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Citations de René Guy Cadou (222)


LE FORÇAT MUTILÉ
  
  
  
  
Feutre des souvenirs
Paupières ô tourterelles
Chaume du cœur ouvert
De limons et d'années
Me rendrez-vous mes mains

Clémences saisonnières
Toujours entre les yeux
Le toit bleu qui voltige
L'épaule et la mansarde
Havres de mon amour
Et la mer ses goélands
Ses plus hautes tours

Ô femme que j'avais
Cernée de tiges molles
Enfant qui bondissait
Dans son ventre léger
Me reconnaîtrez-vous
Si je force la porte

C'est un homme qui parle
Entre les autres hommes
Et cache dans sa voix
Une âme mutilée
Ah rendez lui ses mains
Il a beaucoup pleuré.
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LES FUSILLES DE CHATEAUBRIANT

Ils sont appuyés contre le ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d’étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d’amour
Ils n’ont pas de recommandations à se faire
Parce qu’ils ne se quitteront jamais plus
L’un d’eux pense à un petit village
Où il allait à l’école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n’entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.

René-Guy Cadou, Pleine Poitrine, 1946 (repris dans Les Fusillés de Châteaubriant in Pierre Seghers, La Résistance et ses Poètes. France 1940-1945, 1974)
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[...]
Tu ne remuais encor que par quelques paupières
Quelques pattes d'oiseaux dans les vitres gelées
Je ne voyais en toi que cette solitude
Qui posait ses deux mains de feuille sur mon cou

Et pourtant c'était toi dans le clair de ma vie
Ce grand tapage matinal qui m'éveillait
Tous mes oiseaux tous mes vaisseaux tous mes pays
Ces astres ces millions d'astres qui se levaient

Ah que tu parlais bien quand toutes les fenêtres
Pétillaient dans le soir ainsi qu'un vin nouveau
Quand les portes s'ouvraient sur des villes légères
Où nous allions tous deux enlacés par les rues

Tu venais de si loin derrière ton visage
Que je ne savais plus à chaque battement
Si mon cœur durerait jusqu'au temps de toi-même
Où tu serais en moi plus forte que mon sang.

(extrait de "Quatre poèmes d'amour à Hélène") p.212
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Lettre à Hélène

Es-tu là
N'es-tu pas là
Dans la chambre où rien ne bouge
Dans ma vie où tu respires

Tu te poses sur la plante
Sur l'oeil triste et muet du chat
Sur le livre qui n'est lourd
Que du poids que tu lui donnes
Je te vois en fermant l'oeil
Dans le champ

Balle perdue
Dans mon coeur
Balle qui trace
L'avenir le souvenir
Je ne pense qu'à toi qui m'aimes
Je ne suis qu'à toi qui bruis.



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Retour de flamme


Dérive

Je n'ouvrirai pas la porte d'écume
Qui scelle les creux bariolés de la mer
Ni les dunes bourdonnantes
Le soleil navigue dans les ramures méduse perdue
Une main se tapit dans l'ombre de mon bras
Ma voix frôle des voix têtues
C'est l'écorce de l'eau qui m'emprisonne
Toutes ses clés rouillées qui ferment ma gorge
Tous ses goémons sur le cœur
Pour me sauver
Je retranche mon enfance de ma vie
Mes premiers pas brodés d'herbe
Mes jeux dociles
Je vis avec lenteur
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René Guy Cadou
Toute ma vie pour te comprendre et pour t'aimer
Comme on se couche à la renverse dans les prés
En essayant de retrouver dans le silence
L'alphabet maladroit d'un vieux livre d'enfance (...)
Je te regarde et tu souris sans mouvement
D'un sourire venu de plus loin que toi-même
Qui fait que tu es belle et qui fait que je t'aime.

(" Le coeur définitif")
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René Guy Cadou

Tout le jour je vis bleu et ne pensais qu'à toi
Tu ruisselais déjà le long de ma poitrine

Sans rien dire je pris rendez-vous dans le ciel
Avec toi pour des promenades éternelles.
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" En ce moment, quelqu’un fait le tour de la maison pour entrer. Il n’y a pas de porte. C’est à moi d’aller chercher, de montrer quels chemins il faut prendre pour être là, sous les ramages de la lampe.
Je n’ose pas me lever. Je n’ose pas mettre pied sur le tapis roulant du monde qui m’emporterait. Pourtant, je suis sûr que c’est elle, la quotidienne, la présente, la désirable comme le feu, elle dont le nom est comme une fleur rouge dans ma gorge. Je ne la vois pas encore, je l’entends seulement qui tourne dans la grande cage des lauriers. Elle profite d’une aile, elle est givre nouveau sur la vitre. Je suis lié à elle par toutes les cordes de mon sang.
Comment la prendre ? J’ai peur de lui faire mal avec ces mains durcies par tant d’écorces. Mon visage l’effraiera blessé par tant d’oiseaux. Et puis que lui donnerais-je ? J’ai tout abandonné pour ce clair vivier de lumière. "
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Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète
ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui
Que chaque noeud du bois renferme davantage
de cris d'oiseaux que tout le coeur de la forêt

heureux ceux qui connaîtront la suite de cette fabuleuse histoire
de René Guy Cadou ...
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L'émotion du poète ne vient pas de ce qu'il voit mais de ce qu'il endure.
(qu'en pense Meye ?)
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Je connais vos journeaux et vos grands éditeurs
Ca ne vaut pas une nichée de larmes dans le coeur.
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Pourquoi n'allez-vous pas à Paris?
-Mais l'odeur des lys! Mais l'odeur des lys!
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« Ô, poésie, écarte-toi de ton miroir ! Je parle pour des jeunes gens et pour des hommes de tous âges. Je parle de ce qui m'arrive. Je parle d'un monde absous de sa colère. Et peut-être entendrez-vous cette voix volontairement monocorde, désarçonnée à bas du cheval dans l'allée, derrière cette grille à triple verrou, derrière cette grille, derrière cette âme, cette voix, ô jeunes gens et vous hommes de tous âges, peut-être entendrez-vous cette voix qui frappe, qui veut entrer, qui frappe, ô jeunes gens, qui frappe comme vous à la porte de son destin et qui chante sous les balles. »
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VISAGES DE LA TERRE
  
  
  
  
Visages de la terre dont je sais le poids
De suie de cire et de feuilles séchées
L'envie me prend de vous saisir moi taciturne
De vous aimer profondément comme on se lie
À la bête perdue au fond d'une rue triste
Qui vous suit sans jamais oser vous dépasser
La pomme et le couteau qui dorment sur la table
Sans qu'il y ait la moindre équivoque entre eux deux
Se prolongent plus loin que les couchants d'usine
Dans le regard d'un homme habitué à sa faim
Ma mémoire est pavée de ces belles faïences
Qu'on trouve dans les fermes noires où se lit
Le temps de s'épouser dans des violettes doubles
Et des coqs maladroits dessinés à la main
Seuls vous m'épouvantez visages de la terre
Comme un ciel de juillet et comme une eau trop claire
Vous me sortez de mes épaules vous avez
De ces rudes façons d'auberge qui me plaisent
Et c'est toute ma vie que vous me rappelez.
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Celui qui entre par hasard


Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète

Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui

Que chaque nœud du bois renferme davantage

De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt

Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme

À la tombée du soir contre un angle verni

Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles

Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris

Car tel est le bonheur de cette solitude

Qu'une caresse toute plate de la main

Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes

La légèreté d'un arbre dans le matin.
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Mais tu sais lire aussi et déjà dans le vent
Tu découvres tout seul des tas de mots savants
Des mots qui prononcés font du bien à tes lèvres
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Je vois les campagnes comme elles sont au printemps avec leurs forêts et leurs jonquilles, le toit de la grange est couvert de fleurs blanches, un train passe au loin et un peu de fumée se mêle au plumage du ciel.
Des hirondelles sont venues se poser sur les fils.
Amélie, Carnage, la chatte qui a fait des petits, le coq qui chante.
Décidément, il y a de beaux jours à venir.
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les vendanges
Courbé sur les ceps, les mains déjà violettes, des mains d'écolier tachées d'encre, j'eus malgré moi un frisson. Alors le soleil sortit de son oeuf, jaune encore, un peu ébouriffé, embarrassé dans ses plumes et un nouveau frisson, doux comme une caresse, passa sur moi.
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Ce roman bref est, en apparence, de consistance fragile.
Et pourtant, il contient l'ensemble de l'itinéraire spirituel et affectif de Cadou, avec l'arrière-plan d'une solitude insoutenable, douloureusement vécue, et qui ne fut comblée avant la rencontre d'Hélène, que par la sollicitude et les blandices de ceux .....
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La diane doucement poignante du destin.
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