AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Polina Panassenko (138)


Oh, mais Marilla ,espérer des choses ,c'est déjà la moitié du plaisir qu'elle vous procureront s'exclama Anne .On ne les obtient peut-être pas mais rien ne nous empêche de prendre du plaisir à les attendre. Madame Lynde dit que celui qui n'attend rien est heureux, car il ne sera pas déçu. Mais moi je crois que c'est bien pire de ne rien attendre que d'être déçu.
Commenter  J’apprécie          20
On ne parle plus. On déroule encore des rubans de mots mais dans tout ce qu’on dit il y a surtout ce qu’on ne dit pas, celle dont on ne parle pas, celle que la langue évite. Quand il faut dire le nom, quand c’est inévitable, mon père a le visage qui se creuse. On croit qu’il faut du temps pour qu’un visage se creuse, que c’est le résultat d’un processus long mais non. Il peut se creuser en deux syllabes. Deux syllabes suffisent. Quand le nom est inévitable, mon père le murmure. Ça fait un trou d’air dans la phrase. Il inspire au lieu d’expirer. Comme s’il voulait le garder endedans. Comme si avec le nom risquait de filtrer autre chose.
Commenter  J’apprécie          20
Moi je ne sens plus rien. J’ai la langue gelée. Pleine de mots immobiles.
Commenter  J’apprécie          20
Français sans accent ça veut dire français accent TV personnage principal. Accent Laura Ingalls et Père Castor. Accent Jean-Pierre Pernaut et Claire Chazal. Prendre l’accent TV c’est renoncer à tous les autres. Pas de cumul possible avec l’accent TV. Une fois que tu parles comme au 20 heures tout autre accent devient un à-côté, un 5 à 7. Pour s’encanailler, comme au bon vieux temps mais rien de plus. Un accent qui revient sans qu’on l’appelle, c’est gênant comme Dom Juan qui tombe sur Done Elvire.
Commenter  J’apprécie          20
Je pense à la Grande Guerre patriotique. Aux fascistes qui torturaient les prisonniers sans insigne pour déterminer à leurs cris de douleur de quel pays ils venaient. Ça m’inquiète. En français je sais qu’on crie « aïe » mais le problème c’est qu’en russe on crie « aïe » aussi. Comment être sûre de crier « aïe » en russe et pas en français. Et si je crie « aïe » en russe mais qu’on croit que j’ai crié « aïe » en français, comment prouver ensuite que c’était bien un « aïe » russe.
Commenter  J’apprécie          20
Je n’ai pas d’enfants mais je désire en avoir un jour. Sur l’acte de naissance, en face de « nom de la mère » je veux écrire « Polina ». C’est un héritage. Savoir que sa mère était libre de porter son prénom de naissance. C’est celui-là que je veux transmettre, pas celui de la peur. Je veux croire qu’en France je suis libre de porter mon prénom de naissance. Je veux prendre ce risque-là. Je m’appelle Polina.
Commenter  J’apprécie          20
Les modes changent trop vite, je n'arrive pas à suivre. Jusqu'à la mode, à la mode ça va. Mais à partir d'on les plante avec je panique. Je ne sais pas quelle partie du corps arrive et je ne sais pas comment ça s'appelle. Je finis par tout planter pareil. Avec le pied. Ça me semble cohérent avec l'idée d'une pelle. [•••] Je tiens bon. Le pied finira bien par être à la mode. Je tourne, je tourne et je me demande pourquoi. Pourquoi ces gens plantent des choux avec leurs coudes, leurs nez, leurs doigts. Qui fait ça. Dans quel but.
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi ces gens plantent des choux avec leurs coudes, leurs nez, leurs doigts. Qui fait ça. Dans quel but.
Commenter  J’apprécie          20
Pendant qu'il désamorce les yeux mi-clos son risque d'infarctus, j'étudie les monts et les vallées de son visage. Il y a plus de peau que de place. Je suis les fleuves de rides qui s'enfoncent et disparaissent dans leurs propres rives. Je regarde le front renversé en arrière, la bouche entrouverte, la langue rose qui contraste avec la peau pâle. On dirait une langue de tortue.
Commenter  J’apprécie          20
Ma mère aussi veille sur mon russe comme sur le dernier œuf du coucou migrateurs. Ma langue et son nez. Ma bouche, la cavité qui l’abrité. Plusieurs fois par semaine, ma mère m’amène de nouveaux mots, vérifie l’état de ceux qui sont déjà là, s’assure qu’on n’en perd pas en route. Elle surveille l’équilibre de la population globale. Le flux migratoire: les entrées et sorties des mots russes et français. Gardienne d’un vaste territoire dont les frontières sont en pourparlers. Russe. Français. Russe. Français. Sentinelles de la langue, elle veille au poste de frontière.
Commenter  J’apprécie          20
À Ochane-Santr'Dieu on peut acheter tout ce qu'on veut, autant qu'on veut.
Commenter  J’apprécie          20
Ma mère aussi veille sur mon russe comme sur le dernier oeuf du coucou migrateur. Ma langue et son nid. Ma bouche, la cavité qu'il abrite. Plusieurs fois par semaine, ma mère m'amène de nouveaux mots, vérifie l'état de ceux qui sont déjà là, s'assure qu'on en perd pas en route. Elle surveille l'équilibre de la population globale. Le flux migratoire : les entrées et les sorties des mots russes et français. Gardienne d'un vaste territoire dans les frontières sont en pourparlers. Russe. Français. Russe. Français. Sentinelle de la langue , elle veille au poste frontière. Pas de mélange. Elle traque les fugitifs français hébergés par mon russe. Ils passent dos courbé, tête dans les épaules, se glissent sous la barrière. Ils s’installent avec les russes, parfois même copulent, jusqu'à ce que ma mère les attrapée. En général, ils se piégées eux-mêmes. Il suffit que je convoque un mot russe et qu’un français accoure en même temps que lui. Vu! Ma mère les saisit et les décortique comme les crevettes surgelées d’Ochane-Santr’Dieu.
Commenter  J’apprécie          20
Je me demande si au tribunal ils font comme certains parents. Si on leur répond juste oui, ils disent oui qui ? Tant que tu n’as pas dit oui madame la juge, ils t’ignorent. 
Commenter  J’apprécie          20
Tu as un français impeccable. Impeccable. Une cuisine bien lavée. Pas de pelures coincées dans le trou de l'évier. Pas de taches sur la nappe. Même pas une miette accrochée à l'éponge. Mais si mon français est impeccable, le français de ma mère, il est quoi? Et celui de mon père?
L'accent c'est ma langue maternelle.
Commenter  J’apprécie          20
Si le son marche, il devient mot. S'il ne marche pas, je le relâche dans le fleuve. Un son qui marche c'est un son qui produit quelque chose. Un son qui ne marche pas équivaut au silence. Tu fais le son mais l'autre fait comme si tu n'avais rien dit. C'est ce qui s'est passé pour le "Salu hibou" de ma mère. Salu hibou? Je regarde Philiptchik: pas de réaction. Splash! Dans le fleuve.
Commenter  J’apprécie          20
On m'a dit C'est dingue ça, on n'entend rien du tout, non mais c'est vrai, c'est vrai, pas un pète de quelque chose. L'accent c'est quelque chose. Rien du tout c'est ce qu'il m'en reste. Ce sont les oreilles
des autres qui actent la rupture, s'étonnent qu'il ne soit plus là. Tu as un français impeccable. Impeccable. Une cuisine bien lavée. Pas de pelures coincées dans le trou de l'évier. Pas de taches sur la nappe. Même pas une miette accrochée à l'éponge. Mais si mon français est impeccable, le français de ma mère, il est quoi ? Et celui de mon père ?
L’accent c’est ma langue maternelle.
Commenter  J’apprécie          20
C'est écrit sur demarches.interieur.gouv."Afin de faciliter votre intégration, vous pouvez demander la francisation de votre nom de famille et/ou de vos prénoms." Il y a même des exemples :
Ahmed devient Alain.
Giovanni devient Charles.
Antonia devient Adrienne.
Kouassi devient Paul.
Commenter  J’apprécie          10
C'est un héritage. Savoir que sa mère était libre de porter son prénom de naissance. C'est celui-là que je veux transmettre, pas celui de la peur.
Je veux croire qu'en France je suis libre de porter mon prénom de naissance.
Je veux prendre ce risque-là.
Je m'appelle Polina. (p. 18)
Commenter  J’apprécie          10
Tous les moyens sont bons pour transformer la crème en beurre. Ce que je comprends pas, je l'imagine.

(p.46)
Commenter  J’apprécie          10
C'est mon père qui commence. Il parle des parents paysans, des bonnes notes à l'école, de la guerre, des camps, des tentatives d'évasion, du retour, des études impossibles, des champignons et d'Essenine, du bon et du mauvais, du joyeux et
du tragique. Pendant qu'il parle, quelque part sur le lit éclate un pet sonore .immédiatement suivi d'un autre .et d'un autre encore. Je regarde le landau de ma nièce. Mon père continue de parler d'une voix douce et grave, on dirait qu'il n'entend
pas .
alors elles se superposent. L'oraison funèbre du défunt et les éclatantes flatulences de son arrière petite fille. Mon père se tait .
on lève les verres sans trinquer et on boit à la vie du mort.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Polina Panassenko (996)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur pretty little liars

Quels sont les prénoms des quatre meilleures amies?

Britney, Mona, Djena et Jane
Aria, Hanna, Emily et Spencer
Aria, Anna, ,Emilie et Eva
Maya, Alisson, Spencer et Madie

14 questions
15 lecteurs ont répondu
Thèmes : série tv , menteuse , secretsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}