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Citations de René Guy Cadou (222)


Femme
On dit une femme et c’est un arbre
Elle a des fleurs ses rameaux chantent sur le marbre
De sa poitrine est un oiseau
Dieu la nomma Il fit voler tous les copeaux
Du ciel sur son visage
Pour ensoleiller son corsage
Il prit la bonne paille où dorment les chevaux
Vint le printemps le blé monta jusqu’à ses hanches
Elle eut deux mains l’une pour le dimanche
L’autre pour avancer le sel aux vagabonds
J’allais partir
Le bleu manquait
Et je touchais le fond
De ma vie comme on remue les pierres
C’était la grande panne de lumière
Lorsqu’un arbre passa
Il parlait bien
Le grain roulait entre ses doigts
son dos portait des traces d’ailes
Cet arbre ressemblait à celle
Que j’attends depuis tant de mois
Lentement il monta les marches
trouva la nuit et l’emporta
À sa place mit une lampe
À flamme douce de lilas
Je prends ses mains
Je n’ai plus mal
Je suis une longue patience végétale.
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J'AI TOUJOURS HABITE


J'ai toujours habité de grandes maisons tristes
Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s'y reposaient au hasard des voyages
Et moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalier
Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages
Peut-être le secret de mon identité
Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide
Le doute d'être un homme Je m'aimais
Dans la splendeur imaginée d'un végétal
D'essence blonde avec des boucles de soleil
Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
Ebruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
Et c'était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
Mais je m'aimais ah! je m'aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouver
Ensoleillé dans les cordages d'un poème.
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Paysage de mon amour
Tout entier dans ce village
Dont je défais journellement
Les liens de chanvre et de fumée

Tuiles baignées de tourterelles
Qui chantez sous la main du soir
Écailles des saisons nouvelles
Plaques tournantes de l'espoir(...)

Et toi rivière sous les saules
Blanche fenêtre caressée
Par une truite et mon épaule
Et tous les jours qui son passés (...)
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RAVENSBRUCK

A Ravensbruck en Allemagne
On torture on brûle les femmes

On leur a coupé les cheveux
Qui donnaient la lumière au monde

On les a couvertes de honte
Mais leur amour vaut ce qu'il veut

La nuit le gel tombent sur elles
La main qui porte son couteau

Elles voient des amis fidèles
Cachés dans les plis d'un drapeau

Elles voient Le bourreau qui veille
A peur soudain de ces regards

Elles sont loin dans le soleil
Et ont espoir en notre espoir.
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René Guy Cadou
Mais qu'importe à l'oiseau
Qui porte dans le rêve
L'abandon de son aile
Et ces grands alizés

Le regret du poète
Et son amour pareil
Au doux vrombissement
D'un insecte doré

Voyageurs de ma vie
Qui parcourez sans peine
Cet océan de brume
Entre le monde et moi

Je reste à vous attendre
Au bord de ma fenêtre
Soleils tant attendus
Par les jours de grand froid!
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René Guy Cadou
La cinquième saison ( extrait)

L'étrave du printemps glisse entre tes genoux
Lentement le soleil s'est approché de nous

Tu traverses la nuit plus douce que la lampe
Tes doigts frêles battant les vitres de ma tempe

Je partage avec toi la cinquième saison
La fleur la branche et l'aile au bord de la maison

Les grands espaces bleus qui cernent ma jeunesse
Sur le mur le dernier reflet d'une caresse.

(" Poésie la vie entière")
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LOUISFERT

Pieds nus dans la campagne bleue, comme un bon père
Qui tient sa mule par le cou et qui dit des prières

Je vais je ne sais rien de ma vie je vais
Au bout de tout sans me soucier du temps qu'il fait

Les gens d'aujourd'hui sont comme des orchidées
Drôle de tête et les deux mains cadenassées

Je marche dans le jour épais d'avant midi
Pauvre fils de garce qui n'en a pas fini

De mener ses chevaux sur la route sans ombre
Qu'a grand'hâte et soif et ne salue personne

Car j'aime ce village emmuré de forêts
Et ses très vieilles gens comme des pots de grès

Qui tendent leur oreille aux carrefours des routes
Avec des mouvements qui font croire qu'ils doutent

J'ai choisi mon pays à des lieues de la ville
Pour ses nids sous le toit et ses volubilis

Je vais loin dans le ciel et dans la nuit des temps
Je marche les pieds nus comme un petit enfant
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René Guy Cadou
" En ce moment, quelqu’un fait le tour de la maison pour entrer. Il n’y a pas de porte. C’est à moi d’aller chercher, de montrer quels chemins il faut prendre pour être là, sous les ramages de la lampe.
Je n’ose pas me lever. Je n’ose pas mettre pied sur le tapis roulant du monde qui m’emporterait. Pourtant, je suis sûr que c’est elle, la quotidienne, la présente, la désirable comme le feu, elle dont le nom est comme une fleur rouge dans ma gorge. Je ne la vois pas encore, je l’entends seulement qui tourne dans la grande cage des lauriers. Elle profite d’une aile, elle est givre nouveau sur la vitre. Je suis lié à elle par toutes les cordes de mon sang.
Comment la prendre ? J’ai peur de lui faire mal avec ces mains durcies par tant d’écorces. Mon visage l’effraiera blessé par tant d’oiseaux. Et puis que lui donnerais-je ? J’ai tout abandonné pour ce clair vivier de lumière. "
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DECLARATION D'AMOUR

Je t'aime
Je te tiens à mon poing comme un oiseau
Je te promène dans la rue avec les femmes
Je puis te rouer de coups et t'embrasser
O poésie
En même temps
T'épouser à chaque heure du jour
Tu es une belle figure épouvantable
Une grande flamme véhémente
Comme un pays d'automne démâté
Tu es ceinte de fouets sanglants et de fumées
Je ne sais pas si tu t'émeus
Je te possède
Je te salis de mon amour et de mes larmes
Je te grandis je te vénère je t'abîme
Comme un fruit recouvert patiemment par la neige.
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Il manque à tous les spécialistes cet amour
qui est le bien inaltérable des hommes du bâtiment.
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René Guy Cadou
  
   
Prunelles graminées
Robes de blanche écorce
Eaux calmes
Pilotis d’un ciel imaginé

J’octobre dans la ville ouverte
Où je suis né

Croix peinte de rosée
Fenêtre qui supporte
Et mon corps
Et l’élan de ces mains retardées
Efface les silos de lune sous la porte

Ô soleil épagneul allongé sur la terre
Que tu sois
Pour la langue épaisse des meulières
Et jusque dans le cœur ahurissant des blés.

Ce matin ma maison s’est levée la première.
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Oh vieilles pluies souvenez-vous d'Augustin Meaulnes
Qui pénétrait en coup de vent
Et comme un prince dans l'école
A la limite des féeries et des marais
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Automne

Odeur des pluies de mon enfance
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie
Et ces merveilleuses poussières
Amassées par tout un été.

O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux,
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.
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Les poèmes les plus surprenants surprennent d'abord par l'absence de surprises.
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La parole

Voleuse
Ô perle noire enrichie d'étincelles
Ecuyère des mots
Trapéziste du sang
Lancée sur le circuit vertigineux du temps
Convoi de mon amour
Echarpe lumineuse
Je te perds
Je te prends
Je te mets en veilleuse


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Ce soir je te confie mes mains pour que tu dises
A Dieu de s'en servir pour des besognes bleues
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L'AMOUR

La double pêche de tes seins
Dans la coupe de la journée
Voici que ton ventre se lève
Entre les branches du figuier
Que la chambre se met à battre
Comme une tempe délicate
Et qu'un versant du ciel inonde
Étendue la plus belle au monde
Sous ta douce main déroulée
Pareille aux crosses de fougère
Pénétrerai-je le mystère
D'une chair à l'âme gagnée
Comme une eau très fraîche qu'on tire
Avec lenteur du fond du puits
Tu te recouvres d'une buée
Qui dissimule ton sourire
Mes doigts possèdent le secret
De t'éveiller de t'épanouir
De te perdre avant de dormir
Comme une enfant dans la forêt.

(extrait de "Les sept péchés capitaux") p. 248
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Je crois en toi
Visage parmi les pierres veinées de soie
Le plus seul avec son courage
Le plus près de la terre
Sous sa taie de soleil
Tu glisses avec les algues de douceur
Entre les rameaux blancs les mains
L'humus découvert des saisons
Tu portes sur le front le tatouage des tempêtes
Les stigmates du fleuve
Derrière toi il y a tout un passé qui s'ouvre
Une enfance incertaine
Des pas inachevés
Le meilleur de toi-même que tu croyais perdu

(extrait de "Retour de flamme") - p.19
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Je t'attendais…


Je t'attendais ainsi qu'on attend les navires
Dans les années de sécheresse quand le blé
Ne monte pas plus haut qu'une oreille dans l'herbe
Qui écoute apeurée la grande voix du temps
Je t'attendais et tous les quais toutes les routes
Ont retenti du pas brûlant qui s'en allait
Vers toi que je portais déjà sur mes épaules
Comme une douce pluie qui ne sèche jamais
Tu ne remuais encor que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou
Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient
Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues
Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang.
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Le coeur au bond

Rien n'a changé
Les fleurs du paravent montent jusqu'au plafond
La serrure secrète retrouve sa chanson
La fenêtre est ouverte
Je regarde courir la Loire jument verte
L'écume des corbeaux qui flotte au bord du toit

C'est toujours toi qui m'accueilles
Au bas de l'escalier
Des algues de lumière enchaînent tes épaules
Et le serpent de ciel aurait pu t'étouffer

Quand tes mains voleront sous les prèles
Quand la terre baignera tes paupières fossiles
Je reprendrai la vie où tu l'auras laissée.
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