C’est l’après-guerre, un pont vient d’être reconstruit entre Buda et Pest, qui avaient été à nouveau séparées par les bombardements allemands. Les deux villes sont en ruines. Une foule déguenillée, sale, affamée, tout juste sortie des caves où elle fuyait les bombes, le traverse dans les deux sens. Un individu dénote parmi elle : Peter, un bourgeois impeccablement vêtu tenant sur son bras un pardessus. Il incarne la dignité d’une classe menacée, d’un monde à l’agonie. Brusquement une femme se jette à son cou. C’est Judit, son ex-femme, la deuxième, l’ancienne bonne de ses parents. Ils se voient pour la dernière fois. La Hongrie sera bientôt aux mains des Soviétiques, l’espoir d’un monde nouveau anéanti. Peter est sur le point d’émigrer aux États-Unis, il est désormais de trop dans son propre pays.
Ce roman est leur histoire, celle de Peter d’abord, marié à Ilonka, dont il aura un enfant qui malheureusement ne vivra pas, secrètement attiré par Judit, une femme du peuple, née dans la misère, qui nourrit à son égard des sentiments ambivalents. Ilonka comprend vite, malgré sa souffrance, qu’elle ne parviendra pas à conquérir le cœur de son mari et le laisse partir. Le mariage avec Judit sera également un échec, partagé entre la vaine générosité de l’un et le ressentiment de l’autre. C’est l’histoire d’individus pris dans la tourmente d’une époque qui touche à sa fin, racontée par les différents protagonistes. Peter est attaché à défendre les valeurs de sa classe, son humanisme, la culture, l’éducation. Illonka s’efforce de jouer son rôle mais sent que Peter lui échappe. Pour Judit la bourgeoisie est figée dans une accumulation d’objets et de rituels, qui lui font dire que c’est très compliqué d’être riche, en opposition à une classe sociale qui lutte pour sa survie.
Mais très vite une nouvelle menace s’élève, prétendant résoudre cette fracture sociale en prenant le pouvoir au nom du peuple, l’instauration de la dictature communiste. Et finalement pour beaucoup, va s’imposer l’exil aux Etats-Unis où là aussi la démocratie et la liberté restent souvent des illusions mais qui laissent la possibilité de se faire une place au soleil.
Un très beau roman sur la décomposition d’un monde, où un personnage, l’écrivain, ami de Peter, semble le témoin silencieux de cette agonie et le double de l’auteur qui analyse ce glissement avec une grande lucidité. Malgré quelques longueurs, encore un très grand roman de Sándor Márai.
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Une histoire classique du mari, de la femme et de la maitresse.
Mais racontée de manière trés peu classique : chacun des personnages raconte dans 3 récits confessions différents son histoire.
Ilonka, Peter et Judit sont les personnages principaux de ce drame avec Lazar, un écrivain qui traverse tout le roman.
Si l'idée est intéressante d'essayer de reconstituer l'histoire en fonction du ressenti de chaque personnage et qu'il y a quelques analyses philosophiques trés pertinentes sur le couple et les différences sociales et un réalisme sur la vie en Hongrie, le livre est trop long et abuse de l'analyse psychologique au détriment de l'histoire.
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Un huis-clos sulfureux
L’histoire d’une amitié intense entre un Général et Conrad. Plus exactement, c’est leur fréquentation qui est intense depuis l’adolescence jusqu’à la trentaine. Leur amitié, elle, même si elle est réelle, est déséquilibrée par une différence de condition telle que l’un ne peut rendre à l’autre le confort matériel prodigué ; tandis que l’autre ne soutient pas la comparaison en matière d’intérêt pour l’art et la culture du premier.
Quarante-et-un ans avant ce huis-clos s’est produit un événement - que l’on pourrait tout aussi bien appeler un non-événement –une suspension du temps de quelques secondes qui constituera un tournant dans la vie des deux amis. Le jour suivant, Conrad disparaît et refait sa vie au bout du monde. Le général en reste très marqué et comme figé, gardant à l’identique une aile du château qu’il occupe, où il avait l’habitude de bavarder avec Conrad et Christine, la femme du Général, qui décèdera d’ailleurs très jeune, le laissant seul avec ses souvenirs, ses nostalgies, ses questions. Seul dans le sanctuaire qu’il s’est créé.
Et donc après tout ce temps, Conrad resurgit, le General l’accueille avec un repas à rallonge, des boissons fortes, des cigares tout en recréant l’atmosphère de jadis. Avec l’espoir d’enfin recevoir des réponses à ses questions. Ou plutôt LA réponse à SA question, toutes les autres n’étant que subsidiaires et destinées à mener à la seule qui compte vraiment pour lui. La conversation s’égrène, reconstituant le passé des deux hommes et en arrière-plan la grandeur et la décadence de l’empire austro-hongrois, qui est un peu à l’image de l’amitié entre les deux hommes. Mais la gêne de Conrad est palpable, on ressent bien la tension et on devine que la vérité aura du mal à émerger….
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Livre en 3 parties. 1ere partie : Sa version à elle. Elle, c'est Ilonka. Femme divorcée qui relate à une amie, son histoire. Sa rencontre avec Peter, leur mariage, leur divorce. Elle lui explique les années de doute, la mort de leur fils, le caractère distant de Peter et sa trahison.
2eme partie : Sa version à lui, Peter. Comme Ilonka, il discute avec un de ses amis et lui explique son premier mariage avec Ilonka, leur divorce, son deuxième mariage et son deuxième divorce.
3ème partie : La version de l'autre. L'autre c'est judit. La deuxième épouse de Peter. Celle pour qui il a divorcé d'Ilonka. Elle, elle discute avec son amant et lui explique comment elle est entrée dans cette famille riche. Petite fille très pauvre, elle est entrée au service de la maman de Peter comme femme de ménage. Elle raconte comment elle a rencontré Peter, comment elle a assisté à son divorce pour se remarier immédiatement avec lui.
A travers ces 3 personnages et cette idée de roman "confession", l'auteur décrit parfaitement les sentiments de chacun par rapport à la classe sociale dont il fait partie. Mais aussi, il dépeint à merveilles (un peu cynique parfois) la bourgeoisie hongroise de l'entre-deux-guerres.
J'ai beaucoup aimé la structure du roman. Très intéressante cette façon de donner à chacun la parole ! Je sais qu'aujourd'hui encore la vision du monde dépend totalement de la classe sociale dans laquelle tu grandis ... mais même si c'est vrai, même si c'est intéressant ça me gonfle !! Pour moi, que tu sois riche ou pauvre... si t'es con, même avec de l'instruction que ton statut social a pu te permettre d'acquérir, tu restes un con ! A l'inverse, si tu as envie de "grandir", qu'importe ta fortune, tu trouveras toujours un moyen de devenir quelqu'un ! C'est beaucoup plus facile, certes, quand tu as les moyens mais c'est trop facile de s'arrêter sur ton nom de famille ! Biensuuuur, comme à chaque fois, ce n'est que mon humble avis que j'aime partager avec vous !
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Dès l’invasion de la Hongrie par l’Allemagne en 1944, Sándor Márai, journaliste et écrivain hongrois, décide de ne plus écrire que pour ses tiroirs et pour son Journal, un « exil intérieur dans un pays au bord du précipice ». De 1943 à 1948, il rédige de courtes chroniques relatant ses impressions et ses sentiments sur la débâcle politique de son pays. En même temps, l’écrivain questionne l’attitude des dirigeants hongrois face aux Nazis et s’indigne du sort fait à la population juive habitant le territoire. Sur le plan personnel, Márai s’inquiète de sa santé et de celle de sa compagne, Lola, laquelle doit impérativement vivre cachée afin d’éviter le déportement vers les camps de travail, ce que son père n’a pu éviter. Une période sombre que la fin de la guerre en 1945 ne réglera pas sur tous les fronts. Dépossédé de tous ses biens à cause des bombardements à Budapest et mal vu des autorités hongroises pour sa neutralité politique, Márai se résigne alors à s’exiler en 1948, d’abord à Genève et ensuite à Naples. C’est sur ce dernier chapitre de sa vie que se termine le journal.
J’aime beaucoup cet outil littéraire qu’est le journal, et même si je ne connaissais pas Sándor Márai, j’en ai apprécié le style et le contenu, très émouvant. Son œuvre mérite donc d’être approfondie et j’irai voir du côté de ses romans pour la suite.
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Dans l'Europe d'avant la guerre de 1914-1918 se meurt doucement l'empire d'Autriche-Hongrie, monstre à deux têtes qui cache en son sein ses nationalismes naissants et ses aristocraties vieillissantes.
Parmi ces dernières, deux jeunes garçons se lieront d'amitié : Henri, fils de militaire hongrois, qui fait figure d'ange lumineux, heureux de vivre avec tout ce qu'offre la vie pour un jeune aristocrate de l'époque ; et Conrad, fils de petits nobliaux d'origine polonaise et bien plus modeste, brillant musicien mais moins à l'aise avec le futur avenir militaire qu'on lui offre à lui et son ami Henri.
L'ouvrage de Sandor Marai aurait pu conter l'évolution de l'histoire de cette amitié. Mais l'auteur fait un saut dans le temps à partir du chapitre VIII pour proposer un très long échange entre Henri et Conrad au soir de leurs vies, à un moment où tout est passé : la mort de leurs proches, de leur amour en commun, de la tentative de Conrad d'en finir avec Henri, de sa fuite, de l'attente courtoise mais vengeresse d'Henri depuis son château perdu dans les forêts hongroises.
L'essentiel de l'ouvrage est donc un dîner entre deux vieux hommes qui semblaient si proches, mais finalement si différents. Au cours de cet échange, la question de l'amitié y est testée sous toutes les coutures.
Derrière eux, les braises de la cheminée crépitent, ainsi que les âmes de ces deux vieux hommes au gré des souvenirs égrenés durant ce long repas.
C'est beau, c'est brillant, c'est magnifiquement écrit. Ce roman aurait pu être adapté au cinéma dans un style proche de Barry Lyndon, mais entre la fin du XIXe siècle et l'après Grande Guerre cette fois-ci.
À lire absolument.
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Conduire est un plaisir. Pas tant pour l’exercice en lui même, mais parce que cet acte suppose de partir dans une autre direction, une évasion. Surtout, depuis que je ne me déplace plus pour de stricts motifs professionnels, conduire est un plaisir…
Lire est un plaisir. Partir, découvrir, s’évader… Surtout lorsque la lecture ne vise pas une utilité matérielle…
Lire c’est souvent conduire une belle voiture de sport, une de celle que l’on ne possèdera jamais parce que la métaphore s’arrête au feu rouge des contingences financières et, surtout au panneau stop des représentations bien ancrées. Celle, par exemple, qui m’intime l’ordre de considérer les automobiles comme des substituts phalliques, et donc, par conséquent, de les refuser en tant que symboles de machisme. Ferrari rime avec a priori…
Pourtant, j’aime conduire… DS, 2CV, trafic aménagé et pourquoi pas Dacia et même Trabant.
Le miracle de San Gennaro, c’est un Truck massif, une de ces bestiasses que l’on croise sur les highways américaines avec en bande-son l’improbable rencontre d’ACDC et de Sibelius… Très fier de l’avoir dompté… Mais que ce fut difficile, j’ai fait craquer la boîte de vitesse, la carlingue a toussoté, le monstre de métal m’a subjugué… Un moteur d’une puissance inouïe, une force inhabituelle, des pistons par centaines, des durites à foison, l’admiration pour cette mécanique dont je me contentais d’admirer les effets faute d’en comprendre le fonctionnement, la diabolique articulation… L’impossibilité d’aller vite malgré les formidables potentialités du moulin… Dès le départ, cette centaine de pages, chronique d’un quartier napolitain, j’avais le sentiment de me trouver face à un tableau de bord splendide mais dont j’ignorais les fonctionnalités. J’appuyais sur des boutons, des manettes, soulagé de constater que je continuais de me déplacer.
Puis, j’ai pris un rythme de croisière avec des paysages un peu plus familiers, des réflexions sur le totalitarisme, sur le destin tragique de cette Mitteleuropa qui bascula du nazisme vers le stalinisme, sur ces individus ballotés par l’histoire qui choisirent ou subirent l’exil. Sur le GPS s’affichaient des itinéraires contemporains, échos tragiques d’autres drames… Pas la peine de m’étendre, vous devez posséder les mêmes cartes… Le trajet se déroula avec des haltes incontournables dès lors que l’on chemine en humanisme. La religion dressait ses tours et j’actionnais les essuie-glace pour discerner au mieux les enjeux de cet horizon. Les miracles, l’extase mystique peuvent égarer et commettre les pires forfaits. Mais, l’absence de sacré, le matérialisme exacerbé, à quoi mènent-t-ils ? Aux dictatures ? Au suicide ? Dans le siège de mon terrible engin, je regrettais d’avoir séché les cours de mécanique philosophique parce que le Miracle de San Gennaro vous entraîne sur des routes ou plutôt des pistes dignes de la Selva, traversant des jungles de références inconnues ou inhabituelles pour le cancre que je reste. Conducteur du dimanche, quoi !
Oui, mais un piètre pilote, gonflé de l’orgueil de revenir d’un voyage qui commence par cette phrase « Les personnages de ce roman, purement imaginaires, n’ont rien à voir avec des personnages réels ». Bien sûr, l’injonction est contradictoire : la lecture de la biographie de Màrai permet de mesurer que c’est bien son histoire qu’il nous raconte… Eprouvant et magnifique voyage… Heureux d’être descendu de cette vertigineuse cabine où j’ai transpiré autant que frissonné du plaisir de cette découverte. Mais comme disait l’autre « Et c'est tant mieux parce que je f'rai pas ça tous les jours… »
Alors, ça vous dit un trip en truck ?
Une suggestion, découvrez quelques citations sur Babelio, lisez le dernier chapitre (partie IV, chapitre 17) parce que ça ne « spoilera » rien du tout mais par contre c’est tellement limpide, ça vibre comme un V12, la promesse d’un ailleurs …
Si votre curiosité est titillée, attachez vos ceintures, bon courage et belle route…
Pour ma part, je vais me changer les idées au volant d’une petite berline, j’ai quelques courbatures. Mais, p… que c’est bon de sentir craquer ses articulations rouillées ! Ça veut dire que l’on vit encore…
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Si l'amitié exige réciprocité, comment composer quand on est différent de l'être sur lequel elle est projetée ?
200 pages d'un tête à tête grandiose entre deux hommes arrivés au crépuscule de leurs vies. Deux anciens meilleurs amis, Henri et Conrad, se retrouvent 41 ans après leur dernière entrevue. Tout se joue dans cette ultime confrontation qui cherche à expliquer le départ soudain de Conrad. À justifier ce silence abrupt entre ceux qui ont grandi comme des frères.
Que recèle le mot amitié, que doit-on attendre d'un ami ? Cela lui donne-t-il des devoirs ? Dans un quasi monologue, Henri interroge le poids du mot amitié. Faisant peser dessus ceux d'obligations et responsabilités.
Pendant 41 ans il a eu le loisir de s'atteler à décortiquer ce lien dans la solitude de son existence. Un temps qu'il a passé, tel un fin investigateur, à examiner tout ce que le mot ami convoque. À soupeser ce qu'il exige de l'autre et ce qu'il ne doit pas être. À en établir les règles et délimiter les contours. L'amitié pure est le désintéressement, donner sans rien attendre de l'autre. C'est accepter l'ami tel qu'il est. Reconnaître ses défauts et accepter les conséquences de ses travers.
Il questionne l'intérêt d'une amitié dans laquelle on ne voudrait que le meilleur de l'être aimé, et seulement constance et fiabilité. Mais telle la mer imprévisible, n'est-ce pas les vagues du caractère de l'autre et les tempêtes surmontées qui font le sel de l'amitié. Si l'ami est constant n'est-il pas ennuyeux de n'être pas surprenant ? Pour autant, quand ses réactions nous prennent de court, que cet ami prend la tangente, on peut y voir un acte de trahison. Ressentir colère et incompréhension de ne pas avoir su voir, ne pas avoir eu les clés pour déceler chez cet autre ce qui en lui bouillonnait.
Henri a eu toute sa vie pour cheminer sur les raisons qui ont conduit son presque-frère Conrad, à fuir du jour au lendemain. Lors de leur face à face c'est presque naturellement qu'il fait les questions et les réponses. Car il a passé le reste de sa vie à rejouer chaque minute de la dernière journée passée ensemble. Il a démêlé les fils de la pelote pour arriver à une vue d'ensemble d'une clarté totale. Conrad parle très peu, Henri parle pour deux. Il plonge dans la tête de Conrad et livre les pensées de son ami sans qu'il n'ait besoin de s'exprimer. Un ami c'est ça aussi, c'est celui qui nous connaît, celui qui sait tout, ou qui le temps aidant finit par tout comprendre.
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J'ai aimé découvrir cet auteur hongrois que je ne connaissais que de nom. Ce roman était intéressant à bien des points de vue, notamment pour la psychologie fouillée des personnages et la réflexion sur l'âme humaine.
Néanmoins, je ne peux nier avoir trouvé certains moment sun peu long. Je n'irais pas jusqu'à dire que je me suis ennuyée, mais ce n'est pas un roman impossible à lâcher avant d'en connaître la fin.
J'ai beaucoup aimé la tension entre les deux personnages, cette ambiance intriguante, les secrets peu à peu dévoilés au coin du feu dans ce chàteau sombre. J'ai réussi à deviner une partie de l'histoire au fur et à mesure, mais pas l'ensemble.
La plume était agréable et nous fait découvrir un autre temps. Je continuerai à me plonger dans l'œuvre de cet auteur pour connaître davantage son style.
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Une écriture précise comme toujours avec Sandor Marais. La critique de l’amour ou plutôt du mariage qui est une union définit par l’appartenance de classe. La troisième partie du livre m’a lassé finalement j’aime plutôt les histoires de passion.
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Le roman sur les étranges liens d'amitié entre deux hommes ayant partagé une carrière militaire dès leur tendre jeunesse jusqu'à la rupture. L’histoire d’une confrontation masculine à travers le temps faisant écho à la nouvelle de Joseph Conrad "Le Duel", la référence à ce dernier étant explicite pour avoir donné à un des protagonistes le prénom de Conrad. le charme désuet de l'Empire Austro-Hongrois avec les valeurs traditionnelles faisant partie du mythe et qui s'entrechoque avec la montée en puissance de la Common Welth et du colonialisme dont Joseph Conrad témoigne également dans son oeuvre. La Mitteleuropa qui rencontre des tristes tropiques peut-être...les principes de l’honneur et de la honte, par conséquent de la culpabilisation s’affrontent à la volonté de vivre une vie libre des contraintes de l’époque mais vouée à l’inconnu.
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Un vieux général à la retraite reçoit la visite d’un ami perdu de vue depuis 41 ans. Ils étaient pourtant des amis très proches. Que s’est-il passé il y a 41 ans qui a provoqué une rupture, et pourquoi ce retour ? Voilà la trame du roman. Au fil des pages, l’auteur nous fait vivre cette soirée de retrouvailles, le repas, les échanges qu’ils ont entre eux, et petit à petit il dévoile les dessous de cette amitié et de cette rupture. Voilà typiquement un roman qu’on aurait pu me faire lire à l’école. Le rythme est lent, assez ennuyeux, mais le texte est riche et il y a matière à toutes sortes de réflexions : sur l’amitié, l’amour, la patrie, la guerre, les différences de classe… Une lecture assez intéressante, donc, d’un auteur de qualité.
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J'ai découvert S.Marai récemment ("La nuit du bûcher", "La soeur") et j'aime beaucoup l'ambiance avec des personnages en suspens en proie à des questions philosophiques voire métaphysiques, et le style d'écriture, un peu appliqué et méticuleux qui me fait penser à S.Zweig.
J'ai retrouvé la même chose dans les deux premiers tiers de ce roman habilement construit ; mais j'ai souffert dans le troisième tiers qui m'a paru très long, abstrait ; j'ai fini par perdre le fil de ce dialogue entre les deux personnages.
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Un huit clos de vingt-quatre heures tout simplement magnifique par son histoire et son écriture.
L’histoire, le Général Henri attend la visite de son ami d’enfance Conrad qu’il n’a pas revu depuis quarante et un an et quarante trois jours. Le premier est issue d’une famille fortunée, aristocrate, le second est issue d’une famille modeste de fonctionnaires. Il avaient un lien d’amitié très fort voire gémellaire jusqu’à cette journée de chasse où Conrad démissionne de l’armée et disparaît sans un mot.
Lors de ces retrouvailles, ils sont tout deux âgés de 75 ans. Il n’y a donc plus de places pour les simagrées, l’hypocrisie, les non-dits. Bien que le Général soit nostalgique, il veut des réponses aux questions qu’il s’est posé durant ces quarante et un ans d’absence. Il n’éprouve plus de colère, ni de rancoeur envers son ami, il souhaite juste comprendre et connaître enfin la vérité. Même si le monde s’est écroulé autour d’eux, on ressent que cette rencontre est importante pour les deux.
À travers une écriture à la fois intense et élégante, l’auteur va nous parler d’amitié, de fidélité, de loyauté, de trahison, d’amour… tout cela sur un ton assez pessimiste.
« Nous étions, te dis-je, de vrais amis et rien au monde ne peut dédommager d’une amitié perdue. Même une grande passion ne saurait causer la satisfaction que procure l’amitié à ceux qu’elle touche de son pouvoir magique. »
Un magnifique livre qui pousse à la réflexion !
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Un ancien général de l'armée Austro Hongroise s'apprête à recevoir dans son domaine son ami de jeunesse qu'il n'a pas vu depuis 41 ans . La séparation a été très douloureuse , malgré par un incident inexplicable .
Très beau roman , tout en finesse , où le temps semble s'écouler avec une infini lenteur .
Au delà du remarquable face à face des deux "amis" qui nous tient en haleine de part tous les secrets et les non dits entre eux deux , ce livre est aussi un trait d'union entre le monde tel qu'il va devenir et l'empire Austro Hongrois. Il est question d'honneur , de fidélité , de devoir...Sentiments avouons le légèrement bafoués de nos jours.
La description de la chasse est saisissante , les relations entre individus remarquablement bien évoquées.
L'écriture est brillante, tout en restant d'une fluidité impressionnante.
C'est un petit bijou, fin , intelligence, laissant la place à l'honneur et au non dits , tout en nous plongeant dans la fin de l'empire , les horreurs de la guerre et les mœurs de la "haute" société
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Retrouvons dans cet excellent ouvrage, le thème favoris de l'auteur, ce dernier nous décrit, dans un langage plus que soutenu, la chute de l'empire Austro-hongrois. Il nous narre dans sa déambulation, la grandeur, la flamboyance de son ancienne Hongrie. Un regard sur le passé très intéressant et très instructif.
Un écrit prémonitoire pour l'auteur qui lui aussi quittera cette magnifique ville quelques années après la parution de ce roman
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