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Citations de Rosa Montero (678)


Ainsi sa relation avec son mari avait-elle empiré parce qu'il ne la frappait plus au lit. Ou parce qu'il ne se laissait plus frapper. La vie était vraiment bizarre.
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isolée et muette, seule en elle même et en dehors, Zarza reprit ses vieux livres d'histoire et apprit à vivre pratiquement en dehors de toute vie. Après sa sortie de prison, elle s'était pendant quatre ans et demi installée dans un état quasi végètal. Jusqu'à ce qu'elle reçoive le coup de téléphone de Nicolas, jusqu'à ce que son étroite cage protectrice se brise.
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C’est exactement ce qu’a fait Emmanuel Carrère quand il a été diagnostiqué bipolaire à l’âge de soixante ans. Entre autres choses, on lui a administré quatorze électrochocs. Les personnes non familiarisées avec les usages psychiatriques ont tendance à croire que l’électrochoc est une thérapie barbare et obsolète qui ne s’utilise plus nulle part. Rien de plus faux : Carrère a subi ces traitements en 2019 et en France. L’électrochoc est toujours couramment employé (mais on le désigne maintenant sous l’euphémisme d’électroconvulsivothérapie) et les psychiatres qui l’appliquent assurent que c’est efficace contre la dépression. D’accord, peut-être bien, mais ça semble quand même assez dur : « Il n’y a pas de mots pour ça. Ce que je raconte a l’air horrible, mais c’était en réalité beaucoup plus horrible, d’une horreur irracontable », dit Carrère à propos de ses séances. Et pourtant le voltage actuel est inférieur et on administre au patient des relaxants musculaires et une anesthésie. Avant, dans les années sauvages de la psychiatrie, l’électrochoc était appliqué sans rien et avec plus de puissance. Sans relaxants musculaires, les convulsions étaient tellement féroces qu’il y a eu des cas de fractures des vertèbres.
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Elle dit aussi que, d’après certains auteurs, les visions de sainte Thérèse d’Ávila et d’autres mystiques auraient pu être favorisées par des substances psychoactives, comme l’ergot du seigle. Il s’agit d’un champignon qui s’attaque aux céréales ; manger de la farine infectée provoque une maladie appelée le feu de saint Antoine qui était assez répandue au Moyen Âge et qui produit des symptômes terribles : convulsions, démence et infections gangréneuses mortelles. Mais, pris en petite quantité, il provoque des hallucinations. L’ergot du seigle contient un alcaloïde, l’ergoline, à partir duquel le LSD a été synthétisé en 1938.
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- Tu as des enfants, Soledad? lui demanda Marita.

Oh non. Et maintenant ça. Et il fallait que ce soit Marita qui lance le sujet. Elle détestait qu'on lui pose cette question, car lorsqu'elle répondait non, ce non tellement irréversible à son âge, ce non qui signifiait non seulement qu'elle n'avait pas d'enfants, mais aussi qu'elle n'en aurait plus jamais et que par conséquent elle n'aurait pas non plus de petits-enfants; ce non qui l'étiquetait comme une femme non mère et qui la rejetait sur la plage des infortunés, comme le sale rebut d'une tempête marine, car les préjugés sociaux étaient indéboulonnables sur ce point et que toute femelle sans enfants continuait d'être perçue comme une bizarrerie,une tragédie, une femme incomplète, une personne à moitié ; quand elle disait non, enfin, Soledad savait que ce monosyllabe tomberait comme une bombe à neutrons au milieu du groupe et modifierait le ton de la conversation; tout s'arrêterait et les personnes présentes resteraient dans l'expectative, réclamant tacitement une explication acceptable au pourquoi d'une anomalie aussi affreuse ; que Soledad dise « je n'ai pas pu avoir d'enfants », ou peut-être « j'ai une maladie génétique que je n'ai pas voulu transmettre », ou même « en réalité je suis transsexuelle et je suis née homme » ; ils accepteraient n'importe quoi, en définitive, mais ils l'obligeraient de toute évidence à se justifier. Et, une fois encore, Soledad se promit de résister à la pression et de ne pas ajouter un seul mot après le monosyllabe.

- Non.

Boum. La bombe explosa.
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Je dirais même qu'être un peu plus bizarre que l'ordinaire n'est pas non plus si inhabituel. En fait, ça arrive souvent chez les créateurs, avec un c minuscule; chez les artistes de tout poil, qu'ils soient bons ou mauvais. C'est précisément de ça que parle ce livre. Du lien entre la créativité et une certaine extravagance. Du rapport que la création entretient avec l'hallucination. Ou de savoir si être artiste te rend plus enclin au déséquilibre mental, comme on l'a soupçonné depuis la nuit des temps: "Point de grand génie sans un grain de folie", disait Sénèque. Ou Diderot : "Que le génie et la folie se touchent de près!" Et par génie, j'insiste, il faut comprendre tout type d'individu créatif, quelle que soit sa qualité, car je suis convaincue que le pire artiste et le plus sublime partagent la même structure mentale de base. comme l'a souligné la formidable (et dépressive) Clarice Lispector: "La vocation est différente du talent. On peut avoir la vocation et ne pas avoir le talent. Autrement dit, on peut être appelé quelque part sans savoir comment s'y rendre."
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Une des choses bien que j'ai découvertes avec les années, c'est qu'être bizarre n'est pas du tout bizarre, contrairement à ce que le mot semble indiquer. En fait, ce qui est véritablement bizarre, c'est d'être "normal". Une étude du Département de psychologie de l'université de Yale (Etats-Unis), publiée en 2018, affirme une chose qui, pour peu qu'on y réfléchisse, est une évidence: que la normalité n'existe pas. car la notion de ce qui est normal est une construction statistique dérivée de ce qui est le plus fréquent. Tout d'abord, qu'une particularité soit moins fréquente n'implique pas une anormalité pathologique, comme, par exemple, le fait d'être gaucher (il n'y a qu'entre 10 et 17% de gauchers dans le monde) ; mais ensuite, comme le modèle idéal de l'individu "normal" est confectionné à partir de la moyenne statistique d'une pluralité de registres, il ne doit pas exister une seule personne sur la planète capable de cocher toutes les cases de cet ensemble de valeurs. Nous gardons tout au fond de notre coeur quelque divergence. Nous sommes tous bizarroïdes, mais il est vrai, certains pljus que d'autres.
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"Si je te disais maintenant que je viens de croiser Lucifer dans les escaliers, qu'il empestait le soufre, qu'il avait de petites cornes incandescentes comme des braises et qu'il se moquait de moi en me tirant une langue acérée, verte et fourchue, tu serais horrifiée à l'idée que je délire. Mais si nous étions au XXième siècle, tu prendrais la chose très au sérieux. Et tu as fait quoi ? Tu lui as montré la croix ? Comment tu t'es enfuie? demanderais tu."
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Je suis sûre, enfin, que dans les suicides désespérés, qui sont la majorité, il y a une prédisposition psychologique et neurologique, une tendance à l'irréalité et aux courts-circuits neuronaux qui est
parfois aggravée de façon critique par une accumulation de contingences aliénantes.
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C’est fou ce que les gens brillent par leur mesquinerie dès que les choses commencent à se gâter.
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Lorsqu'on lit un livre, on peut avoir la faiblesse de croire que ce qu'on lit se produira de façon irrémédiable, et ainsi, sans s'en rendre compte, le transformer en réalité. Alors qu'en vérité, au-delà de la mort, il n'y a rien d'irrémédiable, à part notre propre lâcheté. Les hommes ont coutume d'appeler destin ce qui leur arrive quand ils n'ont plus la force de lutter.
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Il n'était pas agressif mais émouvant, avec son air innocent d'ivrogne. Pendant qu'elle attendait son tour, Soledad observa les patineuses : en réalité elles n'étaient pas belles, loin de là ; elles étaient plutôt informes et présentaient l'apparence maussade des adolescentes qui n'arrivent pas à s'aimer. Mais pour l'ivrogne, c'étaient des houris. Elle regarda l'homme avec plus d'attention, aussi frêle qu'un gnome, au sourire enfantin et absurdement galant, et elle pensa : il cherche l'amour. Pauvre, laid, vieux, édenté et alcoolique, il cherche l'amour comme tout le monde.
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La proximité de la mort vous emplit parfois d’une sérénité curieuse, presque visionnaire.
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Quand nous mourons, nous emportons un morceau du monde.
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Beaucoup de femmes craignent que leurs besoins émotionnels puissent leur ôter de l’indépendance.
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D’ailleurs, j’ai découvert avec le temps que la normalité n’existe pas, qu’elle ne vient pas du mot “normal” comme synonyme du plus commun, du plus abondant, du plus habituel, mais de “norme”, de régulation et de prescription. La normalité est un cadre conventionnel qui homogénéise les humains, comme des brebis enfermées dans un enclos. Mais, si vous regardez d’assez près, nous sommes tous différents. Qui ne s’est pas senti un monstre à un moment donné ?
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Nous avons tous nos armes secrètes pour plaire, surtout ceux d’entre nous qui ne sont pas beaux : certains conquièrent par l’ingéniosité, d’autres essaient d’être drôles, ou athlétiques, ou élégants, ou cultivés… (moi, j’ai toujours séduit avec les #Mots : pour draguer, je devais parler, du coup je détestais les discothèques assourdissantes).
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On dit que l’Humanité peut être divisée entre ceux dont l’enfance a été un enfer, et dans ce cas ils vivront toujours hantés par ce fantôme, et ceux qui ont joui d’une enfance merveilleuse, pour qui c’est encore pire parce qu’ils ont à jamais perdu le paradis.
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Avoir un chagrin d’amour, on le sait, c’est comme avoir le mal de mer sur un bateau : les gens trouvent votre état amusant, mais vous, vous vous sentez mourir.
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Les contes de fées, si sages, le disent clairement : nous passons notre vie à embrasser des crapauds, convaincues de pouvoir en faire des princes charmants.
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