Citations de Paul Watzlawick (154)
Wittgenstein : « Quel est votre objectif en philosophie ? – montrer à la mouche comment sortir de la bouteille à mouches. »
Le syndrome s’utopie est un ensemble pathologique qui dépasse les théories classiques de la formation des symptômes. Si l’on ne voit dans ses manifestations que le résultat d’un conflit intrapsychique causé par la contrainte s’ »un surmoi trop rigide, ou si l’on y voit seulement un projet vital d’ambition névrotique, on perd de vue le plus important, à savoir qu’une certaine façon de se tromper sur la manière d’effectuer un changement, quelles qu’en soient les rasons, internes, externes, « conscientes » ou « inconscientes », a des conséquences propres que l’on ne peut réduire au rang d’épiphénomènes, sans que cette réduction soit à son tour incluse dans la pathologie. Le syndrome d’utopie est un exemple de ce qu’un biologiste appellerait une qualité émergente – quelque chose d’autre et de plus que la somme de ses éléments constituants. C’est une Gestalt, une structure dans le sens du structuralisme.
… c’est la solution recherchée qui est le problème. … le traitement n’est pas seulement pire que la maladie, c’est lui qui est la maladie.
… les limites d’une psychothérapie responsable et humaine sont bien plus étroites qu’on ne le pense généralement. Si elle ne veut pas être la cause du mal qu’elle soigne, la thérapie doit se limiter à soulager la souffrance ; elle ne peut prendre pour objet la quête du bonheur. …
… le rêve de l’Utopie risque d’être inquiétant ;: soit qu’il exprime la peur du désenchantement, soit, dans le sens d’Hamlet, que nous préférions « supporter les maux présents plutôt que de nous en échapper vers ces autres dont nous ne connaissons rien ». Des deux façons, c’est le voyage, pas l’arrivée qui compte. Ex : l’étudiant perpétuel, celui qui se débrouille continuellement pour échouer à deux doigts de la réussite… La psychologie de l’inaccessible exige que chaque réalisation concrète soit vécue comme une perte, une profanation.
… l’utopiste voit une solution là où il n’y en a pas.
Robert Ardrey : « En nous efforçant d’atteindre l’inaccessible, nous rendons impossible ce qui serait réalisable »
J. Lec : « Maintenant qu’à coups de têtes, tu es passé à travers le mur, que feras-tu dans la cellule d’à côté ?"
Berkeley : « Nous commençons par soulever de la poussière, et puis nous prétendons pêtre incapables de voir »
Théorie des types logiques :
… commence elle aussi avec le concept de collection « d’objets » qui sont rassemblés selon une certaine propriété qu’ils ont en commun. Les constituants de cette totalité sont ici appelés membres, et la totalité porte le nom de classe.
Axiome : « ce qui comprends tous les membres d’une collection ne peut être un membre de la collection. »
Distinction capitale entre « membre » et « classe »… une classe ne peut être membre d’elle-même.
… les dangers de confusion de niveaux sont omniprésents, avec leurs conséquences embarrassantes.
… le changement implique toujours le niveau immédiatement supérieur : pour passer, p. ex., de l’immobilité au mouvement, il faut faire un pas en dehors du cadre théorique de l’immobilité. A l’intérieur de ce cadre, le concept de mouvement ne peut pas apparaître ; il n’est donc pas question de l’y étudier, et toute tentative qui vise à passer outre cet axiome fondamental de la théorie des types logiques aboutit à la confusion paradoxale.
Wittgenstein : « les problèmes philosophiques apparaissent quand le langage part en vacances » … Malheureusement, il est souvent malaisé, dans le langage naturel, de différencier nettement entre membre et classe.
Deux conclusions importantes : a) les niveaux logiques doivent être rigoureusement séparés si l’on ne veut pas tomber dans le paradoxe et la confusion, et b) le passage d’un niveau au niveau supérieur (c-à-d. de membre à classe) comporte une mutation, un saut, une discontinuité ou une transformation – en un mot, un changement – du plus grand intérêt théorique de la plus haute importance pratique, car il permet de sortir du système.
… existence de deux sortes de changements : l’un prend place à l’intérieur d’un système donné qui, lui, reste inchangé, l’autre modifie le système lui-même.
Ex. le rêveur : en proie à un cauchemar, il a la possibilité de faire plusieurs choses en rêve : courir, se cacher, se battre, hurler… mais aucun changement issu d’une de ces actions ne pourrait mettre fin au cauchemar. La seule possibilité pour sortir d’un rêve comporte un changement allant du rêve à l’état de veille. Il est évident que l’état de veille ne fait plus partie du rêve, mais représente un changement complet. Ce changement-ci est donc un changement de changement dont Aristote niait si catégoriquement l’existence.
… les groupes ne restent invariants qu’au niveau du changement 1, mais peuvent changer au niveau du changement 2 (c’est-à-dire au niveau où s’effectuent les changements dans les règles gouvernant leur structure ou leur ordre interne.) … la théorie des groupes et la théorie des types logiques ne sont pas seulement compatibles, mais complémentaires.
Théorie des groupes :
Un groupe est un ensemble aux propriétés suivantes :
a) il se compose d’éléments qui ont tous une propriété en commun … c’est parce qu’on ordonne le monde en groupe d’éléments ayant en commun une propriété importante (groupes qui se recoupent d’une façon complexe et se superposent) qu’on donne une structure à ce qui ne serait autrement qu’un chaos, une fantasmagorie. Mais… cette ordonnance établit aussi une invariance dans le sens où toute composition d’éléments donne un élément qui fait lui-même partie du groupe et se situe donc « à l’intérieur du système et non pas au-dehors »... Cette première propriété peut ainsi permettre une multiplicité de changement à l’intérieur d’un groupe) mais empêche tout élément, ou composé d’éléments, de se placer à l’extérieur du système.
b) si l’on compose leurs éléments selon des séquences différentes, on obtient toujours le même composé.
… par conséquent, il y a variation (ou changement) du processus mais invariance du résultat.
c) Un groupe contient un élément neutre, te que sa composition avec tout autre élément produit cet autre élément. L’élément neutre maintient donc l’identité de l’autre élément.
… Pour ce qui nous concerne, l’important est de noter qu’un élément peut agir sans affecter les autres.
d) Enfin, dans tout système qui satisfait à la notion de groupe, pour chaque élément existe un autre élément symétrique ou inverse, tel que la composition d’un élément et de son symétrique donne l’élément neutre.
Pourtant la route du succès est
pénible car elle requiert beaucoup d’efforts – et l’effort le plus intense
risque encore de connaître l’échec. Qui voudrait se donner tant de mal pour rien ? C’est pourquoi, plutôt que de s’engager dans une « politique
des petits pas » en direction d’un quelconque objectif raisonnable et
accessible, il est fort utile de se fixer un but sublime.
"… Nous sommes tous à la merci d'influences que nous ignorons et sur lesquelles nous n'avons pratiquement aucun contrôle conscient. Ce qui est encore plus effrayant, c’est que nous-mêmes, peu importe à quel point nous nous croyons prudents et discrets, nous influençons constamment les autres d’une manière dont nous ne sommes peut-être que vaguement conscients. En effet, nous pouvons être inconsciemment responsables d'influences dont nous ne savons rien consciemment et que, si nous les connaissions, nous pourrions trouver totalement inacceptables. "
Sans doute l'élément le plus meurtier de l'histoire de l'humanité est-il l'illusion d'une réalité "réelle", avec toutes les conséquences qui en découlent logiquement.
Un effet a une action en retour sur sa propre cause ou, plus précisément, une petite partie de la conséquence d'un événement est ramené à celui- ci, non pas comme plus ou moins d'énergie, mais comme signal : comme information.
La psychiatrie ne suit que de loin, mais avec respect, le modèle scientifique de son époque.
Ce sont les différences qui nous permettent en premier lieu de saisir le monde; ensuite, nous réifions les différences pour déterminer les propriétés statiques de ce que nous avons perçu.
Nous devons à la psychologie de la perception de savoir que seules les relations sont perceptibles.
Comme William James l'a remarqué : "on ne peut imaginer de peine plus inhumaine que celle de rester - si cela était possible - complètement ignoré de tous dans la société."
"L'enfer, c'est les autres", est la quintessence de la condamnation éternelle.
La psychiatrie donne une réponse sans équivoque : c'est le degré d'adaptation d'un individu à la réalité qui permet de déterminer sa santé ou au contraire sa maladie mentale.