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Critiques de Octave Mirbeau (316)
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Le journal d'une femme de chambre

J'ai passé un bon moment avec ce livre. C'est une satire sur les bourgeois et les domestiques en 1900. Par contre, pour ceux qui connaissent Down town Abbey la série c'est l'anti thèse. Soit les patrons sont avares et vicieux ou soit ils sont gentils et alors ce sont les domestiques qui sont ingrats et profiteurs. Le ton est très sarcastique.
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Le journal d'une femme de chambre

Je n’avais ni vu les films ou téléfilms, ni lu quoique ce soit sur le roman. C’est donc sans à priori que j’ai abordé le célèbre ouvrage ancillaire d’Octave Mirbeau. Et, il est sacrément décapant, même pour notre époque pseudo libérale ou je crois, il ferait toujours scandale. Il suffirait pour cela de déplacer son personnage principal dans les milieux aisés ou bobos de nos sociétés.



Roman purement misanthropique, le journal d’une femme de chambre n’épargne rien ni personne. Et l’on aurait tort de croire qu’il prend le parti des servants plutôt que celui de leurs maîtres. Pas plus que les bourgeois qui les commandent, les domestiques n’ont de sens moral. Critiques, malhonnêtes, portés au vice parfois à la violence, ils se rejoignent tous dans l’abjection.



Mirbeau ne semble d’ailleurs même par s’exclure de cette bassesse généralisée. Il dépeint en la personne d’un écrivain parisien qui s’est donné pour croisade de fustiger la folie et le désordre du monde, un homme qui pourrait bien être lui . Mais constate avec réalisme son défaut d’orgueil.



L’exercice du journal en littérature est complexe. Ecrire en se faisant passer pour une autre implique de plonger totalement dans son esprit, sa culture. Ici Mirbeau dérape souvent en reprenant les rennes de son discours. Lorsqu’il narre des dîners en société et qu’il fait longuement parler ses invités, on sent qu’il est impossible que cela soit le récit d’une femme de chambre aussi intelligente fut-elle. Parfois aussi son vocabulaire est soit trop fin et recherché (apologie, ostentation) ou trop répétitifs (cet agaçant « épatant », très 1900 et mis ici à toutes les sauces).

Mais qu’importe, on se prend au jeu et on suit avec facilité les péripéties de cette femme perdue. Cependant, il reste très difficile sous cet artifice de vouloir juger du style de l’auteur.



Mirbeau se place ici, beaucoup plus dans la mouvance d’un Maupassant dont il retrouve le cynisme et la cruauté que dans celle des naturalistes dont il n’a pas la lourdeur. Le journal d’une femme de chambre reste cependant d’une lecture fluide et divertissante.
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La grève des électeurs

Octave Mirbeau, en bon anarchiste, nous fait part dans ce pamphlet de son dégoût de la politique que la 3eme république représente pour lui. Avec tous ses scandales, toutes ses hypocrisies, ses incompétences, le monde politique de cette fin de siècle est à rejeter. Le candidat aux élections ne pense abolument pas ce qu'il dit. Il ne pense qu'à son statut, son profit...

Comment ne pas faire le parallèle avec notre époque ?

Une lecture salutaire pour bien réflêchir à ce qu'est une démocratie.

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Le journal d'une femme de chambre

Les intérieurs bourgeois vus au travers des yeux malicieux d'une femme de chambre, qui raconte ses souvenirs les plus marquants.

On ne sent pas le poids des ans lors de cette savoureuse lecture.
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Le Calvaire

Octave Mirbeau est un auteur hors norme, pour son expression française quasi parfaite qui ne cède rien aux modes, mais aussi pour le contenu, qui lui vaut aujourd'hui de n'être pas étudié dans les programmes scolaires.



Il a en effet raconté un viol par des prêtres dans Sébastien Roch, dont on présume fortement qu'il s'agissait de sa propre histoire. Cela fit scandale.



Il a par la suite attaqué les hommes d'église avec L'abbé Jules, et dans ce roman Le Calvaire, il raconte son expérience de la guerre de 1870. Il y attaque vigoureusement le concept de "patrie", dans la citation que j'ai publiée, qui est d'une force émotionnelle rare.



Seulement voilà : à force d'avoir dit ce qu'il pensait, il a été rejeté, alors qu'à mon sens et je lis beaucoup, c'est l'un des écrivains français les meilleurs de son époque. Je le trouve bien supérieur à Flaubert, à Zola.



Il avait compris avant tout le monde, que les longs descriptifs ne sont pas nécessaires, qu'on peut leur substituer des descriptions de texture ou de ressenti. Aussi, il n'est pas dans la veine réaliste, parfois si soporifique.



Ce roman largement autobiographique, démarre dans son enfance, se poursuit à la guerre, puis enchaîne sur la relation toxique qu'il eut avec une femme destructrice. Le peintre qui est son ami dans le roman, s'inspire de Degas, avec qui il était lié. La fin est fictionnelle bien sûr, car Mirbeau était capable aussi dans ses romans, de dépasser les formes conventionnelles.

Un auteur à redécouvrir rapidement. Ne retenir de lui que "Le journal d'une femme de chambre", est une erreur.
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La 628-E8

A l'exception du Journal d'une femme de chambre, je ne connaissais rien d'Octave Mirbeau, et on parlait surtout des films tirés du roman. Intrigué peut-être par le titre, j'ai tiré ce volume un peu au hasard d'un rayonnage bien garni.

Que peut bien représenter un titre comme 628-E8? Pas même un modèle d'automobile, juste une plaque d'immatriculation ! Octave Mirbeau commence par dédier ce « récit de voyage » à son constructeur, puis nous avertit : ce journal de voyage contient sa part de rêves, d'associations d'idées. Et pour moi, c'est justement ce qui fait sa valeur. Mirbeau revendique sa liberté de conteur, et nous offre une salade composée : descriptions de paysages, de jeux de lumière, portraits de villes en perspective historique, sociologie, politique, anecdotes, dans un désordre sans doute bien réfléchi.



Mirbeau me touche surtout parce qu'il sait s'émouvoir avec compassion, oubliant sa situation de bourgeois aisé amateur de progrès et du confort de l'automobile. La conversation qu'il prétend avoir eue avec un survivant des pogroms russes, ayant vécu des scènes abominables et rejeté de partout en est un exemple typique et térébrant. Mais il met aussi son intelligence et son humour au service d'anecdotes légères (ou pas si légères : son portrait du roi des Belges n'est pas vraiment innocent si on y fait attention), ou révélant des faits passionnant sur les peintres ou auteurs qu'il a fréquentés ou étudiés.



Une lecture bien plus prenante que ce que j'attendais, qui n'a pas répondu à mes questions sur l'état du tourisme automobile en 1905 (routes, carburant, pneumatiques, panneaux sont à peine évoqués), mais hautement recommandable à force de sensibilité, de culture et de réflexion.
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L'Epidémie

Une première partie truculente et puis la partie finale qui s'etale dans la démonstration et qui devient longue et nettement moins intéressante.



Dommage si la seconde partie avait été à la hauteur de la première, cela en aurait fait un texte beaucoup plus percutant.



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Le journal d'une femme de chambre

Je n'ai pas l'impression d'avoir quelque chose à ajouter à la somme de tout ce qui a été dit concernant cette œuvre de génie mais je tiens tout de même justement à le souligner.



Premièrement, l'idée de rapporter ce qui se déroule derrière les portes closes des maisons de ceux qui se réclament de la bonne société Française du XIXe siècle par l'entremise d'une femme de chambre qui écrit son journal permet à Mirbeau d'accuser l’exploitation, de critiquer l’hypocrisie des mœurs de ses contemporains d'une façon inusitée. En effet, à côté des écrivains naturalistes et réalistes de la même époque, le Journal d'une femme de chambre se distingue par le point de vue du narrateur, qui est celui d’un membre de la classe des domestiques, la classe inférieure.



En théorie, cela rajoute une difficulté à l’auteur qui non seulement doit dépeindre le plus fidèlement possible les personnages qui composent sa société mais en plus doit relever le défi supplémentaire de le faire par l’entremise de sentiments et d’un point de vue loin de son éducation. Justement, cette Célestine, il l’incarne drôlement bien. Elle est intelligente, lucide, élégante, perspicace, quoi qu’effrontée, amoureuse, impétueuse et indomptée. Sans jamais l’idéaliser, la faire plus sainte et vertueuse que les bourgeois qu’elle dépeint comme des monstres et qui n’arrêtent pas de l’humilier. Car son journal est aussi, n’est-ce pas, une sorte de confession. Depuis le petit Georges, le malade qu’elle était en charge de soigner mais qui mourût par ses étreintes jusqu’à son attirance trouble et obsessive envers Joseph, un psychopathe sadique qu’elle soupçonne de viol et de meurtre sur une enfant, au fond, dans les faits, rien ne rehausse son jugement.



Mais, ma foi, il n’y a pas de quoi être fier de la noblesse non plus, dans ce livre ! Cette satyre n’épargne aucune catégorie de Maîtres, qu’ils soient comtes, barons ou simple commerçant douteux de province ! Ça ne m’empêche pas d’apprécier les bonnes satyres et celle-ci est vraiment excellente ! Je demeures tout de même très sceptique et méfiant vis-à-vis des gens du vulgaire et fort heureusement, Mirbeau ne se compromet aucunement en se glissant dans la peau d’une petite perverse qui ne devient rien d’autre, à la fin, que la maîtresse d’un homme plutôt répugnant ! Ainsi, la révolution que Mirbeau opère ne s’effectue que sur le plan littéraire. Le subterfuge par lequel il fait croire à son lecteur que les pages de son livre ont été véritablement écrites par une femme de chambre lui a permit de libérer en quelque sorte son expression – qui est par ailleurs réjouissante, riche, imagée, truculente - des conventions, sans toutefois placer un espoir ridicule dans les classes populaires.



Ensuite, dans la virtuosité de Mirbeau, dont la prose nous fournit une série d’allitérations puissantes, procédé qui va de pair avec un propos incendiaire, un seul bémol à mon avis, très mineur. C’est l’abus des exclamations de Célestine dans son journal, les « Ah ! » employés à répétition comme marqueur de relation. À mon avis, ces « Ah ! » réitérés affaiblissent un peu l’effet, ils trahissent les véritables sentiments du narrateur. En effet, il me semble qu’une femme de chambre ne traduirait pas son indignation de cette façon, on la sentirait plus directement en retrouvant une forme de désordre dans le récit des évènements. Bref, c’est le seul détail qui m’a fait un peu regretter ce rythme légèrement effréné que l’écrivain a du s’imposer pour condenser ses multiples trames – Célestine raconte à la fois son présent, son service chez les Lanlaire au Prieuré et des anecdotes du passé - afin d’en faire ce roman qu’il pourrait qualifier lui-même de monstrueux, puisqu’il est en quelque sorte construit à l’image des domestiques, ces êtres qu’il considère « déclassés », des « monstrueux hybrides humains ». Enfin, le tout demeure brillant, emballant du début à la fin, malgré le procès très dur, le portrait sombre, voire glauque qu’il dresse de la nature humaine.
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Le jardin des supplices

Entre beauté et souffrance, il n y a qu'un pas! le jardin des supplices est une ode aux eaux troubles qui se lit pourtant bien, à la même verve et même rythme que le journal d'une femme de chambre, parlant surtout de la première partie avant que l'intrigue ne bascule dans ce contraste entre charme et torture dans une Chine encore barbare, mais qui regorge une noirceur à vous faire remuer le cœur en un seul tour...

Ame sensible s'abstenir!
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Le journal d'une femme de chambre

« Ah ! je puis me vanter que j’en ai vu des intérieurs et des visages, et de sales âmes… Et ça n’est pas fini. », Célestine donne le ton!

.

. Dans la bourgeoisie du XIXe siècle, la petite bonne était convoitée, mais redoutée. Voici donc Célestine, jeune femme de chambre qui entame son journal le 14 septembre. Elle arrive en Normandie dans la propriété des Lanlaire, Le Prieuré, appelée « le château », La demeure sent le rance et l’absence de bonheur. Madame Lanlaire est avare « méfiante, méthodique, dure, rapace, sans un élan, sans une fantaisie, sans une spontanéité, sans un rayon de joie sur sa face de marbre ». Deux serviteurs sont au service du couple Lanlaire: Marianne,une pauvre fille et Joseph, le jardinier-cocher, brute épaisse, un taiseux antisémite.

.

. Le Journal d’une femme de chambre est la plus célèbre des œuvres littéraires d'Octave Mirbeau, Mirabeau qui grâce à Célestine et à ses flashbacks n’épargne personne, bourgeois, parlementaires de droite ou de gauche. Il prend position en pleine affaire Dreyfus. Le prétexte pour Mirbeau de brosser une violente satire des moeurs provinciales et parisiennes de la Belle Époque. Adapté au cinéma d’abord par Jean Renoir en 1946, le roman l’est encore vingt ans plus tard, par Luis Buñuel, avec Jeanne Moreau, la version la plus célèbre qui prend des libertés avec le texte de Mirbeau. Dernière version en date : celle de Benoit Jacquot. A lire!
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Le journal d'une femme de chambre

Roman social fascinant!

Célestine nous raconte ses expériences de femme de chambre à Paris et en Province.

Nous découvrons par sa bouche les mœurs de l'époque, les relations maîtres/domestiques, celles entre domestiques, les difficultés de placement, la place des femmes, le "droit de cuissage".

Célestine est surprenante, sèche mais aussi passionnée, drôle, parfois cruelle mais toujours rebelle et en quête de liberté.

Une immersion pas toute rose dans le monde petit bourgeois du XIXème siècle.

Un petit bijou!!!
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Le journal d'une femme de chambre

Grâce à son talent d'écrivain, Octave Mirbeau donne la parole à Célestine, mais plus que ça, il lui donne un corps et une âme.

Car oui, Célestine est une voix, une voix qui porte pour exprimer ses émotions, ses révoltes et ses joies, trop rares pour elle. Elle parle et nous faire revivre un monde, la maîtrise du langage, du beau langage, étant un code qui révèle la position sociale de chacun - mais les codes peuvent être pervertis : la bonne cherche à imiter les airs de la grande dame, la grande dame jure comme une domestique quand elle se laisse aller. Ainsi, le passage sur le dîner mondain chez les maîtres snobs est un régal.

Célestine est aussi un corps, une femme désirante qui affirme ce qu'elle désire - ou ceux qu'elle désire. C'est une fille trop gentille, qui veut plaire à ses amants même quand elle ne les aime pas beaucoup, qui apprécie la sensualité des parfums d'alcôve comme l'odeur du crottin.

Et Célestine est une âme, mise à nus devant nous, qui nous livre ses émotions. Elle rit rarement mais se moque beaucoup - elle a l'ironie féroce sans être cruelle sur les défauts des autres. le récit de l'agonie de Monsieur Georges est un très beau passage littéraire, plein d'émotions.

Ce livre est donc une très belle découverte !
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Le journal d'une femme de chambre

Pour moi le Journal d'une femme de chambre c'est d'abord le film avec Jeanne Moreau. Mais cette lecture m'a surprise car ce roman est beaucoup plus fort, à la fois drôle et tragique. Il y a un ton un peu cynique qui est assez difficile à transcrire en images.

Célestine est une femme de chambre parisienne. Elle arrive dans sa nouvelle place, en Normandie, dans une maison bourgeoise qui n'est pas tout à fait comme les autres. Elle n'a pas eu le choix étant obligée de travailler. Tout au long du livre, elle revient régulièrement à ses souvenirs alors qu'elle rêve du présent avec Joseph le jardinier, manipulateur et antisémite. Leurs rapports sont ambigus mais ce qui domine Célestine c'est sa volonté de s'émanciper, de changer de condition sociale.

Octave Mirbeau montre très bien la personnalité de cette jeune femme déterminée et la façon dont elle fait de ses atouts (son charme et sa clairvoyance) des armes redoutables, décidée au pire pour aller au bout de son rêve.

C'est aussi le portrait sans concession d'une époque inégalitaire où le pouvoir et le droit sont aux possédants. Célestine se fait à l'image des gens simples et de bons sens mais aux pulsions sombres du patriotisme, à la soif de l'ordre associé à un antisémitisme primaire.

Ce « journal d'une femme de chambre » est un portrait passionnant porté par une très belle plume.





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L'Abbé Jules

Mirbeau pousse les feux de la comédie humaine très loin, avec ce personnage d' ecclésiastique hors-norme.

Son personnage, hanté et torturé à l'extrême, tourne en rond avec sa damnation.

Il fascine le lecteur, avide des nouvelles frasques de l'abbé.

Dans d'autres circonstance, cet Abbé Jules eut été un Charles de Foucault ou un Van Gogh... Mais c'est un personnage impuissant devant sa propre folie. Il ne peut que

s' auto-détruire dans un spectacle aussi tragique que navrant...non sans une certaine grandeur.
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Le journal d'une femme de chambre

Dans ce roman, Octave Mirbeau donne la parole et la plume à Célestine donc, une jeune femme qui vogue de place en place de domestique, et qui n'a ni les yeux ni la langue dans sa poche. Dans un récit qui prend la forme d'un journal, Célestine raconte son quotidien dans une nouvelle maison, et glisse dans ses souvenirs plus ou moins cocasses, plus ou moins coquins aussi. Grâce à elle, nous nous immergeons dans une époque, dans les secrets d'alcôves de familles qui voudraient être bien sous tout rapport et dont on découvre rapidement qu'elles cachent toutes manigances et mesquineries.



Le format du roman (journal) offre un léger, très accessible. Célestine est une femme du peuple : il serait saugrenu de la voir employer un langage châtié. Mirbeau réussit à nous plonger dans son cynisme quotidien et dans son hypocrisie de façade. Si, pour moi, Le journal d'une femme de chambre était avant tout symbolisé par une paire de bottines, j'ai rapidement compris pourquoi, et rapidement découvert que le roman ne s'arrêtait pas à un fétichiste des chaussures : dans chaque maison qu'elle fait, Célestine a bien des choses à raconter sur les pratiques sexuelles de ses maîtres, mais aussi des domestiques !



Avec ce roman, j'ai découvert un romancier à l'univers digne de Zola. Sans concession pour la bourgeoisie, il pointe les travers des plus riches, de ceux qui profitent de leur position pour exploiter de nouveaux esclaves. Il montre les défauts d'une société qui laisse de côté les plus précaires, précaires qui n'ont plus que leurs yeux pour croquer avec ironie ce monde qui les entoure. Un classique particulièrement moderne et enlevé !
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Sébastien Roch

Elevé lui-même chez les Jésuites, Octave Mirbeau a, sans nul doute, dû entendre ces horribles histoires de pédophilie et de viols. Peut-être eut-il cette connaissance par un proche ou fut-il lui-même victime d’un de ces prêtres maudits. On ne peut s’imaginer à quel point ce livre fit scandale et fut honni par le clergé, scruté par la Justice lorsqu’il sortit en feuilleton.

Cent ans avant la marée noire des révélations en chaîne des actes de pédophilie commis par les prêtres, Mirbeau dénonçait déjà l’horreur, décrivait avec une étonnante justesse psychologique le second viol qui anéantit l’âme pure des petites victimes, la manipulation du clergé, le rachat pervers des consciences…

Tout était là, tout était dit et pourtant tout a continué.

Triste constatation des menées d'un mal absolu, introduit au coeur de l’Eglise, polluant les corps et les consciences de ceux qui devaient le combattre, les transformant en monstres, incitant leurs supérieurs à taire ce qu’ils dénoncent par ailleurs avec véhémence.



Grand roman, courageux et fort, réellement inspiré qui classe Octave Mirbeau comme un de nos plus grands écrivains et l’une de nos plus belles consciences.
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Le jardin des supplices

Le "Jardin des supplices" est un livre audacieux qui même en 2018, continue de sentir le souffre. Nous suivons les aventures d'un homme de classe sociale aisée, qui suite à un épisode politique calamiteux, exerce un chantage de la dernière chance auprès d'un vieil ami ministre corrompu et sans scrupules, qui a le bras long et les moyens de le sortir de son marasme économique. Son ami l'expédie à Ceylan pour le faire occuper un emploi "fictif" d'embryologiste, afin d'acheter du temps et de le faire taire. Sur la route des Indes, notre narrateur fait la rencontre d'une créature divine, riche et belle, "un peu piquée" selon le capitaine du navire, dont il tombe éperdument amoureux et qu'il décide de suivre en Chine, abandonnant ses projets initiaux.



Surprise !

Clara voue une passion macabre à la civilisation chinoise, qui loin de l'hypocrisie des pays occidentaux, s'illustre par un raffinement exceptionnel très assumé tant dans l'horticulture, la céramique que dans l'art de "faire mourir". Homme de petite vertu, mais parfait occidental, notre narrateur découvre avec horreur ce qui incarne à ses yeux la quintessence de la barbarie et de la sauvagerie humaine. Le beau appliqué au supplice corporel, ou comment immiscer la mort dans chaque parcelle de chair et de sang d'un corps humain, pour lui faire "savourer" sa mort prochaine. En cela, la mort est aussi puissante que l'amour et elles deviennent indissociables. Elles s'unissent complètement dans l'acte d'amour, générant la pulsion sexuelle, permettant la jouissance des sens. C'est en tout cas ce qui semble bien résumer la perversion de la belle Clara, qui retourne inlassablement au jardin des supplices pour nourrir sa libido et son âme malade.





Selon Clara, qui nous donne comme au narrateur, une bonne leçon de morale, l'Occident qui se prend pour une civilisation supérieure, et vante ses mérites en matière de progrès technologique, de respect de la race humaine, se fourvoie complètement. Les nations modernes et barbares, pilleuses de ressources qui institutionnalisent et légalisent la sauvagerie à travers les organes de pouvoir et de diffusion du pouvoir, n'auraient donc rien à envier à la "sauvagerie" chinoise.





Le parcours initiatique du héros commence d'ailleurs par une discussion de boudoir entre individus de l'intelligentsia parisienne, qui désirant "tuer" le temps sur le bateau qui vogue vers les Indes, partagent leur faits d'arme, leurs expériences de chasse, de cannibalisme, de tueries de masse, de massacre de faisans comme de massacre d'êtres humains. La vie humaine na valant pas plus que celle d'un animal, pourquoi ne pas s'en donner à coeur joie ? La mort n'est pas chose sérieuse, surtout lorsque l'on parle comme nos protagonistes de petits africains, et mérite d'être abordée avec la plus parfaite légèreté pour faire bien en société.





Mirbeau accuse le "deux poids deux mesures" caractéristique des nations occidentales qui ne voient la barbarie que là où ça les arrangent tout en se refusant à une très salutaire introspection. "On voit la paille dans l’œil de son voisin, mais on ne voit pas la poutre dans le sien" est une formule qui résumerait, à mon sens, cet excellent livre de Mirbeau. Après avoir un peu flatté notre sadisme ontologique d'être humain, le récit nous élève à des considérations politiques et philosophiques qui semblent toujours d'actualité en 2018. En cela, j'ai trouvé cet ouvrage passionnant en plus d'être très bien écrit.



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Le journal d'une femme de chambre

Le personnel de maison, au XIX ° siècle (250000 bonnes à tout faire à Paris....) , et avant, n'était pas à la fête. Beaucoup de romans nous ont présenté maintes femmes de chambre, et autres servantes, exploitées, maltraitées, sous-payées, abusées,....

O.Mirbeau par ce magnifique livre publié en 1900, nous plonge dans le milieu de la petite bourgeoisie d'alors, qui ne s'embarrassait pas de scrupules quand ils s'agissait d'utiliser cette chair humaine disponible et bon marché. L'originalité de ce livre consiste en ce qu'il s'agit d'un journal: Célestine nous raconte ce qu'elle vit dans sa dernière place, mais aussi tout ce qu'elle a vécu dans quantités de situations antérieures, toujours précaires, et toujours conditionnées aux caprices des maîtres. Parmi ceux-ci, les appétits sexuels du Monsieur ou du fils de la maison, s'ils ne sont pas les seuls, étaient monnaie courante - selon Célestine - et faisaient partie, ou presque, du marché. Madame, souvent, fermait les yeux; elle-même n'était pas sans vices: tout cela s'équilibrait.

Célestine observe tout cela, notamment l'humiliation de ses comparses, et connaît elle-même ce triste sort, et la totalité des brimades et agressions liées à la relation déséquilibrée maîtres/employés. Mais ce n'est pas une sainte: spectatrice d'un monde où tout est médiocre, étriqué, hypocrite, elle saura - en partie - s'en défendre, et rendre les coups. Cette caractéristique ambigüe du personnage constitue un des intérêts majeurs du roman, Mirbeau ne s'étant pas contenté de décrire le malheureux sort d'un oie blanche.

De plus, l'écriture est parfaite, colorée, imagée. C'est un vrai bonheur que de tourner ces pages.

Le cinéma (et, hélas aussi, les choix de photos de couverture retenus par beaucoup de maisons d'édition) n'ont voulu retenir que ce que l'on voit par le petit bout de la lorgnette, c'est-à-dire ce qui relève du sexe. Pourtant, le roman est infiniment plus riche et complexe. C'est lui qu'il faut lire, pour ses grandes qualités, et oublier les adaptations intéressées et vulgaires qui en ont été tiré.
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Le journal d'une femme de chambre

Mirbeau a un grand talent pour la nouvelle, qui se voit paradoxalement dans ce roman, fait de chapitres et d'anecdotes aisément lisibles comme des histoires à part entière cousues ensemble, dans une forme de "journal" assez peu convaincante et peu travaillée. Il prend le masque d'une femme de chambre pour décrire, cercle après cercle, l'enfer bourgeois où son personnage se débat et se complaît. Cet enfer est essentiellement sexuel, et le roman est un catalogue hilarant de toutes les perversions et pratiques étranges dont la narratrice est le témoin. La satire de la classe dominante est féroce, impitoyable, drôlatique, même si l'on comprend mal que la sexualité bourgeoise, malgré son hypocrisie, soit ridiculisée d'un côté, et louée d'un autre côté quand la sensualité de l'héroïne est présente. La méchanceté de ce roman est réjouissante et son amoralité fracassante assure au lecteur un plaisir de tous les instants.
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Le journal d'une femme de chambre

A travers les déboires , les aspirations et les états d'âmes de Célestine c'est un portrait au vitriol de la France de la fin du XIXème siècle qui nous est conté. Mirbeau dénonce les faux semblants, les ridicules et les préjugés d'une société bourgeoise où les riches assouvissent leurs pulsions et caprices sur les domestiques tandis que les serviteurs se font les complices des perversions des maîtres. C'est un brin outrancier, mais c'est tellement réjouissant...
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