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Critiques de Robert Solé (61)
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Une soirée au Caire

Charles, le narrateur, journaliste, revient au Caire pour des reportages sur des découvertes archéologiques. Cela fait cinquante ans que la tribu Batrakani à quitté l'Égypte après l'arrivée de Nasser au pouvoir. La famille avait prospéré grâce à la fabrication de tarbouches, couvre-chef typique d'Égypte, et Georges le patriarche avait bâti son empire avant d'en voir le début de déliquescence. Charles séjourne chez Dina, sa tante par alliance, la seule de la famille Batrakani à être restée au pays. Une femme fantasque, vivant sur un grand pied, se croyant encore au temps de la gloire de la famille. Pour fêter le retour de ce neveu, elle décide d'organiser une soirée digne du faste du temps de la grandeur de la famille. Au fur et à mesure de la préparation et du déroulement de la soirée, tous les souvenirs reviennent comme autant de joie ou de tristesse, une soirée où même les survivants participent à entretenir le passé.



Une très belle surprise que ce roman, plein de nostalgie, qui convoque les souvenirs d'enfance du narrateur, qui se confronte à la réalité et la déformation de ses souvenirs et de ses sensations. Un récit qui met en lumière une galerie de personnages hauts en couleurs, à commencer par Dina, extravagante, qui semble aveugle à la décrépitude de la maison familiale et qui entretient toujours un faste de plus en plus difficile à organiser. C'est également la vie de la diaspora - ici syro-libanaise - mais qui s'applique à tous les exilés, certains ne voulant surtout pas revenir sur les lieux de leur enfance de peur d'être meurtris par le changement, dénaturant à jamais leurs souvenirs, d'autres qui continuent à entretenir un lien, s'adaptant plus ou moins bien aux mutations. C'est également l'occasion pour Robert Solé d'égratigner les égyptologues qui s'intéressent plus au passé qu'au peuple égyptien qui souffre, les expatriés installés au Caire et ne connaissent rien du pays, ou des affairistes de tout poil. Mais on retrouve surtout dans une soirée au Caire, la faconde, l'extraversion moyen-orientale, les disputes la mauvaise foi, mais également le sens de la fête, de la vie au jour le jour, l'épicurisme et la joie de vivre.

J'ai passé un moment merveilleux pendant cette soirée au Caire...
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La Mamelouka

Très dépaysant, ce roman au titre énigmatique nous transporte en Egypte dans la dernière décennie du XIXème siècle. Un pan d'histoire que personnellement je ne connaissais pas du tout.



Et pour cause, je ne pense pas qu'on nous ait beaucoup parlé sur les bancs de l'école de la colonisation de l'Egypte, d'abord sous domination française puis britannique mais relevant de l'empire ottoman et ayant un prince "de paille" à sa tête. Vous dire si c'est d'un compliqué ! Et pourtant l'auteur, Robert Solé, qui maîtrise bien son sujet sans assommer le lecteur de son érudition, parvient à nous intéresser à ce contexte politique complexe et nous faire même vivre la guerre du Soudan qui opposa les madhistes à l'armée britannico-égyptienne.



A travers le regard d'un couple de photographes de la communauté gréco-catholique des Syriens d'Egypte, le lecteur découvre la vie quotidienne des Cairotes et les différentes communautés qui composent alors la société égyptienne. En plus de traiter de l'histoire personnelle de Milo et Doris tout en exposant ce qu'était la photographie à cette époque et son évolution rapide au gré des progrès techniques, Robert Solé nous dépeint avec réalisme et simplicité des scènes officielles et officieuses tantôt édifiantes, tantôt humoristiques.



A défaut de m’être vraiment attachée aux personnages, j'ai été heureuse de me coucher moins bête après la lecture de ce roman, et c'est bien là un des enjeux principaux de la littérature.





Challenge Globe-trotter 2019

Challenge MULTI-DÉFIS 2019
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Le tarbouche

Fort justement récompensé par le Prix Méditerranée 1992, le Tarbouche de Robert Solé est un roman passionnant .

La famille Batrakani est l' une des nombreuses familles chrétiennes implantées en Egypte depuis plusieurs générations. Syriens gréco-catholiques c'est ainsi qu'ils se définissent. Charles , l'arrière petit-fils d'Elias Batrakani , est la mémoire de la famille . de la guerre anglo-égyptienne en 1882 à la proclamation de la République en 1953 , la famille vit , ressent, subit toutes les secousses . Principal signe de cette révolution la disparition inéluctable du tarbouche , coiffure identitaire et symbolique de l' Egypte au grand désespoir de Georges Batrakani à la tête de la plus propre manufacture de tarbouches. Robert Solé , lui même né en Egypte, avec son talent de conteur redonne vie à cette Egypte pleine de douceur et de beauté , du moins aux yeux des nantis de l'époque, presque tous étrangers et non-musulmans. Certes il s'agit d'un roman mais le journaliste écrivain est rigoureux et précis , ce qui donne à ce récit une valeur ajoutée .Un très agréable moment passé en compagnie des Batrakani dans ce merveilleux pays.

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Les méandres du Nil

Octobre 1836 Paris. L'obélisque de Louqsor (ou Louxor) est implanté place de la Concorde, en présence du roi Louis-Philippe. Ce roman, fort bien écrit, nous raconte de façon romancée mais également fort bien documentée, les affres et les difficultés du voyage de ce célèbre monument monolithe de l'Egypte à Paris. Nous suivons les tourments de Justin, natif de Landerneau et passionné d'égyptologie suite à l'engouement suscité par Champollion, embarqué inopinément dans cette épopée...
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Les savants de Bonaparte

Je croyais avoir à faire à un roman mais c'est plutôt un documentaire qui relate l'expédition napoléonienne en Égypte entre 1798 et 1801. Napoléon n'est pas encore empereur et il agit donc comme chef de l'armée d'Orient. Du point de vue politique, on devrait parler de campagne d'Égypte. du point de vue culturel et scientifique, on parle plutôt d'expédition et c'est surtout cet aspect que je connaissais car c'est celui que l'on met souvent en avant puisqu'elle fut un immense succès. Qu'on pense seulement à la pierre de Rosette qui a permis le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion. Par contre, on se souviendra aussi qu'elle est conservée au British Museum: c'est que l'Angleterre a infligé à la France de sérieuses défaites militaires (à la célèbre bataille d'Aboukir, entre autres). le propos de ce livre est historique mais, sans ignorer l'aspect militaire, il met l'accent, comme le titre l'indique sur le travail remarquable qu'ont effectué les savants qui se sont joints à l'armée de Napoléon. Il m'a permis de rendre un peu plus humains ces immenses savants que furent Monge, Fourier, Geoffroy St-Hilaire, pour ne citer que les plus connus…. Pour résumer mon impression, j'ai été, certes, intéressée mais pas enthousiasmée, le style documentaire m'ayant quelque peu ennuyée. Je reconnais cependant l'immense travail que l'auteur a dû fournir pour donner une image, somme toute, assez synthétique du travail minutieux de 167 savants, ingénieurs et artistes embarqués dans cette expédition qui a duré pour eux deux ans et demi.
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Le grand voyage de l'obélisque

Cette lecture est l'aboutissement d'une longue gestation.

A sa sortie je crois, l'auteur était invité à en parler dans une émission de radio.

Le sujet m'avait immédiatement intéressé et la manière dont il en parlait lié aux qualités de sont intervieweuse avaient dangereusement distrait mon attention... j'étais au volant ! j'avais frôlé l'accident.



Je m'étais néanmoins promis de me le procurer rapidement et puis le temps à passé, le projet remontait à chaque fois que je croisais l'Egypte en lecture ou à la télévision et puis j'oubliais.

C'est en terminant la biographie de Champollion que j'ai mis fin à quinze années de procrastination.



Le bébé a tenu ses promesses, le voyage de l'obélisque se lit comme un roman d'aventures. C'est aussi l'occasion de découvrir un peu de la vie politique et sociale de l'Egypte et les moyens techniques dont disposaient les ingénieurs en ce milieu du 19eme.



L'auteur n'oublie pas le microcosme français, il expose avec humour les menées politiques visant à décider qui était en charge de quoi, quel nom devait figurer sur le socle et à quel niveau.

Il nous suggère que la complexité de ces manoeuvres n'avait rien à envier à celle des moyens mis en oeuvre pour abattre, transporter puis finalement ériger l'obélisque tout en ironisant sur la persistance de ces puériles luttes de préséance de nos jours.



Solé n'abandonne pas le monument une fois dressé sur la place de la Concorde, il l'accompagne jusqu'à nos jours et nous fait même la photo de famille des obélisques "en activité" autour du monde.



Excellente lecture.
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Mazag

L'entrée en matière intrigue et invite à poursuivre la lecture. Alors qu'il apparaissait au départ comme un magouilleur, on s'aperçoit finalement que Basile Batrakani est un bon gars… et on se lasse assez vite de la description de ses bons coups: les gens heureux n'ont pas d'histoire; pas d'intrigue donc dans ce roman, pas de rebondissement ni de coup de théâtre qui tiennent le lecteur en émoi. La fin est à l'image du personnage qui meurt tranquille, au milieu de ses amis, avec le sentiment du devoir accompli.

On peut lire le roman comme un conte philosophique d'où se dégage une morale universelle et c'est ce qui sauve l'ensemble. Je reconnais que l'écriture n'est pas désagréable mais le ton narratif, m'a paru suranné.

Vous l'aurez compris: ce roman n'a pas éveillé en moi un enthousiasme inconditionnel pour cet auteur. Je me promets cependant de lui donner un seconde chance.
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La pierre de Rosette

Excellent livre qui se lit facilement et qui est rempli d'informations essentielles pour tous les passionnés d'Egypte.

Très bonne documentation, indispensable pour ceux qui veulent découvrir comment l'écriture en hiéroglyphes a pu être déchiffrée.

L'ultime étape est d'aller ensuite, après la lecture de la dernière page du livre, découvrir la pierre de Rosette au British Museum.
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La pierre de Rosette

excellente histoire de la pierre de rosette

de l'étude des hiéroglyphes

du talent de Champollion

même si très technique
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Une soirée au Caire

Une très bon moment : une ambiance, une lumière, de la cuisine, du sable et des souvenirs.

L'auteur nous convie chaleureusement aux repas dominicaux de la famille. On suit en parallèle, l'enfance heureuse de l'auteur au Caire et ses retours multiples des années plus tard à la recherche de ce paradis perdu.



Ce livre me plait d'autant plus que la quête de l'identité lorsque l'on est partagé entre deux rives me touche particulièrement. Et c'est écrit avec beaucoup de finesse, ce qui nous évite les pleurnicheries schizophréniques que l'on retrouve souvent dans ce genre de littérature.
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Les méandres du Nil

J'ai lu ce livre essentiellement parce qu'il racontait l'épopée de l'obélisque de la place de la Concorde. Méhémet Ali a fait don à la France des deux obélisques qui se dressaient à l'entrée du Temple de Louxor en Egypte. La préparation du voyage, la construction d'un bateau spécial, la remontée du Nil jusqu'à Louxor, le descellement de l'obélisque de son socle en Egypte; l'acheminement de celui-ci jusqu'à la Méditerranée et ensuite son périple jusqu'au Havre pour enfin remonter la Seine et être hissé sur la place de la Concorde. Voici quelques unes des étapes de ce rocambolesque mais véridique périple. Finalement un seul obélisque a été ramené en France, l'entreprise étant pharaonique. Le deuxième obélisque est resté propriété de la France jusqu'à l'avènement de François Mitterand à la Présidence de la République française lorsque celui-ci l'a restitué à l'Egypte. L'ouvrage de Robert Solé comporte d'autres facettes que je n'évoquerai, pas dans ce billet, intéressée uniquement par l'obélisque. Il convient de souligner que j'ai lu cet excellent ouvrage sur place à Louxor au pied du 2è obélisque au bord du Nil au soleil couchant. Ambiance magique.
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Hôtel Mahrajane

J'ai beaucoup aimé ce livre si bien écrit ! Une réalité sociale et familiale qui évolue dans le temps, l'histoire pleine d'humour, d'amour et fabuleuse de la famille de l'auteur dans une ville imaginaire dont le lieu de rencontre est l'imaginaire Hotel Mahrajane jusqu'aux événements de 2011 qui ont changé la face de l'Egypte ! Je n'avais encore jamais lu de livres de cet auteur et cela me donne envie d'en lire d'autres. Je recommande vraiment ce livre paru 2 mois après la révolution qui a renversé Moubarak ! Tout au long du livre on voit l'Hôtel Mahrajane se modifier ainsi que les personnages.
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La pierre de Rosette

La pierre de Rosette a été la clé pour arriver à déchiffrer les hiéroglyphes. Mais il ne faut pas croire que de l'avoir découvert à permis d'y arriver sans effort et d'un coup. C'est cette quête que nous racontent les auteurs. Un essai qui se lit presque comme un polar où acharnement, rivalité mais également amitié, persévérance et collaboration ont permis cette avancée majeure pour l’archéologie, l’histoire et la linguistique! Un livre à lire par tous les curieux...
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Dictionnaire amoureux de l'Egypte

Robert Solé est né en Egypte et il en a gardé la marque. Son dictionnaire fait la part belle à l’Egypte moderne (aidé en cela par sa carrière de journaliste) et à juste raison car tant d’écrits furent consacré à l’Egypte des Pharaons qu’il n’est pas nécessaire de lui donner la première place et l’Egypte ne se réduit pas à son passé . Mais celle-ci n’est pas oubliée pour autant .
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Les méandres du Nil

Robert Solé signe un roman historique fascinant à tomber par terre, dans une écriture pailletée d’une grande érudition et de détails historiques. 329 pages exaltantes, qu’on lit diligemment envouté par les mystères et la magie du Nil qui opère et scintille tout en faisant son lit entre les phrases propices aux cartes postales ambrés de temple, Alexandrie, les villes défilent au grè des escales, les égyptiens, et les anecdotes passionnantes sur ce fabuleux voyage, on est vite transporté, happé par Les méandres du Nil.

L’obélisque fut implanté au coeur de Paris sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836, en présence du roi Louis-Philippe Ier. Apollinaire Lebas, utilisa un système de contrepoids et les muscles de 350 artilleurs.
Lien : https://www.instagram.com/sa..
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Une soirée au Caire

N°471– Novembre 2011

UNE SOIRÉE AU CAIRE – Robert Solé - Le Seuil.



Charles, le narrateur, se souvient que sa famille avait quitté l'Égypte qu'elle avait tant aimée, comme des parias. Mais à partir de ce moment, le monde qui s'offrait à eux leur appartenait et ils n'allaient pas tardé à le conquérir.



A la mort de son oncle Michel, Charles, journaliste français, avait recueilli ses cahiers de souvenirs, sorte de journal intime et de témoignage de ces années bénies d'avant le départ. Pourtant, ce document resta longtemps dans un coin sombre sans que personne ne s'en préoccupe. Lui-même avait longtemps cultivé une amnésie volontaire malgré de fréquents retours dans ce pays « Notre monde a disparu, dit-il, mais je continue pourtant à guetter les battements de son cœur et ses sourires ». A l'occasion d'un retour au Caire, officiellement pour des recherches sur Bernard Bruyère, un égyptologie français qui y mena des fouilles dans l'entre-deux-guerres, Charles, 58 ans, choisit de revivre ses propres souvenirs d'enfance. Que reste-t-il de cette période ? Une maison, jadis propriété de son grand-père maternel, Georges Bey Batrakani. Elle est habitée par Dina, qui, en gardienne du temple, entretient la mémoire du lieu. Elle est sa tante par alliance, la veuve d'Alex, son oncle, un infatigable flambeur et coureur de jupons. Dina, malgré son âge avancé le fascine. C'est encore une belle femme qui le reçoit dans cette maison. Par la magie du souvenir, des photos et des extraits de ce journal, il les revoit tous comme avant dans cette maison. André, le père jésuite, Paul qui pensait à la Suisse où il finit par s'établir, Michel, le rêveur qui était resté célibataire, le vieux chauffeur de son grand-père, Yassa, qui avait la particularité de ne pas savoir conduire et avait «  appris en 1954 sur une Aston-Martin décapotable », ceux qui étaient au service de leur famille... Mais aussi Henri Touta, le grand oncle qui truffait sa conversation de citations latines, était consul d'une petite république d'Amérique Centrale et même anobli par le Vatican, ses grands parents maternels, particulièrement Georges qui a été nommé « Bey » à cause des « tarbouches » qu'il fabriquait, cette coiffure emblématique de l'Égypte d'alors... Mais tout cela c'était avant, avant le putsch de Nasser qui en supprima le port parce qu'il incarnait trop l'ancien régime ! Puis ce fut le départ de la famille pour le Liban...  « Nous avons quitté l'Égypte en masse au début des années 60 « sans tarbouche ni trompettes », comme l'écrit Michel dans son journal ». C'était une page qui se tournait.



Maintenant Dina, qui n'est qu'une pièce rapportée comme disent les gens qui manquent d'éducation, évoque pour lui son enfance, ses fiançailles, son mariage avec Alex, sensiblement plus vieux qu'elle. Elle est revenue du Liban à cause de la mort de son mari, d'une histoire d' amour contrariée et de la guerre, pour habiter cette grande maison transformée en musée.



A l'inverse des autres membres de cette famille qui préféraient « mourir avec de beaux souvenirs », les six enfants de Georges, qui eux aussi ont eu une descendance, se sont répandus de par le monde. Charles, qui n'était que le fils de Sélim, le gendre de Georges, mais son successeur choisi, était revenu plusieurs fois dans cette maison du Caire où Dina le charme toujours, mais cette fois elle va donner une soirée amicale à laquelle est conviée l'équipe archéologique à laquelle participe Charles. Ce sera donc cette « soirée au Caire » où il retrouve des membres de sa parentèle, d'anciens amis, des admirateurs de Dina. Il va à la rencontre de l'Égypte d'aujourd'hui [« Ce pays est en train d'étouffer entre les fous furieux qui mettent de la religion partout et un pouvoir épuisé et largement corrompu » avoue Amira ], du lointain souvenir de la présence et de la culture françaises. Il se sent maintenant comme un étranger dans ce pays qui fut pourtant le sien, se perd en conjectures, en face d'une photo jaunie, sur les relations qui ont pu exister entre son propre père et cette tante Dina si troublante ! Bref il va à la rencontre de souvenirs qui maintenant appartiennent à un passé définitivement révolu. De plus, il faudra bien se résoudre à faire éclater cette indivision qui dure depuis si longtemps, vendre cette maison, transiger avec Dina... C'est Charles qui s'est proposé pour cette délicate mission... Heureusement la mémoire de toutes ces années sera préservée avec en plus le charme d'Amira qui vient illuminer le présent et peut-être l'avenir !



C'est un roman plein de nostalgie de l'enfance, du regret des belles années passées, de réalisme aussi mais la madeleine proustienne a pourtant perdu un peu de son goût et ce monde n'est plus qu'un souvenir«  Il y a dans nos familles d'exilés beaucoup d'affabulateurs et d'amnésiques ... Les uns et les autres ont tourné la page sans l'avoir toujours bien lue» écrit le narrateur évoquant le départ, le déracinement, les hasards, l'évolution des événements, les erreurs peut-être?



J'avais déjà apprécié « le tarbouche » du même auteur (la Feuille Volante n° 119). J'ai retrouvé avec plaisir cette saga familiale, la vie personnelle de l'auteur nourrissant sa démarche d'écriture, cette dernière exorcisant son passé. J'ai apprécié le style fluide, simple et agréable à lire avec lequel elle est ici contée.







©Hervé GAUTIER – Novembre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Une soirée au Caire



Avis et commentaires :



De cet auteur, j'avais lu un ouvrage passionnant d'érudition "L'Egypte, passion française" et découvert ainsi un des meilleurs écrivains français contemporain, d'origine egyptienne. Je peux dire qu'à la fin de ce livre, je me suis précipité sur un autre de ses livres, assez proche de celui-ci "Le Tarbouche" qui me paraît complémentaire, tant l'histoire de cette famille d'origine libanaise et chrétienne est riche et m'a fait découvrir l'histoire moderne récente de ce pays si attachant et déroutant.



Cette histoire récente est celle que nous relate Charles, journaliste français aux attaches egyptiennes, bien qu'il ait dû à l'image de sa famille, quitter précipitament ce pays alors qu'il était encore jeune, à travers l'histoire du patriarche Georges "Bey" Batrakani,et de sa fantastique réussite commerciale avec ses tarbouches.

Par ses voyages périodiques en Egypte, à travers les lettres de son oncle et surtout des souvenirs de sa tante Dina, la seule à être rester en Egypte et à y mener encore une vie assez mondaine dans la demeure familiale, seule vestige de l'époque de la splendeur, nous fait partager la grandeur et la déchéance de sa famille au contact des évènements politiques, militaires qui vont bousculer violemment l'Egypte moderne.

Les destins de Georges, de sa femme et de ses fils si dissemblables se croisent le plus souvent violemment avec les conflits régionaux (nationalisation du canal de Suez, Guerre de six jours) et la succession des hommes politiques qui vont bousculer la société traditionellement calme et tempérée de ce pays (Nasser, Sadate...)

Comme souvent, ces expatriés qui sont arrivés sans un sou, fort de la culture orientale avec un profond sens du commerce et des affaires vont faire fortune, se faire accepter voir admirer par la société egyptienne dominante mais restent des étrangers et on va le leur faire payer aux premiers revers et changements politiques.



Par touche sensible, d'une écriture fluide et attachante, les souvenirs se bousculent, s'emboîtent, et les émois de Charles se bousculent, nous rendant cette famille bien attachante. Amours, hobbys, passe temps de chacun sont décrits avec un certain talent. Et le dernier chapître de cette dynastie, va s'imposer avec l'annonce de Charles de vente de la maison familiale lors d'un dernier repas à Dina.



Excellent partenariat à nouveau et pour moi une note de 8 / 10.
Lien : http://passiondelecteur.over..
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Mazag

Nous sommes dans les années 60. Le narrateur, originaire d'Égypte, part poursuivre ses études à Paris. Dans cette ville tentaculaire, il ne connaît personne et peine à trouver un logement. Il fait alors appel à un cousin éloigné, celui que l'on appelle au pays BB, Baba, Baby ou plus conformément à son état civil : Basile Batrakani. Selon la rumeur, cet homme, ayant effectué le même voyage que lui dix ans auparavant, tiendrait Paris dans la paume de sa main. Il serait celui par qui tout devient possible.



Et effectivement, quand il se tourne vers lui, et après un accueil chaleureux, BB ne tarde pas à lui trouver le logement tant espéré à un loyer défiant toute concurrence.



Heureux mais sur ses gardes, notre héros tente de se faire un peu oublier. Un tel service, ce n'est pas gratuit et un tel pouvoir ne s'obtient pas innocemment. Mais lorsque BB se rappelle à lui pour lui demander de garder l'appartement d'un ami qui possède "des objets de grande valeur", celui-ci n'ose pas refuser. Dans ce grand appartement aux nombreuses portes fermées, il s'acquitte de sa tâche intrigué par d'étranges appels téléphoniques et un curieux paquet déposé.



En parallèle, il tente de percer le mystère BB. Marionettiste aux milles ficelles ou hédoniste, amoureux des rapports humains ? Qui est cet homme de l'ombre à l'influence, semble-t-il, sans limite?



Comme sculptant dans un bloc de glaise, Robert Solé nous révèle par strates de plus en plus précises, les contours de son personnage phare. À la fois central mais décrit par un autre, le processus rappelle celui employé par Fitzgerald pour approcher Gatsby. Comme dans cet illustre classique, il contribue à parer cet homme d'une aura de mystère et de fascination.



Si l'on peut regretter un manque de rebondissements contrairement à ce que pourrait laisser attendre les premiers chapitres, on se laisse pourtant happer par l'aspect philosophique revêtu dans ce texte. Sa manière de concevoir l'altérité et la notion de service se précise au fur et à mesure que le narrateur anonyme se rapproche de son bienfaiteur et que ce dernier, plus habitué à écouter, se laisse aller à lui parler davantage de lui.

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Les méandres du Nil

Les méandres du Nil est un roman historique fort bien documenté qui permet de découvrir cette fabuleuse expédition pour rapporter l'obélisque de Haute Egypte jusqu'à Paris et bien sûr son installation place de la Concorde. En parallèle, l'histoire d'amour épistolaire entre deux jeunes gens avides d'aventures et de liberté, est très belle. Autre intérêt du roman pour moi, les explications sur le Saint Simonisme et la recherche d'émancipation des femmes de cette époque. En conclusion, un roman à découvrir pour comprendre cette belle expédition, voyager en Egypte (et explorer ou se souvenir des paysages du Nil), et s'émouvoir d'une jolie histoire d'amour.
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Une soirée au Caire

Charles Batrakani, parti d'Égypte comme (presque) toute la famille quelques années après la crise de Suez de 1956, vient visiter sa tante Dina, restée au pays contre vents et marées dans la vaste demeure familiale d'Héliopolis. Au cours d'une soirée, les souvenirs vont défiler, alimentés par le trouble causé chez le narrateur par cette femme, très belle, qui a chaviré le cœur de plus d'un homme dans le microcosme cairote. Au fil des cahiers rédigés par Michel, l'oncle et parrain, et poursuivis après sa mort par le narrateur lui-même, c'est presque un siècle de l'histoire contemporaine de l'Égypte qui va défiler sous nos yeux. Dans une langue raffinée, Robert Solé décrit les rapports complexes qui s'établissent entre les membres d'une même diaspora, aux parcours divergents mais toujours habités par le sentiment d'appartenir à une même famille, au-delà des barrières de la langue et des inimitiés qui se tissent au fil du temps. Une fine analyse psychologique, une belle leçon d'humanité, et un art de raconter qui nous rend attachants même les personnages les plus secondaires. Écrit juste avant la révolution du 25 janvier, "Une soirée au Caire" nous éclaire sur une Égypte loin, très loin des clichés touristiques, un creuset culturel unique au monde…
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