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Critiques de Robert Bober (74)
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Quoi de neuf sur la guerre ?

Le roman de Robert Bober nous transporte dans l'immédiate après-guerre à la rencontre d'hommes, de femmes et d'enfants juifs blessés au plus profond d'eux-mêmes par la barbarie de la shoah. Ce sont tous des rescapés, certains ont été déportés, d'autres ont réussi à se cacher mais tous sont en deuil, que ce soit de leurs proches ou de leur vie passée. Ils essayent de panser leurs blessures, de reprendre goût à la vie mais continuent de souffrir d'un même mal. Un mal sournois qui n'a pas été éradiqué avec le départ de l'occupant nazi. C'est un chancre qui se nomme antisémitisme…

Avec la simplicité de gens plus habitués à parler le yiddish que la langue de Molière, chacun prend la parole pour nous livrer un pan de son histoire. Ils ne gémissent pas sur leurs malheurs mais se racontent avec beaucoup de pudeur et même un certain humour.

C'est un texte que j'ai trouvé fort intéressant et émouvant car la thématique de fond est malheureusement toujours d'actualité. Par contre, j'ai été un peu gênée par la construction du roman. Chaque chapitre donne la voix à un personnage différent et il n'est pas toujours évident de savoir qui parle. J'ai trouvé que ce procédé narratif empêche de s'attacher véritablement à l'un d'eux.

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Laissées-pour-compte

Connu pour ses réalisations au cinéma (assistant de François Truffaut) et surtout à la télévision, Robert Bober dont la famille allemande avait fuit le nazisme, en 1931, pour s'installer en France, a aussi exercé le métier de tailleur comme il l'a prouvé dans "Quoi de neuf sur la guerre ?", Prix du livre Inter 1994.

Dans "Laissées-pour-compte", il réussit à faire vivre et parler des… vestes que Madame Léa, dans l'atelier où elles sont confectionnées, baptise d'un titre de chanson ! Ainsi, nous faisons connaissance avec « Y a pas de printemps », « Un monsieur attendait » et « Sans vous », chansons à la mode en 1949.

Ces vestes observent la vie d'un atelier de confection pour dames, situé au deuxième étage de la rue de Turenne, dans le IIIe arrondissement de Paris. Hélas, dans le monde du prêt-à-porter, la concurrence est rude et chaque saison voit son lot de laissées-pour-compte. Même si cela arrive, tout n'est pas perdu, comme nous le découvrons ensuite.

Robert Bober, avec humour et tendresse, nous apprend que ces vestes parlent et chantent mais sont seules à pouvoir s'entendre : « Il fallait, pour que s'engage la conversation, être un vêtement fait. » Présentes à chaque instant de la vie, « elles furent témoins de passions, de haines, d'illusions, de déceptions. »

Au rythme de la vie de ces vestes, nous évoluons dans le Paris de l'après-guerre. Après Julia et sa thèse sur les termes et expressions utilisant les parties du corps, « Un monsieur attendait » se retrouve au théâtre, sous les projecteurs, portée par Danielle Darrieux : « Oui, elle avait été dédaignée, rejetée, humiliée, abandonnée, laissée dans l'ignorance d'une vie normale, laissées pour compte. Quelle revanche ! »

Porté par ce thème original, Robert Bober écrit tout simplement la vie : « Exposer le passé, c'est dire qu'il a été. Mais qui reviendra en arrière pour dire la distance parcourue, ce que fut leur existence et les projets accomplis, les espoirs déçus ? »

Enfin, il faut signaler que toutes les chansons citées figurent en appendice avec leurs auteurs et compositeurs, une très bonne idée.
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Quoi de neuf sur la guerre ?

Roman sans aucun doute mais, ce texte s'appuie très vraisemblablement sur des faits vécus par l'auteur, et certainement sur des rencontres, des choses entendues par le gamin de 15-16 ans qu'il était en 1944-45 alors que les déportés rentraient des camps libérés, ou après, alors que de nouvelles vies se construisaient, que de nouveaux amours naissaient

Dans un atelier de confection parisien, des ouvriers et le patron conversent alors qu'ils cousent ou repassent des costumes....tous sont d'excellents ouvriers capables de monter les plus beaux costumes. Certains sont seuls, leur famille n'est pas revenue, la nostalgie de cet avant est toujours là. Mais on ne vit pas en ressassant ce passé. Non, on tente de le surmonter, et de reconstruire une autre vie....on regarde une femme ou un homme dorénavant seuls, pour bâtir un nouvel avenir...Qui sait?

D'autres, dont Raphaël - est-ce l'auteur ?, on peut le supposer - sont encore dans des colonies de vacances...ils ont échappés aux rafles de la police, ils racontent leur liberté, les copains, leurs jeux à des parents qui ne liront jamais ces lettres, qui ne reviendront pas. Mais ils ne peuvent l'imaginer !

Et puis il y a ces souvenirs, ces rafles menées par ces flics français. Certains étaient violents, d'autres moins. Certains n'ont pu rattraper des gamins profitant d'un dos tourné pour prendre le large...Ces flics toujours en activité une fois la paix revenue, sont confrontés alors à leur passé, à leur indignité lue dans le regard d'un survivant qu'ils avaient arrêté sans ménagement.

La tristesse, la joie se mêlent selon les rencontres ou selon les personnages...quelques larmes parfois sans jamais être larmoyant, et quelques sourires qui reviennent. Les non-dits, les silences prennent tant d'importance!

Le monde tourne, certaines vieilles rues juives sont rasées, de nouveaux immeubles se construisent, la vie continue, des couples se forment...on n'oublie rien, mais on avance vers d'autres jours meilleurs.

Un beau texte, tout en pudeur, d'un auteur que je ne connaissais pas. Une rencontre faite dans une boite à livres, un livre couronné par le "prix du livre Inter".
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Ellis Island

Quelle est donc la blogueuse qui a commis un billet sur ce livre?

Dès que j'ai terminé de le lire, j'ai commenté : IL ME LE FAUT! et je l'ai téléchargé immédiatement.D'où est venu cette urgence?

A cause du sujet, je suis sensible aux migrations, c'est encore un sujet d'actualité. A cause de Pérec que j'ai lu autrefois et beaucoup aimé, et de Bober. Ils me semblent très proches.J'ai lu ce court texte (74 pages) d'un souffle, une soirée, sans une pause.

Émotion pure
Lien : http://netsdevoyages.car.blog.
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Berg et Beck

Un roman très émouvant qui interroge sur une époque dramatique et sur la mémoire. Celle d'un homme pour celui qui fut son ami d'enfance, disparu lors de la tristement célèbre rafle du Vel d'hiv, et qu'il s'attache à garder auprès de lui en lui écrivant. Une façon de lui parler en s'adressant à lui comme s'ils avaient grandi ensemble, comme ils auraient dû le faire si... Poignant et essentiel.
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Ellis Island

Je suis allée à Ellis Island, il y a vingt ans, dans un but bien précis. J'ai relaté cette visite dans la liste créée par Fanfanouche, je n'ai pas envie d'en reparler. Lorsque les immigrants ont transité par là, le bâtiment était un ancien fort militaire resté en l'état, sans électricité .... Aujourd'hui c'est un superbe "Musée de l'Immigration"... Difficile de s'imaginer ce que pouvaient ressentir ces pauvres gens en arrivant après tous les rêves qu'ils avaient en tête avant leur départ. Les trottoirs recouverts d'or !
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Quoi de neuf sur la guerre ?

Ecriture simple mais profonde.

J'ai rencontré Robert Bober récemment et cela restera une rencontre magique . Ses mots, ses attitudes , sa vision sur le monde m'ont fait réfléchir sur le partage des souvenirs .

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Ellis Island

Georges Perec écrit ce texte majeur en 1979 alors qu’il prépare un documentaire sur Ellis Island avec Robert Bober. C’est la lecture du récent ouvrage de ce dernier qui m’a remise sur la piste des mots de Perec. Il n’y a bien sûr pas de hasard à cet écrit pour son auteur.

Comme il l’a fait avec W, Perec projette sur Ellis Island, la quête infinie de son identité.

A travers les mots de Georges Perec, au fil des chiffres et des objets, c’est une mécanique broyeuse qui prend forme. Celle d’un accueil à la chaîne, déshumanisé et désincarné. C’est pourquoi l’auteur définit ce lieu comme un « non lieu », une forme de cul de sac .

Lire « Ellis Island » aujourd’hui permet au lecteur d’identifier d’autres non-lieu, comme si Ellis Island au début du vingtième siècle avait initié une marche funèbre pour tous les exils à venir.

Allégorie de l’errance et de la dispersion, c’est dans les mers d’Europe et d’ailleurs que nous portent aujourd’hui les mots de Perec. Les chiffres ont changé d’échelle, les lieux ne sont plus les mêmes mais la négation des vies est toujours là, sous d’autres formes, à Calais, Lampedusa, Lesbos ou ailleurs.

Un texte visionnaire et universel.

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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..



J’ai un peu perdu de vue Robert Bober depuis son premier roman , écrit à 60 ans dans les années 90: « Quoi de neuf sur la guerre ». J’en ai gardé le tableau d’un après guerre pudique marqué par les traumatismes toujours présents, évoqués avec la douceur des larmes silencieuses.

Il a écrit de nombreux romans depuis, avec le dernier « Il y a quand même dans la rue des gens qui passent », Il nous propose une déambulation au fil de ses pensées, dans un dialogue avec Pierre Dumayet qu’il fait partager aux lecteurs. Je me suis sentie bien immédiatement, dans les mots de l’auteur, un peu au coin du feu, dans une complicité chaleureuse, pour une promenade le nez au vent, sans vraiment le récit précis de quelque évènement , mais la logique aléatoire de la mémoire sensible, celle des lectures qui font écho aux souvenirs, dans un entrelacs d’images qui s’interpellent et se chevauchent:

« Aussi comme le précédent livre, ce livre va sans doute ne ressembler à rien qu’à son propre désordre ».

J’ai aimé ce faux désordre, Robert Bober y construit un long panoramique où prennent place les temps forts de sa vie, les traits d’union nombreux, qui créent du lien et parmi eux, le poids des livres, auxquels l’évocation de l’émission de Pierre Dumayet vient donner du sens: « Lire c’est vivre ». La force du récit de Robert Bober est telle, que j’ai repris la lecture de quelques livres qu’il cite tout particulièrement: « W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec, « Le dernier des justes » d’André Schwartz Bart, notamment. Il y en a beaucoup d’autres…

Ce livre n’est pas un roman, toutefois il fait entrer le lecteur dans un univers de pensée, il procède un peu comme les poupées gigognes, tout s’emboite à l’infini, tout est lié.

On sort de la lecture avec le sentiment d’avoir cheminé avec l’auteur, dans le partage d’une communauté d’idées et de valeurs.

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Par instants, la vie n'est pas sûre

Ce livre est difficile a classer. Il s'agit d'une longue lettre que Robert Bober adresse à Pierre Dumayet, son ami et complice de longue date, décédé.

Cette suite de souvenirs est une succession de moments d'émotion. J'y ai découvert, car je dois admettre que je ne connaissais pas Robert Bober et très peu Pierre Dumayet, des hommes justes et bons, avec un passé lourd à porter mais qui les a aussi construit. Georges Perec est aussi très présent dans ce livre ainsi que de nombreux autres personnages, tous plus attachants les uns que les autres.

On y découvre aussi un Paris qui n'existe plus.

Un livre empli d'une nostalgie, qui fait du bien.
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Ellis Island

En 1980, Robert Bober sollicite l'assistance de Georges Perec pour rédiger le commentaire d'un documentaire "Récits d'Ellis Island" -une enquête sur cette entrée mythique des immigrants aux États-Unis, de 1892 à 1954- puis pour le lire de sa voix caressante de matou fourré. Sans les images, sans les témoignages qu'il accompagne, qu'il souligne ou contredit, le texte tout nu vibre encore intensément.



Dans ce tête-à-tête avec l'écrivain, on devine sous l'apparence ordinaire d'un compte-rendu factuel et sans affects de l'histoire du célèbre lieu mémoriel, les fêlures d'un petit garçon arraché à la sienne. Sous sa plume, les épaves du monde entier parties à la quête d'un Eldorado se confondent -sous-texte émouvant- avec celles qui finissaient, après un aussi long voyage, aux portes de la mort. Revendiquant sa judéité, Georges Perec coalise deux dépossessions : celle d'une terre et celle d'une généalogie.



Un magnifique hommage aux déracinés du monde entier et une porte entr'ouverte sur l'intime perecquien.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Vienne avant la nuit

l y a quelque temps, je vous ai parlé du documentaire de Robert Bober, portant le même titre que le livre paru simultanément. Ce sont deux manières différentes d'aborder le voyage en Autriche de l'auteur, à la recherche de la tombe de son arrière-grand-père.



Certaines scènes m'ont plus émue dans le documentaire, d'autres gagnent à être complétées par les nombreuses photos, documents, illustrations, explications du livre. L'idéal est de faire les deux, voir et lire.



J'aurais aimé connaître la Vienne d'avant-guerre décrite dans le livre, le foisonnement intellectuel, les cafés pleins de vie où se retrouvaient les écrivains. Ce n'était pas l'univers de l'arrière-grand-père, qui habitait lui, un quartier essentiellement occupé par des juifs, où les antisémites sévissaient déjà.



Il y a de nombreux extraits des oeuvres de Stefan Zweig, Joseph Roth, Arthur Schnitzler, Franz Kafka,Thomas Bernhard etc ... La montée du nazisme va balayer cette Vienne-là. L'auteur rappelle à quel point les Autrichiens ont accueilli le führer avec enthousiasme. Certains chiffres font frémir : "Ces hommes et ces femmes, dont les mains levées, toutes semblables, vont voter oui à l'annexion de l'Autriche, oui à plus de 99 %, allaient rejoindre ceux qui allaient s'acharner à réduire un peuple en cendres. Ainsi, alors que l'Autriche ne représentait que 8 % de la population du Reich, elle a fourni 40 % du personnel des camps d'extermination".

L'arrière-grand-père de Robert Bober est mort bien avant le désastre, mais une partie de ses descendants a disparu dans les camps. L'auteur retrouve un de ses cousins à Vienne, sans pouvoir le rencontrer. A sa stupéfaction, il apprend que celui-ci, traumatisé par la déportation de ses parents, a décidé d'effacer toutes les traces de son judaisme et ne veut plus en entendre parler.



La démarche de l'auteur, qui part à la rencontre de ses ancêtres sur ses vieux jours, est bouleversante et racontée avec pudeur et discrétion.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

Je ne sais plus comment j'ai rencontré Robert Bober, en littérature. Mais comme le dit l'auteur, les rencontre ne sont pas anodines et il faut savoir les apprécier. Après la découverte de "Par instants, la vie n'est pas sûre" qui m'avait enthousiasmé, je n'ai pas pu résister à cette suite de conversations avec Pierre Dumayet.

Le commencement de cet ouvrage m'a un peu plus surpris et déstabilisé, dans le début. J'ai mis un peu de temps avant de m'emparer du livre et de l'apprécier. Mais ensuite tout à pris forme et j'ai retrouvé le même plaisir dans ses échanges avec un être cher et absent. Tous ces souvenirs enrichis de nombreuses rencontres, de références littéraires et cinématographiques, nous plongent dans une nostalgie heureuse.

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Par instants, la vie n'est pas sûre

Robert Bober cinéaste, documentariste et écrivain a partagé la vie professionnelle du célèbre journaliste Pierre Dumayet jusqu’ à son décès, en 2011.

ce récit est une longue lettre à son ami disparu.

Au fil des pages, l’ écrivain, sans ordre chronologique, égrène ses souvenirs éparpillés.

L’ amour de la littérature, la culture juive, l’ attention portée aux lecteurs, la curiosité artistique réunissaient ces deux hommes exceptionnels qui conjuguaient, dans leur travail, rigueur et réflexion.

Ce livre est une ode au silence, à la lenteur. Le style est soigné, chaque mot pesé, chaque phrase réfléchie.

Minutieusement, doucement, l’ auteur recherche, sans cesse, la vérité.

Un magnifique hommage à l’ amitié, un ouvrage superbe.

Un grand merci à l’ émission «  Le masque et la plume « qui a recommandé cette œuvre aux auditeurs.
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Ellis Island

L’Amérique, terre promise pour tous les opprimés. Espoir d’une vie meilleure.



Ellis Island surnommée « L’île des larmes« . Dans la première moitié du XIXème siècle, l’île est le passage obligé des émigrants pauvres. L’immigration américaine y a installé un centre d’accueil pour mettre fin à l’immigration quasi sauvage et où les mesures vont devenir de plus en plus restrictives. Il faut savoir qu’entre 1892 et 1924, pas moins de 16 millions de personnes passeront par Ellis Island.



Outre le fait que ce livre soit une véritable mine d’informations, c’est surtout un témoignage poignant. Un documentaire court mais oh combien riche en émotions. On se met dans la peau de ces immigrés, venant du monde entier : d’Europe souvent (Irlande, Allemagne, France, Italie…), du Maghreb et d’Asie. La plupart fuyaient la guerre, la famine, ou souhaitaient simplement trouver un emploi pour subvenir aux besoins de leur famille, dans l’espoir d’une vie meilleure. Sur les candidats à l’immigration, 8 millions ont été autorisés à entrer dans le pays. Les autres furent renvoyés, en raison de leur santé ou de leur passé. Ils étaient soumis à un interrogatoire poussé et l’agent de l’immigration avait leur destin entre ses mains.



Perec est un conteur, il a un don de retranscrire à la perfection les émotions, le vécu, d’une manière à la fois sobre et passionnante.



Le tri des migrants, le déracinement, la perte d’identité, le courage de changer de vie, se reconstruire ailleurs, sont des sujets toujours d’actualité. Et c’est en cela également que ce livre prend aux tripes.



Un livre concis, qui se lit d’une traite, qui appelle à filer sur internet pour en savoir plus. Et ce qui est certain, c’est que si je retourne à New York un jour, cette fois, je ferai halte à Ellis Island !



#EllisIsland #GeorgesPerec
Lien : https://soniaboulimiquedesli..
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Berg et Beck

j'ai beaucoup aimé l'originalité de ce livre, entre journal de bord d'un animateur des enfants juifs de "l'après" et nostalgie d'un ami perdu. On goute aux années 50, à la reconstruction, à cette douleur silencieuse. Ce jeune homme doit construire une vie d'adulte sur les blessures de l'enfance, la culpabilité d'être là, il fait face aux malheurs d'autres et se replonge dans son enfance sans être mélo ou nombriliste, il décide d'écrire à son meilleur ami disparu à 11ans, il ne grandira pas alors que lui avance, mais sans lui.
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Ellis Island

Un tout petit livre (70 pages) mis tellement intense ! Malgré tout ce que je savais déjà sur Ellis Island et la lecture du roman Le dernier Gardien d’Ellis Island de Gaëlle Josse, j’ai été surprise par l’émotion provoquée par cette lecture. Le rappel des faits, chiffres, objets que l’on peut voir dans le musée … une évocation crue qui m’a bouleversée.
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Quoi de neuf sur la guerre ?

Je ne connaissais absolument pas l’auteur et c’est le thème qui m’avait donné envie de récupérer ce livre. J’ai pourtant mis du temps à le sortir de ma PAL et je l’ai pris par hasard début mars, parce qu’il me semblait assez court.



Je ne regrette pas du tout ce choix, vu que cela a été une lecture très agréable et intéressante à laquelle je ne m’attendais absolument pas!



Je l’ai dit, je ne connaissais absolument pas l’auteur : j’ai ainsi découvert qu’il est réalisateur, metteur en scène et écrivain (rien que ça!). « Quoi de neuf sur la guerre? » est son premier roman publié et avait eu le Prix Livre Inter en 1994.



L’atelier d’Albert nous présente plusieurs portraits de personnages hantées par la seconde guerre mondiale. Il y a de tout : des déportés, des enfants qui se sont cachés, des personnes qui ont tout perdu, d’autres qui se sont retrouvés, des juifs, des non-juifs…

Il y a vraiment tous les cas de figure, sauf celui du collaborateur, qui n’y aurait pas sa place, puisque ce roman met en scène les victimes de cette guerre.



Ce roman a deux parties : la première se passe juste après la guerre, en 1945/46, avec les différents points de vue des personnages. La seconde partie se passe environ 20 ans plus tard, en 1981, avec des extraits du journal intime de Raphaël, le fils d’Albert.



J’ai aimé le fait que ce roman se passe après la Seconde Guerre Mondiale. Je trouve qu’il y en a finalement peu (où alors, je ne suis que rarement tombée dessus…). Souvent, les romans parlent d’avant cette guerre, du début du nazisme et de pendant la guerre. Rarement de ce qui s’est passé après, de comment les juifs sont revenus et comment ils ont été accueillis. Ce roman présentait donc un aspect assez nouveau pour moi et cela explique en partie pourquoi je l’ai vraiment apprécié.



Ce que j’ai particulièrement aimé dans ce roman est la pudeur qui s’en dégage. Les personnages évoquent leurs situations, leurs histoires avec beaucoup de grâce et de secret, lentement. Robert Bober ne fait pas dans le pathétique ridicule avec beaucoup de larmes et de sanglots. Son style est agréable à lire.



J’ai beaucoup aimé les passages dans les colonies de vacances, où sont rassemblés les enfants dont les parents ne sont pas revenus et comment les moniteurs essayent de leur rendre une certaine joie et le goût de vivre.



J’ai également beaucoup aimé le chapitre de Joseph qui va au commissariat pour demander sa naturalisation et qui tombe sur le policier qui a arrêté ses parents et qui n’a pas changé. Sa réaction est très belle et exemplaire.







————————————



Une belle surprise, je ne m’attendais pas à dévorer ainsi ce roman, sur un thème qui n’est pas souvent traité, à savoir la situation des juifs juste après la Seconde Guerre Mondiale. Je le conseille vivement, il mérite d’être sorti un peu plus de l’ombre.
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Ellis Island

Ellis Island est un court texte de Georges Perec prévu à l’origine pour accom­pa­gner un film docu­men­taire, réa­lisé en 1980 par Robert Bober, sur une idée ori­gi­nale de l’INA et dif­fusé par TF1 les 25 et 26 novembre de la même année. Les édi­tions du Sor­bier et l’INA firent paraître ce texte (avec des pho­to­gra­phies prises pen­dant le tour­nage). En 1994, les édi­tions P.O.L. réédi­tèrent cet opus­cule en l’enrichissant de docu­ments annexes. L’édition que j’ai choi­sie est la der­nière édi­tion, conçue par Madame Ela Bie­nen­feld, qui se concentre uni­que­ment sur le texte de Perec pour en sou­li­gner la « confron­ta­tion avec le lieu même de la dis­per­sion, de la clô­ture, de l’errance et de l’espoir ».



J’aime l’idée que les auteurs soient sai­sis, han­tés par des lieux. C’est le cas de Mar­gue­rite Duras pour laquelle ma fas­ci­na­tion m’a lon­gue­ment occupé par le passé : unité et obses­sion du lieu, que ce soit dans un square, dans un ter­rain vague, un hôtel au bord de la mer… C’est aussi ce que j’aime chez Pierre Cen­dors : le lieu n’est pas seule­ment chargé de sym­boles ou d’histoires (ou d’Histoire avec une grande Hache comme le sou­li­gnait Perec dans W ou le sou­ve­nir d’enfance) cen­sés ajou­ter des couches séman­tiques, sen­so­rielles, émo­tion­nelles avec l’intrigue, non ! il fait corps avec le per­son­nage ou le nar­ra­teur et entre en réso­nance avec le lec­teur qui l’associe comme un per­son­nage à part entière dans la nar­ra­tion qu’il perçoit.



Perec déve­loppe déjà cette vision du lieu dans La vie, mode d’emploi, dans lequel le lieu, le 11 rue Simon-Crubellier, est la matrice même de l’histoire. C’est à par­tir du lieu que se construit, tel un puzzle, la nar­ra­tion, selon une logique ouli­pienne défi­nie à l’avance. Dans W ou le sou­ve­nir d’enfance, l’île W est le lieu où converge le récit. Tous ces lieux sont inexis­tants, ce sont des non-lieux, des lieux ima­gi­naires, utopiques/dystopiques dans les­quels Perec puise ou dis­sé­mine une par­tie de sa mémoire, de son his­toire ou perd son lecteur.



Avec Ellis Island Perec entre­prend le che­min inverse : par­tir d’un lieu réel, d’un lieu docu­menté pour aller, fina­le­ment et peut-être sans véri­ta­ble­ment le vou­loir, vers le lieu ima­gi­naire, inté­rieur, biographique.



Ellis Island, sur­nom­mée L’île des larmes, devint à par­tir de 1892 le point de pas­sage obligé pour ren­trer en Amé­rique. Perec décrit l’histoire de ce lieu qui met pro­gres­si­ve­ment en place une ges­tion ratio­na­li­sée des flux migra­toires de masse.



« Seize mil­lions d’immigrés pas­se­ront à Ellis Island, à rai­son de cinq à dix mille par jour. La plu­part n’y séjour­ne­ront que quelques heures ; deux à trois pour cent seule­ment seront refou­lés. En somme, Ellis Island ne sera rien d’autre qu’une usine à fabri­quer des Amé­ri­cains. » p. 15



A par­tir de 1924, les condi­tions d’immigrations deviennent plus res­tric­tives (2%) et Ellis Island devient « un centre de déten­tion pour les émi­grés en situa­tion irré­gu­lières » puis un musée à par­tir des années 70. Fidèle à sa manière quasi obses­sion­nelle de pro­cé­der, Georges Perec dresse des inven­taires dans les­quelles se côtoient des listes inter­mi­nables de chiffres (les migrants clas­sés par pays d’origine, etc.) et de noms (ceux des bateaux qui ache­mi­naient les immi­grés, les ports d’où ils provenaient…).



«Cela ne veut rien dire, de vou­loir

faire par­ler les images, de les

for­cer à dire ce qu’elles ne

sau­raient dire.

Au début, on ne peut qu’essayer

de nom­mer les choses, une

à une, pla­te­ment,

les énu­mé­rer, les dénom­brer,

de la manière la plus

banale pos­sible,

de la manière la plus pré­cise

pos­sible,

en essayant de ne rien oublier. »

p. 43



Ce qui frappe Perec en décou­vrant le site, c’est le carac­tère réso­lu­ment banal de ces lieux char­gés d’histoires ; « rien ne res­semble plus à un lieu aban­donné | qu’un autre lieu aban­donné. ». Puis le dis­cours se trans­forme peu à peu : de la simple des­crip­tion des lieux Perec en arrive à une ques­tion beau­coup plus sub­jec­tive, à savoir pour­quoi, lui, Perec, est venu dans cette île et pour y cher­cher quoi ? Pour­quoi Robert Bober en a-t-il fait de même et quelles sont ses rai­sons ? Et quelles traces, ou quelle absence de traces viennent quo­ti­dien­ne­ment cher­cher tous ces tou­ristes de la mémoire, en rangs ser­rés, à Ellis Island ?



Cette inter­ro­ga­tion sou­daine marque une rup­ture dans le docu­men­taire : l’observateur devient l’observé dans le contexte du docu­men­taire. Ce n’est plus tant un film sur Ellis Island qu’un film qui s’interroge sur la rai­son même de sa pro­duc­tion. Cette irrup­tion de l’observateur dans sa propre pro­duc­tion a de quoi désta­bi­li­ser le zap­peur du XXIe siècle dont je suis, trop accou­tumé qu’il est aux besoins impé­rieux d’une objec­ti­va­tion jour­na­lis­tique deve­nue la norme télé­vi­suelle actuelle. Cette norme qui veut que le repor­ter s’efface der­rière la caméra pour y sub­sti­tuer le spec­ta­teur, pour super­po­ser et fusion­ner les deux regards, pour son immer­sion, pour sa concen­tra­tion sur l’objet exploré, et in fine pour obte­nir sa totale adhé­sion au dis­cours. Ce qui m’interpelle dans ce docu­men­taire, c’est l’infinie poé­sie de la mons­tra­tion qui cache et dévoile, dans le même élan, son apo­rie ori­gi­nelle, les limites de sa sur­face phy­sique aux­quelles ne peut s’ajouter les dimen­sions his­to­riques, émo­tion­nelles, subjectives…



— Tu n’as rien vu à Ellis Island semble répé­ter Georges Perec.



« …ce que moi, Georges Perec, je suis venu ques­tion­ner ici, c’est l’errance, la dis­per­sion, la dia­spora.

Ellis Island est pour moi le lieu même de l’exil,

c’est-à-dire

le lieu de l’absence de lieu, le non-lieu, le nulle part.

C’est en ce sens que ces images me concernent, me fas­cinent, m’impliquent,

comme si la recherche de mon iden­tité

pas­sait par l’appropriation de ce lieu-dépotoir

où des fonc­tion­naires haras­sés bap­ti­saient des

Amé­ri­cains à la pelle.

Ce qui pour moi se trouve ici

ce ne sont en rien des repères, des racines ou des traces,

mais le contraire : quelque chose d’informe, à la limite du dicible,

quelque chose que je peux nom­mer clô­ture, ou scis­sion, ou cou­pure,

et qui est pour moi très inti­me­ment et très confu­sé­ment lié au fait même d’être juif. »

pp. 57 – 58



Et l’erreur serait de pen­ser que Perec, par une super­po­si­tion pho­to­gra­phique de lieux aban­don­nés, de lieux han­tés par un trai­te­ment indus­triel de masses humaines, ait l’idée, la ten­ta­tion de construire un paral­lèle entre Ellis Island et les camps de concen­tra­tion. Ce n’est pas son pro­pos. La plu­part des gens pas­sés par cet endroit l’ont fait pour fuir une situa­tion — pré­caire, dan­ge­reuse, déses­pé­rée — et en trou­ver une autre, meilleure. C’est le lieu de cette méta­mor­phose, de cette « scis­sion » sociale, psy­cho­lo­gique, lin­guis­tique qui fas­cine Perec. C’est ce maillon man­quant de sa propre condi­tion, lui qui ne connaît ni ses aïeuls, ni sa langue d’origine, qui ne par­tage aucun sou­ve­nir, aucun rite de ses ancêtres. « Quelque part, écrit-il, je suis étran­ger par rap­port à quelque chose de moi-même ; quelque part, je suis “dif­fé­rent“, mais non pas dif­fé­rent des autres, dif­fé­rent des “miens“… »
Lien : http://www.labyrinthiques.fr..
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On ne peut plus dormir tranquille quand on ..

De bonnes intentions mais une écriture on ne peut plus plate.
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