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Citations de Thomas Bernhard (414)


Le désespoir a fait de moi un génie.
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La plupart des gens entrent en liquidation dès leur naissance.
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Il serait d'ailleurs impensable que de ce trou de province petit-bourgeois qu'est Linz, qui depuis l'époque de Kepler, est en vérité resté un révoltant trou de province, qui a un opéra où les gens ne savent pas chanter, un théâtre où les gens ne savent pas jouer, des peintres qui ne savent pas peindre et des écrivains qui ne savent pas écrire, soit tout d'un coup sorti un génie, comme Stifter est cependant réputé unanimement. (P55)
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Ne regardez pas longtemps un tableau, ne lisez pas un livre avec trop d'attention, n'écoutez pas un morceau de musique avec la plus grande intensité, vous vous abîmerez tout et, dès lors, ce qu'il y a de plus beau et de plus utile au monde. (p51)
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C'est en vérité l'Etat qui engendre les enfants, il ne naît que des enfants de l'Etat, voilà la vérité. Il n'y a pas d'enfant libre, il n'y a que l'enfant de l'Etat, dont l'Etat peut faire ce qu'il veut, l'Etat met les enfants au monde, on fait seulement croire aux mères qu'elles mettent les enfants au monde, c'est du ventre de l'Etat que sortent les enfants, voilà la vérité. (p42)
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Là où il y a trois êtres humains, il y en a déjà un qui est toujours l'objet de sarcasmes et de moqueries et une communauté plus importante en tant que société ne saurait absolument exister sans une pareille victime ou plusieurs d'entre elles. La société en tant que communauté ne tire jamais son amusement que des infirmités d'un ou de quelques individus pris au milieu d'elle, on peut l'observer durant toute une vie et les victimes sont exploitées jusqu'à ce qu'elles aient touché le fond de la ruine.
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La salle à manger
tout le mal est parti d'ici
père mère enfants
rien que personnages de l'enfer
tout ce qui était de quelque valeur
a toujours été noyé
dans les soupes et dans les sauces
une pensée
en avais je une fondée sur de faits
en avais je une d'une réelle valeur
la mère la noyait dans la soupe
un sentiment
en avais je un fondé sur les faits
en avais je un d'une réelle valeur
elle le recouvrait de sa sauce
Et le père tolérait sans scrupule
ce que ma mère étouffait en moi
voilà pourquoi cette salle à manger
je l'ai toujours haïe
de cette place du père
n'ont jamais été prononcés que des arrêts de mort...
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Nous tentons encore et toujours de nous faufiler hors de nous-mêmes mais la tentative échoue et nous prenons encore et toujours un coup sur la tête parce que nous ne voulons pas reconnaître que nous ne pouvons pas nous faufiler hors de nous-mêmes si ce n'est par la mort.
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Le psychiatre est le plus incompétent des médecins, et il est toujours plus près du crime sadique que de la science.
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"MONSIEUR BERNHARD
C'est toujours la même chose
à peine sommes-nous autour de la table
autour du chêne
il y en a un qui trouve un nazi dans la soupe
et au lieu de la bonne vieille soupe aux nouilles
nous avons tous les jours
la soupe aux nazis sur la table
rien que des nazis au lieu de nouilles."

(Le déjeuner allemand)
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Au fond, nous voulons être piano, dit-il, non pas homme mais piano, nous fuyons l'homme que nous sommes pour devenir entièrement piano, et pourtant cela échoue nécessairement, et pourtant nous ne voulons pas y croire, c'est lui qui parle. L'interprète au piano (il ne disait jamais pianiste !) est celui qui veut être piano, et je me dis d'ailleurs chaque jour, au réveil, que je veux être le Steinway, non point l'homme qui joue sur le Steinway, c'est le Steinway lui-même que je veux être. Parfois nous sommes proches de cet idéal, dit-il, très proches, spécialement quand nous croyons que nous sommes d'ores et déjà fous, quasiment sur le chemin de cette démence que nous craignions plus que tout au monde.
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Finalement (...) le président Hunger se leva, rejoignit l'estrade et proclama l'attribution à ma personne du prix Grillparzer. Il lut quelques phrases élogieuses au sujet de mon travail, non sans citer quleques titres de pièces dont j'étais censé être l'auteur, mais je n'avais pas du tout écrites...
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Mais, comme il m’a fallu en faire l’expérience la plus douloureuse dans ma tête, cette prise de conscience vient toujours trop tard, et il n’en reste – s’il en reste quelque chose – que de la désespérance, la conscience immédiate de ce que cet état destructeur pour l’esprit, les sentiments, et finalement le corps, une fois bien installé, ne pourra jamais plus être modifié par rien.
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La plupart des hommes sont habitués à leur travail, leur occupation, à quelque occupation, quelque travail réguliers, si ce travail, cette occupation s’arrêtent ils perdent instantanément leur contenu et leur conscience et ne sont plus autre chose qu’un état de désespoir morbide.
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« Je marche donc dans la ville et je pense que je ne supporte plus cette ville et que non seulement je ne supporte plus cette ville, que je ne supporte plus le monde entier et, par conséquent, l’humanité entière, car le monde et l’humanité entière sont devenus entre-temps si horribles qu’ils ne seront bientôt plus supportables, du moins pour un homme comme moi. Pour un homme de raison tout comme pour un homme de sentiment comme moi, le monde et l’humanité ne seront bientôt plus supportables, sachez-le, Atzbacher. Je ne trouve, dans ce monde et parmi ces hommes, plus rien qui ait quelque valeur pour moi, a-t-il dit, dans ce monde tout est stupide et dans cette humanité tout est aussi stupide. Ce monde et l’humanité ont atteint aujourd’hui un degré de stupidité qu’un homme comme moi ne peut pas tolérer, a-t-il dit, un tel homme ne doit plus faire partie de la vie d’un tel monde, un homme tel que moi ne doit plus faire partie de l’existence d’une telle humanité, a dit Reger. Tout, dans ce monde et dans cette humanité, est ravalé au niveau le plus bas, a dit Reger, tout, dans ce monde et dans cette humanité, a atteint un tel degré de danger et d’ignoble brutalité qu’il m’est déjà presque impossible de me maintenir ne serait-ce qu’un seul jour, et puis encore un autre, dans ce monde et dans cette humanité. Un tel degré d’ignoble stupidité, même les penseurs les plus clairvoyants de l’histoire ne l’ont pas cru possible, a dit Reger, et pour ce qui est de nos poètes fameux du monde et de l’humanité, eh bien, ce qu’ils ont prédit et prophétisé au monde et à l’humanité, en fait d’abomination et de décadence, n’est rien comparé à la situation actuelle. Dostoïevski lui-même, l’un de nos plus grands voyants, il n’a décrit l’avenir que sous l’aspect d’une idylle ridicule, tout comme Diderot n’a décrit qu’un avenir ridiculement idyllique, l’enfer atroce de Dostoïevski est tellement anodin comparé à celui dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui qu’on en a des sueurs froides rien que d’y penser, les enfers prédits et prophétisés par Diderot, pareillement. L’un, de son point de vue russe tourné vers l’Orient, a aussi peu prévu et prédit et prophétisé cet enfer absolu que son pendant, penseur et écrivain tourné vers l’Occident, Diderot. Le monde et l’humanité sont parvenus à un état infernal auquel le monde et l’humanité n’étaient encore jamais parvenus au cours de l’histoire, voilà la vérité, voilà ce qu’a dit Reger. En fait, c’est positivement idyllique, tout ce que ces grands penseurs et ces grands écrivains ont prophétisé, a dit Reger, tous tant qu’ils sont, bien qu’ils aient estimé avoir décrit l’enfer, n’ont tout de même écrit qu’une idylle positivement idyllique, voilà ce qu’a dit Reger. Tout ce qu’on trouve aujourd’hui est rempli de grossièreté et rempli de méchanceté, de mensonge et de trahison, a dit Reger, jamais l’humanité n’a été aussi impudente et perfide qu’aujourd’hui. Où que nous regardions, où que nous allions, nous ne voyons que méchanceté et bassesse et trahison et mensonge et hypocrisie et jamais rien que l’abjection absolue, peu importe ce que nous regardons, peu importe où nous allons, nous sommes confrontés à la méchanceté et au mensonge et à l’hypocrisie. Que voyons-nous d’autre que mensonge et méchanceté, qu’hypocrisie et trahison, qu’abjection la plus abjecte lorsque nous sortons ici dans la rue, lorsque nous nous hasardons à sortir dans la rue, a dit Reger. Nous sortons dans la rue et nous entrons dans l’abjection, a-t-il dit, dans l’abjection et dans l’impudence, dans l’hypocrisie et dans la méchanceté. »
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car de même que Paul s'était à l'époque retrouvé une fois de plus dans un cul-de-sac de sa vie, moi aussi, je m'étais retrouvé, ou plutôt, à proprement parler, j'avais été poussé dans un des culs-de-sac de ma vie. Tout comme Paul, j'avais, il faut bien le dire, une fois de plus abusé de mon existence, j'en avais exagérément présumé, et donc j'avais usé et abusé de moi bien au-delà de toutes mes possibilités, j'avais usé et abusé de tout bien au-delà de tout ce qui est possible, avec ce même manque maladif de ménagements pour moi et pour quoi que ce soit, qui un beau jour a détruit Paul, et qui, tout comme Paul, me détruira moi aussi un de ces jours, car tout comme Paul a été tué par ses illusions maladives sur lui-même et sur le monde, moi aussi, tôt ou tard, je serai tué par mes illusions maladives sur moi-même et le monde.
p. 17.
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Je me permets de qualifier ce monde là de monde en vérité pervers et inhumain au plus haut degré et totalement fou. Si je suis ici, le chien est ici aussi, si je suis là, le chien est aussi là. Si le chien doit sortir, je dois sortir avec le chien, et cætera. Je ne tolère pas la comédie du chien à laquelle nous assistons chaque jour si nous ouvrons les yeux et pour peu qu'avec notre aveuglement de chaque jour nous ne nous y soyons pas encore habitués. Dans cette comédie du chien, un chien entre en scène et agace un être humain, l'exploite et, au cours d'un certain nombre d'actes, chasse son innocente humanité. La pierre tombale la plus haute et la plus chère et positivement la plus précieuse qui ait jamais été érigée au cours de l'histoire
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Thomas Bernhard
L’artiste, l’écrivain en particulier, qui ne va pas de temps en temps dans un hôpital, donc ne va pas dans un de ces districts de la pensée, décisifs pour la vie, nécessaires à son existence, se perd avec le temps dans l’insignifiance parce qu’il s’empêtre dans les choses superficielles.
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Nous n'arrêtons pas de chercher partout des raisons cachées et nous n'avançons pas, nous ne faisons que tout compliquer et embrouiller encore davantage ce qui est déjà assez compliqué et embrouillé. Nous cherchons quelqu'un à accuser de notre sort, que, pourtant, la plupart du temps, si nous sommes honnêtes, nous ne pouvons appeler que malchance. Nous nous creusons la tête pour savoir ce que nous aurions dû faire autrement, ou mieux, ce que nous n'aurions peut-être pas dû faire, parce que nous y sommes condamnés, mais cela ne mène à rien. Nous nous disons : la catastrophe était inéluctable, et, pendant un moment, mais pas longtemps, nous nous tenons tranquilles. Et puis nous recommençons à poser toutes les questions depuis le début, et à creuser, à creuser, jusqu'à ce que nous soyons devenus à moitié fous. À chaque instant, nous sommes à la recherche d'un ou plusieurs coupables, pour que tout devienne supportable, au moins sur le moment, mais, naturellement, si nous sommes honnêtes, nous en revenons toujours à nous-mêmes. Nous avons pris notre parti du fait qu'il nous faut bien, même si c'est la plupart du temps contre notre gré, exister, parce qu'il ne nous restait rien d'autre à faire, et c'est seulement parce que sans cesse et toujours, chaque jour et à chaque instant, nous en avons à nouveau pris notre parti, que nous pouvons aller de l'avant. Et, où nous allons, si nous sommes honnêtes, nous l'avons su toute notre vie, à la mort, mais la plupart du temps, nous nous gardons bien de l'admettre. Et comme nous avons cette certitude de ne rien faire d'autre qu'aller à la mort, et comme nous savons ce que cela signifie, nous essayons de mettre à notre service tous les moyens susceptibles de nous divertir de cette connaissance, et ainsi nous ne voyons dans ce monde, si nous regardons bien, que des gens occupés en permanence et toute leur vie à ce divertissement. Cette affaire qui est chez tous la grande affaire, affaiblit et hâte naturellement l'évolution qui mène à la mort. L'après-midi où les Suisses avaient fait leur apparition, comme j'étais assis à ma place du coin dans la pièce aux classeurs de chez Moritz, j'avais eu cette pensée en regardant et en observant les Suisses. Je m'étais dit : tous ces êtres, quels qu'ils soient, sont entièrement dominés par cette grande affaire, qui consiste à se divertir de la mort qui les attend en tout cas. Tout, chez tout le monde, n'est que divertissement, dérivatif à la mort. Ce qui est surprenant, c'est que j'aie très souvent pu développer ce genre de pensées justement devant Moritz, que j'aie pu parler avec Moritz de pareilles pensées de mort. Pour peu qu'on ait à proximité un seul être avec lequel on puisse, en fin de compte, parler de tout, on tient le coup, autrement, non. Il faut qu'on aille trouver un Moritz pour s'épancher. Maintenant, j'avais la Persane pour ce genre de pensées, et pour les conversations nées de ce genre de pensées, et je ne m'étais pas trompé.
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Thomas Bernhard
Aucun arbre

Une cause pour John Donne


Aucun arbre
ne te comprendra,
aucune forêt,
aucun fleuve,

aucun gel,
ni glace, ni neige,
aucun hiver, toi,
aucun être,

aucune tempête
sur la hauteur, aucune tombe,
ni Est, ni Ouest,
aucune larme, douleur -
aucun arbre ...
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