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Critiques de Per Wahlöö (228)
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L'homme au balcon

A la réflexion, L'homme au balcon aurait pu nous faire une fleur et y rester cultiver son jardin secret au lieu d'arpenter les parcs de Stockholm pour y faucher des jeunes pousses qui ne demandaient qu'à éclore.



Je vous laisse sur ce billet énigmatique qui n'a d'autre but que de vous distraire tout autant que de vous questionner sur la nature de ce policier qui fait de même sur la nature de ce singulier jardinier. ;-)
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Arche d'acier

Livre qui n'est pas un polar. Tout au plus de la politique fiction.

Un domaine qui est bien étudié, mais traîne en longueur, ce qui fait, que malgré l'envie de lire, qui est toujours présente, je me suis perdu dans le sujet d'épidémie, de politiciens profitant et provoquant des situations jusqu'à la dérive.

Mais je ne vois pas ce que vient faire le commissaire Jensen dans cette histoire.

Tout celà me laisse dubitatif.
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L'assassin de l'agent de police

Les époux Maj Sjöwall et Per Wahlöö décidèrent à un stade précoce que leurs livres feraient aussi fonction d’études de la société suédoise, de ses différences de classes et de la dégradation de son système de protection sociale ; ce roman en est l'illustration.



On y trouve une critique sans ménagement du modèle de société suédois, l'enfer du paradis de la social démocratie, avec la fuite des chirurgiens et médecins, la militarisation de la police, l'appel au lynchage, la médiocrité de la presse, l'aggravation des inégalités, la perte de confiance dans les institutions, la crétinerie des policiers, les violences conjugales, la corruption, la délinquance sexuelle. C'est noir, désespérant, consternant, sans humour, sans détente, sans trêve.



Deux enquêtes distinctes vont se croiser par un hasard invraisemblable et irréaliste. Martin Beck se débat contre la police et ses chefs, les apparences trompeuses, les préjugés tenaces, la présomption de culpabilité ; il y aura même un dialogue philosophique "j'ai tué quelqu'un", "as-tu tué quelqu'un ?", "comment vivre quand on a tué quelqu'un ?"



J'ai sauté pas mal de descriptions, pensées et réflexions qui, à mon sens, n'apportaient rien à l'intrigue.



Roman à message, message rabâché, intrigue bâclée ; les deux enquêtes apparaissent comme un prétexte pour parler d'autre chose.



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L'abominable homme de Säffle

*** Tueur de flics***



C'est ma première découverte de ces auteurs Scandinaves. Ecrire en couple, sur la feuille et dans la vie, ne doit pas être chose aisée et je ne peux que saluer la dextérité de cette écriture en binôme.

On retrouve cette ambiance nordique, de climat froid et étrange qu'est la Suède, puisque l'affaire policière se situe dans la région et dans les années 70, où la Suède passait pour un modèle social et prospère.



Cela dit, je suis quand même mitigée sur ma lecture puisque le roman est basé uniquement sur une enquête policière plus ou moins effacée laissant place à une thèse sociologique sur les méfaits de la société Suédoise, dans les années 70. Les deux auteurs étaient en effet fortement pétris d’idéologie marxisante fort en vogue dans les années post-soixante-huitardes.



Ici donc une seule trame, une seule enquête qui vise à démasquer l'assassin d'un flic dès le début du roman.



L'agent Nymann est un flic véreux dans toute sa splendeur, dans les années 70 on aurait dit un "barbouze". Gentil et adorable avec sa femme et ses enfants et au boulot une vrai brute avec ses collègues et surtout ceux qu'il arrêtait et qu'il passait à tabac sans raison sous le silence de tous.

Nymann est retrouvé sauvagement assassiné dans sa chambre d'hôpital. Un meurtre au sabre, la victime est méconnaissable.

Ainsi, l'inspecteur Martin Beck et ses acolytes vont prendre l'enquête en main.



Il n'y a pas grand-chose de nouveau dans ce roman puisque les enquêteurs remontent dans le passé pour retrouver l'assassin. Les auteurs en profitent pour mettre en scène toute une galerie de personnages qui furent de près ou de loin persécutés par ce grand méchant vilain.



Une lecture mi-figue, mi-raisin, sans grand suspense et aucun rebondissement.

Une lecture qui fut un temps en vogue dans le domaine polar noir mais 279 pages est largement suffisant.
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Meurtre au 31e étage

Voilà encore un des joyaux de ces Rivages Noir, qui en comptent tant!

C'est, cette fois, le suédois Per Wahlöö qui vous désenchante, vous assèche et vous glace le sang dans ce livre écrit en...1964!

Dans cette société futuriste que nous dépeint Wahlöö, l'information est devenue informe, aseptisée et infantilisée. Tout brille d'une sorte de sourire publicitaire éternel. Les dents de la Mère-Patrie se sont refermée sur la presse transformée en une bouillie uniforme... L'idéal pour un pouvoir soucieux du bien-être obligatoire de ses sujets.

L'ectoplasme commissaire Jensen mène une enquête dans une société décérébrée rongée par l'inculture-reine et le désespoir... Ce flic inconsistant et dépersonnalisé au possible, ne fait aucune vague et obéit. Il est partie intégrante du système. C'en est, pour le lecteur, dérangeant, habitué qu'il peut-être aux personnages de policiers lucides et révoltés. Là, rien, si ce n'est le déroulé morne d'une enquête sous contrôle et haute surveillance.

La vérité qui se fait jour est effrayante, mais d'une logique démoniaque.

Meurtre au 31eétage, un polar anticipateur à cinq étoiles polaires.



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Le camion

J'ai beaucoup aimé ce drôle de roman dans lequel les actions sont fortes, interrogatoires de police, coups, grèves meurtrières, meurtres, mais comptent pour pas grand chose au regard de l'ambiance. L'atmosphère est rendue irrespirable par des canicules ou des pluies torrentielles, le tout dans une Espagne franquiste où rien n'échappe à la police politique. Le roman se termine très mal pour les protagonistes pendant que nous, lecteurs, commençons vraiment à manquer d'oxygène. Une réelle réussite.
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Les terroristes



C'est sans doute le roman où l'engagement politique des auteurs est le plus présent. On a droit à une critique tous azimuts et permanente du régime capitaliste au pouvoir, en 1974, en Suède. On passe de l'incompétence de sa très coûteuse police au mirage de l'État de droit, pourtant souvent mis en avant par ses dirigeants. C'est Rhea (l'amie de Martin Beck) qui dit "On peut fort bien être arrêté par la police et détenu préventivement et même risquer de l'être pour de bon sans avoir rien fait." Les auteurs évoquent aussi pêle-mêle les privilèges bien protégés des classes dominantes, le mouvement de centralisation des institutions pour mieux les contrôler, le fichage des citoyens aux convictions de gauche, les mensonges de la classe politique, la corruption de la justice et l'inefficacité des douanes. Rien que ça!

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Mais le sujet central du roman est avant tout le terrorisme. Rappelons que le roman est écrit en 1975, au milieu de ces années 70 qui ont connu de multiples mouvements terroristes : les Brigades Rouges, le Front de Libération du Québec, l'IRA, la Fraction Armée Rouge, l'ETA, Carlos et l'Action Directe. Ici c'est l'ULAG qui fait exploser une bombe au passage de la voiture du président suédois en visite dans un pays sud américain. Dans ce contexte de terreur, des mesures de sécurité extrêmes doivent être mises en place pour la visite prochaine en Suède d'un sénateur américain plutôt impopulaire. Puis Martin Beck est nommé responsable des opérations de protection dudit sénateur!

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On va suivre plusieurs histoires. D'abord l'histoire de Rebecka Lind, une pauvre fille abandonnée par son ami américain reparti au pays. Elle est sans ressources, et vient de sortir libre d'un procès kafkaïen pour braquage d'une banque (en fait, une erreur de la police suédoise). Elle recherche cet ami avec l'aide de son avocat, Pétard - une caricature d'avocat. Elle est seule et mal dans sa peau. Que peut-elle faire? Ensuite l'enquête de police suite au meurtre de Walter Petrus, un producteur de film porno, meurtre qui a eu lieu chez sa maîtresse. Et surtout, les préparatifs côté terroristes et côté police de Stockholm de la visite du sénateur américain sur le sol suédois. Martin Beck et son équipe - constituée des rares policiers motivés et compétents de Stockholm - pourront-il faire échouer les projets de l'ULAG? Mais comment surveiller des terroristes qu'on ne connaît pas et repérer d'éventuelles bombes télécommandées (modus operandi habituel de l'ULAG) sur le parcours d'une visite de deux jours, retransmise en direct à la télévision?

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Une intrigue solide avec un long suspense bien construit, des rebondissements nombreux, un humour grinçant, de la nostalgie et et un plaidoyer politique fort ; un récit dense et prenant pour ce dernier opus de Maj Sjöwall et Per Wahlöö.
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L'assassin de l'agent de police



C'est un roman policier qui commence sur une présomption de culpabilité! Une femme disparait. Son voisin, condamné il y a dix ans pour meurtre, a été vu en sa compagnie peu de temps avant sa disparition. Et voilà que le directeur de la police suédoise, sous la pression de l'opinion publique, et alors que l'enquête piétine, donne l'ordre à Martin Beck d'arrêter cet homme. Mais aucun crime n'a été commis. Et aucune preuve, aucun témoignage n'accuse cet homme. Et ceci, pour que la police ne "soit pas la risée générale". Martin Beck s'exécute et arrête Bengtsson, le voisin de la disparue, presque en s'excusant. Bengtsson est un présumé coupable d'un crime inexistant. À Martin Beck de trouver et le crime et les preuves de la culpabilité de Bengsston! Une réflexion intéressante sur le fait qu'un condamné, même s'il a payé sa dette à la société, est marqué à vie par son passé. Et aussi sur le poids grandissant de l'opinion publique manipulée par la presse.

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Et les auteurs enfoncent le clou. Un journaliste, Boman, approche Martin Beck pour glaner des renseignements sur cette affaire, il a été condamné pour homicide et a dû d'ailleurs changer de nom pour pouvoir retrouver un emploi, en l'occurence à l'Allehanda. En haut lieu, on reproche à Martin Beck de parler à ce "reporter ancien meurtrier"! Parce qu'il a été condamné. Un journaliste de la Presse du Soir menace même publiquement Boman de révéler qui il est vraiment. Encore un autre marqué à vie par son passé! Et puis on découvre le cadavre de la disparue. Et l'enquête va pouvoir enfin démarrer sur des bases sérieuses. Bengtsson est-il innocent?

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Les auteurs ont décidé dans cet avant dernier opus de la série des Martin Beck de soulever de nombreuses questions importantes. Telles que : peut-on vivre normalement quand on a tué quelqu'un et ce quelqu'en soit la raison? Même pour une bonne raison. "On ne peut pas vivre avec ça. Tout devient différent. On ne s'en remet pas." dit Boman. On va d'ailleurs rencontrer beaucoup "d'hommes qui ont tué" dans ce roman. Autre question forte : est-ce que les nouveaux policiers sont à la hauteur de leurs aînés? On va voir évoluer une belle brochette de policiers imbéciles, de policiers non motivés, de policiers violents et enfin de policiers autoritaires. C'est Kollberg qui dit : "Il fut un temps où j'aimais bien être dans la police. Mais ce temps-là est révolu depuis longtemps." Malaise. Enfin les auteurs abordent le sujet de la lente désagrégation de la société suédoise : des jeunes incontrôlables qui détestent la société (et particulièrement la police), un semblant d'ordre basé sur des arrestations arbitraires, un système de santé à la dérive avec des médecins qui quittent le pays et la concentration du pouvoir dans les mains "d'un petit nombre de familles riches et d'une poignée de politiciens incapables et corrompus". C'est sombre. C'est prophétique (on est en 1974). C'est un roman coup de poing.
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Le policier qui rit



Stockholm 13 novembre 1967, 23h 03. Un bus rouge à impériale défonce une clôture métallique et s'immobilise. À l'intérieur le chauffeur et tous les passagers sont morts, tués par balles. Que s'est-il passé? Martin Beck, son équipe et des renforts venus de toute la Suède enquêtent. On va assister à "la plus grande chasse à l'homme qui ait jamais été déclenchée dans ce pays."

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Aucun témoin, aucun indice (à part les balles). Quel est le profil du meurtrier? S'agit-il d'un psychopathe qui a exécuté le massacre sur un coup de folie, ou plutôt d'un tueur avec un mobile précis qui ne visait qu'une seule personne. Mais laquelle? Le policier - peut-être en filature? L'homme d'affaires douteux, détesté de beaucoup de personnes? L'homme au visage déformé par une balle et non identifié? Ou un des autres? Lequel des passagers devait être éliminé? Et pourquoi?

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On est entraîné ensuite dans une interminable enquête où les policiers fouillent dans le passé de chacun des passagers à la recherche d'une raison qui aurait pu pousser un tueur à l'assassiner. On va au passage rencontrer une multitude de personnages. Les enquêteurs vont se demander si le policier n'a pas été tué parce qu'il était sur la piste d'un criminel. Dans ce cas, sur quelle affaire était-il? Un cold case? C'est long, pas toujours intéressant. Et l'humour que nous apporte avec bonheur les auteurs dans leurs autres romans me semble absent ici, rendant la lecture du récit moins facile. Si j'admets que dans la vraie vie, des enquêtes policières peuvent être laborieuses à ce point, dans un roman policier moderne, le lecteur s'attend à trouver de l'émotion, de l'action, du suspense, des rebondissements, toutes choses absentes de ce récit. Dommage. Oublions donc ce roman. Des mêmes auteurs, je recommande l’Abominable homme de Saffle ou Roseanna qui sont sans conteste leurs chefs-d'oeuvre.
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Roseanna



La préface de l'édition française de 2008 de Roseanna est écrite par Henning Mankell. Il y écrit : "Sur bien des plans, Roseanna est un livre fascinant." Fascinant! Roseanna, écrit en 1965, est le premier volume de la coopération entre Maj Swöjall et Per Wahlöö, c'est le début de la série des Martin Beck et surtout, c'est le roman fondateur du polar scandinave actuel. Tout amateur de roman policier se doit de l'avoir lu. Je le re-relis avec toujours autant de plaisir. L'écriture coule doucement, les nombreux détails nous garantissent l'authenticité de l'intrigue, les protagonistes sonnent juste. Ce sont de vrais policiers - pas des surhommes, pas des policiers de fantaisie - qui vont mener l'enquête sur le meurtre d'une femme dont le corps a été retrouvé en draguant un canal près de Motala, en Suède.

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Le récit commence par cette interrogation : comment résoudre une affaire criminelle à partir de rien? Juste un cadavre nu dont on ignore l'identité, sans avoir de scène de crime, de plage horaire du crime, sans même savoir si le corps a été jeté dans le canal à partir des berges ou alors d'un bateau navigant sur ledit canal. Pourtant petit à petit, l'enquête va avancer. Plus tard, beaucoup plus tard, sur la base d'une hypothèse plausible, Martin Beck et Kollberg - un de ses adjoints - auront réduit le nombre de possibles coupables à 27 hommes de dix nationalités différentes dont tous n'ont pas pu être pas localisés. Mission impossible. Mais Martin Beck est patient et opiniâtre, on ne doute pas qu'il va trouver le coupable. Mais par quel bout prendre cette étrange affaire?

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Ce qui est fascinant, c'est qu'il ne se passe presque rien dans les 27 premiers chapitres du récit, que les semaines passent, les mois passent, mais qu'on ne s'ennuie pas une seconde à la lecture de cette longue enquête. Bien sûr, certains diront que le roman date. C'était l'époque où l'on fumait au bureau, où l'on téléphonait d'une cabine téléphonique, ou l'on envoyait des télégrammes et où on plaçait un rouleau de pellicule dans un appareil photo. Mais les changements de lois et de technologies survenus depuis ces années soixante, ne modifient en rien l'intérêt de l'intrigue. On est en présence d'un polar qui est un jalon important de l'histoire du polar. Et même si les auteurs auraient pu y mettre un peu plus d'action et de sentiments, c'est avant tout un grand polar.
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Roseanna

J'ai pris Roseanna à la bibliothèque car il était mis sur un présentoir. Habituellement, je n'aime pas les romans policiers des années 60. J'ai l'impression que les intrigues sont lentes et les personnages convenus. Mais Roseanna est une pépite. Je l'ai lu quasiment d'une traite. Henning Mankell a écrit une préface en 2008 pour cette édition. C'est un gage de qualité. Bonne lecture !
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Le policier qui rit (BD)

Voila l'exemple parfait du polar à emprunter : ni suffisamment bon pour être acheté et relu plusieurs fois, ni assez mauvais pour vous ennuyer ou vous agacer. C'est un polar construit de façon classique, avec une enquête menée par les policiers de façon claire et méthodique, sans fioritures.



Je trouve que la BD fait tout à fait ce qu'elle doit faire, sans déborder ni jamais innover. Les différents flics sont parfaitement bien cadrés, chacun dans son style et avec des comportements qui semblent être désormais des stéréotypes. L'enquête avance par petites touches, sans grande révélation dingue. Il y a quelques petites facilités ("Je me souviens d'un truc …"), des interrogatoires où tout n'est pas dit, des indices dissimulés. C'est une trame déjà vu et revu dans tout les sens mais elle reste très efficace.



Je pense que cette BD peut plaire à tout le monde du moment que vous aimiez un peu les polars. Il ne révolutionne rien et n'apporte rien au genre, il se contente de faire son travail poliment et proprement. Le dessin apporte un aspect très année 60, dans les têtes et les environnements, mais reste un peu trop froid aussi. Typique du polar, en somme, ce qui n'est pas incongru. A emprunter !
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La chambre close



Dès les premières pages, on reconnait le style si particulier des auteurs. Un style descriptif précis où chaque détail semble être important. Ainsi une demi page est consacrée à la description du contenu d'un tiroir presque vide du bureau de l'inspecteur Martin Beck, au commissariat de Västberga! Ce style participe à créer une ambiance un peu mystérieuse et teintée d'humour. On retrouve très vite aussi nos vieilles connaissances : les agents Kristiansson et Kvant "nos deux crétins". Quand ils se mêlent de quelque chose, ça part mal. Et là visiblement, ils ont ignoré qu'il est difficile de se suicider d'une balle en plein coeur dans un appartement ultra-verrouillé… sans aucune arme à feu à l'intérieur du logement. On est ainsi précipité, dès le début, dans un mystère de chambre close. Et Gustavsson, leur chef, sait quoi penser de ces "énigmes impossibles à résoudre : on voit tout de suite qu'il vaut mieux abandonner". Mais Martin Beck ne l'entend pas de cette oreille et "n'est pas décidé à abandonner. En tout cas, pas avant longtemps."

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On prend toujours beaucoup de plaisir à lire Sjöwall et Wahlöö. Ainsi les interrogatoires des témoins du braquage meurtrier d'une banque sont savoureux : il n'y a en pas deux qui disent la même chose et aucun n'a vraiment vu ce qui s'est passé, puisque le lecteur sait comment l'auteur des faits s'est enfui et peut comparer la vérité à ces témoignages fantaisistes. On va aussi assister à la préparation minutieuse "du coup du siècle" par deux braqueurs que la police de Stockholm voudrait bien prendre en flagrant délit. Avec toujours un certain humour sous-jacent. On retrouve à cette occasion Bo Zachrisson "un bon à rien d'agent de police" déjà rencontré dans d'autres romans des mêmes auteurs. Car il n'y a pas que des super policiers chez Sjöwall et Wahlöö : ainsi une tentative d'arrestation menée par le procureur Bulldozer Olsson tourne au fiasco et apparait aussi comique qu'une pièce de Feydeau!

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Dans un tout autre registre, certains passages de La chambre close dénotent de l'engagement politique des auteurs. À gauche. Ainsi, à propos du futur immeuble du QG de la police nationale, ils écrivent : "il devait abriter une direction centralisée et planifiée de type totalitaire". Ou cette remarque sur la Säpo "qui au fond ne servait à rien puisqu'elle s'obstinait à mettre en fiche les communistes tout en ignorant diverses organisations fascistes." Ou encore : "attaquer une banque peut être justifié par des raisons politiques." Est-ce parce qu'ils sont engagés à gauche et qu'ils combattent toute forme de pouvoir fort que la plupart des policiers de ce roman apparaissent incompétents ou ridicules? Une façon de lutter par le biais de la littérature? Qu'importe, cela n'enlève rien à l'excellence de ce roman policier qu'on ne peut pas cataloguer, tellement il est unique dans l'univers du polar.
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Meurtre au Savoy (Vingt-deux, v'la des frit..



Écrit en 1970, ce roman a le charme suranné des polars d'antan, ceux de l'époque d'Agatha Christie ou de Georges Simenon, où les crimes se commettent dans une atmosphère feutrée. Bien que suédois, les auteurs manient l'humour anglais, et de nombreuses scènes témoignent de cet humour, comme celle avec le duo des policiers Kristiansson et Kvant ("ces deux crétins") qui trainent quand on leur demande de se dépêcher, celle où l'agent Backlund découvre qu'un revolver n'expulse pas les douilles (!) ou celle où l'agent Zachrisson ("à l'air empoté") se montre incapable d'arrêter un suspect situé pourtant en face de lui.

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Un meurtre est commis dans la salle à manger du Savoy Hotel de Malmö. L'enquête, diligentée par Martin Beck va se dérouler aussi bien à Malmö qu'à Stockholm et qu'à Copenhague, car la victime, le milliardaire Viktor Palmgren, est un grand industriel aux multiples activités (dont certaines illégales) situées en Suède, au Danemark et au Portugal. Il s'agit principalement d'import/ export, d'immobilier, d'armement et d'instruments de précision.

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C'était l'époque où le pont de l'Öresund n'avait pas encore été construit, et nos enquêteurs ont donc le choix pour effecteur leurs allers - retours entre la Suède et le Danemark, entre le ferry-boat classique ou le moderne (et plus rapide) hovercraft. Mais Martin Beck préfère le ferry où "l'on peut manger à bord", et où on n'a pas le mal de mer. Rassurons nous, ce n'est pas ça qui ralentira l'enquête.

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Martin Beck se retrouve donc devant un meurtre inexpliqué. Quel mobile? politique? rivalité économique? ou alors vengeance d'un employé licencié ou d'un locataire pris à la gorge? "Mais qui pouvait haïr à ce point Palmgren?". Pendant les neuf dixièmes du récit, nos enquêteurs n'ont aucune piste, aucun suspect, aucun indice. Le roman policier scandinave par excellence. Mais on ne s'ennuie pas du tout en le lisant. Au passage, le roman aborde quelques thèmes de société, comme la puissance politique des milliardaires (thème d'actualité), le trafic international d'armes (autre thème d'actualité) et la prostitution de luxe. Un bon moment de lecture.
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L'homme au balcon

Ce qui me semble intéressant, c'est qu'à travers un polar, l'écrivaine nous permet de découvrir des pans de la société suédoise que nous tendons à idéaliser vue de l'extérieur. J'espère me régaler comme avec les romans de Henning MANKELL qu'elle a inspiré.
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L'abominable homme de Säffle



Au premier contact, on est surpris par l’écriture très descriptive de Sjöwall et Wahlöö. Ainsi quand l’inspecteur Martin Beck pénètre dans la chambre d’hôpital où il va découvrir le commissaire Nyman, mort, il y a une page et demi pour décrire la chambre: murs, plafond, sol, fenêtres, lit, meubles, aliments, articles de toilettes, médicaments, vêtements, objets divers (« un stylo Waterman quadrichrome flambant neuf à pointe bille et quelques pièces de monnaie - très exactement huit de dix centimes , deux de vingt-cinq et six d’une couronne »). On imagine la scène au cinéma, avec un lent travelling circulaire, la caméra s’attardant sur chaque recoin de la pièce, et des zooms sur chaque objet présent dans la pièce pour enfin se fixer sur une tache rouge, d’un « rouge agressif » : le sang du mort, puis plus loin, son corps, sans vie, sur le sol. Quelle entrée en matière!





Ensuite on note l’amour que les auteurs éprouvent pour Stockholm. Quand ils décrivent la beauté d’un lever de soleil sur le Strömmen, endroit par lequel le lac Malar communique avec la Baltique. Ou quand ils regrettent de voir disparaître des quartiers historiques agréables et pleins d’animation au profit d’immeubles de bureau froids et d’espaces bétonnés. Et puis ils manient souvent l’humour, ce qui adoucit l’horreur des évènements relatés. Les aventures des agents Kristiansson et Kvant sont un exemple type de cet humour suédois.





Si notre attention se tourne maintenant vers le cadre de l’intrigue, on découvre que ce roman - écrit en 1971 - est d’une étrange modernité : il traite en effet des violences policières. Plus particulièrement celles exercées par le commissaire Nyman. Et et de l’esprit de corps entre policiers pour nier ces violences et classer sans suite toute plainte déposée à leur propos. Alors oui, assez vite, on entrevoit un mobile qui a pu mener à l’assassinat de Nyman. La vengeance. Mais Martin Beck n’a que l’embarras du choix au milieu de toutes ces plaintes - contre Nyman - classées sans suite. Et si d’autres policiers risquaient eux-aussi d’être tués? Pour les mêmes raisons. Le doute s’installe. Kolberg et Beck avancent rapidement dans leur recherche. La fin est un long suspense d’une noirceur totale. Peut-être le meilleur roman de Sjöwall et Wahlöö.
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Roseanna

lecture étonnante de ce polar nordique des années 60… moins dur ou sanglant, pas de connexion permanente, entre téléphone et net, des protagonistes ce qui donne une certaine lenteur au déroulé mais le suspens est là.

se lit comme un dépaysement avec un goût de Made m’en





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La chambre close

«Le retour de Martin Beck»

En convalescence «une affaire» lui est confiée aimablement pour qu’il puisse la traiter de son fauteuil.

Une affaire avec «des faits inexplicables… On voit tout de suite qu’il vaut mieux abandonner» lui dit un collègue ayant travaillé dessus.

Mais bon ce n’est pas le genre a dégoûter Martin Beck bien au contraire et puis la convalescence lui a pesé un peu.



Une narration qui mêle en alternance drôlerie et pondération réglementaire.

On a droit d’un coté à un humour un peu suranné et plutôt balourd de l’équipe de police anti-gang qui planche sur un hold-up.

Un procureur complètement halluciné à coté de ses pompes, à certains comportements et dialogues se voulant désopilants mais sans finesse et très potaches.

Une scène improbable de prise d’assaut d’un appartement…vide... avec gaffes sur gaffes des policiers assaillants, véritable comédie policière anglaise à gags, une peu lourde quand même du style «hot stuff»

Un interrogatoire peut-être inspiré par l’inspecteur Juve tournicotant autour de Fandor avec ses «tu mens, tu mens, il ment, tais-toi!» dans le Fantômas de 1964

Une souricière qui vire à un fiasco digne du gendarme Cruchot et de ses bras cassés sur la plage des nudistes.



D’un autre coté à un sérieux très sage de la part de l’inspecteur Beck: un vieux de la vieille avec lequel il ne faut pas rigoler et qui appelle un chat un chat

Plutôt porté sur la règle et l’introspection sans fard, opiniâtre qui ne lâche rien en passant par la petite porte.

Avec ténacité et méthode il remonte à l’origine de l’affaire confiée: un banal suicide dans un appartement complètement fermé à clef « de l'intérieur» comme les WC de Coluche, suicide par balle mais sans arme à feu… «Une énigme véritablement impossible à résoudre un nouveau «mystère de la chambre jaune»



Au centre deux affaires, le hold-up avec mort d’homme et l’énigme de « la chambre close », apparemment sans lien mais qui après quelques investigations sont moins étrangères qu’on aurait pu le penser et vont se croiser. Encore faut-il penser à croiser les faits et cela ne semble pas évident avec cette police suédoise.



Une histoire plutôt sympathique et assez anodine avec un seul mort et encore par «accident» et un «suicidé» pas très net époque où on ne tirait pas systématiquement sur tout ce qui bouge: une violence disons humaine de proximité.



Les auteurs ont dans leur démarche générale une volonté de se gausser de la police fonctionnaire et tourner en ridicule le comportement de certains comportement carriéristes et de l’incompétence d’individus profiteurs du système. Du grand guignol un peu étonnant de la part de Sjöwall et Wahlöö: ils se sont lâchés!



Mais ils louent quand même le professionnalisme de certains et qui en général n’en sont pas même remerciés.

Une enquête, du moins celle de Martin Beck, vraiment pour très très grand convalescent. L’autre plus débridée mais trop farfelue et une fin plutôt immorale, comme se le permet parfois un autre écrivain de policier Andréa Camilleri, immorale car les méchants ne sont pas punis ou punis pour autre chose ce qui revient au même.



Mais il y a quand même un heureux : Martin Beck
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La voiture de pompiers disparue

Le policier Larsson voit l’immeuble qu’il était en train de surveiller exploser devant ses yeux. N’écoutant que son courage, il arrive à sauver 8 personnes avant d’être lui-même hospitalisé. Tout laisse à penser au suicide au gaz d’un des habitants. Mais Larsson est persuadé qu’il s’agit d’un crime. Car deux des victimes sont des trafiquants, l’un de voitures volées, l’autre de drogue. Et tous deux travaillaient pour un même homme, celui que cherchent justement Martin Beck et son équipe. Un rebondissement donnera raison à Larsson…

Un épisode qui se caractérise par plusieurs éléments : le héros n’est pas l’inspecteur Beck, qui subit dans un premier temps l’histoire, seule une petite prémonition l’empêche de boucler l’affaire immédiatement. Ensuite l’humour, omniprésent dans l’ouvrage, bien plus que dans les 4 précédents épisodes. Enfin, une part importante du récit est réservée à la vie personnelle et privée des différents policiers, notamment Beck, non loin du divorce, et Kollberg qui au contraire vit pleinement sa vie de couple.

Et puis, contrairement à beaucoup de romans policiers (sans parler des films et séries du même genre), les pionniers du polar scandinave Sjöwall et Wahlöö nous montrent combien une enquête peut être longue, très longue, avec des temps morts, et parfois des hasards qui permettent enfin d’avancer. Une enquête menée par des hommes ordinaires, avec leurs doutes et leurs erreurs.

Une enquête terriblement efficace et profondément humaine.
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L'assassin de l'agent de police

Avant-dernier opus de la série Roman d’un crime, L’assassin de l’agent de police envoie le commissaire Beck loin de son quotidien stockholmois à Anderslov dans le sud du pays ou une femme a disparu. La police locale qui n’est constitué que du jovial Nöjd, a demandé de l’aide. En effet, la disparue n’habitait pas loin de Folke Bengtsson, reconnu coupable du meurtre de Roseanna dans le premier roman de la série. Mais il y aussi un ex-mari violent et une enquête qui piétine. Kollberg, le collègue de Beck qui était venu le seconder est appelé à Malmö pour la mort d’un collègue pendant un échange de coups de feu avec des cambrioleurs.

Les deux auteurs suédois, inventeurs du roman policier moderne, continuent ici de radiographier la Suède des années 1970 entre une police aux chefs incompétents, une société qui n’est pas le modèle annoncé et une classe moyenne qui s’ennuie. Mais le lecteur n’en perd pas une miette tant l’histoire est rythmée, les personnages incarnés et les dialogues bien huilés. Un des meilleurs de la série.
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