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Citations de Pascal Quignard (1520)


« Monsieur, dit-il, j'ai confié ma vie à des planches de bois grises qui sont dans un mûrier ; aux sons des sept cordes d'une viole ; à mes deux filles. Mes amis sont les souvenirs. Ma cour, ce sont les saules qui sont là, l'eau qui court, les chevesnes, les goujons et les fleurs du sureau. Vous direz à sa majesté que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté au feu roi son père il y a trente-cinq ans de cela.
— Monsieur, répondit Monsieur Caignet, vous n'entendez pas ma requête. J'appartiens à la chambre du roi. Le souhait que marque sa majesté est un ordre. »
Le visage de Monsieur de Sainte Colombe s'empourpra. Ses yeux luisirent de colère. Il s'avança à le toucher.
« Je suis si sauvage, Monsieur, que je pense que je n'appartiens qu'à moi-même. Vous direz à sa majesté qu'elle s'est montrée trop généreuse quand elle a posé son regard sur moi. »

Chapitre IV.
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"Monsieur, dit-il, j'ai confié ma vie à des planches de bois grises qui sont dans un mûrier ; aux sons des sept cordes d'une viole ; à mes deux filles. Mes amis sont les souvenirs, ma cour, ce sont les saules, qui sont là, l'eau qui court, les chevesnes, les goujons et les fleurs de sureau. Vous direz à sa majesté que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté au feu roi son père, il y a trente-cinq ans de cela"
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Quelquefois le chagrin n'est guéri par aucun moyen. Le temps qui passe l'amplifie.
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J'ai le regret de votre mère. Chacun des souvenirs que j'ai gardés de mon épouse est un morceau de joie que je ne retrouverai jamais.
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L'étude est à l'homme adulte ce que le jeu est à l'enfant. C'est la plus concentrée des passions. C'est la moins décevante des habitudes, ou des attentions, ou des accoutumances, ou des drogues. L'âme s'évade. Les maux du corps s'oublient. L'identité personnelle se dissout. On ne voit pas le temps passer. On s'envole dans le ciel du temps. Seule la faim fait lever la tête et ramène au monde.
Il est midi.
Il est déjà sept heures du soir p 27
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Le coucher est la perte faite chair. L'enfant est cette "chair à coucher" - qui fait la douleur de l'enfance. Cette motricité et cette verticalité, auxquelles on enjoint l'enfant le jour, le soir doivent se tenir immobiles, doivent s'étendre de tout leur long sur la couche, doivent se refouler, se rabougrir et espérer que tout s'endeuille de nouveau, que tout se fasse noir autour.

Comme la soirée se tient au fond du jour, le coucher se tient au fond du soir.
La nuit est une bête, au-dessus du lit, qui attend - puis qui se couche d'un coup sur celui qui s'est couché, et l'enserre.

Ovide dit que la strix, le soir, ouvre ses ailes, approche son bec crochu et se nourrit du sang des nourrissons.
Elle lacère simplement le ventre pour en dévorer les viscères tandis que les petits enfants hurlent dans leurs berceaux.
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Le mot japonais ikebana se décompose en ikeru et hana. Mot à mot "revivre fleur". Une fois que la fleur a été sectionnée, le maître la fait accéder à une autre existence, brève, sans fécondation, où elle périt dans une brusque beauté.
Là où le français dit "arranger des fleurs", "com-poser un bouquet", le japonais dit "faire revenir hana", une fleur.
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« Comment est-il possible que vous veniez ici, après la mort ? Où est ma barque ? Où sont mes larmes quand je vous vois ? N'êtes-vous pas plutôt un songe ? Suis-je un fou ?
— Ne soyez pas dans l'inquiétude. Votre barque est pourrie depuis longtemps dans la rivière. L'autre monde n'est pas plus étanche que ne l'était votre embarcation.
— Je souffre, Madame, de ne pas vous toucher.
— Il n'y a rien, Monsieur, à toucher que du vent. »
Elle parlait lentement comme font les morts. Elle ajouta :
« Croyez-vous qu'il n'y ait pas de souffrance à être du vent ? Quelquefois ce vent porte jusqu'à nous des bribes de musique. Quelquefois la lumière porte jusqu'à vos regards des morceaux de nos apparences. »

Chapitre XX.
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La chaleur incroyable donnait naissance dans l’air à des ondes qui progressaient comme des grands serpents blanchâtres qui déformaient les choses au-dessus de la grève et des cailloux de dolérite.
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Lire, c'est suivre sans finir des yeux la présence invisible.
Celui que votre livre évoque se tient tout à côté de votre tête. C'est l'être qui se tient au plus près de la paroi de votre crâne. Tout être qui se tient dans votre pensée a vis-à-vis de vous plus de proximité que les proches n'y aspirent. Et pourtant il apparaît "ainsi", devant vos yeux grands ouverts, celui auquel vous pensez, "invisible".
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Il y a un plaisir non pas d'être seule mais d'être capable de l'être.
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Ils se retrouvèrent près du poêle dans l'atelier de Monsieur Baugin. Le peintre était occupé à peindre une table : un verre à moitié plein de vin rouge, un luth couché, un cahier de musique, une bourse de velours noir, des cartes à jouer dont la première était un valet de trèfle, un échiquier sur lequel étaient disposés un vase avec trois œillets et un miroir octogonal appuyé contre le mur de l'atelier.
« Tout ce que la mort ôtera est dans sa nuit », souffla Sainte Colombe dans l'oreille de son élève. « Ce sont tous les plaisirs du monde qui se retirent en nous disant adieu. »

Chapitre XII.
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Tous les amants ont peur. Elle avait terriblement peur de ne pas convenir à la maison. Elle eut peur de ne pas savoir s'y prendre en lançant les travaux. Peur d'en altérer la force. Peur de rompre un équilibre. Peur aussi d'être déçue. Peur de ne pas être aussi heureuse qu'elle pensait qu'elle allait l'être quand elle avait découvert la villa pour la première fois.
Le printemps balaya la peur.
Ce furent les grands jasmins sauvages.
Ce furent les buissons de roses.
Ce furent les anémones sans nombre, aux couleurs si profondes, aux beautés de soie.
Ce furent les pavots.
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"Monsieur, j'ai confié ma vie à des planches de bois grises qui sont dans un mûrier ; aux sons des sept cordes d'une viole ; à mes deux filles. Mes amis sont les souvenirs. Ma cour, ce sont les saules qui sont là, l'eau qui court, les chevesnes, les goujons et les fleurs du sureau. Vous direz à sa mejesté que son palais n'a rien à faire d'un sauvage qui fut présenté au feu roi son père il y a trente-cinq ans de cela."
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Je pense que je n'aurai pas survécu s'il ne s'était trouvé des livres pour tromper le désespoir.
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Marcher fait penser. Chaque pas argumente.
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Pascal Quignard
Michel Ange s'exécute, s'agenouille, amasse entre ses bras la neige silencieuse, la dresse de ses mains, travaille toute la journée. Puis y consacre toute la nuit. Il appelle le duc à l'aurore. C'est sa plus belle oeuvre. Ils la regardent tous deux s'anéantir dans le soleil de l'aube qui monte.
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Croyez-vous qu'il n'y ait pas de souffrance à être du vent ? Quelquefois ce vent porte jusqu'à nous des bribes de musique. Quelquefois la lumière porte jusqu'à vos regards des morceaux de nos apparences.
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Souvenez-vous qu'il est heureux de perdre ce qu'il n'est pas permis d'aimer.
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La vie donne à chacun le rôle qui le dépasse, dans lequel on n'arrive même pas à mourir.
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