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Citations de Rainer Maria Rilke (1493)


MUSIQUE

[...]
Car que serait la musique, si elle n'allait
très loin dans l'au-delà de toute chose ?

Où la métamorphose nous interrompt,
c'est sûr, elle qui souffle, elle l'ignore.

__________
MUSIK

[...]
Denn was wär Musik, wenn sie nicht ging
weit hinüber über jedes Ding.

Sie, gewiss, die weht, sie weiss es nicht,
wo uns die Verwandlung unterbricht.
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[POUR MADAME AGNES RENOLD]

[...]
Mais soudain fait irruption
secrètement la grande pulsation au plus profond de nous,
qui nous arrache un cri.
Et dès lors nous sommes aussi être, changement et visage.

___________
[FÜR FRAU AGNES RENOLD]

[...]
Aber auf einmal bricht
der grosse Herzchlag heimlich in uns ein,
so dass wir schrein...
Und sind dann Wesen, Wandlung und Gesicht.
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Étourdis-moi, Musique, de ta rage rythmique !

__________
Bestürz mich, Musik, mit rhythmischem Zürnen !
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Bouche de la fontaine
  
  
  
  
Bouche de la fontaine, ô bouche généreuse,
disant inépuisablement la même eau pure.
Masque de marbre devant la figure
de l’eau ruisselante. Et d’en arrière

les aqueducs s’en viennent. De loin.
Longeant les tombes, des pentes de l’Apennin
ils t’apportent ce chant qu’ensuite
laisse couler ton vieux menton noirci

dans l’auge ouverte. Oreille endormie,
oreille en marbre dans laquelle
tu murmures toujours…

Oreille de la terre. Elle ne parle donc
jamais qu’à elle-même ? Et quand s’interpose la cruche,
il lui semble que tu l’interromps.


/ Lorand Gaspar // Armel Guerne Traducteurs
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Rainer Maria Rilke
Je ne puis me défaire de moi. Car, si j'abandonnais tout, tout ce qui est mien et, comme je le désire quelquefois, passais aveuglément dans tes bras, m'y perdais, c'est justement quelqu'un qui se serait abandonné que tu tiendrais : pas moi, pas moi.
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Ne pas chercher à être consolé d'une perte, cela devrait être instinctif chez nous. Et nous devrions plutôt mobiliser toute notre profonde, lancinante curiosité, pour aller explorer au plus profond de nous, jusqu'au cœur d'une "telle" perte, pour la comprendre, faire l'expérience de la nature unique et singulière de "cette" perte-là et de son impact dans notre vie. Oui, nous devrions faire preuve d'une audacieuse et noble avidité pour enrichir notre monde intérieur avec, précisément, "cette" perte, son sens, son poids... Plus nous en sommes profondément affectés, plus elle nous bouleverse brutalement, plus il est de notre "devoir" de la revendiquer comme faisant partie de nous, intégrée de manière différente, définitive: "ceci" permettrait de parvenir immédiatement à un accomplissement suprême, d'aller au-delà de tout ce qu'une expérience de la souffrance peut avoir de négatif et de complaisant. Il s'agira alors d'une souffrance active, présente à l'intérieur de nous, la seule qui ait un sens et soit digne de nous.
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La nature, les choses qui font partie de notre environnement quotidien sont éphémères et périssables. Mais tant que nous sommes ici, elles sont "notre" propriété, nos amies, nos complices dans la détresse et la joie, comme elles l'ont été pour nos ancêtres. Donc il est important de ne pas mépriser ni dégrader ce qui existe dans l'ici et maintenant - et surtout, parce qu'à cause de leur côté provisoire, qu'elles partagent avec nous, ces choses doivent être, le plus intimement possible, comprises et transformées par nous. Transformées ? Oui, car c'est notre tâche d'imprimer en nous, passionnément, profondément, douloureusement, cette terre périssable, qui n'a qu'une vie provisoire, pour que sa réalité renaisse en nous - mais "invisible". "Nous sommes les abeilles de l'Invisible. Nous butinons éperdument le miel du visible pour l'accumuler dans la grande ruche d'or de l'Invisible"*.

*En français dans le texte

( Lettre écrite à Witold Hulewicz, ami et traducteur en polonais de Rilke. )
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Si votre quotidien vous paraît pauvre, ne l’accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses.
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Rainer Maria Rilke
Avec une conscience purement terrestre, profondement terrestre, radieusement terrestre, intégrer tout ce que l'on touchen tout ce que l'on regarde ici dans cet horizon plus vaste. Non pas dans un Au-delà dont l'ombre enténèbre la terre, mais dans un Tout, dans le Tout.
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Est-ce la force qui me manque ? Ma volonté est-elle malade ? Ou est-ce le rêve en moi qui entrave toute action ? Les jours passent, quelques fois j'entends passer la vie. Et rien ne s'est encore produit, il n'y a encore rien de réel autour de moi ; je ne cesse de me diviser et de me perdre en ruisselets, quand je voudrais n'avoir qu'un lit et grandir. Car il doit en être ainsi, Lou, n'est-ce pas : nous voulons être comme un fleuve, et non nous canaliser pour irriguer des prairies ? N'est-ce pas, nous devons nous rassembler et gronder ? Peut-être aurons-nous le droit, un jour, quand nous serons très vieux, tout à la fin, de céder, de nous répandre en un delta... Chère Lou !
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La solitude (...) est l'espace de toute rencontre réelle, car seule, là, en elle, nous sommes en rapport à notre propre centre, ouverts à l'accueil de ce qui survient. Elle seule permet à ce que tout soit le proche et le lointain, l'ouvert et en même temps le refuge face à l'ouvert.
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Rilke (...) est le poète qui s'est mesuré aux simples tâches du jour, faisant preuve de constance et de fidélité dans les moindres choses; à la recherche de cette grande unité où le haut et le bas, l'échec et la réussite, la poésie et la vie, le ciel et l'enfer, l'existence et la mort, ne sont plus séparés. Lire Rilke, c'est oeuvrer à trouver cette unité primordiale. C'est une tâche immense et difficile. Là où notre vie est si fragmentaire -- où un sentiment en remplace un autre, où tout est séparé et à l'écart, où rien ne fait silence --, apprendre à lui donner une source qui l'abreuve et lui rende cette unité première qui nous lie au cosmos tout entier.
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Le terme "spiritualité" est défiguré au point d'être perçu, aujourd'hui, comme une rêverie pour ceux qui refusent l'ampleur de la realité.
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Une seule chose est nécessaire : la solitude.
La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.
Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font.
S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être près des choses : elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'événements auxquels vous pouvez prendre part.
Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes : tristes et heureux, et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.
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Verger

Peut-être que si j’ai osé t’écrire,
langue prêtée, c’était pour employer
ce nom rustique dont l’unique empire
me tourmentait depuis toujours : Verger.

Pauvre poète qui doit élire
pour dire tout ce que ce nom comprend,
un à peu près trop vague qui chavire,
ou pire : la clôture qui défend.

Verger : ô privilège d’une lyre
de pouvoir te nommer simplement ;
nom sans pareil qui les abeilles attire,
nom qui respire et attend…

Nom clair qui cache le printemps antique,
tout aussi plein que transparent,
et qui dans ses syllabes symétriques
redouble tout et devient abondant.

, 1926
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Enfance

Il serait bon de réfléchir longuement, avant d'
essayer de trouver des mots pour quelque chose de si perdu,
pour ces longs après-midi d'enfance que vous saviez
et qui ont si complètement disparu - et pourquoi ?

On nous le rappelle encore : parfois par une pluie,
mais on ne sait plus ce que cela signifie ;
la vie n'a jamais été aussi remplie de rencontres,
de retrouvailles et de transmissions

qu'à l'époque où rien ne nous arrivait
que ce qui arrive aux choses et aux créatures :
nous vivions leur monde comme quelque chose d'humain
et nous nous remplissions de figures.

Et il est devenu aussi solitaire qu'un berger
et aussi accablé par de vastes distances,
et appelé et remué comme de loin,
et lentement, comme un long fil nouveau,
introduit dans cette séquence d'images
où devoir continuer maintenant nous déroute.
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Une marche

Mes yeux touchent déjà la colline ensoleillée.
je vais très loin sur le chemin que j'ai commencé.
Nous sommes donc saisis par ce que nous ne pouvons pas saisir ;
il a une lumière intérieure, même à distance -

et nous charge, même si nous ne l'atteignons pas,
dans quelque chose d'autre, ce que
nous sommes déjà, sans le sentir ; un geste nous fait signe
de répondre à notre propre vague...
mais ce que nous ressentons, c'est le vent sur nos visages.
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Einzeln sind wir Engel nicht ; zusammen
bilden wir den Engel unsrer Liebe:
ich den Gang, du seines Mundes Jugend.
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Pays, arrêté à mi-chemin

Pays, arrêté à mi-chemin
entre la terre et les cieux,
aux voix d'eau et d'airain,
doux et dur, jeune et vieux,

comme une offrande levée
vers d'accueillantes mains :
beau pays achevé,
chaud comme le pain !
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Les tours

Les tours, les chaumières, les murs,
même ce sol qu'on désigne
au bonheur de la vigne,
ont le caractère dur.

Mais la lumière qui prêche
douceur à cette austérité
fait une surface de pêche
à toutes ces choses comblées.
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