Citations de Roger Zelazny (471)
Les cartes étaient exactement celles que j'avais vues chez Flora. Elles nous représentaient derrière une pellicule glacée. Elles étaient froides, je savais maintenant pourquoi. je les battis et les étalais devant moi, au hasard. en les retournant, je vis que des évènements graves allaient s'abattre sur la famille. je ramassai les cartes.
Sauf une.
Celle qui représentait mon frère Bleys.
Dans Hagakure , Yamamoto Tsunemoto déclarait que la Voie du Samouraï est la Voie de la Mort, que l'on doit vivre comme si son corps était déjà dans le sommeil éternel pour atteindre la liberté totale.
Seuls les incertains et les hésitants ont besoin de se justifier : je fais ce que je dois.
Chaque moment se suffit à lui-même, quoique tous nécessitent leur passé.
Telle est la leçon apprise à Hodogaya : s’occuper du présent. Ne pas essayer de parfaire ses idéaux. Savoir quand s’abriter de la pluie.
Betty nous a fait une démonstration pendant le déjeuner. Ce dialecte est un magma de sonorités bizarroïdes. Elle disait que parler le martien, c'est comme de faire les mots croisés du Times à l'envers en essayant d'imiter des pépiements d'oiseaux en même temps.
("Une rose pour l'Ecclésiaste")
La nuit, Vénus est une étendue d'eau noire. Sur le littoral, on ne sait jamais où s'achève la mer et où commence le ciel. Versez du lait dans un encrier: vous avez l'aurore. Ce sont d'abord des grumeaux blancs qui deviennent filamenteux. Vous agitez l'encrier pour obtenir un colloïde grisâtre. Attendez qu'il s'éclaircisse encore un peu. Et puis, d'un seul coup, vous obtenez le jour. Il ne vous reste plus qu'à chauffer le mélange.
("Les portes de son visage, les lampes de sa bouche")
Dans un monde placé sous le signe du bien-être matériel, de l'égalitarisme social à l'état brut et d'une égalité économique raisonnable, l'élitisme dans le frivole est la plus recherchée des distinctions
("Le cœur funéraire")
Une grande partie de l’architecture locale de cette région m’évoque la proue de navires. Une évolution culturelle convergente dans laquelle le message est le médium ? La mer est la vie ? Tirant notre subsistance de ce qui se trouve sous les vagues, nous sommes toujours en mer ? Ou la mer représente la mort, car son niveau pourrait monter à tout moment pour anéantir nos terres et nous tuer ? Nous gardons donc ainsi ce memento mori jusque dans les toits au-dessus de nos têtes et les murs qui les soutiennent ? Ou s’agit-il d’un symbole du pouvoir que nous exerçons sur la vie et la mort ? (p. 43)
Il arrive quelquefois que la nature, comme prise de remords, jette en aumône un os à ronger à ceux qu'elle mutile, à ses laissés-pour-compte. Souvent sous forme d'un talent, en général inutile, ou de cette malédiction: l'intelligence.
("Les Furies")
Est-ce que tu t'es jamais demandé quelle sera ta dernière pensée, juste au moment où les lumières s'éteindront?
Tu rencontres quelqu'un, et tout d'un coup vous comprenez tous les deux que vous êtes pareils. Pas besoin de sang, pas besoin de protocole merdique. Vous êtes potes, un point c'est tout. Le reste, les rites sociaux , c'est du passé. Ils sont morts avec l'ancien monde.
Avez-vous jamais repensé à un moment de votre passé au point qu'il devienne si vif que toutes les années qui lui furent ultérieures semblent soudain brèves, floues, impersonnelles - comme les fluctuations d'un après-midi de mai soumises à la routine?
J’eus soudain l’impression d’avoir perdu tout sens critique, car je ne parvenais pas à relever les anomalies dont je percevais pourtant l’existence. Je me savais captif de l’instant présent sans pour autant pouvoir analyser lucidement la situation.
Je me retrouvais prisonnier…
On m’avait capturé…
Comment ?
Le cristal bleu qui s’assombrit puis s’éclaire me permet de
compter les jours. Voici plus d’un mois que je suis captif, mais j’ignore quel est le décalage temporel entre cette ombre et les autres. J’ai exploré toutes les salles et les galeries de la caverne, sans trouver d’issue. Les cartes d’Ambre et du Chaos ne servent à rien, ici, pas plus que les Atouts de la Vengeance. Mes pouvoirs de magicien sont également inutiles, ainsi limités par ces murs de la même couleur que la pierre de la bague de Luke. Il m’arrive même d’envier l’évasion qu’offre la folie temporaire, mais ma raison s’y refuse. Il me reste trop d’énigmes à élucider : Dan Martinez, Meg Devlin, ma Dame du lac… Pourquoi ? Et pourquoi Luke est-il resté si longtemps en ma compagnie ? Rinaldo, mon ennemi. Je dois trouver un moyen d’avertir les autres de ses projets. S’il parvient à utiliser ma Roue spectrale contre eux, alors le rêve de Brand (mon cauchemar de vengeance) deviendra réalité. Je suis désormais conscient d’avoir commis maintes
erreurs… Pardonne-moi, Julia…
L'homme, au soir de sa Millième Année, parcourt la Maison des Morts.
J'ai l'impression de ne jamais regarder la même montagne. Tu changes autant que moi, mais tu restes semblable. Ce qui veut dire qu'il reste encore de l'espoir en ce qui me concerne.
La puissance d’une névrose est inimaginable pour la majorité des gens (…) C’est pourquoi aucun neuroparticipant n’acceptera de soigner un névrotique. Les rares pionniers qui se sont aventurés dans ce domaine sont eux-mêmes aujourd’hui sous thérapie. Ca revient à plonger dans un maelstrom. Si le thérapeute perd pied au cours d’une séance, il n’est plus le Façonneur, mais le Façonné.
Et c'est pourquoi, ma Terre maternelle, j'ai pleuré sur toi intérieurement à cet instant de l'immense parade qu'on nomme le Temps : les clowns défilent, et chacun sait qu'au fond d'eux ils ont le coeur brisé.
J'ai regardé les étoiles tourbillonnantes avec gratitude, orgueil et tristesse, comme seul peut le faire un homme qui a survécu à sa destinée pour s'apercevoir qu'il peut encore s'en forger une autre.