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Critiques de Patrick Lucisine (15)
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Baisser la garde

Dans le passé lointain, j'ai lu passionnément du Saint Augustin et du Pierre Abélard (curieusement, grâce à l'érudition et au charisme de mon professeur de l'histoire de la musique ancienne). Plus récemment j'ai fait connaissance (en version originale) des poésies de S. Averintsev, Blok, Brodsky, Bounine, Volochine, Hippius, Dostoïevski, Essenine, Mandelstam, Merejkovski et de beaucoup d'autres, réunies dans l'opuscule « Les vers de Noël » que j'ai acquis à la nouvelle église russe au bord de la Seine à Paris. Pour moi, l'oeuvre de Patrick Lusicine rejoint ce cénacle.

Je suis un peu claustrophobe des religions. Ma « porte ouverte », c'est la création, je me « philosophe » toujours une sortie. Je suis pour une spiritualité universelle, évoquée dans le Jeu des perles de verre de Hermann Hesse, et pour l'Art comme religion (Kunstreligion). Et pourtant je ne prierais pas d'intervenir mon dieu la Plume ! En dernier recours il y a quand même cette force et présence que Patrick Lucisine appelle Lui. Cependant ma relation trop intime avec Lui m'est impossible à partager avec les autres sauf éventuellement avec mon enfant. C'est là que résident mon respect et mon admiration pour l'écrit de Lusicine : il a réussi sa tâche difficile et nous dévoile le cheminement de son coeur avec une sincérité touchante et pudeur, sans jamais sombrer dans le «mysticisme hystérique».

Si le thème spirituel vous empoigne, ces phrases de Patrick Lucisine résonneront particulièrement dans votre esprit :



« si donc

temps

espace

sont infinis

il y a une infinité de chances

que tu existes

que tu n'existes pas

que chaque chose existe

que chaque chose n'existe pas

l'univers s'annihile

se dévore





pourtant

tu existes



et chaque chose existe » (page 39)





Je crois qu'au commencement, il était une parcelle de naïveté que l'auteur a su cultiver en lui au lieu de la chasser hautainement. Elle a donné un fruit remarquable. Je pense à la beauté de ce texte aux seules majuscules attribuées à Lui, à sa disposition sur la page, ses « blancs » qui interpellent à l'instar des silences dans la musique contemporaine et pareillement aux morceaux d'Anton Webern qui transfigurent l'auditeur. Ces vocables égrenés sonnent tel le frisson d'une harpe qui n'importune jamais.

Pourquoi « baisser la garde » ? Lisez cette oeuvre à part, ne résistez plus !

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Baisser la garde

Je ne crois pas en Dieu, ni au Diable, ni en une quelconque entité supérieure, cette chose évanescente, vaguement cosmique.

Je me méfie comme de la peste du spiritisme et de la foi, source d'infernales embrouilles tout au long de notre longue histoire.

Il est grand temps de tourner définitivement la page si l'on veut un jour avoir une chance de regarder vers les étoiles…

L'homme est seul dans sa vacherie de vie. En cela, les élucubrations du « Voyage au bout de la nuit », me paraissent bien plus réalistes que celles de nos dévots, déistes et autres crédules de tous poils…

Tout ça pour dire que les premiers mots de Patrick Lucisine ont singulièrement rembruni l'athée et le mauvais sujet que je suis…

« Curieux mot en équilibre qui commence par la lettre D » ; « Ma foi relève de l'échafaudage » …

Et pourtant !

Du bel ouvrage, ce recueil ! Des mots pesés, soupesés, choisis avec soin avant d'être livrés en pâture au lecteur. Et ils font bigrement réfléchir, pas seulement parce qu'ils sont beaux et qu'ils sonnent juste.

Singulière déconstruction de l'auteur, mot affreux, émasculateur, pourtant à la mode ; patient et méthodique détricotage, fil par fil, de ses pensées, de ses expériences spirituelles, de ses énormes doutes, de ses espoirs et de ses déceptions.

Quel soin donné aux détails, quelle impressionnante méticulosité !

Singulière expérience pour moi. Outre l'élégance et la délicatesse des mots, c'est ce que l'on devine entre eux que je trouve passionnant. le silence. le vide. L'élan. le souffle qui anime. C'est dans cet espace, cet interstice, ce grand blanc que Patrick Lucisine pourra trouver ce qu'il cherche éperdument. Ce retour aux origines. Ce désir fou de regarder autrement... Il faudra bien qu'un jour il me dise s'il est parvenu à ses fins…

Ouvrir son âme pour trouver le beau dans le rien, l'insignifiant, l'anodin, n'est pas donné à tout le monde.

Lisez ce livre en picorant de ci de là, et essayez de trouver la porte secrète…

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Baisser la garde

Dans Baisser la garde Patrick LUCISINE nous livre en vers libres une réflexion de longue haleine sur une question qui taraude et divise l’humanité depuis toujours : l’existence ou non d’une force supérieure. Qu’on l’appelle Dieu, Ça, Il, Créateur ou Machin chose. Sans dérive ésotérique avec des mots simples et soigneusement pesés, ce scientifique rêveur extrait l’essence du cheminement de ses questionnements, de ses réponses, de ses absences de réponses, et nous les partage. Il le fait par des écrits dépouillés, une plume épurée, sobre et élégante.



Au-delà du carcan des religions, des rituels, des prières, et de toute l’étroitesse dans laquelle ce thème se trouve enfermé – étroitesse d’esprit, politiquement correct, poids de la société, des traditions, de l’histoire – au-delà de tout ceci une spiritualité libre, propre à chacun et non estampillée, étiquetée, classée est-elle possible ?



Pour être très honnête (je l’ai promis à Patrick) en tant qu’athée convaincue et amoureuse de la liberté ; la foi, la religion, et tout ce qui en découle ne sont pour moi que contraintes et chaînes qui infantilisent et empêchent de vivre pleinement (je ne veux choquer personne ce n’est pas de la provocation juste mon avis personnel). Trop de règles d’interdits de folklore et en plus il paraît que la gourmandise est un pêché ! Quelle idée. Je n’étais donc pas la mieux placée pour apprécier ce livre. Mais j’ai aimé l’écriture et la façon d’aborder le thème.



Si croyance en une force supérieure il y a, il me semble bien plus naturel qu’elle se fasse instinctivement en dehors de toute obligation, loi, règle et de manière personnelle. Ce que je retiendrai de ce petit livre en vers libres c’est que l’important est de laisser l’autre vivre sans le juger et sans chercher absolument à le ranger dans une case. On a déjà du mal à coller les étiquettes qui correspondent sur nos livres alors sur des gens…



Merci Patrick pour ta confiance. J’espère ne pas être passé à côté de ton message et je salue ton courage car c’est un sujet sensible et casse-margoulette qui déclenche parfois les foudres de certains. Une réflexion ouverte tout en nuance et en questionnement ne peut être que positive.

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Baisser la garde

Le poème de mon ami Patrick (Dancing Brave ) m'a dérouté au début, par sa forme ; puis je me suis complètement retrouvé dans les assez nombreux échanges et points communs que nous avons tous les deux.

Baisser la garde.

Pour psychologie.com, c'est analysé ainsi, au sujet des relations hommes/femmes :

"La prise de risques est bonne si on a envie de changer sa façon de vivre. Elle implique de bouger et de ne pas rester chez soi en attendant que l'amour arrive. Personne ne viendra à la fenêtre dire coucou, je suis le prince Charmant."



Chez Patrick, je vois aussi une prise de risque pour changer de point de vue comme le célèbre ( Mr) Doubtfire, Robin Williams/ Prof Keating dans l'excellent "Le cercle des poètes disparus" :

-- Les élèves, montez sur votre table, vous verrez les choses autrement.

Patrick, avec philosophie, voit les choses autrement, car les certitudes de la foi religieuse avec ses impératifs, les certitudes de la rigueur scientifique avec ses impératifs spacio-temporels sont des doxas critiquables !

Critiquables ?

Eh oui, il y a un truc, autre chose : Il est là (... La Majuscule, longtemps je me demandais, c'est fait exprès pour une multi-interprétation, je pense, ce que faisait cette unique majuscule dans ce poème en minuscules : Il, Lui, Néant, Ca ...)

Il y a un truc, un doute ( je doute donc je suis, dis-je pour reprendre quelqu'un ), une intuition, une attention, une écoute que nous ne savons plus avoir, stressés, angoissés conditionnés que nous sommes par la religion ou la science, il faut réapprendre à écouter notre coeur, il faut débrancher :

"Débranche

Débranche

Coupe la lumière et coupe le son

Débranche

Débranche tout

Débranche, débranche, débranche tout

Revenons à nous

Débranche tout"

Oui, il faut revenir à nous !



Alors Il surgit, sous forme d'un chevreuil, par exemple, moment magique... Tiens, avec Lise, en rentrant ce soir, j'ai pensé à toi, Patrick : nous avons vu cinq magnifiques chevreuils, soirée de joie pour nous, sourires aux lèvres ...



. Pour moi, ce "truc" de Patrick, c'est le spiritisme, c'est mon père là-haut, que j'entends parfois quand j'écoute, quand je fais attention, et que je rejoindrai, comme Socrate a certainement rejoint Homère avec qui il voulait parler.

Non, il n'y a pas de fin (Patrick, page 94 ), et oui, la confiance est supérieure au savoir, comme le disent les humanistes "Une tête bien faite..." ; ou "Science sans conscience..."



Voilà-voilà ; bravo Patrick !

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Baisser la garde



Pas de ponctuation. Pas d’alexandrins. Pas de rimes. Des mots simples mais soigneusement choisis se détachent entre de grands espaces blancs, murmurés dans un souffle.



Ceci est un livre de courage, le courage de celui qui ose avouer ses doutes. Et si le ciel n’était pas vide ? Comment croire à l’invisible ? Quelle est notre place d’homme dans ce monde ?



Patrick Lucisine écrit avec sincérité. Il se questionne sur ce que peut être la foi. En toute humilité. Je le remercie d’aborder ce sujet sensible personnel et combien tabou. Ce texte me parle parce qu’il me renvoie certaines de mes interrogations, certains silences. Croyante, moi aussi je doute parfois.





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Baisser la garde

C'est avec beaucoup de reconnaissance et de joie que j'ai reçu de la part de Patrick son recueil de poésie,

comme un examen de confiance.



Des vents contraires nous ont amené à devenir amis, à nous rencontrer, à partager nos critiques, à faire des lectures communes.



J'en conviens, je ne suis pas tout à fait en terre inconnue en lisant ses poèmes. Les thèmes chers à Patrick abordés dans son recueil, sont loin de m'indifférer pour en avoir échangé avec lui. Il m'a fait revenir sur un chemin que je n'empruntais plus, mais pour lui répondre, il m'est apparu nécessaire et enrichissant d'accepter de le retrouver.



Cela reste une écriture personnelle, intime, unique, d'une grande qualité poétique.



Baisser la garde, afin de sortir de la brouille de nos pensées et se laisser aller vers l'inconnu. Cela implique au préalable de passer par l'étape la plus difficile, lâcher prise, cheminer en acceptant de ne pas voir tout le chemin trop vite….renoncer à l'égo…. et je ne vous en dirai pas plus, car les poèmes ne se racontent pas.



J'exprime seulement mon ressenti, Patrick à son insu, m'a remis sur le chemin. J'ai été très touchée par ses mots, pensés, calibrés, médités qui en faisant un tout, nous laisse un message d'espérance, de liberté de choix.



Patrick, c'est un poulain de Bobin, mais il ne le sait pas car les humbles ne savent pas qu'ils le sont, c'est pour cela qu'il l'est.



Merci d'être ce que tu es et nous faire partager, dans baisser la garde une confession intime, majeure dans ta vie, avec tes mots si bien agencés.

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Baisser la garde

Les échanges entre lecteurs derrière lesquels se cachent parfois des auteurs permettent de belles rencontres. Certains amis Babelio m’avaient fait le plaisir de répondre favorablement à ma demande de critique (objective) lors de la sortie de mon recueil de nouvelles. Cette fois, c'est moi qui joue ce rôle. C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai parcouru la poésie de l'auteur. Le parfum poétique est présent à chaque page et on se laisse emporter par un flot doux et amère parfois, parce qu'il nous ramène au sens minuscule de nos vies dans un univers que nous comprenons si peu ou plutôt que nous cherchons trop à cerner, alors qu'il faudrait peut être baisser la garde et laisser infuser l'idée apaisante d'un architecte, de l'Un, de quelque chose qui nous dépasse pour atteindre une forme de sérénité.
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Baisser la garde

Merci à vous torpedo, Nemorino, FredMartineau qui tous rimez en O de m'avoir ouvert ce livre et fait baisser ma garde.



J'y ai découvert une poésie empreinte de sagesse, d'humilité, un style direct peu métaphorique, contemporain et sincère, certainement à l'écoute de son expérience intérieure et de l'humain en général. Les poèmes s'enchaînent dans une grande clarté comme une quête spirituelle ou même une expérience mystique dont la lumière luit au bout des quelques 110 pages.



Nous sommes dès les premiers vers confrontés à cette idée forte, présente à toutes les pages, que le "Ça" (qui évolue en "Lui") évoqué par le poète, cet "appel divin" serais-je presque tenté de l'appeler, n'est pas de l'ordre du jugement, de la possession ou de l'idolâtrie mais existe tel un vide, un creux en nous.



Au-delà de ça, j'ai hélas ressenti, du fait de mes convictions personnelles, ce même léger malaise souvent éprouvé devant un discours de converti, cette idée que ni croyance ni connaissance ne viendront ébranler leur intuition d'avoir rencontré le chemin.



"L'intuition c'est vraiment autre chose que croire" nous dit-il, il y a certainement beaucoup de sagesse dans ce vers cependant l'intuition, à mon sens, devrait servir à ébranler les choses, ouvrir notre regard au jamais vu, jamais dit, jamais lu, jamais ressenti. C'est peut-être ce que tente de nous dire Patrick Lucisine cependant le poème final tel un hymne à l'Abandon, a le mauvais heur de plutôt m'inquiéter, de me faire relever ma garde.



Peut-être suis-je, moi et mon esprit quelque peu cynique, toujours autant récalcitrant devant les livres qui font du bien.
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Baisser la garde

Une lecture qui sort de mes sentiers habituels. Des vers libres sur la question de la spiritualité et d’un être supérieur.



J’étais un peu inquiète avant de commencer, moi la cartésienne, agnostique, qui croit à la théorie de l’évolution ! Et puis je me suis laissée bercer par ce récit, par ses beaux mots, légers comme des plumes, par les interrogations qui le parsèment. Parce qu’il n’est pas question dans ce livre de dogme ou de vérités assénées avec force. Tout en délicatesse, l’auteur se questionne et nous questionne. C’est cela qui m’a plu, ces interrogations en douceur avec des mots poétiques.



Ce recueil est apaisant. On peut le lire d’une traite ou venir y picorer. On sent l’auteur sincère et son émerveillement intact face au monde qui nous entoure. Ce petit livre nous incite à regarder autrement :

« Baisse la garde,

Capitule,

Abdique,

Oublie,

Déconstruis,

Dézingue,

Anéantis

Totalement »



Je vais m’y efforcer alors que c’est si joliment dit.

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Baisser la garde

"la beauté

la beauté est partout

absolument partout"

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

quand la Vie te fait

un signe

discret

tu le pressens

ce point de basculement

offert par le destin

je te chuchote

Baisser la garde

de Patrick Lacisine

dancingbrave

te prend la main

par émerveillement poétique

te faire retourner

à 360 degrés

à toi-même

transcendé

la saisiras-tu

la Vie ?

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

A Patrick,

tes mots choisis résonnent des éclats de rire des enfants les éclats de ton âme.

A vous,

je dirai encore dans un rire sonore :

Attention ne cherchez pas à

Baiser Lagarde 😘

quand bien c'est aussi cela et que le titre prête à con-fusion.

&

Sinon me taire

laisser s'insinuer ce silence

et m'y plaire

!

https://www.youtube.com/watch?v=R8HCKdchA90
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Baisser la garde

On a tous nos coquetteries, nos pudeurs et nos rêves et si l’on se voyait auteur, qui sait de quels oripeaux nous nous parerions ? Se rêver le geste hugolien ou dada, la fougue flaubertienne, l’envolée romantique. Se penser disciple d’une écriture blanche, concurrent de l’état civil… tant de postures sont possibles. Tant de manières d’être un auteur.

Celui de Baisser la garde n’aura succombé à aucune de ces prétentions. Patrick Lucisine est un ami de livres. Il m’a fait le cadeau de m’envoyer son premier recueil et de m’offrir ainsi l’itinéraire de ses interrogations.

En auteur, Patrick ne se risque ni à la pompe ni à l’esbrouffe. Faisant œuvre d’humilité et de questionnement, il livre à ses lecteurs, sur le mode des vers libres, nombreuses interrogations et quelques certitudes.

La présence d’un « truc » divin, d’un pourquoi qui justifie le reste en font partie.

Je retrouve dans cette quête la grandeur d’un geste simple, l’élémentaire acceptation d’une condition mineure et une extraordinaire capacité à s’émerveiller et à rêver. N’est-ce pas là l’essentiel ?

Merci donc, cher Patrick, pour ce double cadeau, d’exposer aux lecteurs anonymes une quête spirituelle qui chemine vers la plénitude, de m’offrir particulièrement ce joli recueil et de mettre ainsi la confiance au cœur de cet échange. Puisse la philosophie de cet ouvrage se diffuser largement.

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Baisser la garde

Dès l'épigraphe, Patrick Lucisine a tout bon.

Pour ouvrir son petit recueil, il a en effet choisi de mettre en exergue une belle citation du philosophe Jacques Derrida : "Ce qu'on ne peut pas dire, il ne faut surtout pas le taire, mais l'écrire".



À la lecture de Baisser la Garde, on ne peut que lui donner raison !

Quand les mots ne peuvent être dits, quand ils sont trop profondément enfouis et sollicitent d'autres ressorts que ceux de la parole, quand ils ne peuvent être transmis que dans le silence, alors rien ne vaut l'écrit.

Patrick Lucisine l'a bien compris, et c'est un bien joli cadeau qu'il m'a fait (encore merci !) avec cet ouvrage très intime, plein de profondeur et de poésie, dans lequel il dévoile une approche très personnelle de la spiritualité (qui "de nos jours ressemble à un gros mot"), de SA spiritualité. "Ma foi relève de l'échafaudage", nous dit-il, "pas d'une culture pas d'une croyance pas d'une idolâtrie / fondation d'une extrême solidité construite brique à brique".



En veillant à se tenir loin des carcans des dogmes et des doctrines, il livre avec humilité la synthèse - jamais définitive - de ses méditations, fruits d'un travail "de lui sur lui" [sic], et cherche dans la nature ou l'harmonie du monde la preuve d'une présence, la trace de l'étincelle qui justifierait tout.



Beaucoup de ses poèmes en prose, plutôt énigmatiques, ont su me toucher.

Une écriture très épurée qui vise l'essentiel, des phrases tout en minuscules qui soulèvent des questions majuscules, des textes courts et sans ponctuation où l'on devine sans mal, en filigrane, un immense point d'interrogation.

Il n'y a pas dans ces pages de grands préceptes théologiques mais juste des échos fugaces, ceux du doute répondant à ceux de l'intuition.

Et toujours une grande intériorité, une incitation à chercher en soi les réponses que le ciel nous refuse, à reconnaître que peut-être "Son absence est Sa présence en creux".



Beauté, science, dessein, abandon : autant de mots pour dire une même évidence, autant de poèmes aussi sibyllins qu'hypnotiques qui nous invitent à voir le monde autrement, à baisser la garde, à guetter un souffle.

Chacun de ces textes nous rend sensibles aux vertiges de l'infini et aux mystères de l'univers organisé plutôt que chaotique, chacun ouvre la porte à mille réflexions : ensemble ils font de ce premier recueil une belle réussite ... qui je l'espère en appellera d'autres !
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Baisser la garde

BAISSER LA GARDE – PATRICK LUCISINE (dancingbrave) octobre 2022*****

il évite l’éternité, c’est, peut-être , trop abstrait, et choisit « généralement »

il embrasse le manque et se dévêtit de la certitude et n’aime pas le verbe pour se faire écouter

mais il veut dire, nous dire, ce qu’il a lentement longuement et toujours pas assez ruminé

le met par écrit, sur le papier, il le dit à son « je», en minuscules sur la page blanche dans leur solitude à deux, avec L’UN

il se questionne tout en Le questionnant…

je sens que la majuscule ne m’autorise en rien à l’identifier, juste à reconnaître qu’il y a un chemin à faire, d’autres à découvrir, quelques uns à oublier...

AMNÉSIE, oubliée seule dans la page

L’oublier, il n’a pas de nom…

INCRÉDULITÉ, arrêt sur la page

des pas franchis dans le grand blanc qui n’est pourtant pas le vide à connotation négative, très occidentale,

le temps avec lui, dieu en minuscules, dura le temps de l’innocence, peut-être moins, la récompense qui tarde nous fait pleurer

libéré d’un lien, un cordon coupé, pour goûter à la liberté doublement parée de joie et de tristesse

PLAIE, dans l’espace d’une page

les mots désignent la douleur de la déception, la fatigue de la route longue et syncopée, des questions amoncelées en attente, la majuscule est rejetée et, si elle persiste encore c’est peut-être pour masquer un doute ou un passé

la SCIENCE, qui veut dominer la page, L’achève, et le blanc s’impose, mais « démontrer ne résout pas le mystère » et mystère il y a

le Néant et l’au delà se moquent de nos chiffres et de notre science, plus tu questionnes plus les réponses se couvrent d’une épaisse incertitude, le temps et l’espace restent indifférents et se délectent devant l’impuissance de ton orgueil

tu cherches, cherches encore, tentes de voir, de comprendre ce qui nous pousse vers la vie et la mort, le hasard ? la nécessite ?

oui ? non ? qui ? quoi ? comment ? pourquoi ? et la réponse arrive, un sillon entre les sourcils suspendus en circonflexe au dessus les yeux

ton orgueil est grand et t’aveugle « tu n’as rien inventé tu découvres »,

t’es sûr et pas sûr, tu sais et ne sais rien, tu deviens fou et crois bêtement que c’est à cause du doute, mais non c’est à cause de la certitude

Il revient avec majuscule, comme la seule certitude ? doute dans la certitude, mais de quelle certitude parles-tu homme égaré ?

tu t’adresses à Lui sans savoir qui il est, le phénomène ? le cosmos ? le créateur ? le tout qui meurt, renaît, vit et meurt à nouveau pour renaître, on sait qu’on ne sait rien…ou pas grand-chose

MANQUE de nourriture spirituelle, page blanche à nouveau, celle qui pourtant s’offre à nous pour se faire découvrir, alors est-ce le matériel qui fait mal, qui nous fait reculer sans qu’on puisse mieux voir ?

est-ce une paresse intellectuelle ou une impossibilité ?

DOUTE, seul lui aussi, a presque envahi la page, mot lourd qui freine et fait hésiter, léger aussi parce qu’il peut faire avancer, il commence par la lettre D, n’est-ce pas curieux ?

CONSTRUCTION dans l’espace-temps d’une page comme dans celui d’une vie

détruire pour (se)reconstruire, croire à nouveau en Lui c’est croire en soi, en sa force de colibri, une force sur laquelle s’appuyer, la même pour bâtir sans cesse, tourner de ses propres mains la clepsydre pour donner sens au temps, pas celui chronologique qui galope comme bon lui semble, mais le temps qualitatif dont la composante est l’amour dont on a hérité, celui qu’on donne aujourd’hui pour construire le demain

L’HUMBLE, il se tient debout en s’appuyant sur sa définition, il Le cherche en descente dans sa nuit intérieure pour en remonter avec la lumière des profondeurs

ÉVIDENCE, celle qui ne peut se dire même si elle crève les yeux, au milieu de la page blanche, le retour à Ça dont la majuscule ne fait que renforcer l’incertitude

page blanche, silence, attente

les questions reviennent comme une avalanche quand les glaciers fondent au printemps, questions qui s’adressent à un ordre venu du chaos, à quelque chose qui porte de multiples noms, à une essence de vie, un souffle comme liant

BEAUTÉ en majesté accueillie par le blanc de la page

elle « est partout

absolument partout

nous la guettons

nous l’espérons

comme un soin

un supplément

un supplément d’âme

dès qu’elle sonne

il faut t’en rassasier

il faut t’en émerveiller

l’écouter surtout »

la construire, la sentir pousser en soi, s’en émerveiller, la nourrir, la partager

DESSEIN, l’horizon s’étend à l’infini sur la page blanche

Lui ou lui, la majuscule ne change rien, c’est juste une subjectivité, c’est le point d’interrogation qui dit tout

page blanche, instant d’arrêt

devant le vivant qui n’en connaît pas

ABANDON dans le creux d’une page blanche en attente

baisser la garde devant Ça, sans nom ouvert à tout

page blanche, vide et plein

chacun peut être l’autre

chacun appelle une « confiance »

CONCLUSION , seule aussi, mais non elle est accompagnée d’un poète, le poète qui avance avec le doute de tout et la certitude de l’amour de ceux qui aiment leurs frères humains



Patrick emprunte un sentier battu avec le même questionnement toujours renouvelé, les mêmes doutes, mêmes arrêts en attente de quelque chose ou tout simplement de son souffle, un flux de conscience où les mots, qu’en apparence égaux, ne s’imposent pas, ils touchent profondément, leur entrée en scène est scandée juste par le blanc du papier immense dans l’attente d’un compagnon, ou réduit , un labyrinthe appelant les cinq sens et un sixième caché

la vue pour mieux regarder et voir autrement

l’ouïe pour mieux écouter, jusqu’à l’entente

le toucher pour trouver la bonne approche, le bon contact, la bonne porte à ouvrir vers l’autre et vers nous-mêmes

le goût pour découvrir la délicatesse dans le brutal

l’odorat pour mieux flairer la subtilité et les sens cachés

Un très grand merci, Patrick, pour ce parcours, besace au dos remplie d’un questionnement sans fin et pour ce sablier qui, par notre volonté, se met tantôt en huit debout tantôt en huit couché, questions sans réponse... mais que deviendrions-nous sans toutes ces questions ?
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Baisser la garde

Je viens de faire une expérience que je n'ai pas pratiquée depuis mes années estudiantines. Je viens de lire de la poésie.

Ne me demandez pas pourquoi, car ce recueil de poèmes est une ode à l'abandon et va à l'encontre du questionnement.



Patrick Lucisine partage le cheminement de ses réflexions quant aux différentes croyances qui régissent nos vies. Quelles soient religieuses ou scientifiques, peu importe, l'essentiel n'est-il pas de croire en soi, de se faire confiance pour s'abandonner.

La foi, la science bien qu'antagoniste terniraient notre sensibilité face au merveilleux. Le besoin de comprendre le monde que l'on traverse polluerait notre regard, notre perception de sa beauté.

Ces réflexions m'ont moi aussi traversée et tout comme lui, je ne sais pas, je doute.

L'incompréhensible, l'injustice, l'indéfinissable sont inconcevables. Je reconnais que leur donner un sens est un réflexe confortable et je m'y prête volontiers. A contrario, par exemple lors d'insomnie, je m'arrache de mon lit pour me confronter à la nuit, à ce ciel parfois étoilé. Vous me croirez ou pas mais toujours, cette immensité m'apaise. Je réussis à m'y abandonner sans contrainte, sans conscience. Quelle ambiguïté !



Je ne sais pas si j'ai saisi tout le propos du recueil de poèmes de Patrick Lucisine, mais ce que je sais, c'est que l'émerveillement me tranquillise. Il m'a semblé que lui aussi.
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Baisser la garde

Ce livre n'était à priori pas fait pour moi, peu porté sur la poésie, vite perdu quand il s'agit de philosophie, et plutôt athée. Un peu inquiet au début de l'ombre de St Augustin et Freud, j'ai finalement décidé de me laisser porter, sans me soucier des références, et bien m'en a pris car le texte se suffit à lui même. L'auteur déroule avec beaucoup de sincérité son cheminement personnel sans autre prosélytisme que l'exposé de sa propre façon de combler sans religiosité le vide inexplicable. La mise à nu est touchante et l'invitation à baisser la garde séduisante, même si ce vide cache autre chose que L'UN, tout aussi infini mais vide, ou plein à ras bord d'une infinité de mondes. Avec l'âge, la pression extérieure diminue, relativisant, du moins en ce qui me concerne, bien des pseudos convictions. L'abandon final me plait bien. Félicitations Patrick pour la prouesse d'aborder un sujet aussi difficile de façon aussi simple et naturelle. C'est une belle contribution à la réflexion de chacun.
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