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Citations de Pierre Lemaitre (3993)


Madeleine promit un scandale qui toucherait largement le quartier et posa sereinement une série de questions : Mme Valet est-elle au courant ? Doit-on coucher avec le crémier pour acheter ses fromages ? Le droit de cuissage est-il de retour dans cet arrondissement de Paris ? M. Valet chasserait-il cette cliente si elle était française ? Et d'ailleurs, lui aurait-il fait les mêmes propositions ?
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C'est dans les moments difficiles que ce jugent les âmes fortes.
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Charles avait toujours considéré le métier de député comme un métier de contact : " on est comme les curés. On donne des conseils, on promet un avenir radieux aux plus dociles; notre problème est le même, il faut que les gens reviennent à la messe.
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Le général Morieux paraissait au moins deux cents ans de plus. Un militaire, vous lui retirez la guerre qui lui donnait une raison de vivre et une vitalité de jeune homme, vous obtenez un croûton hors d’âge. Physiquement, il ne restait de lui qu’un ventre surmonté de bacchantes, une masse flaccide et engourdie sommeillant les deux tiers du temps. Le gênant, c’est qu’il ronflait. Il s’effondrait dans le premier fauteuil venu avec un soupir qui ressemblait déjà à un râle, et quelques minutes plus tard sa brioche commençait à se soulever comme un Zeppelin, les moustaches frissonnaient à l’inspiration, les bajoues vibraient à l’expiration, ça pouvait durer des heures. Ce magma prodigieusement inerte avait quelque chose de paléolithique, très impressionnant, d’ailleurs personne n’osait le réveiller.
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La conception que Geneviève avait du couple s'apparentait à la guerre d'occupation. Il ne suffisait pas de réprimer toute tentative d'indépendance, il fallait aussi décourager d’avance jusqu'à l’idée même de rebellion.
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 Si l’avortement était une affaire de femmes, sa répression restait principalement une affaire d’hommes. 
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Ce jeune homme disposait des deux qualités indispensables au métier de journaliste : être capable de discourir sur un sujet auquel on ne connaît rien et décrire un événement auquel on n'a pas assisté. 52
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Obtenir l'accord de Madeleine était une tâche aisée, mais au fond, Gustave n'aimait pas cela. Il avait une éthique de banquier, on ne pouvait pas se désintéresser de l'argent, c'était quasiment immoral. De la part d'une femme, ça n'était pas étonnant, mais ça restait décevant.
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Pierre Lemaitre
Il fut foudroyé par cette découverte.
Parce que ce jeune homme était beau avant tout.
Parce qu'il n'avait jamais vu ses filles dans une circonstance où elles étaient aussi évidemment offertes et désireuses de plaire.
Il se rendit compte qu'elles étaient hideuses.
Elle souriaient de toutes leurs fausses dents, les joues et la poitrine creuse, les genoux maigres. Excitées par la venue de ce prétendant, palpitantes comme des volailles, elles laissaient échapper de leurs lèvres entrouvertes des petits rires étranglés qui trahissaient un désir sexuel rendu obscène par l'incroyable ressemblance qui dupliquait leur laideur.
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Novembre 1918
Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts depuis longtemps, de la guerre justement. Aussi, en octobre, Albert reçu-t-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande.
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Je surveille particulièrement leurs habitudes. Les habitudes, c'est ce qui vrille le moins, ce sur quoi on se repose, ce qui est solide. Ce dont on ne doute pas facilement. C'est sur cela que je dois travailler.
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Voilà, elle y était. Fini Beyrouth, fini l’enfance, Hélène venait enfin de se jeter dans le grand monde. »
(page 279)
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Chaque fois qu'elle arrive chez elle, elle est anéantie par le spectacle de cette maison de campagne qui empeste la bourgeoisie étriquée et se caricature elle même. Son gendre revient du tennis en souriant large, une serviette négligemment jetée autour du cou, comme dans une publicité télévisée.

Quand sa fille s'occupe du jardin, on dirait Marie-Antoinette au Petit Trianon. C'est une permanente confirmation pour elle, sa fille n'est vraiment pas une lumière, sinon, pourquoi aurait elle épousé un con pareil... Et américain de surcroît. Mais surtout très con. Bref, américain.

Heureusement qu'ils n'ont pas d'enfants, elle espère vraiment que sa fille est stérile. Ou lui. N'importe lequel des deux, parce qu'elle n'ose pas imaginer les mômes qu'ils auraient... Des têtes à claques, à tous les coups. Mathilde aime les chiens, mais elle déteste les mômes. Surtout les filles.
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C'était une découverte pour Madeleine que l'on pût être plus heureux avec moins d'argent.
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Pauline avait hésité. Toujours le couplet "Je ne suis pas une fille comme ça", après quoi elle avait dit d'accord. Ils étaient montés dans un taxi. Albert avait ouvert la porte sur le logement meublé, tout à fait le genre dont rêvait Pauline, des rideaux lourds qui faisaient riche, du papier peint aux murs. Un petit guéridon et un fauteuil crapaud permettaient même à la pièce de n'avoir pas trop l'air d'une chambre à coucher.
- C'est gentil..., dit-elle.
- Oui, c'est pas mal, hasarda Albert.
Etait-il définitivement idiot? En tout cas, il ne vit rien venir. Comptez trois minutes le temps d'entrer, de regarder, de retirer son manteau, ajoutez une minute pour les bottines à cause des lacets, et vous avez une Pauline toute nue, debout au milieu de la pièce, souriante et offerte, confiante, des seins d'une blancheur à pleurer, des hanches délicieusement courbes, un delta parfaitement domestiqué... Tout ça pour dire que la petite n'en était pas à son coup d'essai et qu'après avoir expliqué pendant des semaines tout ce qu'elle n'était pas, ayant sacrifié aux usages, elle avait vraiment hâte de voir les choses de plus près. Albert était complètement dépassé. Ajoutez quatre minutes et vous avez un Albert hurlant de plaisir. Pauline releva la tête, interrogative et inquiète, mais bientôt referma les yeux, tranquillisée, parce que Albert possédait de la réserve. Il n'avait pas vécu une scène pareille depuis la veille de sa mobilisation, avec Cécile, quelques siècles plus tôt, il avait tant de retard qu'il fallut que Pauline dise enfin, il est deux heures du matin, mon coeur, on pourrait peut-être dormir un peu, non? Ils se lovèrent l'un contre l'autre, en petite cuillère. Pauline dormait déjà quand Albert se mit à pleurer tout doucement, pour ne pas la réveiller.
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Perdre, c'est être humain
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Que les riches soient riches, c'était injuste, mais logique. Qu'un garçon comme Robert Ferrand, visiblement né dans le caniveau, se complaise à être entretenu par la grue d'un capitaliste, ça renvoyait tout le monde dos à dos, l'humanité n'était décidément pas une bien belle chose.
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Pierre Lemaitre


Vous savez, c'est très compliqué, si vous écrivez extrêmement simplement, on pense que vous n'avez pas de style. C'est extrêmement difficile d'écrire simplement, écrire de manière compliquée, n'importe qui peut le faire. Même moi je pourrai y arriver. Mais ce qui est vraiment difficile, c'est d'atteindre la simplicité dans ce que l'on veut dire. Faire dire à un personnage ... vous savez Simenon disait : lorsque je veux que Jean ouvre une porte, j'écris : Jean ouvrit la porte. Et c'est une très belle leçon, faire très bien les choses très simples ...

France Inter. Vous avez dit classique ? Emission du 16 décembre 2015.
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"La vie d'Albert tient à peu de chose : il ne sera pas fusillé parce que, ce mois-ci, ce n'est pas à la mode." (p.82)
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Parce que, dans tout cela, jamais un mort. Jamais un blessé. Pas un seul cadavre. Que des vivants. C'était plus terrible encore parce que toutes ces images hurlaient la même chose : ces hommes vont mourir.
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