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Citations de Sandrine Collette (1583)


A cet instant, Corentin contempla la maison, le jardin, les enclos. Les piles de bois rangées sur le côté, les palissades, la réserve d'eau et la petite grange qui n'abritait presque plus rien, et cela lui sembla, le temps de ce regard, être une sorte de paradis qu'il n'avait envisagé comme tel.
Mais maintenant qu'il fallait le quitter.
Tout lui paraissait si bien fait. Si -il chercha le mot - familier.
Il comprenait ces gens que des ouragans ou des raz-de-marrée menacent, et qui refusent de partir.
Encore une fois, cela serait un déchirement. Cela n’arrêterait jamais.
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Cela avait pris Corentin de court parce qu'il n'avait pas pensé que ce serait aussi vite. Il avait cru qu'avec la nourriture encore abondante, avec le trop peu de vivants, il n'y aurait pas de guerre - et la guerre était là.
C'étaient des fous, disait Mathilde.
C'étaient des hommes, répondait-il.
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Corentin s'était aperçu que le chiot n'était pas complètement aveugle. Il évitait les arbres, les panneaux, il devinait les masses. Il reniflait. Il écoutait. Il s'en sortait plutôt bien. Nul doute que s'il avait dû chasser pour trouver sa nourriture, ç'aurait été compliqué - parfois malgré son attention, il se cognait sur un objet qui traînait, sur une pierre, il trébuchait dans un trou. Il se relevait en s'ébrouant. Il repartait. Il ne cédait pas.
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Dès qu’il y avait eu des hommes, les vivants qui les entouraient avaient commencé à s’éteindre.
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« La chaleur qui monte doucement me semble inespérée. Je tends mes mains vers elle, les pose sur les joues bleutées d’Elias. Sa bouche glacée. Incapable d’articuler son nom. Alors comme a dit
Vigan, je reprends : Comment tu t’appelles ? À son regard je vois bien qu’il m’entend mais ses muscles ne répondent pas, et je continue, le feu, mes mains, le pousser près, plus près. Dès que l’eau tiède permet de faire un premier mauvais thé, Vigan passe les gobelets pour Etienne, Lucas et Elias.
Sous le choc. Mon pauvre ange. En portant la tasse à ses lèvres, les larmes me viennent soudain. Et s’il mourait. S’il tombait là, et que mon avenir soit une vie sans lui. »
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Il fallait vivre chaque jour comme s’il était le dernier – pas pour se faire peur, mais pour avoir le moins de regrets possible. De toute façon, il en resterait. De toute façon, la mort n’était jamais parfaite.
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Il pleuvait dehors.
Les hortensias avaient été en fleurs mais -
La nuit restait à l'intérieur
Un peu de vent passait.
Seul geste, seul mouvement de la terre.
Tout est mort en définitive, se dit-il.
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Seulement elle n’était pas tout à fait comme les autres, elle n’était pas tout à fait là avec eux, et même avec lui. Sauf quand elle chassait.
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Il pense à la question de Steban tout à l'heure, à la voix éraillée de trop peu parler. Tu f'ras quoi plus tard ?
Il ne se l'est jamais demandé.
Pour la première fois il comprend que sa vie peut être autre, qu'il la tient entre ses mains. L'instant d'après il crache par terre.
Comme il l'a dit : pour aller où ?
La mère est son avenir, l'estancia sa destinée et son tombeau. Il ne veut ni réfléchir ni répondre. Cela abîmerait trop de choses. Seul le bétail est important, et le travail de chaque instant, l'infinie répétition, lassante et rassurante, et même le galop des chevaux se ressemble de jour en jour, et le souffle des bêtes, et la lumière de l'aube sur la plaine. Envisagée ainsi, la vie n'a pas lieu de changer. Elle peut durer le temps de l'humanité, le temps de l'univers et des certitudes. Surtout ne pas se poser la question de Steban. Derrière, il y a le poison.
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C'est ce que j'aime chez lui : sa capacité à faire vivre ce qui me fait rêver. Son absence totale de brutalité.
Elias est un romantique, un vrai, jusque dans ses airs enfantins et ses boucles blondes, son corps si mince qui lui donne des allures de félin.
Un être éthéré perdu dans un monde trop lourd.
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Jamais il ne leur expliqua que l'ennui était un éclat et un flamboiement, car jamais les enfants ne s'ennuyèrent. Ils avaient perçu l'exaltation de l'imagination, la capacité de faire un monde qui n'existait que dans leur tête, mais auquel leur tête donnait vie cependant.
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Elle avait fait semblant d'ignorer l'emprise des Forêts sur ceux qui y étaient nés. C'étaient des histoires de bonnes femmes, pensait-elle. Cela ne valait rien face à sa volonté à elle, ses promesses, ses cheveux ondulants dans le vent. Les Forêts: un pays d'hommes et de vieilles femmes. Qu'il n'y ait pas de place pour elle - elle s'en moquait. Elle partirait.
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Cela faisait dix-huit ans à présent.
Il n'y avait pas besoin de dire quoi. La catastrophe était le nouveau point zéro du monde.
Dix-huit ans depuis le souffle, le feu et la désolation. Dix-huit ans à l'échelle de l'humanité, à l'échelle de la planète, ce n'était rien; mais jamais le temps n'avait paru être aussi long. Dix-huit ans qui en avaient semblé cent ou mille, quand l'attente d'un matin meilleur les rendaient impatients, et ils rongeaient leur frein, les jours ne servaient qu'à trouver comment survivre pour tenir jusqu'aux survivants, trouver de quoi manger, couper de quoi se chauffer, prier que rien de pire n'advienne.
Dix-huit ans, c'était l'infini. C'était l'âge d'Altaïr et Electra. Corentin se sentait vieux.
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Et soudain,il sut.
Sous le choc,il manqua chanceler.Il se pencha légèrement en avant pour accuser le coup,et ce n'était que dans sa tête,et c'était terrifiant.Mais c'était certain.
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La disparition des couleurs, et le silence.
Le silence le laissait bouche ouverte, bras ouverts- épouvanté.
C’était comme s ‘il était devenu sourd, et il avait frotté ses oreilles à les rendre douloureuses pour leur redonner la vie, pour entendre à nouveau.
Mais il n’était pas sourd.
Seulement le bruit avait disparu. Il n’y avait rien à entendre. 
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Partir ? murmure Perrine.
Mais ou ? demande Noé.
Chercher les terres hautes. La seule vraie énigme, c’est : comment ?
Comment ? répète Perrine?
Oui, comment ? acquiesce Noé.
– On va faire un bateau.
pages 100-101
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Même la route minuscule qu’elle suivait hébétée, Marie la distinguait à peine. Parfois elle se prenait les pieds dans une herbe ou dans une ronce, elle tombait à genoux. Elle se relevait en pleurant, une main griffée par les orties, l’autre sur le macadam encore tiède. Elle les passait sous son ventre et se hissait à nouveau debout, à nouveau tremblante. À nouveau aveugle.
Aucune voiture ne passerait avant des heures.
Juste les arbres, avec leurs branches immenses déjetées tels des bras disloqués, et le vent qui faisait des sons étranges, des chuintements, des murmures, des menaces.
Juste les silhouettes étouffantes des châtaigniers et des hêtres au-dessus d’elle, refermées en une voûte infranchissable, leurs racines comme des pièges, leurs oiseaux et leurs insectes réveillés par les sanglots de Marie qui la frôlaient en s’enfuyant dans des bruits mécontents.
Juste les Forêts.
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Ce n'est pas toujours facile de manger à sa faim. Chez nous, on a un principe, on met tout en commun, les pénuries et les bonnes nouvelles, par exemple quand il y en a une qui revient avec des œufs pour faire des galettes.
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D’après le rapport, Théo était doté d’une personnalité complexe, fermée. Famille riche. Enfance délicate et parents absents, un parcours scolaire plutôt brillant, un bon job à la clé. Et puis le faux pas. Tardif, mais prévisible. Cela collait parfaitement avec ce que j’avais entendu dire un peu partout dans le coin. Personne ne le connaissait bien sûr, mais la rumeur disait qu’il avait été condamné pour agression et qu’il sortait tout juste de prison au début de l’affaire. Le dossier a confirmé : une triste histoire à trois, sa femme, son frère et lui. Je n’ai pas eu accès aux détails, mais Théo avait massacré son frère, à proprement parler.

Vraiment ce type-là je n’avais pas envie de le sauver.
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La première fois que j’ai rencontré Théo Béranger, j’avais lu son dossier bien sûr, histoire de voir à quoi je m’attelais. Ce type était un beau salaud. Un violent, au bord du gouffre en permanence, comme un joueur addictif : incapable de s’arrêter. Le genre d’homme dont on sait que s’il tourne le dos à la violence, c’est elle qui viendra à lui.
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