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Citations de Sophie Fontanel (194)


Kléber avait les yeux aussi verts que les cyprès. Et, comme les cyprès, par sa taille, par son air majestueux, il pouvait faire de l’ombre à n’importe qui. Là s’arrêtait sa ressemblance avec les arbres du jardin. Sinon, il semblait assez abattu. Ses lèvres, ses épaules, ses paupières, ses joues, son cou, ce n’était que lassitude et peut-être paresse. S’il n’avait pas été un tel génie, on n’aurait eu qu’une envie, le secouer.

A part pour sauver des enfants, il ne serait peut-être pas sorti de chez lui.
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(...) selon moi il y avait plus d'affectif dans une poupée gonflable [pour un homme] que dans un sex-toy [pour une femme]. La poupée figurait la personne. Le sex-toy figurait la fonction.
(p. 97)
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s'il y avait une fête, ils venaient à tour de rôle s'asseoir auprès de moi, m'exposer ce qu'ils entendaient me voir vivre. Ce que je méritais. À bien y regarder, ils voulaient que je sois comme eux. Elvire, vissée dans un couple, oubliait qu'elle avait un mari dépressif. Guillaume, marié à une torturante, me jurait que, si on se tenait à carreau, si c'était amen à tout, on s'en sortait. Maria , qui n'en pouvait plus de ses enfants et voulait que j'en fasse. Assia, qui aimait les femmes mais sa mère en mourrait. Patrizio, avec la jalouse chronique , des bleus à l'épaule. Aucun ne supportait ma solitude parcequ'elle aurait pu être la leur.
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"Je suis très seule, et vous?" j'osai. "Moi, souffla-t-il, moi rien." Il ajouta : "Moi, heureusement j'ai un Monet..." Je sus très exactement de quelle sublimation il me parlait, je voyais un refuge dans l'art. J'avais pour projet de vivre dedans, sans Monet, avec mes livres, les beaux films, la musique. Je donnai un doux, un confraternel coup d'épaule à l'épaule de cet homme. Il m'enlaça, non sans expliquer à la tablée que je lui étais sympathique. Je venais d'apprendre qu'une grande solitude sait toujours parler à une autre.
Il nous abandonna sur le trottoir devant le restaurant. A peine son dos culte et brutal s'éloignait-il dans la rue, chacun y allait de son anecdote. Les moeurs de ce bel homme, inventaire de ses maîtresses et amants, furent établies en quelques minutes. On est éberlué de ce que les gens se permettent de dévoiler sur l'intimité d'autrui.
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La créativité, ce sont des ailes qu'on s'autorise.
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J'ai depuis peu des idées nouvelles, par exemple sur ce que ça veut dire "être présent". je pense sans cesse qu'un jour moi aussi je serai âgée, moi aussi je passerai un cap et je devrai m'en remettre à la bienveillance d'autrui. Lorsque ce jour viendra, qui dans ce monde pourra faire pour moi ce que je fais pour ma mère ? qui sera présent ? Qui me soutiendra quand, à mon tour, je serai une personne vulnérable ? Est-ce que je me tuerai un jour, pour cause de ce manque d'amour très particulier qui est le manque d'aide ? (p.9)
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"Comment tu fais pour manger ça?" elle me demande. Je réponds que je croque. "Ah oui, croquer..." Voilà encore un de ces anodins parcours de jeunesse qu'elle ne fera plus. Elle ajoute, bien face à moi comme pour toutes ses communications officielles: "Croquer la vie à pleines dents..." (page 127)
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Il y a l'âge où l'on peut partir. Où une semaine d'absence vaut pour un jour. Où on affirme que ça ne vaut pas la peine de partir si c'est pour une semaine. Où on joue avec les ponts, les fêtes nationales. Où chaque date fériée est un temps bourré de possibilités.
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Maintenant qu'elle oublie tant de choses, elle peut savourer les joies de l'improviste. Je dis que je viens, et puis je viens, mais elle, elle avait oublié que je venais, et pour un peu elle m'applaudirait. Chaque visite est un coup de foudre. Chaque personne, une rencontre nouvelle. Chaque biscuit salé, un mets à tester. La manière dont une fleur s'ouvre : du jamais- vu. La manière dont le soleil lui lèche les pieds: un miracle. « Tu trouves pas quand même absolument fabuleux d'en connaître un peu moins? » elle me dit. Mais qui est ce génie qui m'enseigne la vie? J'en arrive à penser que seule l'immobilité donne des ailes aux humains. À voir les autres tant s'agiter et ne rien comprendre. Bien sûr, son insouciance ne vaut que par mes responsabilités accrues, c'est moi qui dois penser aux détails et à l'évidence. Je l'accepte. Elle m'a fait ce cadeau quand j'étais enfant, de me délivrer du poids du quotidien. Les frites délicieuses arrivaient par miracle. À Noël, le cadeau onéreux dont je rêvais sans grande illusion car j'en connaissais le prix, il arrivait lui aussi. Si je voulais seller mon lit pour en faire un alezan, elle procurait du cuir. Elle aurait procuré de l'avoine si ça avait pu faire mon bonheur. Et même le cheval entier si elle avait eu l'argent. Oui, elle a fait de mon enfance une vraie enfance. Je peux bien rendre, à présent.
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elle m'a jeté un de ces regards qu'elle réserve habituellement à la couleur noire, qu'elle a en horreur. Elle a dit : " ouh là...ne prie pas pour moi, hein? " J'ai demandé pourquoi. Elle a dit : " Ne vas pas me faire repérer. " Et j'ai compris que, toujours otage terrorisée de la fatalité, ces temps-ci elle se cache au fond du wagon pour ne pas être prise.
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Je lui ai dit à bout de courage (il fallait retourner à l’épicerie), qu’on ne retrouverait jamais le goût du souvenir. Et elle a admis, comme si c’était là, une simplification inévitable du grand âge.
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Elle dit « ma grande » à toutes, « mon grand » à tous. Et jamais personne ne répond : « Pas de ça avec moi. » Elle dit que c'est l'enfant qui se décourage et s'affaiblit en nous, pas l'adulte accompli, qui lui affronte l'adversité jusqu'à la mort. C'est l'enfant qu'il faut applaudir dans la personne âgée. Et ça marche, ces personnes cajolées, elle les grandit. Ceux qui restaient couchés, elle les assied. Ceux qui restaient assis, elle les lève. Et ceux qu'elle a mis debout, elle leur rend leurs pas. Des miracles opérés jusque sur ma maman bringuebalante. Elle exauce ce que je ne peux pas accomplir. Car moi, au nom des lois filiales de la pesanteur, si ma mère glisse de mes mains, j'ai la tentation de m'effondrer avec elle. Et qui sait si ce ne serait pas sur elle ?
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On entend souvent dire que ce n'est pas beau de vieillir. ce n'est pas faux. Ce qu'il y a, c'est qu'à la place d'être beau, c'est sublime. Mais le sublime, parfois, on n'en voit pas l'utilité.
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"Ne vous inquiétez pas, Josée : je peux répondre. Vous n'aurez rien à faire de moi.
J'ai offert mon corps à la science. Elle s'est servie, ce matin. Et je vais retourner à mon or. »
Il fallut expliquer.
Que l'or, c'était le kaolin, comme à l'époque où le génie humain en fit de la porcelaine.
Que l'or, c'était le hameau, des coquelicots à l'infini, et un endroit microscopique qu'on appelait
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En 1926, Paul Eluard publié Capitale de la douleur.
Douleur et douceur, qu'une simple lettre sépare .
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Il y a un découragement à se teindre. Enfin, je veux dire, à cacher continuellement ce qu’on est. A la fin, on n’en peut plus.
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...à partir du moment où vous vous moquiez de ce que l'autre peut penser de votre éventuelle beauté, de votre jeunesse envolée, un éden devenait possible.
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Cet homme, qui me disait adieu dans un restaurant japonais : "Il faut que tu comprennes que si j'aimais quelqu'un, ce serait toi."
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Nous avons déridé le monde , madame, c'est ça, l'histoire. C'est ce que j'essaie de vous dire depuis le début. Vous êtes - cela ne va peut-être pas vous plaire - la dernière femme ridée sur Terre.
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Elle accordait volontiers que le corps de l'autre est encombrant. Cela ne changeait rien à son consentement. Elle avait décelé plus tôt qu'une autre qu'on n'a rien sans rien. Et c'était cette Henrietta à la totale conformité, qui se détachait du groupe, venait vers ma différence, et, dans une complicité joyeuse, me cajolait en bordure de la tribu.
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