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Critiques de Patrice Gain (448)
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Le sourire du scorpion

Le sourire du scorpion ou comment aborder un sujet gravissime au travers d’une tragique histoire familiale, c’est ce qu’a tenté et réussi Patrice Gain, pour son quatrième roman.



Ce roman faisait partie de la sélection des vingt-et-un livres en course pour le Prix Orange 2020. Je remercie Lecteurs.com pour m’avoir permis la découverte de ce titre. S’il n’a pas été retenu parmi les cinq finalistes, je le comprends car, tout au long de ma lecture, je suis souvent resté sur ma faim malgré l’excellence de l’écriture.

Le début de l’histoire, avec cette descente en raft d’un canyon, en 2006, au Monténégro m’a fait croire à un récit apocalyptique dont personne ou presque ne sortirait vivant. Alex et Emilie, avec Luna et Tom, leurs enfants, deux jumeaux âgés de quinze ans, mènent une vie en dehors des sentiers battus. Ils vivent dans un camion aménagé et font les saisons pour gagner de quoi vivre. Tom est le narrateur de leur histoire mais je n’ai pas toujours aimé le ton qu’il emploie, parfois trop recherché, parfois simpliste, sans jamais aller au fond des choses.

La petite famille possède un chien, Dobby, femelle rottweiler aimante et protectrice. Celui qui leur sert de guide pour l’aventure sur la rivière Tara, se nomme Goran. Il a un peu plus de quarante ans mais on sait juste qu’il est originaire des Balkans. Très dévoué, il prend tout en charge, toujours avec un sourire un peu figé.

Je n’en dis pas plus sur cette aventure pour ne rien divulgâcher mais j’ai pensé un peu à Délivrance, le livre de James Dickey, adapté brillamment au cinéma par John Boorman. D’ailleurs, revenu en France, Tom se plonge dans la lecture de ce roman si oppressant.

Oui, ils vont revenir en France mais j’ai trouvé un peu courte la partie descente du torrent. C’était un point de départ car le principal se passe sur le causse, tout près des Gorges du Tarn. L’auteur, par l’intermédiaire de Tom, s’attache à décrire soigneusement la nature et les éléments qui la composent et qui évoluent suivant la saison. Un vocabulaire riche et des passages très soignés témoignent d’une recherche approfondie de la part de l’auteur ainsi que d’une connaissance remarquable du milieu naturel.

Monténégro, Serbie, Bosnie… je ne peux passer sous silence ce qui constitue la base du roman de Patrice Gain : ces années terribles de massacres entre populations qui vivaient jusque-là en parfaite harmonie. À la fin du livre, l’auteur précise le nom de l’homme qui l’a inspiré.

Le sourire du scorpion prouve que, lorsque les hommes veulent chercher et trouver les criminels de guerre, ils réussissent à ne pas les laisser vieillir tranquilles. Cette guerre, honteuse pour l’Europe et notre espèce humaine, c’est bien de ne pas l’oublier mais c’est impossible de ne pas vibrer d’émotion en pensant à tous ces destins brisés, à toutes ces immenses souffrances infligées à des familles qui vivaient en paix.



Patrice Gain, en quelques lignes, le fait très bien dire à Sule qui explique tout à Tom dont la jeune existence a commencé dans des circonstances très, très difficiles.
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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De silence et de loup

Reçu hier dans le cadre d'une masse critique privilégiée, ce roman n'aura , hélas, pas survécu longtemps à mon enthousiasme . Oui , chères amies et amis babeliotes , je vous annonce la couleur , cinq étoiles sans le moindre défaut. Je sais , c'est sans doute un peu , Comment dire, " expéditif " ou " excessif ", mais non , je maintiens.



Figurez vous que la météo n'étant pas des plus " sympathique " , c'est sur mon canapé que j'ai décidé de passer une partie de mon temps ....J'étais vêtu comme pour un mois de mars , mais ce que j'ignorais , en tournant les premières pages de ce roman , c'est que j'allais me trouver propulsé malgré moi , dans les glaces de l'Arctique avec Anna , une journaliste qui souhaitait suivre une mission scientifique . Inutile de vous dire que le lieu de l'action a eu le don de "réchauffer " l'atmosphère dans laquelle je me trouvais et , sans mentir , si j'avais su où j'allais mettre les pieds, j'aurais cessé de râler contre mon " environnement " météo certes perturbé mais quand même....



Embarquement à Tiksi, en Sibérie, sur le " Yupik " , en compagnie de Jens, Margot , Erwan , Jeanne ,Loic , Louise et Zoe et puis , je l'oubliais , le " cerbére " de service , le militaire russe Valéry. Et oui , la Russie....



Commence alors pour nous un long périple dans des régions hostiles décrites avec maestria , il faut bien le dire par l'auteur . C'est incroyablement angoissant , tant par le cadre , la glace , la nuit , les ours ou autres loups , l'avidité et la cupidité des hommes et des Etats prêts à exploiter encore et encore une nature généreuse qui , fatalement , trouvera bien un jour le chemin de la vengeance . L'homme prédateur, l'homme humainement capable , aussi , du meilleur comme du pire comme on pourra le découvrir au fil des pages . Pour Anna , c'est une longue , une angoissante errance vers ...vers quoi , au juste , elle qui porte " des chaînes " pesantes ?



En alternance avec le périple, le récit d'une " descente aux enfers " , celle de Sacha , son frère, enfermé volontaire dans un monastère, Dom Joseph en quête de rédemption mais pourquoi .??? Anna et Sacha , deux chemins ...



Les personnages sont forts , leurs pensées deviennent nôtres et nous cheminons dans les épreuves à leur côté même si nous savons que l'on ne se relève jamais de certaines blessures , on lutte de toutes nos forces auprès d'eux car , et ce n'est pas le seul mérite de ce roman , on se sent comme un membre de l'expédition.



L'écriture est non seulement bien maîtrisée mais " colle " à la dramaturgie , les dialogues sont vifs , clairs , précis, sans excès et c'est plus l'atmosphère en permanence pesante qui est remarquable , le danger est partout , le salut jamais acquis .



Quant à la nature , ou l'absence de nature .. Que dire ? C'est comme pour un " tableau de maitre " sauf qu'ici , les mots remplacent les pinceaux capables de traduire les sentiments par les plus oppressantes couleurs . Même le silence est bruyant , c'est dire . Et le SILENCE , une terrible violence...



Je ne connaissais pas cet auteur qui m'a fait passer un moment extraordinaire . Tout dans ce roman a du sens , il maîtrise son intrigue et ses connaissances font de ce récit un récit dense , didactique sans être professoral , dramatique et beau . Une aventure dont on sort " bousculé ", mais à regret ...

Tiens ...mon canapé...et le soleil est revenu..... J'étais ...ailleurs, avec une certaine Anna....

Vous qui allez vous lancer sur ses traces à votre tour ( le contraire serait dommage ) , couvrez- vous bien....La température se trouve au début de chaque chapitre ...et franchement , ça caille !!!



Je remercie vivement l'équipe de Babelio et les Éditions Albin Michel qui m'ont permis de découvrir ce très beau et très bon roman . J'ai adoré mais , comme je le dis souvent , ce n'est là que mon modeste avis .
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Terres fauves

Écrivain new-yorkais, David McCae doit publier d'ici peu les mémoires du candidat à la présidentielle, le gouverneur Andrew Kearny. Mais largué par son amie Louise et en mal d'inspiration, les mots lui manquent. Aussi, son éditeur, Sydney, lui propose-t-il d'aller se ressourcer dans sa maison d'East Hampton, au bord de l'océan. À peine David a-t-il eu le temps de poser ses bagages que Sydney lui propose de revenir à New-York afin de prendre le prochain avion pour Valdez, au Canada. Là-bas, il devra en effet interviewer Dick Carlson, le premier américain à avoir gravi un sommet de plus de 8000 mètres, dont Kearny s'est entiché. David pourrait ainsi mieux s'imprégner du personnage. L'écrivain est bien loin de s'imaginer que seules les contrées sauvages ne sont pas hostiles...



Une terre hostile, un climat glacial et neigeux, des hommes bruts et violents, des animaux qui le sont tout autant et une série d'événements qui vont emmener David McCae direct en Enfer. Parti pour seulement interviewer un vieil alpiniste, arrogant, pompeux et bien mystérieux (cela l'écrivain l'apprendra à ses dépens), David va se trouver embarquer dans une cascade de situations aussi inimaginables qu'éprouvantes. Il apprendra aussi que la nature peut être aussi hostile que les hommes qui la convoitent. Dans ce roman glacial où l'Homme va se révéler démoniaque mais aussi combatif, Patrice Gain nous plonge dans un climat violent, palpitant, oppressant. De par son écriture immersive et contemplative, l'on est de suite plongé au cœur de cette nature inhospitalière. Un roman particulièrement noir...
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Terres fauves

Peut-être que j'en attendais trop ...

Les premières pages m'ont ennuyée, non pas que la lecture ait été déplaisante, loin de là, mais bof, difficile de vraiment m'intéresser à ce David McCae, écrivain new-yorkais obligé de se rendre en Alaska pour terminer un biographie commandée par un gouverneur américain et y rencontrer un alpiniste à la renommée mondiale, ami dudit homme politique. Ecriture comme personnage, j'ai trouvé tout très fade, sans mystère, sans tension, sans interrogation. Plat.



Puis le récit décolle lorsque l'interview vire au cauchemar et le roman en récit de survie dans le décor grandiose d'une île sauvage d'Alaska. Même si on est très loin de l'ambiance oppressante que propose David Vann dans le même cadre, j'ai été ferrée. Puis c'est retombé.



La faute, peut-être, à un autre livre ( pas Sukkwan Island ) que j'ai lu juste avant, Croire aux fauves, de Nasstaja Martin, récit qui n'a rien à voir avec Terres fauves mais qui relate aussi un combat avec un ours et surtout une transformation suite à cette confrontation, avec une force inouïe. Pas de bol d'avoir enchaîné ces deux lectures ... la comparaison a clairement parasité la lecture de certains chapitres de Terres fauves, et jamais à son avantage.



On voit bien David, falot, naïf et dépressif, se transformer en mode survie, obligé de se surpasser une fois réellement confronté à la violence de la nature et des hommes. Mais plutôt que de pousser les curseurs à fond, de jouer la carte de l'ambiguïté de cette métamorphose, l'auteure confronte son personnage à une course contre la mort, certes bien ficelée mais qui repose sur des invraisemblances et qui aboutit à un enchaînements d'événements dramatiques en accéléré, tous prévisibles, ce qui décentre le récit qui aurait pu être captivant de la mue radicale de David. Je n'ai pas réussi à y croire.



Bref, pas la bonne lecture au bon moment pour moi, je suis passée à côté ...
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De silence et de loup

C'est un très beau roman noir malgré les nombreuses invraisemblances et l'insuffisance du suspense, mais les descriptions de la nature sibérienne, des animaux et peuples qui l'habitent, ainsi que les belles réflexions sur la vie, la mort, le devenir, les absences d'issues desquelles plusieurs protagonistes sont prisonniers compensent largement ces deux lacunes que le style percutant de Patrice Gain parvient à occulter aisément.



C'est un roman sauvage, de nature, de mer, d'expédition humaine, de malheurs humains, d'incohérences écologiques, de dénonciation de nombreux maux de l'humain, exprimé avec un ton qui ton qui sonne juste et dont la structure avec deux personnages principaux est soignée, l'auteur laissant chacun à ses misères, à un salut hypothétique où ils parvienennt peut-être à se réfugier.



Ces deux personnages sont frères et soeurs, l'un entré comme novice au monastère de la Grande Chartreuse près de Grenoble, l'autre journaliste partie accompagner une expédition scientifique dans les grands froids du cercle polaire arctique, sur une banquise mouvante, une mer aux tempêtes meurtrières, un univers où l'humain a dépassé les limites du coeur, de l'amour et du respect.



Ils sont donc Joseph et Anna, celle-ci consignant dans un carnet de voyage aussi bien le récit de cette expédition que les douleurs de sa vie passée. Elle écrit à la première personne Anna, ce qui donne encore plus de force à tout ce qu'elle exprime. Elle vit une aventure dépaysante pour fuir ses souffrances morales, en même temps elle réfléchit, revisite des bribes de passé et finit par être convaincue du mal commis par son frère.



Joseph laisse un narrateur dérouler sa vie monastique ratée et prend connaissance dès le début du livre du journal d'Anna qui lui a été envoyé. Il n'en est que plus ballotté entre sa tentative de recherche d'un Dieu auquel il n'a pas demandé le pardon et son enfermement dans un mysticisme dominé par ses propres démons. Il ne peut donc être que le traître, le Judas, plus ignoble que l'Iscariote, méritant la meule de moulin suspendue à son cou avant d'être précipité dans la mer.



Anna n'a plus d'espoir dans l'existence, elle a été bien trop blessée et si la volonté humaine de survivre l'amène à affronter les éléments, elle sait qu'elle ne peut trouver un apaisement qu'en allant à la rencontre de ses proches partis, sa fille et sa compagne. Elle ne peut donc envisager un pardon qui ne lui a pas été demandé et elle s'emploie à donner un châtiment vengeur. Il faut absolument lire tout ce roman pour savoir si elle y parvient.



Mais, visiblement, Patrice Gain profite de cette histoire pour y insérer de superbes descriptions de la banquise, de la glace, du froid, des crépuscules, de l'ambiance de la toundra, de l'Arctique impitoyable. Il déroule d'autres personnages qui ont tous une histoire et ajoutent ainsi à l'intérêt de cette lecture saisissante.



Le silence, le loup, l'ours, une très belle aventure humaine.
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Les brouillards noirs

Avis de tempête



Iles Féroé. Iles sauvages aux paysages lacérés par les caprices du temps.



Raphael Chauvet vient de recevoir un appel de son ex-épouse.

Maude, sa fille qu'il n'a plus vu depuis de trop nombreuses années, a disparu.

Militante pour une ONG qui mène un combat sans relâche contre une tradition ancestrale très violente envers les baleines pilotes, elle a été blessée par le harpon d'un chasseur.

Une vidéo de cet incident qu'elle a elle-même filmée est retrouvée. Certains chasseurs malveillants semblent prêts à tout pour perpétuer le grindadráp.

Raphael le violoncelliste de haut-vol, assailli par le doute et l'angoisse, débarque sur des terres hostiles et tempétueuses pour tenter de retrouver sa fille...



Véritable roman noir à l'atmosphère tumultueuse où les brouillards denses et sombres camouflent insidieusement les pistes.

Patrice Gain a choisi le lieu idéal pour nous couper du monde et nous interpeller de manière singulière sur la perpétuation de pratiques sanglantes au nom de la tradition. Il évoque également avec beaucoup de mélancolie les liens indéfectibles entre un père et une fille separés par les chemins tortueux et implacables du temps.



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Denali

À tout juste 14 ans, Matt se retrouve, presque du jour au lendemain, seul. Quelques mois plus tôt, son père, qui semble s'être mis à l'alpinisme sur le tard, décide de faire l'ascension du mont Denali. Malheureusement, il n'en redescendra jamais. Tout de suite, sa mère lâche complètement prise, sombre dans la dépression et s'isole du reste du monde. Alors internée, Matt et son frère aîné, Jack, se retrouvent seuls. Ne voulant pas quitter Seattle et encore moins rejoindre les plaines du Montana, là où leur grand-mère habite, c'est seul que Matt ira s'installer chez cette dernière. Malheureusement, celle-ci décède subitement. Livré à lui-même, le jeune garçon va devoir affronter aussi bien la rudesse du monde qui l'entoure, l'arrivée de son frère aux fréquentations peu recommandables que les révélations d'un passé troublant...



Ce roman, pourtant court, est un condensé d'émotions et oscille habilement entre roman noir, d'apprentissage ou encore de nature writing. Après avoir perdu presque toute sa famille, Matt, qui décide pourtant de rester habiter dans le ranch de sa grand-mère, va aller de surprises, notamment concernant le passé de sa famille, en déconvenues. Au cœur d'une nature sauvage, tantôt hostile, tantôt accueillante ou ressourçante, que Patrice Gain décrit si parfaitement et minutieusement, l'on suit le parcours de ce jeune garçon, à la personnalité si attachante et au caractère si fort, qui jamais ne se laisse choir, malgré son lot de malheurs et de révélations pour le moins surprenantes, voire désespérantes. Patrice Gain nous offre un très beau roman, à la fois triste, doux-amer et plein d'espoir, servi par une plume ramassée et maîtrisée.

Intensément beau...
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De silence et de loup

Lors du spaciement, Dom Joseph est pour le moins étonné de se voir remettre, par une inconnue, un paquet contenant un carnet de voyage. À peine cette dernière lui a-t-elle murmuré qu'il venait d'Anna qu'elle a disparu. Anna, sa sœur dont il n'a guère de nouvelles depuis maintenant deux ans. Une fois dans sa cellule, Dom Joseph découvre la première page. Anna Liakhovic dédie ce carnet à Zora, Romane et Sacha. Un prénom qu'il n'a plus entendu ni lu depuis tant d'années...

Pour avoir travaillé en tant que journaliste pour France 3 pendant 5 ans, parlant anglais et ayant des connaissances en russe, Anna a été embauchée pour rédiger les comptes rendus, dans ces deux langues, des travaux scientifiques menés en Arctique, depuis le navire Yupik, lors d'un hivernage sur la banquise. Depuis les drames qui l'ont bouleversée, la jeune femme avait besoin de s'évader, de changer d'air. Mais, hélas, le périple ne va pas se passer comme prévu...



Loin des hommes, au cœur d'un environnement glacé, soumise aux dures lois (aussi bien de la nature que celles des hommes), Anna va tenter, par le biais de cette expédition, d'échapper à un passé bien trop douloureux. Mais peut-elle, viscéralement, oublier la disparition de sa compagne et le décès de sa fille ? Se sentant seule au cœur de cette immensité, parfois vulnérable, la jeune femme décide d'écrire un carnet de voyage, destiné aussi bien à Zora, sa fille, Romane et Sacha, ce frère désormais dans les ordres. Si l'on découvre, peu à peu, l'expédition d'Anna, l'ambiance glaciale mais aussi pesante qui règne, aussi bien à l'extérieur que parmi l'équipage, Dom Joseph se dévoile lui aussi, en quête de rédemption et tentant d'expier ses péchés. Terriblement sombre, violent, de par cette nature qui reprend ses droits et par la rudesse des hommes, glaçant, ce roman nous saisit dès les premières pages. La plume de Patrice Gain, éprouvante et vive, rend sublimement compte des drames qui se jouent et nous plonge parfaitement dans cette atmosphère intense.

Un roman bouleversant...
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Le sourire du scorpion

Cinq étoiles pour ce roman noir, même si à plusieurs reprises, j'ai vu d'assez loin venir la fin, ou plutôt les fins pour plusieurs protagonistes. Et même aussi si un gentil lecteur peut espérer des fins plus heureuses, elles sont toutes adaptées au contexte d'un roman noir et des fracas humains qu'il met inévitablement en scène.



Cinq étoiles et cinq raisons d'apprécier cette lecture. D'abord, l'écriture aussi agile dans les descriptions de la nature que dans la saveur des dialogues. Ensuite, deux raisons jumelles, il s'agit des jeunes héros, frères et soeurs jumeaux, Luna et Tom, chacun d'eux portant à samanière son optimisme ou ses peurs intuitives. Ensuite, le cadre naturel somptueux, qu'il s'agisse des flots de la rivière monténégrine dans ses canyons, du causse -- en l'espèce l'un des grands causses cévenols dont le nom n'est pas cité mais on sait que l'on est à proximité des gorges du Tarn et de Millau -- mais aussi des calanques vers Marseille et Cassis. Enfin, une dernière étoile pour les références littéraires, cinématographiques et musicales qui ajoutent à l'intensité de cette lecture.



J'ai aimé les deux personnages principaux, ces jumeaux qui portent à eux seuls le récit de l'auteur. Ils sont les phares de cette histoire et, lorsque la lumière de l'un faiblit, c'est celle de l'autre qui illumine l'action. Ils connaissent des bonheurs, mais aussi le malheur qu'ils surmontent au maximum sans forcément toujours y parvenir. Ils voudraient se soutenir davantage dans l'adversité mais chacun respecte la liberté et les expressions de sa douleur par l'autre, quitte à cumuler d'irrémédiables regrets.



Le texte est assez court, les images toujours fortes avec les flots tumultueux des rapides de la rivière, l'angoisse de son canyon, le vertige des falaises, les saisons qui s'enchaînent, transformant le causse, lui conférant toute sa sauvagerie hivernale et sa majesté estivale.



La guerre et ses atrocités sont également présentes, les châtiments des méchants inexorables sans qu'ils puissent supprimer les souffrances de leurs victimes, mais la justice doit passer.



Pour ma part, j'aime ce genre de roman noir qui sort le lecteur de lui-même et de sa zone de confort, le bousculant, parmi des images magnifiques, vers le mal, oeuvre majeure de certains hommes.
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Le sourire du scorpion

Les jumeaux Tom et Luna, quinze ans, mènent une existence nomade et bohème au gré des activités saisonnières de leurs parents. Cette fois, la famille met le cap sur le Monténégro, où, accompagnés de leur guide serbe Goran, ils doivent descendre en raft l’impressionnant canyon de la Tara. Dès le deuxième jour sur la rivière, des tensions surgissent dans le groupe, bientôt frappé par un drame irréparable qui, aussi accidentel paraisse-t-il, pourrait bien s’avérer lié à une autre histoire bien plus vaste…





Le roman démarre sur une aventure sportive au sein d’une nature sauvage et grandiose, si superbement évoquée que me sont immédiatement venus à l’esprit les récits d’Edward Abbey, notamment dans son livre Un fou ordinaire. Le lecteur y est d’emblée happé par la sensation d’une menace diffuse qui ne va cesser d’entretenir le suspense. D’abord centrée sur les risques d’une expédition soumise à des périls naturels, l’angoisse va peu à peu évoluer vers un nouveau malaise, entretenu par quelques personnages aux comportements inquiétants, jusqu’à une plongée dans les noirs tréfonds de l’histoire des Balkans vingt-cinq ans plus tôt.





A l’âpre et imposante beauté de lieux isolés et sauvages va ainsi répondre le crime le plus barbare venu y chercher la discrétion. Très librement imaginée à partir de l’histoire d’un ancien Scorpion serbe extradé par la France en 2011, l’intrigue, si insouciante au début, mène peu à peu à la grave question des crimes de guerre, interrogeant sur la possibilité ou non, pour les bourreaux comme pour les proches de leurs victimes, de tourner la page et de reprendre une vie normale, une fois sonnée la fin du conflit.





Après Terres fauves, le précédent roman de l’auteur, l’on retrouve avec plaisir sa manière de mêler le nature-writing au thriller pour nous offrir une lecture agréable et addictive. Si Terres fauves pêchait à mes yeux par un certain manque de crédibilité, Le sourire du scorpion corrige nettement le tir sur ce point, même si certains personnages peuvent encore y paraître d’une finesse perfectible : ainsi ces deux adolescents incroyablement matures, ou cette mère démissionnaire dont rien n’explique vraiment ce qui la tient tant sous emprise. Au final, Patrice Gain nous sert un fort plaisant récit d’aventures en pleine nature, où le plus grand prédateur porte indéniablement figure humaine.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le sourire du scorpion

Tom, Luna, sa sœur jumelle, et ses parents vivent, à longueur d'année, dans un camion fort bien aménagé. La famille vivote, au gré des saisons, du travail et des envies un peu partout. En ce début d'été 2006, toute la petite famille part faire du rafting, accompagné de Goran, guide et ami de la famille, au Monténégro. Mais la rivière, la Tara, qui coule entre les parois vertigineuses du canyon, est parfois capricieuse. Aussi des tensions émergent-elles assez rapidement au sein du groupe, la maman, Mily, peu rassurée par les rapides et la rivière bientôt salement en crue. C'est alors que le drame se produit, le raft se retourne. Et si Mily, les jumeaux, Tom et Luna, et Goran réussissent à rejoindre la berge, Alex, lui, reste introuvable...



Une virée en raft qui tourne au drame. Amputée, la famille de Tom doit réapprendre à vivre dorénavant, loin des lieux du drame. Mais toujours, au fond d'eux, cette incompréhension et ces incertitudes qui vont, peu à peu, devenir soupçons. Ce roman est on ne peut plus habile car Patrice Gain nous emmène vers des chemins inattendus, semant le doute, parsemant ici et là quelques révélations surprenantes et nous immergeant dans une ambiance de plus en plus oppressante. Tom, le narrateur, relate, avec beaucoup d'émotions, aussi bien l'épisode dramatique, les impacts sur sa famille que les liens indéfectibles qu'il entretient avec sa sœur. La nature, omniprésente, est magnifiquement dépeinte de par cette écriture immersive et profonde. Entre suspense et émotions, Patrice Gain nous offre un roman singulier et d'une grande justesse...
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De silence et de loup



Je tiens à remercier tout d’abord Déborah Zitt de Babelio et les Éditions Albin Michel pour l’envoi de ce roman dans le cadre d’une opération masse critique privilégiée.



Lectrices et lecteurs qui adorent le dépaysement seront super gâtés : Tiksi près d’Iakoutsk en Sibérie, à 11.192 kilomètres de Paris en passant par Moscou et 7 heures de vol à partir de la capitale russe ou à peu près 7 jours de train. Une région blanche et brumeuse, où vivent renards, loups, ours et baleines boréales et, avant même, des mammouths. Dans cette "austérité antarctique" aux températures guère imaginables, n’oubliez pas votre vison et chapka.



C’est là que Patrice Gain envoie son héroïne, la journaliste Anna Liakhovic, en expédition. Tandis que son frère, Sacha devenu Dom Joseph, se retrouve au monastère de la Grande Chartreuse dans l’Isère.



Mais pourquoi Anna s’aventure-t-elle dans une région hostile par son climat impitoyable, où le record historique se situe à moins 68° Celsius ?

Comme Française maîtrisant la langue russe une offre lui est faite d’accompagner une mission scientifique et elle veut se distancier de l’endroit où sa fille Zora de 6 ans est morte dans une piscine, ainsi que celui du décès de sa meilleure amie Romane.



Patrice Gain a réussi le tour de force de nous présenter simultanément le récit captivant d’une expédition hautement problématique dans le cercle polaire et des tribulations de son héroïne paumée dans les glaces éternelles et en même temps une fine analyse psychologique du frère et de la sœur Liakhovic.



En prime, l’auteur nous apprend beaucoup sur les conditions de vie hasardeuses du peuple iakoute dans cette partie de l’immense toundra et le danger que posent les projets industriels des potes de Poutine. Il s’offusque avec raison de la chasse à l’ours blanc, une espèce en voie de disparition, que les Russes offrent aux fortunés Européens et Américains !



La langue et le style de Patrice Gain sont remarquablement précis et presque aussi littéraires que "La Chartreuse de Parme" de Stendhal, pour rester dans le même registre des moines-ermites.

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Le sourire du scorpion

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Après l'aventure rocambolesque en Alaska de "Terres Fauves ", Patrice Gain nous entraîne dans le canyon de la Tara dans le Monténégro .

Là , une sympathique petite famille part faire du rafting avec un guide pour le moins mystérieux .



Dès le début , naît le suspense . Une intuition maléfique habite la mère qui tente en vain de convaincre sa famille de renoncer à l'expédition en évoquant leur inexpérience .

Les difficultés ne vont bien sûr pas tarder et l'ombre du danger va peu à peu s'étendre .

Difficile de résumer sans trop dévoiler les péripéties mais , plus on avance , plus l'angoisse monte .



Le retour en France , au coeur des Grands Causses est encore plus houleux que la descente des rapides .

Le déroulement de l'intrigue est subtil et jusqu'à la fin il ménage le suspense même si parfois on effleure le dénouement : il y a toujours un rebondissement .

Mais , l'aventure fictive va aussi permettre l'évocation d'un pan d'histoire et à un moment , on voit surgir toute l'horreur d'une guerre fratricide , bien réelle celle-là .



Au tout début de la lecture , j'ai trouvé une ressemblance avec le film " La Rivière Sauvage " de Curtis Hanson , avec Meryl Streep , même si la distribution des rôles est différente .

Ensuite , on va flirter avec l'atmosphère de " Délivrance " de James Dickey . L'auteur évoque lui-même l'ouvrage dans le récit .

Mais , le talent de Patrice Gain , c'est aussi de savoir élargir l'horizon du lecteur pour mieux le ramener à son propre univers .

Et là , je me laisse porter par une écriture fluide , énergique qui alterne entre force , sensibilité , gravité , humanisme et poésie .



Un auteur qui allie magnifiquement thriller et Nature Writing qui pourrait bien commencer à concurrencer ses éminents confrères d'outre- Atlantique , des maîtres du genre quand même !



C'est l'évasion assurée et j'ai trouvé cet ouvrage travaillé , documenté , bien construit très agréable à lire .



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De silence et de loup

Cet auteur n'en finit pas de me surprendre, de me balader, et de me laisser marquée et meurtrie quand je referme son livre.



Une sensation douce-amère en bouche et dans le cœur, je me remémore le chemin de croix que vient de me conter Anna à travers son journal de bord.

Est-ce qu'une femme, une mère qui a tout perdu peut continuer sa vie et poursuive son quotidien ? 

Lorsque votre enfant meurt puis que votre dernière compagne met fin à ses jours, pouvez-vous survivre à ces tragédies

Lorsque l'on vous apprend que votre petite fille, votre bébé, a subi des viols à répétition et que vous n'en avez jamais rien su, comment réagiriez-vous ?



Les mois ont passé et Anna, journaliste de télévision, a finalement décidé de s'exiler pour un temps au bout du monde, en Sibérie, loin de tout, lors d'une expédition scientifique.

Mais l'éloignement physique ne résout pas tout et les souvenirs, les démons et la culpabilité d'Anna vont ressurgir tout au long de son périple.

On pourrait croire que le froid endort la douleur et emporte les cris de chagrin dans son manteau blanc et silencieux. Mais là où elle cherchait la paix et l'oubli, elle trouvera une rédemption et, à force de réflexion, des réponses à certaines de ses questions.

En voulant aider et sauver les autres, elle aura peut-être réussi à alléger sa conscience en trouvant le vrai coupable.



Un nouvel hommage vibrant aux victimes silencieuses, trop nombreuses, qui subissent chaque jour les caresses de haine de leurs tortionnaires.
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Les brouillards noirs

Violoncelliste dans l'orchestre de l'Opéra de Lyon, Raphaël est ce soir-là en Bretagne, pour le dernier concert d'une tournée dans l'ouest de la France, lorsqu'il reçoit un appel de son ex-femme, Nathalie, dont il n'avait plus aucune nouvelle depuis leur divorce, presque 12 ans plus tôt, et qui était partie avec leur fille, Maude. Et c'est justement de cette dernière dont il s'agit. En vacances avec son petit ami sur les îles Féroé, elle ne se trouvait pas à l'aéroport alors que sa mère l'y attendait et est injoignable. Si Nathalie a contacté la police sur place, malheureusement, ils ne lanceront aucune recherche, Maude étant majeure et rien n'indiquant qu'elle est en danger. Au retour dans le minibus qui ramène l'orchestre vers l'aéroport, Raphaël se ronge les sangs, convaincu que la seule chose à faire est de se rendre sur place...



Un climat hostile avec des vents tempétueux, un froid glacial, des pluies torrentielles, des insulaires pas des plus accueillants... En arrivant sur place, son Mirecourt sous le bras, Raphaël Chauvet se demande bien pourquoi sa fille a choisi cette destination pour des vacances en amoureux. Très vite, il apprend qu'elle fait partie d'un groupe de militants de l'ONG Ocean Keeper, dont certains vont être jugés, sur place depuis quelques jours pour dénoncer et entraver le bon déroulement d'une pratique ancestrale, sanglante et archaïque, le grindadráp. Une chasse aux baleines pilotes et aux dauphins, très ancrée dans la culture féroïenne, mais aujourd'hui controversée. Loin d'être bien accueilli, aussi bien par les insulaires que par la consule, Raphaël ne va pouvoir compter que sur lui-même, sur son instinct de père et quelques militants, inquiets eux aussi du sort de Maude. Outre cette enquête d'un père rongé par la culpabilité, découvrant peu à peu ce qu'est devenue sa fille, ce roman, profondément noir, aborde intelligemment les notions d'engagement, de traditions, d'écologie et de deuil. Nous plongeant dans une ambiance austère, de par cette inhospitalité humaine et climatique, prenant pour décor des paysages tout aussi désolés que vertigineux, Patrice Gain nous offre un roman à la fois sombre et lumineux, violent et mélancolique et nous prouve que l'amour entre un père et sa fille demeure à jamais inaltérable...
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Denali

Matt, jeune adolescent, est en train de tout perdre et voit sa vie se déliter sous ses yeux : un père décédé, une mère internée, un grand frère absent.⁣

Recueilli par sa grand-mère dans sa ferme du Montana, celle-ci ne tarde pas non plus à lui fausser compagnie en mourant subitement.⁣



Matt est seul. Mais il est aussi plein d'espoir et de naïveté. Ce combeau ne sera pas gagnant, je vous l'affirme. ⁣

Dans sa solitude, il va de découverte en découverte, sur sa famille, ses origines, sur qui il est lui-même. ⁣



Matt n'est pas policier mais il va se lancer dans une enquête sur qui étaient ses parents avant leurs naissances, à son frère et lui. Et l'on peut dire que ses parents ont eu une toute autre vie auparavant.⁣



Ce périple initiatique prend place en grande partie dans le Montana. Un État qui peut tout donner et reprendre brutalement. La survie de Matt dépend de cette nature sauvage et jouissive qu'il vaut mieux avoir apprivoisée avant de s'y aventurer.⁣



Le polar est ici, dans la survie et le suspense quotidien du lendemain, dans les recherches et les réponses que l'on espère pas.⁣



Le passage à l'âge adulte de notre héros est plus que violent et solitaire. C'est le cœur serré que j'ai suivi son périple, ses embûches et ses quelques rares rencontres bienfaisantes.⁣



Des mots de confiance et de naïveté, forts et touchants, m'ont parfois donné envie de secouer Matt comme un prunier mais le pauvre a déjà assez subi.⁣



Premier lecture de cet auteur qui fait la part belle aux contrées sauvages et la nature qui sait régner en maîtresse.⁣



Une belle lecture qui m'a faite voyager.⁣





L'avez-vous lu ? Connaissez-vous cet auteur ?⁣



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Terres fauves

L’écrivain et narrateur new-yorkais David McCae est chargé de rédiger les mémoires du gouverneur Kearny, qui, afin de parfaire son image, souhaite un chapitre sur son amitié avec le célèbre alpiniste Dick Carlson, premier Américain à avoir porté la bannière étoilée jusqu’à un sommet inviolé de plus de 8000 mètres. Ce sportif habitant en Alaska, David accepte à contrecoeur de quitter son confort citadin pour se rendre dans une contrée sauvage, dont l’inhospitalité n’aura d’emblée d’égale que celle de son hôte. Et encore est-il loin de se douter du cauchemar qui l’attend…





Ce roman démarre doucement pour se transformer sans crier gare en un récit d’aventure en pleine nature et un thriller noir au suspense si addictif qu’il vous sera impossible de le lâcher avant son dénouement. Surprise par la tournure de l’histoire et aussitôt subjuguée, j’ai réellement désespéré de la terrible descente aux enfers de ce fragile citadin si peu armé pour les épreuves qu’il traverse. Mais c’est un peu comme si l’infernale beauté et la brutalité sans concession des grands espaces mettaient à nu les personnalités, les révélant à elles-mêmes en les poussant loin des faux-semblants, jusqu’au tréfonds de leurs ressources, parfois insoupçonnées...





Dommage que l’ensemble soit affaibli par son insuffisante vraisemblance, qui m’a d’autant plus gênée que, par hasard, je venais de lire l’autobiographique et véridique Croire aux fauves de Natassja Martin. L’élan du récit aurait presque pu effacer ce regret si je n’étais restée coincée sur une incohérence : l’ordinateur portable que David continue opportunément à utiliser, comme si de rien n’était, alors qu’il a maintes fois tout perdu !





Nonobstant son manque de crédibilité, ce livre m’a offert un excellent moment d’aventure et de suspense au sein d’une nature sauvage et grandiose, où les fauves ne sont pas toujours seulement ceux que l’on attendaient.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Denali

Je vous l'ai dit , je crois , nous avons la chance , à Limoges , de pouvoir rencontrer de remarquables auteurs de romans noirs lors d'un superbe salon , " Vins noirs " qui prend de l'ampleur chaque année .Je n'en rate aucun , certain d'y faire de belles et enrichissantes rencontres . Parmi celles -ci , Patrice Gain .Je l'avoue , je n'avais jamais lu cet auteur et la discussion que nous avons eue m'a donné envie et j'ai donc choisi " Denali " aprés en avoir lu la quatrième de couverture et reçu quelques explications de ce charmant monsieur , qui , il faut bien le dire , n'avait aucune raison de ne pas l'être .

Bref , je viens de terminer cette lecture et , que vous dire sinon que je suis encore bouleversé , séduit , éprouvé , fatigué et surtout sous le charme .Un roman noir comme j'en ai peu rencontré , ou alors il y a longtemps .Quel dommage que le salon soit passé , j'aurais aimé exprimer ma satisfaction à cet auteur que , c'est désormais certain , je vais suivre de trés prés .

Le héros s'appelle Matt , il a quatorze ans , vit dans le Montana , est maltraité par l'existence et va encore voir fondre sur lui un chapelet de bombes de nature à déstabiliser le plus équilibré des hommes .Pour savoir quoi exactement , vous me connaissez , pas de délateur à la maison .Je peux simplement vous dire que " c'est chaud " et , surtout incessant et crédible .La force de Patrice Gain ? Pas une minute de répit du début à la fin , un style " offensif " fait de phrases simples , courtes , percutantes , comme tous les personnages que nous serons amenés à croiser tout au long du récit . Violent mais maitrisé , de l'action dans des huis clos à couper le souffle , les hommes dans tout ce qu'ils peuvent avoir de refoulé en eux , le meilleur comme le pire .

Et puis comment ne pas parler du somptueux cadre de l'action . Monsieur Dugain est un spécialiste de la montagne , je l'ai lu dans ses biographies , et ça se voit , ça se vit , ça se sent .La nature est perpétuellement présente , dangereuse ou salvatrice , nourricière ou sans concession ,une grande part de la force du roman reposant sur le rôle de prédateurs sans pitié de braconniers et ...de leurs clients .La question de savoir où monsieur Dugain veut nous emmener , quel camp a-t-il choisi ,n'est pas difficile à deviner et terriblement efficace . Oui , c'est un roman passionnant qui remet l'homme à sa place dans l'immensité des milieux et des éléments .

C'est aussi , à travers le personnage de Matt , la recherche de ses origines à travers le passé familial , une quête de repos de son âme et son esprit , une quête de bonheur dans une stabilité familiale source de quiétude et d'épanouissement personnel .

Mon épouse n'est pas friande de romans noirs et , pourtant , je viens de lui proposer cette lecture dérangeante mais formatrice et surtout esthétique .

Voilà .Je connais suffisamment les amies et amis qui me suivent et je devine que certains et certaines vont encore râler aprés moi , arguant que leur PAL est une vraie montagne , qu'ils ne savent plus où mettre leurs bouquine . Mais voilà , sur Babelio , on se doit de dire la vérité , toute la vérité mais rien que la vérité , et bien moi , Ma vérité , c'est que le Denali est un sacré bon spot d'escalade mais ...Attention , couvrez vous bien ...

bonne soirée et , à demain ... si vous le voulez bien...
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Terres fauves

Roman d'aventures ou de mésaventures, Terres fauves est un récit aussi trépidant que tétanisant au coeur des territoires nord-américains. C'est âpre, brutal, douloureusement hostile mais on s'immerge rapidement dans ce récit. Peut-être parce que Patrice Gain y évoque de manière formidable des territoires qui me sont totalement étrangers et la promesse d'espaces grandioses dans l'inconscient a la vertu de leur accorder un charme naïf. L'Alaska vous saisit irrémédiablement par la description de ses lacs gelés «couleur cendre froide» et de ses forêts d'épicéas noirs qui hébergent des ours féroces. Mais les véritables fauves ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

David McCae, écrivain indécrottablement new-yorkais, va en faire la douloureuse expérience lors de son séjour à Valdez, devenant la proie de redoutables prédateurs sur ces terres sauvages et carnassières qui façonnent le caractère de ceux qui y vivent.



Patrice Gain est un auteur bluffant. Dans un texte mené de manière souveraine, il parvient aisément à nous plonger dans un univers aussi attirant qu'inquiétant. Il dessine un roman sombre et éblouissant dans ses paysages tout comme dans son personnage principal. Si David agace au début par ses jérémiades, il s'étoffe au fur et à mesure qu'il se frotte à la réalité de cette région inhospitalière et à chacune de ses particules rugueuses pour acquérir une stature attachante. J'ai réellement été séduite par la facilité de Patrice Gain à s'imprégner des lieux et à s'en servir comme pour purifier son apprenti héros engagé dans une lutte contre des fauves qui sonne comme une bataille contre ses propres défaites.

C'est court, c'est rude, c'est efficacement construit, ce livre que j'ai dévoré est enthousiasmant au-delà même de l'histoire... sûrement l'effet de la découverte d'un auteur talentueux dont j'attends avec impatience la prochaine publication.
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De silence et de loup

Classé en policier, ce roman est surtout un roman d'aventure doublé d'un roman noir !

C'est le récit d'une expédition scientifique dans le Sibérie arctique, sur terre et sur un bateau.

C'est aussi le récit d'Anna, journaliste, partie là-bas pour non pas oublier mais au moins apprivoiser sa douleur après deux drames personnels.

Et enfin c'est en parallèle le témoignage de Sacha, religieux reclus, qui lit peu à peu le journal d'Anna, sa nièce.

Les drames vont s'entrecroiser, se durcir, devenir insupportables…



Ce livre inclassable ne vous lâche pas, et le récit à la première personne, sous forme de journal d'Anna, est pour beaucoup dans cette force.

L'atmosphère pesante et hostile, les tourments d'Anna et de Sacha, et le constat accablant sur les états prédateurs des ressources naturelles donnent un récit certes très noir mais passionnant pour le lecteur !

Beaucoup de talent de la part de Patrice Gain pour mener ce récit au rythme implacable, comme une tragédie glacée.

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