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Citations de Saint-John Perse (269)


C'est le soir sur ton Ile et à l'entour, ici et là, partout où s'arrondit le vase sans défaut de la mer ; c'est le soir couleur de paupières, sur les chemins tissés du ciel et de la mer.
Tout est salé, tout est visqueux et lourd comme la vie des plasmes.
L'oiseau se berce dans sa plume, sous un rêve huileux ; le fruit creux, sourd d'insectes, tombe dans l'eau des criques, fouillant son bruit.
L'île s'endort au cirque des eaux vastes, lavée des courants chauds et des laitances grasses, dans la fréquentation des vases somptueuses.
Sous les palétuviers qui la propagent, des poissons lents parmi la boue ont délivré des bulles avec leur tête plate ; et d'autres qui sont lents, tâchés comme des reptiles, veillent. - Les vases sont fécondées - Entends claquer les bêtes creuses dans leurs coques - Il y a sur un morceau de ciel vert une fumée hâtive qui est le vol emmêlé des moustiques - Les criquets sous les feuilles s'appellent doucement - Et d'autres bêtes qui sont douces, attentives au soir, chantent un chant plus pur que l'annonce des pluies : c'est la déglutition de deux perles gonflant leur gosier jaune...
Vagissement des eaux tournantes et lumineuses !
Corolles, bouches des moires : le deuil qui point et s'épanouit ! Ce sont de grandes fleurs mouvantes en voyage, des fleurs vivantes à jamais, et qui ne cesseront de croître par le monde...
Ô la couleur des brises circulant sur les eaux calmes,
les palmes des palmiers qui bougent !
Et pas un aboiement lointain de chien qui signifie la hutte ; qui signifie la hutte et la fumée du soir et les trois pierres noires sous l'odeur de piment.
Mais les chauves-souris découpent le soir mol à petits cris.
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Et vous, Mers, qui lisiez dans de plus vastes songes, nous laisserez-vous un soir aux rostres de la Ville, parmi la pierre publique et les pampres de bronze ?
Plus large, ô foule, notre audience sur ce versant d'un âge sans déclin : la Mer, immense et verte comme une aube à l'orient des hommes,
La Mer en fête sur ses marches comme une ode de pierre : vigile et fête à nos frontières, murmure et fête à hauteur d'homme - la Mer elle-même notre veille, comme une promulgation divine....
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Les vents sont forts ! la chair est brève !… […] Qu'on m'enseigne le ton d'une modulation nouvelle !

Et vous pouvez me dire : Où avez-vous pris cela ? — Textes reçus en langage clair ! versions données sur deux versants !… Toi-même stèle et pierre d'angle !… Et pour des fourvoiements nouveaux, je t'appelle en litige sur ta chaise dièdre,

Ô Poète, ô bilingue, entre toutes choses bisaiguës, et toi-même litige entre toutes choses litigieuses — homme assailli du dieu ! homme parlant dans l'équivoque !… ah ! comme un homme fourvoyé dans une mêlée d'ailes et de ronces, parmi des noces de busaigles !
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Et puis ces mouches, cette sorte de mouches, vers le dernier étage du jardin, qui étaient comme si la lumière eût chanté!
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Il est temps de brûler nos vieilles coques chargées d’algues. La Croix du Sud est sur la Douane : la frégate-aigle a regagné les îles ; l’aigle harpie est dans la jungle, avec le singe et le serpent-devin. Et l’estuaire est immense sous la charge du ciel.
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Et les murs sont d'agate où s'illustrent les lampes. Hauts murs polis par le silence et par la science, et par la nuit des lampes. Silence et silencieux office. Prêtre et prêtrise. Sérapéum !
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Et ce n'est point qu'un homme ne soit triste, mais se levant avant le jour et se tenant avec prudence dans le commerce d'un vieil arbre, appuyé du menton à la dernière étoile, il voit au fond du ciel à jeun de grandes choses pures qui tournent au plaisir...
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"Et dit encore, menant mes yeux comme de jeunes hommes à l'écart:
.... Reine parfaitement grasse, soulève
cette jambe de sur cette autre; et par là faisant don du parfum de ton corps,
ô Affable ! ô Tiède, ô un-peu-Humide, et Douce,
il est dit que tu nous
dévêtiras d'un souvenir cuisant des champs de poivriers et des grèves où croît l'arbre-à-cendre et des gousses nubiles et des bêtes à poche
musquée !"
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Toi, l'homme avide me dévêts : maître plus calme qu'à son bord le maître du navire. Et tant de toile se défait, il n'est plus femme d'agréée. S'ouvre l'Été, qui vit de mer. Et mon cœur t'ouvre femme plus fraîche que l'eau verte : semence et sève de douceur, l'acide avec le lait mêlé, le sel avec le sang très vif, et l'or et l'iode, et la saveur aussi du cuivre et son principe d'amertume - toute la mer en moi portée comme dans l'urne maternelle...
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Saint-John Perse
Je mènerai au lit du vent
l'hydre vivace de ma force,
je fréquenterai le lit du vent
comme un vivier de force et de
croissance.
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Car nos années sont terres de mouvance dont nul ne tient le fief, mais comme un grand Ave de grâce sur nos pas nous suit au loin le chant de pur lignage ; et il y a un si long temps que veille en nous cette affre de douceur …
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C'étaient de très grands vents, sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre... Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !
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Un homme est dur, sa fille est douce. Qu'elle
se tienne toujours
à son retour sur la plus haute marche de la
maison blanche,
et faisant grâce à son cheval de l'étreinte des
genoux,
il oubliera la fièvre qui tire toute la peau du
visage en dedans.
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Et de la Mer elle-même il ne sera question, mais de son règne au cœur de l'homme.
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Dans Chroniques:
Grand âge nous voici. Rendez-vous pris et de longtemps avec cette heure de grand sens.
Il est temps de brûler nos vieilles coques chargées d’algues… L’estuaire est immense sous la charge du ciel.
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Hôte précaire de l'instant, homme sans preuve ni témoin, détacherai-je mon lit bas comme une pirogue de sa crique ?
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Et toi plus maigre qu’il ne sied au tranchant de l’esprit, homme aux narines minces parmi nous, ô Très-Maigre ! ô Subtil ! Prince vêtu de tes sentences ainsi qu’un arbre sous bandelettes,

aux soirs de grande sécheresse sur la terre, lorsque les hommes en voyage disputent des choses de l’esprit adossés en chemin à de très grandes jarres, j’ai entendu parler de toi de ce côté du monde, et la louange n’était point maigre

Amitié du Prince
I
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… Car telles sont vos délices, Seigneur, au seuil aride du poème, où mon rire épouvante les paons verts de la gloire.
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« Lavez, lavez l’histoire des peuples aux hautes tables de mémoire : les grandes annales officielles, les grandes chroniques du Clergé et les bulletins académiques. Lavez les bulles et les chartes, et les Cahiers du Tiers Etat ; les Covenants, les Pactes d’alliance et les grands actes fédératifs ; lavez, lavez, ô Pluies ! tous les vélins et tous les parchemins, couleur de murs d’asiles et de léproserie, couleur d’ivoire fossile et de vieilles dents de mules … Lavez, lavez, ô Pluies ! les hautes tables de mémoire.
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Début de PLUIES (in EXIL)

Le banyan de la pluie prend ses assises sur la Ville,
Un polypier hâtif monte à ses noces de corail dans tout ce lait d'eau vive,
Et l'Idée nue comme un rétiaire peigne aux jardins du peuple sa crinière de fille.

Chante, poème, à la criée des eaux l'imminence du thème,
Chante, poème, à la foulée des eaux l'évasion du thème :
Une haute licence au flanc des Vierges prophétiques,

Une éclosion d'ovules d'or dans la nuit fauve des vasières
Et mon lit fait, ô fraude ! à la lisière d'un tel songe,
Là où s'avive et croît et se prend à tourner la rose obscène du poème....
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