Très beau livre où l'auteur nous décrit avec finesse les retrouvailles de deux amis, après 40 ans de séparation.
Commenter  J’apprécie         00
Très beau livre où l'auteur nous décrit avec finesse les retrouvailles de deux amis, après 40 ans de séparation.
Commenter  J’apprécie         00
Dès le début, on est intrigué par le trouble qui règne à l'annonce du retour de Lajos cet homme qui a menti à tout le monde, dont la duplicité semble être un trait permanent .
On apprend sans connaître vraiment les détails, l'ascendance incroyable qu'il exerce auprès de toute la famille et l'entourage d'Esther, tous tombent dans son piège car tout leur semble étourdissant autour de lui, et certains lui pardonnent car sa présence met un peu d'effervescence dans leurs vies trop paisibles. Son retour donne l'occasion à Esther de retracer son passé, d'apprendre des éléments qui lui étaient inconnus (et qui explique peut être son comportement à la fin), la rivalité des deux soeurs est également révélée.
J"ai bien aimé l'écriture claire et riche, c'est un roman court, dont la fin est un peu abrupte et m'a déçue, et pourtant je la voyais venir car on nous dit et redit "ce qui a été commencé doit être achevé".
Commenter  J’apprécie         00
Critique de Bernard Quiriny pour le Magazine Littéraire
Tardivement reconnu en Europe, Sándor Márai (1900-1989) est aujourd'hui considéré comme l'un des grands romanciers de la Mitteleuropa, à l'égal de Joseph Roth, Schnitzler ou Zweig. Grâce à la traductrice Ibolya Virág, spécialiste des littératures d'Europe centrale, son succès en France a permis sa redécouverte dans le monde entier, en lui rouvrant notamment les portes des pays anglophones. Des Révoltés (1930) à Mémoires de Hongrie (1972) en passant par Paix à Ithaque ! (1952), une douzaine de traductions françaises sont aujourd'hui disponibles, permettant de goûter aux différentes phases de son oeuvre, de la jeunesse hongroise dans l'entre-deux-guerres à l'arrivée du communisme soviétique, puis aux quatre décennies d'exil en Amérique, où il écrira ses chefs-d'oeuvre sans jamais les voir publiés dans son pays natal, impitoyablement tenu par la censure.
Jusqu'alors inédite en français, L'Étrangère (A sziget) a paru à Budapest en 1934, la même année que les célèbres Confessions d'un bourgeois qui lui apportent le succès. On retrouve dans ce joyau, d'une grande intensité dramatique, plusieurs des thèmes qui traversent son oeuvre (cousine, sur ce plan, de celle de Julien Green) : le mariage et la séparation, l'incommunicabilité entre les êtres, le poids des conventions sociales, et surtout l'angoisse intenable d'être au monde. Le héros, Viktor Henrik Askenazi, est un honnête bourgeois de Paris, 48 ans, catholique, marié depuis quinze ans, honorable professeur de littérature grecque à l'Institut des langues orientales. Sa vie banale, confortable, presque rituelle (le descriptif du contenu de ses poches indique chez lui l'homme d'habitudes, conservateur jusqu'à l'obsession : portefeuille, stylo-plume, étui à lunettes «acquis quand il était encore étudiant», «briquet et, absurdement, une chaîne de montre en or qui n'était plus attachée depuis longtemps à une montre à gousset et qui pendillait inutilement de sa poche de gilet»), dérape quand il décide un jour d'offrir son aide à une inconnue qui sort du métro sur l'avenue de Wagram, un sac à la main. Elle s'appelle Élise : c'est une danseuse mondaine et un peu louche, impudique et insaisissable. Pour elle, il quitte sa famille légitime, abandonne son enseignement et emménage dans un «hôtel de seconde catégorie», malgré la désapprobation générale.
Le regard intrusif des autres, les pesanteurs de la société bourgeoise - y compris en ville, où s'exerce comme dans le moindre village « un contrôle indiscret et provincial » - sont un thème dominant du roman, ressassé jusqu'à l'écoeurement par Askenazi. Pour finir, il quitte Élise et, sur les conseils de son entourage, part se ressourcer seul loin de Paris, dans une station balnéaire au sud de l'Adriatique. C'est là qu'on le découvre au début du livre, hébété comme un fuyard, avant le long flash-back qui décrira son adultère. Là-bas, dans un climat de plus en plus oppressant et onirique, survient le drame qui provoquera sa dérive finale, jusqu'à une île perdue où, traqué mais seul, il se trouvera enfin face à face avec Dieu... Le chapitre final, intitulé «Dialogue» parce qu'Askenazi s'y adresse au Seigneur, prend dès lors des allures de méditation, Askenazi lançant au ciel le psaume cité par le Christ sur la croix : «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?» Admirablement construite, L'Étrangère ramasse en deux cents pages l'itinéraire autodestructif d'un homme saisi par l'inquiétude, subitement incapable de demeurer dans les rôles sociaux où il s'était si bien coulé jusqu'alors : le bonheur amoureux avec Élise, qu'il trouve tout à coup «étrangement inconfortable, compliqué et, dans le fond, même pas agréable», et la vie en général, cet «esclavage» permanent que «par un geste unique et d'une grande puissance il avait chassé loin de lui pour toujours».
Commenter  J’apprécie         00
Critique de Bernard Fauconnier pour le Magazine Littéraire
Toute sa vie, Sándor Márai, romancier hongrois né en 1900, qui fut célèbre et adulé dans les années 1930 avant de tomber dans un relatif oubli après la guerre, n'a cessé de quitter et de retrouver son pays natal. De là vient l'angoisse, le vertige du déracinement qui hante toute son oeuvre, et en particulier Le Miracle de San Gennaro, dans lequel l'écrivain ressuscite le quartier du Pausilippe, à Naples, où il vécut à la fin des années 1940, avant de partir pour les États-Unis. Ce superbe roman de l'exil se donne d'abord comme la chronique d'un quartier populaire où vit une humanité pauvre et lumineuse : le petit peuple du Pausilippe, débonnaire, fataliste, aussi paillard que profondément religieux, attend chaque année le miracle de San Gennaro, dont la statue se met à saigner, événement banal dans ce quartier où le merveilleux côtoie la quotidienneté la plus terre à terre... Au milieu de ce monde bariolé vivent deux étrangers, un couple dont on ne saura jamais le nom. Exilés, apatrides, ayant tout perdu au cours des événements récents, fuyant l'horreur d'un pays désormais sous la coupe de la dictature stalinienne, ils sont comme deux ombres grises dans ce monde de lumière. L'homme, dit-on, croit à la rédemption et prétend sauver le monde, comme le Christ, comme saint François d'Assise, figure tutélaire d'un récit qui surprend par sa soudaine gravité. Un jour, l'étranger est retrouvé mort sur une plage, en bas d'une falaise. Débute l'enquête sur la foi du témoignage d'un moine franciscain qui a reçu la confession de l'homme et celle de sa compagne. Le roman prend alors une tout autre dimension : gravité, profondeur, méditation d'un déraciné sur sa condition et sur la nature profonde des régimes totalitaires qui l'ont fait fuir. « L'homme » et sa compagne racontent tout le drame de l'exil, la perte de son identité, la descente vers le néant, cette sensation de n'être plus rien, juste deux corps face à la mer infinie. On songe parfois à Stefan Zweig, ne serait-ce que par la technique du récit enchâssé et l'évocation nostalgique d'une Europe qui s'est détruite elle-même. On redécouvre surtout un très grand romancier, dont le destin ressemble à celui de son héros : Sándor Márai, exilé aux États-Unis, s'est donné la mort en 1989.
Commenter  J’apprécie         00
Fidèle aux Braises, Sándor MÁRAI livre encore les suites, les conséquences et les conclusions d’événements qui se sont produits longtemps en arrière, 20 ans en l’espèce.
Esther, Nounou, Endré et les autres attendent le retour inopiné de Lajos parti il y a 20 ans après avoir trahi et trompé à peu près tout le monde, chacun jurant de ne s’y plus laisser prendre. S. Márai rappelle et pose le contexte mais aussi les liens de tous avec ce beau parleur.
Rien ne se passe vraiment comme attendu et même annoncé et finalement avec Márai, Lajos vient terminer une histoire interrompue. Il achève sa mission et atteint le paroxysme de sa philosophie d’action. Rien ne compte vraiment dans les actes, que l’existence ou non d’intention pour les fonder.
C’est l’héritage que Lajos laissera à Esther qui lui en laissera, elle, un autre.
Commenter  J’apprécie         00