et aujourd'hui quasi-ignoré pour ses incroyables, fabuleuses, immortelles et inimitables nouvelles (dont Edgar Allan POE a inlassablement célébré la valeur)...



Ceci dit nous nous réjouissons grandement à la vue de "nos" pas moins de... 100 critiques babéliennes [à ce jour] de sa célèbre "Scarlet Letter" ! Disons qu'il est temps que la redécouverte de TOUT le Continent HAWTHORNE se poursuivre...
Lien : http://www.dourvach.canalblo..
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La lettre écarlate

Dans une colonie puritaine de la Nouvelle-Angleterre, une ville côtière bordée d’immenses forêts, peuplée non seulement d’indiens mais aussi de sorciers et peut-être d’un homme noir… la jeune Hester Prynne, après avoir cédée à sa passion pour un jeune pasteur alors qu’elle était éloignée de son mari, a été clouée au pilori et affublée d’une lettre, comme d’une marque au fer rouge, lui rappelant sans relâche sa faute, et l’exposant à une brutale vindicte publique. Ce pasteur, dont l’identité n’a pas été divulguée, le Révérend Dimmesdale, vénéré dans la communauté pour sa piété et son éloquence, n’en expiera pas moins ce qui apparait alors comme un lourd péché, mais dans le secret et le dédale de son âme tourmentée. Une fille est née de cette union, Pearl, qu’Hester élève loin des hommes, dans une chaumière qui avait été abandonnée. Est-elle réellement une fille du péché ou du Prince des Airs ? Son comportement le plus souvent surprend ; libre, instinctive, elle semble parfois dotée de pouvoirs étranges, et ressemble à un lutin vivant à la frontière d’un monde magique. Nathaniel Hawthorne, en héritier de la littérature Gothique et des Romantiques Allemands, donne à ce roman des allures de conte fantastique. D’autant plus que la lettre agit comme une sorte de talisman. Hester, dans son repentir, se voue au service de mourants et de malades et s’élève au-dessus de ceux qui l’avaient condamnée, dans une société pleine d’artifice et de faux-semblants. Et quant à Dimmesdale, qui portait sur sa poitrine un signe, semblable à la lettre, qui le dévorait, il agira selon sa foi et sa conscience. Un docteur s’est mis à son service, Roger Chillingworth, qui a accru ses dons d’apothicaires au contact des indiens. En fait il n’est que le mari d’Hester qui, revenu sous une fausse identité, avait assisté au supplice de sa femme sur la place du pilori. Devinant ce qui trouble l’âme du pasteur, ce que celui-ci et Hester avait refusé de révéler, il n’aura plus qu’une obsession : se venger.
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La lettre écarlate

« Marchant dans l’ombre d’un rêve, pour ainsi dire, et peut-être en réalité sous l’effet d’une sorte de somnambulisme, M. Dimmesdale atteignit l’endroit où, il y avait bien longtemps, Hester Prynne avait vécu sa première heure d’ignominie publique. La même plate-forme, ou échafaud, noircie et tachée par le soleil et le vent de sept longues années, usée par le frottement des pas des nombreux coupables qui en avaient gravi les marches, était restée debout sous le balcon de la salle d’assemblée. »



La réputation de ce grand classiques des lettres américaines ne m’a pas parue usurpée. Je m’attendais, je ne sais pas trop pourquoi, à un roman corseté, en phase avec la morale étroite des Puritains et les exactions qu’ils ont commis dans ce Boston des années 1640, ce qu’il n’est pas. La condamnation d’Hester Prynne, s’il est l’aspect le plus évident de ce roman, n’est pourtant pas le seul sujet. Les autres personnages principaux, tels le Pasteur Dimmesdale et le médecin Roger Chillingworth sont les autres côtés d’un triangle qu’ils forment avec la jeune femme. Il ne faut pas oublier non plus le rôle joué par Pearl, l’étrange fillette fruit des amours coupables de sa mère avec un géniteur inconnu.



Souvent comparée à une Elfe, Pearl est en phase, comme les autres personnages, avec la vaste forêt qui entoure alors cette ville. Et le texte d’Hawthorne laisse encore échapper bien des fragrances issues de cette forêt primaire. Les forces du mal sont là, toutes proches, et l’Homme en Noir que beaucoup disent apercevoir avec sa suite de sorcières, une présence quasi réelle. C’est pourtant dans le cœur des hommes qu’on a le plus de chance de le trouver…



Cette édition du roman est précédée par un texte autobiographique d’Hawthorne, « Le bureau de douane », qui explique précisément dans quelles circonstances il a été emmené à s’intéresser au cas Hester Prynne, pour finalement publier son œuvre la plus connue en 1850.

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Wakefield / La Marque de naissance

Quelle étrange histoire !



Ma libraire, à qui je racontais mon engouement pour le Docteur Pasavento de Vila-Matas et son culte de la disparition, m'a invité à lire ce livre en m'indiquant que, vu la brièveté de l'histoire et son absence de chèreté, je n'y perdrais guère.



Et il faut dire que c'est bien d'une disparition excentrique comme l'affectionnerait le docteur Pasavento que nous narre cet auteur du 19e siècle. Un beau jour, un mari s'en va en voyage, mais en fait de voyage, il s'arrête à la rue voisine de celle où continuera à habiter sa femme et il disparaît de sa vie.



La typographie est étudiée, s'agissant de disparition, car le livre débute en très gros caractères qui vont s'amenuisant jusqu'à la fin de l'ouvrage.



Je ne connaissais pas cet auteur. Intéressant.
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L'Artiste du Beau

"L'Artiste du Beau" ["The Artist of the Beautiful", 1846] est une nouvelle magique et cruelle nous rappelant le "Pinocchio" de Carlo COLLODI. Owen Warland, apprenti-horloger, poursuit son chemin solitaire à la recherche de la Beauté... Finissant par façonner, après des mois d'un labeur incompris, un papillon fait de cristal et de minuscules rouages d'horlogerie. Annie, l'amoureuse convoitée, lui échappera et son petit enfant (le fils de son rival), un brin rustaud comme le papa forgeron, écrasera malencontreusement l'insecte miraculeux. La langue - irisée comme le papillon aux petites étoiles - possède les mille nuances d'une perfection rare. Un conte extrêmement touchant, d'une pureté infinie et aux échos bien sûr "universels"...
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