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Critiques de Paul Fournel (207)
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Poils de Cairote

Attaché culturel à l'ambassade de France au Caire entre 2000 et 2003, Paul Fournel note chaque jour de petits paragraphes sur ce qu’il voit, ce qu’il sent, ce qui le surprend, ce qui l’enchante, ce qui le rend disponible aux variations du lieu et du temps.

« Le Caire fabrique du discontinu, de l’alternatif. La ville envoie des impulsions et, même si elle parait éternelle, elle dicte le fragmentaire, le transitoire. »

Paul Fournel, lui aussi, va décrire le Caire en discontinu, par petite touches, dont je vais seulement vous donner un aperçu, avec l’espoir que les futurs voyageurs suivant Flaubert et l’auteur lisent ce livre.

Avec humour, il nous présente le « Le ministère des Affaires étranges » qui force ses adeptes à se piquer « selon une longue liste établie par des savants eux-mêmes piqués ; il nous apprend à nous garder des moustiques, des tarentules, des jeunes filles impures et des cobras. Il ne veut voir qu’une seule tête, et en pleine forme. »

Il partage son appartement avec deux geckos, dont il analyse les comportements, et dehors, les chats qui se reproduisent, les voitures déchainées, les cent mille taxis qui se percutent,

la danseuse du ventre qui s’ennuie, elle est bulgare, faut dire, les enfants pieds nus portant des plateaux de pains tout chauds, l’iftar ou rupture du jeûne, le troc, les sourates du Coran toujours présentes, la haine d’Israël et des hébreux, les vents brûlants, les policiers affalés sans travail.

Un agent de la sécurité de l’État censure des textes qu’il juge négatifs lors d’une opération culturelle française. Puis revient le lendemain, pour lever la censure : ce sont des textes de Naguig Mahfouz, prix Nobel, alors le censurer, lui, pas question.

« L’État égyptien et les religieux menacent Naguib Mahfouz directement : il aurait signé dans les années quatre-vingt un contrat autorisant la traduction d’une partie de son œuvre en hébreu. « Si cela est vrai, disent les autorités, il faudra en tirer les conséquences. »

Bien entendu, on ne touchera pas un poil du vieux Mahfouz (il a eu sa dose), mais tous les micro-Mahfouz, tous les apprentis Mahfouz ont le petit doigt sur la couture du pantalon. »



Beaucoup de femmes sont habillées de noir du haut en bas, avec gants et chaussettes assorties, et lunettes de soleil : commentaire de Paul Fournel :

« Les Égyptiens qui ont encore envie d’en rire ont trouvé un nom pour les femmes noires, celles qui sont bâchées de la tête aux pieds, qui portent des gants noirs et des chaussures noires. Ils les nomment les « boîtes aux lettres », à cause de la minuscule fente par où elles peuvent voir et par où on leur glisserait volontiers des messages.

Celles que je préfère sont les boîtes aux lettres à lunettes. »

Même sur les plages, elles restent bâchées.



« Ecran total », commente l’auteur, avec son humour qui jamais ne juge, tellement l’hilarité provoquée par une culture différente est effectivement hilarante. Et a le droit d’exister.

« Record battu : j’ai vu une boîte aux lettres à lunettes avec le voile noir par-dessus les lunettes. Prudente, elle marchait avec la main posée sur l’épaule de son mari, qui pavanait sa barbe dans la ruelle.

Il y a quelque profondeur à porter des lunettes pour y voir clair et à les voiler ensuite pour y voir goutte. Cela devrait logiquement souligner quelque contradiction dans le système, mais je crains bien qu’au mieux cela ne lance une mode. »



Autre spécificité des Égyptiennes : elles se couvrent d’or, y compris dans leurs cheveux et sur les chevilles : autant avoir sur soi sa fortune, car elles peuvent être répudiées en quelques minutes.

Ce livre pour donner une idée du Caire quotidien, loin des pyramides, avec l’art de conclure en quelques mots montrant non sa distance, au contraire, sa manière intelligente de comprendre et d’ironiser ; « pas énervés, mais nerveux. »

« Après la suppression de la peine de fustigation : on ne badine plus avec le fouet. »

Bien entendu, Paul Fournel est un adepte de l’Oulipo de Raymond

Queneau. Ceci explique cela.

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La liseuse

S'il vous reste quelques illusions sur le monde merveilleux de l'édition, vous n'allez pas les garder. Ou alors vous trouverez cet ouvrage excessif et refuserez d'y croire. Ancien éditeur, Paul Fournel évoque ici ce qu'il connaît du milieu littéraire actuel, qui est surtout affaire de business : copinage, népotisme, clonage de best-sellers, reprise de sujets qui font recette, pseudo prix littéraires, marchandage entre éditeurs sur auteurs et ouvrages, marketing bien sûr (TV, presse, salons, séances de dédicaces), scénario vendu à des réalisateurs avant même que le livre soit publié. J'en passe. Rien sur les 'écrivains fantômes' (dits 'nègres'), n'en jetez plus, le lecteur est déjà assez écoeuré par toutes les magouilles citées ici. Un rappel intéressant qui adoucit ce triste tableau : une maison d'édition peut publier des 'petits auteurs' à condition qu'elle vende aussi des best-sellers.



Un autre aspect de l'édition est abordé : son avenir, à l'heure du développement de la liseuse et des publications en ligne. Loin d'être pessimiste, Fournel voit au contraire dans ce nouveau support un formidable potentiel pour un autre rapport à la lecture et à l'écriture (qui n'évince pas le précédent), pour découvrir de nouveaux talents et jouer avec la littérature et les mots - ce n'est pas le président de l'Oulipo qui pourrait rejeter de si belles perspectives !



Très bon moment de lecture avec ce savoureux roman qui fait grincer des dents et sourire, l'auteur excelle dans ces deux registres.



--- la couv de l'édition Folio ne me semble refléter ni le propos, ni l'humour caustique de l'auteur
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Jeune-Vieille

Il y a des livres qu’on lit d’une traite et qu’on aime pour ça.



« Jeune Vieille » fait partie de cette catégorie et m’a procuré un vif plaisir de lectrice.

Il faut dire qu’il y est question de Geneviève, une jeune femme plutôt banale, dont le père, alors qu’elle est petite, lui interdit la lecture le soir … tout en lui fournissant une lampe de poche dont elle va faire bien sûr bon usage pour lire sa couette (le père sachant très bien ce qu’il fait). La seconde passion de Geneviève, devenue lycéenne entre temps, est pour le cinéma : les salles obscures ont un gros avantage : dans le noir on ne remarquera pas ses défauts physiques (c’est comme ça qu’elle se voit) et on peut partager avec la gente masculine de délicieux moments tout en suivant plus ou moins le film qui se projette.



Et par-dessus tout Geneviève adore raconter un film à un auditoire de lycéens regroupés autour d’elle : l’ancêtre des réseaux sociaux, en « présentiel », en quelque sorte.

C’est un de ses camarades de classe, l’un des plus bourrus et mutiques, qui va la baptiser « Jeune-Vieille » dans une des rares phrases qu’il lui adressera, et elle adoptera ce qualificatif qui lui va comme un gant.



Du récit sur le cinéma et de la littérature à l’écriture il n’y a qu’un pas, et Geneviève va le franchir, en marge des études de lettres insipides qu’elle suit à la Fac. Un premier texte, qu’elle oublie dans un tiroir, puis un premier roman, et l’angoisse de porter 4 manuscrits reliés avec de la ficelle à 4 maisons d’édition : la deuxième sera la bonne.



Commence alors le récit d’une vie d’écrivain au quotidien.



Ce livre est vraiment à faire lire à tous ceux qui rêvent de prendre la plume (il paraît qu’ils sont 1 Million en France), qui rédigent un manuscrit (il paraît qu’ils sont 100 000 par an) et qui réussissent à connaître le graal d’être un jour publié (il parait encore qu’ils sont environ 10 000 par an, dans les grandes largeurs).



Geneviève entre temps se marie (avec un cadre de la finance, ça peut être utile parce qu’on ne vit pas de sa plume), a une machine à écrire et bientôt un Macintosh, puis deux enfants, et surtout un éditeur.



Portrait jubilatoire d’un Robert Dubois (toute ressemblance avec un éditeur existant étant écartée...) qui la soutient moralement, ainsi que Valentine qui tente de faire sa place dans la maison d’édition. Un livre publié, puis deux, une présence au Salon du Livre (un moment savoureux), la foire du Livre à Brive, et quelques autres signatures, ainsi qu’un passage à la Maison de la Radio : le quotidien d’un auteur, ni plus ni moins connu qu’un autre, dont le mari n’est pas particulièrement un soutien (« mais pourquoi tu t’obstines ? ») et dont le personnage le plus important est son éditeur.



Mais le Graal de Geneviève serait que son roman devienne un film. Et le rêve va devenir une réalité … ou plutôt virer au cauchemar total.

Oui vraiment il faut faire lire « Jeune-Vieille » à tous ceux qui rêvent de devenir «un Grand Ecrivain » comme aimait à le dire Nathalie Sarraute.



Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet auteur oulipien, courrez découvrir Paul Fournel et son humour décapant - on peut aussi lire "la liseuse" et de nombreux romans publiés che P.O.L. - et plongez dans la lecture de « Jeune-Vieille » : vous ne le regretterez pas.

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Le Livre de Gabert

Avez-vous lu « Les Doigts dans l’étau », « Dépeçage rose » ou encore « Atroce douceur » ? Sûrement pas. L’auteur, Gérard Gabert, imaginé par Paul Fournel, est un bon gros célibataire qui vit de sa prose, très mauvaise, il le confesse lui-même. Pas prétentieux pour un sou, notre loustic, car il reconnait écrire à la chaîne des polars ruraux plutôt gores que son filou d’éditeur vend sous une jaquette criarde et de mauvais goût. Notre écrivain quitte Paris pour s’exiler à la campagne, à Chamoison plus précisément, dans le double but de faire des économies et d’écrire au plus près de sa source d’inspiration. S’ensuivent des portraits truculents des gens du cru, et des péripéties entre le bar PMU, un élevage de brebis, un garage de bolides et la place du marché. On croise Lune aux amours multiples, un garagiste céréalier fou de bolides, Magali la voisine, une gamine pleine de reparties et la grosse Claudine qui a un avis tranché sur tout.

Grâce à sa vieille amie et amante, jeune-Vieille, une romancière à succès, notre écrivain qui écrit sans passion, rencontre un éditeur qui croit en lui. Et si Gabert écrivait autre chose qu’un polar à deux balles ?

L’histoire est amusante et déjantée, on n’en attendait pas moins de l’auteur, fervent défenseur de l’Oulipo et familier du milieu de l’édition qu’il égratigne au passage. Cependant, j’ai regretté que l’histoire tourne un peu en rond. Si le personnage de Gabert nous touche par sa solitude et ses désillusions, j’ai trouvé que les personnages manquaient singulièrement de finesse et de profondeur.

Un roman distrayant sur lequel je ne me suis pas éternisée.

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Jeune-Vieille

[Commandé à La Librairie Caractères le 10 juillet 2021 / Issy -Les-Moulineaux ]



Un texte léger, drôle et plein d'informations sur le métier d'éditeur…et sur les étapes de la « fabrication d'un livre »…



On voit grandir une gamine, une ado, Geneviève, surnommée « Jeune-vieille » par un copain d'école, pas très jolie selon ce même copain… mais qui lui fait toutefois un autre compliment important : elle sait raconter les histoires… et notre ado, ne s'en prive pas, capte aisément son auditoire, en narrant le récit des films qu'elle a vus mais aussi ceux qu'elle n'a pas vus ou qui n'existent pas. C'est plus drôle !. Il faut dire que notre jeune héroïne a une autre passion, en dehors d' »Ecrire », c'est le Cinéma !



Sa mère n'est guère enthousiaste vis-à-vis des velléités d'Ecriture de sa fille. Geneviève envoie son premier texte à quatre éditeurs de renommée. L'un va accepter de l'éditer…et de ce jour, la vie de « Jeune-Vieille » s'en trouve transformée…



“Robert [l'éditeur de l'héroïne] avait l'habitude de dire que son métier consistait à planter des arbres. Un métier de patience et de longueur de temps, un métier qui déborde les dimensions de sa propre vie. Découvrir un jeune auteur, l'accompagner pendant la douzaine d'années qu'il faudra pour le rendre visible, le faire grandir, lui trouver des critiques puis des lectrices, c'est voir loin au-delà de soi-même. (p. 90)”



Le récit est présenté sous un mode narratif double : à la première personne ,celle de l'héroïne, jeune auteure, et successivement à la troisième personne, ce qui permet à l'auteur de prendre de la la distance et d'avoir un ton mordant, plein d'autodérision sur les battages médiatiques autour des livres, transformant l'édition d'un livre en un vaste cirque, superficiel, n'ayant plus grand-chose avec le travail littéraire, et la solitude de l'écrivain…



Notre auteure se confirme comme écrivain, avec l'accompagnement fidèle de son éditeur, Robert Dubois, qu'elle va finir par « trahir » pour répondre aux sirènes mensongères de la gloire et de l'argent. Elle publiera un einième ouvrage dans une maison plus gigantesque mais aussi plus impersonnelle …Einième ouvrage qui deviendra « un film » comme elle le rêvait depuis gamine !!



Elle fera des « télés » pour promouvoir son livre… mais aussi des débats, sujets n'ayant plus rien à voir avec la littérature !!... Nous vient à l'esprit l'expression très familière formulant fort bien le creux, le vide de ces battages médiatiques : « Des marchands de soupe » !!...



Geneviève ne manque pas d'esprit critique envers elle-même et son travail d'écriture…ainsi que de son indélicatesse envers son éditeur…mais les « trompettes de la gloire » sont plus fortes que tout… Ayant réalisé son rêve de gamine, elle en reviendra assez désabusée…Son éditeur originel lui manque… ainsi que ses conseils , accompagnement « artisanal » et personnalisé !...



Un texte jubilatoire qui démonte ce monde de l'édition ,de la fabrication de « célébrités éphémères » , »Miroir aux alouettes »…. où l'argent, et ce qui « brille » priment sur une certaine idée de la qualité d'un texte!!....



« Ecrire et publier des livres n'avait jamais fait d'elle un écrivain, mais passer à la télé, oui. Elle n'était pas plus lue, mais les gens savaient qu'elle écrivait. Maintenant, ils en étaient sûrs puisqu'ils l'avaient vue à la télé. (p. 150)” –Tout est dit !!...



Restent d'intéressantes réflexions ou observations sur ce besoin insatiable d'ECRITURE : « L'écriture devint ma cabane. Dans un arbre perchée, bâtie de courants d'air, d'échardes et de clous qui dépassent, malcommode, mais au-dessus du monde. J'y montais mes idées noires, mes pensées étranges, des croûtons de pain au cas où viendrait la famine ou la faim, un bol de pluie pour l'oiseau à plumes et de l'encre. c'était mon repli, mon recoin. Je pouvais y monter mentalement à chaque instant (...) quand j'avais trop de choses en équilibre sur la tête et que je devais les déposer en urgence. Je connaissais par coeur les noeuds de l'écorce qui me permettaient de grimper sans peine et de devenir invisible. (p. 66)”





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Attends voir

Kévin Priou est un être quelconque qui passe inaperçu, c'est pour cela qu'il a été recruté. Il doit d'abord choisir un costume pour n'être pas visible, ensuite au garage il faut prendre une voiture qui n'attire jamais l'attention. Muni de son appareil Canon à mise au point automatique et de son cahier où il note tout, il peut commencer sa planque. Sa cible ? Milou Destrée, une jeune femme très mystérieuse.



C'est une belle chronique parue dans Télérama qui m'a incité à lire ce roman. Quelle déception ! Ce récit est complètement déjanté, cette parodie de polar n'a ni queue ni tête. Certes l'écriture de Paul Fournel est jubilatoire, mais trop c'est trop. Les premières pages, où nous observons la vie d'un quartier qui s'éveille le matin, laissent présager une suite agréable, le personnage principal écologiste avant l'heure qui ne fume que des drogues vertes issues de l'agriculture biologique nous semble bien sympathique et puis soudain tout dérape. Entre pédophilie, bordel chinois et flan pâtissier, on s'enlise peu à peu. Heureusement ce livre ne comporte que peu de pages, jusqu'à la fin j'ai espéré un sursaut en vain.



Bien entendu, cette chronique, comme toujours, n'est que mon modeste avis. Elle ne préjuge en rien de la qualité de ce roman et du plaisir que vous aurez à le lire.

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Un homme regarde une femme

"Amour pivoine



Partout je cherche ce qui prolonge ton image. Regarder un buisson, le soir, Est-ce encore te regarder ?

Regarder la mouette, Est-ce encore te voir toi ?" (p.183)



Un texte généreux, poétique, cru, léger, grave.... toutes les émotions et tous les bouleversements provoqués par l'amour du narrateur pour la femme adorée. De courts chapitres d'une à deux pages.... tour à tour romantiques ou très quotidiens, mais toujours empreints de poésie et d'un amour tout aussi magnifié, intense, que complexe, douloureux...Celui d'un écrivain pour une comédienne exigeante et parfois habitée par des périodes de doutes destructeurs...



Un sujet banal: un homme aime une femme... "Un homme regarde une femme", sa femme... et c'est la force de ce regard que Paul Fournel sait faire vivre, vibrer auprès du lecteur !

Je me laisse tenter par la transcription de deux extraits, qui offre un petit aperçu de la variété du ton, une musique prenante et lancinante, qui m'a emportée !...





"Un coup de vide



La pile de tes livres est intacte à côté de ta table de nuit. Je sais que tu avais commencé les deux du dessus. Je vais les lire. S'ils sont vraiment passionnants, je garde espoir.

J'aime gémir quand j'ai des petites peines. Les grosses , je les porte, muet.

Le vide de toi commence au milieu du ventre, juste sous le sternum, ensuite il me prend le sexe et le scrotum d'une seule poigne et tourne. C'est le mal de toi" (p.102)





"La débauche



Mon regard sur toi est une vraie débauche. Il ne procède d'aucun plan et ne précède aucune réalisation. Tu n'es pas l'objet de ma thèse, je n'ai pas sur toi de projet biographique, ni d'étude esthétique, psychologique ou technique.

Je ne veux pas faire trace de toi. Mon regard est une pure débauche. J'ai passé la journée entière assis en face de toi dans le train et, lorsque nous nous installons dans notre hôtel près de la piazza Navona, mon premier bonheur est de tomber dans un fauteuil pour te regarder investir la chambre." (p.145)



Du premier regard, à la magie de la vie partagée, la fusion des corps et des têtes... jusqu'à l'ultime douleur de la rupture, du désamour. Un très beau texte déniché par hasard à ma médiathèque, dans les "fatidiques" boites de livres, "rayés des inventaires"... destinés au mieux, aux lecteurs curieux et fouineurs, et au pire, à l'horrible pilon !!!
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La liseuse

Sachant que je suis un peu réticente à toute sorte de liseuse, I-Pad...et que pour moi, rien ne remplacera jamais le livre papier, mon mari, en lisant la quatrième de couverture, n'a pas résisté à m'offrir ce livre et je l'en remercie même si je n'ai toujours pas changé d'avis.



L'histoire est celle d'un éditeur, Robert Dubois, dont la maison d'édition pour laquelle il travaille porte son nom puisque ses ancêtres en sont les créateurs. C'est une vieille maison d'édition indépendante comme on en trouve de plus rarement de nos jours qui a ses auteurs attitrés mais qui est toujours en quête de nouveaux talents. Sa vie va être perturbée le jour où il fait la connaissance de Valentine, une jeune stagiaire, employés par sa propre maison, qui lui apporte son nouvel outil de travail : La Liseuse, instrument complètement révolutionnaire selon elle puisque cette tablette de 730 grammes est capable de contenir une quantité inimaginable de manuscrits. Réticent au départ, la narrateur va finalement se familiariser avec cette dernière, allant même à imaginer avec une bande de stagiaires, complètement déjantée dont fait partie Valentine, à créer une nouvelle boîte entièrement basée sur l'édition numérique.



Est-ce l'édition de demain ? Probablement mais l'auteur n'affirme pas non plus que les bonnes vieilles librairies telles que nous les connaissons avec les livres papier sont vouées à disparaître puisque l'éditeur, une fois qu'il se retrouve dans une grande impasse et qu'il a le moral à zéro (je ne vais pas non plus vous dévoiler toute l'intrigue), en revient à ses bons vieux classiques, imprimés e(t au format du livre que nous connaissons aujourd'hui. Cela m'a remonté le moral car, tout comme lui, même si je pense que le monde de l'édition va inévitablement changer, je suis persuadée que les livres papier ne disparaîtront pas. Il y aura toujours des personnes, comme moi d'ailleurs, qui aiment sentir leur livre, le toucher et le conserver précieusement dans une bibliothèque...du moins, je l'espère !



Pour en revenir à l'écriture, j'avoue que celle-ci m'a un peu déroutée au départ car je ne comprenais pas pourquoi l'auteur coupait ses chapitres, parfois en plein milieu d'une phrase, jusqu'à ce que je lise ce qui est expliqué à la fin de l'ouvrage, à savoir que le texte est en réalité une sextine, ce qui est vraiment extrêmement bien mis en oeuvre de la part de l'auteur puisqu'il allie ici deux styles d'écriture. J'avoue cependant que je ne m'en serais jamais rendu compte sans cette explication, mettant simplement cela sur le compte du fantasque de l'auteur. L'écriture en elle-même est fluide et lipide et cet ouvrage se lit en un rien de temps. Pourquoi n'y ai-je pas attribué la note maximale ? Tout simplement parce que j'aurais souhaité qu'il s'attarde un peu plus sur certains passages, et notamment sur la fin que je trouve trop brève et que j'aurais souhaité qu'il creuse un peu plus mais cela n'est qu'une question de goût. A découvrir !
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Poils de Cairote

***Déniché en juin 2019, à ma médiathèque ! - lu en avril 2020



"2 novembre 2000

Le Caire appartient aux chats.

Ils ont traversé les dynasties, intacts. On les voit identiques à leurs statues, élancés, étroits, vifs, petits, surmontés de grandes oreilles. Ils n'ont pas de choix, la vivacité est leur minimum de survie. Il n'y a pas de place pour les lents sur les trottoirs du Caire. "(p.11)



Un livre sauvé du pilon, sorti du fonds de la médiathèque, et bradé dans des boites... où je fouine régulièrement, en temps ordinaire... Cela m'enchante chaque fois entre des découvertes insolites, et faire ressusciter un texte...mis au rebut, qu'il retrouve une nouvelle vie, dans une " maison- amie", est un petit bonheur très précieux... !!



D'autant plus justifié et gratifiant pour cet ouvrage jubilatoire de Paul Fournel, rédigé entre novembre 2000 et juin 2003, où l'écrivain vivait et travaillait au Caire, où chaque matin, il écrivait des billets d'humeur ironique, humoristique ou plus grave à "quatre-vingt-dix-huit de ses amis" !



Comme il décrit lui-même très justement:

"Mon attention ne s'est pas portée sur les grands mouvements historiques, pas davantage sur le passé de l'Egypte, encore moins sur les mystères fumeux qui enrobent la recherche archéologique lorsqu'elle prétend racoler le grand public. Tout cela m'a intéressé, mais ce n'est pas ce dont je voulais entretenir mes amis.

Je souhaitais plus banalement, leur donner un regard quotidien sur le Caire, dire ce que je voyais avec mes yeux malhabiles et partisans d'occidental, et

le faire avec une régularité de métronome qui garantissait une certaine présence des intermittences du coeur, des sautes d'humeur, des semaines creuses et des jours pleins"....



Ce livre m'a attiré pour son sujet: L'Egypte, la vie quotidienne, où à la même époque , en février-mars 2003, je faisais une croisière avec un groupe d'amis, dans des circonstances très particulières: la guerre en Irak... et la plupart des croisières avaient été annulées... Ce voyage fut cependant extraordinaire, entre les beautés, les sites impressionnants visités... une écoute quotidienne des nouvelles en anglais avec l'équipage égyptien, avec qui nous discutions abondamment...!

Mon regard fut évidemment celui limité d'une "touriste" qui découvrait pour la première fois ce pays..., en un temps aussi limité ! Cela reste un très fort souvenir de voyage, prodigue en images multiples !



Alors cet ouvrage tour à tour drôle, cocasse, mais aussi lucide et quelque peu grinçant... m'offre un regard complémentaire...qui élargit l'appréhension et un début de compréhension différente de ce pays...aux contrastes très forts !!





Le titre avec son jeu de mots avec l'oeuvre de Jules renard... m'a aussi "tapé dans l'oeil" , fait sourire. Il donne d'ailleurs une première idée , très en harmonie,

avec le ton général de ces billets quotidiens aux amis !.... Très contente d'avoir lu ces chroniques pleines d'observations et d'anecdotes aussi savoureuses que mordantes, souvent...!!



"7 janvier 2003

Les photographes français venus accompagner les écrivains de passage à Port-Saïd ont été sermonnés dès leur arrivée : pas de photos de poubelles, pas de photos de pauvres, pas de maisons écroulées, pas de scènes misérables, pas de bateaux rouillés. Des fleurs, du pharaonique, du bien construit, du repeint de frais, du calfaté." (p. 302 / Seuil, 2004)



Un très, très bon moment de lecture !!...







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La liseuse

Un éditeur, au terme de sa carrière, confronté aux financiers qui tentent de lui imposer une gestion de l'entreprise qui ne lui plait guère, se voit imposer une tablette électronique (d'où le titre impropre à l'objet prétexte du livre mais parfait pour ce roman). Cela déclenche chez lui une certaine lassitude et l'idée de jouer un tour à ceux qui aimeraient bien qu'il laisse sa place dans la maison. Il utilisera les compétences de jeunes stagiaires à cette fin.

Comme je le disais plus haut, la liseuse n'est qu'un prétexte , pour amener une histoire de revanche jouissive et nous permettre de pénétrer dans les coulisses d'une maison d'édition avec ses méthodes, ses querelles, ses relations humaines parfois particulières. L'écriture est légère, pleine d'humour, j'ai beaucoup ri, et pourtant l'arrière plan reste une fin de carrière et même une fin de vie.

J'ai eu la surprise dans la postface de voir que l'auteur semblait s'être livré en plus à un exercice de style très particulier avec la structure de ce roman. Les spécialistes apprécieront sans doute.

En tous cas, un très bon roman qui se lit très facilement.


Lien : http://allectures.blogspot.f..
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La liseuse

Robert Dubois est éditeur et se voit confier une liseuse pour lui faciliter la tâche de lire des tonnes de manuscrits chez lui le week-end. Mais au lieu de faire docilement son travail, l'objet, qui le laisse toutefois sceptique, lui fait entrevoir de nouvelles possibilités...



C'est un ouvrage divertissant et qui se lit vite. Au détour de noms trafiqués (Magimard pour Gallimard ou Brasset pour Grasset) et d'exemples typiques, Paul Fournel critique sans vergogne le monde de l'édition, avec un brin d'ironie et certainement de lassitude. le style est plaisant, la francisation orthographique des mots anglais rafraîchissante, les personnages sympathiques.

Pourtant, même si j'ai passé un agréable moment et que j'ai apprécié certaines dénonciations du système, le livre ne mène nulle part. La technologie amène à repenser la lecture et la littérature, mais je n'ai pas du tout compris la fin, avec le décès d'Adèle, totalement inattendu et vain pour l'histoire. L'auteur permet certes de ramener son personnage principal aux classiques, mais La liseuse n'est qu'un prétexte à l'écriture, et cette fin rompt complètement avec le reste du livre.

Nous n'assistons au final pas à un grand chef-d'oeuvre, mais on passe quand même un bon moment.


Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Le petit Oulipo - Anthologie de textes

L'OuLiPo : Ouvroir de littérature potentielle ", est un groupe de recherche en littérature expérimentale fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais ...



Depuis le temps !! OuLiPo par ci, OuLipo par là .. oui mais encore ?

Si comme moi vous en ignorez tout ou presque; si comme moi l'envie vous prend d'en savoir un peu plus , si par le plus grand des hasards Le petit Oulipo - Anthologie de textes de Paul Fournel vous passe entre les mains, alors posez-vous, prenez le temps de picorer ces textes pour certains un brin fracassés, pour d'autres inénarrables et revenez partager avec moi votre ressenti.

J'ai été séduite non seulement par les textes mais aussi voir surtout par leur mise en page et les superbes illustrations de Lucile Placin



Rien que pour le plaisir et vous donnez l'envie:



L'escargoéland

Avec ses deux ailes

Qui trainent à terre

Comme des haltères

Au bout de bretelles,

L'escargoéland

Jamais ne se presse:

Il sait que sans cesse

L'escargoéland.



Olivier Salon
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La liseuse

Un livre agréable et amusant sur les livres, l’édition, les auteurs et la révolution numérique. Avec comme conclusion « toute ces inventions, c’est bien amusant, mais rien ne vaut un bon mur de bouquins pour se couper de la vie ». Et pourtant, elle est bonne, la vie du côté de Saint-Germain des-Prés. Je vous dis pas les petits bistrots, les petits plats, les grands vins et les jolies stagiaires black. Les auteures gourmandes et un rien nympho. On est chez les beautifull peoples, tout de même ! Bien des soucis pourtant, surtout avec ces directeurs commerciaux qui n’y comprennent pas grand-chose, ces auteurs qui partent chez le concurrent et ces manuscrits dont on ne peut pas savoir s’ils feront un bon ou un mauvais livre. La vie, quoi ! Le livre est très alertement écrit, on est Oulipotien et ça se voit. On trouve des « ticheurtes » et des « frileurs », de jolies phrases « Elle est assez décoiffée, me semble-t-il, trouée au jean, colorée au reste » ou « J’aime beaucoup Sabine. Elle est rousse. Pour bien faire, il faudrait une rousse dans chaque entreprise » et des jeux très compliqués sur la forme, de grand rhétoriqueur à l’ancienne.

Je rigole, je rigole, mais c’est plutôt un bon bouquin, et plutôt « sympa ». Peut être pas de ceux qu’on mettra dans le mur qui nous coupera de la vie, mais, pour passer un joli moment à se gausser un peu du monde de l’édition, pourquoi pas ?

(merci à Canel, qui m'a donné envie de lire ce livre)
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Peloton maison

Juste avant les étapes de montagne de l'épreuve reine (et pas petite) en France, un livre sympathique, sans prétentions, qui décrit avec moult anecdotes l'atmosphère si particulière de ce sport.

On y retrouve avec un 44 dents tout le vocabulaire qui en fait le charme.

Point "négatif" : pas de côté historique pur.

Point "positif" : une très belle plume souvent nostalgique qui réussit à immerger le lecteur pour peu qu'il soit déjà au parfum.

Ce sont des nouvelles, on peut donc piocher ici ou là...

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Les petites filles respirent le même air que ..

Ce sont des histoires d'enfance.



Des histoires de tous les jours.



Des histoires de tous les coeurs d'enfants, Gros, comme ça !



Ce sont des mots sucrés, des mots sucés comme un bonbon qui ne s'userait jamais, dont la saveur se rappelle à nous subrepticement.



Le coeur écartelé, le temps d'une respiration, et les souvenirs éclatent et se répandent comme une flaque d'eau miroitant sous les étoiles.



Mille feux d'artifice !



Mille arcs-en-ciel !



Et nos yeux éblouis n'en finissent pas de réchauffer nos coeurs aux mots de notre enfance.



Tournant la dernière page, chacun y retrouvera son innocence, avec au coin des yeux des perles scintillant délicieusement.
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Attends voir

C'est quoi ce livre, vendu presque comme un (anti) polar ? C'est surtout un anti-livre! Rien de plus énervant qu'un livre sans queue ni tête, qu'on lit quand même parce qu'on pense que l'auteur va nous surprendre, qu'il y a une explication... et non, rien : attends de voir, pour sûr j'attends encore ! En tout cas, je n'ai rien compris à ce type qui est en mission d'observation, pour qui, pour quoi ? J'ai perdu mon temps, et j'en arrive même à le déconseiller ce livre. Pfff
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La liseuse

Roman délicieux qui devrait séduire tous les lectrices et lecteurs boulimiques.

Robert Dubois, éditeur du genre vieille école, se voit offrir une liseuse (on parle ici du doudou high tech et non pas du tricot de nos grands-mères) pour emporter ses manuscrits partout avec lui. Un temps dubitatif, il en vient à l’adopter ou du moins à l’apprivoiser. Il se lance alors dans une emprise autrement plus aventureuse en s’associant à un bande de jeunes geeks motivés par la perceptive de faire fortune dans les nouvelles technologies appliquées à la création littéraire.

Au prétexte d’une intrigue bien ficelée, Fournel démontre par l’absurde les mécanismes qui transforment une maison d’édition en pompe à fric. Son regard incisif et ses raccourcis croquignolesques valent mieux que milles démonstrations. Mine de rien, l’auteur dresse un état des lieux sans concessions du petit monde du livre, auteurs, éditeurs, libraires et lecteurs compris, tout en pointant ses dérives économiques. Chacun en prend pour son grade. Au-delà de ce constat un poil cynique, Fournel délivre surtout un plaidoyer passionné sur le plaisir de lire, toujours et encore, quelque que soit le support, et nous engage à explorer les nouveaux champs offerts par la technologie, considérée pour le coup comme outil de renouvellement de l’écriture. Si ces promesses se concrétisent à la hauteur de sa plume légère, gracieuse, bourrée de jeu de mots plus rigolos les uns que les autres, le livre et lecture ont assurément de beaux jours devant eux.

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La liseuse

Les temps changent depuis toujours, mais un peu plus ces temps-ci, semble-t-il, où l'on croise de plus en plus de lecteurs sans livre mais avec cordon d'alimentation. Robert Dubois, vieil éditeur germanopratin, découvre cette réalité le jour où une stagiaire pressée lui apporte une "liseuse" (idée de l'actionnaire majoritaire qui sait où mène la modernité) sans réaliser qu'elle fait sonner un étrange glas dans la vie de cet homme entouré de papier. L'objet a de l'allure, il ne sent rien, se range mal dans une poche ou un cartable mais il entre dans le quotidien de notre homme qui en a vu d'autres mais s'interroge néanmoins : quel est ce monde où un texte pourra exister loin du papier ?



Ni chant du cygne, ni apologie passéiste, La Liseuse est le récit de cette petite révolution dans un univers en ébullition permanente, celui d'un lecteur fou qui oscille entre désabusement permanent (que n'a-t-il du temps pour lire enfin les livres qui valent la peine et réclament du temps) et espoir continu (et s'il allait enfin découvrir un grand écrivain), d'un homme qui passe sa vie penché sur des manuscrits. On reconnaît l'éditeur à son goût du risque et à son assurance que le succès est imprévisible : celui-ci décide de jouer le jeu en confiant à ses stagiaires, une peuplade qui grouille dans le monde de l'édition, le soin d'inventer une maison dont les nouvelles technologies seront le support. Cela va-t-il fonctionner ? Goguenard et attentif, attendri quoique inquiet, il regarde lentement s'effriter ses certitudes en laissant les souvenirs interroger le présent. Paul Fournel n'est pas avare de clins d'œil, envers ses amis de l'OULIPO notamment (Queneau, Le Tellier, Perec viennent faire des apparitions plus ou moins masquées), envers ses livres chéris, et parce qu'il croit depuis longtemps au pouvoir de la contrainte il a composé un roman répondant au principe de la sextine (je lui laisse le soin de vous l'expliquer en dernière page…). Pour le profane, c'est un voyage dans le monde de l'édition, avec toutes ses chapelles, ses rituels, ses ridicules, ses grandeurs, mais c'est avant tout une étonnante réflexion, sous forme narrative, sur ce que devient ce monde qui se croyait à l'abri des changements et qui découvre qu'il va devoir s'adapter.



Esprit, humour, mélancolie surmontée et maîtrise d’écriture ! Ce livre est un délice, où Paul Fournel ne se refuse rien : on aurait tort de s’en priver.

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La liseuse

Ce n’est ni un vêtement féminin d’intérieur, ni un coupe-papier, et encore moins une silhouette «au bleu de la croisée», mais bel et bien cet engin high tech qui est en train de révolutionner le comportement des lecteurs mais aussi d’ébranler les fondements du monde de l’édition, même si des îlots d’irréductibles tourneurs de pages à la main résistent encore à l’invasion.



Cet instrument (sans doute une tablette fruitée si l’on en juge par le poids) se retrouve entre les mains d’un éditeur perplexe. Comme pour un fumeur repenti, la gestuelle est à réinventer : il n’est plus question de «tenir les feuilles posées sur son ventre puis de déposer ses feuilles lues sur sa poitrine pour sentir le poids du travail accompli». Et comme un malheur n’arrive jamais seul, une bande de stagiaires geeks font irruption dans son paysage professionnel. Il n’en faudra pas plus pour que les idées fusent pour réinventer la lecture à l’aide de la technologie et en accord avec la demande (du rapide, du vite consommé, vite oublié).



Ce roman est assez drôle même si j’ai eu la sensation de passer à côté d’allusions cryptées obscures quand on ne fréquente pas de façon intime le monde de l’édition. Est-ce également la contrainte formelle que s’est imposée l’auteur oulipien (texte en forme de sextine, forme poétique complexe dont les règles sont expliquées à la fin de l’ouvrage) et que j’aurais été incapable de repérer sans en avoir été avertie, toujours est-il qu’il transparaît une construction un peu artificielle.



Le roman ne lance pas le débat papier ou électronique, mais envisage les conséquences possibles d’une telle évolution. Devra-t-on envisager la création d’un ministère pour la sauvegarde des textes littéraires comme l’a imaginé Jasper Fforde dans la série des Thursday Next, pour éviter que la madeleine de Proust ne se transforme en petit-beurre?



Bien entendu, j’ai parcouru ce texte sur ...une liseuse
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Les athlètes dans leur tête

Vingt-deux nouvelles, dont chacune s’arrête un instant sur un sportif de haut niveau, sur son vécu, son ressenti dans la préparation à l’action, dans l’action elle-même, ou encore à un moment clé de sa carrière. Ces athlètes issus de différents sports (athlétisme, boxe, cyclisme, football, rallye automobile, ski, tennis…) sont imaginaires, certes, mais en même temps si réalistes et toujours si actuels que le lecteur un tant soit peu sportif y retrouve des bribes de sa propre expérience. Le livre « lui parle ». Le ton est humoristique et certains portraits sont brossés d’un trait quelque peu caricatural. Le fond n’en constitue pas moins une riche source de réflexion sur la dimension affective et plus largement psychologique inhérente
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