AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de René Guy Cadou (222)


René Guy Cadou
  
   
Je serai là
J’attendrai
La poitrine écartée de tes mains et de tes ronces
Le front toujours tranché par un rayon nouveau
Maintenant la maison s’en va à la dérive
La table a des remous et des reflets d’eau vive
La lampe descendue aiguise le matin
Tout est clair
On entend ton nom sur le chemin
Les yeux changent de face
Plus près de moi se lève
Une ombre douce et nue
Le soleil fait la roue
La houle diminue
Six heures
Au pied du lit
Une tête inconnue.
Commenter  J’apprécie          30
LONG FEU




Brières mes limons de tendresse
O mes cages
Pérous de la lumière
Iles saintes du feu
Les vols ensorcelés de mes canards sauvages
La chambre fortunée où j’en appelle à Dieu

Je revois tout
L’échoppe rose des aurores
Sur mes genoux il pleut encore

Combien de temps déjà
Combien de pas battant mes pas
Dans le miroir quelle rencontre
Mon cœur a fait battre la montre
Encore un soir où je m’en vais
Sur le grand livre des marais
Tracer les mots de mon enfance
D’un geste fondre les saisons
Au bercement des horizons
Et des hoquets de la souffrance.
Commenter  J’apprécie          30
L'envers du décor

Derrière le paravent du ciel n'est-ce
Pas qu'il y a des orangers en caisse
Et sur le sol un grand chapeau de jardinier
En grosse paille avec le fond troué
C'est tout à fait comme un soleil de fin d'hiver
Quelque part dans un vieux domaine désert
On pense à des cuisines fraîches comme la vie
La vie dans les quatre heures de l'après-midi
Et l'on voudrait monter dans la tiédeur des chambres
Lire auprès d'une jeune fille très tendre
Peut-être bien que ce serait le paradis
Les vielles odeurs de terre de l'orangerie
On n'aurait jamais plus besoin de la mémoire
Les souvenirs viendraient comme une pluie du soir
Qui mouille à peine On resterait à regarder
Des mouches mortes et des poteries éclatées
Et tout au fond de soi mais maintenant très proche
On entendrait le bruit d'étoffe d'une cloche
Qui aurait mis des siècles et des siècles avant
D'animer les myosotis du paravent.
Commenter  J’apprécie          31
TOI


Extrait 1

Tu es une grande plaine parcourue de chevaux
Un port de mer tout entoure de myosotis
Et la rivière ou le nageur descend
À la poursuite de son image
Tu es l’algue marine et la plante sauvage
Comme l’arnica
Tu es pleine de poissons dans ta chevelure
Tu es une belle figure
Plus belle que toi-même
...
Commenter  J’apprécie          30
J'ai toujours habité...


J'ai toujours habité de grandes maisons tristes
Appuyées à la nuit comme un haut vaisselier
Des gens s'y reposaient au hasard des voyages
Et moi je m'arrêtais tremblant dans l'escalier
Hésitant à chercher dans leurs maigres bagages
Peut-être le secret de mon identité
Je préférais laisser planer sur moi comme une eau froide
Le doute d'être un homme Je m'aimais
Dans la splendeur imaginée d'un végétal
D'essence blonde avec des boucles de soleil
Ma vie ne commençait qu'au-delà de moi-même
Ébruitée doucement par un vol de vanneaux
Je m'entendais dans les grelots d'un matin blême
Et c'était toujours les mêmes murs à la chaux
La chambre désolée dans sa coquille vide
Le lit-cage toujours privé de chants d'oiseaux
Mais je m'aimais ah ! je m'aimais comme on élève
Au-dessus de ses yeux un enfant de clarté
Et loin de moi je savais bien me retrouver
Ensoleillé dans les cordages d'un poème.
Commenter  J’apprécie          30
Les secrets de l’écriture


Je n’écris pas pour quelques-uns retirés sous la lampe
Ni pour les habitués d’une cité lacustre
Pour l’écolier attentif à son cœur
Non plus pour cet enfant paresseux qui sommeille
Entre mes bras depuis cent ans
Mais pour cet homme qui dépassé par l’orage
N’entend pas la rumeur terrestre de son sang
Ni l’herbe le flatter doucement au visage
J’écris pour divulguer ce qui vient des saisons
La neige pure ainsi qu’une main féminine
Et le pollen éparpillé sur les gazons
Aussi l’agneau qui fait le calme des montagnes
J’écris pour dépasser la crue noire du temps
Tandis que les oiseaux et les fleurs me précèdent
À cette auberge au bord du ciel où les passants
Trouvent des couches étoilées et des vaisselles
Pleines de fruits et des soleils encourageants
Mais reste au fond de moi le plus clair de ma vie
Qui ne supporte pas le poids de la parole
Ces mots d’amour qui ne seront jamais écrits
Et la lumière de mon cœur toujours plus haute
Aveuglante comme une poignée de sel gris.

9 août 1944.
Commenter  J’apprécie          30
Les sept péchés capitaux, 1949

La solitude


Avec une feuille tombée
Avec le trop plein d’un seau
Avec cette lampe aux œufs d’or
Sur la desserte de la neige
Quand il a bien fait froid dehors
Avec une route où s’avance
Un cheval qui n’est pas d’ici
Avec l’enfant glacé tout seul
Dans un autocar de rêve
Avec des villes consumées
Dans le désert de ma mémoire
Un ciel d’épines et de craie
Où le soleil ne vient plus boire
Avec l’idiot désemparé
Devant ses mains qui le prolongent
Et dont le cœur comme une oronge
Suscite un désir de forêt
Avec toi qui me dissimules
Sous les tentures de ta chair
Je recommence le monde.
Commenter  J’apprécie          30
" Qui marche sur la mer
Et n’est point bâtiment

Qui vole dans les airs
Et pourtant n’a pas d’ailes

Qui peut changer le monde
Et n’en profite pas

Qui est toujours plus grand
A chaque fois qu’il tombe

Qui fait une fontaine
Enchantée de sa tombe

Qui n’a pas d’enfant
Mais des milliers d’enfants

Qui me hante qui est
Ma face de lumière. "
Commenter  J’apprécie          30
..." Prend le blé dans le champ voisin
Le levain dans mes paumes
L’eau pure dans nos yeux
Pétris un solide visage
De silex et de sève
Et qui chante comme le pain."
Commenter  J’apprécie          30
" La nuit la solitude et le temps ont beau faire
Nous marcherons toujours sur le même chemin
Enlacés comme deux ivrognes ou deux frères
Parmi les marguerites les passants les réverbères
Parmi les menteurs et parmi les lilas
[…]
Comme un vaisseau penché sur une oreille attentive
Je tends vers un pays qui ne peut supporter
De solitude que la nôtre
Je vis dans un matin égayé par ton pas
dans le bruit de tes vers qui passent dans mes vitres
Comme une main d’enfant qui bat
Contre le ciel qui va trop vite
Et je n’ai pour te retrouver
Toujours pareil à ton image
Qu’à soulever un coin du vent
Et les tentures de l’orage. "
Commenter  J’apprécie          30
" Ma chambre est comme l'avant d'un navire qui fend les hautes vagues de la campagne et je ne vois rien à l'horizon qu'une ligne d'arbres immobile. Elle est ouverte sur la solitude et respire le silence. Rien ne vient troubler mon regard habitué au balancement des herbes. Rien ne frappe mon oreille qui ne me soit familier : hennissement d'un cheval, pas ferré sur la route, chant d'un coq. Je puis donc tout entier me donner à cette marée montante qui frappe mon poignet..."
Commenter  J’apprécie          30
Toi
Comme il faudrait toutes les sources
Ma survivante des forêts
Toi dans le ciel avec les ourses
Qui perdent lentement leur lait
Toi que je nomme en ma mémoire
Carpe de lune pour eaux noires
Sais-tu bien que je pleure encor
...
Extrait de "la survivante"
Commenter  J’apprécie          30
Elle affrontait les arbres gauchement
Avec des majuscules enlacées et des coeurs
Elle ne disait rien de l'amour
Pour ne pas mentir
Commenter  J’apprécie          30
Parfois un rire de femme se met à dévaler la colline comme un grelot
Commenter  J’apprécie          30
Quand on pénètre dans la maison, on voit tout de suite qu'on a affaire à une brave femme, parce qu'il y a pour le chien une écuelle de soupe en permanence dans le foyer ...
Commenter  J’apprécie          30
Il faut savoir combien René ressentait le vide et l'exil dès qu'il s'imaginait, à tort, abandonné ou oublié.
Commenter  J’apprécie          30
Allez ! Continuez sans moi le voyage
Abandonnez-moi comme un excédent de bagages
Dans le hall d'une grande gare
Ou sur une plage
Sans couvertures ni vivres
A quoi bon !
Commenter  J’apprécie          30
Dans la calèche emballée du sommeil

Dis!vieil homme,en cette nuit nouvelle du printemps

Sur la route aux bourgeons nouveaux

Où me mènes-tu?Où conduis-tu cet enfant

Qui dort sous l'épaisse couverture de voyage

Avec son pauvre rêve à ses pieds

Et l'allure accélérée du paysage..."

p.7 de l'introduction de Michel Manoll
Commenter  J’apprécie          30
C'était le temps pluvieux des peines capitales
On couchait dans la paille humide sur les dalles
De ces chambres d'hôtel où très tard dans la nuit
Résonnait l'obsédant hoquet sentimental
Commenter  J’apprécie          20
Ah pauvre père, auras-tu jamais deviné quel amour tu as mis en moi
Et combien à travers toi j'aime toutes les choses de la terre ?
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de René Guy Cadou (201)Voir plus


{* *}