AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Rainer Maria Rilke (1487)


La rue était vide ; son vide s'ennuyait, retirait mon pas de sous mes pieds et claquait avec lui, de l'autre côté de la rue, comme avec un sabot. La femme s'effraya, s'arracha d'elle-même. Trop vite, trop violemment, de sorte que son visage resta dans ses deux mains. Je pouvais l'y voir, y voir sa forme creuse. Cela me coûta un effort inouï de rester à ces mains, de ne pas regarder ce qui s'en était dépouillé. Je frémissais de voir ainsi un visage du dedans, mais j'avais encore bien plus peur de la tête nue, écorchée, sans visage.
Commenter  J’apprécie          190
Qu'il y eut une enfance, cette fidélité sans nom
des célestes, cela, ne laisse pas le destin te le révoquer ;
même le prisonnier, qui peu à peu dans la ténèbre du cachot
s'abîme,
elle l'a en secret pourvu jusqu'à la fin. Car elle tient le coeur intemporel.
Et même le malade, quand son regard se fige et qu'il comprend, et que déjà sa chambre ne lui donne plus
de réponse parce qu'elle est curable, et que curable sont ses affaires autour de lui, les fiévreuses, les comalades, mais guérissables encore, tout autour du perdu - : même pour lui, l'enfance fait encore du fruit.
Commenter  J’apprécie          30
Et nous qui pensons à un bonheur
en montée, nous ressentirions l'émoi
qui presque nous atterre,
quand un être heureux tombe.
Commenter  J’apprécie          20
XXXVI. Car la conscience qu'il suffit d'avoir trouvé la mélodie de l'arrière-plan pour n'être plus désemparé dans ses mots ni obscur dans ses choix a presque le sens d'une religion. ...

XXIII. Deux êtres humains également discrets ne sont pas obliger de parler de la mélodie de leurs heures. Elle est déjà en tant que telle leur bien commun. Elle est entre eux comme un autel brûlant dont avec crainte ils nourrissent la flamme sacrée par leurs rares syllabes. ...

XXIV. « Vous en voyez l'éclat sur le visage de ces deux êtres ».


pp. 29 & 21-2, extraits.
Commenter  J’apprécie          140
Un même espace unit tous les êtres…

Un même espace unit tous les êtres : espace
intérieur au monde. En silence l’oiseau
vole au travers de nous. Ô, moi, qui veut grandir,
je regarde au-dehors, et en moi grandit l’arbre.

*

Durch alle Wesen reicht der eine Raum:
Weltinnenraum. Die Vo¨gel fliegen still
durch uns hindurch. O, der ich wachsen will,
ich seh hinaus, und in mir wächst der Baum.
Commenter  J’apprécie          00
Le sublime est un départ (1926)


Le sublime est un départ.
Quelque chose de nous qui au lieu
de nous suivre, prend son écart
et s’habitue aux cieux.

La rencontre extrême de l’art
n’est-ce point l’adieu le plus doux ?
Et la musique : ce dernier regard
que nous jetons nous-mêmes vers nous!

*
Commenter  J’apprécie          00
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.

*

Um eines Verses willen muß man viele Städte sehen, Menschen und Dinge, man muß die Tiere kennen, man muß fühlen, wie die Vogel fliegen, und die Gebärde wissen, mit welcher die kleinen Blumen sich auftun am Morgen. Man muß zurückdenken können an Wege in unbekannten Gegenden, an unerwartete Begegnungen und an Abschiede, die man lange kommen sah, – an Kindheitstage, die noch unaufgeklärt sind, an die Eltern, die man kränken mußte, wenn sie einem eine Freude brachten und man begriff sie nicht (es war eine Freude für einen anderen –), an Kinderkrankheiten, die so seltsam anheben mit so vielen tiefen und schweren Verwandlungen, an Tage in stillen, verhaltenen Stuben und an Morgen am Meer, an das Meer überhaupt, an Meere, an Reisenächte, die hoch dahinrauschten und mit allen Sternen flogen, – und es ist noch nicht genug, wenn man an alles das denken darf. Man muß Erinnerungen haben an viele Liebesnächte, von denen keine der andern glich, an Schreie von Kreißenden und an leichte, weiße, schlafende Wöchnerinnen, die sich schließen. Aber auch bei Sterbenden muß man gewesen sein, muß bei Toten gesessen haben in der Stube mit dem offenen Fenster und den stoßweisen Geräuschen. Und es genügt auch noch nicht, daß man Erinnerungen hat. Man muß sie vergessen können, wenn es viele sind, und man muß die große Geduld haben, zu warten, daß sie wiederkommen. Denn die Erinnerungen selbst sind es noch nicht. Erst wenn sie Blut werden in uns, Blick und Gebärde, namenlos und nicht mehr zu unterscheiden von uns selbst, erst dann kann es geschehen, daß in einer, sehr seltenen. Stunde das erste Wort eines Verses aufsteht in ihrer Mitte, und aus ihnen ausgeht.

***
Commenter  J’apprécie          10
Une fois, au matin, un cavalier est là, puis un second, quatre, dix. Tout de fer, grands. Puis mille, derrière : l'armée.
Commenter  J’apprécie          00
Recherchez la profondeur des choses, l'ironie n'y descend jamais.
Commenter  J’apprécie          50
Rien n'est moins capable d'atteindre une œuvre de l'art que des propos critiques
Commenter  J’apprécie          10
Seul l'individu solitaire est, comme une chose, soumis aux lois profondes, et lorsqu'il sort dans l'aube qui point ou regarde le crépuscule, événement plénier, lorsqu'il sent ce qui se produit alors, il se dépouille de toute sa condition qui le quitte comme un cadavre bien qu'il soit plongé au cœur de la vie pure.
Commenter  J’apprécie          00
Si votre vie quotidienne vous paraît pauvre, ne l'accusez pas ; accusez vous plutôt, dites vous que vous n'êtes pas assez poète pour en convoquer les richesses. Pour celui qui crée, il n'y a pas ,en effet, de pauvreté ni de lieu indigent, indifférent.
Commenter  J’apprécie          10
Lorsque parle une grande figure originale, les petits doivent se taire.
Commenter  J’apprécie          60
Rapprochez-vous alors de la nature. Cherchez à dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous éprouvez, ce qui est pour vous objet d'amour ou de perte.
Commenter  J’apprécie          30
Peut-être que toutes les choses qui font peur sont au fond des choses laissées sans secours qui attendent de nous le secours.
Commenter  J’apprécie          20
Notre peuple est encore dans l’enfance. Souvent, je me dis que notre haine pour les Allemands n’est pas du tout politique, mais plutôt, comme, dirais-je… humaine . Notre ressentiment ne provient pas de ce que nous sommes contraints de partager notre patrie avec les Allemands, mais de ce que nous grandissons sous la coupe d’un peuple adulte, et c’est cela qui nous rend tristes. C’est l’histoire de l’enfant qui grandit auprès de parents trop âgés . Il apprend à sourire avant d’avoir pu rire…
Commenter  J’apprécie          00
Toi, à qui je ne confie pas
mes longues nuits sans repos.
Toi, qui me rends si tendrement las,
me berçant comme un berceau.
Toi, qui me caches tes insomnies,
dis, si nous supportions
cette soif qui nous magnifie,
sans abandon ?
Commenter  J’apprécie          123
Rainer Maria Rilke
Une œuvre d’art est bonne quand elle est née d’une nécessité.
Commenter  J’apprécie          10
Les seules tristesses dangereuses et funestes sont celles qu'on traîne parmi la foule pour les étouffer sous le bruit. (page 68)
Commenter  J’apprécie          10
Vivez pour l'heure vos questions. Peut-être alors, dans un jour lointain, en viendrez-vous peu à peu, sans vous en apercevoir, à vivre au cœur de la réponse. (page 39)
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Rainer Maria Rilke Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Sur Yvain Ou Le Chevalier Au Lion

Qui raconte son aventure au début du livre ?

Yvain
Calogrenant
Le roi
Gauvain

12 questions
1168 lecteurs ont répondu
Thème : Yvain ou le Chevalier au lion de Chrétien de TroyesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}