R.J. Ellory

Et bientôt... très bientôt, on m'écrirait pour me dire que je devais aller au Vietnam.
Et alors je me suis imaginé les noms, les endroits, les choses qui m'attendaient là-bas. une ombre est passée au-dessus de moi, et durant son passage je me suis senti frissonner. La guerre était là-bas, elle m'appelait, et même si je plaquais mes mains sur mes oreilles et fredonnais intérieurement une mélodie, je l'entendais qui résonnait à travers tout.
J'ai fermé les yeux.

Le fait que la violence soit psychologique était presque pire. Une lèvre ouverte ou un œil au beurre noir guérit. Mais les blessures causées par des paroles vicieuses ne cicatrisant pas.

- Et qui t'a appris à lire ?
- Ma mère et mon père… mon père me disait que c'était l'une des choses les plus importantes. Il disait que même si vous passiez toute votre vie dans une petite cabane dans une ville minuscule, vous pouviez voir le monde entier en imagination si vous saviez lire.

Quoi qu’il ait su, c’était suffisamment important pour que quelqu’un s’en prenne à lui, même au sein d’un établissement carcéral. Les détails n’avaient pas été divulgués. Une fois encore, cette information serait à Dallas, car il semblait peu probable qu’un incident aussi insignifiant finisse dans la presse nationale. Ruby n’était personne, juste un minable propriétaire de club. S’ils avaient réussi à l’atteindre en prison, ils avaient certainement le pouvoir et l’autorité nécessaire pour faire en sorte que son nom n’apparaisse pas dans les journaux. 

"Durant mon enfance, mon père me disait que lorsqu'ils atteignaient la fin de leur vie, les gens ne regrettaient jamais ce qu'ils avaient fait. Ils regrettaient uniquement ce qu'ils n'avaient pas fait." (p. 174)

"Je suis journaliste, dit-il. J'écoute ces gens [les politiciens] depuis le début de ma carrière. Ce qu'ils disent, ce qu'ils veulent dire et ce qu'ils font sont trois choses très différentes." (p.13)

Si on commence à vivre en fonction des règles édictées par les autres, à répondre à leurs attentes, à faire ce qu'ils veulent, alors autant ne pas vivre du tout.

Il voulait avoir raison et avoir raison revenait le plus souvent à refuser d’admettre qu’on avait tort.

Si Rebecca s’était autorisée à être ce qu’elle était vraiment, alors Evan et elle auraient pu avoir le genre de mariage, mieux : le genre de vie, dont la plupart des gens n’osent même pas rêver. Mais combien passent leur existence à refuser d’être eux mêmes pour être celui ou celle que les autres veulent les voir devenir ? Rebecca n’était pas différente : en niant les sentiments qu’elle éprouvait pour Evan, elle se niait elle même.

- T’es doué pour la musique, et c’est ça qui compte. Pense un peu à vendredi soir, à tout le bonheur que t’as donné aux gens. À toute cette joie sur les visages.

Fermez les yeux et inspirez d'un coup l'odeur de cette majestueuse ville suintante. (...) les parfums réunis de mille millions de vies entrecroisées, toutes reliées les unes au autres, mille millions de cœurs battants, tous ici, sous le toit du même ciel où les étoiles sont comme des yeux sombres qui voient tout. Qui voient et se souviennent...

« Tu peux dire ce que tu veux, Duncan, mais ce que tu dis et ce que tu ressens sont rarement la même chose. Je ne sais pas si c’est un truc d’homme ou si c’est juste toi... » Elle sourit brièvement. « Non, c’est un truc d’homme. Bref, quoi qu’il en soit, tu es policier parce que c’est ce que tu veux. Ce n’est pas un métier qu’on choisit; c’est le métier qui vous choisit. »

Des choses se produisent. Pour la plupart mauvaises. Trop pour s’en souvenir. Vous oubliez les détails, évidemment. Les détails sont sans importance jusqu’à ce qu’ils en prennent, et alors ils deviennent vitaux. Une question de vie ou de mort.

Elle fit un pas en arrière, puis un pas en avant, juste un simple pas, mais c'était comme si elle avait comblé le vide entre imagination et réalité.

Il voulait avoir raison , et avoir raison revenait le plus souvent à refuser d'admettre qu'on avait tort .

Toi, t'es ici parce que t'es trop con pour pas y être, Ford. C'est aussi simple que ça. Je crois qu'à un moment par le passé, t'as fait une chose pour laquelle t'étais prêt à mourir, hein ? Toujours pareil. Si t'es pas ici pour ce qu'on dit que t'as fait, alors, aussi sûr que la merde est marron et pue, t'es ici à cause de ce que tu crois avoir fait. Et viens pas me dire que j'ai tort, parce que je sais que j'ai raison.

- [...] C'est mon boulot. Je suis inspecteur de police. J'enquête derrière les barrages de police et les rubans jaunes. [Je vois] les choses terribles que les humains sont capables de s'infliger les uns aux autres.
- Et pourquoi pensez-vous que de telles choses arrivent ?
- Je ne sais pas, John.
- Les psychiatres le savent, eux, non ? Ils savent pourquoi certaines personnes font des choses pareilles ?
- Non, je ne crois pas, John. Pas d'après mon expérience. S'ils savaient pourquoi les gens sont fous, ils seraient en mesure de les aider. Depuis le temps que je fais ce métier, je n'ai jamais vu un de ces types faire quoi que ce soit pour aider qui que ce soit.
(p. 35-36)

Je voulais qu’il sache que derrière ces yeux il y avait des souvenirs, que chacun d’entre eux était un fil, et que si on tirait sur ce fil un monde entier se déroulerait derrière.

Le passé vous retrouve toujours.

Une guerre sombre, impitoyable, implacable, qui prenait tout ce qu’il y avait de bon en vous et le remplaçait par du néant. Il était difficile de comprendre l’influence qu’un peu plus d’une année pouvait avoir sur un être humain. Mais c’était un fait. C’était indéniable.
Certains affirmaient qu’ils avaient laissé une partie d’eux-mêmes dans les jungles et les villes et les tunnels de l’Asie du Sud-Est. Ce n’était pas vrai. Ils y avaient laissé la totalité d’eux-mêmes. Ils étaient une personne différente à leur retour, et leurs amis, leur famille, leur femme, leur mère et leurs filles peinaient à les reconnaître. Eux-mêmes se voyaient désormais aussi presque comme des étrangers.