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Critiques de Patrick Declerck (40)
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Les naufragés

Le billet d'Apoapo me rappelle ce livre, lu il y a plusieures années. Il documente, en détail, la lente déscente aux enfers que constitue la déstruction d'un être humain par la négligence. Se retrouver à la rue, comme un sac poubelle. Jeté, refusé, éliminé. La honte, la colère, le chagrin, la pitié, la solitude, la peur et bien d'autres choses encore ....



Il y a quelques années, j'étais volontaire dans un hopital Bruxellois. Situé près de la gare du Nord, un quartier qui comptait pas mal de sans-abri. On en voyait régulièrement à l'hopital. Bien sur, on parlait avec eux. Ceux qui n'étaient à la rue " que" depuis quelques mois pouvaient encore exister dans un environnement ordonné. Car, c'est évident, dans un hopital on se lève plus ou moins tous à la même heure, il y les premiers soins, la toilette, le petit déjeuner, suivi d'examens, de traitements, de repos, de visites. Et il faut rester dans sa chambre, être à disposition pour examens et traitements. Alors, quand la vie est devenue un chaos, une quête continue de nourriture, boisson ou drogue, de vêtements, de compagnonnage, d'un endroit où dormir, tout ca est surréaliste. Rester dans une chambre toute la journée, moi ? Faire tout sur commande, manger, debout, assis ? Impossible !



Je me souviens de scènes cocasses, tragiques, folles. Beaucoup allaient fumer devant l'entrée principale, seul endroit où c'était toléré. Je me souviens de ce bonhomme. Admis à l'hopital, il faisait la manche à l'entrée, dans son pyjama au ras des fesses, avec son mât de perfusion. Il était content : "ca rapporte bien ici, ce matin je me suis déjà fait vingt euros ! " L'hopital ,bon enfant, inséré dans ce tissus social de la Gare du Nord, fermait les yeux ... Telle autre, hospitalisée avec son compagnon. le compagnon avait huit ans de rue. Il savait ce qu'il fallait faire pour survivre. Elle était en quelque sorte son apprentie - moins d'un an à la rue. C'est pourtant elle qui était difficile. Jamais a la chambre... Vous vous imaginez... "Mme. Dupuis à la radiographie ... comment VOUS NE SAVEZ PAS OU ELLE EST ?! C'est le bordel dans votre service ? !" . Et, bien entendu, à l'entrée principale, elle rencontrait ses copains, avec leurs caddies, caddies bourrés de canettes de bière. Quand elle a commencé à rentre ivre morte, il a fallu sévir . " Ce service est un service de chirurgie, les gens sont déjà nerveux, anxieux, parce qu'ils vont être opérés. Alors rentrer comme ca en beuglant à 23:00 heures, c'est inadmissible ! Un peu de respect pour les autres ! Si tu recommences, on ne peut pas te garder ! ". La nuit suivante, même histoire. On a fini par trouver un hopital qui l'acceptait encore.



Ce mélange - ingérable - de tragédie, de farce, de folie, d'anarchie ... C'est cela, c'est aussi cela. La kermesse de l'horreur.
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Les naufragés

Un livre bouleversant sur le monde des SDF. L'auteur y retranscrit son expérience au milieu d'eux en qualité de psychanalyste et ethnologue, entre 1982 et 1997. le ton est donné dès l'introduction. La suite est une compilation de tranches de vie aussi accablantes les unes que les autres, entrecoupées d'expériences personnelles de l'auteur, et suivies de son analyse théorique, es qualité de philosophe, anthropologue et psychanalyste. J'ai cependant l'impression de lire ce livre, privilégiant le lien avec la psychiatrie pour ces clochards de l'époque, un peu tard. Depuis, les choses ont changé, avec notamment une proportion de migrants beaucoup plus importante. Je présents qu'un bilan aujourd'hui serait différent mais certainement aussi accablant et termine cette lecture, un peu rapidement, frustré d'un bilan plus actuel.
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Crâne

Patrick Declerc nous donne à lire le journal de bord et soupape de déconnade qui précéda le grand charcutage de sa cervelle. En toile de fond, la crainte de l’écrivain (qui n’est pas sans un certain espoir de soulagement) de perdre (enfin) ses fonctions langagières. Semblant se considérer lui-même comme de la chair à trépanation, âme nourrie par le corps plus que corps animé par l’âme, l’inquiétude matérielle se faufile derrière des propos faussement spirituels dénués d’affectivités, éreintants, sans espérance. La relation avec l’écrivain ne s’établit pas malgré l’expérience, au moins symbolique, de la mort. Au-delà de son cerveau, appréhendé comme siège ultime de ses fonctions cognitives (version matérialiste de l’âme), Patrick Declerck ne veut rien percevoir. Le résultat en est assez bouffon, à l’instar de l’idéologie de notre temps.
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Les naufragés

Un livre simplement bouleversant qui raconte le monde des clochards.

Patrick Declerck nous livre son témoignage dans cet ouvrage tout autant essai que "carnet de route", et qui lui servira de thèse pour son doctorat.

L'auteur divise le livre en deux grandes parties: "Routes" tout d'abord qui raconte le terrain et l'expérience de Patrick Declerck, et "Cartes" ensuite qui prend un caractère plus théorique et clinique.

Declerck a, à plusieurs reprises, revêtu "l'habit" du clochard pour pouvoir s'immerger dans ce monde à part, cette marge de l'humanité.

En tant que psychanaliste et ethnologue, il tente de démontrer que la clochardisation est en partie liée à des troubles psychiatriques, une difficulté à appréhender le monde.

Un livre d'une grande humanité qui n'apporte pas forcément de réponses définitives et souligne toutes les carences du "système", l'absence de considération des pouvoirs publiques...

On ne sort certainement pas indemne de la lecture des "Naufragés".

Il serait par ailleurs intéressant de savoir quels visages revêt ce monde de la rue aujourd'hui.
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Les naufragés

Un livre inoubliable car nourri de l'expérience de l'auteur, de ses rencontres en tant que clinicien mais pas que puisqu'il s'est aussi laissé "embarquer" par le SAMU social, se faisant passer pour un errant et amener dans un lieu d'accueil. Cette expérience, dont il n'est pas sorti indemne (on "bascule" vite...), lui permet de dégager des axes de réflexion et de travail très pertinents. Il peut ainsi questionner avec une grande pertinence la notion de projet (logement, emploi, etc.) pour des populations dont le souci est de savoir comment subsister la nuit d'après, c'est à dire qui vivent une perpétuelle immédiateté.

A lire, à méditer, à ne jamais oublier l'histoire de Raymond, un SDF pour qui les travailleurs sociaux avaient fait beaucoup de projet...
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Les naufragés

Quel livre bouleversant! L'auteur nous fait plonger (c'est le bon mot) dans le mot des "clochards". Après de nombreux témoignages, l'auteur se livre à analyse approfondie du "fait". Très prenant, ce livre permet de voir le monde encore plus différemment....
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Les naufragés

Cet essai, publié en 2001 mais issu d'une thèse de doctorat dont les recherches se sont étendues entre 1982 et 1995 durant lesquels ont été réalisés entre 1500 et 2000 entretiens et plus de 5000 consultations de médecine à Nanterre, demeure un véritable monument, un classique de l'étude des sans-logis à Paris et de leur prise en charge médico-sociale.

Phénomène ambigu s'il en est, mêlant l'exclusion sociologique et la pauvreté extrêmes aux problématiques psychopathologiques de la désocialisation et des addictions, il est traité dans cet opus en deux parties : « Routes », qui est descriptive, laisse une large place à l'étude de cas et des lieux, en donnant également la parole à quelques sujets (par des verbatims et de leurs textes écrits) ; et « Cartes », qui est centrée sur l'analyste clinique et psychanalytique des soignés mais également des soignants, et notamment sur le fonctionnement du Centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH) de Nanterre, qui a conservé certaines règles et mentalités de l'époque encore récente (jusqu'à 1992) où le vagabondage était considéré comme un délit, la Maison de Nanterre était régie par une logique pénale, et le « ramassage » était coercitif. Grâce à ces deux parties complémentaires, toutes deux nécessaires et merveilleusement explicatives, commencent à se déconstruire les images confuses et angoissées que nous possédons tous, construites socialement et inconsciemment, d'un public inquiétant, et de politiques publiques que nous pressentons comme inefficaces et peut-être volontairement inadaptées, mais dont les causes d'inadéquation voire de perversion inconsciente ne peuvent apparaître qu'à la lumière d'une connaissance profonde, d'une proximité bienveillante et d'une analyse furieusement lucide, telles que celles de Declerck, formé à la philosophie et à la psychanalyse. De même qu'une approche uniquement sociologique (et politique) désubjectivante et victimisatrice des errants ne suffit pas à rendre compte du phénomène, de même l'idéologie qui fausse notre jugement et tend vers un totalitarisme prescriptif est insuffisante à la compréhension de la dimension inconsciente de nos peurs projectives face à cette altérité qui remet violemment en cause nos normes de vie.

Cette publication a trouvé sa place dans une collection d'ethnologie et d'anthropologie militantes : « Terre humaine » fondée et dirigée par Jean Malaurie. Une postface – que j'ai lue en premier – constituée d'une lettre de Malaurie à Declerck et de la réponse relative, fait état d'une relation d'amitié au moins décennale de ces deux hommes, et d'une interrogation fort compréhensible auprès du lectorat sur la motivation de l'auteur à consacrer une grande partie de son activité professionnelle à un public aussi inhabituel : y aurait-il une vocation religieuse ? ou au moins une philanthropie exacerbée ? L'auteur (cf. infra cit. 8) répond par la négative, avec l'expression de sentiments que les lecteurs de Declerck ont pu connaître par ses ouvrages (y compris fictionnels) postérieurs, mais qui laissent pantois sachant que, durant ses années de formation universitaire, l'auteur a su se faire passer pour lui-même un clochard afin de pénétrer dans la Maison de Nanterre et en voir le fonctionnement du point de vue d'un soigné... Aime-t-il les SDF ? La beauté du réel dans toute son abjection. Renie-t-il sa propre composante sadique ? Même pas. Le fait est que sans doute situés à l'extrême du spectre des psychopathologies sociales, les errants et leur étude nous renvoient comme sous une loupe agrandissante à nos propres dysfonctionnements à la fois sociaux et psychiques, en ceci que, conformément à l'aphorisme de Wittgenstein cité en exergue de l'épilogue : « Ils sont pour ainsi dire tous méchants et tous innocents ».



PS : Gros regret pour le fait que les nombreuses illustrations dans le texte, particulièrement celles des œuvres picturales, aient une si piètre qualité d'impression.
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Le sang nouveau est arrivé : L'horreur SDF

Un pamphlet vigoureux et emporté sur les SDF, dont l'auteur, philosophe de formation et membre de la Société psychanalytique de Paris, a déjà prouvé une très profonde connaissance par un travail de terrain célèbre et fort intrigant intitulé Les naufragés.

De nombreux lieux communs sur les SDF et sur la désocialisation en général sont démentis par une logique et une rhétorique impeccable. La thèse de l'ouvrage est que, loin de s'occuper de porter une aide à ces démunis, la société est tout occupée à les conserver voire à les afficher, dans une proportion toutefois maintenue raisonnable, car "le SDF [...] joue sur la scène du théâtre social un double rôle essentiel. Celui de la victime sacrificielle. Et celui du contre-exemple" (p. 104)

Est-on prêt à suivre l'auteur jusqu'au bout de sa péroraison? Il répond lui-même que "Nietzsche disait que la valeur de l'homme se mesure à la quantité de vérité qu'il peut supporter. Précisément..." (p. 91)
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Les naufragés

Lucide et sans concession - exceptée la transposition sur le papier - cet ouvrage de Patrick Declerc retrace les parcours qui enferment l'individu dans la case "SDF". Rien ne les épargne, ni les tenants, ni les aboutissants. C'est avec un recul nécessaire qu'on avance dans la lecture, lorsque les conditions de vie si clairement décrites offrent un sombre tableau qui prend aux tripes.



Ce bouquin semble avoir été écrit avec les tripes d'ailleurs, au moins autant qu'avec la tête. Il ne pouvait en résulter que du bon. Le constat d'accablement qui s'empare de nous à la fin du livre, presque inévitablement, est vitre contre-balancé par la rage sourde à l'encontre de la situation des personnes SDF, ainsi que d'une meilleure compréhension de leur difficile vécu.



A recommander.
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Socrate dans la nuit

Voilà un auteur qui a du coffre : il écrit bien, il a de la matière mais... il est super angoissé. Du coup, nous voilà embarqué dans ses peurs, ses colères, ses déprimes et au bout de la 100 ième pages, on n'a qu'une envie, de faire, comme dans l’exergue : "foutre le camp ! il faut foutre le camp !" Léon Tolstoï à Astapovo. Pourquoi ? parce que c'est super angoissant.



Ce roman presque autobiographique raconte la maladie et la mort de Cornélius. Alternant des chapitres sur le suicide de Socrate et ses souvenirs Cornélius nous file le cafard. Car il va mal Cornélius, il s'accroche à la philosophie et à la psychanalyse pour faire face mais faut avouer que ça tourne en rond dans sa tête "toujours, dans ce cimetière, entre les pensées mortes, aveugles à elles-mêmes, la conscience errante se cherche". Il essaie l'humour mais il est noir et quand entre deux giclées d'urine pleine de sang on passe à table on en fait une indigestion "en entrée, il y a le choix entre le pâté grand mère, crudité, charcuteries corses. En plat : tête de veau sauce gribiche, rognons moutarde, entrecôte béarnaise". Le récit est adressé à la fille de Cornélius car le pompon c'est qu'en plus d'avoir un cancer inopérable au cerveau, notre héro est en froid avec son unique rejeton. Côté sexe c'est pas mieux et puis au fil des pages, les maux de tête, la vue qui se trouble, les symptômes, la solitude, la déprime... C'est désespéré mais enfin j'aurais pu m'en douter vu que ça commence "je suis mort le 5 août 2005, à 8h47". Bon je rassure le lecteur de cette chronique, Declerck bien qu'effectivement atteint d'un cancer inopérable est encore bien vivant et ça c'est la seule bonne nouvelle du roman. L'auteur est vivant !
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Garanti sans moraline

quelques nouvelles incisives, qui poussent à l'interrogation sur l'humanité de l'homme, et qui déconcertent par les prises de conscience implacables qu'elles livrent sur un mode souvent outrancier. A lire d'urgence pour le grand coup de frais donné à des problématiques que l'on nous a accoutumés à traiter avec beaucoup plus de détours.

Profitez de cette lecture pour vous réveiller!

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Les naufragés

Tout est dit dans la critique de Maltese. :)



Ce livre est vraiment très enrichissant et je n'aurai plus le même regard sur ces personnes que nous côtoyons si souvent sans jamais les rencontrer.
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Crâne

Alexandre Nacht, dont on sait bien qu'il s'appelle en fait Patrick Declerck, sait depuis 8 ans qu'il a une tumeur cérébral, à potentiel évolutif lent, mais susceptible de se cancériser. Là, étape cruciale, il est dans sa chambre d’hôpital et attend pour demain la chirurgie qui a été finalement décidée et va lui ouvrir le crâne. Une chirurgie en pleine conscience, pour qu'il puisse aider le chirurgien dans sa progression, avec un risque vital ou majeur de 3%.



Et donc, il est seul dans la nuit, voulant vivre pleinement ce qui est peut-être ses dernières heures. Et pour lui, vivre pleinement c'est écrire et penser. Mais bien sûr, le lecteur le sait, et l'écrivain en train d'écrire aussi, il survivra. Du moins pour le moment. Depuis le début, il crâne. Et se regarde crâner, sans se duper, dans un effort soutenu depuis ces années. Par un choix des armes que sont le cynisme, le contrôle, la provocation, même, plutôt que les larmes et l'auto-apitoiement.Il voit ce qu'il y a de dérisoire dans cette crânerie, qu'il s'attache à moquer elle aussi : elle masque sans cacher, ne rend pas meilleur, ni plus fort; elle est juste un moyen de continuer lucidement, en payant le moins possible.



Dans cette nuit effrayante tout à la fois interminable et trop brève, Nacht vaque de pensées sombres en évocations farceuses, de réflexion philosophique en blague de potache. Il s'enfile la lecture d'Hamlet, tient le compte des femmes avec qui il a couché, va du sordide au joyeux, se laisse sans savoir guider par son esprit vagabond. Sans savoir? Si, en sachant très bien qu'il veut bien mourir, peut-être, mais décemment. Et quand il le faut, toute cette dysporie cède la place à l'action, et là, il n'est plus question de tergiverser.



Et donc, il en est revient. L'histoire n'est pas finie. La tumeur est toujours là, tapie, et si Nacht a remporté cette première victoire, elle le guette et le nargue. Et Nacht bien sûr, homme d'écriture, se doit de raconter, de remercier ces médecin qui l'ont impressionné par leur "inimaginable respect" autant que par leur performance technique, d'offrir ce récit dérisoire et primordial,cette farce tragique, à la connaissance et à la réflexions des autres hommes, qui tout comme lui, mourront un jour, quelle importance? Puissent-ils en rire.
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New York vertigo

P Declerck est belge et méchant,

J’aime bien la Belgique : le bureau d’information de la gare du midi à Bruxelles, la gare d’Anvers,

Ostende et ses filles du bord de mer, James Ensor, Léon Spilliaert, le Simenon des romans durs, Henri Michaux, le grand Jacques, Arno et sa mère.

J’aime aussi les méchants, pas les pisseux récriminant non, les acerbes

Retour à New-York donc, sur les traces du 11 septembre 2001 et des souvenirs de jeunesse passée par l’auteur à Manhattan. Mais il a l’œil d’un sniper et d’un mélancolique, le bougre. Tout le monde passe sur le grill de ses mots, y compris lui-même.

Patrick Declerck est un pessimiste un vrai romancier et pas un doreur de pilule sur papier, qui s’est frotté plus de vingt ans à la misère humaine la plus déshéritée... D’où quelques convictions qui feront frémir certaines âmes. Nous ne sommes pas loin des « Naufragés »

Ses pages contre les religions : musulmane, juive, chrétienne contre Donald Trump sont d’un épique alliant Pierre Desproges à San Antonio.

…" à travers tout, je me sentirai toujours plus proche de ces pitoyables déchets-là, que de l’informatiquoïde expert-comptable du coin. Et, à tout prendre, s’il me fallait absolument fréquenter mes semblables, je les préfèrerais toujours quelque peu regrettables autant que légèrement répugnants. Et à tout prendre, s’il me fallait absolument fréquenter mes semblables ;je les préfèrerais toujours quelques peu regrettables autant que légèrement répugnants .Il est toujours plus de claire et franche honnêteté dans la crasse que dans le parfum .Et puis ,pour tout dire, les bonnes manières de cette exquises postmodernité me dégouttent et puis… fuck it all ! »

Allez, frère humain Patrick Declerck, tu n’es pas toujours fréquentable mais on t’aime bien.

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Les naufragés

Une réflexion passionnante quant aux conditions de vie des "gens de la rue", dotée d'un positionnement éthique et politique des plus appréciables lorsqu'on s'intéresse à ceux "dits" en marge de la société. La proposition théorique impose de penser, de s'extraire d'une logique binaire pour approcher l'autre, lui-aussi humain.
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Le sang nouveau est arrivé : L'horreur SDF

Un pamphlet social qui arrive direct dans la face, un bourre-pif de phrases rythmées qui pique le nez, le sang nouveau est arrivé dénonce l'horreur de la rue entretenue par un système qui a besoin de ses clodos pour garantir sa productivité. Declerck est un maître dans sa discipline. Forme et fond forment un tout où la politique, la psychologie et la poésie se jouent de la bêtise humaine. On m'a raconté qu'à une question de journaliste lui demandant pourquoi il s'infligeait cette vie là, il avait répondu d'un laconique mais surpuissant "J'ai souffert." Cela résume assez bien le personnage et l'écrivain. Balancer la vérité de la façon la plus violente et la plus intelligente dans la face du monde était son sport favori.
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Les naufragés

Un livre vivant et passionnant qui nous plonge dans les bas-fonds sans pour autant nous lasser. On ne s’ennuie jamais et l’humour de l’auteur nous fait passer la pilule. Cependant, Patrick Declerck est psychiatre, et si la grille utilisée nous livre certaines clefs importantes ( les clochards boivent pour éviter la rumination, c'est-à-dire, le souvenir obsédant d’un traumatisme), elle en biaise parfois d’autres. Les clochards, nous dit l’auteur, sont masochistes. Alors que le personnel de Nanterre leur a précautionneusement rangé les papiers dans une armoire, papiers qui leur permettent d’obtenir des aides, la moitié d’entre eux les réclame avant de partir pour une beuverie, … et les perdent systématiquement ! Quel masochisme en effet ! Sauf …. que des papiers, ça se vend ! Les clochards vivent au jour le jour, drogués par l’alcool. On sait bien que n’importe quel drogué fera tout pour se procurer sa came sans songer au lendemain. De plus l’auteur s’interroge sur le fait que ces personnes ne rentrent pas dans le cadre, même si on voit dans leurs discours les raisons qu’ils invoquent. Patrick Declerck laisse ces arguments de côté. La vie asservissante d’un travailleur en usine qui les saoule ne semble pas un argument suffisant à l’auteur pour vouloir lâcher prise et s’envoler avec les potes vers le sentiment de liberté que doit leur provoquer leurs envols vers la folie des déliriums trémens…. assourdissants, anesthésiants…. Portes d’un lent suicide inconscient !

Les psy s’interrogent toujours sur le pourquoi ne rentre-t-on pas dans le moule ? Jamais il ne leur vient à l’esprit, certainement du fait de leur condition sociale et de leur formation, de se demander pourquoi la plupart des gens rentrent-ils dans ce moule. Comment s’y prennent-ils ? Quelle est le mode d’éducation qui est parvenu à les formater à ce point ? Comment parviennent-ils, durant toute une vie à se lever contre-nature, à manger sans tenir compte de leurs besoins originels, à travailler sans plaisir pour l’enrichissement d’un autre …. Payer leurs taxes, leurs frais de voitures … etc… juste pour pouvoir travailler ! Le travail n’est pas un loisir ! Mais il n’est pas de bon ton de l’avouer. On préfère le nier, c’est mieux vu. Les classes « bien pensantes » ont tendance à l’ignorer, parce que certains métiers sont passionnants … mais ceux-ci sont bien-sûr réservés à l’ « élite ».

Les clochards ont très peu été éduqués, et de ce fait, deviennent inaptes à accepter leur condition et leur futur. Ils ont tenté d’y croire, de se battre, de travailler, puis un jour, ils ont renoncé. L’abus d’alcool, de drogue ou de folie ont fait le reste !

L’auteur avance que la pauvreté rend les gens méchants. Pour moi c’est un raccourci qui ignore les effets de l’alcool et de la destruction du cerveau qu’il engendre, d’une part, et celle issue des traumatismes. Pour moi, la violence subie, le sentiment d’injustice et l’impression d’être dans une voie sans issue mêlés aux conséquences des drogues et de l’insécurité sont les souffrances qui engendrent la violence. Combien de peuples pauvres sont d’une gentillesse remarquable ? Dire que les pauvres sont méchants n’arrangerait-elle pas les classes favorisées ?

Hormis ces quelques critiques que je me suis autorisées, j’ai apprécié cette démarche.

Qui ne s’est jamais posé la question de la clochardisation dans un pays où les aides sociales sont particulièrement développées ? Les naufragés sont une tentative de réponse à cette question, une trace du passage sur terre de ces laissés pour compte.

L’auteur a raison. Non, il n’y a pas de solution pour ces pauvres gens, les dés sont jetés depuis trop longtemps, peut-être même avant leur naissance, dit-il, dans le ventre de leur mère qui buvait elle-même, pour certaines d’entre elles au moins.

Et c’est tout ce désespoir que leur histoire peut nous transmettre…. Celui de leur vie, leur passé, leurs projets qu’ils n’ont pas, le cadre dans lequel ils sont nés, celui dans lequel ils sont sûrs de mourir, quoi qu’il arrive. Le destin.

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Les naufragés

Je remercierai jamais assez cet auteur qui m'a fait rentrer dans le social par le biais de l'exclusion.

Un très bon livre qui n'expose pas mais oblige à regarder ceux et ce que l'on évite.

Tel le miroir placé en salle de consultation il nous invite à regarder notre images, nos craintes, nos rejets, car au travers de ces gens, ou plutôt de ce qu'ils nous inspirent, il n'est question que de nous.



A lire lire lire lire lire lire lire lire
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Les naufragés

Une très bonne enquête, une réalité bouleversante.
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Les naufragés

Les naufragés, "splendeurs détruites", malades chroniques et incurables, clochards pas célestes pour un sou, sacs à vins incontinents... mais humains malgré tout... et juste là, en bas de chez nous... jusqu'à ce qu'ils meurent sans qu'on y puisse rien.



Declerck, t'es un bon. Je savais que les belges, c'étaient des cracks mais là... J'ai eu l'impression que David Goodis et Cizia Zyke s'étaient perdus aux rayons psycho juste après avoir trainés trente piges à Nanterre avec des clodos... Du grand art.
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