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Citations de René Daumal (312)


Et l’effort de volonté n’est pas de vouloir accomplir une action, mais de la laisser se faire dans un continuel détachement.
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Je me réadaptai peu à peu à la vie du » siècle » ; tout extérieurement, il est vrai, car, au fond, je n’arrive pas à m’accrocher à cette agitation de cage à singes qu’ils appellent la vie, avec des airs dramatiques.
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TOUJOURS EN VAIN


Celui-ci qui me parle, c'est un oiseau sans tête,
cette flamme et cet oiseau,
ces trois cris sur la tempête,
le cri qui tombe en déchirant le ciel,
le cri qui s'envole en soulevant la mer,
et le cri des cris qui se heurtent,
c'est le chant d'une tête coupée,
et mes poings sont des pierres
que le feu lèche.

Sourire de foudre, mains d'océan noir,
je suis votre absurde victime,
je file sur la soie cruelle,
ah ! mon œil ne gouverne plus,
le voilà fou, courant à la côte,
mais il sait que c'est absurde,
mais il crie au scandale de l'éclair.
Il peut crier, il peut crever, il peut savoir,
un oiseau noir éclate de rire,
mon sang a beau bouillir, c'est ça.

p.140
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Après

Je vais renaître sans cœur,
toujours dans le même univers,
toujours portant la même tête,
les mêmes mains,
peut-être changées de couleurs,
mais cela même ne me consolerait point.
Je serai cruel et seul
et je mangerai des couleuvres
et des insectes crus.
Je ne parlerai à personne,
sinon en paroles d’insectes
ou de couleuvres nues,
en mots qui vivront et riront malgré moi.
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René Daumal
Des soleils et des vignes, il y en a encore. Mais sans soif, on ne fait plus de vin. Plus de vin, on ne cultive plus les vignes. Plus de vignes, les soleils s’en vont : ils ont autre chose à faire que de chauffer des terres sans buveurs, ils se diront : allons maintenant vivre pour nous. Cela, le voulez-vous ?
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Le grand jour des morts


Extrait 6

Voici, j'ai arraché le manteau de chair saignante
et de colère et je marche nu
— non pas encore ! mais je me vois lointain
et j'ai pour me guider et remplacer mon cœur,
très loin, ces mains, ces mains d'aveugle,
l'aveugle morte plus voyante que vos yeux de bêtes,
vous opaques vivants lourds, très loin l'aveugle
et ses prunelles, cercles de tout savoir,
enclosant l'eau limpide et noire des lacs souterrains —
je dirais comme elles sont belles, ces mains,
comme elle est belle, non, comme elle parle la beauté,
la morte aveugle, mais qui voit toute ma nuit,
je parlerais, j'inventerais des mots-sanglots
— à ses pieds il faudrait pleurer —
je sangloterais sa beauté,
si je pouvais pleurer,
si je n'étais pas mort de n'avoir su pleurer.
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- Épinard, qu'est-ce que Dieu ? dit le Curé d'une voix vide.

L'enfant se presse au-dedans de lui-même comme une éponge, il lui sort deux œufs de cristal de chaque côté du haut du nez, et il dit dans un soupir :

- C'est une baffe.
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- Vous voyez ce que je dois faire pour gagner ma croûte, me dit-il. J’aurai voulu vous recevoir mieux...
- Je croyais que vous travailliez dans la parfumerie, interrompis-je.
- Pas seulement. J’ai aussi à faire dans une fabrique d’appareils ménagers, une maison d’articles de camping, un laboratoire de produits insecticides et une entreprise de photogravure. Je m’engage partout à réaliser les inventions jugées impossibles. Jusqu’ici, cela a réussi, mais comme on sait que je ne puis rien faire d’autre, dans la vie, que d’inverter des absurdités, on ne me paie pas gros. Alors, je donne des leçons d’escalade à des fils de famille fatigué du bridge et des croisières. Mettez-vous donc à votre aise et faites connaissance avec ma mansarde. (p. 23-24)
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En même temps que nous laissions sur le littoral nos encombrants appareils, nous nous préparions aussi à rejeter l’artiste, l’inventeur, le médecin, l’érudit, le littérateur. Sous leurs déguisements, des hommes et des femmes montraient déjà le bout de leur nez.
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Il pleut de greluchonnes vipères, L'Emir malgache mâche des créosotes enrubannées d'olifants poussiéreux et le manioc moutonne sur l'océan des glèbes.
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René Daumal
mes mains s'agitent vers la foret,
vers la nuit mouillée,
vers le sommeil vert;
le soleil crie, croyez vous qu'il se meure ?
j'entends la voix trop pure de l'eau
le soleil crie c'est une ruse de guerre,
je lui ai tendu les mains,
ses grands bras dans le bleu vide
qui file vainement vers l'horizon,
ses grands bras frappent, frappent mon front
mon sang coule rose comme mes yeux;
O loups, croyez vous que je meurs ?
Loups inondez moi de sang noir.

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Il est remarquable que les Français ont abandonné leur mot chef, qui désignait le conducteur du corps, pour le mot teste qui signifie « pot », à l’époque justement où l’on commençait à regarder plus que jamais la tête comme une chose à remplir plutôt qu’à faire fonctionner […].
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NÉNIE

Ne parlez plus des plaines avec cette tendresse
ne parlez plus des neiges, ne parlez plus du cœur
laissez s'échauffer les vins vénéneux
entre les paumes de la vie,
ne parlez plus des mers en remuant le cœur,
ne parlez plus des fleuves, laissez sécher vos lèvres
et laissez se glacer le sang des vieux désirs
entre vos mâchoires de mort,
ne parlez plus du ciel en palpitant des lèvres,
ne parlez plus du vent, laissez la nuit grossir,
laissez la nuit s'engraisser de vos souffles
auprès des trous de vos narines,
ne parlez plus du feu de votre voix d'esclave,
ne parlez plus de votre roi, l'ancien soleil,
laissez-le se coucher et s'éteindre en boue noire,
dans la vie courbe de vos crânes.

Ne parlez plus du cœur!
Votre langue est pourrie et votre souffle froid,
vos regards vides regardent la nuit,
des mondes morts accouplés emplissent vos yeux,
ne parlez plus dans l'air des hommes.
Essayez seulement de sourire,
vous entendrez gémir tous vos os calcinés,
le rire ondulera dans un ciel rapiécé,
et la toile du monde aura des sanglots sourds.
La musique des morts hoquette dans vos dents
— essayez de sourire aux fleurs ! —
vos pieds froids sont soudés à la terre sans yeux,
vous regardez partout de vos mille prunelles
mais nul ne voit vos yeux et vos yeux ne voient rien.

Le rire éclatera dans vos têtes sonores
— essayez de sourire aux oiseaux ! —
vos mains s'écailleront dans une odeur de plâtre,
riez à la poubelle et riez au balai.
L'espace même meurt avec les étincelles
que vous jetiez au vent de vie, et le temps meurt
en arrêtant vos vains sourires,
en figeant vos sanglots,
et vous gelez tout doucement dans les tourbières.

Un soleil inconnu brille dans la poussière
qui vole tout autour de vos cheveux séchés,
les vents de la folie portent à vos oreilles
une musique amère à vous briser les dents.
Des fleuves remontant à leurs sources jaillissent
de vos mains disloquées, de vos tempes trouées,
et le sol qui vous porte a des lueurs de soufre,
se creuse sous vos pieds et vous mord aux chevilles.
Votre rire a créé des étoiles nouvelles
que nous ne verrons pas,
et vous pouvez sourire à de nouveaux oiseaux
à des fleurs impossibles,
mais vous vivez derrière un mur de houille
et nos yeux saignent, nos prunelles se fendent
quand nous voulons vous voir
quand nous voulons vous voir avec des regards vides,
quand nous ne voulons plus sourire
ni sangloter dans le ventre céleste,
nos bras tournent grinçants dans les chambres de plomb.

La nuit de vérité nous coupe la parole.

p.65-66-67
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Quand les pieds ne veulent plus vous porter, on marche avec sa tête. Et c'est vrai. Ce n'est peut-être pas dans l'ordre naturel des choses, mais ne vaut-il pas mieux marcher avec la tête que penser avec les pieds, comme il arrive souvent?
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Pour l’Hindou, l’expression de la personnalité n’a aucune valeur artistique. Le beau, c’est la puissance émouvante du vrai. […] Aucun mot sanskrit, dois-je dire, ne pourrait traduire « beau » dans cette phrase. La valeur esthétique d’une œuvre plastique se traduit par sa « conformité aux pramâna », celle d’une œuvre poétique par sa « richesse en rasa ».
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Nerval, combien d’hommes avec moi savent quels sanglots il faut étouffer quand tu dis cette simple phrase : « On semblait autour de moi me railler de mon impuissance » ?
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Te souviens-tu de ce soir dans ce jardin public où tu m’as brûlé la cervelle ?
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J’ajoute que si ma pensée, sous son apparence abstraite, était comprise par les défenseurs de l’ordre, j’encourrais une bien moins dangereuse fureur de leur part en leur crachant à la figure.
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Mais un troisième connut exactement la même réalité que moi.
Et il ne nous fallut qu'un regard échangé pour savoir que nous avions vu la même chose.
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René Daumal
Les quatre temps cardinaux

La poule noire de la nuit
vient encore de pondre une aurore.
Salut le blanc, salut le jaune,
Salut, germe qu’on ne voit pas.

Seigneur Midi, roi d’un instant
au haut du jour frappe le gong.
Salut à l’œil, salut aux dents,
Salut au masque dévorant, toujours !

Sur les coussins de l’horizon,
Le fruit rouge du souvenir.
Salut, soleil qui sait mourir,
Salut, brûleur de nos souillures.

Mais en silence je salue la grande Minuit,
Celle qui veille quand les trois s’agitent.
Fermant les yeux je la vois sans rien voir par-delà les ténèbres,
Fermant l’oreille j’entends son pas qui ne s’éloigne pas.
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