Citations de Poppy Z. Brite (169)
Quand on a peur de tomber sur quelqu'un qu'on n'a pas envie de voir, on préfère rester chez soi à bouquiner, à noircir son journal intime, à écouter de la musique ou à relire de vieilles lettres d'amour déprimantes.
I have not chosen to publish this story now, more than ten years later, for its inherent quality: the point of view is all over the place; the plot ranges from oblique to inexplicable; the writing is that of a twenty-year-old, sometimes breathless with possibilities but often just breathless. Rather, I offer it as an exemple of a seed from which a novel grew. It is my fond hope that this artefact will give courage to someone who is just embarking on a novel.
Introduction de l'auteur
S'ils avaient connu des passages à vide, ils étaient bénis des dieux car dotés d'une fascinante propension à jouir l'un de l'autre avec la même facilité et la même fougue que lorsqu'ils avaient seize ans... A quoi venait s'ajouter la complicité intime tissée au fil des années de vie commune. Rickey se dit que, certains soirs, e goût de la peau de G-man était la seule chose au monde qui parvenait à l'apaiser.
- Dois-je me préparer psychologiquement à tomber sur de la pâte à pain au fromage dans le frigo ?
- Non, j'étais trop contrarié pour avoir envie de faire des allumettes au fromage... T'imagines ? J'avais même pas envie de picoler !
- Je vois ce que tu veux dire. Hier soir, j'ai eu envie d'un verre et puis je me suis dit : "A quoi bon ?"
- Plus jamais ça, hein ?
- Plus jamais ça. Quand tu n'as même plus le coeur à te mettre minable, c'est là que tu prends conscience de la gravité de la situation.
Ceux qui disent qu’il n’y a pas de poésie dans la violence n’ont pas assez bien regardé ou refusent carrément de regarder. Mais peu importe. Même si la poésie ne les trouve jamais, la violence finira par les trouver.
[...] on a davantage de chances de connaître la réussite en travaillant dur pour s’améliorer qu’en se plaignant du succès des autres.
Il ne voyait que des gamins semblables à ceux qui hantaient l'If Sacré. Ils étaient plus nombreux, certes, mais ils avaient les mêmes yeux cernés de noir, les mêmes oreilles cloutées, les mêmes gorges pâles sous les mêmes colliers. Le parfum de leur cigarettes aux clous de girofle lui était familier, ainsi que les volutes de fumée tournoyant dans la lumière bleutée.
La réputation de stupidité des yankees était bien compréhensible. Mais j'en avais rencontré mon content alors que je travaillais à l'Office du tourisme, et ils ne m'avaient pas paru stupides du tout. On ne leur avait jamais appris à articuler, tout simplement. Soit ils étaient si intimidés par nos divers accents (qui leur paraissaient tous un peu snobs) qu'ils ne trouvaient rien à nous répliquer, soit ils s'entêtaient à dire la même chose de quatre ou cinq façon différentes. Ils sont trop enthousiastes, d'accord. Il est difficile d'avoir avec eux une conversation suivie, encore d'accord. Mais ils ne sont pas nécessairement stupides.
S'il continuait à se battre pour gagner un jour, une semaine, un mois de vie, il risquait de se retrouver trop malade pour partir dans la dignité. La mort qu'il aurait à affronter serait lente et dégradante. Il risquait de voir ses poumons le trahir, et il se noierait dans ses humeurs. Il risquait de devenir aveugle, et il ne verrait même pas venir la mort. Il risquait de perdre le contrôle de son corps, et il crèverait dans une flaque de merde (non sans avoir gribouillé une ou deux phrases scatologiques sur le mur).
Ce n'est pas ainsi que l'on doit se confesser, répliqua le prêtre, et Zach sentit son espoir s'envoler. Mais il insista : Ma mère m'a donné un coup de pied dans le ventre et ça m'a fait vomir. Mon père m'a cogné la tête contre le mur. est-ce que vous pouvez m'aider ?
Méchant garçon qui raconte des mensonges sur ses parents. Ne sais-tu pas que tu leur dois obéissance ? S'ils te punissent, c'est que tu as pêché. Le Seigneur a dit : tu honoreras ton père et ta mère.
ET EUX. ILS DOIVENT PAS M'HONORER ? hurla-t-il
Une lumière crue déferla sur la pièce, projetant sur la table à dessin l'ombre filiforme de ses doigts tenant le crayon.
Trevor fut arraché à sa transe. Il quitta son siège d'un bond, manquant de le renverser. Seule sa terreur lui permit de garder l'équilibre. Il n'avait aucune envie de se retrouver couché sur le sol de cette pièce. Ses yeux en fouillèrent tous les recoins, parcourant le plafond et les fenêtres obscures, puis se posèrent sur le fil entortillé qui partait de la lampe pour achever sa course dans une prise murale. Ce truc était bien branché. Mais comment l'ampoule et le fil avaient-ils pu résister à vingt années de négligence ? Et tant qu'à poser des questions stupides, comment cette putain d'électricité arrivait-elle encore jusqu'ici ?
Louis et moi, voyez vous, étions des rêveurs, aussi morbides qu'agités. Nous avions fait connaissancelors de notre deuxième année d'université et nous nous étions très vite découvert un point commun: nous étions l'un et l'autre insatisfaits de tout. Le whiskey que nous buvions pur nous semblait fade. Nous consommions des drogues exotiques, mais les visions qu'elles nous procuraient étaient des visions de vide, de stupidité et de lente décomposition. Les livres que nous lisions nous ennuyaient; les artistes qui vendaient leurs oeuvres pittoresques dans la rue n'étaient à nos yeux que des tâcherons; la musique que nous écoutions n'était jamais assez violente pour nous animer. Nous étions des blasés, comme nous en convîmes.
Elle regarde sur la photo de la pochette "Kurdt Kobain" avec son tee-shirt Harley-Davidson et ses cheveux genre fan de métal, soupira et choisit le 45-tours de Cat Butt. Eux au moins étaient relativement bien fringués.
Robin trouva Courtney dans son lit. Au milieu de bagels à moitié grignotés, de magazines et de mégots. N'importe qui d'autre essayé de se faire oublier, mais Courtney se contenta d'écarter une mèche décolorée et de dévisager Robin en grognant : "Bon, hé, me regarde pas comme ça, Barbur. Sinon je te colle une trempe."
"Sometimes things pass too close to us," Tyler said. "Things from other places. Machineries of blood and starlight. Wrong things."
Poppy Brite et Caitlin R. Kiernan, "The Rest of the Wrong Things"
Il y eut un bref instant de silence quand ils montèrent sur scène; puis les hurlements reprirent.
Tu sais pourquoi tu as eu le job ? Tu étais le seul Blanc à postuler. Chez Escargot, les Noirs sont tout juste bons à laver la vaisselle. À la rigueur, une mamma peut s’occuper des desserts.
Un énorme bar dans la salle à manger, des miroirs, trois cents bouteilles – toutes les gnoles, toutes les liqueurs, toutes les étiquettes, toutes les marques connues à ce jour. Mais ce n’est pas tout. Le vrai secret, c’est qu’on utilisera de l’alcool dans tous les plats. Huîtres pochées au whisky. Sauce barbecue relevée de tequila. Canard glacé au bourbon. Et même des foutues Bananes Foster. Et là, je ne parle que des trucs évidents. Il n’y a aucune recette au monde dans laquelle on ne pourra pas s’arranger pour glisser quelques gouttes d’alcool.
Mais il avait fini par comprendre que, durant la quasi-totalité de son existence, le mot destin avait désigné son envie du moment, rien de plus.
Il envoya "Something I Can Never Have" de Nine Inch Nails. La voix de Trent Reznor, acérée et insidieuse, empreinte d'une souffrance assassine, lui brûlait le crâne au fer rouge.