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Citations de Pascale Quiviger (117)


-Le bien et le mal, mon garçon : les deux faces d’une même médaille. Ils passent l’un dans l’autre en un clin d’œil. Ils sont parfois indifférenciables
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Tout au fond s’élevait une falaise en forme de croissant, noire, lisse et enracinée dans un brouillard épais. Par ses fissures, des branches tendaient leurs bras maigres comme des naufragés en attente de secours.
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« Le mal provoque parfois du bien. » il s’aperçut alors que l’attaque du monstre marin avait retardé le moment de leur collision avec la falaise ; que le cadavre du Gringalet les avait sauvés du monstre ; que la coque défoncée pouvait servir de preuve qu’ils avaient touché terre à temps
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Des nuages gris se regroupaient lentement à l’ouest comme un troupeau d’éléphants. L’eau devint sombre. Elle se hérissa et se mit à lécher les flancs du bateau
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Sue s’active autour de David, bolus de solutés, sérum isotonique, repositionnement du matelas. Elle prend des notes. Elle attend, les yeux rivés sur le moniteur. Elle se dit qu’il est déjà chanceux d’être ici, étant passé deux fois sous la Grande Faucheuse, ce matin.
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J’ai tellement soif.

Bouger, bouger, bouger. Laissez-moi donc bouger.

Ils me tripotent sans arrêt. Leurs expérimentations, pourquoi moi ? Un rat de laboratoire. Le vacarme est insupportable. C’est un cauchemar, je vais me lever et allumer la lumière. Je suis contre les tests sur les animaux. Je vais boire un verre d’eau. Un long verre d’eau. Il faut que je commence par ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux.

Concentre-toi, David.

Ouvre les yeux, tends la main.
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Elle reste là, immobile, longtemps. Elle songe à toutes les personnes qui ont sauvé la vie de David avant même qu’elle le sache menacé. Les gars du chantier, les ambulanciers, le chirurgien, les infirmières, les donneurs de sang. Elle se demande comment tout cet épisode a pu se dérouler sans que le moindre pressentiment l’effleure.
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J’aurais dû me méfier, aussi. J’aurais dû payer ma facture d’électricité. Je viens tout juste de la recevoir, pourtant. Ils m’ont ouvert les tripes au couteau de cuisine. Ils veulent que je parle, je n’ai rien à cracher. Ils frappent ma tête avec la crosse d’un fusil, ma tête, ma tête. Ils m’ont suspendu au plafond par les poignets, ils attendent que mes épaules se disloquent. Ils crient, ils rient, ils frappent sur des casseroles. Le cuir autour des poignets, le métal. Le cuir, le métal, ma tête.

Le train.
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Ils me torturent, c’est une salle de torture, c’est ça. J’ai des lames de rasoir sous la peau. Où ? Quelque part sous la peau. C’est mon corps, sortez de là. Ils me lacèrent vivant. De longs lambeaux de gorge. Un train passe, proche, trop proche, il écorche les rails, ses wagons crissent, ses wagons empestent. Est-ce que c’est le jour ou la nuit ? J’entends mon cœur, des machines, des ordres, une scie. Des chiens. Un tank ? Des nazis, à coup sûr. Est-ce que je vais encore mourir ? Ils vont me tuer. D’une mort sale, longue, pénible. Ils veulent que je parle que je confesse que j’avoue que je dénonce – je ne dirai rien. Je n’ai rien à dire, qu’est-ce qu’ils veulent au juste ? C’est une erreur. Il faut que je me défende. Il faut que je me lève. Que j’ouvre les yeux.
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L’alarme persiste. Les lignes rampent, presque plates, sur les écrans noirs. Il a déjà l’air d’un cadavre. La peau cireuse. L’immobilité. Les apparences sont parfaites.

Pourtant, vu d’ici, vu d’en haut, ça reste disponible pour un homme vivant. D’ici ça se voit, ça crève les yeux.

Ça crève les yeux, la vie possible, et puis plus rien – noir
noir.

Ça m’aspire vers le haut, ça bourdonne, ça va vite, ça va de soi. Je n’ai pas peur. C’est naturel, au fond, de mourir, pourquoi ça nous tracasse toujours autant ? C’est doux.

Le tunnel, oui, mais sans mots pour le décrire.

Des présences m’attirent. Je me laisse glisser. C’est bon. C’est comme s’abandonner à un premier amour, un jour parfait de vacances, de santé, d’avenir grand ouvert. Je glisse à toute vitesse
lentement, pourtant, l-e-n-t-e-m-e-n-t
jusqu’à ce que ça cogne : la lumière
forte blanche intenable
j’explose sans un bruit.
Je m’étale de tout mon long, de tout mon large, dans tous les sens
ma pensée un cristal pur
mon cœur dans la ouate
je viens de rentrer chez moi, après un long, un harassant voyage
je m’évapore comme une flaque au mois d’août et c’est bon
c’est tellement bon
et vrai, tellement vrai.
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Je reste là, au plafond, à flotter

suspendu

entre le départ et le retour

retenu

dans des limites floues

dans une enveloppe lâche

dans une habitude.
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La première heure

Difficile à croire, mais je suis vivant.

Je n’ai même jamais été aussi présent.

Aussi clair.



Je vois tout.

Roger qui jure et marche de long en large, engueule les gars un par un.

Le corps en pleine rue, sur l’asphalte, le casque près de la tête, un outil entre les deux – le niveau, fêlé. Du liquide s’en échappe.

Martin qui arrive en courant, qui écarte Max et Vidal. Qui s’agenouille sur le gant, place son oreille tout près des lèvres, ne sent rien. Qui cherche le pouls à la gorge, pas de pouls. Il ouvre la chemise, les boutons volent en tous sens. La tache rouge, sur la poitrine, lui fait peur. Plusieurs côtes sont molles, peut-être brisées. Il hésite. Il se décide. Il relève le menton, tâte l’intérieur de la bouche, donne deux bouffées d’air, s’écarte, se repositionne, puis ose presser – mains jointes, coudes droits. By the book. Son assurance m’étonne, lui qui est si timide.

Il s’acharne. Patiemment, rythmiquement.

Malgré tout, les lèvres, les ongles bleus, la joue blanche.

Roger fait les cent pas

guette avec angoisse le bout de la rue, l’ambulance, l’ambulance, l’ambulance ?

Enfin.

Enfin, gueule Roger en levant les bras au ciel.

Martin cède sa place

il s’essuie le front

va s’asseoir tout seul, à l’ombre, dans un coin

les ambulanciers déballent leurs appareils

soulèvent les paupières

un œil bleu, l’autre noir, mauvais signe

poussent un tube dans la trachée

ouvrent une veine dans le bras

y injectent quoi ?

l’adrénaline

puis

plus rien.



Nulle part.



Salle verte

trop éclairée.

Des hommes, des femmes, gantés, masqués

du métal

des draps tachés

des murmures.

Le visage gonflé, le crâne rasé

le cou dans un corset

un bras dans une attelle.

Le sérum coule goutte à goutte.

Sur les gouttes, le reflet des néons, leur trace d’escargot.

Les vêtements verts, leurs plis comme des montagnes des vallées
la trame du coton, son usure.
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Il la devance dans sa chambre. Il s’assied sur le lit sans défaire les couvertures. Il a un visage sérieux, presque mûr.

– Qu’est-ce que tu veux me dire, maman ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de pas gentil ?

– Non, non, s’affole Caroline. Non, pas du tout.

Il respire, soulagé. Une trêve, à peine.

– C’est papa.

Son visage s’illumine de manière incongrue.

– Il s’est réveillé ?

– Non, justement, Bertrand. Il ne va pas se réveiller.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire jamais.

Ses petits poings tirent sur son pantalon de pyjama.

– Il est mort, c’est ça ?

– Non. Mais il est vraiment très malade.

– Le docteur peut le guérir, comme l’autre fois. Il a sûrement du mercu… du merc…

– Non, Bertrand. La maladie est dans son sang.

– Pourquoi, maman ? Maman ?

– Son corps est tellement fatigué maintenant, Bertrand.

– Mais maman, il dort tout le temps, il est pas fatigué !

– Il est tout faible à l’intérieur, il manque d’énergie pour lutter.

– Mais les docteurs peuvent pousser un peu sur son cœur, comme Martin Bilodeau. Non ?

– Les docteurs pensent que c’est mieux de le laisser se reposer pour de bon.

– Pour de bon, qu’est-ce que ça veut dire ?

– Pour toujours
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- Il y a quelque chose que tu ne te pardonnes pas. Tu ne te pardonnes pas parce que tu n'as pas été pardonné.
Sans le pardon, tu n'avances plus.
Arash voulut parer le coup.
- Je suis déjà suffisamment avancé.
- Arash, sans le pardon, tu es un marais d'eau sta-gnante. Tu es mort. Parce que la vie est une rivière et que les rivières doivent courir.
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- Ton Sultan qui a trop est aussi un esclave, répliqua Yara. Il mérite ta compassion.
- Je sais reconnaître un esclave quand j'en vois un, Yara. Je parle des travailleurs du sel, des diamants et du cuir.
- Ceux-là sont esclaves de corps. Ton Sultan est esclave du désir et de la peur. Désir de pouvoir. Peur de le perdre. Il ne remarque même pas ses chaînes.
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- Quand même, le soleil et moi, nous ne sommes pas vraiment sépares, continua-t-il. Les séparations, les frontières, ce sont aussi des inventions. Je vais te donner on exemple. Plus loin, là-bas, quelque part dans le sable, un autre empire commence. On a planté un poteau de métal pour marquer la frontière. Il est là-bas. Debout.
Tout seul. Il invente la frontière. Un peu partout dans ta pensée, il y a des poteaux comme celui-là. Des frontières entre les pouvoirs, entre les races, entre les générations, entre les genres, entre les mondes, entre les temps. Entre les morts et les vivants. Entre aujourd'hui et demain.
C'est la peur qui met des poteaux partout.
Sourcier se tut, le temps de construire un trône à sa bouilloire en rassemblant les tisons dans une volée d'étincelles. Esmée en reçut une sur la cuisse, qui troua sa djellaba. Elle imaginait des étincelles percer aussi l'esprit d'Arash, trop confortablement installé sur le piédestal de l'intelligence.
- La peur et l'ambition, termina Sourcier. On se croit spécial, on se croit différent. Mais l'air du ciel dans tes poumons, c'est le même air, le même ciel que pour la salamandre, termina Sourcier. Arash, tu comprends ?
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Mais oui. Tout ce qui existe est mystérieux. L'existence est mystérieuse. En ville, vous êtes distraits. Vous construisez des maisons, vous fabriquez des objets qui reflètent vos idées, des idées qui vous reflètent vous-mêmes. La technique finit par cacher le mystère.
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Le roi, c'est celui qui se conquiert lui-même. Celui qui vainc sa peur. Sa peur et sa colère.
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Trouverait-on la réponse à temps? L’avenir ne vient pas avec un mode d’emploi.
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Forcé de devenir Vizir, il était devenu Vizir et maintenant, vu l'idiotie du Quatorzième, il devait absolument le rester. Devoir civique. Question de morale.
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