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Citations de Philippe Meirieu (61)


L'égalitarisme, lui, est dans le mythe de la classe homogène qui contraint toute différence à s'exprimer par la concurrence ou à être sanctionné par l'exclusion.
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La seule issue aussi pour affronter le défi, plus que jamais d'actualité, de la formation à la citoyenneté. Un défi qui n'a pas encore été complètement relevé et qui, pour permettre à la modernité de construire une société démocratique, doit convoquer la pédagogie.
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"On apprend à attendre une réponse au lieu de l'exiger sur-le-champ. A expliquer ce qu'on veut vraiment et à se demander si c'est juste. Ainsi apprend-on à penser."
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A bien des égards, même, l'acte éducatif change de sens: alors qu'il se nourrissait traditionnellement d'un passé qu'il s'agissait de prolonger, il doit aujourd'hui s'inspirer d'un futur que nous ne sommes pas capables d'anticiper.
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Autrement dit, la matière du savoir n'est pas un objet inerte qui circule d'un esprit à un autre à la manière d'un témoin qui passe de main en main ; elle est une mise au travail intérieure du professeur sur laquelle les élèves engrènent leur propre mise au travail. Car ils ne sont pas appelés à "recevoir" ce qu'on leur dit mais à épouser la démarche de celui ou celle qui leur parle.
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L'école, de toute évidence, n'est pas en mesure de relever seule le défi de la construction d'une société démocratique aujourd'hui. Mais elle ne peut pas, pour autant, se dérober à ses responsabilités. Il faut donc se réjouir que la question cruciale de la mixité sociale des établissements, posée de longue date, émerge enfin clairement dans le débat public. Des mesures de carte scolaire et une relance volontariste de la politique de la ville s'imposent plus que jamais pour lutter contre l'intolérable ségrégation que vit aujourd'hui notre jeunesse.
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La songerie techniciste a une caractéristique extraordinaire : au nom même de sa foi dans les progrès de la science censés résoudre tous les problèmes, elle attribue toujours ses ratés à son développement insuffisant. C'est pourquoi, comme la plupart des dogmes, le scientisme, en une fausse modestie qui cache une immense prétention, tire toujours de ses échecs la même conclusion : c'est parce qu'on ne l'a pas suffisamment écouté que l'on n'a pas encore complètement réussi ! Toutes les objections qu'on lui fait renforcent et nourrissent ainsi sa détermination et rien ne peut arrêter sa fuite en avant technologique. Au point qu'on se demande si le remplacement des professeurs par des processeurs ne représenterait pas pour lui, finalement, l'avenir de nos systèmes scolaires.
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Dans une école qui se veut authentiquement démocratique, la véritable évaluation n’est pas celle qui permet de savoir si l’on est meilleur ou moins bon que les autres, mais bien celle qui donne à chacun et à chacune les moyens de devenir meilleur que lui-même.
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Quand les populismes de toutes sortes ne cessent de désigner des boucs émissaires à la vindicte publique, quand les théories du complot véhiculent des visions fallacieuses du monde qui ne laissent d’autre issue que l’affrontement, quand la machinerie commerciale organise, à coups de slogans publicitaires relayés massivement par les industries du numérique, le caprice mondialisé, il apparaît plus fondamental que jamais de donner aux professeurs la mission d’instruire sans enfermer, de transmettre sans clôturer, d’engager chacun et chacune dans une démarche de recherche à laquelle aucun credo obscurantiste ne pourra jamais mettre fin. Il y va de la réussite de notre École. Et de la possibilité, pour nos enfants, de donner un avenir à leur futur.
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Les professeurs, en effet, ont vu leur niveau de vie baisser de manière continue depuis plus de trente ans : alors qu’en 1990, un professeur des écoles débutant percevait l’équivalent de plus de deux fois le salaire minimum, il n’était rémunéré en 2022-2023 qu’à hauteur de 1,2 SMIC.
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Nos collègues d’Amérique du Nord, soumis depuis plus longtemps que nous à une politique d’évaluation quantitatives permanentes la dénoncent avec vigueur car, non seulement elle fait oublier des dimensions essentielles de l’éducation, mais elle marginalise aussi gravement toutes les disciplines qui ne sont pas considérées comme « fondamentales », telles l’éducation artistique et physique, l’histoire et les sciences sociales, la philosophie ou la biologie, quand ce n’est pas la littérature.
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Nous appellerons donc ici «pédagogue» un éducateur qui se donne pour fin l'émancipation des personnes qui lui sont confiées, la formation progressive de leur capacité à décider elles-mêmes de leur propre histoire, et qui prétend y parvenir par la médiation d'apprentissages déterminés. Nous considérons, par ailleurs, que quiconque adhère à un tel projet «entre en pédagogie», quels que soient le statut institutionnel qu'il détient et le positionnement social qui est le sien.
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On me décrit, ici ou là, comme ayant eu une influence déterminante sur l'évolution du système scolaire depuis plusieurs dizaines d'années: c'est me faire beaucoup d'honneur et témoigner de beaucoup d'ignorance.
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Les neurosciences ne nous exonéront donc pas du travail éducatif qui consiste à rendre vrai, le bien, les connaissances et les savoirs, désirables pour et par l'enfant lui-même.
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Philippe Meirieu
Les travaux sur la notion d'attente, sur "l'effet Pygmalion", montrent que rien n'est plus concret et précis que la manière dont l'élève reçoit le regard que l'enseignant porte sur lui. Alain disait : "il y a des manières d'interroger qui tuent la bonne réponse".
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"Il est important, comme le disait en effet Fernand Oury, que les enfants "modernes" retrouvent ce qu'ils ont "perdu" : le manque. Point d'éloge de la pauvreté ici : trop d'enfants ne disposent pas, comme le rappelle Jean Paul Delahaye, des conditions matérielles indispensables pour aborder sereinement leur scolarité. Car Oury évoque un autre manque : un manque fondateur, une anfractuosité dans la conscience d'où émane une aspiration vers l'inconnu, une brèche dans les certitudes où s'origine le désir d'apprendre et de comprendre, et où s'éprouve, face à la malédiction des dogmatismes, la possibilité même d'une citoyenneté lucide.
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Car, ce qui mobilise nos énergies au-delà des satisfactions de notre corps primaire, ce qui nous pousse à nous engager pour des causes plus grandes que nous, n'a souvent pour les techniciens, les administrateurs, les gestionnaires et les managers de toutes sortes, ni queue ni tête. Jean Jaurès l'énonçait déjà dans son discours "Pour la laïque", devant la chambre de députés, en 1910, quand il expliquait, en une superbe formule, que tout professeur devrait faire en sorte que l'élève "découvre toujours une chose à expliquer sous la chose expliquée. Comme l'onde sous l'onde en une mer sans fond.
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"Jeune instituteur, disait déjà Rousseau, je vous prêche un art difficile, c'est de gouverner sans préceptes et de tout faire en ne faisant rien." Ce principe est à l'opposé de toute aspiration machinique : la machine est faite pour faire ; elle produit ce qu'on lui commande ; ses résultats doivent être normalisés et commercialisables. rien de tel pour le professeur : il crée des situations, invente des dispositifs et offre des ressources à des sujets dont il ne peut jamais maitriser le comportement. Il n'a qu'une solution : proposer et proposer encore. Ne jamais répondre à un refus par un abandon. Est ce pour cela que Freud a qualifié l'éducation avec la politique et la psychanalyse de "métier impossible" ? Dans doute, voulait-il souligner que gouverner, éduquer et analyser sont des entreprises vouées à l'inachèvement dont les résultats sont toujours nécessairement insatisfaisants. Mais peut-être, plus profondément, pointait-il la une caractéristique particulière de ces activités : le fait qu'elles s'exercent sur d'autres humains mais ne peuvent aboutir que si ces derniers y contribuent eux mêmes librement ?"Je peux t'instruire, dit le professeur … mais toi seul peux apprendre."
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Tout se passe ainsi comme si l'entreprise de scolarisation de notre jeunesse était construite sur une ambivalence fondamentale : les professeurs en sont, tout à la fois, la force et la faiblesse, les maîtres d'œuvre essentiels et les principales fragilités. D'où la volonté d'en renforcer le pouvoir à condition d'en contrôler strictement le comportement. D'où, aussi, la tentation d'en développer systématiquement la fonction en neutralisant au maximum la personne.
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Et c’est ainsi que l’école, en se désengageant de sa verticalité bonapartiste et de ses velléités de normalisation militaire, pourra être une véritable institution de formation à la démocratie.
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