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Critiques de Sabrina Calvo (205)
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Melmoth furieux

Pour une première confrontation à la plume de Sabrina Calvo, je dois avouer que j’ai été pas mal soufflée par l’intensité qui s’en dégage. Puissante, poétique, dévastatrice, son écriture m’a emportée bien souvent dans une vague d’émotions qui ravage tout sur son passage. C’est beau et terriblement piquant comme une armée de rose aux épines en bouclier. Melmoth furieux, surtout dans son premier tiers, contient une rage phénoménale qui transcende la page et marque les esprits. Dans cette Belleville de résistance au coeur d’un État totalitaire qui cherche à tout lisser, la communauté des communardes dans laquelle Fi évolue est un territoire chaotique mais aussi très beau, porté par une écriture bercée de références nineties et de clins d’oeil au monde de Disney. Dans l’odeur de la cendre, dans l’ombre de l’avenir incertain, Sabrina Calvo laisse traîner de très légères notes d’espoir, d’innocence et d’amour dans le descriptif de la vie de ces zadistes et dans les rêves qu’ils portent au fond d’eux-mêmes en bouclier face au monde qui cherche à les écraser.

L’histoire se tisse doucement, de points en avant mais aussi de points retours, parfois en faisant des noeuds, des déchirures dans la trame du tissu, dans un patchwork un peu déstabilisant. L’intrigue initiale: aller brûler Disney, reste majoritairement en trame de fond et s’insère plutôt dans le descriptif de cette société communautaire vouée à disparaître. L’histoire prend cependant un chemin fantastique qui, progressivement installe du rêve et du cauchemar dans ce monde et de la magie dans les fils narratifs. Un peu trop perché pour moi, ces éléments d’intrigue m’ont progressivement mise de côté alors que l’écriture m’avait conquise dès les premières pages. Le final, plus chaotique encore, un peu flou, un peu brouillon, m’a laissé des images fortes en tête mais aussi la déception de ne pas avoir réussi à m’y immerger pleinement. Je reste malgré tout bluffée par la plume de cette autrice, par ses engagements, par sa force et sa poésie et je me plongerai avec plaisir dans sa bibliographie pour m’y confronter à nouveau.



En bref, Melmoth furieux est un roman qui m’a soufflé par la plume furieuse et poétique de son autrice. C’est une vague furieuse qui porte le rêve en arme face à la barbarie totalitaire, l’espoir et le beau en bouclier. C’est chaotique, perturbant, parfois un peu trop alambiqué ou déstabilisant pour moi dans la narration, mais c’est indéniablement un roman qui a de la personnalité et qui porte en soi des engagements puissants. Oh, et puis une bibliothécaire armée d’une batte de baseball, ça me parle bien!
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Melmoth furieux

Je découvre l'oeuvre de Sabrina Calvo avec son dernier roman publié tout récemment. Dès les premières pages, j'ai été surpris par le style : inventif et étonnant, presque déroutant. Il m'a fallu un peu de temps pour m'y habituer, mais j'ai fini par être emporté par le récit.



Le style comme les thèmes du récit m'ont rapidement fait penser au dernier roman d'Alain Damasio, Les Furtifs. Ce n'est pas étonnant : ils sont tous deux publiés par la même maison d'édition, La Volte, et ils appartiennent tous deux au collectif Zanzibar. Ils partagent assurément le même imaginaire révolutionnaire, la même critique de la société capitaliste néolibérale, et la même volonté d'imaginer des alternatives et de les illustrer par la fiction.



Cette volonté traverse tout le roman, c'est un hommage vibrant à la Commune de 1871 dont on sent la puissance dans l'imaginaire collectif de celles et ceux qui en partagent les valeurs. Au-delà, le roman célèbre les luttes, les résistances.



Disney apparait alors comme le symbole d'un capitalisme triomphant et de la société de consommation de masse. Les "souris noires" et leur arsenal militaire évoquent cette Police instrument de contrôle et de répression du capitalisme. Dans le roman de Sabrina Calvo, l'illusion a été dissipée, les multinationales ne font même plus semblant : le pouvoir n'est plus à l'Elysée ou au Palais Bourbon, mais à Marne-la-Vallée où règne Melmoth, manager anonyme en costume-cravate, avatar du capitalisme déshumanisé. Face à cette domination implacable, des poches de résistance tentent de survivre aux forces de l'ordre et aux bulldozers qui reprennent du terrain centimètre par centimètre. Comme la Commune de Belleville, cadre du roman.



Sabrina Calvo propose un roman déroutant mais fort. Il faut peut-être un peu de temps pour entrer réellement dedans, mais je pense que cela en vaut la peine. C'est de la science-fiction comme je l'aime : intelligente, inventive et engagée.
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Melmoth furieux

Toutes les quatre semaines, j’ai institué avec mon meilleur ami un rdv devenu incontournable : la visite à la médiathèque. Quel plaisir de baguenauder ensemble dans les rayons, de laisser traîner nos regards sur les livres rangés ou exposés, de chercher un ouvrage précis ou d’en découvrir un jusqu’alors inconnu...

Et toujours la même scène finale au sortir du bâtiment : « Comment va-t-on trouver le temps de lire tout ça?!? », pour immanquablement éclater de rire devant ce comique de répétition : nous répétons cette réplique à chaque fois, et ce, pour notre plus grand plaisir.



Et c’est ainsi que j’ai trouvé « Melmoth furieux ».

Quelle couverture ! Quel titre en même temps ! Je ne pouvais que m’y arrêter, m’interroger et parcourir la quatrième de couverture : l’histoire d’une couturière qui a rejoint la commune solidaire de Belleville et qui veut détruire Eurodisney avec une bande de gosses pour venger son frère… What ? Ce roman m’appelait littéralement.



Et tout est dit en ces quelques mots. C’est effectivement l’histoire de Fi, qui joue de fils et d’aiguilles pour vivre, s’exprimer, refréner sa colère… Parce qu’elle est un peu abîmée la demoiselle, angoissée, torturée même. Il faut dire que dans le monde dans lequel elle vit, dans cette zone auto-gérée en lutte contre un État autoritaire, c’est bien au jour le jour que la vie se gère.

Fi est hantée par la mort de son frère, une fin terrible alors qu’il travaillait dans l’enceinte et pour Eurodisney. Mais elle l’est encore plus par le combat qu’il menait contre cette structure qu’il soupçonnait d’être la pire engeance d’un capitalisme néo-libéral, au solde de l’État, prêtant ainsi ses murs pour emprisonner les opposants, exploiter les enfants et leur voler leurs amis imaginaires. Alors elle imagine le projet fou d’y mettre fin, rejointe par la bande de gamins qu’elle a recueilli mais aussi d’un ami de son frère, un dénommé François Villon.

Autour d’elle, du refuge qu’elle s’est choisi, le bastion de Belleville gronde et s’échauffe, les barricades se dressent ; ses occupants ne veulent pas disparaître et voir leur cité rasée comme d’autres ont déjà pu l’être. Bientôt le chaos ?



Dès l’entame de ce roman d’une grande et belle complexité, j’ai très vite compris qu’il me fallait me laisser porter par le texte, par les mots, par la poésie de Sabrina Calvo. Accepter d’abandonner une certaine forme de réalisme pour me laisser bercer par le fantastique et l’onirique ; de pénétrer ce monde nouveau et étrange, et pourtant, provoquant le sentiment de déjà-vu, de déjà vécu, un univers à la fois proche et très éloigné du nôtre. L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?



Moi qui n’ai jamais vraiment apprécié le monde féerique de Disney, me voilà servie. Moi, la fan de The Cure, de Bauhaus, me voilà ravie. Ce roman me parle proprement mais va plus loin encore, il m’emmène vers un inconnu si séduisant sous cette plume : la couture. Depuis le travail à la chaîne jusqu’au travail minutieux de l’artisan, tout y est : le vêtement-identité, le vêtement-protecteur, l’enveloppe, la seconde peau ; et puis, plus fort encore, le travail de tissage social, de tissage politique.



L’insurrection qui naît là, dans cette commune libre de Belleville, se vit au quotidien, à chaque instant, dans un mode vie volontairement différent, où tout se trouve ré-inventé ; l’habillement bien sûr mais pas que, le relationnel aussi, la manière d’être. Homme, femme, être surnaturel, peu importe véritablement, nous voilà plongés dans un monde non genré, ou plus exactement, au-delà du genre. Et c’est juste magnifique.



Bon, vous l’avez compris, je suis sous le charme de Sabrina Calvo.

En une phrase : « Récit d’une lutte sociale émaillé de fantastique, Melmoth furieux nous donne à voir les failles de notre époque et les combats qu’il faudra encore mener ».



Je crois que j’ai vu Toxoplasma à la médiathèque… Il est pour moi !

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Melmoth furieux

« Me prend soudain l’envie d’aller brûler Eurodisney. » Dès les premières pages de Melmoth furieux, Sabrina Calvo annonce la couleur. Ou plutôt l’un des tons de son roman, tour à tour rageur, fantasque, drôle, mélancolique, triste, doux, violent, rêveur, sarcastique… À moins que celui-ci ne soit une geste poétique écrite non en vers, mais en prose ?

Toujours est-il que ce livre nous raconte l’histoire de Fi, banlieusarde réfugiée dans la Commune de Belleville après que son frère se soit immolé par le feu lors de l’inauguration du parc d’attractions. Ce geste fut l’un des premiers d’une série aboutissant à la chute des différents gouvernements et au fait que Mickey et consorts tombent le masque.

Dans un monde à la fois proche du nôtre et très éloigné, sur la colline de Belleville, une poche de résistance lutte à coup d’idéal collectif, d’entraide, de jeux vidéo et de mode, de récupération et de sentiments. Dans cet endroit, Fi coud, aime et câline, mais, hantée par son frère, elle rêve de vengeance et de libération. Et se demande qui est Villon ? Comment lui et son canard à trois pattes sont-ils entrés dans sa vie ? Pourquoi ? Et peuvent-ils l’aider contre Melmoth ?

Laissez-vous porter par les mots et ne cherchez pas de linéarité dans ce récit : il n’y en a pas. L’œuvre est comme les tenues et les pensées de Fi : entremêlée et nouée jusqu’à la révélation finale. La protagoniste mélange les temps comme les tissus : son passé avec son frère dans une cité de banlieue, son présent dans un Belleville recrée à l’image de la Commune de 1871 entre peur et utopie joyeuse et un futur possible, celui de sa Croisade des enfants contre Eurodisney.

Alors que l’histoire se dévide, elle passe d’un réalisme fantaisiste au pur féérique en passant par la noirceur de certains assauts évoquant Strange Days. Il y a de la magie à l’œuvre dans ce texte, entretissé de références croisées et détournées, qu’elle soit détournée par des puissances mercantiles ou renouvelée et réemployée par Fi et les autres communards. L’histoire comme la mode ne sont-elles pas une éternelle réinvention du monde ?

Avec Melmoth furieux, laissez-vous surprendre dans les rues de la ville, casque sur les oreilles, à partager ses joies, ses luttes et ses peines tout en contemplant le plus beau panorama de Paris.
Lien : https://www.outrelivres.fr/m..
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Melmoth furieux

Depuis que son frère s'est immolé devant Eurodisney, Fi nourrit une haine sourde pour la souris et sa tour sombre. Elle vit dans un Belleville devenu ZAD encerclé par le pouvoir gangréné par le géant de l'imaginaire. Fi n'a que la couture comme moyen de survie…. Elle se réveille avec un désir sourd : Brûler Eurodisney.



Une plume qui sait tisser et trancher dans le tissu des rêves. Sabrina Calvo nous offre un univers de marginaux brisés par un imaginaire standardisé par le démon joué par Eurodisney. La critique est claire et l'utilisation d'aspects fantastiques dans le récit renforce le propos autour de nos imaginaires : qui les contrôle et comment créer pour résister. Pour parler d'imaginaire, quoi de mieux que des enfants ? Autour de notre personnage principal gravite une bande de mioche débrouillards qui m'ont touchés par leur aspect solaire, apportant toujours du positif dans un univers qui pourrait sembler bien sombre. Au-delà de ce frisson de révolte, Melmoth furieux c'est aussi une histoire d'amour entre Fi est Villon, cet être à part, presque inhumain qui la fascine tant elle aimerait être aussi libre que lui. Chaque thématiques de l'ouvrage sont explorées via la couture, principal moyen d'expression de Fi. Elle tisse des liens avec les autres groupes de Belleville, elle s'enroule telle un drap autour de Villon, elle crée des vêtements qui sont tant d'armures, de secondes peaux, un moyen de résister, d'être soi, d'être différent … La couture devient une métaphore qui file l'entièreté du livre. J'ai été subjuguée par le style d'écriture de l'autrice d'une poésie parfois brutale qui sait composer avec ses propres mots, comme si elle avait créer un langage propre à son univers. J'ai eu une vraie impression d'oeuvre totale en lisant ce livre, la forme servait le fonds, le tout était beau, intelligent, percutant. Une fois l'oeuvre achevée, il nous reste un espoir fou mêlé à une forme d'indignation … Et si … Et si on brûlait Eurodisney ?
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Melmoth furieux

Extrait de ma chronique :



"Cette liberté, c'est avant tout celle qu'offre la création : comme Elliot du Néant, Melmoth furieux est avant tout un magnifique hommage à l'art, vu ici à travers le prisme de la couture (rappelons au passage avec Littré que le mot "texte" vient du latin "textus" qui signifie "tissu").







Le "vortex de vitesse et d'étoffe" (page 282) que crée Fi, à l'aide d'une muse, François Villon, qu'elle vampirise autant que le peintre du Portrait ovale d'Edgar Allan Poe, c'est donc tout aussi bien le tourbillon de mots où nous entraîne Sabrina Calvo, qui rêve visiblement, comme son héroïne, de "coudre avec le feu" (page 21)."




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Melmoth furieux

Melmoth Furieux est un roman de Sabrina Calvo qui mêle combat politique d’une Commune contre un fascisme nourri par une mégacorporation et étrangeté surnaturelle, nourri par une langue extrêmement riche et moderne, qui alimente la voix d’une narratrice, Fi, qui cherche à venger son frère en brûlant Eurodisney.

J’ai adoré retrouver la plume de Sabrina Calvo !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Melmoth furieux

Sur la recommandation d’Alain Damasio dans le cadre d’une interview, j’ai attaqué ce Melmoth Furieux plein d’enthousiasme. Je n’ai cependant pas réussi à dépasser la première moitié. Certes l’auteur propose une prose originale qui rend ses personnages en révolte crédibles. Toutefois, à trop installer cet univers, la progression narrative était trop lente pour me tenir en haleine. Le propos politique a, selon moi, pris le pas sur le projet littéraire et mon plaisir de lecteur à graduellement décliné. Dommage car j’aurai adoré aimer !
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Melmoth furieux

"Melmoth furieux" est un roman paru en 2021 aux éditions La Volte et écrit par Sabrina Calvo. De Sabrina Calvo, je n'ai entendu que du bien (notamment, comme toujours, par la salle 101). Je m'étais déjà procuré Toxoplasma, sur lequel je ne m'étais pas penché outre mesure pour le moment. Ayant reçu Melmoth par l'opération Masse Critique (merci mille fois!), le pas a été franchi.

Et la principale difficulté de cette critique sera de ne pas me faire passer pour un c**.



On suit Fi, une couturière d'environ la trentaine, qui mène une sorte de rébellion sourde contre Eurodisney depuis que son frère s'est (mystérieusement) immolé devant le jour de l'inauguration. Fi évolue à Belleville, transformée en ZAD où ça zone dans tous les sens, mêlant défonce et chocapic.



J'aimerais tout d'abord souligner la qualité d'écriture de Sabrina Calvo. C'est vraiment très bien écrit. Sa puissance d'évocation est impactante, à chaque ligne. La poésie est omniprésente (on a parfois l'impression de lire un poème en prose (bon c'est pas une impression, c'en est un)) et le toux est très agréable à suivre.



Mais alors, que s'est-il passé?

Eh bien... Cette histoire, si justifiée soit-elle, m'insupporte. Cette espèce de verve anti-capitaliste, anti-contrôle, anti-flic me dérange franchement (rien que dans le fait qu'on a bien du mal à se bander les yeux devant un quelconque concept de responsabilité individuelle). Passons sur le fait que l'effort d'identification était insurmontable (franchement, ça a beau être de "belles personnes", pleines de "belles valeurs", j'arrive pas à me dire que des ado qui se démonte la gueule à coup de taz en sentant la croquette est une perspective sociale d'avenir).

Là où on a de grande chance de passer pour un c**, c'est qu'en disant ça on se retrouve dans la peau des anti-Belleville parfois décrits dans le bouquin. Mais honnêtement: il est de quel côté, le stéréotype?

Par honnêteté intellectuelle, je précise que j'ai abandonné le livre à environ la moitié. Je garde donc la réserve de ne pas avoir lu l'œuvre en entier.



Bon, après, je suis pas malin. C'est ouvertement engagé, j'imagine que lire quelques critiques avant m'aurait épargné beaucoup de peine.

C'est pas un drame. Je tenterai peut-être un jour Toxoplasma, ne serait-ce que pour retrouver la plume de Sabrina Calvo. Mais j'émets quand même de gros doutes sur ma réaction à venir.

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Melmoth furieux

J’ai commandé ce bouquin en même temps que « la nuit du Faune » suite à un podcast de la méthode scientifique sur France Culture. Le ton est trash, moderne (trop?) décousu anarchiste et féministe. C’est poétique, brouillon, ça casse les codes ça les défonce, même. De pures perles dans un magma de vie parfois indigeste. Une dystopie peu narrative, toute en impression, en argot 2020 dans une Commune de Belleville aux barricades contre la Souris Noire fasciste.

Du tissu aussi beaucoup. Et de l’amour, des amours.

A ne pas mettre en toutes les mains, l’un des livre au style le plus déroutant que j’ai lu depuis un moment…
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Minuscules flocons de neige depuis dix minu..

Un véritable patchwork des actuelles cultures urbaines (jeux vidéos, animation, réalités virtuelles, Godzilla, Mickey, TRON), le tout porté par une écriture vraiment talentueuse. Quelque part entre William Gibson et David Lynch...
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Minuscules flocons de neige depuis dix minu..

[...]



Je dois tout d'abord souligner la qualité du livre objet lui-même, avec sa double couverture brillante et ses multiples illustrations. Ce fut une très agréable surprise. C'est un peu difficile pour moi (qui vit assez loin de toute librairie diffusant ce type d'ouvrage) de se faire une idée, juste en regardant une couverture sur internet.



Le roman, ensuite, fut une sacrée claque. Sans le placer dans le top de mon classement, je l'ai trouvé vraiment très bon, dans l'originalité des points de vue et du style de narration.



La grille ! Est-elle là pour délimiter des espaces, petits pixels de vie ? Ou met-elle en valeur les lignes directrices et ses intersections ? Un vrai dilemne pour David Calvo. Dans son roman, un peu kaléidoscope, il fixe chaque image, les pulvérise de références. On touche à tout ici, de Disney à Tron en passant par le Numénor ou Starwars.



[...]
Lien : http://question-sf.over-blog..
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Minuscules flocons de neige depuis dix minu..

On nage dans l'hyper-réel ; c'est trash, gore, angoissant. A ma première lecture je me suis trop identifiée au héros et je me suis sentie agressée par la ville, les gens. Chaque personnage de cette histoire a son propre univers. Il faut lire ce livre avec de l'empathie pour chacun.

L'univers fait penser à eXistenZ en plus dérengeant mais avec moins d'actions ou à Matrix avec moins d'effets spéciaux ;)

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Nid de coucou

Tout ce que j'aime dans les bouquins de Calvo ! -Le format succession de nouvelles est moins confortable que le roman mais plus proche de l'effet je suis en plein rêve.- (Esotérique à souhait : Je comprends ce que je veux car mon point de vue d'optimiste biaise tout son pessimisme.) Le monde est fabuleux, terrifiant, plein d'humour et de fantasie ; tellement bien décrit qu'on sy croirait. Tellement proche de notre monde et tellement loin. On éprouve tout en lisant ce livre déroutant. Il est hanté par les personnages récurents au monde de Calvo : la Jabule, Casimir, les pirates... Un grand merci à l'auteur pour ce voyage en onirie.
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Sauve qui peut : Demain la santé

Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l’avenir de nos systèmes de santé. Et le moins que l’on puisse, c’est que ce n’est pas l’optimisme qui règne !



Parmi les idées qui reviennent le plus souvent dans les différents, on notera le big data, la surveillance généralisée du moindre de nos organes et l’impossibilité – physique ou sociale – de se sentir mal ; ainsi qu’une fracture de plus en plus forte entre les populations riches, qui auraient accès aux techniques médicales de pointe, et les plus pauvres, perdant progressivement l’accès aux spécialistes de la santé.



Tous les textes sont emprunts d’un sentiment de révolte qui fait certainement écho à l’actualité : il n’y a plus rien à attendre des élites politiques ou médicales, il faut s’auto-organiser, apprendre collectivement à réaliser les soins médicaux de base – chacun citoyen doit pouvoir être soigné par un de ses voisins. D’autres auteurs feront appel à la magie : coupeurs de feu, don de guérison par simple contact… des capacités innées qui échappent à tout contrôle scientifique et qui rétablissent une certaine égalité dans la population.



Point à signaler également, le recueil fait la part belle aux « expérimentations littéraires », notamment à différents types d’écriture inclusive. Étant assez neutre dans ce débat, je dois tout de même reconnaître que ça a plus freiné ma lecture qu’autre chose. Si les points médians ne m’ont pas dérangé, les « iels » ou la féminisation accentuée de certains termes m’ont empêché d’avoir une lecture fluide. De même, utiliser « il » et « elle » indifféremment pour le même personnage n’apporte à mon sens que de la confusion, et je ne vois pas très bien ce que ça ajoute au récit.



Comme dans tout recueil, il a des récits qui m’ont passionné et d’autres qui m’ont ennuyé. Je regrette juste que tous les textes partagent la même orientation politique, un peu plus de variété aurait été appréciable.
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après avoir imaginé les conditions de travail du futur dans un précédent volume, les éditions La Volte s'interrogent cette fois-ci sur l'avenir de la santé. S'interrogent ? Pas vraiment : les nouvelles qui composent ce recueil cherchent plus à dénoncer le système actuel – voire à tirer dessus à boulets rouges – qu'à en extrapoler un avenir possible. Et pour cause, les auteur(e)s qui ont répondu à cet appel à textes semblent, pour la majorité, avoir confondu activisme et réflexion. Et cela se ressent dans le caractère résolument affirmatif des nouvelles qui, de fait, ne s'adresseront réellement qu'à un public convaincu d'avance.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Sauve qui peut : Demain la santé

J'ai adoré cette anthologie qui dresse une image des débats qui traversent notre société autour de la santé. Avec humour, poésie, lucidité, ces nouvelles tissent des futurs souvent peu souhaitables mais dans lesquels luisent de l'espoir, des germes de solutions.

FeelGood, Les derniers possibles, À l'intérieur d'orchidée Naakey, À cros perdus, de nos corps inveillés viendra la vie éternelle, CRISPR casse Desneuf, Protocole d'urgence et Considère le nénufar m'ont enthousiasmée.

Une très belle sélection !

Une anthologie "Feel Good" comme le titre de la première nouvelle du recueil. Ces fictions brossent un portrait noir de notre présent au travers de futurs trop parfaits qui se fissurent, de futurs précaires d'où tout peu jaillir, de futurs en déconstruction,... Désillusions et espoirs se mêlent.

Les nouvelles jettent leur éclairage situé sur l'état de la santé dans notre pays.

On y rencontre les grandes problématiques liées à l'hôpital, à la recherche, au diagnostic, au transhumanisme, au statut des soignés comme des soignants,.. .

La Volte nous donne une fois de plus la possibilité de lire de la Sf qui sait sortir des sentiers battus pour nous faire rêver, réfléchir, ressentir.
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Sauve qui peut : Demain la santé

« On avait changé de lunettes et un continent immense avait surgi » : quinze nouvelles pour tenter d’imaginer les lignes de fuite de notre rapport social et politique aux systèmes de santé. Impressionnant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/15/note-de-lecture-sauve-qui-peut-demain-la-sante-collectif/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Sauve qui peut : Demain la santé

Après Nos Futurs, excellente anthologie de textes et d'articles mêlant science et fiction, voici que les éditions La Volte nous offrent une anthologie SF autour de la santé. Une initiative plus qu'alléchante qui rassemble aussi bien des auteurs et autrices connu(e)s que des petits nouveaux en pagaille. Confectionnée par Stuart Calvo, 15 textes nous attendent de pied ferme…



Que conclure du point de vue littéraire de cette anthologie ?

D'abord, qu'il s'agit avant tout d'un recueil de révolte et d'indignation où les idées politiques de gauche (et notamment d'extrême-gauche) essaiment à tout-va. En soi, la chose n'a rien de négatif mais son emploi forcené dans la plupart des textes, au moins 10 des 15 présents, vient souvent occulter le sujet censément principal : la santé (mais nous en reparlerons après). Présentement, ce qui pose problème, c'est que les textes de l'anthologie sont soit des textes militants purs et durs soit des expérimentations littéraires dans le prolongement du style d'Alain Damasio. Et ces deux angles d'attaques annihilent le reste du texte à chaque fois ou presque (avec l'exception notable des nouvelles de Theodore Koshka, Tristan Bultiauw et Benno Maté). 

Et c'est bien dommage, car, si l'on en reste strictement au plan littéraire, les textes remarquables se comptent sur les doigts d'une main, le plus abouti semblant sans surprise être celui de Sabrina Calvo.

Le problème ici, c'est que cette anthologie s'attaque à la problématique de la santé et qu'il s'agit là d'un axe capital pour ne pas dites essentiel pour le lecteur qui s'intéresse au sujet de la fiction (voire de la science-fiction) et du médical. C'est ici que les choses se compliquent énormément…



Synthèse médicale :

Je quitte ici l'emploi de la troisième personne pour apporter mon point de vue médical puisque je suis également médecin généraliste exerçant en tant qu'urgentiste pédiatrique.

L'annonce de cette anthologie sur la santé de demain était pour moi une énorme attente, ravi de voir un éditeur sérieux s'emparer d'un sujet aussi pléthorique et divers. La déception est donc à l'avenant.

Sauve qui peut n'est pas une anthologie sur la santé. Elle est en réalité (et revendiquée dans la post-face comme telle) une anthologie sur la politique de santé et sur un certain militantisme, notamment LGBT+. Ce qui, encore une fois, n'a rien de négatif à priori mais voilà qui va grandement décevoir ceux qui, comme moi, s'attendaient à voir la santé traitée sous un angle prospectif ou, tout du moins, scientifique.

Ici, la science n'est jamais citée, du moins pas comme on l'attend. Ce qui saute aux yeux quand je lis les textes rassemblés dans cet ouvrage, c'est que sur 15 auteurs, aucun n'est une personne qui travaille dans le milieu médical.

C'est comme si on écrivait un livre sur la mécanique sans aucun mécanicien dedans. Jusque dans la post-face, Demain la Santé se réfère à la philosophie plus qu'à la science médicale. le lecteur se doit donc d'être prévenu, l'anthologie ne se penche que sur le système de santé (et cela de façon uni-dimensionnelle et orientée à gauche toute) et non sur le soin en lui-même.

De façon plus pragmatique, en tant que soignant, ce recueil a de quoi faire déprimer. Sur 15 textes, onze abordent la médecine actuelle comme néfaste pour le patient, 5 mettent en avant la médecine alternative et représente la médecine actuelle comme un danger, notamment les médicaments. Une constatation terrible pour moi en tant que praticien qui résulte de deux choses certainement : aucun ici n'est soignant et tous tissent donc des histoires à partir du « vécu patient » et donc l'interrogation, qu'est-ce qui coince tant pour que la médecine soit autant haïe ?

Préférant privilégier des réflexions sur le genre et l'inclusivité, l'anthologie zappe tout le reste. Tout. Et il y avait matière à faire dans le domaine médical !

Des exemples en vrac ? La montée en flèche du taux de BMR (Bactéries Multi-résistance) et l'abus des antibiotiques, la balance bénéfice-risque des traitements, la propagande anti-vax et le recours à une médecine de charlatans, l'IVG, le contenu et l'interprétation des études, l'euthanasie, les effets secondaires des médicaments, l'incertitude médicale dans la maladie, la relation médecin-malade, l'impact de la vieillesse de la population sur l'émergence des maladies dégénératives, le manque de moyens pour les maladies orphelines, la propagation des épidémies, les thérapies géniques, la neuromodulation et l'apport de technologies mécaniques au corps humain… et la liste serait encore très longue. Aucun de ces thèmes n'est abordé sérieusement ici, aucun. Tout reste superficiel et orienté pour correspondre davantage à un tract politique qu'à une réflexion sur la santé face à l'humain. On se consolera avec quelques éléments philosophiques chez Tristan Bultiauw ou Lauriane Dufant, mais c'est bien mince à l'arrivée. le tout en précisant que je suis absolument d'accord avec la vision du recueil quand au démantèlement de notre système de santé pour le profit pur et dur. Mais la vision simpliste de ce qu'il faut faire pour redresser la situation démontre simplement que les personnes qui en parlent ne se rendent pas compte que, oui, la médecine de qualité a un coût. La vraie question reste comment faire pour que cette médecine de qualité reste gratuite et strictement gratuite pour tous ?

Dernier point et non des moindres, j'ai été révolté de lire au sein de ces quinze nouvelles un texte ouvertement anti-vax. Ce qui n'est pas véritablement une surprise tant l'idéologie ici se veut anti-médicament et donc anti-science. Bien évidemment, les médicaments n'ont pas que des avantages, les laboratoires ne sont pas des saints du tout (il faudrait être bien naïf), mais tout se passe dans l'anthologie comme si la réponse de demain serait un retour au naturel. 

Un naturel qui donnait une espérance de vie de 30 ans par le passé. Merci bien, on vous le laisse.

La présence de ce seul texte suffit à déconseiller l'acquisition de cette anthologie de mon point de vue strictement médical. Il est absolument catastrophique de voir une partie militante de l'imaginaire glisser vers une philosophie anti-scientifique juste parce que cette partie militante assimile le riche à la technologie et à la science et, par ricochet, aux médicaments et aux vaccins.



Vous l'aurez compris, Sauve qui peut ne présente qu'un intérêt congru pour le lecteur de science-fiction. Il s'adresse avant tout à un milieu déjà acquis aux principes énumérés au fil des pages, et devrait donc plaire à tous ceux qui attendent quelque chose où la révolte et les idées politiques prennent le pas sur le reste. Si vous cherchez des textes sur la médecine, vous serez amèrement déçus. Pour ceux qui recherchent une anthologie d'anticipation mêlant rigueur et littérature, jetez-vous sur Nos Futurs. Vous voilà prévenus.



(Retrouvez en lien la critique complète, nouvelle par nouvelle)
Lien : https://justaword.fr/sauve-q..
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Sous la colline

Tout d'abord, je tiens à remercier Babelio et les éditions La Volte pour l'envoi de ce roman qui m'a fait voyager au sein d'une des oeuvres phares du grand Le Corbusier: La Cité Radieuse de Marseille.



Ce huis-clos se développe d'après l'incendie qui a eu lieu en 2012 et la découverte d'un placard pendant les travaux dans l'unité d'habitation.

L'auteur nous immerge donc dans une sorte d'uchronie dans laquelle on imagine sans difficulté cette fiction qu'il propose.

Doucement, on fait la connaissance du personnage principal pour le moins atypique et à la recherche de sa propre identité à travers son enquête.

L'histoire avance à un rythme plutôt lent, mais on ne s'ennuie pas car l'auteur jongle entre la fiction, les anecdotes à propos de l'architecte et quelques légendes grecques. On découvre également des personnages attachants: des habitants qui ont vécu l'utopie de ce projet et qui en parlent aujourd'hui avec force et nostalgie. Ce livre n'est qu'un roman mais l'auteur nous fait passer de nombreux messages qui nous font réfléchir.

Même si l'enquête n'est pas extraordinaire, cette lecture vaut vraiment le détour car elle est très instructive.

L'objet livre en lui-même est très agréable pour son format et ses pages épaisses. J'ai également adoré la couverture très colorée illustrant une des natures mortes de Le Corbusier.



Une bien belle découverte pour commencer l'année en beauté! Encore merci pour la superbe opération de Masse Critique, sans laquelle je serai passée à côté de ce bel ouvrage.
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