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Critiques de Serge Lehman (504)
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Saint-Elme, tome 2 : L'avenir de la famille

On est toujours « A la croisée du polar noir, de l’étrange et de l’absurde ».

Le résumé qui précède ce tome 2 est une excellente idée et me permet de comprendre l’imbroglio du tome 1 que j’avais survolé en essayant de décrypter dans les zones d’ombre du dessin des éléments de compréhension.

Je reconnais maintenant les différents personnages et me situe un peu mieux dans l’intrigue qui je l’avoue a du mal à me passionner.

Trop de personnages dont nous survolons la personnalité et je n’arrive guère à m’y intéresser ni à m’y attacher.

Des dessins certes grandioses mais la plupart du temps cachés dans l’obscurité, ce qui gâchent mon plaisir visuel.

Ce qui m’amuse …

Les grenouilles qui continuent de parsemer les pages … l’itinéraire d’une de ces bestioles dans sa descente de l’étage à la cave est fascinante … les discours de l’homme face à un fauteuil vide m’interpellent … un, deux, trois, la pluie qui tombe ou s'arrête sur demande m’amuse.

Quand le tome 3 sera disponible à la médiathèque, peut être que j’irais faire un tour à saint Elme pour voir ce que deviennent les grenouilles !
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La Brigade chimérique : Intégrale

"La Brigade chimérique : Intégrale" est une bande dessinée où la fiction et l'Histoire se mêlent de manière fluide : Serge Lehman et Gess nous transportent dans une épopée surréaliste où les héros aux grands pouvoirs, nés des champs de bataille de la Première Guerre mondiale, se retrouvent au cœur d'une Europe en proie à des bouleversements politiques et géopolitiques.

L'univers est foisonnant et regorge de références littéraires et historiques, à la manière de La ligue des gentlemen extraordinaires ou Watchmen mais transposé dans le contexte tumultueux des années 30.

Le grand nombre de personnages peut parfois dérouter mais le style graphique rétro de Gess contribue à créer une atmosphère unique (même si certaines planches sont assez fouilli).

Une fois qu’on a mis de côté le dessin très rétro et le scénario un brin décousu, "La Brigade chimérique : Intégrale" parvient à divertir et à offrir une conclusion inattendue et plutôt satisfaisante.
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

La sortie récente du tome 5 de la série a relancé la publicité !

Une mise en avant à la médiathèque m’a incité à tenter l’expérience.

« A la croisée du polar noir, de l’étrange et de l’absurde » … c’est ce que l’éditeur nous dit … cela semble tentant !

Une lecture rapide.

Je n’ai rien compris au scénario… une critique de BurjBabil m’a éclairé sur le sujet … merci de lever le voile sur l’histoire et de placer les personnages dans le contexte.

Les dessins sont très agressifs, les mélanges de zones d’ombre et de couleurs éclatantes m’ont perturbée et je n’ai pas toujours trouvé le découpage adapté au récit et les cadrages sont déconcertants.

Je me suis amusée à suivre la réminiscence de la légende de la vache brûlée et les péripéties des grenouilles qui viennent perturbées tout ce beau monde.

J’ai aussi emprunté le tome 2 … dernière chance pour la série !
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Saint-Elme, tome 2 : L'avenir de la famille

Ces toasts sont exactement comme je les aime.

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Ce tome fait suite à Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée (2021) qu’il faut impérativement avoir lu avant. Son édition originale date de 2022. Il a été réalisé par Serge Lehman pour le scénario, et par Frederik Peeters pour les dessins et la mise en couleurs. Il compte soixante-dix-huit pages de bande dessinée. Ces deux auteurs avaient déjà collaboré pour L’homme gribouillé, paru en 2018.



Dans les alpages, une ferme avec une installation de raffinerie, un chien gisant mort dans la boue, le crâne éclaté par une balle. Non loin un homme étendu dans la boue, gisant inconscient. Adossé à un mur, un homme mort du sang sur le front. Avec un regard de fou, le derviche regarde tout ça, fixement. Une voiture arrive par le chemin de terre. La belle berline s’arrête devant la ferme, à côté du l’homme inconscient. Stan Sax descend du véhicule, toujours vêtu de son pantalon de survêtement rouge, et de son chaud blouson en cuir. Il salue Arno Cavaliéri, et il lui demande s’ils sont tous morts. L’autre répond que non, Kémi s’en est tiré, enfin si on peut dire, il est dedans. Le cadavre adossé au mur glisse lentement vers le sol. Stan Sax rentre dans le bâtiment, pendant que Cavaliéri prend une bûchette pour caler le mort en position assise. Stan secoue Kémi qui gémit un peu, sans reprendre conscience. Il ressort et demande au derviche ce qui s’est passé. Celui-ci lui raconte l’histoire : Félix Morba a pété les plombs. Il devait assurer la sécurité à la place du gros Fred, hier soir, mais Arno imagine que Stan le sait. Il continue : il n’a pas tout vu parce qu’il était dans la camionnette en train de charger la marchandise. Il demande à Stan d’enlever la bûchette, parce qu’elle le gêne. Il adosse le deuxième macchabé contre le premier. Parfait.



Stan Sax demande à Arno Cavaliéri ce qui s’est passé ensuite. L’autre répond que Morba est allé uriner par là-bas, dans la neige, et puis il s’est mis à shooter tout le monde. Sauf Arno qu’il a enfermé dans la camionnette. Stan demande si le signe sur la vitre, une sorte d’œil ouvert, c’est Morba aussi. Arno traîne le troisième cadavre et répond qu’il y avait une fille dans l’appentis, une gamine, neuf ou dix ans, noire. C’est Vassili qui l’a amenée il y a trois jours. Il a juste dit qu’elle valait cher et qu’elle serait partie avant la fin de la semaine. Arno résume : Morba fume tout le monde, part avec la fille et Stan reste bloqué dans la camionnette. Stan continue : il est resté bloqué jusqu’à l’arrivée du type étendu inconscient dans la boue.il s’appelle Franck, c’est un privé, payé par la mère d’Arno pour le ramener. Il l’a cogné un peu fort, mais Franck respire. Stan perd patience, puis se reprend et téléphone. Arno termine sa sinistre besogne en ramenant le cadavre du chien et en le déposant sur les jambes des trois morts adossés au mur. Stan explique que sa sœur Tania va s’occuper de tout, et qu’elle veut une photographie de Franck au cas où il serait passé en ville avant de débarquer ici.



Mystère, mystère. Mais comment les auteurs font-ils pour en raconter autant en si peu de mots ? Le lecteur est frappé par la concision des dialogues : des phrases courtes, rarement plus de deux à la suite par un même personnage, plus souvent seule. Une seule page sans aucun mot, une autre avec seule une onomatopée pour un bruit de moteur, et pourtant une remarquable impression de texte en toute petite quantité. Le lecteur se retrouve épaté par le naturel des dialogues, leur enchaînement à un rythme évoquant une vraie conversation, les particularités d’expression spécifique à chaque personnage. Dans la première scène, le lecteur peut distinguer qui parle de Stan ou d’Arno sans même regarder la case : ils s’expriment de manière différente, dans le choix de leurs mots, dans la construction des phrases, dans les mots ou les expressions qui reviennent. Il en va de même pour chaque personnage, de façon tout à fait naturelle. Le lecteur se rend également compte que malgré leur brièveté, les phrases apportent de solides informations, par ce que signifie la phrase de manière littérale, par ce qu’elle révèle du personnage sur sa réaction à un événement ou à une situation, par son niveau de réflexion. Leur sens en est complété par ce que montrent les dessins : la gestuelle, la posture qui en disent beaucoup sur l’état d’esprit du personnage. Tout ceci, le lecteur l’absorbe de manière inconsciente et automatique, la complémentarité entre texte et dessin étant parfaite.



Le lecteur peut observer l’interaction entre texte et dessin, également à l’occasion des onomatopées : discrètes, toujours parfaitement justes. Cela commence avec le léger bruit du moteur de la voiture qui se fait entendre dans le silence de la montagne. Puis viennent, entre autres, le bruit du cadavre assis qui glisse mollement par terre, le bruit que font les mains du derviche alors qu’il les frotte, le léger clic émis par un téléphone prenant une photographie, les aboiements hargneux du chien, le bruit des coups portés hors champ sur un prisonnier, des murmures inaudibles d’une conversation écoutée derrière une porte, le son des toasts éjectés d’un grille-pain, etc. Ces sons accompagnent la lecture, suscitant l’illusion chez le lecteur qu’il entend parfois ce qui se passe. À sa manière, la mise en couleurs fait également appel aux sensations, avec la présence répétée de différentes nuances de violet, utilisées de manière expressionniste, établissant une forme de continuité entre des éléments disparates, entre des individus même. Outre les ombres portées mauves, le lecteur ralentit de temps à autre son rythme pour savourer une composition inattendue : le contraste entre le rouge et le violet sur le visage de Gregor Sax évoquant un usage similaire par John Higgins dans Watchmen, la lumière verte baignant la chambre en soupente de la ferme, le jaune au cours de l’interrogatoire de Franck Sangaré, entre flammes intenses et effet psychédélique déconcertant, un moment ensorcelant.



Dans le fil des pages, le lecteur absorbe tout naturellement ces compositions de couleurs, sans chercher à les analyser, juste en ressentant le décalage qu’elles induisent, l’ambiance particulière qu’elles installent, l’intensité du ressenti qu’elles provoquent. De la même manière, il ressent l’efficacité de la mise en scène, sa rigueur. Une scène en trois pages : Jansky, Piotr, Arno Cavaliéri et Stan Sax se retrouve dans une petite chambre mansardée en train de regarder Kémi allongé inconscient à la suite d‘une blessure. Jansky ordonne à Piotr de l’achever, Cavaliéri s’y oppose, il s’en suit un affrontement physique. La mise en scène relève du grand art pour parvenir à raconter ce combat dans un espace confiné, à établir une suite de mouvements et de coups cohérente, que le lecteur peut parfaitement suivre, les deux hommes s’adaptant à l’exiguïté de la pièce. Dans un tout autre registre, le lecteur peut suivre Paco et Romane Mertens en balade dans les alpages : le sentier caillouteux, les grands étendues herbeuses, les montagnes pierreuses, les rares sapins, les quelques traces de neige, le repas frugal transporté dans un sac à dos, le rapace qui passe haut dans le ciel. Tout cela donne envie au lecteur de respirer l’air frais et pur de la montagne. Il se remémore alors la présence du règne animal dans le premier tome : ici, les auteurs mettent la pédale douce sur les grenouilles, un peu moins présentes que précédemment. Outre le rapace, il peut voir un chien vivant, un loup tenant une grenouille dans sa gueule, l’animal de compagnie de madame Dombre, et un chamois.



L’intrigue s’avère facile à suivre en ayant le premier tome en tête. Les auteurs prennent la peine de rappeler le nom des personnages ce qui permet de les mémoriser plus facilement : le derviche, la famille Sax (Roland le père, Vik l’épouse, Stan le fils, Tania la fille, Gregor le beau-père de Roland), les hommes de main (Jansky, Piotr, Yanski), Madame Dombre et Bruce, madame le maire (Béatrice), Arthur Spielmann le patron de l’auberge capable de prédire le début et la fin de la pluie, Paco berger blessé à la jambe, Sylvia la cliente de Spielmann, Romane et son père. D’un côté, l’enquête de Franck Sangaré suit son cours et il subit un interrogatoire musclé et chaud. De l’autre côté, l’intrigue est tributaire des aléas, comme la cheville foulée de madame Dombre, ou des brusques sautes d’humeur du derviche. Aussi les développements de l’histoire dépendent de personnages et des imprévus, à l’opposé d’une trame aux enchaînements automatique. L’enquête se serait déroulée tout à fait différemment sans cette cheville foulée, la situation n’aurait pas empiré à ce point si Stan Sax avait pu mettre à profit une plus longue expérience des affaires.



Même s’il y a moins de grenouilles, le lecteur ne peut pas se départir de l’impression qu’il y a d’autres forces à l’œuvre que celles visibles dans les cases. C’est une sensation indéfinissable et ténue : la façon dont un loup tient une grenouille dans sa gueule, le symbole de l’œil ouvert tracé dans le sang par Katyé, les qualités de combattant de Cavaliéri, le stoïcisme téméraire de Sangaré, le père de Romane qui s’adresse à une silhouette invisible ou encore la capacité de prédire le début ou la fin d’une pluie. Il y a quelque chose de pourri au royaume de Saint-Elme. Mais dans le même temps, les auteurs parviennent à raconter un vrai polar, avec la corruption passive de la police, l’enlèvement de la fillette, le trafic de drogues, etc. Mais comment font-ils pour en raconter autant en si peu de pages, et avec une telle économie de dialogues ?



Ce deuxième tome confirme la puissance addictive de cette série : le lecteur est accro et veut en apprendre plus, continuer de pouvoir arpenter les rues de Saint-Elme et la montagne alentour, en découvrir plus sur ce projet de Saint-Elme 2.0, côtoyer cet enquêteur de peu de mots, se réjouir de ne pas avoir le derviche en face lui, se retrouver sous ces éclairages bizarres, voir les méchants châtiés, etc. Et pourquoi des grenouilles ?
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

C'est une phrase de vieux, ça.

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Ce tome est le premier d’une pentalogie, une série qui constitue une histoire complète, indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2021. Il a été réalisé par Serge Lehman pour le scénario, et par Frederik Peeters pour les dessins et la mise en couleurs. Il compte soixante-dix-huit pages de bande dessinée. Ces deux auteurs avaient déjà collaboré pour L'Homme gribouillé, paru en 2018.



Quelque part en montagne, aux abords d’une grange abritant une installation artisanale de traitement chimique, une grenouille croasse. Elle s’élance et bondit dans une zone herbue, puis s’arrête sur la route. Un van passe à vive allure et l’écrase, sans même que le conducteur en ait conscience. À côté de lui se tient un passager, Félix Morba, un grand noir chauve. Le conducteur ralentit et prend un chemin de traverse, celui qui conduit au chalet avec la grange. Les aboiements d’un chien agressif se font entendre. Le conducteur arrête son véhicule devant la maison, et le chien aboie sur les nouveaux arrivants : il est solidement attaché, ce qui rassure le conducteur qui sort du van. Deux hommes armés de fusil viennent l’accueillir. L’un des hommes fait remarquer au conducteur que d’habitude il travaille avec le gros Fred. Pendant qu’il ouvre l’arrière du van avec un trousseau, il explique qu’il y a eu un problème, il racontera plus tard et Curzon est à l’hôpital, il ne restait que Morba, le seul mec qui donne l’impression d’être en taule à l’extérieur. Le chauffeur déplace les cartons à l’arrière, sort un cutter, ouvre une trappe dans le plancher du van et demande à l’homme armé d’aller dire au derviche d’apporter les colis.



Pendant ce temps-là, Morba descend du van à son tour, et s’éloigne pour aller se soulager dans la neige. Il remarque derrière lui un appentis accolé au chalet, avec une porte et un une fenêtre avec un éclairage rouge, sur laquelle est dessiné un unique œil, ouvert. Il s’en approche, dérangeant au passage une grenouille qui croasse doucement. Il se baisse et il regarde par la fenêtre : un enfant se tient assis à même le sol. Il relève la tête et regarde Morba sans parler. L’homme tapote au carreau et lui demande si c’est lui qui a dessiné ça. Il est interrompu par l’arrivée d’un autre homme qui lui demande ce qu’il fait là, et qui lui ordonne de retourner dans son tas de boue. Le chien continue d’aboyer avec hargne. Un autre homme armé indique qu’encore deux voyages et c’est bon. Morba redescend du véhicule. Il enferme le derviche dans la partie arrière et il jette les clés au loin. Un homme armé approche, Morba lui tire une balle dans la tête, à bout portant. L’autre réagit, il l‘abat à deux mètres. Le conducteur rentre dans la maison en courant, Morba l’abat d’une balle dans le dos. Il rentre dans la maison, il remarque quatre verres sur la table : le quatrième lui tire dessus en même temps qu’il ouvre le feu sur lui. Le premier s’écroule à terre, mort, Morba est blessé. Il ressort et il va délivrer l’enfant qui lui dit s’appeler Katyé. Plus tard, un ferry traverse le lac : Franck Sangaré débarque à Saint-Elme et il est accueilli par madame Dombre.



Une couverture qui frappe l’œil du lecteur avec ce rouge éclatant et un peu terni, cette zone de terre assez vague et cette silhouette de dos, qui s’éloigne du lecteur, visiblement un homme en souffrance se tenant le ventre et perdant son sang. Le titre s’avère tout aussi énigmatique : La vache brûlée, et il constitue une image dérangeante. En effet, la mise en couleurs repose sur des choix tranchés et audacieux, mis en œuvre également dans les pages intérieures. L’artiste réalise une colorisation de type naturaliste pour les séquences de jour en extérieur, tout en jouant sur un léger décalage (le ciel crème pour la traversée du ferry) et sur les contrastes (la foule noyée dans une ombre violette sur le quai de débarquement). Il utilise majoritairement des aplats de couleurs, plutôt que des dégradés, apposés en respectant les bordures formées par les traits encrés, et en même temps un aplat peut ne pas remplir complètement une surface détourée, étant alors complété par un autre d’aplat d’une couleur différente. Sous la lumière artificielle ou la nuit, tous les chats ne sont pas gris. L’artiste a recours à une mise en couleurs expressionniste, avec des contrastes très tranchés. Le rouge projeté par une lumière artificielle sur les tuyaux dans la grange baignant dans un vert bleu. Le violet profond de la nuit s’opposant au bleu entre turquoise et aigue marine de la lumière des phares ou des ampoules de la cabine.



Ces teintes participent à l’ambiance bizarre et étrange tout du long de l’album : vues de la rue les lumières vertes ou rouges des fenêtres des maisons, dans la boîte de nuit la cohabitation entre les rouges, les verts, les bleus, les violets, dans les toilettes tout passe en violet. Le lecteur s’en trouve un peu déstabilisé se demandant s’il doit voir quelque chose de particulier dans ces choix d’éclairage non conventionnels. Les questionnements proviennent également des images dès la première. À commencer par le cadrage en plan rapproché sur ces éléments d’une installation de plus grande ampleur : que faut-il comprendre de ce gros plan, sans avoir une vision du tout ? Vient ensuite le sort de la grenouille écrasée sur la route : faut-il y voir une métaphore de ce qui attend les personnages, se déplaçant par automatisme, sans aucune maîtrise sur leur destin, sans compréhension aucune des forces à l’œuvre autour d’eux ? Par la suite, les auteurs mettent en scène d’autres animaux : ce chien que le dessinateur rend des plus agressifs, même le lecteur est rassuré qu’il soit solidement attaché (tout en craignant que le lien ne rompe). Après quelques autres grenouilles, apparaissent un hibou, une vache qui connaît un sort funeste, des mouettes (dont une qui mange une grenouille), un oiseau de proie haut dans le ciel. L’artiste n’humanise en rien ces animaux qui conservent toute leur étrangeté animale, les laissant hors de portée de l’empathie du lecteur. Le lecteur observe cette vache qui est la proie des flammes : il est évident qu’elle souffre, et en même temps la prise de vue en fait presque un objet de vénération ou une victime sacrificielle. Le lecteur envisage alors ces manifestations du règne animal comme des signes de la nature. Mais qui disent quoi ?



La lecture oscille alors entre un défi ludique et des sensations à ressentir. Bon d’accord, des grenouilles et un chien. La prolifération des premières peut s’interpréter comme le signe d’un écosystème spécifique à la région de Saint-Elme. Le chien peut se voir comme le symbole d’un animal captif qui a développé une haine envers le genre humain tant qu’il ne recouvrera pas sa liberté, avec la possibilité de faire un parallèle avec Katyé, également captif. L’œil dessiné en rouge sur la fenêtre ? La mention d’un derviche ? L’animal de compagnie inhabituel de madame Dombre (et d’ailleurs ce nom, d’ombre) ? La cérémonie avec la vache qui finit par prendre feu, ce qui correspond au nom de l’auberge La vache brûlée, simple synchronicité ? La cicatrice permanente de Romane Martens, brûlée par une bouilloire renversée quand elle avait douze ans, simple coïncidence ? À ce petit jeu, les auteurs se montrent redoutables, et le lecteur n’a aucune chance. Il voit bien que certaines mentions, certains éléments prennent tout leur sens quelques pages plus loin. Un petit trafiquant mentionne le nom de Stan Sax dans la même phrase que celui d’Arno Cavaliéri, et le lecteur comprend plus loin comment se positionne la séquence du chalet dans tout ça. Mais doit-il retenir le nom de Curzon dont le conducteur indique qu’il est à l’hôpital ?



Le scénariste a acquis un niveau expert pour mener le lecteur par le bout du nez : il n’utilise que des phrases courtes, avec des objets, des noms, comme ça en passant, et le lecteur ne dispose d’aucun moyen de savoir s’il s’agit d’un détail sans importance, ou au contraire d’un indice dont l’importance sera révélée ultérieurement. Dans ces informations, qu’est-ce qui relève du bruit et qu’est-ce qui constitue un signal essentiel ? Cela rend la lecture aussi ludique qu’addictive par le réflexe participatif qu’elle provoque mécaniquement chez le lecteur. Le dessinateur s’avère tout aussi habile à intégrer un élément visuel de manière négligée, induisant également des tentatives d’identification des schémas chez le lecteur : la case avec les quatre verres vides sur une table (Ah oui d’accord, les trafiquants sont quatre), les passagers sur le ferry, les anonymes dans la rue, les graffitis sur les murs, faut-il prendre le temps de les examiner pour les mémoriser ? Les animaux dans la vitrine du taxidermiste ? Les photographies au mur de la grande salle de l’auberge de La vache Brûlée ? Pour ces dernières, c’est facile, grâce à l’insistance du regard de Romane Mertens. La mention de la mère d’Arno Cavaliéri ? Et pourquoi pas le port de lunettes de soleil par Franck Sangaré ? Après tout, chaque détail peut être signifiant, en application du principe du fusil de Tchekhov.



Dans le même temps, le lecteur peut très bien prendre l’histoire au premier degré, sans se prêter au jeu des indices qui sont peut-être signifiants, ou peut-être pas. Il suit alors Franck Sangaré dans une enquête pour retrouver un jeune homme disparu, un monsieur pas commode, assez sec, très capable d’intimider et de recourir à la violence quand il le faut, faillible (il se fait avoir deux fois avec un coup asséné sur la tête par derrière), une femme qui l’assiste quand elle peut (avant de se fouler la cheville). De rencontre en entretien, ils côtoient des individus issus de différentes couches de la société, et ils mettent leur nez dans des petites combines et dans des gros coups, faisant apparaître au grand jour les véritables intérêts qui façonnent la ville de Saint-Elme, un vrai polar.



Bienvenu à Saint-Elme pour enquêter sur la disparition d’Arno Cavaliéri, une petite ville thermale, avec une population de grenouilles anormalement élevée. La narration visuelle jette littéralement un éclairage inhabituel sur les scènes nocturnes et manie les zones de noir pour donner plus de profondeur à l’étrangeté et au mystère. Les auteurs sont des maîtres en matière de bizarreries, entre indices et altérité inquiétante, le lecteur se retrouvant implacablement à jouer aux devinettes entre signifiant, métaphore, et indices.
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L'Homme gribouillé

"Always stays the same, nothing ever changes. English summer rain seems to last for ages"



Quand j'ai feuilleté cette BD j'ai toute suite vu les cases, les planches, magnifiques.

Alors je l'ai lue entière, cette histoire sous la pluie. Des gouttes, des inondations, une pluie de scènes, un découpage de folie. Quel régal de s'arrêter par moment subjugué sur quelques pages. Quel talent.



Et là je ne vous parle que de l'enrobage, parce que l'histoire est tout aussi forte. Aux frontières du roman noir et du conte horrible et fantastique.



Maud Couvreur, célèbre autrice d'histoires grinçantes et horrifiques pour enfants est à l'hôpital, inconsciente. Depuis, il se passe d'étranges choses, elle reçoit chez elle, en son absence, de bien curieux et effrayants visiteurs, et sa fille Betty, qui jusqu'ici avait l'impression de vivoter dans l'ombre bienveillante de sa mère, a bien l'intention de tirer tout ça au clair. Elle embarque pour ce faire son ado de fille pour enquêter velu dans le passé de sa famille qu'elle croyait solitaire et sans histoire.



Polar, sorcellerie, mystère et boule de poils. Le rythme ne laisse aucun répit sauf celui de contempler les cases, heureusement l'histoire est découpée en chapitres, idéal à lire épisodiquement donc quand on peut se poser, car le livre est gros, lourd, peu transportable.



Un coup de cœur phénoménal et que je n'attendais pas pour cette BD. Un regret de l'avoir déjà terminée (et égoïstement que je l'ai empruntée et qu'elle ne soit donc pas mienne car ce doit être un régal tout aussi grand à la relire).



[Coup de cœur]
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Masqué, tome 1 : Anomalies

Serge Lehmann revient ici aux thématiques qui lui sont chères : l'exploration de l'imaginaire européen, la figure du surhomme, et les superhéros. Cette fois, il le fait dans un Paris futuriste dans une histoire vaguement politique



En toute honnêteté, si vous voulez découvrir le talent de Lehmann comme scénariste BD sur ces thèmes en particulier, je recommanderais chaudement de lire plutôt ses Brigades Chimériques, ou son Métropolis.
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Maîtres du vertige

Si je peux vaguement comprendre le concept de patriotisme, j'ai par contre toujours considéré celui de nationalisme comme particulièrement idiot. Le chauvinisme m'échappe. Pour tout vous dire, même l'invention du minitel n'est pas parvenue à exalter mon sentiment d'appartenance à mon pays. Mais voilà, lorsque Serge Lehmann affirme que c'est à nos concitoyens que peuvent être attribuées les origines de la science-fiction, là, je me lève comme un seul homme et pousse un retentissant cocorico !



C'est dans un manifeste qu'il publie en 1909 que Maurice Renard, le père du Professeur Krantz et précurseur du registre, s'approprie le terme de "merveilleux-scientifique" et en pose les jalons. Notez le tiret, il a son importance. José Moselli, Théo Varlet, Jacques Spitz ou encore Camille Flammarion, les auteurs qui s'y frottent produisent une littérature populaire à la croisée des chemins entre imagination scientifique et rationalisation du surnaturel. Ce genre connait alors de très belles heures. Il faut toutefois être honnête : c'est outre-Atlantique qu'il s'est largement popularisé au fil du vingtième siècle. Dorénavant, sous l'étiquette "science-fiction", il s'est diversifié en une multitude de sous-catégories, de la dystopie au space-opera en passant par le cyberpunk ou le post-apocalyptique. Depuis, les lecteurs les plus ouverts ou les plus avertis tendent même à considérer cette littérature de genre comme de la littérature tout court.



Dans sa riche préface, longue d'une centaine de pages et qui détaille ce que je viens ici de résumer en quelques lignes, Serge Lehman revient sur cet âge d'or et sur ses origines. L'idée est moins de chercher à remonter jusqu'au père du néologisme pour lui en attribuer le mérite que de tracer les contours du concept. Il en dresse donc une définition et se penche sur les auteurs qui s'en revendiquent. De fait, si elle rend hommage à tous ces romanciers et novellistes, parfois familiers des amateurs mais inconnus du grand public, cette préface est un précieux carnet d'inspiration et une mine de patronymes à retenir, parmi lesquels, notamment, ceux dont Serge Lehman a sélectionné les écrits.



En effet, n'oublions pas que derrière la préface se bousculent six nouvelles, chacune précédée d'une superbe illustration de Greg Vezon. Six nouvelles - trois signées d'auteurs plus que confidentiels (Pierre Mille, Renée Dunan, Claude Farrère) et trois autres d'incontournables du genre (J.-H. Rosny aîné, Jean Ray, Jacques Spitz) - dont je ne suis pas sûr qu'il soit utile d'entreprendre les résumés (vous pouvez de toute manière les retrouver sur votre minitel via un 3615 quelconque). Et pour cause, même si les nouvelles ont toutes un intérêt sont sans doute révélatrices d'un genre et d'une époque, il y a fort à parier qu'une fois le recueil refermé, il n'en restera que la préface, qui, au-delà d'introduire ce qui lui fait suite, l'occulte.



Touchez mon blog, Monseigneur...
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Aucune étoile aussi lointaine

Les bibliothèques sont-elles capables de générations spontanées ? En retombant sur Aucune étoile aussi lointaine de Serge Lehman dans mes étagères, je me pose sérieusement la question. En effet, j’ai dû déjà avoir lu ce livre, j’ai souvenir de l’avoir déposé et sorti d’un carton au moins deux fois au cours de déménagements, mais… jusqu’à la relecture qui fait l’objet de cette chronique, je n’en gardais aucun souvenir. Il a fallu que je lise un autre livre parlant d’une autre œuvre de l’auteur pour que le nom me tape dans l’œil alors que je cherchais un space opera…

Et Aucune étoile aussi lointaine en est bien un formellement. Dans le fond, c’est le récit de la fin d’une ère… et des souvenirs qu’elle laisse. Tout commence sur une planète à l’autre bout de la galaxie où un jeune prince rêve de devenir un naute comme ses aïeuls et de parcourir les étoiles. Hélas, un système de portails instantanés – les toboggans de la Voie – met vite fin à ses rêves. L’heure des découvertes interstellaires n’est plus. Jusqu’au jour où… un vaisseau naufragé se réveille et l’embarque dans une chasse à travers les étoiles, sans jamais dépasser la vitesse de la lumière. Le vaisseau dit avoir besoin d’un pilote. Mais ne serait-ce pas plutôt ’un témoin et d’un conteur qu’il cherche ?

Et effectivement si la vie du prince et ses déambulations forment la trame principale du roman, celle-ci est entrecoupée par les différentes histoires que les gens lui racontent, toutes un mélange de vérités et de mensonges, et dont l’ensemble tisse le récit final. Le tout pourrait être particulièrement captivant, sauf que… le personnage principal, le fameux prince, est assez effacé. Tout au long du récit et de ses huit mille ans de vie (cent vingt et quelques en mode subjectif), il n’a que peu d’obsessions : parcourir les étoiles – sans savoir pourquoi, se chamailler avec son vaisseau et les seins. Il est d’une passivité incroyable, ce qui fait que les sapiens qu’il croise lui racontent leurs histoires sans retenue, mais ce qui fait aussi que la lectrice a plus d’une fois envie de le prendre par le col et de le secouer pour qu’il se bouge enfin. En vain.

Pour autant, ai-je détesté ma lecture ? Non, au contraire, puisque je vous en parle ici. L’univers décrit par Serge Lehman est intéressant, avec des sapiens et des mondes variés. L’idée qui soutient l’univers – une racine et une histoire commune à l’ensemble des peuples – est également bien amenée et fait rêver. Mais le livre souffre des défauts de la SF francophone des années 90 (cf. la troisième obsession du prince), et de quelques longueurs. À découvrir en connaissance de cause, si vous voulez rêver aux étoiles, qu’elles soient lointaines ou non.
Lien : https://www.outrelivres.fr/a..
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L'art du vertige

Je remercie Babelio et les Moutons électriques pour l’envoi de cet essai sur la science-fiction ! Un ouvrage qui m’a permis de renouer avec ce que j’aimais tant dans mes études et qui me manque pas mal aujourd’hui : les théories littéraires et l’analyse de texte. L’objet-livre est très beau, et c’est d’ailleurs étonnant de retrouver ce type de texte dans un si bel écrin cartonné.



Le concept de ce collectif de textes est assez intéressant puisqu’il reprend avant tout des préfaces à d’autres œuvres, dans lesquelles l’auteur décrit ses théories sur la définition de la science-fiction via différents prismes. Je pense que le titre de cet essai résume bien cette définition de la SF développée par Serge Lehman : « l’art du vertige ».



Il y aborde à la fois l’historique du genre, des théories d’autres grands noms (considérés du genre ou non), ses propres réflexions, argumentés par de nombreux extraits et exemples d’œuvres du genre. C’est dense, mais c’est passionnant! La science-fiction est un genre fascinant, se mêlant habillement à d’autres, y apportant son sense of wonder, l’émerveillement du lecteur. C’est cependant un genre qui a eu du mal à se faire sa place en tant que tel dans les sphères littéraires, genre de niche dont le public féru n’arrivait pas à compenser la « mauvaise réputation ».



Il est fascinant aussi de voir l’importance qu’ont les discussions entre artistes dans la réflexion autour du genre et l’élaboration d’un concept. Serge Lehman retranscrit d’ailleurs certaines de ces conversations qui ont apporter le déclic nécessaire et fait avancer les choses à un moment où il se sentait bloquer. On pourrait croire que les auteurs travaillent seuls dans leur coin, mais c’est autour des événements littéraires que beaucoup de connexions se passent.



Cette ouvrage se veut une référence de textes de science-fiction à lire si on veut aborder le genre sous toutes ses facettes. Comme je suis une lectrice qui papillonne entre les genres littéraires de l’imaginaire, beaucoup de références m’étaient inconnues pour la SF, cela m’a donné beaucoup d’idées de lecture à venir !



Un ouvrage de référence à la fois pour le néophyte qui veut se lancer à la découverte du genre que pour le lecteur confirmé qui veut approfondir ses connaissances. Un bel hommage à tous les auteurs qui ont construit le genre, mais aussi à ceux qui continuent de le faire vivre chaque jour !
Lien : https://livraisonslitteraire..
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Vega

De la BD qui sonne et qui scintille comme de la SF du début des années 70, façon John Brunner. Nous sommes fin du XXIè siècle, les mafias ont pris le pouvoir, les gouvernements sont impuissants à gérer le délitement des choses, les villes tentaculaires sont la règle, la biodiversité a bien trinqué, la pollution est partout, bref c'est la cata.



Dans cet océan de marasme morose, Ann Vega recueille la dernière femelle orang-outan en Indonésie. Elle est aussitôt traquée par Alter Pongo, un groupe d'activistes pro-clonage. Ces activistes souhaitent récupérer la femelle orang-outan, mais Ann la destine à son arche de Noé qu'elle construit en orbite autour de la terre. Tous les coups sont permis, y compris cloner la fille d'Ann Vega, morte des années plus tôt...



Graphiquement, on est (je l'ai dit) dans une inspiration très années 70. Les couleurs, la mise en page, tout cela fait très psychédélique. Mais aussi oppressant avec l'usage immodéré du noir. Côté scénario, les auteurs soulèvent pas mal de questions sur la biodiversité, la protection de la planète, le clonage, la maternité... Personnellement, je suis assez fan.
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L'art du vertige

L'Art du vertige, le "sense of wonder", la scientifiction, le merveilleux scientifique, l'anticipation, l'imaginaire, ... : tous ces termes désignent la SF. C'est un genre littéraire à part entière, mais comme le dit Serge Lehman dans ce passionnant essai sur la SF, c'est difficile qu'elle soit acceptée en tant que telle ! Les débuts ont été malaisés et sont restés longtemps un sous-genre dénigré.



* Je me permets de faire ici une parenthèse personnelle sur ce sujet :

Il en est autrement de nos jours car même les plus grands s'y mettent (mais sans le dire bien sûr !) :

Hervé le Tellier, Kasuo Ichiguro, Laurent Gaudé, Ian McEwan, Darrieussecq,

et beaucoup d'autres que j'oublie... Alors on nomme ces romans par des mots à la mode comme dystopie ou uchronie...

Bref, si L'Anomalie avait été édité dans une maison d'édition classée SF, ce roman n'aurait jamais reçu le prix Goncourt ! *



Revenons à Serge Lehman dont cet essai est prenant et attachant.

Au début il essaie de définir et de cerner la SF dans le temps, via les auteurs et ensuite à travers ses chroniques et autres préfaces écrites entre 2005 et 2012, il dresse des tableaux sur énormément d'écrivains de SF en faisant de nombreuses diversions. Beaucoup d'entre eux sont décortiqués dont surtout Michel Jeury, mais aussi : Druillet, Bilal, Niven, Bester, Williamson, Wagner, Harrison, Robinson, King, etc... sans oublier les anciens Verne, Wells, ...

Il a en plus un attachement tout particulier envers Philip K. Dick (moi aussi !) dont il cite et parle de plusieurs de ses romans et en commençant et terminant cet essai avec lui.

Curieusement peu de lignes sur Asimov et Clarke (dommage) mais beaucoup plus sur de nombreux auteurs français.

C'est un petit mémoire de résonnement panoramique et philosophique sur la SF. Une sorte d'anthologie, pas comme celles de Versins ou de Sadoul, un peu comme les chroniques de Klein et avec beaucoup de détails et d'intérêt.

--> L'Art du vertige est un ouvrage de référence sur la SF, à lire absolument pour les amateurs, les inconditionnels, et les récalcitrants !



(Je n'ai jamais lu un roman de Serge Lehman... Je dois remédier à ça !)



* Merci à Babelio pour cet envoi en masse critique *


Lien : https://laniakea-sf.fr/
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L'art du vertige

Extrait de ma chronique :



"Pour qui s'était fait (comme moi, j'avoue) une image de Serge Lehman en prescripteur péremptoire (à cause de sa célèbre, mais bancale, préface de 2009 à l'anthologie Retour sur l'horizon, reprise dans ce recueil, j'en parlerai notamment dans la deuxième partie de cette chronique), il est touchant, dans L'Art du vertige, d'assister au cheminement (tout rimbaldien) d'un homme à travers "une dépression" (page 59), née précisément me semble-t-il d'un déni (par la société) de son identité comme écrivain de SF.





Outre qu'ainsi le raisonnement (biaisé, j'en reparle dans la deuxième partie de ma chronique) qui conduit aux positions tranchées de Retour sur l'horizon est plus clair, L'Art du vertige en acquiert une épaisseur humaine qui en fait, me semble-t-il, plus qu'un simple recueil d'essais : une aventure rimbaldienne, voire kafkaïenne (un peu comme Joseph K, la science-fiction cherche ici en vain de quoi elle est accusée).





Cette subjectivité assumée se traduit notamment par la passion (communicative) avec laquelle Serge Lehman (en vrai passeur) défend ses compagnes et compagnons de ghetto : je défie quiconque de parcourir L'Art du vertige et de ne pas ressentir l'envie de lire ou relire, par exemple, l'oeuvre de Jean-Marc Rochette post-Transperceneige, Le Mont analogue de René Daumal, le Voyage au centre de la Terre de Jules Verne (voir la deuxième partie de cette chronique), la trilogie chronolytique de Michel Jeury ou La Foire aux immortels d'Enki Bilal."
Lien : https://weirdaholic.blogspot..
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Vega

Au premier abord je ne me serais pas dirigé vers ce style particulier mais j'en ai pris plein les yeux. Graphiquement c'est original et irréprochable.  

Niveau scénario c'est un récit de science fiction plutôt linéaire. Cela m'a semblé pas assez développé malgré les bonnes idées.
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Vega

Un graphisme vraiment, vraiment spécial qui surprend mais que j'ai aimé. C'est tout en couleurs très franches et noir, tout en dégradé. J'ai aimé aussi la disposition des cases ou d'ailleurs des non-cases.



L'histoire commençait bien sur fond d'écologie, de téléportation... Malheureusement, ça a mal fini avec la physique quantique et les divers groupes plus ou moins politiques. J'ai même sauté des bulles car je ne comprenais pas et à vrai dire, je n'avais pas vraiment envie (à ce moment-là) de me creuser. Dommage...
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Dès les premières pages, les couleurs nous plongent dans un univers bien marqué avec ces contrastes entre le noir et les couleurs vives tranchantes. J'avais lu très peu d'informations sur cette série avant d'avoir le livre dans les mains et je me suis demandée si ce ne serait pas une histoire fantastique car on est un peu désorienté avec ces lumières hallucinées posées sur des dessins très réalistes. L'entrée en matière m'a séduite.

Et elle est à la hauteur de la suite. C'est justement, ce mélange entre réalisme et étrangeté qui m'a beaucoup plu. Des éléments étranges, voire mystiques comme l'invasion des grenouilles, le rituel ancestral autour de la vache brûlée ou encore la prévisibilité de la durée des pluies... Tout cela dans le cadre d'un polar sombre sur fond de trafic de drogues et de mafia locale soutenue par les pouvoirs municipaux. Le mélange des genres est parfaitement réussi.



Les personnages sont tous bien campés et les visages (pour certains, très marqués) donnent encore plus d'épaisseur aux protagonistes.



J'ai tout de suite eu envie de lire la suite et j'ai dévoré les 4 autres tomes avec le même plaisir du début à la fin.



Dans un registre un peu similaire (mythologie / réalisme contemporain), cela m'a fait pensé à une autre série BD que j'avais adorée : "No War" d'Anthony Pastor mais dans celle-ci la place de la mythologie et des croyances ancestrales dans le monde contemporain est directement interrogée puisqu'elle est source de conflit alors que dans "Saint-Elme" on nage entre deux eaux (minérales bien sûr).



Enfin, et dire que tout récemment dans l'actualité, un scandale sur l'eau minérale vient d'éclater ! Peut-être une infiltration de la magie noire de "Saint-Elme" dans notre monde réel...

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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Au cœur d'une station balnéaire de montagne, ce premier tome nous plonge dans une enquête épineuse impliquant des disparitions, des kidnappings, de la drogue, des mafieux, une vache brûlée, et surtout une présence énigmatique de grenouilles.



L'histoire débute dans une atmosphère étrange, évoquant les nuances de Twin Peaks mais avec une esthétique beaucoup plus marquée par les néons. Cependant, l'intrigue reste mystérieuse jusqu'à la fin du livre, laissant l'impression que la présentation des personnages et des lieux vient seulement de se terminer.



Espérons que l'avenir de cette histoire apporte davantage de clarté à une trame qui semble assez complexe pour le moment.
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

Bienvenue à St Elme, paisible station balnéaire où il fait bon vivre, enfin, quand la "mafia" locale ne s'en mêle pas et quand il n'y a pas d'étranges cas de disparitions !



Eh oui, à St Elme, c est spécial !



Le détective Sangaré et son assistante Mme D'ombre, vont vite s'en apercevoir.



Une simple enquête concernant un fugueur qui va vite se résoudre ? Non, pas du tout !!!



Une bien mystérieuse enquête qui s'annonce là, parce que oui, nous n'avons pas les réponses dans ce 1er tome qui pose les prémisses de quelque chose de bien plus gros!



Un très bel album, qui a un petit côté psychédélique par moment. Le rythme s'accélère quand les dessins s'animent par la couleur et on sent la tension montée.



Cette BD m'a rendu curieuse et m'a beaucoup donné envie de savoir ce qu'il se passe réellement à St Elme.



Très belle surprise.
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Saint-Elme, tome 1 : La vache brûlée

J'ai reçu le tome 1 de cette série de BD Saint-Elme dans le cadre d'une masse-critique et j'en ai été ravie. J'avais déjà entendu parler, vu cette BD en librairie, mais n'avais jamais sauté le pas.



Saint-Elme nous transporte dans une petite ville thermale en montagne dont les gens disent qu' "Ici, c'est spécial !".

Et effectivement, le sombre détective Franck Sambaré et l'étrange Madame Dombre sont missionnés pour retrouver un jeune homme disparu qui aurait été aperçu pour la dernière fois à Saint-Elme. Invasion de grenouille, vache brûlée, trafic... À Saint-Elme, rien n'a de sens.



J'ai tout de suite accroché avec cette première partie de l’enquête, et suis restée en suspend. Le tome plante le décor puis nous laisse en plan... Il va falloir investir dans la suite !



Les dessins sont sombres, mais les couleurs utilisées sont puissantes, profondes, presque fluo par moment et j'ai vraiment adhéré à ce choix très esthétique. Cela plonge vraiment le lecteur dans un univers noir, presque futuriste voir cyberpunk. TOP !
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Saint-Elme, tome 2 : L'avenir de la famille

La relecture du tome 1 m'a permis de remettre l'histoire en place et d'apprécier ce tome 2. Dans ce tome 2, Franck Sangaré vient de se faire capturer par la famille Saxe. Ce détective privé était sur les traces de Arno Cavalièri, disparu depuis 3 moi. Son binôme décide d'appeler Philippe Sangaré, son frère, à l'aide...

L'histoire est bien rythmée, avec suffisamment de mystère pour donner envie de lire la suite. Les dessins sont plutôt réussis, mais parfois très violent. Le tome 2 donne envie de lire le tome 3
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