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Critiques de Robert Crumb (57)
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La Genèse

♫ Puis il a plu sur cette plage

Dans cet orage, elle a disparu [...]

Je me suis assis auprès de son âme [...]

Et je l'ai cherchée sans plus y croire

Et sans un espoir pour me guider.

Et j'ai crié, crié "Aline" 😱

pour qu'elle revienne ♫

-Christophe- 1965+1979 -

----♪---♫---😱----👼----😱---♫---♪----

Comment se ment toute l' Humanité ...

En poussant un dernier Cri

J'ai voulu cloturer cette année

avec R. Crumb, Icône de la génération hippi

qui nous illustre la Génèse, sauce Gustave Doré

Texte Original fidèlement retranscrit,

Aucune interprétation personnelle

ni inter-prétration substanCielle

Un ajout de quatre membres au serpent

avant qu'il ne soit à jamais maudit

et qui nous vaudra alors tous nos tourments...

Après ça... le déluge, et tutti quanti,

Ce livre m'aura beaucoup plu

la pluie, la plage , caprice c'est fini

oeuvre dédiée à Aline, la compagne qui partage sa vie ...

Joyeuses fêtes, à l'année prochaine,

pourvu qu'elle revienne ...

Et j'ai pleuré quand j'ai(es) eu cri 😱

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Mister Nostalgia

Robert Crumb a le blues à fleur de peau...



Mister Nostalgia est un recueil de 13 histoires croquées entre 1967 et 1996 qui montre son grand talent d'illustrateur et dévoile ses passions et ses diverses facettes dont son caractère de rebelle réactionnaire qu'il aime aussi tourner en ridicule.



Crumb adore le vieux blues blues rural des années 20-30 qu'il rend bien à travers

un portrait flatteur à l'encre noir du bluesman Charley Patton, le père fondateur du delta blues. Ce musicien par son style de jeux libre et encanaillé a influencé les plus grands du blues comme Son House, Howlin' Woolf et Robert Johnson ainsi que les Rolling Stones (Crumb les déteste!). Dans d'autres planches, R. Crumb dessine le dur parcours d'un musicien de blues pendant la Grande dépression et d'un jeune gars de la cambrousse venu rendre visite à des beautés du coin à ses risques et périls...



Et déteste la musique électrifiée et les comédies musicales, c'en est comique !



Une véritable aversion cutanée pour la musique pop rock et soul qui lui hérisse les poils...La caricature de Jimmy Hendrix qui chante le tube psychédélique "Purple Haze" est hilarante. Il prend le chanteur pour un allumé et demeuré "un brouillard pourpre était dans mon crâne, ces temps-ci j'fais des trucs bizarres..." Et il ne cache pas son dédain pour Bruce Springsteen et la pop soul dans l' histoire "My guy" (mon mec à moi) : un morceau soul qui dégage...Quant aux comédies musicales, il les singe dans ses dessins qui ne manquent pas de piquants.



Rien ne l''amuse tant que de caricaturer les contes de Grimm

« Mother Hulda », une version de Cendrillon avec une vielle horrible à souhait avec ses dents toutes tordues et une Cendrillon généreuse des mollets et des hanches comme Crumb les aime

" Boucle d'or et les 3 ours" version trash avec une boucle d'or dépravée. Une satire de la génération post Punk.



Auteur et acteur, il se met en scène dans ses dessins : On voit Robert Crumb qui pète les plombs à l'écoute des chanteurs pop . La musique électrifiée l'énerve, le folk l'enchante, les danses d'antan le revigore mais la danse pop le déprime...



Mister nostalgia, un recueil de dessins qui en dit long sur les passions, les goûts ,les dégoûts de Robert Crumb l' icône de la bande dessinée underground américaine , adulé des lecteurs de comix (honni de quelques féministes) connu comme le créateur du truculent "Fritz The Cat" et le dessinateur de la pochette de "Cheap Thrills" .



Bien que j'adore aussi la musique qu'il abhorre,

j'apprécie son cynisme, son parti pris, son coup de pinceau et son petit coté réac qui m'a fait réécouter des grands bluesmen oubliés du delta du Mississipi.



Mister nostalgia, un Robert Crumb déchainé comme un bon blues endiablé, ça vaut le détour !
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Fritz the Cat

Les premières histoires de Fritz sont écrites par Robert Crumb à la fin de son adolescence et ne sont alors destinées qu’à ses frères et amis. Exutoire sans pudeur et amusé de pulsions sexuelles qui ne savent pas à quel objet s’attacher, ces histoires constituent surtout des blagues privées que Robert Crumb ne destinait pas à la publication, jusqu’à ce que Viking Press s’intéresse de près aux mœurs endiablées de Fritz et lui fasse connaître le succès qui lui permet aujourd’hui encore d’être réédité.





Si le dessin porte déjà la signature incontournable de Robert Crumb et nous ravit par ses inventions organiques les plus tordues, Fritz n’apparaît pourtant pas comme un personnage messianique. Ce n’est d’ailleurs certainement pas son but. Produit d’une génération à la fois désenchantée et exaltée par la révolution hippie, Fritz trimballe sa carcasse d’une troupe de femmes à une autre, ponctuant son parcours de rhum et de cocaïne. Comme Henry Miller et sa trilogie de la Crucifixion en rose, ses rêves sont hantés par des projets intellectuels et artistiques qu’il ne trouve pas le courage de porter à leur aboutissement. Fritz le lâche fuit les autres comme il se fuit lui-même et ne valorise ses pires penchants qu’afin de stigmatiser les valeurs plus dégoûtantes d’une société qui l’a fait croître de guingois.





Fritz représente le dégoût maniaque et survolté, préférant courir sans fin à sa perte plutôt que de se retirer de la course. En 1972, alors que l’adaptation cinématographique de Fritz connaît un succès commercial inespéré, Robert Crumb met un point final à ses aventures en publiant « Fritz the Cat Superstar ». Avili, vieillissant, corrompu par les succès faciles, Fritz ne peut pas aller plus loin. Robert Crumb a su le faire disparaître avant que ses vices ne deviennent les leitmotive creux et répétitifs d’un succès commercial aliénant.
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Yum Yum Book

C’est toujours un peu la honte de relire les trucs qu’on a écrits quelques années en arrière – et relire même des trucs écrits la semaine dernière ou la veille n’épargne personne de la honte que suscite la connerie évidente dont cette triste personne – soi-même – est animée bien contre son gré. Ayant atteint l’âge vénérable de trente piges, Robert Crumb écrit à propos de Yum Yum : « je veux juste expliquer au lecteur que j’avais dix-neuf ans et que j’étais encore puceau quand j’ai dessiné cette histoire… » Une bonne manière de respecter ses anciens écrits : respecter la personne que l’on était alors.





Que RC eut été puceau lors de la création de ce petit conte de fées, nous l’aurions deviné : de la même façon que Lara Croft avec ses nichons de plus en plus proéminents est destinée aux adolescents qui ne savent pas quoi faire de leurs érections (cela n’empêche pas que j’éprouve la plus profonde sympathie pour ce jeu vidéo de mon enfance), la Guntra de cette histoire, bien grasse, bien luxuriante et bien humide, est destinée à tous les libidineux dont la verge n’a encore jamais eu à poindre devant le regard effarouché d’une belle salope. Quand on sait que Robert écrira plus tard « Parle-moi d’amour », livre dans lequel il aborde avec douceur, humour et lucidité la relation entre sa femme Aline et lui-même, on peut voir le chemin parcouru. D’un point à l’autre on retrouve la même tendance au délire verbal, à vouer un culte à la femme qui saura transformer en homme celui qui se voyait en vilain crapaud, déjà ce goût pour les courbes prononcées et le cannibalisme amoureux. Comme quoi, se faire dépuceler ça ne change finalement pas grand-chose.

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Yum Yum Book

« du R. CRUMB haut en couleur »



le mot de la fin (ou presque) :



« ET C'EST TOUJOURS LÀ-BAS, QU'ILS VIVENT, OGGIE ET GUNTRA, DANS LA PAIX ET L'AMOUR… CE QUI PROUVE QUE VOUS AUSSI, VOUS POUVEZ ÊTRE TRANSFORMÉ DE CRAPAUD EN HOMME À TOUT INSTANT, D'UN JOUR À L'AUTRE… ET VIVRE HEUREUX JUSQU'À LA FIN DES TEMPS… SOYEZ PATIENTS ET ACCROCHEZ-VOUS ! »
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Fritz the Cat

J’ai le souvenir d’avoir entendu parler de Fritz the Cat au journal télévisé ou dans une émission de l’ORTF, et je m’étais dit, chouette, un nouveau dessin animé, et mes parents m’avaient alors répondu que ce n’était pas pour les enfants. J’ai été sage et j’ai attendu presque 50 ans pour le découvrir. C’est vrai que ce n’est pas pour les enfants…

Cette série a été publiée entre 1965 et 1972 aux États-Unis, c’est la bande dessinée qui définit le style qu’on appelle bande dessinée underground américaine. Le trait est brut, en noir et blanc, au trait, sans nuances, les personnages animaliers sont représentés avec des traits exagérés, volontairement laids. Je m’attendais à quelque chose de déjanté, graveleux, on est dans les années hippies, mais le personnage de Fritz n’est pas simplement un jeune rêvant de liberté, c’est avant tout un égoïste cynique. Robert Crumb dénonce plus la jeunesse sans valeurs, l’égocentrisme et l’insouciance, qu’il ne dénonce les dérives de la société de consommation ou la politique capitaliste. Fritz n’a pas de conscience politique ou éthique, au contraire, il est totalement politiquement incorrect, il profite de la mode du moment pour son propre intérêt, qui se limite principalement à s’envoyer en l’air, sexuellement ou avec les drogues. Cette bande dessinée est avant tout une critique de l’individualisme, les idéaux communautaires ne sont alors qu’un prétexte pour dépasser les limites, pour satisfaire des instincts primaires. L’outrance est son médium, c’est fort et n’a pas pris une ride, mais à ma grande surprise, ce n’est pas ce que je m’attendais à trouver, bien plus cynique, et pas vraiment conciliant avec la Beat Generation.

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Amerika

Cet album réunit des histoires écrites par Robert Crumb entre 1969 et 1993. Souvent acerbes et jetant un regard critique sur les Etats-Unis, elles faisaient alors partie de ce que l’on appelle la BD « underground », comme en parle si bien le principal concerné :



« ... Et quel pays de dingue où l'on peut dessiner comme on veut les choses les plus dégradantes, les plus irrévérencieuses sur les puissants, et tout le monde s'en fout ! Pas de taule, pas de poursuites... On vous exclut simplement du marché !! »



Robert Crumb s’attaque au fanatisme, à la politique, à l’écologie, au star system, sans jamais oublier de s’inclure dans les critiques qu’il fait de ces différents mondes. S’il se rend bien compte que les comportements des hommes politiques ne sont jamais tout à fait honnêtes, il déplore de son côté son manque d’idéaux politiques et une certaine forme de démission.



« Je n’y comprends absolument RIEN ! Comment autant de gens peuvent-ils être aussi cons ? On vit pourtant une époque moderne ! »



Le tout bien sûr ponctué d’un humour acide et féroce. Sur le ton de la plaisanterie, les critiques passent mieux.
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La Genèse

Crumb peut être très chiant...

Cet ouvrage, La Genèse, en est l'exemple type : mettre en image le début de la Bible, la Genèse, littéralement, au mot près... au nom près... et ce n'est que ça la Genèse, une énumération de noms et d'endroits !

Alors Crumb se fait plaisir à dessiner des femmes, des hommes, des enfants, dans des villages, des déserts... Il aime mettre en scène cette Histoire crument, sans pudeur, et c'est l'unique qualité de cet ouvrage : l'honnêteté... Mais grosse déception, aucun humour ici, même dans le dessin, réaliste. C'est une reproduction fidèle de la Genèse de la Bible par Crumb.

A voir plutôt qu'à lire, par curiosité.
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Mes problèmes avec les femmes

Tout amateur de bande-dessinée, ou tout bon freak qui se respecte, a lu ou entendu parler de Crumb : Robert Crumb, pape de la contre-culture, de l'underground des années 70... Parce que Crumb c'est du lourd. C'est du déglingué comme on n'en fait plus.

Il a dessiné les pochettes d'album de grands noms du blues, il n'a pas fait que des trucs salaces donc, mais son Mister Natural, gourou auto-satisfait et lubrique qui assène sa pensée acidifiée comme des vérités transcendantales... c'était un peu lui. Un pendant graphique de Timothy Leary, un pote à Pynchon aussi certainement, et plus sûrement, à Burroughs... Et Fritz the Cat ? Qui ne se rappelle pas de ce félin lubrique ? ^^

Son style est reconnaissable entre tous, avec ses femmes incroyablement sculptées, "pneumatiques", selon une expression consacrée dans les 60's par Huxley, avec des fessiers incendiaires et des jambes de guerrières. Russ Meyer était aussi un adepte du genre, mais faisait plus une fixette sur le devant contrairement à Crumb, qui lui, bloque carrément sur l'arrière...

Ici, sans censure, c'est pas son genre, Crumb nous raconte ses "problèmes avec les femmes" ; il revient sur sa sexualité particulière, sur son attachement aux grandes femmes à gros culs et fortes jambes (et vice et versa...), et tente d'analyser ce fantasme récurrent (chevaucher des grandes femmes) et de comprendre pourquoi il est ainsi. C'est aussi une jolie tentative pour s'excuser de sa misogynie maladive... tout en fantasmant de plus belle !

Allez, on vous pardonne tout monsieur Crumb, tant que vous garderez cette belle honnêteté héritée de vos années freak.
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Parle-moi d'amour !

Immobilisée en 1972 après s’être cassé le pied, Aline Kominsky se morfond. En plein rêve hippie, la vie lui semble soudainement moins reluisante, clouée sur un fauteuil. Pour la réconforter, Robert Crumb, son compagnon, lui propose de réaliser une bande dessinée avec lui. Et c’est le début d’une collaboration à quatre mains qui s’étendra sur trente-cinq ans et près de 260 pages. Projet qui aurait pu tomber à plat si l’histoire entre Aline et Robert avait été un feu de paille, mais ces deux là se sont bien trouvés et l’entente qui sévit sur le papier se retrouve également dans les évènements de leur vie quotidienne.







Trente-cinq ans ne s’écoulent pas sans changements, et suivre l’évolution d’un couple sur cette période permet de mettre en relief les caractéristiques de leur entente, base solide d’un bon « Manuel à l’usage des couples qui durent ». On y retrouve ainsi deux personnalités qui se complètent avec Robert, le bédéphile introverti et dominé, et Aline, la femme robuste et extravertie. Bien conscients de ce que chacun s’apporte mutuellement, ils savent aussi s’éloigner l’un de l’autre pour se pas s’entredévorer. Leur humour et leurs références culturelles s’abreuvent à la même source et se retrouvent dans des dialogues clinquants bourrés de bons mots et d’idées saugrenues. Surtout, Aline et Robert sont honnêtes et ne cachent pas les exaspérations qu’ils ressentent l’un envers l’autre ou les infidélités qui ont pu être commises…







Cette honnêteté se retrouve également dans le texte adressé au lecteur. La pudeur n’est pas de mise et l’introspection est poussée encore plus loin que dans un journal intime, puisque les pensées de l’un sont confrontées à celles de l’autre mais aussi à celles qu’ils s’imaginent naître dans les esprits des lecteurs. Mais plutôt que de craindre les conséquences d’un tel étalage de vie privée, qui passe par la mise en scène de spectacles sexuels rarement valorisants, de préoccupations futiles ou de pensées désespérées lors de la naissance de leur fille, Sophie, Aline et Robert Crumb font le pari d’assumer entièrement ce qui pourrait parfois s’apparenter à de l’obscénité si leur esprit d’insouciance et d’innocence presque enfantine ne surplombait pas le tout.









L’évolution est également intéressante sur le plan artistique puisqu’en trente-cinq ans, il apparaît clairement que les styles d’Aline et de Robert ont évolué. Les premières planches cherchent avant tout à répondre à des exigences d’ordre dramatique et les représentations des auteurs se font dans le cadre d’une histoire rythmée par un début, des péripéties et un final. Mais les années passent et, la notoriété et la confiance aidant peut-être, ils arrivent à se détacher de cette habitude et n’hésitent pas à dessiner des planches dans lesquelles ils ne font que parler, évoluant paisiblement dans leur microcosme. Le ton est alors davantage tourné à l’introspection. C’est dans ces moments-là que les dialogues sont les plus savoureux.







Pas besoin d’être passionné par l’œuvre de Robert Crumb pour se plonger dans cet album. Au contraire, ce seront peut-être ses plus fervents admirateurs qui seront déçus de découvrir un homme finalement pas aussi déséquilibré qu’on pourrait le croire à la lecture de ses autres œuvres. Un mythe qui s’éteint ? Finalement, dans la vie privée comme dans l’œuvre, Aline Crumb arrivera peut-être une nouvelle fois à prendre le dessus…


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Peter Bagge's Other Stuff

Ce tome est une anthologie regroupant 66 histoires courtes de quelques cases à 8 pages, parues dans divers comics et diverses revues, dans les années 1990 et 2000, écrites et dessinées par Peter Bagge. 14 d'entre elles sont le fruit d'une collaboration avec un autre créateur (scénariste, dessinateur ou encreur). Le tome commence avec une introduction de 2 pages de texte écrite par Peter Bagge en 2013, et restituant le contexte d'une partie de ces histoires. Ces histoires sont regroupées en 5 parties.



Groupe 1 : Lovey (26 pages, 4 histoires) - Lovey est une jeune adulte, qui fréquente des copains : André, Natalie, Knuckles. Successivement, elle demande à son copain André de se travestir avant l'acte sexuel, elle se prend de pitié pour un professeur en fauteuil roulant et ses copines aussi. Elle demande à Knuckles de faire boire André au bar pour ramener des ragots. Elle organise une soirée chez elle avec des invités choisis pour de mauvaises raisons.



S'il n'a jamais lu de bande dessinée de Peter Bagge, le lecteur se prend un grand choc. Il découvre des personnages dessinés comme s'ils sont en caoutchouc, avec des membres sans articulations, tout en arrondis, des bouches distordues pour un effet comique, habités par une forme d'hystérie comme s'ils ressentaient chaque émotion comme des enfants, avec une esthétique de dessin animé pour enfant, mais des comportements d'adultes irresponsables, sans compter que Lovey vomit régulièrement, sous l'effet de l'alcool, mais aussi sous l'effet d'une forte répulsion. Il en découle des séquences où l'hystérie règne en maître, ainsi que l'absence de retenue. Une fois habitué à cette direction d'acteurs très particulière, le lecteur peut à la fois se moquer sans retenue d'individus aussi vulgaires et pas très futés, et se reconnaître dans certaines réactions émotionnelles. Il sourit quand Lovey s'attache un harnais pénien et se jette nue sur son amant, tout en ressentant l'intensité émotionnelle qui s'empare de soi lorsqu'on brise un interdit, ici à caractère sexuel. Il comprend que ces jeunes femmes soient hésitantes entre la pitié que leur inspire le professeur en fauteuil roulant, et l'impression de se faire avoir par un pervers. Il partage leur envie de s'intégrer à un groupe de jeunes à la mode, tout en regrettant de les avoir favorisés aux dépens de leurs vrais amis. Ces 26 pages passent très vite, avec des rires bien gras mêlés à des moments de gêne en se reconnaissant dans ces attitudes.



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Groupe 2 : Rock'n'roll (10 pages, 13 histoires) - Au cours d'anecdotes en 1 page ou moins, sont évoqués l'effet des champignons hallucinogènes, Bon Scott, Malcolm et Angus Young en train de composer une chanson, Brian Wilson se faisant offrir un diner aux dépens de ses invités, l'admiration que Melissa Etheridge voue à David Crosby, la relation amoureuse entre Dennie Wilson et Christine McVie, une partie de jambe en l'air à 3 avec Buddy Holly et Little Richard, l'irruption de Sly Stone dans un studio d'enregistrement, le mauvais caractère de Frank Sinatra, etc.



Pensant s'être bien adapté aux idiosyncrasies de l'auteur, le lecteur se lance avec confiance dans le groupe d'histoires suivant. Il prend vite conscience qu'il est passé à un niveau supérieur. Les histoires font en moyenne une page et comptent de 9 à 12 cases, avec des dialogues concis et consistants, pour évoquer des anecdotes dont il est plus facile de saisir le sel si l'on est un peu familier des artistes mis en scène. Il faut deux fois plus de temps pour lire une de ces pages que celle d'un comics traditionnel, voire 3 fois plus. Les personnages présentent une allure toujours aussi caoutchouteuse, mais un peu moins hystérique. Passée la blague sur l'effet des psilocybes, Peter Kupper dépeint les musiciens sous leur pire jour ; que ce soit Bon Scott qui demande à Angus et Malcolm Young de composer sur 3 cordes, ou Brian Wilson en musicien aigri jouant les pique-assiettes ingrats. Le lecteur voit ces artistes qu'il a pu aduler sous une autre facette, débarrassés de toute forme d'admiration, ramenés à ce qu'ils peuvent avoir de plus mesquin, ou de plus banal, à commencer par leur bêtise. L'auteur s'amuse également beaucoup à opposer des individus animés de valeurs inconciliables, par exemple le père de Brian Wilson et les membres du groupe des Beach Boys.



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Groupe 3 : Collaborations (44 pages, 14 histoires) - Entre autres, Peter Bagge collabore avec Gilbert Hernandez pour un galerie de portrait d'individus égocentrés, avec Alice Cooper pour une anecdote de scène, Avec Adrian Tomine pour une caricature du créateur de comics débutant, avec Alan Moore pour l'histoire personnelle de Jughead, avec Daniel Clowes pour une soirée entre 2 couples dont chaque personne est rongée par sa culpabilité, avec Johnny Ryan pour une parodie de Dilbert, avec Danny Hellman pour mettre en scène Harvey Kurtzman, avec Robert Crumb pour une femme trouvant qu'elle a un trop gros postérieur, etc.



Associer deux fortes personnalités créatrices n'est pas toujours un gage d'une œuvre encore plus percutante. La première collaboration donne lieu à des portraits irrésistibles faisant ressortir la mesquinerie et l'égocentrisme de chacun individus épinglés, pour une vision acerbe et percutante. Au contraire, l'anecdote d'Alice Cooper (une blessure sur scène) manque à la fois de verve et d'humour. Les revers essuyés par l'auteur de comics débutant constituent une parodie acide et pointue du petit milieu des comics indépendant à tendance biographique, avec les dessins propres et cliniques d'Adrian Tomine, pour une satire inégalable. La collaboration entre Alan Moore et Peer Bagge est tout aussi acide et savoureuse, une parodie de déchéance d'une célébrité, mais il s'agit d'un pichet anthropoïde. Il faut le lire pour croire que les 2 créateurs réussissent une histoire aussi poignante et sarcastique avec un tel personnage aussi improbable. Les 4 collaborations suivantes sont tout aussi réussies : le malaise existentiel doublé d'un mépris de soi exacerbé par les dessins secs et sans pitié de Daniel Clowes, la parodie de Dilbert cassante et méchante, aussi drôle que l'original en plus acerbe, l'hommage vachard à Harvey Kurtzman, et l'étroite collaboration entre Bagge et Crumb dans laquelle ce dernier s'autoparodie avec un humour référentiel (son obsession pour les gros postérieurs) sans pitié envers lui-même.



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Groupe 4 : True facts (20 pages ,14 histoires) - Peter Bagge évoque quelques scientifiques par le petit bout de la lorgnette : Robert Brown (1773-1858, théoricien du mouvement brownien), Wallace Hume Carothers (1896-1937, inventeur du nylon), Dimitri Mendeleïev (1834-1907, concepteur du tableau périodique des éléments), Joseph Priestley (1733-1804, découvreur de l'oxygène), le major Walter Reed (1851-1902, découvreur du rôle des moustiques dans la transmission de la fièvre jaune), Taqi al-Din (1526-1585, astronome et astrologue). Il met en scène quelques considérations sur les débuts des humoristes sur scène, sur le choix d'habiter sur la côte Est ou sur la côte Ouest des États-Unis, sur ce qu'il sait de la Belgique, etc.



D'une certaine manière, cette façon d'évoquer des scientifiques majeurs au travers d'une anecdote pince-sans-rire rappelle Founding Fathers Funnies: Non-Stop Historical Hilarity consacré aux pères fondateurs des États-Unis à qui il appliquait le même traitement. Il vaut donc mieux savoir pour quelle invention ou découverte chacun de ces savants est connu pour pouvoir apprécier l'ironie du gag. À nouveau, les cases sont remplies à ras bord, à la fois par des détails sur les lieux, par des personnages habités par de fortes émotions et surjouant comme des adolescents avec les doigts dans la prise et la lecture de chaque page demande du temps pour tout assimiler.



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Groupe 5 : The shut-ins (20 pages, 19 histoires) - Chet et Bunny Leeway sont un jeune couple sans enfants vivant dans une banlieue indéterminée. Chet se lance dans la création de son site internet, mais n'arrive pas à comprendre le langage de programmation. Chet devient accro à internet au point de ne plus sortir de chez eux et de vivre en peignoir dans le sous-sol devant l'ordinateur. Le chat de Bunny et Chet est malade et a besoin d'aide pour excréter. Le quartier où ils sortent a beaucoup changé depuis la dernière fois où ils y ont passé une soirée. Leur voisine se lance dans la vente de semence de fleurs par correspondance.



Retour à des jeunes adultes au comportement obsessionnel ou irrationnel, mais cette fois-ci, ils sont installés dans leur propre pavillon et gagnent leur vie, enfin plus ou moins pour Chet. À nouveau l'exagération des acteurs est irrésistible, couplé avec des dessins en apparence tout public, et des comportements crétins, mais très humains. Le lecteur éprouve la sensation d'avoir lui aussi les doigts dans la prise du réseau branché sur la quintessence de l'humanité, dans ce qu'elle a de plus faillible et de plus touchante.



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Ce tome ne constitue pas forcément un bon moyen de découvrir les œuvres de Peter Bagge car chaque groupe relève d'une thématique différente, ce qui peut donner l'impression de sauter du coq à l'âne. Pour autant, c'est un excellent exemple de la verve visuelle de Peter Bagge, de ses dessins sans concession qui n'appartiennent qu'à lui, de la puissance comique de sa dérision, de son esprit critique qui sait mettre en évidence le ridicule de tout à chacun, y compris lui.
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Parle-moi d'amour !

J’aime bien Crumb. Depuis longtemps. J’ai connu quand j’avais 13 ans, quand je faisais du baby-sitting chez des gens adorables, des anciens hippies qui avaient fait mai 68… Et ce n’était pas des clichés ! Mais comme chez tous bons hippies qui se respectent, Crumb faisait partie de leur bibliothèque – Fritz the Cat, Mr. Natural – entre autres choses intéressantes pour une ado de 13 ans – Gotlib, Alexis, Druillet, Moebius, Jodorowsky, et des vhs aussi cultes, Vol au-dessus d’un nid de coucous, Johnny Got His Gun, Jeremia Johnson, et une discothèque à l’avenant : Zappa, Captain Beefheart, Jefferson Airplanes…etc.- J’ai passé des soirées mémorables là-bas. Ça éveille la conscience des choses comme ça… ça offre l’opportunité d’un monde « différent », moins condescendant. Le monde des adultes ne me paraissait plus aussi gris et repoussant : certains passaient même leur temps à faire les enfants !

Par la suite, j’ai lu Crumb, de loin en loin, avec affection pour cette grande asperge asociale, portant un regard tolérant et amusé sur ses errances phallocrates et obsessionnelles.

Et puis je les aimais bien moi ses grandes bonnes femmes aux culs énormes ! Je les aime toujours d’ailleurs, même si elles m’insupportent parfois avec leur air de grande génisse shootée aux hormones de croissance.

J’ai appris il y a quelques années, quand moi-même suis venue m’installer dans le sud, que Bob habitait dans le coin et qu’il faisait de temps en temps des concerts de grassroots avec ses potes musiciens… Mais je ne lisais plus rien de lui.

De retour dans une médiathèque après des années d’abstinence, je « consomme » énormément de B.D., et le choix n’étant pas très large, je me tourne vers ce vieux Crumb : « Tiens, il a sorti ce truc avec sa femme… C’est p’t’êt pas mal… ».

Rentrée à la maison, déjà je tique : en complément du titre il est écrit : par cette chose à deux têtes, Aline & R. Crumb ; Bob s’efface déjà…

Je n’avais jamais lu une seule histoire d’Aline Kominsky-Crumb. D’abord parce que les comics américains undergrounds ne sont pas faciles à trouver, encore moins ceux de Miss Kominsky, parce qu’elle n’en a publié que quelques exemplaires à chaque fois, personne ne voulant en acheter…

Je me lance donc - avec un léger apriori sur le bien-fondé de sa présence dans ce comic-book, en dehors du fait qu’elle est Mme Crumb, et qu’en tant que telle, elle a toute légitimité à s’exprimer si son cinglé de mari l’y convie – et je découvre au fil des pages l’étrange personnalité de Mme Crumb/Kominsky, « le Bunch », celle pour qui bât le pouls, à défaut de cœur, et pour qui bande ce vieux Bob depuis plus de 35 ans… C’est une sacrée rencontre… Ces deux-là sont fait pour s’entendre, c’est indéniable.

L’un est introverti, obsessionnel, grand, maigre, plein de névroses, paranoïaque, léthargique, obsédé sexuel et fétichiste venant du Minesotta, de l’Amérique profonde ; l’autre est extravertie, gros-cul, grosses jambes, grande gueule, hyperactive, nymphomane, narcissique et décomplexée, venant d’une famille juive de Long Island. Ces deux-là ne pouvaient que se rencontrer…

Et de me rendre à cette évidence : la bête à deux têtes, le duo de choc, ça fonctionne !

Sauf quand le « Bunch » prend trop le dessus - le Bunch c’est l’alter-ego à l’esprit fortement masculin d’Aline K.. Crumb est en admiration devant le Bunch, cette force de la nature. Il aime son côté autoritaire, voire totalitaire. Car Crumb aime fantasmer sur la soumission des femmes qui le dominent, et avec Aline, il peut enfin réaliser ses fantasmes, elle se laisse faire… mais elle reprend le dessus dans la vie quotidienne, et dans la B.D…

De fait, j’ai trouvé la première partie de ce gros livre (écrit et dessiné sur une période de 20 ans..) un peu trop axée sur le nombril d’Aline Kominsky… Elle a bouffé Bob. Son dessin est très médiocre, approximatif, sert des histoires ne parlant que d’elle et de ses cruels dilemmes : robe ou pantalon ? Rouge ou bleu ? Talons ou pas ? Refaire la déco ou acheter des fringues ? Faire un régime ou manger plus ?

On suit avec plus ou moins de bonheur les tribulations de nos 2 déglingos à Los Angelès. Puis arrive le bébé, Sophie. Quelques histoires sont très réussies, sans fausse pudeur, cash, on y pratique un joli auto-dénigrement, et c’est drôle.

Mais Aline a une obsession pour son corps. Elle ne parle que de ça, l’agitant sans cesse sous le nez de Crumb, qui se retrouve à n’être plus que l’ombre de lui-même. C’est pour Aline l’occasion de monter au créneau en tant qu’artiste, car dans leur milieu très arty, un peu snob, il semble inconcevable que la compagne de Crumb, cette icône de la culture beat underground, ne soit bonne qu’à baiser et à faire le ménage. Et bien qu’elle excelle dans ces activités injustement dévalorisées, et bien que ses goûts en matière d’art soient discutables, il lui faut une activité artistique pour ne pas passer aux yeux de tout leur petit monde pour la plouc juive débarquée de Long Island. Son passif familial de petite bourgeoise juive brimée par des parents immondes lui donne matière à s’extérioriser avec humour. Et elle en a.

Malheureusement, la redondance et la récurrence de ses préoccupations – gym, tenues vestimentaires, déco, harceler Crumb… tournent vite à vide, et passé le seuil de curiosité primaire pour les merdes des autres, la vie et l’avis d’Aline m’ont vite ennuyée… Et Crumb est inexistant, il ne sert que de faire-valoir à Aline.

Elle devient vraiment drôle quand elle commence à porter son regard incisif sur autre chose que son nombril… Et cela n’arrive qu’à la 2ème moitié du livre, lorsqu’ils décident de venir s’installer en France.

J’ai failli arrêter ma lecture en cours de route, fatiguée de ces incessantes jérémiades même pas funs. Et Crumb qui suivait comme un toutou, cela était très énervant à la longue…

Du coup, je feuilletais au hasard, me disant que j’allais ramener « cette daube commerciale » illico à la médiathèque. Quand soudain mon cerveau bloqua sur cette phrase :

« Je suis particulièrement contente de ne pas être aux U.S.A. en ce moment… D’abord mon mari y est traité de néo-nazi à cause d’une de ses histoires satiriques appelée « Quand les nègres et les juifs prendront le pouvoir » et ensuite le film « Crumb », un documentaire fait par un de nos amis proches, T. Zwigoff, vient de sortir et se trouve sous le feu des médias… mon pire cauchemar ! ».

Mon attention revint, ma curiosité piquée au vif : ce film-docu, j’en avais entendu parler, et je profitais de l’instant pour le regarder enfin. La claque… (Terry Zwigoff n’est autre que Daniel Clowes, créateur de génie du roman graphique « Ghost World », et réalisateur du film portant le même nom, voir ma critique éventuellement…)

Mon regard sur Crumb se modifia sensiblement. Je connaissais un peu sa jeunesse (voir « Mes problèmes avec les femmes »), mais pas du tout d’où il venait vraiment.

Tout s’expliquait enfin : son obsession pour les femmes fortes, cet air maladif et constamment ricanant, sa façon d’aborder le monde, ses relations bizarres avec les femmes, et avec sa 2ème femme, Aline. Tout prenait sens sous l’éclairage de cette incursion dans son intimité…

J’ai donc entamé la 2ème partie avec plus d’entrain. Pour info, Crumb et Aline ont mis de côté pendant des années ce projet de b.d. à deux, pour le reprendre une fois bien installés à Sauve avec leur fille Sophie, alors âgée d’environ 5 ans.

Le dessin d’Aline ne change pas, toujours naïf à l’extrême, bâclé, et celui de Crumb manque encore de vitalité, mais les historiettes se teintent d’une couleur locale très "frenchy vus par les ricains", et ce bouquin commence enfin à me plaire.

On peut même voir apparaitre dans un sketch génial, des guests de choix : Charles Burns et Art Spiegelman, qui se dessinent eux-mêmes… C’est une trouvaille savoureuse.

Et surtout on sent que Crumb retrouve l’envie de dessiner ce qui l’entoure, les maisons de village, les gens, cela reprend vie, et de fait, les dialogues deviennent plus intéressants. La France leur permet de prendre du recul, ils sont toujours centrés sur leurs ego respectifs (en même temps, c’est ce qu’on leur demande de faire, une longue plainte, un plaidoyer contre la haine de soi…) mais on sent qu’ils ont grandi.

Leur introspection se fait plus intime encore, moins condescendante, moins accommodante. Le Bunch reconnait qu’elle prend beaucoup de place. Crumb reconnait qu’il s’est laissé bouffer par Le Bunch. Et ils se lâchent en vieillissant... Les scènes hot se multiplient… sans censure ! ^^

Et puis leur travail change encore, quand ils deviennent chroniqueurs officiels pour le New-York Times ! Crumb reprend ses droits de dessinateur, et les sketchs – Le festival de Cannes, La fashion-week à New-York – sont très drôles et sacrément bien dessinés. On retrouve enfin l’esprit anar et antisocial du grand Bob, et l’esprit incisif et perçant d’Aline.

La couleur aussi fait son entrée dans le comic : les dessins d’Aline en deviennent moins laids. (Désolée ma grande, tu es meilleure en peinture qu’en dessin… ^^)

Une des dernières histoires, une des plus touchantes de ce gros pavé graphique, raconte la réunion de la famille Crumb au grand complet dans le Minesotta. Robert, Aline et Sophie y sont conviés. C’est deux univers qui se rencontrent, et qui ne sont pas si différents que ça au final… On assistera à un troublant face à face entre Robert Crumb et un cousin qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Pour Sophie, la vingtaine, cette soudaine rencontre avec ses ancêtres sera une véritable révélation. Aline quant à elle, tentera de se fondre dans le décor, sans faire de vague ni attirer l’attention sur elle, pour une fois.

Au final, j’ai bien apprécié de passer un long moment avec les Crumb. Et même si les dessins et digressions d’Aline m’ont donnée parfois un peu la nausée, j’ai bien aimé faire mon voyeur et partager leur intimité… Mais je me demande si ce genre d’ouvrage peut plaire à ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de Crumb… car j’ai l’impression qu’il faut quand même être un peu tordu pour aimer son univers si particulier, ou alors, être un hippie ! (mais au fait, c’est pas un peu la même chose… ?)

note- pour la notation ****, j'ai changé plusieurs fois d'avis... au départ, je n'avais mis que 2 étoiles. Puis devant l'effort réalisé par nos deux lascars, j'en avais rajouté une... Et au final je mets 4 **** car ils ont réussi un tour de force : rester et dessiner ensemble pendant plus de 30 ans... Bravo les tourtereaux ! ^^

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Mister Nostalgia

A travers des historiettes, personnelles, fictionnelles, ou encore documentaires, Robert Crumb nous montre sa passion pour le blues, le jazz, la country, nous décrit sa nostalgie, causée par la lente disparition - peut-être plutôt par leur évolution, de voix prise par ceux qui n'ont rien, qui dénoncent leur condition, à forme de gentrification musicale -, de ces genres qui ont rythmé toute sa vie, et qui la rythment encore au moment où il réalise ces historiettes.



Graphiquement, c'est plutôt brut de décoffrage, des traits lourds, sombres, pas de couleurs, associé à un réalisme des décors assez paradoxal, qui colle à mon sens parfaitement au sujet. Narrativement, j'ai apprécié l'autodérision dont l'auteur n'hésite pas à faire preuve, derrière cette réelle nostalgie.



Je découvrais Robert Crumb par cette BD, je ne regrette pas la découverte.
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There's no business

Mélanger Bukowski et Crumb, c'est comme mélanger le whisky et le citron. Il n'y a rien de doux, ça brûle un peu, mais c'est quand même super bon.



Quand Robert illustre deux nouvelles de Charles, l’esthétique du comic underground se met au service de la plume la plus cynique et subversive de la littérature américaine.



Je pense qu’il est assez rare de trouver un auteur et un illustrateur qui se complètent aussi naturellement. Deux hommes qui revendiquent leur goût pour le « populaire », deux magnifiques chroniqueurs des névroses de leur temps, deux dézingueurs acharnés des conventions sociales.



Si vous ressentez le besoin de vous laver du conformisme ambiant, du formatage littéraire et de la bien-pensance, je ne peux que vous conseiller ce petit livret.
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Fritz the Cat

Fritz the Cat est une BD jubilatoire: un personnage très James Bond, des courses-poursuites, des femmes, des aventures sur fond de liberté et de paranoïa, l'ambiance politique aux USA en 60's-70's.

Fritz est nonchalant comme un chat, mais rebelle, poète et séducteur, succombant à toutes les jolies rondeurs qu'il croise, des espionnes, des écervelées, des hystériques, bien sûr!

Gilbert Shelton (Les Fabuleux Freak Brothers et le chat de Fat Freddy) et Robert Crumb: deux auteurs dont les BD et les histoires collent à cette période où tous les délires étaient permis... ou presque!
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Mes problèmes avec les femmes

Cet album est une sorte de recueil de plusieurs carnets de dessin de Robert Crumb réalisés entre 1965 et 1999. L’ensemble traite essentiellement des relations particulièrement obsessionnelles de l’auteur avec les femmes, plus précisément les femmes bien bâties, musclées, aux hanches et poitrines bien formées. Robert Crumb raconte ses propres expériences de la passion et du désir sexuels (amoureux pas forcément…) depuis sa découverte des réactions incontrôlées de son corps devant les atouts exceptionnels de la gent féminine devenue alors un simple, mais ô combien vénéré, objet de consommation, et après une enfance placée sous le signe de la culpabilité d’une éducation catholique forcément prude et pudibonde. Pas d’hypocrisie chez Crumb, pas de maniérisme ni de faux-semblant, il s’expose ouvertement et avec beaucoup d’humour, nous permettant de mieux comprendre ce que nous sommes : des êtres de chair et de sang, confrontés à des pulsions, réagissant à des stimulis, paradant comme des coqs devant un parterre de belles poules, dressant la crête, tirant le cou et levant le bec. Mais au-delà de cette éternelle question pulsionnelle, l’auteur dresse aussi un tableau caustique de la société américaine des années 1960 et surtout du mouvement hippie.

A la manière d’un Woody Allen, Robert Crumb, derrière sa pseudo psychanalyse nombriliste, se dévoile comme un artiste profondément ancré dans son époque et sa société.

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La Genèse

Robert Crumb, figure de proue de la bande dessinée underground américaine, revient dans les bacs avec «Genèse», un ouvrage épais (200 pages) où il se borne à interpréter le premier livre de la Bible sans chercher à y insérer ni sa satire habituelle, ni ses obsessions sexuelles ni sa subversion. Déclin me direz-vous ? Pas du tout ! Parti à l'origine pour faire grincer les dents de ses contemporains, il s'est rapidement rendu compte, en (re)lisant le texte, de la nécessité d'une retranscription visuelle fidèle : «À l'origine, je voulais faire une adaptation satirique d'Adam et Ève. Mais en relisant la Genèse, je me suis dit que c'était un texte d'une puissance si grande, qu'il n'était aucunement besoin d'en faire une adaptation."



Cette fidélité volontaire à l'oeuvre initiale invite le lecteur à se plonger dans un texte difficile, repoussant, et, par voie de fait, à le saisir non plus comme un objet intouchable, sacré, mais comme un objet historique : la matérialisation, par le dessin, de la situation banalisée de l'esclavage, la description des mariages, la mise en perspective d'un Dieu paternaliste, etc. : le dessin de Crumb, par son goût prononcé du détail, dépouille le texte de sa sacralité pour mieux le réintroduire dans le giron des affaires humaines.



Il révèle, matérialise une société holiste, où la subjectivité n'a pas sa place : les expressions sont figées, la parole est monopolisée, la sphère publique absente. Rien qui fasse penser aux moeurs démocratiques en somme ! C'est précisément en cet endroit, en cette volonté de fidélité au texte, que l'auteur réintroduit finalement son goût immodéré pour la satire : «je ne crois pas que la Bible soit la parole de Dieu. Je crois que c'est la parole des Hommes. Néanmoins, c'est un texte puissant avec plusieurs strates de sens qui plongent profondémment dans notre conscience collective, notre conscience historique si vous voulez» nous dit-il.



Ainsi, pas besoin de sortir du texte pour ironiser. Il suffit de le mettre en image pour y parvenir : la sacralité du texte ne résiste en effet pas une seconde face au pouvoir historicisant du dessin réaliste. «Pas besoin d'en faire une satyre, c'est déjà de la folie furieuse» nous rappelle Crumb, signifiant par là l'absurdité des partisans d'une interprétation littérale des Livres des grandes religions, partisans en fait d'un monde déterminé, totalitaire.



Pari réussit donc pour un auteur qui n'a eu de cesse de rappeler - je pense aux multiples facettes que Crumb donne à voir de lui même dans des oeuvres telles que «Mr. Snoïd» ou «Mes problèmes avec les femmes» -, combien l'Homme est enclin à l'aliénation, à la soumission et aux illusions rassurantes induite par tout manichéisme.
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Mr. Natural

Du vieil humour de Crumb, l'homme qui aime les femmes fessues et musclées. Toujours indécent et provocateur, un brin raciste, mais son coup de crayon est inimitable et tout le monde en prend pour son grade. Personnellement, je trouve que ce style a mal vieilli.
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Yum Yum Book

Hum, comment résumer cela...

Une grenouille grimpe le long d'un haricot géant, arrive sur une autre planète, rencontre une humaine bannie pour avoir mangé la maison en pain d'épices d'une sorcière. Notre grenouille tombe amoureux de cette humaine qui ne cherche qu'à le manger.

Il est obligé de la fuir, elle le retrouve et veut le boulotter, il la sauve, elle l'embrasse et POUF ! un garçon.

Et ils vécurent heureux.

Et, euh, c'est complètement déjanté !
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Mes problèmes avec les femmes

La couverture de ce Crumb en dit beaucoup sur le personnage. Il évoque dans un premier temps ses années au collège et au lycée, de façon très drôle. La suite sur ses aventures psychédéliques au LSD paraissent beaucoup plus fouilli. Un ouvrage grand format et souple à lire pour les amateurs du personnage hors norme.
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