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Citations de Rainer Maria Rilke (1483)


Cette humanité de la femme, portée à son terme dans les douleurs et les humiliations, apparaîtra au grand jour lorsque les métamorphoses de sa condition extérieure lui auront permis de se dépouiller des conventions qui la réduisent à la seule féminité, et les hommes, qui ne le sentent pas venir, seront surpris par leur défaite. Un jour (et des signes qui ne trompent pas parlent et brillent dès à présent, surtout dans les pays nordiques), un jour, la jeune fille sera là, la femme sera là dont le nom ne sera plus seulement l'opposé du masculin, mais quelque chose en soi, quelque chose qui ne fera penser ni à un complément ni à une limite, mais seulement à la vie et à l'existence – : l'être humain féminin.
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Mais c'est là justement l'erreur si fréquente et si lourde que commettent les jeunes gens (il est dans leur nature de n'avoir pas de patience) : ils se jettent l'un sur l'autre lorsque l'amour descend sur eux, ils se déversent tels qu'ils sont, dans tout leur manque de cohérence, leur désordre, leur confusion… : que peut-il arriver ? Que peut faire la vie de ce bric-à-brac à moitié démoli qu'ils nomment leur communauté et qu'ils aimeraient bien appeler leur bonheur, s'il y avait quelque apparence, et leur avenir ? Là, chacun, pour l'amour de l'autre, se perd, perd l'autre et beaucoup d'autres qui voulaient encore venir.
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il est bon d'être solitaire, car la solitude est difficile ; qu'une chose soit difficile doit être pour nous une raison supplémentaire de l'accomplir.
Aimer aussi est bon : car l'amour est difficile. S'aimer, d'être humain à être humain : voilà peut-être la tâche la plus difficile qui nous soit imposée, l'extrême, la suprême épreuve et preuve, le travail en vue duquel tout autre travail n'est que préparation.
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Rainer Maria Rilke
Der Panther
(Im Jardin des plantes, Paris)

Sein Blick ist vom Vorübergehn der Stäbe
so müd geworden, daß er nichts mehr hält.
Ihm ist, als ob es tausend Stäbe gäbe
und hinter tausend Stäben keine Welt.

Der weiche Gang geschmeidig starker Schritte,
der sich im allerkleinsten Kreise dreht,
ist wie ein Tanz von Kraft um eine Mitte,
in der betäubt ein großer Wille steht.

Nur manchmal schiebt der Vorhang der Pupille
sich lautlos auf –. Dann geht ein Bild hinein,
geht durch der Glieder angespannte Stille –
und hört im Herzen auf zu sein.
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Rainer Maria Rilke
La panthère
(Jardin des plantes, Paris)

Son regard du retour éternel des barreaux
s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien.
Il ne lui semble voir que barreaux par milliers
et derrière mille barreaux, plus de monde.

La molle marche des pas flexibles et forts
qui tourne dans le cercle le plus exigu
paraît une danse de force autour d’un centre
où dort dans la torpeur un immense vouloir.

Quelquefois seulement le rideau des pupilles
sans bruit se lève. Alors une image y pénètre,
court à travers le silence tendu des membres –
et dans le cœur s’interrompt d’être.

Rainer Maria Rilke
Traduction de Claude Vigée
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Rainer Maria RILKE
Lettres à un jeune poète.
Extrait de la lettre 7

Il est bon aussi d’aimer ; car l’amour est difficile. L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même ; l’œuvre suprême dont toutes les autres ne sont que les préparations. C’est pour cela que les êtres jeunes, neufs en toutes choses, ne savent pas encore aimer ; ils doivent apprendre. De toutes les forces de leur être, concentrées dans leur cœur qui bat anxieux et solitaire, ils apprennent à aimer. Tout apprentissage est un temps de clôture. Ainsi pour celui qui aime, l’amour n’est longtemps, et jusqu’au large de la vie, que solitude, solitude toujours plus intense et plus profonde. L’amour ce n’est pas dès l’abord se donner, s’unir à un autre. (Que serait l’union de deux êtres encore imprécis, inachevés, dépendants ?) L’amour, c’est l’occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l’amour de l’être aimé. C’est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu qu’appelle le large. Dans l’amour, quand il se présente, ce n’est que l’obligation de travailler à eux-mêmes que les êtres jeunes devraient voir.
Se perdre dans un autre, se donner à un autre, toutes les façons de s’unir ne sont pas encore pour eux. Il leur faut d’abord thésauriser longtemps, accumuler beaucoup. Le don de soi-même est un achèvement : l’homme en est peut-être encore incapable.
Là est l’erreur si fréquente et si grave des jeunes. Ils se précipitent l’un vers l’autre, quand l’amour fond sur eux, car il est dans leur nature de ne pas savoir attendre. Ils se déversent, alors que leur âme n’est qu’ébauche, trouble et désordre. Mais quoi ? Que peut faire la vie de cet enchevêtrement de matériaux gâchés qu’ils appellent leur union et qu’ils voudraient même appeler leur bonheur ? – Et quel lendemain ? Chacun se perd lui-même pour l’amour de l’autre, et perd l’autre aussi et tous ceux qui auraient pu venir encore. Et chacun perd le sens du large et les moyens de le gagner, chacun échange les va-et-vient des choses du silence, pleins de promesses, contre un désarroi stérile d’où ne peuvent sortir que dégoût, pauvreté, désillusion. Il ne lui reste plus qu’à trouver un refuge dans une de ces multiples conventions qui s’élèvent partout comme des abris le long d’un chemin périlleux. Nulle région humaine n’est aussi riche de conventions que celle-là. Canots, bouées, ceintures de sauvetage, la société offre là tous les moyens d’échapper. Enclins à ne voir dans l’amour qu’un plaisir, les hommes l’ont rendu d’accès facile, bon marché, sans risques, comme un plaisir de foire. Combien d’êtres jeunes ne savent pas aimer, combien se bornent à se livrer comme on le fait couramment (bien sûr, la moyenne en restera toujours là) et qui ploient sous leur erreur ! Ils cherchent par leurs propres moyens à rendre vivable et fécond l’état dans lequel ils sont tombés. Leur nature leur dit bien que les choses de l’amour, moins encore que d’autres, importantes aussi, ne peuvent être résolues suivant tel ou tel principe, valant dans tous les cas. Ils sentent bien que c’est là une question qui se pose d’être à être, et qu’il y faut, pour chaque cas, une réponse unique, étroitement personnelle. Mais comment, s’ils se sont déjà confondus, dans la précipitation de leur étreinte, s’ils ont perdu ce qui leur est propre, trouveraient-ils en eux-mêmes un chemin pour échapper à cet abîme où a sombré leur solitude ?
Ils agissent à l’aveugle l’un et l’autre. Ils usent leur meilleur vouloir à se passer de conventions comme le mariage, pour tomber dans des conventions moins voyantes certes, mais tout autant mortelles. C’est qu’il n’est, à leur portée, que des conventions. Tout ce qui vient de ces unions troubles, qui doivent leur confusion à la hâte, ne peut être que convention. Les rapports qui naissent de telles erreurs portent un compromis en eux-mêmes, même s’il est en dehors des usages (en langage courant : immoral). La rupture même serait un geste conventionnel, impersonnel, fortuit, débile et inefficace. Pas plus que dans la mort qui est difficile, dans l’amour, lui aussi difficile, celui qui va gravement n’aura l’aide d’aucune lumière, d’aucune réponse déjà faite, d’aucun chemin tracé d’avance. Pas plus pour l’un que pour l’autre de ces devoirs que nous portons, cachés en nous-mêmes, et que nous transmettons à ceux qui nous suivent sans les avoir éclaircis, on ne peut donner de règles générales. Dans la mesure où nous sommes seuls, l’amour et la mort se rapprochent. Les exigences de cette redoutable entreprise qu’est l’amour traversant notre vie ne sont pas à la mesure de cette vie, et nous ne sommes pas de taille à y répondre dès nos premiers pas. Mais si, à force de constance, nous acceptons de subir l’amour comme un dur apprentissage, au lieu de nous perdre aux jeux faciles et frivoles qui permettent aux hommes de se dérober à la gravité de l’existence, – alors peut-être un insensible progrès, un certain allégement pourra venir à ceux qui nous suivront, et longtemps encore après nous. Et ce serait beaucoup.
À peine en arrivons-nous aujourd’hui à considérer sans préjugés les rapports d’un être avec un autre. Nos tentatives pour vivre de tels rapports manquent d’exemples qui les guideraient. Et pourtant le passé enferme des ébauches de vie qui ne demandent qu’à aider nos pas hésitants.
La jeune fille et la femme, dans leur développement propre, n’imiteront qu’un temps les manies et les modes masculines, n’exerceront qu’un temps des métiers d’hommes. Une fois finies ces périodes incertaines de transition, on verra que les femmes n’ont donné dans ces mascarades, souvent ridicules, que pour extirper de leur nature les influences déformantes de l’autre sexe. La femme qu’habite une vie plus spontanée, plus féconde, plus confiante, et sans doute plus mûre, plus près de l’humain que l’homme, – le mâle prétentieux et impatient, qui ignore la valeur de ce qu’il croit aimer, parce qu’il ne tient pas aux profondeurs de la vie, comme la femme, par le fruit de ses entrailles. Cette humanité qu’a mûrie la femme dans la douleur et dans l’humiliation verra le jour quand la femme aura fait tomber les chaînes de sa condition sociale. Et les hommes qui ne sentent pas venir ce jour seront surpris et vaincus. Un jour (des signes certains l’attestent déjà dans les pays nordiques), la jeune fille sera ; la femme sera. Et ces mots « jeune fille », « femme », ne signifient plus seulement le contraire du mâle, mais quelque chose de propre, valant en soi-même ; non point un simple complément, mais une forme complète de la vie : la femme dans sa véritable humanité.
Un tel progrès transformera la vie amoureuse aujourd’hui si pleine d’erreurs (et cela malgré l’homme, qui d’abord sera devancé). L’amour ne sera plus le commerce d’un homme et d’une femme, mais celui d’une humanité avec une autre. Plus près de l’humain, il sera infiniment délicat et plein d’égards, bon et clair dans toutes les choses qu’il noue ou dénoue. Il sera cet amour que nous préparons, en luttant durement : deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s’inclinant l’une devant l’autre.
Ceci encore : ne croyez pas que l’amour que vous avez connu adolescent soit perdu. N’a-t-il pas fait germer en vous des aspirations riches et fortes, des projets dont vous vivez encore aujourd’hui ? Je crois bien que cet amour ne survit si fort et si puissant dans votre souvenir que parce qu’il a été pour vous la première occasion d’être seul au plus profond de vous-même, le premier effort intérieur que vous ayez tenté dans votre vie.
Rainer Maria RILKE
Lettres à un jeune poète.
Extrait de la lettre 7
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Eteins mes yeux : je te verrai encore
Bouche-moi les oreilles : je t'entendrai encore
Sans pieds, je marcherai vers toi
Sans bouche, je t'invoquerai encore
Coupe-moi les bras : je te saisirai
Avec mon cœur comme avec une main
Arrache-moi le coeur et mon cerveau battra
Et si tu mets aussi le feu à mon cerveau
Je te porterai dans mon sang.
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Ô toi, si riche, tu donnes des rêves à mes nuits, des chansons à mes matins, des buts à mes jours et des désirs solaires à mes rouges crépuscules. Tu donnes sans fin. Et je m'agenouille et tends les bras pour recevoir ta grâce. O toi, si riche ! Je suis tout ce que tu veux. Et je serai esclave ou roi selon que tu
t'irrites ou souris.
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Et le soleil, après ce nouvel orage violent entre à flots dans ma chambre, si abondamment que l'on pourrait vraiment imaginer y voir dans chaque recoin un bonheur en or massif. Je suis riche et libre, et, respirant profondément, je revis en rêve chaque seconde de l'après-midi. le n'ai plus aucune envie de sortir aujourd'hui. Je veux m'abandonner à de doux rêves et, de leur éclat, comme de guirlandes pour t'accueillir, parer ma chambre. Je veux emporter dans ma nuit la bénédiction de tes mains sur mes mains et mes cheveux. Je ne veux parler à personne pour ne pas gaspiller l'écho de tes paroles qui tremble tel un émail sur les miennes et enrichit leurs harmonies, et une fois le soleil couché, je ne veux voir brûler aucune lumière pour allumer au feu de tes yeux mille douces offrandes...
Je veux m'élever en toi comme la prière de l'enfant dans l'éclatante allégresse du matin, comme la fusée parmi les astres solitaires. Je veux être toi. Je rejette les rêves qui t'ignorent et les désirs que tu ne peux ni ne veux exaucer. Je ne veux rien faire que te louer, ni soigner aucune fleur si elle ne te pare pas; je ne veux pas saluer un oiseau ignorant le chemin de ta fenêtre, ni boire à un ruisseau n'ayant pas goûté à ton reflet. Je ne veux pas aller dans un pays que tes rêves, tels des thaumaturges étrangers, n'auraient pas visité, ni habiter dans une cabane où tu ne te serais jamais reposée. Je ne veux rien savoir du temps qui t'as précédée dans mes jours, ni des êtres qui y demeurent.
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Je m'esquive très vite hors de chez toi
Par les rues de pluie et je m'aperçois
Que chaque passant allant son chemin
Voit flamboyer dans mes yeux
L'âme radieuse, rachetée.

Et craintivement, je veux sur ma route
Cacher mon bonheur à la foule.
Je l'emporte chez moi en toute hâte:
C'est seulement au plus profond de mes nuits
Que je l'ouvre doucement comme un coffre doré.

Puis je tire un à un ses trésors.
De ses sombres profondeurs
Et ne sais plus où regarder;
Car tous les recoins de ma chambre
Regorgent et débordent d'or.

C'est une richesse sans pareille,
Comme la nuit n'en vit encore jamais,
Comme la nuit n'en a encore jamais baigné de rosée;
Et bien plus que tous les gages d'amour
Jamais reçus par l'épouse d'un prince.

Il y a là de riches diadèmes,
Dont les pierres sont des étoiles.
Et nul ne le sait. O toi, je suis
Parmi mes trésors comme un roi
Et je sais qui est ma reine.
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Je suis à toi comme le bâton est au randonneur, mais je ne te soutiens pas. Je suis à toi comme le sceptre est à la reine – mais je ne t'enrichis pas. - Je suis à toi comme la dernière petite étoile est à la nuit, même si celle-ci ignore presque tout de son existence et de son scintillement.
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J ai toujours pensé que quand un être doit en remercier un autre pour quelque chose de très précieux, cela doit rester entre eux un secret.
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Est-il possible qu’on ait eu des millénaires pour observer, réfléchir et écrire, et qu’on ait laissé passer ces millénaires comme une récréation pendant laquelle on mange sa tartine et une pomme ? Oui, c’est possible.
Est-il possible qu’il faille rappeler à tous, l’un après l’autre, qu’ils sont nés des anciens, qu’ils contiennent par conséquent ce passé, et qu’ils n’ont rien à apprendre d’autres hommes qui prétendent posséder une connaissance meilleure ou différente ? Oui, c’est possible. Est-il possible que tous ces gens connaissent parfaitement un passé qui n’a jamais existé ? Est-il possible que toutes les réalités ne soient rien pour eux ; que leur vie se déroule et soit attachée à rien, comme une montre oubliée dans une chambre vide ? Oui, c’est possible…
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[Être aimée veut dire se consumer dans la flamme. Aimer c’est rayonner d’une lumière inépuisable. Être aimée c’est passer, aimer c’est durer.]
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Toujours l’aimante surpasse l’aimé, parce que la vie est plus grande que le destin. Son don d’elle-même peut être infini ; c’est là son bonheur. Mais la misère sans nom de son amour a toujours été celle-ci : qu’on lui ait demandé de limiter ce don
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Pour écrire un seul vers, il faut avoir beaucoup vu de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs eux-mêmes ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
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Coucher de soleil

Lentement, l'Occident cherche des vêtements de nouvelles couleurs
qu'il transmet à une rangée d'arbres centenaires.
Vous regardez, et bientôt ces deux mondes vous laissent tous deux,
une partie monte vers le ciel, l'autre s'enfonce vers la terre.

vous quittant, n'appartenant ni à l'un ni à l'autre,
pas aussi désespérément sombre que cette maison silencieuse,
pas aussi inébranlablement donnée à l'éternel que cette chose
qui se transforme en étoile chaque nuit et grimpe -

vous quittant (il est impossible de démêler les fils) )
votre propre vie, timide et haute et grandissante,
de sorte que, tantôt bloquée, tantôt tendue,
votre vie est un instant une pierre en vous, et l'instant d'après une étoile.
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toute la nuit , dont l'être même me donne envie comme un berceau. Toi qui ne me dis pas que tu restes éveillé en pensant à moi : et si nous portions en nous tous ces désirs sans jamais nous en laisser envahir, les laisser passer ? Regardez ces amants tourmentés par l'amour, quand ils commencent à se confesser, comme ils mentent vite ! Tu me fais me sentir seul. J'essaie d'imaginer : un instant c'est toi, puis c'est le vent qui monte ; un parfum va et vient mais ne dure jamais. Oh, dans mes bras j'ai perdu tous ceux que j'aimais !
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Chanson du sommeil

Un jour, si jamais je te perds,
pourras-tu alors t'endormir
sans que je murmure doucement au-dessus de toi
comme l'air de la nuit qui s'agite dans le tilleul ?

Sans que je me réveille ici et que je regarde
et prononce des mots aussi tendres que des paupières
qui viennent se poser en apesanteur sur votre poitrine,
sur vos membres endormis, sur vos lèvres ?

Sans que je te touche et te laisse
seul avec ce qui est à toi, comme un jardin d'été
qui regorge de masses
de mélisse et d'anis étoilé ?


Traduit par Albert Ernest Flemming
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Sacrifier


Comme mon corps s'épanouit de toutes ses veines
avec plus de parfum, depuis que tu m'es apparu ;
regarde, je marche plus mince maintenant et plus droit,
et tout ce que tu fais c'est attendre - : qui es-tu alors ?

Regardez : je sens comme je m'éloigne,
comme je me débarrasse de mon ancienne vie, feuille par feuille.
Seul ton sourire s'étend comme de pures étoiles
sur toi et, bientôt maintenant, sur moi. Tout ce qui brille encore sans nom et brillant comme l'eau

dans mes années d'enfance , je donnerai ton nom sur l'autel, qui brille de mille feux de tes cheveux et doucement tressé de tes seins.

Traduit par Edward Snow
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