Et bien, et bien… Que dire. J’ai fortement été séduite par le style de l’auteur. L’originalité de son écriture. Tout n’est qu’image. Tout ce que ressent la narratrice, héroïne de cette histoire tragique, est un panel d'images et de métaphores. Son cœur se brise en mille éclats de verre, ses jambes se fondent, elle peint les murs du rouge de sa honte… Toutes les émotions ne sont que couleurs et matières, comme si la narratrice devenait l’artiste de ses propres émotions. Et puis il y a tout ce qu’elle ressent et n’ose penser, écrit de manière barré.
Car il faut bien le dire, on aborde la souffrance à l'état brut, la solitude, l'isolement, aux limites de la folie.
Juliette est enfermée dans un asile, lorsque le roman débute. On l'écarte des humains, car elle ne peut toucher sans faire du mal, voire tuer.
En bref la narration est un « fouillis » de ressentiments dramatiques, ceux d’une fille brisée, enfermée. On suit avec elle ses émotions terribles, et franchement j’ai été emportée dans ce tourbillon de mal être, dans ces sentiments foisonnants et si touchants… Sauf qu’à un moment donné, il faut tout de même une intrigue…
Alors l’histoire démarre, sous fond de dystopie. Une société anéantie, où un Gouvernement tyrannique est en train de tout réorganiser, à coup de livres brûlés, de violence et de soumission d’une population déjà tant anéantie par les maladies.
Cette description d’un futur dystopique n’est pas apparue, pour ma part très vraisemblable, on manque de points tangibles, de détails, d’informations. Le fait de dire, que tous ont été frappé par la maladie et la faim, et qu’il ne reste que des ruines, suffit-il à brosser un monde dystopique vraisemblable auquel le lecteur peut accrocher ? j’en doute. Mais après tout le point central n’est pas la politique dans ce roman. Non le point central est bien une histoire d’amour, une reconstruction. Comment Juliette arrive à s’accepter, à vouloir vivre, survivre ? Grace aux beaux yeux d’Adam. Adam est celui qui va être le premier à lui tendre la main.
Ainsi leur amour réciproque date de leur plus tendre enfance, ils s’aiment depuis le CE2, sans jamais avoir osé le dire. Bien qu’on ait un peu de mal à croire à toutes ces coïncidences troublantes, le fait qu’ils se retrouvent si facilement, qu’ils rêvent des mêmes choses, qu’aucun obstacle ne les sépare… On se plait à y croire, tant cela est romantique, tant le courant s’inverse enfin.
Enfin une touche de bonheur dans le noir, dans la triste vie de Juliette.
Le cœur de Juliette ne se brise plus en mille éclats de verre par la souffrance, mais par des sentiments nouveaux qui naissent en elle, l’amour.
Enfin quelqu’un arrive à l’aimer, enfin elle découvre un être réconfortant qui mise tout sur elle…et le roman démarre sur une nouvelle problématique. Le lecteur ne suit plus l’histoire de Juliette mais l’aventure de ce jeune couple devenu inséparable. Ils n’avaient rien à perdre, désormais, ils ont tout à perdre, l’autre. Ils vont tout tenter pour échapper à la tyrannie, à l’enfermement, tout tenter, pour se retrouver seul au monde, et survivre…
Ainsi, j’ai été embarquée dans cette aventure, où l’action devient très prenante dans la seconde partie. On quitte la psychologie décalée de l’héroïne, et l’on suit avec rythme la course des deux amoureux…
Ce fut une lecture très plaisante, qui sort des intrigues habituelles, et mêle les tourments, la psychologie, l’amour et l’action… franchement on ne s’ennuie pas une seconde, et même on a du mal à quitter les pages… Sauf que…
Sauf que, si le style est très original et intéressant, il semble s’essouffler dans la seconde partie laissant la place à l’action, mais surtout à une fin complètement surfaite, inspirée largement des films de super héros. Juliette devient Malicia de X-men, la fin est complètement empreinte et cliché.
Alors que j’avais trouvé le récit original, subtile et différent, je me suis retrouvée à lire une fin digne des récits américains les plus stéréotypés, et là, tout mon enthousiasme est retombé comme un soufflet !
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