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Critiques de Rudyard Kipling (485)
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Comment le chameau eut sa bosse

Bof ! Bof ! Eh oui, le chameau a deux bof ! et non une seule. Dans ce conte étiologique, Rudyard Kipling apporte, toujours avec son imagination délirante, une origine à la fameuse bosse du chameau (qui en l'occurrence est un dromadaire, mais on n'est plus à cette approximation près dans les contes pour enfants de nos jours non plus, j'ai déjà eu l'occasion de l'exprimer...).



Nous sommes donc au commencement du monde. Un cheval, un chien et un bœuf, auxiliaires ordinaires de l'Homme viennent voir le chameau afin qu'il les aident dans leur labeur. Baignant dans l'oisiveté, le chameau se contente de répondre à chacun " Bof ! "



Après trois jours de ce traitement, les animaux courageux ressentent vivement l'injustice et courent s'en plaindre au Génie de Tous les Déserts. Lequel génie ira s'en enquérir auprès de l'intéressé qui, comme de bien entendu, ne saura que lui répondre " Bof ! " en mâchouillant une brindille d'acacia.



Je ne vous en dis pas davantage, peut-être en ai-je déjà révélé trop. Le moins que l'on puisse dire, c'est que je ne me sens pas emballée par ce conte, ni même par les illustrations et, si je n'avais crainte d'être aussi suffisante que le chameau à l'endroit de ses comparses, je dirais simplement " Bof ! "



Mais ce n'est là que mon avis cabossé, sans trop s'être foulé, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le livre de la jungle

L'histoire personnelle de Kipling, anglo-indien dès sa naissance, à une époque où l'un des mondes affirmait son impérialisme sur l'autre, explique sans doute l'ambivalence profonde des nouvelles de Kipling, tantôt ventant la poésie et la force brute d'une nature sauvage, et tantôt dévoilant un matérialisme et un attachement à l’ordre, so british et so « fin de règne de Victoria : 1894 »...

Le Livre de la Jungle (et le second) peuvent donc être lus comme de simples contes animaliers moralistes, mettant à la portée des enfants ce goût pour l’exotisme allant de pair avec le colonialisme conquérant et –trop- sûr de lui de cette fin de XIXème siècle. C’est ce qui fut transposé à l’écran par Walt Disney à partir de certaines des nouvelles, autour du personnage de Mowgli.

Mais s’en tenir là serait méconnaître la profonde connaissance du pays et de cette jungle, que Kipling met visiblement en scène avec amour. Ainsi, la nature sauvage, dans l’imaginaire kiplingien, donne vie à Shere khan et aux bandar log, aussi brutes que stupides, mais aussi à Kaa, plus sage et subtil –et surtout amical !- que dans le film d’animation, aux peuples des éléphants et des loups, qui, eux, respectent une loi aussi stricte et précise que celle des hommes, la Loi de la Jungle.

Aussi, avent d’être une confrontation entre deux mondes, et une synthèse ambivalente s’incarnant dans son narrateur, Le Livre de la Jungle est aussi une réflexion morale sur la Loi.



Je poursuis cette critique en commentaire du Second Livre de la Jungle... les deux allant de pair à mon avis...



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La Ritournelle du petit Père Kangourou

Dans les Histoires Comme Ça de Rudyard Kipling, il y a les bons crus : L'Enfant D'Éléphant ou Le Commencement Des Tatous, par exemples. Mais il y a aussi les piquettes et cette Ritournelle Du Petit Père Kangourou me semble en faire partie.



C'est encore un conte étiologique qui a cette fois pour ambition de nous révéler pourquoi les kangourous ont de si grandes pattes, une si longue queue et pourquoi ils ont une poche. Mais diable, que c'est poussif, que c'est tiré par les cheveux, que c'est lourd sur la forme !



Je dois dire qu'heureusement qu'il y a les illustrations de John Rowe pour relever un peu le tout sans quoi je ne donnerais vraiment pas cher de cet album que vous pouvez vous permettre de sauter sans problème. Bien sûr, ce n'est là que mon avis qui n'a pas toujours la langue dans sa poche, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Capitaines courageux

Sur le paquebot qui l'emporte vers l'Europe pour y parfaire son éducation, le jeune américain Harvey Cheyne ne s'est pas fait que des amis. C'est surtout son insolence qui choque les autres passagers et c'est d'ailleurs pour le punir que l'un d'entre eux lui offre un cigare. Malade mais trop fier pour le montrer, l'adolescent se réfugie sur le pont où il est emporté par une vague. Il doit la vie sauve à un pêcheur de morues qui le fait monter sur le We're here, une goélette commandée par Disko Troop, capitaine sévère mais juste et excellent pêcheur. Habitué à donner des ordres et à se faire obéir, Harvey exige qu'on le ramène à New-York et assure que son père, le multimillionnaire Harvey Cheyne, premier du nom, sera prêt à dédommager l'équipage. Mais Disko Troop n'est pas prêt à gâcher une campagne de pêche pour un freluquet qui raconte des sornettes. Il commence par lui balancer son poing dans la figure pour lui remettre les idées en place puis lui propose de travailler à bord pour mériter sa pitance. C'est ainsi que, malgré lui, Harvey devient mousse sur le We're here, sous l'aile bienveillante de Dan, le fils du capitaine, trop heureux d'avoir trouvé un camarade pour partager ses tâches et ses jeux.





Comment transformer un adolescent désoeuvré, prétentieux et capricieux en un jeune homme travailleur, humble et obéissant? En l'embarquant sur un bateau de pêche bien sûr! Là, parmi des hommes fiers et rudes, il va apprendre la vraie vie, les vraies valeurs plus sûrement que dans n'importe quel établissement scolaire, aussi prestigieux soit-il. Le jeune Harvey, choyé à l'excès par sa mère, habitué au luxe et à l'argent facile va être initié à la pêche et à la navigation mais aussi à la camaraderie, à la solidarité, à l'amitié.

Roman d'initiation, Capitaines courageux est aussi un hommage aux pêcheurs qui affrontaient tous les dangers pour gagner de quoi vivre. On y apprend beaucoup sur les techniques de pêche, la navigation et la vie à bord. Aux joies de trouver les bancs les plus poissonneux, succèdent les jours de grand péril quand la mer se déchaîne et les moments où la brume envahit tout et qu'il faut s'occuper pour ne pas sombrer dans l'ennui. Alors les marins chantent des chansons de marins et racontent des histoires de marins. D'abord réticent, Harvey s'intègre très vite -privilège de la jeunesse- à cet équipage hétéroclite dont il se fait une nouvelle famille. A coup de taloches quand il le mérite, il apprend à obéir d'abord, puis à pêcher, ramer, vider et saler le poisson. Il s'initie aux noeuds marins, aux traditions, aux superstitions, aux rivalités entre équipages.

Une histoire sympathique dans la lignée des romans de Jules VERNE et qui a le charme des grands récits d'aventures qu'on peut lire à l'adolescence. Désuet mais attachant.
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L'homme qui voulut être roi

« Les nouvelles sont mauvaises d'où qu'elles viennent »… Stéphane Eicher



Chantons faux mais fredonnons vrai, quand je lis des nouvelles, j'ai très souvent la désagréable impression de suivre un régime. Une littérature allégée qui m'affame, punition pour un bonhomme trop gourmand de mots.



Pourtant ici, on ne parle pas de n'importe qui mais de monsieur Joseph Rudyard Kipling, prix Nobel de littérature et mieux encore, père du Livre de la Jungle, géniteur de Mowgli et de Baloo. Mon âme d'enfant me fait déjà les gros yeux et mon avatar n'est pas loin de déposer un préavis de grève. Mais désolé, j'ai l'estomac qui gargouille.



La première nouvelle, par exemple, « l'homme qui voulut être roi », qui donne son titre au recueil, est d'une telle richesse qu'elle aurait mérité un régime « Tolstoi », 1000 pages gribouillées en police 4, un océan d'encre menaçant les seiches et calmars d'extinction. J'ai dû me satisfaire de 50 petites pages forts bien écrites, au style direct, sans artifice.



Deux baroudeurs fatigués de servir le Raj Britannique décident de fonder un Royaume dans une contrée lointaine, le Kafiristan. « Nous avons conclu qu'il n'y a plus qu'un pays au monde où deux hommes à poigne puissent faire leur petit Sarawak (Allusion à l'aventure du voyageur Brooke, élu monarque absolu de l'Etat de Sarawak, dans l'île de Bornéo.) A mon idée, c'est dans le coin de l'Afghanistan, en haut et à droite, à moins de 300 milles de Peshawer . Ils ont trente-deux idoles, les païens de là-bas, nous ferons trente-trois. » Pour y parvenir, ils vont utiliser une stratégie vieille comme le monde, détaillée par Machiavel : Diviser pour mieux régner. Les deux compères vont attiser les vieilles rancunes ancestrales des tribus locales, armer tout ce petit monde et organiser des expéditions punitives. Accédant au trône, le pouvoir monte à la tête du nouveau souverain et la démesure précipitera sa chute. Humour décalé, réflexion sur le pouvoir, cette histoire est une vraie pépite qui mérite à elle seule un détour par ces pages.



John Houston a d'ailleurs réalisé une adaptation extraordinaire à partir de ce récit en 1975 avec Sean Connery et Michael Caine dont mon vieux magnétoscope avait fait une overdose.



Au coeur du recueil, je garderai également le souvenir de « L'étrange chevauchée de Morrowbie Jukes », conte gothique, dans lequel un ingénieur s'égare dans le désert et se retrouve prisonnier d'un ghetto de rescapés du Choléra dont il est apparemment impossible de s'évader.



La dernière histoire enfin, « Les tambours du Fore and Aft », est un bijou qui raconte dans un souffle épique, le destin héroïque de deux jeunes tambours bagarreurs, dont la garnison va payer au prix fort son inexpérience dans une bataille sanglante contre des rebelles afghans.



Les autres nouvelles enrichissent la galerie de portraits : la confession et la lente agonie d'un fumeur d'opium, la folie qui s'empare d'un colon qui a profané un dieu avec la cendre d'une cigarette, une petite veuve indienne qui témoigne de façon originale son amour à un amant anglais… Elles ne possèdent pas néanmoins la force narrative qui anime les trois récits majeurs du recueil.



En me documentant, j'ai appris que Kipling avait eu ses détracteurs, lui reprochant son admiration pour l'armée et l'empire Britannique. Homme de son époque, ces nouvelles datent de 1888, franc-maçon, Kipling a pleinement partagé le paternalisme et la bonne conscience des colons de son temps . Il est vrai qu'il exalte les vertus viriles mais j'ai ressenti dans ses pages une vraie passion pour l'Inde et ses mystères.



Au final, une lecture très agréable mais aussi frustrante qu'une délicieuse verrine dans un apéritif. A peine goûtée et déjà terminée. Je crois qu'il faut que j'arrête d'écrire avant les repas.



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Capitaines courageux

Sous titré « une histoire du banc de terre-neuve », ce roman ne rivalise pas avec ceux d’un Roger Vercel pour qui voudrait tout savoir de la pêche au large mais le parcours initiatique de Harvey Cheyne plongé à l’insu de son plein gré dans ce monde de marins est une belle histoire d’amitié, une merveilleuse parabole sur l’éducation et, dans les deniers chapitres, une rencontre émouvante entre Harvey devenu adulte et son père qui n’avait jamais pris le temps de s’intéresser à sa famille.



Rudyard Kipling nous offre ici une oeuvre différente de ses contes indiens mais tout aussi mémorable.



Un grand classique à lire et relire pour s’oxygéner les poumons et s’aérer l’esprit.
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La Baleine et son Gosier

Après Moby Dick il y a deux jours, je poursuis mes investigations auprès des baleines de la littérature. Comme dans bon nombre des Histoires Comme Ça dont il est issu, il s'agit d'un conte étiologique destiné à fournir une explication sur un attribut physique ou comportemental d'un animal.



Dans ce registre, l'histoire la plus fameuse de Rudyard Kipling est très certainement L'Enfant D'Éléphant et son insatiable curiosité qui lui ont fait pendre la trompe. Ici, la question est de savoir pourquoi les baleines, si grosses, si puissantes, aux gueules si monstrueuses s'en prennent uniquement à des petits poissons de taille ridicule et non à des proies plus intéressantes, telles que pourraient l'être des gigots d'humain, par exemple.



Le gigantesque cétacé ayant écumé pratiquement tout ce qui vivait au fond des mers, un unique rescapé, le petit poisson-plein-d'astuce lui suggère que c'est assez, que ça suffit maintenant et qu'il vaudrait peut-être mieux songer à orienter sa faim vers les proies plus avantageuses que sont les hommes.



La baleine n'a jamais entendu parlé de cette bête-là mais ne verrait rien contre l'idée d'y goûter. Le petit poisson la prévient néanmoins qu'il y a parfois des arêtes dans cette viande...



Je vous laisse découvrir la chute de cette histoire qui, sur le papier, se présente bien, et qui, en réalité, est assez difficile à lire et dont la chute n'a pas à mes yeux un quelconque caractère transcendant ou particulièrement réussi.



Pour tout dire, je ne suis pas loin de considérer cet album comme un flop (ou disons — milieu marin oblige — comme un plouf). Les illustrations naïves, sans être trop mal, renforcent la dissonance entre l'âge des enfants auxquels semble s'adresser le conte (4-5 ans) et l'âge réel où ils peuvent concrètement venir à bout de la résistance du texte (9-10 ans). Or, à cet âge, ce genre d'histoires ne les intéresse plus tellement.



Bien sûr, tout ce que je viens de vous vomir de mon gosier ne représente que mon avis, qu'il peut-être bon et salvateur de comparer avec beaucoup d'autres afin de se faire une idée véritable de ce livre.
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Le livre de la jungle

Ce premier volume du livre de la jungle est composé de trois histoires de Mowgli et de plusieurs autre dont la célèbre nouvelle ''Rikki-Tikki-Tavi'' qui met en scène une mangouste qui affronte le terrible cobra Nag et sauve au péril de sa vie Teddy, l'enfant de la maison qui l'avait accueilli.

Une lumière exotique baigne l'écriture de Kipling, une poésie antique, ragaillardie par un joyeux humour.

Brisant les frontières de la littérature jeunesse où il a longtemps été classé à tort, ce puissant classique renferme aussi quelques symboles du goût ambivalent de Kipling pour l'ordre et l'aventure.

C'est un des livres qui comptent dans l'histoire de la littérature mondiale.

Ce texte est brillamment traduit par Magali Merle.
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Les Chats : À travers 17 textes cultes comm..

Une lecture audio qui a peiné à retenir mon attention, malgré son thème, la narration parfaite de Simon Jeannin et les commentaires intéressants de Sylvain Trias



Ces textes sont présentés chronologiquement et évoquent la manière dont le chat a été représenté dans la littérature au cours des siècles. Sylvain Trias intervient entre chacun d'eux pour les replacer dans leur contexte, commenter l'évolution de la vision du chat dans la littérature, d'un personnage souvent félon, voleur, déloyal ou pire encore maléfique à un animal auquel les auteurs vont s'attacher, qu'ils vont célébrer dans leurs textes, mais un animal qui ne renonce pas à son indépendance.



L'idée m'avait séduite, je connaissais et appréciais certains de ces textes, et pourtant les écouter n'a pas réussi à me passionner. Peut-être parce chaque texte était très court, et ne me laissait pas le temps d'apprécier l'auteur et son style. Peut-être des textes trop variés qui ne m'ont pas permis d'entrer dans l'atmosphère de ce livre audio, et je me suis surprise plusieurs fois à devoir revenir en arrière pour réécouter un extrait.



Une petite déception donc, mais qui saura sans doute séduire d'autres lecteurs-auditeurs.



Merci à NetGalley et aux éditions VOolume pour cet envoi #Leschats #NetGalleyFrance







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L'Enfant d'Éléphant

Il existe une foule de versions et/ou d'illustrations différentes pour ce conte étiologique, l'un des plus fameux de Rudyard Kipling, tiré du recueil Histoires Comme Ça.

J'ai choisi cette version assez ancienne parue chez Nord-Sud car j'y trouve les illustrations de John Rowe absolument divines. Il sait faire rutiler les rouges, flamboyer les jaunes, étinceler les verts, au milieu des d'ocres et autres bruns de toute espèce.

L'histoire, vous la connaissez sans doute tous plus ou moins, c'est celle d'un petit éléphant très curieux et que ses proches trouvent fort impertinent avec ses questions auxquels ils n'ont pas de réponse sauf celle de le gratifier d'une calotte ou d'un gnon supplémentaire.

La chose tourne court lorsque l'enfant d'éléphant pose cette inepte question de savoir ce que mange le crocodile pour le dîner. Là l'infortuné croule sous une tempête de baffes et de coups de poing divers.

Comme chacun sait, les éléphants, en ce temps-là, avaient un nez court, une manière de groin, de sorte que l'enfant impertinent, déçu des bastonnades à répétition décide d'aller lui-même s'enquérir, sur les berges du fleuve Limpopo, du régime alimentaire particulier à ces bêtes peu amènes qu'on nomme crocodiles.

Mais le diable seul sait ce qui peut vous arriver quand vous allez fourrer votre groin là où il ne faut pas...

Un beau livre à conseiller, mais probablement pas pour les enfants trop jeunes, plutôt à partir de sept ans, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Le livre de la jungle

Je dois faire partie des très rares personnes nées après 1970 à avoir découvert le dessin animé du ‘Livre de la jungle’ après le livre. Dans ce sens-là, le contraste est sans doute un peu moins violent. On sait où on va. Dans l’autre, on part d’une forêt de Fontainebleau avec des éléphants qui patrouillent et Baloo qui danse, et on arrive dans une nature hostile et terrifiante où Mowgli n’est délivré des Bandar Logs qu’à l’issue d’une bataille sanglante !



En général on ne connait d’ailleurs que la première histoire, c’est-à-dire l’arrivée de Mowgli dans la jungle, son adoption par les loups et son éducation. Mais il y en a plusieurs autres, racontant notamment la guerre entre les loups et les dholes, ou comment Mowgli découvrit une caverne remplie d’or et le terrible effet de cette matière sur les hommes. Parfois les écrits rejoignent les images, notamment quand les éléphants sont placés en ‘’autorités’’ de la jungle – mais cette fois ils arbitrent la répartition de l’eau entre animaux lors des grandes sécheresses, et il n’est nullement question de patrouilles rigolotes. Curieusement, les fins se rejoignent : Mowgli trouve l’amour et rejoint les hommes…



Je ne reviendrais pas sur la superbe analyse de l’œuvre faite par mon ami Candlemass. Mais je veux insister sur l’impressionnante construction du monde de la jungle faite par Kipling. C’est une véritable société victorienne, avec son corpus de lois, ses différents groupes dotés chacun d’une organisation sociale précise, ses légendes… Et même sa pègre, les Bandar Logs. Mowgli, de par son statut d’éternel étranger, est le seul à pouvoir circuler librement et parler à tous. Le prix à payer est lourd : s’il peut aller partout, il n’est parfaitement à sa place nulle part. Pour les animaux il est un homme, pour les hommes il est un loup.



Un peu comme l’officier colonial, qui ne sera jamais totalement chez lui en Inde, mais y a passé tant de temps que les rues humides et les lourds nuages de l’Angleterre lui pèseront éternellement. Toute une communauté de métis, d’indiens plus ou moins assimilés britanniques et de britanniques plus ou moins assimilés indiens, prise entre le nationalisme naissant et l’impérialisme déclinant, se sachant condamnée sur le long terme, trouve sa voix au travers de celle de Mowgli.



Il m’a donc été un peu pénible de découvrir une œuvre aussi riche et lourdes de multiples sens ainsi vidée de toute sa substance ‘sérieuse’.
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Le livre de la jungle

Le recueil comprend les récits suivants : "Le livre de la Jungle" (3 aventures de Mowgli), "Le phoque blanc", "Rikki Tikki", "Toomai des éléphants" et "Service de la Reine".



Bien qu'ayant été écrit dans le Vermont, USA, alors que Rudyard Kipling y séjourne quelques années, "Le livre de la jungle" et les autres nouvelles qui l'accompagnent exhalent tous les parfums de l'Inde. Pionnier de ce qu'on nomme aujourd'hui le nature writing, l'auteur britannique donne à la Nature le premier rôle dans chacune de ses histoires, mi-contes fantastiques mi-contes philosophiques.



Entre ces pages, les animaux sont doués de raison et de parole. Et s'ils s'interrogent sur l'homme, ils le considèrent plutôt avec bienveillance, il est rarement perçu comme une menace. Ses attitudes belliqueuses et ses armes sont tournées en ridicule par les représentants de la faune tropicale.



J'ai été conquise par "Le livre de la jungle" et j'ai été étonnée de constater à quel point Walt Disney avait finalement été fidèle - pour une fois - à l'esprit et au message de l'oeuvre. Les autres nouvelles m'ont également fait passer un bon moment, tout particulièrement "Rikki Tikki", un irrésistible récit héroïque dans lequel une mangouste non moins irrésistible s'illustre en protégeant une famille d'humains de la menace des cobras.





Challenge MULTI-DÉFIS 2020

Challenge XIXème siècle 2020

Challenge SOLIDAIRE 2020

Challenge RIQUIQUI 2020

Challenge NOBEL
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Une vie gaspillée

En transit entre deux lectures, j'ai redécouvert KIPLING avec un livre qui ne se passe pas dans la jungle mais dans l'Inde victorienne.





Civils et militaires anglais stationnés sur place y organisent leur vie autour de parties de chasse, de tournois de tirs à l'arc, de pic-niques de drague chaperonnés, de farces viriles…





Mais comme dans toute société reconstituée, la vie n'y est pas qu'une partie de plaisir : On y côtoie les déboires amoureux, les railleries, le mal de vivre, le manque… la mort, aussi, parfois.





5 petites nouvelles qui, lues ensemble dans ce court recueil de 60 pages, forment et dessinent cette société anglaise en colonie de… travail.





L'écriture de Rudyard KIPLING est simple, c'est un récit où l'auteur et le narrateur s'adressent au lecteur. Chaque nouvelle en elle-même n'est pas renversante. Mais ce que j'ai trouvé plaisant, c'est qu'avec 5 nouvelles indépendantes, on referme ce livre avec une jolie vision d'ensemble, auréolée des couleurs de l'été indien : Des militaires qui se mettent en boîte, de l'éloignement familial entre un mari stationné en Inde et sa femme qu'il n'a pas les moyens de faire venir d'Angleterre, des règles du jeu de l'amour et du hasard de la bonne société anglaise…





Prises indépendamment, j'aurais attribué des notes inégales à ces nouvelles. Mais ensemble, elles rendent une ambiance plus globale de cette société anglaise aux Indes, qui est assez agréable à découvrir. Et elles ont le mérite de permettre rapidement de redécouvrir l'auteur du livre de la jungle, une fois adulte.





Un petit moment peu exigent mais confortable, avant de passer à quelque chose de plus consistant.
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Histoires comme ça

Même si mon fils peut maintenant lire seul, j'aime toujours lui faire la lecture le soir au moment du coucher. C'est notre petit moment privilégié. Le format des nouvelles se prête particulièrement bien à ce rituel ; une histoire par soir, pas de frustration liée à l'interruption de la lecture ni de "encore un peu".



Me voici donc à lire "histoires comme ça", un recueil de contes de Rudyard Kipling. La plupart des nouvelles mettent en scène des animaux, racontant comment ils sont devenus tels que nous les connaissons aujourd'hui. Ces récits sont inventifs, plein de fantaisie et d'humour. Ainsi, mon fils s'est régalé en écoutant comment l'éléphant s'est trouvé affublé d'une trompe, comment un gros crabe est à l'origine des marées ou encore comment la tortue et le hérisson ont fusionné pour devenir le tatou. Tous les récits ne mettent pas en scène des animaux. Deux récits, particulièrement réussis, racontent la naissance de l'alphabet et de l'écriture.



Toutes les histoires bénéficient de l'écriture élégante, poétique et pleine de fantaisie de Kipling, le tout agrémenté d'illustrations de l'auteur lui-même qui ajoutent encore de la vie à l'ensemble. En revanche, le style est tout de même très soutenu et ne sera pas adapté pour un enfant de 8 ans en lecture seule.



Ce recueil est vraiment idéal pour une lecture à voix haute, l'adulte pouvant donner des explications à l'enfant. Et si cet exercice de la lecture à voix haute est parfois fatigant, même si parfois le soir vous en avez plein les pattes après votre journée, ne succombez pas à la facilité de faire l'impasse sur ce moment. Les enfants grandissent vite, il faut savourer ces instants précieux de partage et de tendresse autour d'un livre.



Challenge XIXème siècle 2016 - 7

Challenge Petits plaisirs 2016 - 28

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Le Chat qui s'en va tout seul

Soyons honnêtes, si je vous demande de me citer des oeuvres de Rudyard Kipling, vous allez certainement me répondre "Le Livre de la Jungle" et ce poème magistral, "Si". Mais saviez-vous que ce brillant auteur avait écrit un recueil, en 1902, intitulé "Histoires comme ça pour les petits" ? Et parmi les histoires, il en est une qui narre le début de la civilisation et l'emprise de l'homme sur les animaux. Tous les animaux ? Oh non ! Car le chat n'est pas comme les autres. Personne ne peut l'asservir.



Cette histoire mêle à la fois du fantastique et des caractéristiques réelles. Elle met en relief, comment dire ?, la "cohabitation" du félin avec l'espèce humaine. Qui apprivoise qui ? N'est-ce pas là le vrai caractère de ces matous que l'on aime tant et qui, au final, nous font tomber dans leur piège ?



Si vous voulez retrouver votre âme d'enfant, je ne puis que vous conseiller ce beau texte.


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Si

Si...



Si chaque page du livre déroule ton poème,

D'un coup de trait de maître envahit nos oublis.

Si tes mots et tes phrases résonnent en nous-mêmes,

Balayant notre orgueil, fustigeant nos délits.

Si même les éléments soufflent à l'unisson,

Tes paroles de sagesse, tes conseils lucides,

mais sans jamais se peindre d'une sotte prétention,



Tu resteras pour nous cet écrivain sublime !



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Les Bâtisseurs de ponts

Chacun de nous a son petit panthéon des livres qui l’ont marqué, et j’aime puiser dans le mien pour mes critiques multiples de cent. Pour la trois-centième, j’en appelle à Kipling ! J’ai toujours aimé ses nouvelles indiennes, mais ce recueil-ci comporte peut-être les plus abouties. Comme toujours, on peut les classer en trois catégories : celles qui ne parlent que des indigènes, celles qui ne parlent que des européens, et celles qui traitent de la complexité des rencontres entre les deux.



Les européens, avec leur technologie et leurs infrastructures, n’hésitent pas à mettre leurs grands pieds et leurs piles de ponts dans le lit sacré du Gange. Furieux, celui-ci a déchainé toute la puissance de sa crue… Mais le pont a tenu ! Perplexes, les dieux se demandent que faire. Kali, comme toujours, veut tuer. Ganesh constate que, grâce à ces ponts et ces chemins de fer, ses marchands sont de plus en plus gras et lui brûlent toujours plus d’encens. Hanuman s’amuse de leurs efforts. Bairon, le dieu des populaces, est ivre. Mais il manque encore Krishna le bien-aimé, le prince-berger, le dieu des amoureux…



Dans d’autres nouvelles, la rencontre entre les deux mondes est terrifiante. Comme pour cet homme qui met un éperon dans son lit la nuit, car s’il s’endort quelque chose l’attend dans ses rêves… Mais même la réalité prosaïque peut être éprouvante. Quand les famines se propagent, comptables et ingénieurs du service des eaux se retrouvent à mener des chariots de grains à des milliers de squelettes humains, puis à les ramener chargés d’enfants abandonnés. C’est que l’Inde est dure, comme vous le dirait Petit Toobrah, orphelin abandonné par son frère ainé, qui a poussé leur petite sœur aveugle dans un puit car cela valait mieux pour elle que de mourir de faim…



Mais parfois aussi l’amour s’en mêle, empruntant les chemins les plus tordus et les plus tortueux jusqu’aux petites villes de garnison où l’on tue le temps à coup de polo et d’exercices militaires. Parfois il ramènera un jeune officier vers les rivages verdoyants de la Vieille Angleterre, parfois il fixera dans quelque village du Ladakh un irlandais teigneux, qui engendrera toute une lignée de petits tibétains roux au caractère joyeux et rebelle.



Histoires d’européens qui ne connaissaient que leur cher Yorkshire ou Surrey, brutalement transplantés et saisis par l’immensité et la diversité de cette Inde brûlante et multiforme. La politique n’est pas leur fait. Ils construisent leurs ponts ou leurs canaux, et essayent de s’adapter au monde qui les entoure.
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Ce chien, ton serviteur

Prix Nobel 1907, plus jeune auteur primé de ce label à 42 ans !

J'ai largement préféré, le livre de la jungle, Bagheera la panthère et Kaa le serpent,

Mowgli le petit d'homme et son maître l'ours Baloo

Shere Kaan, tigre du Bengale plutôt que cette histoire de toutou .

Reconnaître dans le noir un chien d'un chat, pose une jatte parterre, c'est le premier qui trouve qui la boit ....

Il m'en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, ouah ouah !!!!
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Le Papillon qui tapait du Pied

Kipling a habitué ses lecteurs aux parfums exotiques mais ici les épices de l'Inde laissent place aux capiteuses senteurs florales d'un jardin d'Orient.



A travers ce conte tout en finesse qui évoque avec délectation le palais du roi Salomon, fils de David, ce sont les charmes voluptueux du harem royal, peuplé de ses mille épouses, qui agissent sur l'imagination comme un parfum entêtant. Hélas pour le Roi, nul bonheur n'est parfait, et ses nombreuses femmes oisives lui tapent sur les nerfs plus qu'elles n'enchantent ses sens... Réfugié dans son jardin, il rencontre un papillon mâle guère plus heureux que lui et pour à peu près les mêmes raisons. L'infiniment puissant et l'infiniment fragile vont s'allier... le temps d'une bonne leçon.



C'est un pur hasard si j'écris cet avis de lecture le jour censé rendre un hommage universel aux femmes à travers le monde ***vilaine grimace et grincements de dents, j'aime qu'on rende hommage aux femmes chaque jour*** mais cette spirituelle histoire du "Papillon qui frappait du pied" rend autant justice à la sagacité des hommes qu'à celles des femmes. Alors que Kipling nous décrit les femmes du harem royal avec la dose élémentaire de misogynie de son temps, c'est finalement à la belle Reine de Saba, la plus aimée de Salomon, que revient la meilleure ruse... afin de ramener la paix au sein dudit harem.



Bien que Salomon use d'un grand pouvoir pour se faire le complice du papillon dont le malheur est d'être dominé par sa femelle à s'en arracher les antennes, c'est un fait que sa puissance lui vient de ses pouvoirs magiques et de ses djinns bien plus que de son jugement - pourtant si réputé ; à l'inverse, sa reine use, quant à elle, de son intelligence et agit inspirée par l'amour et la compassion, incarnant avec naturel la majesté et la grandeur.



Au-delà des interprétations qu'il suggère, j'ai beaucoup aimé ce conte tout simplement parce qu'il respire l'humour et la poésie et s'inscrit dans un décor des Mille et Une Nuits propice au rêve et à l'exaltation. Un petit plaisir à ne pas bouder et qui donne des ailes... de papillon.





Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017

Challenge XIXème siècle 2017
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Histoires comme ça

Histoires comme ça est un recueil de contes vraiment sympa qui je suis sur plaira aux petits comme aux plus grands.



J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur qui n'a pas pris une ride et qui est vraiment agréable.

Les histoires sont courtes et toujours ponctuées d'humour.



J'ai beaucoup apprécié que les textes soient adressés directement a sa fille avec les "Mieux-aimée" qui reviennent régulièrement. Cela donne au récit une touche personnelle, très attendrissante.



Et puis surtout pourquoi se priver quand on peut trouver ses histoires gratuitement en téléchargement puisqu'elles sont dans le domaine public maintenant. Bon après c'est sur si on préfère un bel album il faudra sortir le porte-monnaie mais vraiment çà en vaudra la peine.
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