Citations de Pétros Márkaris (312)
Vassilis se moquait bien de savoir si son grand père était un héros ou un lâche.
Ce qui le terrorisait, c'était le retour des jours sombres qui avaient fait de lui un héros ou un lâche et qui avaient plongé sa famille dans une longue période de deuils, cette ronde macabre qui reprenait.
- En tout cas, tout n'est plus qu'une question d'image. Même les suicides.
Mais moi, je me suis résigné à l’idée que je fais partie du petit peuple dont la vie est semée de petites joies et de petites vengeances (p.381)
- Pourquoi donc m'aides-tu, Lambros? lui dis-je brusquement.
Quelle peut être sa réponse? Par amitié? Par affection? Par reconnaissance?
- Quand tu ne peux plus croire en rien, tu crois en la police, me répondit-il plein d'amertume. Vous êtes le fond. J'ai touché le fond et nous nous sommes rencontrés, c'est tout.
- Quand la direction du Parti prenait une décision et que l'un de nous avait des objections, le secrétaire général lui disait : "C'est ça la ligne, camarade" ce qui voulait dire : "Ferme-la et fais ce qu'on te dit". C'est précisément ce qu'a fait ton sous-chef.
L'Assassinat d'un Immortel
N'importe qui peut devenir membre de l'Académie. Il suffit d'avoir les bonnes relations. C'était cela le vrai talent de Spakhis : les relations. De plus, il représentait la parfaite médiocrité. Il possédait donc les deux qualités indispensables pour devenir aujourd'hui académicien. (p. 21)
Le vendeur a examiné la Mirafiori, que j’avais apportée pour qu’il la reprenne, comme on contemple un dinosaure.
- Vous voulez un conseil, monsieur le commissaire ?
- Vas-y.
- Allez plutôt au musée Fiat. Ils vous en donneront davantage.
- Je vais vous dire encore une chose, monsieur le commissaire : l'Etat grec est la seule mafia au monde qui ait réussi à faire faillite. Toutes les autres croissent et prospèrent.
Dans la hiérarchie ecclésiastique on commence diacre et l’on termine évêque, et dans celle de Polytechnique on a démarré simple révolutionnaire pour finir entrepreneur, professeur ou dirigeant syndical, en montant les échelons plus vite que dans l’Église.
(Points, p. 201)
Tous préfèrent discuter des augmentations, continuellement prochaines mais qui n'arrivent jamais.
Quand je lui ai demandé comment pouvaient collaborer deux mafias dont les pays sont à couteaux tirés, il a éclaté de rire. Il m'a dit : Attends, pendant la guerre en Yougoslavie, alors que la Serbie, la Bosnie et la Croatie s'entr'égorgeaient, toutes les mafias du coin travaillaient ensemble à briser l'embargo et fournir Milosevic en pétrole clandestin.
Quand je reviendrai, ce sera avec les vêtements d'un autre, le nom d'un autre. Ma venue sera inattendue. Si tu me regardes incrédule et dis "Tu n'es pas lui", je te montrerai des signes et tu me croiras. Je te parlerai du citronnier dans ton jardin, de la fenêtre d'angle qui laisse entrer le clair de lune, et puis des signes du corps, des signes d'amour. Et quand nous monterons, tremblants, à notre chambre, entre une étreinte et la suivante, entre les cris des amants, je te parlerai du voyage toute la nuit et toutes les nuits à venir. Entre une étreinte et la suivante, entre les cris des amants, toute l'aventure humaine, l'histoire qui ne finit jamais.
(Derniers mots du film "Le regard d'Ulysse", de Théo Angelopoulos, scénario de Petros Markaris, Tonino Guerra et Theo Angelopoulos)
Voilà comment sont tous les anciens hommes de gauche. Ils se figurent que nous, les policiers, nous tuons le pauvre monde et pavoisons ensuite. Et quand ils rencontrent quelqu’un qui n’est pas dans la norme, ils s’étonnent et sont aussi contents que s’ils l’avaient fait entrer au parti.
(JC Lattès, p. 265)
- Tes imbéciles de compatriotes ont lancé une bombe dans la maison d’Ataturk à Thessalonique.
Vassilis n’arrivait pas à parler. Il se contentait de hocher la tête, entre indignation et abattement.
- Je ne sais pas ce qui me fait le plus enrager, continua le commissaire. La bombe qu’ils ont lancé dans la maison natale du fondateur de la République turque ou de devoir passer toute la nuit dehors pour tenter de contenir la foule en colère.
Trois jours.
Il y a deux choses que je fuyais dans la vie : le racisme et les Noirs.
Au fil des ans, je me suis fixé une règle invariable : ne jamais prendre les papiers que l'on me donne. D'ordinaire, ce sont des directives, des interdictions, des restrictions, bref : tout ce qui peut m'exaspérer. C'est pourquoi je les laisse tomber sur mon bureau, attendant pour les lire d'être psychologiquement prêt.
Les octogénaires ont pour habitude de somnoler devant la télévision ou de sortir leurs petits-enfants en promenade, ou encore d'aller au café pour récrire l'histoire avec des accents romantiques.
- Mon oncle avait deux visages, monsieur le commissaire. Un pour sa famille et un pour les étrangers. Avec les étrangers, toujours amical et poli. Avec sa famille, vaniteux et prétentieux. C’était pareil avec ma tante. Devant les étrangers, il était tout miel avec elle. Mais une fois seuls, il n’arrêtait pas de l’humilier du matin au soir.
L’assassinat d’un Immortel.
On passe des marinas et des yachts, au port et aux armateurs. Vous aurez bientôt besoin de masques et de palmes.
- Le projet était avancé ?
Elle hausse les épaules.
- Oui, mais il rencontrait de nombreux obstacles.
En Grèce, les grands projets ont du mal à se réaliser. Au début, on vous dit avec enthousiasme : "Viens, tu auras tout à tes pieds. Mais quand vous venez, vos pieds collectionnent les crocs-en-jambe."