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Citations de Sándor Márai (676)


Surgit alors le souvenir de la Pietà que j’allais contempler de temps à autre dans la basilique Saint-Pierre : l’artiste a représenté la Sainte Vierge tenant le cadavre de Jésus-Christ sur ses genoux et regardant le corps de l’homme détaché de la croix avec une profonde douleur. Avec douleur mais en même temps avec une douceur tellement céleste qu’elle est indicible… Le visage de la Vierge n’accuse pas, elle accepte la réalité terrestre comme quelqu’un qui croit que le Sacrifice a un certain sens.
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…une petite voix gémissante vient rompre le silence. L’un des paquets se détache, roule sur le tapis. Stupéfaites, les cousines ont à peine le temps de crier que Madame, à genoux, défait nerveusement le colis, débarrasse de sa gangue de papiers et de chiffons le symbole, qui, terrorisé, queue basse et poils hérissés, glapit plaintivement. Alors Madame le soulève, comme pour le montrer à l’assistance, puis le serrant contre le décolleté de sa robe, lui susurre des paroles apaisantes. Elle ne le lâchera plus de la soirée.
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Le symbole glapit faiblement, tourne la tête dans tous les sens et se dresse sur ses pattes de derrière. Poils hérissés, agité de tremblements nerveux, il se tient dans la main de Monsieur et supporte – sans la moindre réaction – que celui-ci, après avoir décoré son collier de quelques branches de sapin, l’enveloppe dans du papier de soie, le recouvre d’une écharpe et le dépose au pied de l’arbre, parmi les cadeaux destinés à Madame. Le petit paquet reste immobile et silencieux au milieu des autres symboles d’amour, enveloppés, comme lui, dans du papier de soie. Que peut-il bien se passer dans sa tête ? se demande Monsieur, …..
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On ne doit jamais retourner vers quelqu'un qu'on a quitté une fois pour toujours. C'est une règle de vie. Il y a très peu de règles dans la vie. C'est l'une d'entre elles. Ce genre de retour est mortellement dangereux.
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Partir en voyage, cela l'aventure la plus grande et la plus pure au monde de ces dernières décennies ! Mais nous, les enfants de cette ère-là, ne voyagions-nous pas avec une mauvaise conscience, une angoisse secrète?...Tous ceux qui prenaient un train, un bateau ou un avion entre les deux guerres nourrissaient, malgré l'excitation joyeuse du départ, la crainte que ce voyage fût l'un de leurs derniers déplacements libres et sans soucis !
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Quand des hommes, particulièrement de la trempe de Z. manifestent autant de patience et de discrétion, c'est qu'un grand traumatisme psychologique a diminué le niveau de leurs exigences vis-à vis du monde.
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les fondateurs des religions ont toujours voulu faire croire à leurs fidèles que Dieu avait créé l'homme à son image sans leur avouer qu'en réalité, c'est l'homme qui a créé Dieu
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Ils franchissent la porte de l'immeuble et pendant que Monsieur met ses gants, Tchoutora parcourt rapidement son courrier du jour qui s'entasse au pied de quelques vieux marronniers. Messages, notes et mémoires s'y amoncellent sans doute depuis plusieurs dizaines d'années. Tchoutora, après avoir fait le tour de son arbre préféré, qu'il renifle abondamment à sa façon de fillette pudique, c'est-à-dire sans lever la patte de derrière, commente toujours sa lecture en y ajoutant quelques notes marginales. Il s'attarde ensuite auprès d'un tronc qu'il flaire, évalue et contrôle avec la minutie et le sérieux d'un vrai chercheur.
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Une matinée chez Barbusse. Il habitait un appartement dans un immeuble bourgeois de la fin du siècle dernier, près du Champ-de -Mars. Un homme grand et maigre, une sorte de Don-Quichotte, triste, sympathique et anodin. il envisageait d'écrire un livre sur Zola. longue conversation, sur la guerre et la paix. Conversation dont le seul sens et l'unique conclusion furent que, au moment de nous quitter, nous sûmes que nous n'avions rien, rigoureusement rien à nous dire.

Il fait partie de ces hommes dont on apprécie toujours la compagnie parce qu'on sent à leurs paroles qu'ils ne savent pas mentir et sont incapables de dissimulation. Il fait partie de ces hommes que l'on quitte avec un soupir de soulagement, comme si on venait d'échapper au danger d'être taxé d'immoralité...
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Alors, dans la huitième année de notre mariage, nous décidons de divorcer. Cette décision surprend et attriste nos amis, car nous passons pour un couple modèle. A vrai dire, nous avons toujours été fidèles l’un envers l’autre, nous ne nous sommes jamais disputés, mais nous n’avons pas supporté le non-dit, le fait d’avoir occulté certains secteurs de notre existence, cette fameuse « chasse-gardée »…
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On ne se rend pas compte, on ne veut pas, non, on n’ose pas se rendre compte du fait qu’un jour la vie cesse d’avoir un sens et se vide de sa substance… Même les plus grands d’entre nous ne supportent pas cet état.
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Je suis engagé dans une course, dans une compétition, je cours vers Anna… Aucun sourire, aucune légèreté ne viennent atténuer la gravité de mes sentiments. Je « consacre » chacun de mes instants à Anna et je ne comprends pas que c’est insuffisant…qu’il vaudrait peut-être mieux lui accorder seulement quelques minutes ou quelques heures d’un climat particulier, par intermittence, spontanément, au hasard, sans tenir compte du calendrier. Je veux « tout » donner à Anna, mais je ne sais pas encore que les dons fortuits, effectués distraitement, comme en passant, signifient parfois plus que ce dévouement intégral.
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Et Anna ? Se rend-elle compte de tout cela ? Ou se contente-t-elle de m’accepter purement et simplement ? C’est elle, pourtant, qui est à l’origine de mes prouesses, oui, c’est d’elle qu’émane la force mystérieuse capable d’animer ma mécanique inerte, de lui insuffler de l’esprit, de lui conférer du talent. Sans elle, que serais-je ? Imre Greiner, fils d’une domestique slovaque et d’un journalier saxon, un homme plein de doutes et d’angoisses, aux capacités obscures et limitées, un homme poursuivi dans ses rêves par le monstre informe des souvenirs d’enfance qui, tel un nuage de tempête aux contours de fauve, écrase le paysage tourmenté. Mais voilà ! j’ai cessé d’avoir peur. Je suis avec Anna, je vis dans un perpétuel enchantement. Je détiens le secret, le sésame, cette phrase magique, si simple : j’aime quelqu’un.
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Bref, Anna était morte et moi, j’étais devant elle, la seringue à la main, en bras de chemise, les manches retroussées, ayant essuyé ma peau avec un bout de coton imbibé d’alcool… vois-tu, c’est peut-être cela qui est le plus triste, ces tics professionnels aussi absurdes que désespérés… Oui, je reste « professionnel » jusqu’au bout, je m’apprête à mourir en veillant, jusqu’à la dernière minute, à respecter les règles, tout en voulant m’injecter du poison. Mourir en prenant soin d’éviter la septicémie ! Cela m’a stupéfié.
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Le médecin cherche à s’imprégner de l’ambiance qui environne le juge. Ce qui se passe entre eux en cet instant semble trop important, trop décisif pour être exprimé par les seuls mots. Deux hommes occupent leurs positions respectives, se jaugent ; chacun tâte le terrain de l’autre, un fluide circule entre eux.
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Ayant donné à chacun – à Dieu, à la famille, à son père, à son mari, à ses enfants – ce qu’il attendait d’elle, elle est désormais loin de tout, de ses souvenirs, de ses frères, et peut-être aussi de son mari et de ses enfants, comme si elle vivait sur une autre planète. Oui, Emma « accomplit son devoir », spontanément et avec empressement, sans jouer à la martyre, en mère de famille « idéale ». Nul ne lui a jamais demandé ce qu’elle espérait de la vie, et elle a toujours accepté les charges que celle-ci lui imposait, l’éducation chez les bonnes sœurs, son mari, ce chimiste prétentieux, toujours à la recherche du moindre grain de poussière sur les manches de sa veste, membre d’une société nationaliste, et qui, de temps à autre, tel un sous-fifre complaisant, rend à Kristof des visites de courtoisie… Or, Emma n’a jamais rien dit à Kristof de son mari, n lui a même jamais parlé de son « bonheur », ou de son « malheur ». Non, celle-là ne sera jamais partie civile dans un procès de divorce ; elle restera une épouse fidèle, une mère scrupuleuse, occupée à élever ses enfants myopes, cloîtrée à la maison pendant des mois. Emma incarne la femme idéale : elle se taira tout au long de sa vie.
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Il n’avait affaire ici qu’à des hommes et à des femmes incapables de vivre ensemble ; il n’était que le témoin de leurs erreurs tragiques, le spectateur des ultimes dialogues propres à ces drames humains qui s’ouvrent par des scènes de balcon et s’achèvent devant le tribunal. Sa tâche se limitait à enregistrer le simple fait que deux êtres ne se supportaient plus. D’ordinaire, l’un d’eux assumait tous les torts, mais le juge savait qu’ils étaient tous deux coupables – à moins qu’aucun d’eux ne le fût vraiment, car le coupable se trouvait peut-être bien ailleurs.
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Au fond, qu’est-ce que la vérité pour un juge ? D’un côté, il y a le monde, avec ses procès, ses assassins, ses plaignants et ses inculpés – un monde de serments, de haine et de faim -, de l’autre, la loi, la grande machine juridique avec son cérémonial minutieusement élaboré, ses procédures, ses préséances, le face-à-face, devant les magistrats, de l’agresseur et de l’agressé, et, pour finir, le juge, appelé à distiller, à partir de tout ce qu’il a lu et entendu, une essence qui, selon la formule chimique du droit, correspondrait à la vérité…Cependant, au-delà même de la loi, la vérité présentait toujours une dimension individuelle […] Il y avait, d’un côté, la loi et de l’autre la « vérité » et la justice, mais seuls, sans doute, pouvaient rendre la justice ceux qui étaient capables de s’indigner en permanence devant le grand charivari du monde.
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Sans baisser les yeux, il affrontait ses doutes avec la plus grande détermination, conscient à la fois de son indépendance et de ses responsabilités. Assurément, il lui appartenait de juger en s’en tenant rigoureusement à la lettre et à l’esprit des lois, mais, devant le tourbillon de son temps, il avait parfois le sentiment que les règles juridiques étaient en retard sur l’époque, qu’elles n’avaient pas su prévoir ce processus de désagrégation qui, tel un simoun meurtrier, était en train de balayer tous les fondements ; en face de l’arbitraire du temps, l’inexorable loi semblait parfois trop faible, voire indulgente.
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Tout un monde va lentement dépenser ses provisions, savon, insuline, semelles de chaussures et café en grains ; c'est normal quand on engloutit également la vie, la vie à foison. La question est de savoir si, à présent que le monde gaspille ainsi sans compter, des deux mains, il reste un contenu moral et sensible dans l'âme des hommes. Désormais, tels des fous, avec rapacité, ils vont commencer à stocker le vieil or et les bas de soie mais aussi les aventures, vite, ils vont essayer, entre deux bombardements, d'engranger cette excitation épileptique qu'ils confondent allègrement avec l'amour et l'expérience.
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