J'ai un peu perdu de vue
Robert Bober depuis son premier roman , écrit à 60 ans dans les années 90: «
Quoi de neuf sur la guerre ». J'en ai gardé le tableau d'un après guerre pudique marqué par les traumatismes toujours présents, évoqués avec la douceur des larmes silencieuses.
Il a écrit de nombreux romans depuis, avec le dernier «
Il y a quand même dans la rue des gens qui passent », Il nous propose une déambulation au fil de ses pensées, dans un dialogue avec
Pierre Dumayet qu'il fait partager aux lecteurs. Je me suis sentie bien immédiatement, dans les mots de l'auteur, un peu au coin du feu, dans une complicité chaleureuse, pour une promenade le nez au vent, sans vraiment le récit précis de quelque évènement , mais la logique aléatoire de la mémoire sensible, celle des lectures qui font écho aux souvenirs, dans un entrelacs d'images qui s'interpellent et se chevauchent:
« Aussi comme le précédent livre, ce livre va sans doute ne ressembler à rien qu'à son propre désordre ».
J'ai aimé ce faux désordre,
Robert Bober y construit un long panoramique où prennent place les temps forts de sa vie, les traits d'union nombreux, qui créent du lien et parmi eux, le poids des livres, auxquels l'évocation de l'émission de
Pierre Dumayet vient donner du sens: « Lire c'est vivre ». La force du récit de
Robert Bober est telle, que j'ai repris la lecture de quelques livres qu'il cite tout particulièrement: « W ou le souvenir d'enfance » de
Georges Perec, « Le dernier des justes » d'André Schwartz Bart, notamment. Il y en a beaucoup d'autres…
Ce livre n'est pas un roman, toutefois il fait entrer le lecteur dans un univers de pensée, il procède un peu comme les poupées gigognes, tout s'emboite à l'infini, tout est lié.
On sort de la lecture avec le sentiment d'avoir cheminé avec l'auteur, dans le partage d'une communauté d'idées et de valeurs.