Citations de Paul Vacca (100)
Cela lui rappelle la phrase d'un humoriste : "Parfois le chemin le moins fréquenté l'est pour une raison valable."
Ainsi je découvre les vertus du mot "demain". Un mot qui a le pouvoir de préserver ntacte ma vie rêvée avec elles. C'est l'effet magique de la procrastination : tant que la défaite n'est pas consommée, on peut toujours s'imaginer en vainqueur.
Sa mère était désespérée par son incapacité à transmettre ses émotions, son inaptitude à sourire ou à pleurer, son impossibilité à communiquer avec les autres humains, lui qu'aucun médecin ne réussissait à traiter, savait depuis ce jour d'octobre 1968, que c'était parce qu'il était un super-héros.
Quand les mots ne portent plus nécessairement de sens, lorsque les traits d’un visage ne font pas nécessairement écho, reste la force d’une caresse, la lumière d’un sourire et la mélodie m^me lointaine d’un rire.
Au fond, je préfère l'illusion d'une hypothétique victoire demain
à la certitude d'une défaite aujourd'hui.
... on ne fait jamais le tour d'un livre, on n'épuise jamais la la totalité de son mystère. C'est même peut être ce qui nous échappe qui est le plus important...
Tom dissèque chaque photo à la recherche d’indices.
Il remarque les évolutions physiques, les coupes et la
couleur des cheveux qui évoluent, les styles vestimentaires
qui changent, le mobilier qui connaît d’appartement en
appartement quelques variations...
Mais Tom se focalise sur Pauline et Serge.
Serge et Pauline.
En faisant se succéder les photos, l’illusion du mouvement
due à la persistance rétinienne lui donne à voir,
comme dans un flash-back rapide, les sourires qui se
voilent, les regards qui se disjoignent et les corps qui
s’éloignent.
La dérive inexorable de deux continents.
Le coupable est là, omniprésent sur toutes ces photos,
cet ennemi extérieur sans visage.
Le Temps.
Pour Tom [onze ans], Dale Carnegie aurait été bien inspiré d'inclure un conseil dans son livre pour se faire des amis.
Celui de savoir dessiner un sexe masculin.
Car pour Tom, ce fut d'une efficacité redoutable.
Thierry, un de ses condisciples, a un signe particulier : il dessine des sexes masculins partout. Sur ses cahiers, sur les tables, au tableau, dans sa purée à la cantine, composant des natures mortes légumières avec des petits pois, ou fruitières avec une prédilection pour la banane et les mandarines... [...]
Inspiré par l'esthétique tout en aérodynamisme de ses comic books, Tom dessine un totem au tableau dans lequel il glisse une onomatopée : Zbong !
Une révélation pour Thierry qui, en apercevant l'oeuvre de Tom, frise le syndrome de Stendhal devant tant de beauté !
Tom se trouve alors immédiatement adoubé par le Maître et intronisé membre de sa Confrérie.
(p. 106-107)
Voulez-vous faire catleya avec moi, ce soir ?
L'arme est encore le choc. Il s'agit de heurter pour créer une onde de choc médiatique. Une pratique connue sous le nom de buzz. Créer le buzz, c'est vouloir faire un hold-up sur l'audience publique, bref braquer l'attention de tous sur soi. (p.83)
Il avait atteint la limite du supportable : marre du pastariz , marre des socisses (des saucisses au soja) marre du Transcendental Pursuit où il se faisait étriller par le moindre des gamins de sept ans, marre de la promenade aux allures de supplice chinois, lui semblant chaque jour un peu plus longue...
marre, marre, marre de Kant à toutes les sauces !
« N’est-il pas comme tous ces superhéros, un être jeté dans un monde qui ne semble pas être fait pour lui ? Pourquoi ne serait-il pas comme eux, dont les superpouvoirs constituent aussi le revers d’un handicap secret ? Dont les actions masquent souvent une profonde solitude ? » (p. 27)
Tom sent bien qu'il lui faut une clé pour passer de l'autre côté du mur. Dans la cour de récréation, il voit des enfants qui interagissent, qui ne restent pas seuls. Ils parlent ensemble, partagent des activités, bref, ils ont des amis.
C'est ça, la clef : il lui faut se faire un ami.
Elle regarde Tom dormir. [...]
Elle s'assied sur son lit à ses côtés. C'est le seul moment où elle peut lire sur son visage quelque chose qui ressemble à un sourire.
A quoi pense-t-il, lui dont elle n'arrive pas à lire les réactions ? Qu'a-t-elle fait qui ne convienne pas ? Est-ce de ne pas l'avoir assez désiré ? Ne fait-elle pas tout ce qui lui est humainement possible de faire ? Parviendra-t-elle à briser cette coquille invisible qui l'enferme ?
Encore une fois, elle se sent impuissante.
Espère juste qu'il n'est pas malheureux comme cela.
(p. 28-29)
- Et donc vous comprenez, poursuit-elle, je pourrais lui être utile, pour éviter qu'il commette des erreurs...
- Des erreurs ? lâches-tu, agacée. Mais quelles erreurs? Et en admettant même qu'il en commette, où serait le drame? Ce n'est qu'un spectacle, vous savez !
- Oui mais c'est important...
- En réalité, la seule erreur qu'on voudrait éviter, c'est que les gens s'ennuient. Alors si on commet d'autres erreurs, quelle importance?
Est-ce que nous même nous comprenons tout ce que nous lisons?Je n'en suis pas persuadée. Au fond, n'est-ce pas mieux comme cela? Lire, c'est aller vers l'inconnu, c'est chercher à découvrir de nouveaux mondes, à percer de nouvelles énigmes...Sans garantie de succès. d'ailleurs on ne fait jamais le tour d'un livre, on n'épuise jamais la totalité de son mystère.
Si la plupart des philosophes ont opté pour le célibat, c’est pour témoigner que le but ultime de l’humanité n’est pas de se reproduire.
- Mais je ne veux pas à tout prix en faire un écrivain ! Il est doué, c'est tout ! Je le sais, je le sens... Et cette prof, elle, je ne la sens pas !
- Et si, tout simplement, le français ne l'intéressait pas ? Ce n'est peut-être pas son truc, après tout. Il y a d'autres métiers, tu sais ?
Tu te lèves, le visage rouge.
- Voilà ! Voilà comment tu es ! Tu ne crois même en ton fils ! Comment veux-tu qu'après ça il est confiance en lui ?
En s'attaquant à la chaîne du livre, Amazon ne s'attaque pas seulement à ses concurrents, les libraires et les éditeurs, il s'attaque au livre lui-même. En prétendant libérer le livre de ses chaînes, en réalité, il le prend en otage. Il l'emprisonne dans sa vision désincarnée. Cette vision du livre libéré de ses intermédiaires est un pur mirage.
- C'est quoi, ces lectures? Tu crois que c'est de son âge? Est-ce que tu sais qui c'est, ce Proust?
Tu hausses les épaules, les yeux au ciel.
- Evidemment, je sais qui c'est! Mais qu'est-ce qui te prend, tu es soûl ou quoi?
- Pas... pas du tout! Est-ce que tu sais...est-ce que tu sais au moins qu'il est de la jaquette flottante?
-Jaquette flottante? Ca veut dire quoi?
- Pédé, si tu préfères!
Tu pars dans un grand éclat de rire en applaudissant.
- Bravo. Franchement bravo! Tu parles d'une nouvelle! Oui, il était homosexuel. Et alors? Où est le problème, tu peux me dire?
Papa manque de s'étouffer.
- Ah, tu ne vois pas de problème?
- Non.
- Ben, le problème... je vais te le dire, moi. C'est que j'aimerais pas... j'aimerais surtout pas... que ça donne des idées à mon fils, si tu vois ce que je veux dire?
- Non, désolée, mais je ne vois absolument pas ce que tu veux dire! Des idées? Je rêve! Ca ne s'attrape pas dans les livres! Et puis, ce n'est pas une maladie, enfin!
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