Lorsque Ptolémée Épiphane (dynastie des Lagides) environ deux siècles avant notre ère, édicta son décret et ordonna de le faire graver aux quatre coins du royaume d'Égypte, il ne se doutait pas que grâce à lui, nous aurions la possibilité de lire les hiéroglyphes et connaître l'antique histoire de ce pays millénaire. Et quand 2000 ans plus tard, en juillet 1799, le soldat Bouchard sortit du sable une énorme pierre (plus de 700 kg) en granit noir, il se douta très tôt que sa découverte était d'une grande importance. Malheureusement, après bien des péripéties dont la défaite de l'armée française à Canope qui mit fin à la campagne d'Égypte de
Bonaparte, la pierre fut considérée comme une prise de guerre et gagna l'Angleterre qu'elle ne quittera plus.
Gravée de trois façons différentes, l'une en grec, facilement déchiffrable, la deuxième en hiéroglyphes, celle dont on ignore tout, sinon qu'elle est très belle et orne tous les temples, murs, colonnes et plafonds, les papyrus également dont on ne sait pas ce qu'ils peuvent bien signifier… La troisième écriture, “démotique”, est inconnue en tant que telle, mais sans doute plus abordable. Et c'est celle-ci qui se révélera être la clé du déchiffrage, car on sait déjà que les trois textes disent la même chose et on aura un angle d'attaque pour les hiéroglyphes.
Cette belle histoire est racontée, non comme un roman ou une enquête policière (comme aime à le faire
Christian Jacq), mais comme un journal par deux spécialistes de l'Égypte.
Dominique Valbelle, spécialiste de papyrologie et d'égyptologie et
Robert Solé, écrivain et journaliste d'origine égyptienne, nous livrent les rebondissements de cette aventure cruciale pour la compréhension de la vie à l'époque des pharaons. Depuis le contexte historique de la campagne d'Égypte de
Bonaparte, jusqu'à la géniale intuition de
Jean-François Champollion et surtout son travail acharné, nous suivons pas à pas les progrès de cette quête. Et quand le 27 septembre 1822 il écrit la « Lettre à M. Dacier* relative à l'alphabet des hiéroglyphes phonétiques », c'est une victoire sur l'histoire et sur ses concurrents dont
Thomas Young le britannique, vengeant ainsi la prise de guerre de
la Pierre de Rosette.
Enrichi de documents iconographiques et de notes thématiques, ce livre se lit très facilement, est à la portée de tous, et qui plus est est à la fois concis (200 pages) et complet. Amis égyptophiles, à vos crayons !
*Directeur de l'Académie des sciences morales et politiques