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Citations de Rachid Boudjedra (100)


Rachid Boudjedra
J' ai vite compris que les mots étaient traîtres .Instables .Vaseux .Je n' étais qu' une femme .Qu' une femelle .Même les malades que je soigne avec beaucoup de dévouement ont la même opinion de moi .J' ai souvent la sensation en écrivant avec une main qui court le long du papier d' une façon feutrée que mes vertèbres se remplissent de mousse-de savon-celle-là .
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Extraits de la Lettre 11
L'image que se fait l'intellectuel français de lui-même est à la fois complexe et compliquée, par rapport au problème de sa propre situation à l'intérieur de la société française.
...............J'ai l'impression qu'il n'a plus de repères. Plus de maîtres à penser. "Ils ont été remplacés par les top modèles", selon un sociologue français. Alors il se rue sur une nouvelle catégorie d'intellectuels d'un genre nouveau. Je les appellerai ironiquement les intellectuels "héroïques" du star-système et de la caméra-à-tout-prix.
...........Et c'est peut-être pour cela que les sciences sociales actuelles végètent lamentablement et sont d'une pauvreté remarquable, à quelques rares exceptions. Il découle de cette indigence l'inexistence de la théorie politique et de l'analyse scientifique des rapports socio-économiques à l'intérieur de la société française devenus une forcenée du rire gras, de la déconcentration et du vautrement. Les intellectuels en subissent, du coup, les conséquences. Ils ont peur d'être trop intelligents parce que la mode est à la griffe "Grand Public".
..........A la différence de Sartre, Camus et Malraux qui avaient un rapport méfiant, orgueilleux voire hostile aux politiques français, les nouveaux intellectuels sont plutôt dociles, plutôt mondains, plutôt vassaux, plutôt arrivistes, plutôt gourmands.
La vanité remplace l'orgueil et c'est terrible.
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Je suis née-quel malheur ! - les yeux ouverts.C 'est ce qu 'affirme ma mère .Depuis je n'ai pas changé .Même la gifle que m'asséna mon frère le premier jour de ma puberté n 'est pour rien dans ce comportement insomniaque . Ce fut pourtant un choc terrible .J'ai aussitôt fait de la méfiance un principe de vie et d' action .Les gens dorment .Le monde somnole . Moi pas .
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Et il ne manquait plus que ce sacrifice du coq noir ! Et il
fallait que l' horrible magicienne -qui s' était munie d' un
couteau à la lame étincelante -allât maintenant jus qu' au
bout de son geste-éclair transcrit dans la conscience de
l' aiieul qui ne voyait pas clairement ,car il ne voulait pas
trop s' approcher et faisait tout pour éloigner la marmaille
surprise dans son sommeil et les chats pris de panique
devant ce spectacle inaccoutumé .
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Il en va pareillement pour les plaques sur lesquelles sont écrites des recommandations ou des informations (Interdiction de fumer ; places prioritaires pour les mutilés de guerre, les personnes âgées, les femmes enceintes, les mères accompagnées d'enfants de moins de trois ans ; interdiction de descendre par certains côtés ; interdiction de descendre des voitures avant l'arrêt définitif du train, etc.) et dont la symétrie renforce presque l'implacabilité de toutes ces interdictions prises au pied de la lettre par les voyageurs éteignant leurs cigarettes (avant de monter dans la voiture, la fourrant – honteusement – dans leurs proches s'ils viennent de l'allumer ou la jetant par terre si elle est aux deux tiers consumée avec un regard de regret ou – pour quelques maniaques ou zélés ou poltrons – allant jusqu'à la corbeille à papier et là l'éteignant, l'y déposant, regardant bien qu'elle est éteinte pour éviter le risque de provoquer un incendie, revenant peut-être sur leurs pas pour vérifier, se culpabilisant pour rien du tout, s'en voulant de fumer et de mettre en péril non seulement l'infrastructure gigantesque du Métropolitain, mais aussi des milliers de vies humaines innocentes se rappelant des récriminations de leurs femmes à propos du danger de fumer des cigarettes (cancer, incendie, mal de dents, etc.) ratant leur métro pas seulement une fois, mais peut-être deux ou même trois fois, parce qu'ils passent à des intervalles très rapprochés (95 secondes) surtout aux heures de pointe et que pris par leurs scrupules ils n'osent plus se décider à partir, se donnant un délai parfois trop long, l'œil sur la corbeille à papier pour voir s'il n'y a pas quelque fumée suspecte, peut-être même dans leur désarroi, leur remords et leur culpabilisation, vont-ils jusqu'à téléphoner aux pompiers et alors là ratant plusieurs trains, à moins qu'ils n'aient encore assez de présence d'esprit pour penser plutôt à briser le carreau derrière lequel se trouve, sur le quai, la sonnette d'alarme reliée directement et même électroniquement aux pompiers, à police-secours, au centre des urgences des hôpitaux les plus proches etc., malheureux quant aux conséquences de leurs gestes, se jurant qu'on ne les y reprendra plus, décidant sur-le-champ de cesser de fumer et se rappelant tous les accidents de santé pouvant leur survenir (embolie, infarctus du myocarde, rétrécissement mitral coronarite, hémorragie interne, paralysie du cerveau, hypertension, etc.) se tâtant brusquement pour vérifier que tout va bien, se promettant – à moins qu'ils n'y courent tout de suite et toute affaire cessante – d'aller consulter un médecin) ravalant leur salive pour ne pas être tenté de cracher, se donnant des conseils de bon maintien, pris brusquement d'un doute au sujet de leur propreté personnelle et surtout ceux qui ont un système sudoripare par trop généreux et certainement les autres aussi[.]
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D 'autant plus que je savais que mes concitoyens ont la mémoire courte et la susceptibilité ombrageuse . Ils aimaient paraître .
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Extrait de la Lettre N° 14
L'inassouvissement qui est de l'ordre du psychologique est à la base de cette destruction programmée de la planète.
Produire plus, consommer plus, ce n'est pas une nécessité économique mais un comportement névrotique qu'on inculque aux enfants des pays riches dès qu'ils sont capables de sucer un biberon.
C'est là que l'écologie occidentale pèche par excès.
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incipit :
Le premier homme savait qu'ilavait rendez-vous à la station Odéon, mais le lavabo le fascinait, minuscule, écaillé avec sa faïence maladive comme peinte d'un teint blafard, avec çà et là, des taches de rouille tel un prurit qui lui aurait poussé au-dessus d'une barbe de quelques jours qu'il n'avait pas eue le temps de raser tant il était harassé par son travail et noué aux tempes par ce rendez-vous qui le martelait depuis avant-hier. C'était bien le lavabo qui le fascinait.
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Rachid Boudjedra
«l’intégrisme religieux est la pire des maladies».
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En fait, les guerres coloniales ne se terminent jamais. La guerre, c’est-à-dire cette kermesse où vont souvent ces soldats stupides éternels perdants, pataugeant dans la gadoue des marais vietnamiens, attrapant n’importe quelle fièvre aphteuse et jaune, mourant en criant maman, la bouche pleine de moustiques, leurs cadavres floches se défaisant, s’avariant, pourrissant en un laps de temps très court parce que le climat tropical va plus vite que n’importe quelle ambulance, n’importe quel hélicoptère sanitaire ou avion de combat, n’importe quelle arme chimique ou nucléaire… avec ses chaleurs bouillonnantes, ses vapeurs marécageuses et gluantes et cette incroyable sueur qui dégouline d’on ne sait où, comme si le corps était capable de la pomper puis de la restituer à une vitesse effrayante.
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Je dis comme ça : prends une bière toi aussi... prends une 33 Lux... ça vaut toutes les femmes du monde... je n'ai jamais rien compris au sexe ni aux phantasmes lubriques et libidineux des hommes... mon propre sexe me dégoûte... c'est quelque chose de bizarre une excroissance mobile... immobile... c'est mou c'est dur ridicule bistré... avec un oeil torve... franchement non alors un sexe de femme un vagin merci..

[...] Je dis encore : je n'ai jamais rien compris à cette affaire de sexe... celui de l'homme une chose bistrée qui me fait penser à un viscère marron desséché froissé... ça me donne la nausée et puis ces couilles rosâtres, bistrées qui pendouillent tu trouves pas ça moche de montrer ça à une femme à ta place j'aurais honte pauvres femmes il faut dire qu'elles ne sont pas plus gâtées que nous...

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Et ainsi pendant que j'essayais de remonter la colonne vertébrale de l'axe essentiel de mes souvenirs d'enfance, comme une chaîne de maillons montée sur le câble effiloché de mes vieux nerfs détraqués par tant de malheurs ; et d'où coulait un résidu (magma ?) de linge familial sale, d'histoires louches concassées et de scandales nauséabonds et effrités ; mon âge d'adulte ne cessait de déborder autour de mon corps et me marquait du sceau de l'éternité infinie et du chagrin définitif, parce que, en évoquant l'histoire de Selma ma sœur cadette, j'avais compris que je ne pourrai jamais m'en sortir et que je resterais à jamais enlisé dans la boue (marron elle aussi, comme le sommeil ; ou verte comme le mûrier ?) de l'enfance. Irrémédiablement !
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toute guerre est toujours une guerre perdue...
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Je rêve de Jean, en train de déposer un cadavre dans un cercueil en plastique, avec l'aide de Monsieur d'Alger, le bourgeois bon enfant, mais il n'y arrive pas. Le cadavre lui échappe.il le relève. Il retombe. Je l'entends qui crie le nom de Jeanne.
Mais Jeanne ne répond pas.
Jeanne ne répond plus.
Puis plus rien.
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L'ALCOOLISME :
"Mais le pire c'est la vodka. Elle m'a donné ce cou de poulet déplumé qui semble toujours nager dans le col de mes chemises; ces yeux brouillés aux paupières lourdes et sans cils. Ma pomme d'Adam a l'air de tourner sur elle-même, tel un gros bouton en carton-pâte amidonné. Toujours aussi cette allure de vieille tortue (...)".

Il répare son minibus ("Extravagance") : "Une manière d'occuper le temps pour ne pas boire et pour plaire à Sarah qui n'a pas l'air de se rendre compte de l'effet désastreux que produit le manque d'alcool sur mon organisme imbibé depuis l'âge de 1'âge de 16 ans. La passion du désert vint plus tard."
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TIMIMOUN :
"Je devais donc attendre à Timimoun où 175 km de amenée d'une nappe souterraine située, paradoxalement, au-dessus des terrains irrigués. (...) Timimoun possède des canalisations en forme de peignes à l'aspect complexe qui distribuent l'eau à chaque jardin (...). Chaque opération de partage de l'eau donne l'occasion d'une répartition du débit initial en débits dérivés, puis en débits sous-dérivés, donc en nouvelles canalisations dont le nombre se multiplie à l'infini."

"Timimoun est un ksar rouge très ancien, avec ses murailles construites en pisé ocre. Il se love sur une longue terrasse qui domine d’ine vingtaine de mètres la palmeraie. Son minaret soupçonneux à l’architecture de poupée, aux lignes arrondies et au pisé grenu, surveille le désert alentour. Avec ses dunes gigantesques et très mobiles. Ses anciennes routes de l’or et du sel."

"Au fur et à mesure de la succession des plans : la ville moderne, le ksar, la palmeraie, qui deviennent, avec le changement rapide de la lumière, des détails de plus en plus brouillés, flous, brisés. Parce que le désert avec son espace et sa clarté réduit les choses et les rend approximatives et schématiques. La casbah de Timimoun se résume à ces rangées de ruelles labyrinthiques, de fenêtres, de terrasses,de coupoles, de portes en bois trop vieilles, d'arcades, de minarets et de jardinets carrés et luxuriants."
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Rachid Boudjedra
«le grand drame de la démocratie en Algérie c'est qu'en vérité, le processus ne s'est pas appuyé, au départ, sur une doctrine ou une «œuvre politique» que seule une intelligentsia pouvait produire…soit à l‘Université, soit dans les arts et les lettres. Sa courte «histoire» n'a trouvé personne pour la porter et, au contraire, c'est elle qui a porté les intellectuels…» A qui la faute ?
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Se décomplexer est un acte essentiel pour y voir clair. Si l'occident a été un pourvoyeur de colonialismes, de guerres, de rapines et de génocides, nous l'avons été aussi !
C'est peut-être à ce prix que progresse l'humanité; qu'elle se mélange et qu'elle se métisse. Les Maghrébins le savent bien qui ont conquis l'Andalousie, l'ont fécondée et l'ont enrichie d'une civilisation hors du commun.
Cela n'excuse en rien les grandes blessures de l'histoire, mais chaque attitude passéiste est un pas en arrière, une régression, une stagnation des damnés de la terre que nous sommes. […] Ce que nous revendiquons comme un patrimoine de l'humanité toute entière, c'est cet Occident de l'intelligence et du bon goût, de la créativité et du vrai humanisme non entaché celui-là de supputations politicardes et de mises en scène rocambolesques. Nous revendiquons l'Occident savant, raffiné et lettré. L'Occident juste et honnête. Cet Occident-là est le nôtre sans complexes. Comme il revendique notre orientalité. A l'image de Goethe, de Nerval et de Proust qui considéraient tous les trois que Les Mille et Une Nuits constituaient le premier vrai roman de l'humanité.
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Extrait de la Lettre N° 21
Quel que soit le domaine de la recherche scientifique, la France est à la pointe et cela n'a pas l'air de trop intéresser les Français qui peuvent perdre le sommeil pour l'orteil blessé d'un footballeur ou les chagrins d'amour d'une vedette de cinéma. Mais se préoccuper des savants, de leurs travaux, de leurs conditions de travail ou de leurs inquiétudes, cela ne se fait pas, monsieur !
Dommage ! Cette haine de l'intelligence.
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«Un pays (l'Algérie) trop grand et trop petit. Trop riche et trop pauvre. Trop naïf et trop malin. Trop généreux et trop avare. Qui s'aime et qui se trahit. Qui se fascine et qui se répugne. Qui souffre et qui ne souffre pas. Passionné et indifférent. Placide. Brûlant. Glabre. Glacial. Passsionnant, quoi !»
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