AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de René-Victor Pilhes (42)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La nuit de Zelemta

Seigneur, je ne suis pas sûr de bien faire. Pardonnez à votre vieux cure Antus. Je m’y risque. Je vous en prie. La guerre d’Algérie étant depuis si longtemps finie comme de mauvaises herbes étant devenu le sujet de prédilection des ouvriers du port durant la dernière heure. J’ai été muet si longtemps. En depit du côté cucu de sa réaction, j'ai été découvert.

J'ai participé avec tous ces conscrits à la guerre d'Algérie. J'ai été mobilisés pour la faire. C’est la 1ere fois que je lis un livre de cet auteur. Je ne buvais pas de mascara. ça me rappelle mon pere qui a fait la guerre d’Algérie côté Maroc. Je pense peu à mon père pourtant.

Je connais le mont Brasparts, le Roc trevezel. Les fellaghas mon père les combattait. J’étais petit certes. Dans les monts d’Arree, la montagne noire , j’aime aussi Djébel Amour le livre de Roger. ah! Grall cet auteur breton, j’aime. Ça me fait aussi penser à Chrstian natif de la bas comme on dit. Ce livre me fait penser à ceux de Stora dit Benjamin de son prénom.
Commenter  J’apprécie          340
L'imprécateur

Rosserys & Mitchell est la plus grande des sociétés géantes, multinationales et américaines juste avant le premier choc pétrolier.

Au sein de la filiale française, un cadre important de la société meurt dans un accident sur le périphérique. Au même moment, un imprécateur distribue à tous les salariés un petit texte didactique sur l’économie et les connaissances nécessaires aux dirigeants de l’entreprise. Par ailleurs on découvre une fissure dans les sous-sols de l’entreprise. Ces événements sont le point de départ d’une crise et d’une histoire fantastique.

Ce livre est un exemple de roman accroché à son époque,(1974) les références sociologiques et économiques ont vieilli, ainsi que la terminologie du management, mais il est suffisamment élaboré pour que sa lecture reste enrichissante de nos jours.

L’évolution progressive vers le côté fantastique est subtile et nous amène vers une chute qui laisse à chacun ses hypothèses à construire.

A noter, malgré tout, que les côtés "cours d'économie" pourront paraître assez ennuyeux à certain-e-s.
Commenter  J’apprécie          250
L'hitlérien

En cherchant par où continuer après le génial dyptique ''La Pompéï''/''Les démons de la cour de Rohan'', mon attention s'est dirigée vers ce petit roman, publié peu après et réabordant un même thème. La lumière sur cette circonstance est faite à même le texte. Des critiques contre certains aspects de son oeuvre précédente sont venues de la part d'un groupe de gens disons susceptibles. L'auteur, estimant avoir livré une opinion légitime et disant en outre s'être contenu dans ses propos, fut froissé d'en faire les frais tout de même. Ce roman est donc une réaction à cette polémique, où l'auteur vide son sac et décide d'étaler le fond de sa pensée en incluant tout ce qu'il avait omis de dire précédemment, l'équivalent donc de donner un coup de pied dans le nid d'abeilles. Au dire de l'auteur, comme les gens en question sont également rancuniers, sa carrière d'écrivain s'en est durement ressentie par la suite.



Nonobstant cette genèse turbulante, il s'agit d'un savoureux roman totalement en phase avec le reste de l'oeuvre de M. Pilhes, que je respecte énormément. On le retrouve dans l'histoire sous les traits d'U.G., initiales d'Urbain Gorenfan, son alter-ego fictif régulièrement présent dans ses écrits. Il y a possiblement d'autres personnes réelles sous-entendues dans certains personnages. La conception suit un modus operandi qu'il utilise fréquemment, soit une petite communauté en Ariège perturbée dans sa tranquillité par l'arrivée de visiteurs. En l'occurence ici, l'arrivée inopinée, au milieu de réjouissances dans le village, de Nomen, l'hitlérien, ancien adversaire politique et idéologique d'U.G., venu le tourmenter et se repaître de sa déconfiture d'écrivain. Nous assistons au malaise causé par l'indésirable et à de fines conversations. C'était excellent, comme à l'hab !
Commenter  J’apprécie          154
La nuit de Zelemta

René-Victor Pilhes dont j'avais lu ,en son temps , "L'imprécateur " qui m'avait laissé une impression passablement mitigée nous offre avec "la nuit de Zelemta " une véritable parousie de la guerre d'Algérie et cet épisode de ma vie m'ayant marqué de façon indélébile comme beaucoup de ceux qui participèrent,nolens volens ,à cette page de l'histoire de notre pays , je l'ai ingurgité dans la journée d'hier . Conformément à mon habitude , je ne donnerai pas ici un résumé du roman , ce n'est pas mon idée d'une critique et d'autresl'ont fait avant moi, je m'attacherai au fond , qui est la compréhension du conflit de part et d'autre de la méditerranée ,par les métropolitains d'une part --- là règnent l'ignorance puis l'incompréhension---et par la population d'origine européenne d'Algérie ( dits "les pieds noirs" ) qui se compaisent dans une situation de semi apartheid et ne voient ni le vent qui se lève ni la catastrophe qui approche ! Le général Duval ,après les émeutes de Sétif et de Guelma en Mai 1945, avait dit aux dirigeants français de l'époque qu'il leur offrait dix ans de sursis mais que, faute de véritables réformes ,le feu reprendrait et que ce serait un véritable incendie. Comme de bien entendu ,il ne fut pas entendu et les grands "feudataires de l'Algérie encore française s'activèrent pour saboter le plan Naegelen tout comme avant la seconde guerre mondiale ils avaient"neutralisé" les projets de réforme/Violette , toutcela pour le plus grand malheurde la majorité de leurs concitoyens ,les"petits blancs" qui sirotaient leur anisette Gras aux terrasses des Sauveur d'Ain -Témouchent ou d'ailleurs. Le grand mérite du livre de R-V Pilhes, même s'il est parfois un peu simpliste et didactique, c'estde nous faire revivre l'ambiance de l'Agérie d'alors (on sentirait presque les odeurs de la kemia ) et il fallait du temps ,du recul, pour analyser ce magma . Je ne crois pas qu'un autre déroulement de ette fameuse nuit de Zelemta aurait beaucoup changé au déroulement ultérieur des faits (je ne me risquerai pas à une quelconque uchronie ) mais je peux dire ,à titre personnel, que je ne suis pas d'accord avec le comportement de Leutier (Pilhes non plus ,d'après son entretien avec Benjamin Stora ° et je veux ajouter ,flèche du parthe de l'éternel pinailleur que je suis, qu'un livre ,mème un roman ,quand il rapporte des faits historiques se doit d'être exact ,et page 162 R-V P écrit que le 1er novembre 1954 ,dans les gorges de Thiganimine ,les premières victimes européennes de cette guerre qui devait durer huit ans ( mais qui dure encore ,d'une certaine façon ) furent les époux Monnerot qui furent tués. C'est faux , le mari fut tué mais sa femme ,grièvement blessée ,survecut pour ne mourir que dans les années 90, c'est un détail mais le diable se niche dans les détails ...comme ne dit pas ce vieux birbe de jean-marie .
Commenter  J’apprécie          113
La nuit de Zelemta

Profondément marqué par ses deux années passées sous l’uniforme en Algérie (1955 – 1957), René-Victor Pilhes, écrivain reconnu, livre à 82 ans, un roman poignant qui sort de l’oubli Abane Ramdane, « l’oublié, voire l’évacué de la révolution algérienne… Pourtant son rôle a été déterminant et capital. »

Pour faire revivre cet homme liquidé par les siens, au Maroc, le 27 décembre 1957, alors qu’il était le numéro 1 de la lutte pour l’indépendance de son pays, l’auteur donne la parole à un vieux curé qui a recueilli les confidences de Jean-Michel Leutier, jeune lieutenant en train de mourir de ses blessures.

Construisant bien son récit, l’auteur nous ramène quelques années en arrière, à Toulouse, où Leutier est élève en classe de philo car ses parents l’ont envoyé étudier en métropole. Son père est sous-officier de gendarmerie et sa mère, infirmière. Ils vivent à Aïn-Témouchent, en Oranie.

Ébloui par Rolande Jouli, sœur de son meilleur ami, il se fait inviter chez eux, à Albi. Or, Mme Jouli assure un soutien aux personnes emprisonnées, avec sa fille. Jean-Michel, pour gagner leurs faveurs, les accompagne et tombe sur Abane Ramdane avec qui il va parler de l’Algérie…

C’est l’occasion, pour l’auteur, de rappeler ce que furent ces huit années, de 1954 à 1962, avec 1 350 000 conscrits mobilisés pour deux ans, 13 000 morts, 70 000 blessés et des milliers de traumatisés, « sale guerre, honteuse, inavouable, vécue comme quasi déshonorante et perdue. » La torture est pratiquée par les services spéciaux et les unités de choc des paras.

Les colons sont environ 40 000 pour 3 millions d’indigènes mais le drame de Sétif, le 8 mai 1945 annonce ce qui va suivre. L’assassinat du couple Monnerot, deux instituteurs, montre que « les Algériens ne voulaient plus qu’on les éduque mais, désormais, aspiraient à s’éduquer eux-mêmes. »

Avec Abane Ramdane, Leutier parle de l’Algérie : « le comble, c’est qu’il éveillait ma compassion alors qu’il aurait dû me terrifier. » Plus loin, il ajoute : « Cet Abane m’avait flanqué brutalement à la figure ma famille, mon pays natal, mon enfance, mon adolescence, avec une agressivité étrange. » Loin d’Aïn-Trémouchent et de la grande plage de Béni-Saf, il aurait aimé avoir son père près de lui mais le doute instillé par ce cadre politique qui lit Marx, Mao, Lénine, fera son chemin dans la tête du jeune homme…

Lorsqu’il retourne à Aïn-Trémouchent, il constate que ses copains arabes ont changé, que le « syndrome d’Abane » fait son chemin alors que les « pieds-noirs » restent « joyeux et insouciants. »

Au lieu de se consacrer à une carrière d’avocat, Leutier résilie son sursis et devient Aspirant dans le 2ème Peloton du 6ème Chasseurs dans le grand Oranais. Il se bat, prend des risques excessifs mais n’y croit plus jusqu’à cette fameuse nuit où il patrouille dans le massif de Zelemta…



Commenter  J’apprécie          80
L'imprécateur

Livre époustouflant sur le monde de l'entreprise. Ce roman, qui se lit d'une traite sans ennui, m'a beaucoup intéressé. Qualité d'écriture mais aussi véritable réflexion sur le monde des multinationales. Fiction ?

__



Le Monde - Pascal Galinier

Les lettres de cet imprécateur anonyme pourraient être étudiées aujourd'hui dans les écoles, en guise d'enseignement de base du fonctionnement de notre économie libérale partie en vrille en 2008.

Le 16/03/2003

Le Journal du Dimanche - Bernard Pivot

Avec L'imprécateur, René-Victor Pilhes avait écrit non seulement un grand roman baroque, ironique, puissant, inspiré, mais aussi le livre qui dénonçait par avance la criminelle arrogance économique et financière.
Commenter  J’apprécie          80
L'imprécateur

En 1974, le premier roman qui saisit ce que l’entreprise en mutation peut devenir.



Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/08/29/je-me-souviens-de-limprecateur-rene-victor-pilhes/

Commenter  J’apprécie          70
La Pompéi

Par où commencer ? Tonombres, un petit village en Ariège, dans les années 70. Sous son apparence paisible couvent des ressentiments tenaces. Les descendants des seigneurs du lieu sont connectés avec les milieux de droite. Ils ont collaboré avec les nazis. Par ailleurs, plusieurs habitants sont des anciens résistants, la jeunesse du coin est composée de militants de gauche. L'équilibre fragile est ébranlé par la mort de la grand-mère Tonombres qui remue le passé. Un meurtre insolite vient s'ajouter au tableau, mais ceci n'est qu'une partie du grand tout de ce foisonnant roman. C'est Henri, le fils de l'aubergiste local, qui raconte l'histoire. Avec l'espèce de neutralité observée par sa famille, il devient le confident de tous et se retrouve empêtré au coeur même des évènements. Quel régal de sonder le passé de tous ces personnages et de vivre le tumultueux présent.



J'adore cet auteur. Découvert tout à fait par hasard il y a quelques années, j'avance lentement dans son oeuvre avec un plaisir continuellement renouvelé. Il mène ce roman au contenu dense avec inspiration et énergie. Moi je dis : chapeau !



Si l'on a le moindrement aimé, il faut impérativement lire ''Les démons de la cour de Rohan'' qui constitue la suite et fin de celui-ci.
Commenter  J’apprécie          64
La rhubarbe

Urbain Gorenfan, 25 ans, est le rejeton bâtard d’une famille aisée, les C. Il a été élevé à Torlu, village de la campagne normande, par sa grand-mère maternelle. Aidé par les informations que lui distille un inconnu, Jean-Louis Graffen-Schtol, il parvient à retrouver la trace de sa demi-sœur Beatrix C. Tous les midis, celle-ci déjeune dans un restaurant de Montparnasse. Peu à peu, Urbain se rapproche d’elle, lui rend de menus services et finalement se présente sous un faux nom, Aubain Minville. Une certaine amitié nait entre eux deux. Et quand Béatrix invite Urbain Gorenfan / Aubain Minville, à profiter de l’absence du père pour passer un week-end dans la maison familiale normande en compagnie de sa mère et de son frère handicapé mental, il accepte. Mais sera-ce pour obtenir reconnaissance de sa bâtardise ou pour détruire de l’intérieur cette cellule familiale qui l’a autrefois rejeté ?

« La rhubarbe » est un roman paru en 1965, gratifié du Prix Médicis, mais qui a plutôt mal vieilli. On y trouve un style verbeux et ampoulé qui ne passe plus de nos jours. Une influence du « nouveau » roman (révolutionnaire à l’époque, complètement ringard aujourd’hui) avec ses longues descriptions d’objets, de décors ou de trucs totalement inutiles. Pilhes consacre par exemple trois pleines pages à raconter la progression d’un hanneton sur le montant d’un lit. Passionnant ! L’intrigue est des plus basiques car ne reposant que sur le thème de la naissance illégitime, l’état de bâtard, qui est également celui de l’auteur. Les personnages semblent un tantinet caricaturaux. L’ensemble diffuse assez nettement l’imprécation gidienne « familles, je vous haïs », avant de s’achever sur une fin décevante vu son côté invraisemblable. La présentation éditoriale parle de trois niveaux de lecture (réaliste, policier et poétique). C’est assez exact pour le poétique voire le fantasmagorique, pour les deux autres, c’est moins évident.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          50
L'imprécateur

Un livre lu il y a trente ans et qui me hante encore.
Commenter  J’apprécie          51
La nuit de Zelemta

De l'écoute d'un podcast à l'achat d'un livre.



Oui, le matin, comme je suis un peu feignasse et que je ne me lève pas à 6h00, j'aime du coup écouter pendant mon trajet de voiture Un autre jour est possible, une émission de radio que j'écoute via un Podcast. Et donc, un matin j'écoute un entretien avec René Victor Pilhes, sur la guerre d'Algérie et voilà qu'il parle de son livre : La nuit de Zelemta. Déjà que le titre en lui même donne très envie de le lire. Car c'est exotique, car l'auteur en parlait extrêmement bien. Ensuite, par le thème abordé : la Guerre d'Algérie. Car dans ma famille on n'en parle pas ou très peu, à part pour dire que le Général de Gaulle savait tout et donc il fallait se ranger de son côté.



Bref, le fait de savoir si peu de choses sur cette période et le fait d'avoir entendu cet entretien, vous vous doutez bien que la journée même, je pars en quête du livre, pour le lire en pause midi, pour m'éclaircir un petit peu les neurones, avec des points de vue différents, ce que je vous encourage évidemment tous à faire. Et oui, parfois, je fais aussi des chroniques très sérieuses.





Je me suis de suite identifié au héros de l'histoire : Jean Michel Leutier.



Ce jeune lycéen pieds noir va faire des visites de prison, en gros pour dragouiller une jeune fille qui y va. Ce qui a provoqué mon hilarité de suite et ce qui a aussi suscité mon attention. Avec lui, j'ai pu ainsi avoir une belle prise de conscience sur la Guerre d'Algérie, et j'ai pu aussi faire mon petit bilan personnel, de mon point de vue futur, sur la situation en Algérie à l'époque. On pourrait dire que ce livre n'enveloppe pas toute l'étendue de ce conflit, ni tout le rôle historique de Abane Ramdane. Et puis, soyons honnête, ce livre n'a pas réellement le but de vous faire un cours.



Ce livre est à l'image de Jean Michel. Il est là pour vous faire comprendre, pour vous faire prendre conscience. Il est là pour vous donner des pistes pour que vous puissiez vous aussi vous instruire. Et c'est bien entendu ce que je ferai. Parce que ce genre de petite pépite, qui se lit sur une ou deux pause midi, ce n'est pas du savoir à l'état pur. C'est de la connaissance. C'est aussi une belle plume qui donne envie de se concocter une petite bibliographie, juste pour le plaisir de lire l'auteur.



En bref, ma nuit à Zelemta a été riche en émotions. Et je suis contente de ne pas m'être réveillée à 6h00 du matin, car à cette heure, je n'aurai peut être pas écouté attentivement René Victor Pilhes, et je serai passée à côté d'un bien joli livre. Et n'oubliez pas d'écouter vos émissions de radio ;)
Lien : http://labibliodekoko.blogsp..
Commenter  J’apprécie          50
L'imprécateur

On a un peu oublié cet auteur, et ce livre qui avait fait son effet dans les années 70. Une grande entreprise américaine prospère en inondant le monde de ses tracteurs et machines agricoles. La filiale française, qui occupe à Paris un important "immeuble de fer et d'acier", est de celles qui comptent, et fabrique du cash flow, bien comme il faut. Tout irait bien, si d'un coup, en 24 heures, 3 événements subits n'allaient pas affaiblir l'édifice. Il suffira des hésitations et des mauvaises décisions de l'équipe de Direction, pour que l'ensemble soit tout près de l'écroulement. On comprend que le bilan d'une entreprise peut être solide, mais qu'elle n'en est pas moins vulnérable. Cette approche, celle du colosse au pied d'argile, est bien vue. L'inscription dans l'époque - juste après la crise du pétrole de 1973 - est aujourd'hui curieuse et intéressante. Ce qui l'est moins, c'est la construction romanesque: il y a beaucoup d'invraisemblances, de situations assez fabriquées, et une fin mièvre et décevante. A re-situer dans son époque donc, et, ainsi vue, la lecture de ce livre se justifie.
Commenter  J’apprécie          50
La nuit de Zelemta

Trois personnages sont présents dans ce roman : Jean-Michel Leutier, élève au lycée Pierre-de-Fremat à Toulouse durant l'année 1953. Il est pensionnaire, originaire d’Algérie, de Aïn-Témouchent en Oranie, localité située entre Sidi Bel Abbès et Béni-Saf, d’où sa mère est native .Son père l’a envoyé en France où il retrouve à Albi une de ses sœurs, institutrice .Il tombe amoureux d’une jeune Albigeoise, Rolande Jouli, sœur de Jaques, son meilleur ami de lycée.

Le deuxième est Abane Ramdane, l’un des chefs historiques du FLN, qui a participé au déclenchement de l’insurrection de 1954, et a été emprisonné à plusieurs reprises dans différentes prisons en Algérie et en France, puis transféré à Albi en 1953.

Le troisième personnage est le « petit curé », sobriquet donné par Jean-Michel Leutier à l’aumônier de son régiment où il accomplit son service militaire, comme officier, en 1957 dans la région de Zelemta .Tout le roman est articulé autour des récits respectifs de ces derniers, avec retours en arrière, mises en perspective et en abyme .Le grand intérêt du roman est d’illustrer le rôle de l’histoire dans la vie des individus , de présenter de nouvelles visions sur la représentation que les Français d’Algérie avaient des mouvements algériens de libération ; ce roman met aussi en évidence le manque d’intérêt des Français de métropole pour les départements français d’Algérie, terre lointaine : « L’Algérie, oui, c’était une partie rose sur la carte de l’outre-mer ;mais ce n’était que ça .Non, décidément, ce n’était pas l’Alsace et la Lorraine. »

Ce qui est aussi mis en évidence, c’est l’ébranlement occasionné dans la conscience de ce jeune lycéen, dont la mère de sa fiancée accomplit des visites en prison .Il l’accompagne et y rencontre Abane Ramdane .Suit une série d’échanges et de conversations décisives sur les motivations d’Abane Ramdane, l’avenir des européens en Algérie, la force de conviction de ce dernier, immense .Après ces entretiens avec Abane, notre jeune lycéen en vient à douter : et si les copains arabes qui jouent au foot avec lui n’étaient plus loyaux ,mais complices des terroristes du FLN ? « Et voici que, pour la première fois, il se posait une question : pourquoi appeler le « Douar »cette cité Moulay Sidi Said ? Pourquoi n’avait-on pas baptisé leur équipe de foot les « Moulay »par exemple ? Les «Moulay » contre les « Château d’eau ? »Tous ces échanges contribuent à former chez Jean-Michel Leutier le syndrome d’Abane, que l’on peut faire équivaloir à un doute terrible sur le bien-fondé de ses propres prises de position sur l’Algérie, et sur le statut de ce pays.

Il y a aussi dans ce roman la description des pouvoirs de la conscience de ce jeune officier en Algérie, en pleine guerre, qu’est devenu Jean-Michel Leutier , qui retrouve en 1957 Abane, en train de fuir vers le Maroc, et le laisse partir car il estime que sa capture n’inverserait pas le cours de l'histoire …



Le petit curé qui récite l’absoute aux obsèques de Jean-Michel Leutier tué le 8 janvier 1961 au combat, se souvient des lectures du lieutenant, parmi lesquelles une citation du Mythe de Sysiphe d’Albert Camus : « L’instant du désespoir est unique, pur, sûr de lui-même, sans pitié dans les conséquences, son pouvoir est sans merci. »

Commenter  J’apprécie          50
La rhubarbe

Bizarre !
Commenter  J’apprécie          50
La nuit de Zelemta

Je le précise d’emblée, malgré la grande notoriété de l’auteur, La nuit de Zelemta, est le premier livre de René-Victor Pilhes que j'ai lu.

Admirablement bâti et narré, il campe des personnages aux intérêts antagonistes, mais mus par une même soif de justice.



Jean-Michel Leutier, brillant adolescent pied-noir, fils d’un gendarme et d’une infirmière, est envoyé au Lycée Pierre de Fermat, à Toulouse, dans un souci de poursuite d’excellence républicaine.

Mais en esprit se frottant à la rigueur qu’exige toute étude philosophique, le jeune Leutier représente un terrain fertile au questionnement des évidences supposées.



Amené pour une raison de galanterie envers la sœur d’un ami à effectuer des visites charitables à la prison d’Albi, il y rencontre l’artisan de la révolution algérienne. Abane Ramdane exerce sur lui, sinon une influence, tout au moins un éveil de conscience : « Il se sentait incapable d’éluder une réalité irrécusable dont il ne comprenait pas pourquoi il ne l’avait pas aperçue plus tôt : dans son Algérie natale, il y avait dans un camp ceux qui possédaient presque tout et ceux qui ne possédaient rien. » (p.132)



Méconnue, la guerre d’Algérie le demeure. Le récit opère une répartition pondérée des motivations des pieds-noirs, distinguant la majorité des européens des « maquignons », qui, non contents d’être à l’origine du sentiment d’injustice, n’ont subi aucune des conséquences liées au conflit : « Cela me parait impossible vu leur attachement sincère aux idées socialistes et tant je les sais éloignés, à tous points de vue, des gros maquignons, les Borgeauds, les Schiaffino et autres Blachette, magnats de la marine marchande, de l’Alfa, des milliers d’hectares, des milliers de travailleurs, à l’heure où je vous parle, déjà à l’abri des convulsions qui vont broyer les petits pieds-noirs. » (p. 140)

Il rappelle le désintérêt des métropolitains pour l’Algérie et les pieds-noirs.



Il décrit l’aveuglement des pieds-noirs, sans toutefois le juger : « Les hommes ne se résignent pas à battre en retraite à temps, à éteindre prématurément les maigres lueurs d’espérance, ils raillent les miracles, mais les attendent toujours. »(p. 115)



On ignore si le personnage de Jean-Michel Leutier est inspiré d’un sous-lieutenant précis, ou s’il a vocation à personnifier le déchirement intérieur de tout individu épris d’un idéal de justice, et attaché à l’honneur de défendre sa patrie. Sa nation.



L’auteur a lui-même été sous-lieutenant. Il connaît les lieux. Abane Ramdane est lui, un personnage historique, sorti, à la faveur d’une écriture roborative, des oublis. L’oubli de son rôle fondateur dans l’indépendance de l’Algérie. L’oubli de son assassinat par les défenseurs de la cause qu’il a faite émerger : « Tour à tour présenté comme un Robespierre ou le Jean Moulin et même le Mao Tsé-toung africain, s’il avait survécu à la guerre, Abane Ramdane reste peu ou mal connu. Cela n’est pas fortuit. Une véritable conjuration du silence en a fait l’oublié, voire « l’évacué » de la révolution algérienne. » (p.13)



Un autre règlement de la question algérienne aurait-il été possible ?

La nuit de Zelemta est un roman qui évoque la densité de la question algérienne. Les précurseurs, les visionnaires peuvent être les oubliés des honneurs.



La compassion elle, est présente chez l’auteur, pour cette population pied-noir, aveuglée par le poids des habitudes.



Le roman, dont le narrateur est un « petit curé » relatant les confidences de Jean-Michel Leutier en fin de vie, amène peu à peu le lecteur à cette fameuse nuit du printemps 1957.



L’évènement de cette nuit s’est-il produit ? Est-il simplement fictionnel ? Le lecteur en reste impacté.














Lien : http://www.albin-michel.fr/L..
Commenter  J’apprécie          50
La position de Philidor

Le roman de René-Victor Pilhes est très clairement un jeu de dupes. Que ce soient les personnages, enquêteurs ou suspects, et le lecteur, chacun est trompé, baladé, malmené. L'histoire, pourtant, se présente comme une énigme policière ordinaire.



A Bints, petit village que tout aurait dû rendre anonyme, le dénommé Paul Capulac, dirigeant de la puissante firme Sacoprim, est violemment assassiné dans sa propriété, à la veille d'une chasse qu'il organise lui-même tous les ans. Cet assassinat intervient alors même que Capulac vient d'être nommé président du groupe, et que cet événement le couronne comme suzerain de la guerre économique, ayant réussi à écarter tous ses rivaux dans la course au pouvoir suprême. La police tente alors de confondre le coupable parmi quatre suspects très sérieux. Assomption, d'abord, qui est surnommé le cadre déchu, fut un compagnon de la première heure de Capulac. Son irrésistible ascension, due à une intelligence hors norme et à des talents commerciaux remarquables, a été arrêtée brutalement ; depuis, Assomption vivote dans un état proche de la clochardisation. S'il vient à Bints, c'est qu'il espère que Capulac lui offrira, en souvenir du bon temps, une place de cadre provincial. Vient ensuite Anton-Bélise, cadre chez la Sacoprim lui aussi et devancé in extremis dans la course au poste suprême ; invité à la chasse, il pressent l'humiliation à venir ainsi que la fin de son parcours en tant que cadre de première catégorie. le Touc, ancien camarade d'école primaire de Capulac, est ce que le narrateur appelle un cadre bancaire provincial. Convaincu d'être plus intelligent que Capulac, il ressasse depuis des années une haine mortelle à l'égard de celui qui l'a remplacé dans le coeur de son aimée. Pis, la jeune femme est décédée à cause, selon le Touc, de l'imprudence de Capulac. Enfin, Ordonez, un ancien combattant espagnol républicain, a été dénoncé des années auparavant au régime de Vichy par le père de Capulac.



A la manière des romans de Maurice Leblanc, celui de Pilhes semble être un exercice de style, une construction intellectuelle qui quête et interroge la notion de crime parfait. Les enquêteurs - le commissaire Tibal, le brigadier Petitvisier ou le juge Kuff - débattent de cette notion : est parfait le crime qui n'est absolument pas résolu, ou celui dont le coupable ne peut être assurément déterminé, malgré un faisceau d'indices important ? Ici c'est la deuxième option qui est choisie. Comparant le crime parfait avec une position du jeu d'échec - celle, éponyme, de Philidor -, l'auteur déroule un roman policier classique tout en jouant avec les codes du genre. D'une part, la piste du coupable potentiel est sciemment brouillée. Aucun des suspects ne semble avoir une meilleure raison que les autres de tuer Capulac, et même lorsque l'un d'eux est arrêté un temps, un indice supplémentaire vient le disculper. Ainsi découvre-t-on, alors qu'Assomption croupit en prison, un ensemble de vêtements et une perruque ayant pour but de tromper tout témoin, et de faire croire que c'est Assomption qui se promenait la nuit du meurtre. Par ailleurs, là où la logique voudrait que chacun des suspects se disculpât en chargeant les autres, la situation présente, avec une victime honnie par chacun des suspects, conduit ceux-ci à se couvrir mutuellement. Enfin, René-Victor Pilhes affirme nettement le caractère littéraire de son exercice de style. Ses personnages dont ainsi référence à ses oeuvres précédentes, tandis que lui-même se met en scène en tant que personnage, notamment en allant interroger, dans l'épilogue, celui qu'il pense - en tant que narrateur plus qu'en tant qu'auteur - être le coupable. Ainsi les pistes sont-elles totalement brouillées. L'enquête policière n'en est pas vraiment une, puisqu'il s'agit d'un roman. le roman n'en est pas vraiment un, puisque l'auteur est lui-même un personnage.



La position de Philidor pourrait être aussi rattaché au genre du roman noir. le crime devient alors prétexte pour explorer les vices et recoin sombre d'un monde : ici, le haut patronat. Recette éprouvée dans L'imprécateur, l'examen des relations sociales au sein d'un milieu économique fermé tend à démontrer la rapacité de ce milieu. L'extrême concurrence qui y règne paraît être une application féroce du raisonnement de Charles Darwin sur la sélection des espèces. Pourtant ce ne sont ni l'intelligence ni la force qui semblent avoir fait de Capulac le patron suprême de la Sacoprim (dont le nom, à un r près, démontre bien le principe vital de ces grands groupes économiques : l'argent y est littéralement sacré, donc divin), mais bien une habileté sociale à user des amitiés pour monter dans la hiérarchie et provoquer, par un jeu de balancier logique, la chute de ses rivaux. Les logiques d'amitié d'enfance (Le Touc) ou estudiantines (Assomption) n'existent plus ; seuls comptent l'individu et sa réussite professionnelle. Cet individualisme forcené est toutefois menacé par l'ombre de la mort, qui plane, ennemie éternelle des hommes et des profits boursiers. Car Capulac s'inscrit dans une suite de décès brutaux qui touchent les dirigeants de la Sacoprim : le premier est mort de cancer, le second s'est suicidé. Malgré ce contexte, aucune pitié ne transparaît dans les attitudes des autres cadres ; tout juste Assomption et Anton-Bélise s'inquiètent-ils des conséquences que peut avoir le décès de Capulac sur leurs propres carrières. Entre seigneurs de la guerre économique, la mort est d'abord un risque pour le capital et la volatilité des parts de marché. le meurtre de Capulac et l'enquête qui en découle apparaissent alors comme la poursuite et la métaphore des affrontements entre grandes entreprises. Ainsi l'emprisonnement d'Assomption ne suscite-t-il, chez les autres suspects, aucune forme d'empathie. le perdant, en ce monde, est toujours un peu coupable.

Commenter  J’apprécie          42
L'imprécateur

Une polémique, lancée par les "trolls" des années 80-90 a éteint cet auteur magnifique. Si l'on s'en tient strictement au roman l'Imprécateur, on ne peut que penser à Kafka, par l'humour très subtil, l'atmosphère étouffante et la vision terrible de la société. Certains lecteurs accrochent difficilement au style volontairement un peu administratif et ampoulé, ça fait partie du message et c'est ce qui est drôle. Le narrateur est un cadre coincé d'une grand entreprise. L'œuvre reste toujours aussi visionnaire, un peu comme 1984. À lire absolument. Sur Babelio, on met des étoiles et parfois, sans être complaisant, on est généreux en se disant que cela encouragera l'auteur. Là, il est juste question d'un chef d'œuvre et il n'y a pas à ergoter.
Commenter  J’apprécie          40
Les démons de la cour de Rohan

C'est la suite directe de ''La Pompéi''. Les amis gauchistes d'Henri se radicalisent. Sa position devient très délicate. Conclusion en grande pompe de ce fabuleux roman. Considérations et références historiques et géopolitiques, enquête sur un meurtre, secrets et mystères, vie rurale, terroir de l'Ariège, randonnées en montagne, terrorisme, amour, humour... Cette salade est bien garnie !
Commenter  J’apprécie          40
L'imprécateur

René-Victor Pilhes a écrit plusieurs très bons romans, mais celui-ci est sans aucun doute le plus original et le plus ambitieux. Le lecteur pénètre immédiatement à l'intérieur d'une grande entreprise multinationale, très puissante et fière de sa puissance. Un jour, ses cadres, pourtant performants et de haut niveau, se trouvent gravement déstabilisés par un inconnu. Celui-ci vient les provoquer par des "imprécations" bizarres: leur activité est persiflée, la finalité de leur business est remise en cause, leur rôle social est questionné. Ces textes vaguement menaçants pourraient être méprisés, mais ils inquiètent les dirigeants de l'entreprise, sans doute en raison de leurs sous-entendus et de leur ton très ambigu. Et ça se corse quand le lecteur comprend que l'imprécateur fait partie de la "maison" ! Plus l'histoire avance, plus les protagonistes deviennent déraisonnables. Et l'affaire prend un tour rocambolesque, presque fantastique; L'ultime partie du livre est à la fois ridicule et terrifiante; c'est comme un crépuscule des Dieux caricatural.



Le propos de l'auteur, qui lui aussi avance partiellement masqué, n'a pas la clarté triviale d'un texte de propagande anti-capitaliste. Mais il est clair qu'il conteste - avec virulence, mais d'une manière intrigante - l'omnipotence des multinationales dans notre planète. En particulier, le dénouement suggère symboliquement les dangers et la (paradoxale) fragilité de ces entreprises. Quand on repense à certains grands événements économiques postérieurs à la parution du livre (par exemple la crise des "subprimes" de 2008), on se dit que Pilhes nous avait tous prévenus d'une façon détournée mais implacable.

Mais ce qui me semble le plus remarquable, sur le plan littéraire, c'est le style: ampoulé, trop "précieux", plein de périphrases et de tics d'écriture; il est associé à une sorte d'hypocrisie sous-jacente empesée et irritante. D'ailleurs, les textes de l'imprécateur représentent la quintessence de ce type d'écriture. Bien entendu, ce choix est volontaire, et assumé par l'auteur. Il contribue pour beaucoup à faire de ce roman un OVNI littéraire particulier et difficile à oublier.



Commenter  J’apprécie          44
L'imprécateur

Ce récit captivant prend prétexte de la distribution de mystérieux parchemins dans une filiale française d'un grand groupe américain et de la veillée funèbre rocambolesque d'un de ses cadres décédé accidentellement sur le périphérique pour distiller des informations de macro économie.



J'avoue m'être surpris à adhérer immédiatement à cette étrange intrigue de conflits de cadres supérieurs qui se déroule principalement dans les couloirs et les soubassements d'une grande entreprise sise dans un immeuble de verre et d'acier face au Père-Lachaise. L'action qui a lieu quelques temps avant le premier choc pétrolier est donc émaillée de rapports de force carriéristes mis en lumière par la distillation des imprécations. le DRH, missionné par la hiérarchie de la société-mère cherchera, avec l'aide d'une organisation secrète de cadres dont il fait partie, à identifier l'imprécateur.



Alors c'est vrai, il y a dans ce récit goguenard, symbolique de la "mondialisation heureuse" et dénonciateur du capitalisme financier (surproduction, optimisation fiscale, main d'oeuvre compétitive, dividendes et sacro-saint cash-flow), quelques redites et des longs monologues littéraires assez improbables où se mêlent l'imparfait du subjonctif et le franglais mais cela n'a en aucun cas parasité le plaisir que j'ai eu à lire ce titre de René-Victor Pilhes à l'écriture agréable et didactique.
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de René-Victor Pilhes (384)Voir plus

Quiz Voir plus

Jouons avec Clark Gable

D'après le roman Night Bus de Samuel Hopkins Adams, Gable triomphe dans l'un des premières comédies loufoques (screwball comedy) du cinéma. Ce film américain réalisé par Frank Capra en 1934 avec Claudette Colbert s'intitule:

Paris Roubaix
New-York Miami
Los Angeles San Francisco

8 questions
22 lecteurs ont répondu
Thèmes : acteur , hollywood , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littérature , culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}