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Citations de Panaït Istrati (341)


Ces textes ont été écrits comme on met un fer au feu. Istrati brûle, se consume dans son art, et nous brûlons avec lui, à la lumière de ses livres qui ont le pouvoir du rêve. Le vagabond de l’Orient, qui voyageait en clandestin, a laissé une œuvre à multiples facettes, solaire et ténébreuse, un viatique pour tous les amoureux d’une littérature écrite à l’encre des songes et de la fantaisie.
(Préface de LINDA LÊ)
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Je me rappelle que dès ma plus fragile adolescence, à l'âge de 15-16 ans, quand j'ai quitté la lecture de romans sensationnels et ouvert les yeux sur le beau domaine de la vraie littérature, je me demandais, après chaque lecture qui me plaisait : l'auteur est-il un homme bon ? Et plus tard, quand je découvris la littérature biographique, je me jetai avec avidité sur les vies de grands hommes, mais j'avais toujours le regret de constater que rarement on touchait à la question qui m'intéressait le plus, à l'humanité intime de l'écrivain, de l'artiste.
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Je suis pauvre et j'espère mourir pauvre, parce que je marche dans ma vie d'aujourd'hui, accompagné de l'immense famille des gueux rencontrés sur mes routes.
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Sache donc ceci: l'étranger est une ombre qui porte son pays sur le dos. Cela ne plaît pas aux patriotes et c'est pourquoi l'étranger est partout un homme de trop. Mais il y a pis. Il arrive que l'être dépaysé déplaise à ceux- là même qui l'ont aimé et voilà ce qui est triste.
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Le bilan de tous les rêves vécus se chiffre par des désastres. Et il est juste qu’il en soit ainsi ; autrement, il n’y aurait que des rêveurs.
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La terre est si belle, nos sens si puissants, les nécessités de la bouche si infimes, que, véritablement, il faut être venu au monde sans yeux, sans cœur, et rien qu’avec le besoin de dévorer, pour se réduire à écraser son semblable et à enlaidir l’existence plutôt que de préférer la justice, la pitié, le droit d’autrui au bonheur.
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En dehors de ce petit bois esclave, et lui donnant le tour, l’épouvantable mur, haut de quinze pieds, promenait sa masse infranchissable comme un défi de brute. Pas un oiseau autre que des corbeaux et des moineaux. Le vent – ce vertigineux voyageur parlant aux hommes libres en toutes les langues de la terre – ne daignait pas descendre dans cette fosse de malheur ; il s’entretenait avec les seuls faîtes des peupliers, et encore pour les plaindre.
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Ce monde est terrible... Sans que vous l'ayez jamais prié de vivre à votre manière, il s'évertue à vous imposer la sienne. Vous y refusant, il vous traîne devant le tribunal de la bêtise qui lui donne toujours gain de cause.
(La famille Perlmutter)
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Art misérable ! Et vous, artistes et amis que j'espérais voir un jour montrer du seuil de votre cabane comment on crée l'art et de quelle façon on le sert au peuple, sachez que je vous méprise en ce moment ! Pour vous j'ai sacrifié, non pas ma vie qui n'a jamais alu grand chose, mais celle de ma pauvre mère - d'une mère qui allait jusqu'à la porte pour s'acheter deux sous de cerises puis réfléchissait, rentrait dans la maison et mettait les deux sous sur les autres en disant :
-Ce sera encore deux sous pour mon fils !
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«Les femmes sont faites pour détourner le destin des hommes!»
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L’enfance et surtout le début de l’adolescence sont des étapes de la vie que nul ne comprend. On a beau les avoir vécues, les parents, les époux ne le comprennent pas plus que les célibataires, et c’est très bien qu’il en soit ainsi, sinon la vie serait atrocement uniforme : l’enfance, l’adolescence, la maturité et la vieillesse sont quatre vies, quatre façons d’exister ; vouloir couler l’une dans le moule de l’autre, c’est les tuer toutes.
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Est-ce l'approche d'un événement, qui fait naître son désir, ou c'est le désir qui provoque l'événement ? Je ne sais. Il se peut aussi que ce ne soit ni l'un ni l'autre, mais tout simplement des faits qui se produisent dans la vie des hommes comme les nuages dans le ciel.
Toujours est-il que Braïla fut la première ville dans l'histoire moderne de la Roumanie, qui connût ce déplaisant sursaut dont notre estomac est victime lorsqu'il nous arrive d'avaler des morceaux indigestes. Et Braïla ouvrière venait justement d'avaler quelques morceaux comme elle n'en avait jamais vu, depuis qu'elle existe.
(p. 53)
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Il s'agit d'un pope du village, qui a une fille à marier. Bien dotée, le pope aspire naturellement à un gendre « digne » : un notaire, pour le moins. Or, voici que le plus vaurien des voyous de la commune vient lui demander la main de sa fille.
(extrait de « Tsata-Minnka », p. 139)
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LE train omnibus déposa Adrien à Bucarest un soir d'avril 1904. C'était un train de pauvres, composé uniquement de troisièmes et de wagons de marchandises. Depuis Braïla, il avait mis plus de huit heures à faire les 230 kilomètres environ qui séparent cette ville de Bucarest, traversant une interminable plaine noirâtre et semblant ne plus vouloir repartir après chaque arrêt dans les haltes soli- taires de la steppe du Baragàn. Pauvre train. Adrien, passant près de la locomotive ahanante, suintante, toute rafistolée, lui jeta un regard de commisération :

« Ces machines, pensa-t-il, on dirait qu'elles ont une âme. Lorsqu'on les fatigue trop, elles gémissent comme des êtFes animés. »

Il se serait complu à poursuivre cette idée de la machine — bête de trait, mais, dans la bousculade de la sortie, le visage tourmenté d'une paysanne lui rappela sa mère et il s'attrista aussitôt. Encore une fois elle l'avait gourmande et s'était opposée à son départ. Il avait passé outre comme de coutume, néanmoins les paroles de la mère l'agaçaient :

— Tu pars, tu reviens... Tu pars vêtu, tu rentres dégue- nillé. Combien de temps cela va durer ?. Tu as vingt ans et point de profession définie. Tu fais tous les métiers, mais aucun convenablement. Autant dire, tu ne fais rien, quoil Vagabond !

Adrien savait que, selon sa mère et selon tout le quartier, n'était convenable qu'une vie pareille à celle de la locomotive — bête de trait. Bien pis, lui, il devait encore se marier, user ses os entre une famille misérable et un infâme atelier.

Non. Pas ça ! Plutôt le vagabondage ! Plutôt le mépris universel ! N'était-il pas maître de son existence ? Pourquoi lui imposer la charge d'une famille et le bagne d'un atelier ? Non, non ! Il aimait courir la terre, connaître, contempler. Voilà la vie qu'il aimait, au prix même de tous les sacrifices, de toutes les souffrances.
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Je n’ai nullement envie de faire en ce moment de l’exécrable littérature. Je raconte ma vie, qui est sacrée. J’ai vécu toutes mes découvertes, comme toutes les séparations, les payant toujours très cher, les unes et les autres. Il le fallait bien. Autour de moi, ignorance et oppression se donnaient la main pour rendre l’homme ignoble et la terre inutile. Car l’homme n’est pas ignoble : on le rend ignoble lorsqu’on lui enlève la liberté et qu’on le cloue à une glèbe qui ne le nourrit pas. Et la terre ne devient inutile que si l’on vous empêche de l’aimer, en vous empêchant de la connaître.
C’est cela, le spectacle du monde sur lequel j’ouvrais mes yeux. Je m’en révoltai, tout seul, en partant, mais une prompte punition, qui devait durer vingt ans, commença à me tourmenter le cœur : c’est la souffrance que je causai à ma mère par mon refus d’obéir à un ordre qui enlaidissait sa vie. Impossible de s’entendre. Langages plus différents que ceux qui s’échangent entre une lionne et un aigle.
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Adrien Zograffi n’est, pour le moment, qu’un jeune homme qui aime l’Orient. C’est un autodidacte qui trouve la Sorbonne où il peut. Il vit, il rêve, il désire bien des choses. Plus tard, il osera dire que bien des choses sont mal faites par les hommes et par le Créateur.
(Avant-propos de l’auteur)
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Mais nous découvrions maintenant qu'il y avait un "dehors", et que ce dehors, riche en lumière, embaumé de parfums sauvages, était bien plus beau que de courir derrière un papillon, de caresser une sauterelle verte, d'attraper de gros bourdons cornus, d'entendre les oiseaux chanter sur leur vaste empire, le grillon invisible à la tombée de la nuit croiser son cri-cri avec le lointain chalumeau du berger, l'abeille sortir à reculons d'une fleur, les pattes saupoudrées de pollen. Et surtout, nous n'avions aucune idée de la volupté que le coeur éprouve, quand le corps se baigne dans les caresses du vent qui souffle sur un champ d'été.
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Si j'étais une alouette,
Comme elle je foncerais dans l'azur ;
Mais je ne descendrais plus sur la terre,
Où les hommes sèment le blé,
Où les hommes fauchent le blé,
Où l'on sème et l'on fauche sans savoir pourquoi...
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Panaït istrati à Romain Rolland
27 /XI/29

(...) Dieu ! Qu'il m'est pénible de n'avoir, pour tout moyen d'expression, que la parole écrite, cet instrument sourd, cet outil incommode ! (Et combien plus sourd et plus incommode pour moi, quand il sort du chantier de Voltaire, de celui de jean-Jacques et du vôtre, où je n'ai jamais fait d'apprentissage normal, où je n'ai fait que m'y introduire et cambrioler, à tout hasard ! (...)

Je vous lis. Je relis votre nouveau et vieux "Beethoven". Et je vous retrouve : ma Niagara ! Vous êtes ma Niagara, la cataracte dans laquelle j'aime rouler. Car, si votre outil me broie la gueule, quand je le manie, il me caresse l'âme, quand je vois ce qu'il produit dans les mains d'un de ses maîtres. (p. 527)
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Lorsqu'on voit un homme estropié d'une jambe, ou d'un bras, personne ne lui jette l'opprobre, chacun a de la pitié; mais tout le monde recule, personne n'éprouve de pitié devant un estropié de l'âme !
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