Citations de Richard Brautigan (662)
Enfin nos corps coïncident
Enfin nos corps coïncident.
Je parie que tu pensais que
ça n'arriverait jamais. Moi
non plus. Voilà une agréable
surprise.
Le sable est cristal
Comme l’âme.
Le vent l’emporte
Au loin.
Tout seul dans un bar à Tokyo
Je prends un verre avant le
déjeuner,
Et j’aimerais bien avoir quelqu’un à qui
parler.
Nous avons tous une place dans l'histoire. La mienne, c'est les nuages.
EN REGARDANT MON LIT / 3 HEURES DU MATIN
Dormir sans dormir,
puis redormir
sans
dormir.
Tokyo
17 juin 1976
Bonnes nouvelles,
mauvaises nouvelles
Le 2 janvier 1942 m'a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles.
D'abord les bonnes nouvelles : j'ai appris que j'étais réformé comme caractériel et que je n'allais pas partir à la seconde Guerre mondiale jouer le petit soldat. Je n'avais pas du tout le sentiment de manquer de patriotisme parce que j'avais fait ma Seconde Guerre mondiale à moi cinq ans plus tôt en Espagne et que j'avais deux trous de balle dans le cul pour le prouver.
Je ne comprendrai jamais pourquoi je me suis fait tirer dans le cul. De toute façon, ça ne fait pas une histoire de guerre formidable. Les gens ne vous considèrent pas comme un héros quand vous leur racontez que vous vous êtes fait tirer dans le cul. Ils ne vous prennent pas au sérieux ; enfin, moi, je ne m'en faisais plus pour ça. La guerre qui commençait pour le restant de l'Amérique était terminée pour moi.
(Incipit)
Me voici dans un bar plein d’
Américains
Jeunes snobs et conservateurs,
Ils boivent et essaient de lever des
Japonaises
Prêtes à coucher avec des types
Dans leur genre.
Tâche ardue que de trouver la moindre poésie
Ici
Ainsi que ce poème en témoigne.
Dépêchez-vous, jeunes amants
Dépêchez-vous, jeunes amants
et aimez tant que vous le pouvez.
Embrassez-vous et caressez-vous
et aimez tant que vous le pouvez.
Goûtez et dévorez
et aimez tant que vous le pouvez.
Parce que, bientôt, la mort
soufflera votre feu.
Et seules les cendres resteront.
Je me balade, en pensant que j'aimerais bien coucher avec une nouvelle nana. Il fait froid en cet après-midi d'hiver, et ce n'est qu'une idée parmi tant d'autres, et qui m'est presque sortie de l'esprit, quand soudain :
Une fille, grande - Bon Dieu ce que j'aime les grandes - remonte la rue en face de moi avec la démarche souple d'un jeune animal. Elle est moulée dans un Levi's. Elle doit bien faire un mètre soixante-quinze, et elle porte un pull bleu sous lequel ses seins, fermes et jeunes, sont libres comme des vagues.
Toujours les oies
Aujourd’hui
les oies hantaient le gris
du ciel d’octobre
avec leur V
et leur voix éternelle
Que puis-je dire
que les oies m’ont dit
en volant vers des cieux lointains
des lieux où elles sont nées
et ont grandi ?
Si je devais mourir avant toi
Quand
tu t’éveilleras
de la mort,
tu te retrouveras
dans mes bras,
et
je
t’embrasserai,
et
je
pleurerai.
Je me suis fait déposer devant un immeuble chic avec portier à quelques centaines de mètres de l’endroit où je vivais. Je leur ai dit que c’était là que j’habitais.
Ils se sont garés en face de l’immeuble et m’ont laissé descendre.
Le portier m’a regardé d’un air curieux.
« Merci de m’avoir ramené », dis-je.
Le cou s’est tourné vers moi au moment où je sortais de la voiture et il a parlé. « Pourquoi tu veux descendre ici ?, dit-il. T’habites pas ici. T’habites dans un piège à rats deux pâtés de maisons plus loin. Enfin, t’as p’t’être besoin de prendre de l’exercice. On s’en fout où t’habites. [...] »
Je suis resté planté là sans savoir quoi dire. Qui étaient ces gens ? Comment savaient-ils tant de choses sur moi ? Je ne me savais pas si connu.
« Je m’entraîne, ai-je fini par dire. Un jour, j’habiterai ici. »
(S’entraîner pour l’avenir)
Je suis habité ce soir par des sentiments pour lesquels il n'y a pas de mots, et des faits qu'il faudrait expliquer en terme de poussières plutôt qu'en paroles.
Mon âme marchera-t-elle sous la pluie ?
Demain matin
une chaude pluie de printemps
tombera sur ma tombe.
Mon âme sera-t-elle sous terre et endormie ?
Ou dehors à marcher sous la chaude pluie de printemps ?
Demain matin
je le saurai.
Poème pour l.w.
Pourrais-je
voudrais-je
t’offrir
un ciel.
Rempli
de tout
ce que
tu aimes.
…et
les nuages
seraient
tous
les rêves
que tu as
voulu voir
se réaliser.
Et
tu
flotterais
sur eux.
Restaurant
Fragile, fanée pour ses 37 ans,
elle porte son alliance comme une transe
les yeux fixés sur sa tasse de café vide
comme si elle regardait dans la bouche
d'un oiseau mort. Le dîner est fini.
Son mari est parti aux toilettes.
Il va bientôt revenir et alors ce sera à elle
d'aller aux toilettes.
Je parlerai de ma vie sentimentale plus tard, quand il ne se passera rien d'autre. Je veux dire absolument rien : que dalle.
- Ce n'est pas facile de vivre dans un studio de San José avec un homme qui apprend à jouer du violon.
C'est ce qu'elle a dit aux policiers, en leur tendant le revolver vide.
Peut-être que la nuit il fait toujours plus sombre quand on la traverse pour se rendre à un cimetière.
Mon appartement était si sombre qu'on aurait dit l'ombre d'un appartement.