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Critiques de Pierre Bourgeade (33)
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Brigitte Lahaie

" Ces photos ne sont pas celles d'une actrice mais d'une femme. Une jeune femme en liberté. Cette femme n'a pas revêtu la " seconde peau " chère aux érotomanes : comme elle apparaît nue, les trois-quarts du temps, on voit bien qu'elle ne porte que la sienne. Le latex est noir, cette peau est blanche. Le latex est opaque, cette peau est transparente. Le latex est froid, cette peau semble être fraîche au toucher. Le latex prend la forme qu'on lui donne, cette peau ne doit sa forme qu'à soi. Les photos n'ont pas été prises dans l'un de ces multiples endroits que les grandes villes modernes offrent aux non moins multiples perversions, vécues ou jouées, mais à la campagne. On y voit Brigitte Lahaie dans sa maison, son jardin, ses prairies. Elle est avec ses chats, ses chiens, sa solitude, ses chevaux... " P.B. Deux amis et complices, la photographe Claude Alexandre et l'écrivain Pierre Bourgeade signent un portrait poétique et intimiste de l'ex-star du X, Brigitte Lahaie, en rupture avec son image publique de femme fatale.
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Eloge des fétichistes

Dans mon éclectisme habituel, ma gourmandise de découvertes et de voies, voire d'impasses littéraires, j'ai lu, relu, repris en cours de lecture, des livres érotiques ou liés au monde du sexe.

Celui-ci manquait, j'ai voulu explorer naturellement les fétichismes.

Pierre Bourgeade, ami de Pierre Molinier, est un auteur à multiples facettes, explorant ici des mondes avec son vécu libertin, avec une plume parfois volontairement romanesque et des références à des auteurs aux envolées sexuelles. Il nous ouvre la palette très large des envies, des désirs et des folies, des instants impossibles ou le cerveau rêve en mode réel de jeux charnels, extrêmes pour les uns, anodins et naturels pour les autres. Il ne joue point de sa loupe pour comprendre, encore moins pour juger les fétichistes. Ces personnes qui prennent du plaisir, qui jouissent pleinement en vivant leurs folles envies, en allant au bout de certains fantasmes. J'ai noté en fin de ce livre "Etranges explorations ..." car c'est cela, sans pour autant analyser ma lecture et les propos délivrés entre les pages, il faudrait plutôt psychanalyser les adorateurs des cheveux longs, les jouisseurs caressant des yeux des jambes voilées de bas nylon, tendues de jarretelles affolantes, perchées sur des talons très hauts. Sont-ils fous ? dang-heu-reux ? passionnés ? simplement épicuriens ?
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Eros mécanique

Une fois de plus j'ai été déçue par ces nouvelles érotico-mécaniques.

Je ne sais pas si mes attentes pour ce genre de littérature sont trop grandes mais ces nouvelles m'ont laissée sur ma faim. Faim d'émotions, de vibrations, de tentations, de relations...

L'écriture est certes intéressante et bien construite mais elle ne fait pas le poids face à l'absence de "pétillement", de magie, de papillons volants au bas du ventre.

Je suis passée une fois de plus à côté. Dommage.
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Eros mécanique

Recueil de nouvelles très courtes, variations sur le thème.

Personnellement, je n'ai aimé que la première, éponyme.
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L'armoire

Un auteur qui a fait ses preuves, un éditeur de renom et pour résultat un livre qui aurait dû rester dans les tiroirs......

Bancal .
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L'Autre Face : Portrait de la face cachée de ..

20 arrondissements, 2 bois, 1 ville, tant de petites histoires croustillantes!
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L'empire des livres

Monsieur Dufourcq est libraire au Pays Basque et à la veille de sa retraite, il espère que son fils reprendra son commerce qui est toute sa vie. Mais, ce dernier a décidé d'un destin autre et s'exile brutalement en Amérique du Sud.

C'est sa rencontre avec Maïtena qui va redonner espoir à Monsieur Dufourcq. Il finira par épouser cette jeune femme qui a connu une vie parisienne pleine de débauches et souhaite désormais retrouver une existence retirée et calme. Trop calme peut-être...

Première lecture de cet auteur et plutôt une déception.

Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages que j'ai trouvés peu crédibles. le roman m'a paru déséquilibré dans sa structure avec une partie bien trop longue, à mon goût, sur le "libertinage" de l'héroïne.
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L'empire des livres

Je recherchais un livre érotique excitant qui se lit d'une main.

J'ai loupé la cible.

Je ne porte pas de jugement sur la qualité de l'histoire car finalement je l'ai juste survolée ...



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L'empire des livres

Je trouve que Bourgeade a souligné un element très réelle, ce qui la complexité de la sexualité de la femme, et la sexualité en général. Pendant le roman, on suit Mlle d'Urruty et on symphatise avec et après ce sentiment s'en va avec certaines, disons, folies qu'elle fait. Le sentiment où on fait des choses que nos corps choisissent et nos cerveaux reste comme observateurs et non participants (expliqué par le métaphore du train); cela rend Mme d'Urruty une mise en garde pour nous et une incitation à refléchir sur notre comportement et surtout nos vices.

Le théme de l'amour des livres est une relation pittoresque et thérapeutique pour Mlle d'Urruty et aussi dévorante et nuisif pour les deux M Dufourcq. Avec ces descriptions contradictoires, il me semble que l'écrivain nous laisse le choix de décider nous-mêmes l'effet des livres sur nous. Ou peut-être le but c'est de ne pas décider, mais d'accepter sa complexité et les possibilités.
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L'empire des livres

Après avoir été intrigué par le titre de cet ouvrage, je me suis dit : tentons le coup ! Eh bien ce ne fut pas très heureux...



L'histoire s'articule autour des aventures sentimentales d'une jeune étudiante vivant entre Paris et Bayonne et qui va finalement se marier avec un libraire.

Bien que l'histoire baigne dans cet univers de livres, ce sont les aventures de la demoiselle qui tiennent le plus à coeur de l'auteur et c'est ce qui m'a le plus déplu.

Dommage, le titre était alléchant !

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L'ordre des ténébres

Abandonné ! Souvenir d'un après midi chez une maitresse toulonnaise ou en guise de cadeau, je lui ai offert ce livre...

Abandonné comme j'ai pu l'être au mains de ces maîtresses dominatrices qui apparaissent dans cet ouvrage confidentiel s'il en est, ou l'on découvre ce monde de la domination avec ses règles, ses lieux interdits, ses lois et ses mystères.

Abandonné comme ces soumis que l'on voit dans ces photos, amoureux de leurs dominatrices et prêts à endurer souffrance et plaisir...

De magnifiques textes viennent accompagner ces photos ou il n'y aucun mannequin ou poses calculées puisque toutes les personnages de cet album jouent leur propre rôle...

Enfin abandonné dans mes souvenirs où je partageais quelques fois mes errances de jeune soumis au bondage...
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La fin du monde

Ce roman m'a rappelé l'univers sordide de ceux de Houellebecq, l'aspect philosophique en moins, la psychose en plus. En revanche la misogynie y a toute sa place, c'est d'ailleurs tout le propos du bouquin.



Un roman glauque à souhait!
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La rondelle

Un agent secret français est engagé par une agence de détectives privés spécialisée dans les affaires sentimentales. Mais au cours d’une filature banale, il tombe sur ce qui semble être un complot. Et il se retrouve mêlé à une série de meurtres touchant des asiatiques. Et boum…ça explose à la gare d’Austerlitz. Voilà Frank Brasiez lancé sur la piste de dangereux terroristes.

Attention roman hybride, polar, aventure, espionnage, tout y passe. C’est très violent, parfois même sadique. L’histoire et ses rebondissements sont même parfois invraisemblables mais c’est bien écrit. Malheureusement même si Basiez a un petit quelques chose de Mike Hammer, le premier degré de cette fiction gâche le plaisir de la lecture. Un brin d’humour dans cette hyper-réalisme augmenté aurait peut-être était salutaire.


Lien : https://collectifpolar.com/
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La rondelle

Frank Brazier, agent secret est devenu détective privé. Son patron a fermé boutique, il a pris sa retraite avec ses chèvres.

Un ancien général à la tête de l'agence spécialisée dans les affaires de cœur confie à Frankie sa première filature : suivre à la demande d'un vieil aristocrate, sa jeune compagne qui a belle l'allure.

Frankie bondit sur sa Honda rouge , un coup de Kick et c'est parti à 100 à l'heure dans les rue de Paname sur les traces de l'ancien mannequin qui danse... à la Coupole avec un beau Libanais.

Mais juste le temps d'un flag', un baiser sur la bouche et le libanais tombe sur le sol comme une mouche.

Comme dirait Hervé Proudon, Vinyle rondelle ne fait pas le printemps !

Autant dire qu' on ne s'enquiquine pas dans le roman d'espionnage de Pierre Bourgeade. Il ne lésine pas dans les scènes d'actions et d'hémoglobines et ne torture pas que ses méninges...

Son Pitbull m'avait déja bien mordu. Là, c'est moi qui aie dévoré ce pilon de bibliothèque trouvé par hasard dans une boite à livre.
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La rondelle

Ça déboulonne sec dans ce roman d'espionnage signé Pierre Bourgeade, où Brazier, un agent secret dont l'Agence a été dissoute, se retrouve à filocher les femmes infidèles pour une agence de détectives privés.

Les histoires d'amour finissent mal en général, et celle de Warluis, aristo septuagénaire marié à une jeune mannequin, va tourner au vinaigre. Un supposé amant libanais, un coup de Trafalgar dans cette vénérable institution qu'est la Coupole, des Pakistanais, Paris à feu et à sang… et si l'explication se trouvait dans une mystérieuse et convoitée rondelle?

Si ce polar se lit vite -il est bourré d'action- il a vieilli. 1986, c'était au siècle dernier, les scènes de torture et de tentative de viol presque consenti (!) ont du plomb dans l'aile. Mais il y a de bons mots, et du rythme.

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Le Camp

Même si dans le roman de Dino Buzzati l'ennemi n'est jamais nommé, "Le Camp" de Pierre Bourgeade a des airs de "Désert des Tartares".

"Le Camp" est un endroit mystérieux, dont on prononce le nom qu'en baissant la voix. Il se cache au fond de la forêt à l'abri des regards, les villageois y partant travailler chaque matin, comme le faisaient déjà leurs ancêtres, mais nul n'évoque ce qu'il s'y passe.

W, un jeune villageois ne suivra pas cette voie. Il veut entreprendre la libération des prisonniers qui sont à n'en pas douter dans ce camp.

Sinon à quoi pourrait-il servir ?

Obtenir l'aide de la police du district va être difficile. Il faudra la convaincre en lui apportant des éléments matériels : un os, un doigt de femme, une mâchoire négroïde, des lambeaux de peau. Mais où trouver toutes ces preuves sinon en créant un second camp à l'identique ? W deviendra bourreau à son tour avec l'excuse d'entreprendre une bonne action.

Pierre Bourgeade nous entraine dans un monde Kafkaïen - W le nom du villageois n'est pas un hasard - qui nous renvoie en écho l'histoire contemporaine jalonnée de camps de la mort édifiés au nom de grandes valeurs comme la liberté, le bonheur, la démocratie, Dieu.

Souvenons-nous de ces mots au fronton de l'entrée du camp d'Auschwitz : Arbeit macht frei

Ce superbe roman fut publié en 1979 et reste, hélas, toujours d'actualité.
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Les âmes juives

Toute une réflexion autour de l'oubli, du pardon, de la réconciliation et de la vengeance à travers la vie de 3 générations de juifs français.

La première génération, c'est celle des parents de Sarah et de son oncle Abraham, qui ont vécu la Seconde Guerre Mondiale, le nazisme et la Shoah. On y trouve déjà 2 attitudes différentes, décrites par Abraham. Il y a ceux qui, comme lui, avaient compris que la guerre serait quelque chose de terrible pour les Juifs et qui avaient décidé de fuir ou de se cacher. Puis il y a ceux qui n’ont pas vu ou pas voulu voir que le nazisme voulait les exterminer et que leur patience ou leur inconscience a conduits à la mort, comme les parents et le frère de Sarah, victimes de la rafle du Vel’ d’Hiv’.

La deuxième génération, c'est celle de Sarah et de son mari. D’abord, Sarah apprend l’allemand, peut être inconsciemment. Puis elle cherche à comprendre la Shoah : elle veut voir les lieux comme le Vel’d’Hiv’ et le camp de Royallieu à Compiègne. Marcel, son mari, est juif aussi, mais sa famille a décidé de cacher cette origine en prenant un nom français. Sarah et lui sont attachés au judaïsme, mais ce n'est même pas un rite, puisqu'ils ne se marient pas religieusement et ne font pas circoncire leur fils.

La troisième, c'est celle d'Adam qui apprendra qu'il est juif à la mort de son père. Parlant l'allemand, il trouve un travail en Allemagne. Dans une conversation, il n'ose avouer qu'il est juif et il en ressent une telle honte qu'il se circoncit lui-même avec le couteau de sacrificateur qui appartenait à son grand-père. S'étant retrouvé comme juif, il semble prêt à se réconcilier avec les Allemands. Mais il découvre que son amie est la fille de l'officier SS qui a assisté à l'arrestation de ses grands-parents. Après une dispute, il la tue avec le même couteau et se réfugie en Israël où il prend le prénom d'Abel et reprend son nom juif.





Au cours de ce processus de retour vers la judéité, on "croise" Paul Touvier comme exemple d'une attitude que Sarah a de la peine à comprendre : celle du pardon que les catholiques semblent prêts à accorder à tout le monde.
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Les âmes juives

Comme avec "Ramatuelle", Pierre Bourgeade concentre dans le court récit qu'est "Les âmes juives" de nombreux événements, puisqu'il y couvre l'existence de Rachel Blum depuis le moment où, alors âgée de trois ans et contrairement à ses parents et son frère, elle échappe par un heureux hasard à la rafle du Vél d'Hiv, jusqu'à l'époque où son fils unique est devenu un jeune homme.



Recueillie pendant la guerre par des bonnes sœurs puis élevée par des membres de sa famille traditionalistes, elle mène ensuite une vie banale, ponctuée de ces petites réussites personnelles qui, cumulées, constituent ce que l'on pourrait qualifier de "bonheur tranquille". Elle obtient un poste d'enseignante, rencontre l'homme avec qui elle fera sa vie, donne naissance à un garçon en bonne santé...



Mais Rachel se sent poursuivie par l'Holocauste, et hantée par sa négation. A l'aube de l'âge adulte, désireuse d'en savoir plus sur ses origines, sur les événements qui décimèrent sa famille, elle se heurte au constat du déni collectif qui pèse sur la Shoah. Même lorsqu'elle l'évoque avec son père adoptif, ce dernier est plus virulent à l'encontre de la naïveté de ses parents qui n'ont pas su fuir au bon moment, qu'envers la barbarie nazie. Le Vél d'Hiv a disparu, détruit à la fin des années cinquante, et rien n'honore, à son emplacement, la mémoire des raflés de 1942. La France de l'après-guerre se refuse à reconnaître sa responsabilité dans la déportation des juifs... Rachel peine à trouver un équilibre entre résilience et poids du passé.



Certains juifs, comme ses beaux-parents, ont d'ailleurs préféré faire oublier leurs origines, en changeant de nom, Rabinovich se transformant en Rabineau..



Pierre Bourgeade explore avec "Les âmes juives" une thématique passionnante, celle des traumatismes que lèguent les histoires familiales, avec cette particularité propre à l'Holocauste, qu'elles s'entremêlent à l'histoire de tout un peuple, terminologie qui elle-même peut prêter à interprétation. Car c'est quoi, "être juif" ? Un héritage qui échoit, de fait, aux filles et fils de ? Cela peut-il être un choix ? Et qu'est-ce que cela suppose, quel devoir de mémoire, quelle responsabilité vis-à-vis de ceux qui ont été persécutés en raison de leur judéité ?



J'étais donc plongée dans ce roman au rythme enlevé et au sujet prenant, lorsque, à quelques pages de la fin, tout a été gâché par un dénouement grotesque car sans crédibilité, caricatural...



Alors certes, vous me direz que la quasi totalité de ma lecture a été positive, mais je ne me suis pas remise de cette conclusion bâclée, ça a été comme de finir un excellent repas par un détestable dessert, dont je n'ai pu me débarrasser de l'arrière-goût...



Dommage...
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Les âmes juives

Découverte de cette histoire et de cet auteur il y a quelques mois au détour d'une brocante. C'est tout d'abord le thème qui m'a intéressée car je récupère depuis des années des témoignages de Justes, de rescapés de la Shoah, de Résistants, des essais, etc. Bien qu'il s'agisse d'un roman (manifestement inspiré de faits réels ? cf. l'introduction de l'auteur), ce livre a l'ambition de répondre à cette question : Être juif, c'est quoi ?



En effet, Pierre Bourgeade nous transporte dans l'histoire de trois générations de juifs d'une même famille (les Blum puis les Robineau, ex-Robinovich) confrontés à ce questionnement et à ce qui constitue leur appartenance (ou pas) à cette "race", à cette religion, à ses pratiques, à cette histoire (la Shoah) et à ses conséquences.



Rachel Blum (2e génération), seule survivante de sa famille de la rafle du Vel' d'Hiv', a dû son salut ce jour-là à une coqueluche soignée au dispensaire de l'hôtel de ville de Paris. Elle n'était donc pas dans l'appartement de ses parents lorsque la police française est venue les chercher. Dès lors, elle sera une enfant "trouvée" puis cachée au sein d'un couvent catholique de Seine-et-Marne. Sous la protection des religieuses, elle changera de prénom et sera initiée à la religion catholique qui, entre autres choses, prône le pardon envers ses ennemis. Puis, à la Libération, elle sera accueillie par des cousins, à Grenoble, y fera sa scolarité, avant d'être adoptée par la suite par d'autres parents à Paris où elle poursuivra des études supérieures. Des traditionnalistes juifs, très proches de ses parents, mais qui, eux, avaient vu le vent venir et s'étaient enfuis avant la rafle.



C'est face à la devanture d'un fleuriste de la rue des Rosiers que l'histoire personnelle de Rachel lui reviendra à la figure, perturbant à la fois son âme et son esprit.

Dès lors, elle n'aura de cesse de comprendre.



Comprendre pourquoi ses parents ont été raflés et pourquoi ses parents d'adoption ne l'ont pas été.

Comprendre, mais aussi voir de ses yeux : des photos de ses parents avant la déportation (son père, sa mère, son frère oubliés, car elle n'avait que trois ans à l'époque, et invisibilisés depuis) ; les lieux où ils habitaient et travaillaient rue des Rosiers à Paris ; ce fameux Vel'd'Hiv' (dont il ne reste rien) où entre le 16 et le 17 juillet 1942, 13.000 personnes dont un tiers d'enfants ont été parqués avant d'être déportés dans l'Est vers leur extermination programmée ; mais aussi le camp de Royallieu à Compiègne (dont il ne reste rien non plus) où ceux-ci ont discrètement transité avant de partir vers leur destination finale. Compiègne, où sans le savoir et sans l'avoir aucunement anticipé, Sarah se retrouve à vivre et à travailler en tant qu'enseignante d'allemand.



C'est aussi à Compiègne qu'elle rencontrera l'homme qui deviendra son mari, un médecin qu'elle était venue consulter pour un petit problème de santé. Là encore, le hasard (mais est-ce bien le hasard ?) lui fera découvrir, au travers de l'histoire familiale de son fiancé, une autre facette des juifs confrontés alors à la Shoah : ceux qui ont fait le choix de cacher officiellement leur origine et leur appartenance à cette religion sous un nom francisé les protégeant ainsi de futures persécutions.



De cette union naîtra un fils (3e génération) Adam que les études et le travail mèneront en Allemagne (là encore, est-bien un hasard ?) et au contact de jeunes allemands issus, eux aussi, de la troisième génération de leurs familles (ayant forcément connu et sans doute agi dans les rangs des nazis). Comment ces jeunes-là vivent-ils cette histoire-là ? On ne le sait pas trop, mais on verra comment lui, Adam, se retrouve confronté à certaines circonstances, et comment il réagira de façon à se réapproprier son identité et son histoire que sa mère et son père avaient contribué (volontairement ou par omission ?) à nier eux aussi et à lui cacher.



Ce livre de 122 pages est d'une force incroyable par sa concision et par l'impact des faits qui y sont relatés. Les mots sont simples, justes et graves. le ton n'est aucunement larmoyant. Il se veut avant tout éclairant et de nature à s'interroger sur ce que nous, lecteurs, nous aurions fait si nous avions été confrontés à la même situation :

- Si nous avions été des juifs, aurions-nous accepté de suivre tels des moutons sans se rebiffer et acceptant trop sagement notre destin de juifs persécutés ou aurions-nous tout fait pour échapper à l'inéluctable ?

- Aurions-nous, en tant que citoyens français non juifs, agi pour empêcher certains actes, pour cacher et protéger les juifs ?

- Aurions-nous contribué (en tant que juifs et non juifs) à informer les générations suivantes de ce qui avait été ? de ce qui avait été vécu par les parents partis en fumée ?

- Aurions-nous contribué à mettre au jour les responsabilités des uns et des autres ou aurions-nous été tentés par le négationnisme et l'oubli ?

- Enfin, aurions-nous pardonné ? aurions-nous fait en sorte de se souvenir et de faire perdurer ce souvenir ? ou encore, aurions-nous eu la volonté d'activer le bras armé de la vengeance ?



Voici toutes les interrogations que génère, en filigrane, la lecture de ces quelques pages. Un petit livre précieux que je recommande à qui souhaite s'informer et ne pas oublier ce qui a été.

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Les âmes juives

Le jour de la rafle du Vel d’Hiv Rachel a trois ans, elle est hospitalisée dans un dispensaire parisien lorsque ses parents sont embarqués. Elle est recueillie par des soeurs catholiques qui la cachent dans leur couvent de Nangis et changent son prénom en « Marie ».



Ses parents ne reviendront pas et à la libération elle retrouve des cousins alsaciens réfugiés en zone libre qui vont se charger de son éducation. En 1958, son bac en poche, elle remonte vers Paris et vit chez Abraham et Hanna une autre branche de sa famille, des religieux très pratiquants. A force de questionner Abraham elle va enfin découvrir qui sont ses parents, ce qui leur est arrivé et ses origines.



Dés lors, Rachel est hantée par ce passé si lourd à porter. Doit-elle oublier ? Doit elle continuer et transmettre sa judéité, doit-elle pardonner comme lui ont appris les soeurs du couvent. Rachel est perdue et ne sait plus qui elle est réellement.



Elle va se marier et avoir un fils. Que va t’elle lui transmettre, ressentira t’il lui aussi le poids de ce passé, comment peut-on avancer si on ne sait pas qui l’on est réellement.



Adam, comme Rachel auparavant, a ce ressenti, cette sensation du passé qui est là, son âme juive.



Pierre Bourgeade nous décrit une belle histoire en trois partie, On découvre d’abord Rachel adolescente, puis Rachel adulte qui se marie et la dernière partie du roman concerne Adam son fils.



Il y a de l’amour, de la souffrance aussi, tout se mélange et c’est un dilemme de taille pour ces descendants de parents assassinés dans les camps. Il faut avancer et continuer de vivre mais faire comme si rien ne s’était passé semble impossible, certains arrivent à pardonner, d’autres vivent avec l’esprit de vengeance et sont tourmentés, c’est ce que l’auteur tente de nous faire toucher du doigt, c’est parfois beau, et ça fait mal parfois.



Le livre se lit très rapidement puisqu’il ne possède qu’une centaine de pages, l’écriture est concise, l’auteur ne s’embarrasse pas de mots superflus, il va droit au but pour mieux nous faire saisir la gravité du présent mais aussi du passé.



Ce livre a été finaliste du prix Renaudot en 1998.
Lien : https://jaimelivresblog.word..
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